TOUT EST DIT

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mardi 3 septembre 2013

Portons-nous au secours des Syriens

Portons-nous au secours des Syriens


Lancer des frappes contre la Syrie devient de plus en plus problématique. On le voit avec le retrait soudain du président Obama. Si elles ont lieu dans quelques semaines, elles risquent de paraître à beaucoup comme une sorte d'agression. En effet, l'émotion due à l'attaque de la population par des armes chimiques sera quelque peu retombée. Dès lors, on hésitera encore à frapper comme on hésite aujourd'hui !

D'autre part, il est à peu près certain que l'Onu sera encore paralysée par les veto russe et chinois. Quand à la grande coalition, souhaitée par ceux qui veulent utiliser la force d'un coup de semonce, elle ne sera sans doute pas davantage réunie.
Cependant, le pire, comme on le dit un peu partout en Occident, serait de ne rien faire, surtout après les déclarations si fermes et si fortes des présidents Obama et Hollande. Beaucoup ne comprendraient pas que rien ne se produise. Ce serait donner à de nombreuses victimes et aux populations menacées le sentiment d'être abandonnées à leur triste sort. Le monde saurait que l'occident « détourne le regard », s'efforce d'esquiver toute implication et toute responsabilité dans cette sinistre guerre : la grande retraire, le grand abandon...
Alors, quoi faire ? Eh bien, justement, montrer notre solidarité et pas simplement la manifester en paroles mais la concrétiser en des actes.
Couloir humanitaire
et zone de sauvegarde
On avait évoqué au début du conflit, la création de couloirs humanitaires. L'idée avait été rejetée car jugée impossible à réaliser. Aujourd'hui, ce serait encore certainement bien difficile. Pourtant, si les tenants de la riposte armée faisaient cette déclaration : « Une grande partie des peuples de nos pays ne souhaite pas recourir à une intervention militaire, tout en reconnaissant qu'on ne peut rester impassible devant un tel drame. Nous décidons donc de ne pas ajouter du malheur au malheur, de la guerre à la guerre, et nous nous tournons vers l'organisation de la solidarité nécessaire. Dans ce but, de toute notre force, nous exigeons que soient ouverts des couloirs humanitaires et créées des zones de sauvegarde pour nourrir, soigner, abriter les populations victimes du conflit. Ces zones neutralisées seront destinées à accueillir les réfugiés et à les protéger. »
Évidemment, on dira que cela risque d'être très onéreux... Mais le prix serait sans doute moins élevé que le coût de la guerre, moins cher que les missiles Tomahawks, les drones et les fusées que l'on aurait utilisés pour frapper. Et s'il fallait recourir à la force pour défendre ces couloirs et ces zones, au moins ce recours serait-il pleinement justifié et directement utile.
Voilà peut-être le moyen pour l'Occident, et pour l'Onu, de ne pas perdre la face. Voilà qui pourrait rassembler une vaste coalition et rendrait bien difficiles les veto que l'on sait si l'on présentait un tel projet au Conseil de sécurité !

BHL : histoire d'un vampire des carpettes qui aimerait bien que le sang coule en Syrie


Serait-ce la tribune de trop pour BHL? 

Dans l’édition du Point de ce jeudi 29 août, Bernard Henri Lévy se livre à une violente diatribe contre la Fédération de Russie et son Président, Vladimir Poutine. Pour lui, aucun doute, au diable les inspecteurs de l’ONU, c’est Bachar Al-Asssad qui a gazé son peuple. Ne pas le dire, c’est, je cite, écoutez bien, être « d’un quarteron de rouge-brun qui ne ratent aucune occasion d’exercer leur révisionnisme maniaque ». Fin de citation. Il faut le savoir, si vous n’êtes pas de l’avis de BHL, vous êtes un nazi. C’est une première constante chez BHL. 
  
Comme ça sent le gaz en Syrie, il faut que l’ONU intervienne, c’est incontournable. Je cite à nouveau : « pas de question non plus sur la nécessité d’une riposte : la morale l’exige ; la cause de la paix le demande ; mais le pragmatisme, l’esprit de sérieux, la realpolitik la plus élémentaire le prescrivent tout autant ». fin de citation. Notez que lui se garde bien d‘y aller. car il n’a jamais mis sa peau au bout de ses idées malsaines ! C’est une deuxième constante chez BHL. 
  
Et si l’ONU est bloqué, je cite encore : «  par les Etats voyous et, de fait, par leur parrain russe », fin de citation, il faut passer outre le droit international et faire comme en Serbie en 1999. Tant pis pour les populations civiles bombardées, les terres polluées par l’uranium enrichie des munitions de l’OTAN et les infrastructures civiles rasées. Si la nef de la gloire de BHL doit flotter sur des océans de sang, qu’à cela ne tienne : Serbes, Kosovars, Géorgiens, Ossètes, Palestiniens, Libyens ont déjà payé leur tribut à BHL, c’est au tour des Syriens. 
C’est une troisième constante chez BHL. 
  
Dans son texte, mal écrit comme à l’accoutumé, il dit que la Russie est, je cite : «  un grand pays gouverné par des matamores revanchards, dopés au ressentiment ». Et le philosophe péripapéticien de s’interroger : « Et si Vladimir Poutine n’était qu’un tigre de papier ? Un Popeye bodybuildé ? Un maître chanteur sans biscuits, qui ne prendra pas le risque de mettre en péril ses Jeux olympiques de Sotchi ? ». Fin de citation. On peut tapisser la Syrie de bombes, car la Russie n’interviendra pas. BHL le sait, je cite toujours «  [il en] a pris conscience en discutant, cet été, avec un responsable russe dont [il] dois respecter l’anonymat ». Il faut croire BHL sur parole. 
C’est une quatrième constante chez BHL. 
  
Et c’est là qu’il faut faire le portrait de BHL, puisqu’il nous demande de le croire sur parole. Quel est donc cet homme qui a ses audiences dans la plupart des rédactions françaises, dans lesquelles il est soit actionnaire, soit ami avec les propriétaires ? Bernard Henri Lévy, dit BHL, est un agent d’influence millionnaire et un menteur pathologique. 
  
Millionnaire, il l’est, grâce à la société de commerce de bois précieux, hérité de son père, la Becob. Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon sont des proies faciles. Si plusieurs enquêtes de journalistes français ont été bloquées et jetées à la corbeille, une association humanitaire anglaise a dénoncé les méthodes quasi-esclavagistes qui règnent dans ces exploitations : salaires en retard, équipements sanitaires déplorables et un ruisseau pollué pour s’alimenter en eau… Chargé de la communication interne, puis vice-président du conseil de surveillance, et même dirigeant pendant deux ans, Bernard-Henri s’est sérieusement impliqué dans la boutique familiale, boutique qu’il a revendu au Groupe Pinault pour plusieurs centaines de millions d’euros. 
Pas obligé d’avoir du talent ou de travailler pour bien vivre, BHL peut utiliser tout son temps à se mettre en valeur… 
  
Comme écrivain ou philosophe, BHL est la risée de ses pairs. Les livres qui démontent son mythe, sont légions. Les élucubrations de Bernard-Henri Lévy lui ont valu les réprimandes et les sarcasmes d’intellectuels aussi divers que Raymond Aron, Gilles Deleuze, Pierre Bourdieu, Pascal Boniface, Michel Onfray ou encore Pierre Vidal-Naquet qui a dit de lui, je cite : 
« qu’il s’agisse d’histoire biblique, d’histoire grecque ou d’histoire contemporaine, B.H.L. affiche dans tous les domaines la même consternante ignorance, la même outrecuidance ». Fin de citation. La palme revenant sans doute à Alain Soral qui l’a réduit à néant dans l’une de ses vidéos, désormais culte. 
BHL serait sans importance, s’il n’était porté aux nues, par des médias aux ordres, et complaisants. Ses livres et ses films sont des flops retentissants que le public raille quand il ne le boude pas 
Tout n’est qu’apparence, fatuité, et pour cause, le seul idéal de BHL, c’est lui-même. Falsificateur, affabulateur, menteur, lâche, narcissique, il devient dangereux quand il se prend pour un journaliste ou un diplomate. 
Nous ne remonterons pas à la Bosnie ou à la Serbie, où il a déjà sévit, même si son influence était encore restreinte. 
  
En 2005, en Géorgie, alors que la Russie a mis fin au massacre des civils en Ossétie du Sud et stabilisé la ligne de Front, BHL s’installe au Mariot, un 5 étoiles à Tbilissi, et témoignera de la férocité des Russes qui ont brûlé Gori, avec des centaines de chars. 
Pourtant, il n’a rien vu, n’est jamais allé sur le front et ses propos sont démentis par les journalistes et les élus européens présents sur place. Mais ce n’est pas grave, l’oracle a parlé. Deux jours et demi en palace, et il repart comme il est venu, en jet privé. Il paraît qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps sur place, il avait une soirée à Nice le samedi soir… 
  
Mais c’est en 2010 qu’il parvient enfin à avoir sa guerre, déclarée par lui, tout seul. La Lybie. Dans un numéro incroyable, où toute la diplomatie française est squizzée par quelqu’un qui n’a aucun mandat du peuple, pas même une écharpe de maire adjoint d’un bourg de la Corrèze, BHL fait bombarder un État souverain, livrant la population libyenne aux milices islamiques et à l’anarchie. La France, qui n’a pas les moyens de payer ses fonctionnaires, de nourrir ses retraités et d’équiper ses hôpitaux, lance deux milliards d’euros sur les Libyens, sous forme de bombes, missiles et roquettes. Quand les combats cessent, BHL est là et pose en guerrier, aux milieux de soldats d’opérette, aux treillis bien repassé, aux fusils d’assaut équipés pour le tir à blanc et avec un seul chargeur… 
  
Deux ans après, alors que les massacres continuent, BHL n’a jamais eu le moindre mot de compassion pour les civils que son délire à plonger dans le sang, le meurtre et les exécutions confessionnelles. Pire, il veut récidiver en Syrie. Toutes les abominations commises par ses amis, les pseudo-rebelles, du viol de gamines de moins de 13 ans, à l’éventration des femmes chrétiennes, en passant par les décapitations des soldats capturés vivants ou des scènes de cannibalisme, rien n’a pu altéré la splendide suffisance de ce fou dangereux, qu’il faudrait écouter comme un nouveau messie. Son cas est pathologique, il tient plus de la psychiatrie que de la diplomatie, du journalisme ou même de la philosophie. 
  
C’est cet homme là qui veut entraîner le monde dans une guerre en Syrie, dont nul ne peut dire qu’elles seront les conséquences, vues les puissances régionales et internationales impliquées. 
Bernard Henri Levy vend sa folie, comme d’autres vendent leur corps… 
On dit qu’en Irlande, la folie, ça se danse. 
En France, visiblement, ça se prostitue. 
Mais en Russie, ça se soigne. Et c’est sans doute ce qui fait tant peur, à BHL. 

Syrie : M. Bricolage veut partir tout seul avec sa petite frégate et risque de revenir sans


La Syrie devrait être bombardé par la France et les USA. Un crime de plus, commis au nom de la démocratie et de la liberté. Pourtant, si le droit international autorisait certains à être les policiers du monde, les flottes américano-françaises devraient être au large de Doha. Car qui finance les terroristes islamistes qui ont gazé les populations civiles syriennes, si ce n’est le Qatar. En effet, Hollande et Fabius ont bien vite oublié les arrestations, opérées chez leur allié turc, mettant en évidence la fabrication, la détention et désormais l’utilisation d’armes chimiques par leurs petits protégés. 
  
Mais la France et les USA se sentent bien seul. Nous devrions même parler des gouvernements américain et français, car les populations sont contre toute intervention militaire en Syrie, ainsi que l’indiquent de multiples sondages. En Hollandie, de nombreuses voix s’élèvent contre toute intervention, dépassant les clivages politiques. A gauche, si Harlem Désir se couvre de ridicule aux côtés des ministres, des députés comme Alain Tourret ou des Sénateurs comme Jean-Pierre Chevènement sont contre. Les souverainistes comme Nicolas Dupont-Aignan ou le Front National y sont opposés. L’UMP est divisé. François Coppé y est favorable, plus atlantiste que gaulliste. François Fillon, premier ministre très russophile, est contre et demande à la communauté internationale d’écouter la position de la Russie. 

  
Isolés dans leurs frontières, ces va-t-en-guerres sont aussi sans soutien international. 14 pays de l’OTAN ne retomberont pas dans le panneau de la petite fiole irakienne, dont le Canada, l’Allemagne et l’Italie. Cameron a été désavoué par le Parlement britannique.  Si la Turquie a mobilisé ses troupes et ouvert ses bases aériennes, l’Iran a également mobilisé son armée. Mieux encore, le nouvel homme fort de l’Égypte, le général Sissi, dans un étonnant mouvement à la Nasser, a déclaré que l’Egypte respectera ses accords de défense avec la Syrie et ferme le canal de Suez aux navires américains. L’Irak a quant à lui refuser son espace aérien pour tout vol de bombardement sur la Syrie. Israël vend des masques à gaz à son peuple, il n’y a pas de petits profits. 
  
La coalition Hollande-Obama n’est non seulement pas suivie, mais elle est aussi contrée par la Russie. Le président russe Vladimir Poutine, a qualifié samedi d’absurdité totale, les accusations d’utilisation d’armes chimiques par la Syrie et a appelé les États-Unis à présenter les preuves qu’ils disent avoir, d’une éventuelle implication du régime syrien. Les forces syriennes sont à l’offensive et cernent l’opposition dans plusieurs régions. « Dans ces conditions, fournir un atout à ceux qui appellent à une intervention armée serait une absurdité totale », a déclaré M. Poutine aux journalistes à Vladivostok. 
  
Beaucoup de pays sont aussi scandalisés de voir l’ONU bafoué par deux membres du Conseil de Sécurité, la France et les USA. À quoi servent les experts de l’ONU sur place, s’il n’est nul besoin d’attendre leurs conclusions pour raser un pays ? 
Ces dernières heures, Barack Obama semble se donner un prétexte pour ne plus y aller, en laissant la décision finale au Congrès. En Hollandie, pas besoin de demander l’avis de l’Assemblée nationale : petit bonhomme bricoleur a envoyé… une frégate. Une seule frégate, c’est à peu près tout ce qu’il lui reste sous la main pour se ridiculiser. Dans les mêmes eaux, patrouillent plus de 16 navires russes, des flottes de la Mer Noire et de la Méditerranée. 
Il y en a, que cela ferait réfléchir. D’autres, non. 

Bourdes joyeuses, bourdes coûteuses


C'est la rentrée et avec elle, le retour à la cantoche. Et cette semaine, au menu, nous avons des boulettes, en version industrielle, lourdes et grasses, de la bourde, bien visible, avec un peu de bave interministérielle, et des bévues en robe des champs. Un délice. Et quoi qu'il arrive, c'est à un tarif tout à fait inabordable.
Le meilleur, dans la grosse bourde, c'est lorsqu'elle s'ignore. Si grosse et pourtant si invisible, cela pourrait tenir de l'exploit. Mais ici, on parle d'Arnaud Montebourg, le fier chevalier quichottesque, qui ne recule devant aucune prouesse pour prouver à la fois sa virilité et la pureté de sa motivation pour mener à bien sa mission qui est, comme tout le monde le sait, de dresser tout ce qu'il pourra en vue d'une nouvelle reproduction. S'il faut aller se battre à main nue contre un ours kodiak, il le fera, quitte à rapporter en trophée la tête encore chaude de l'ursidé sur le bureau de Poutine. Et s'il faut distribuer les tartes à de grands patrons d'industrie, il ne sera jamais le dernier. Je n'exagère pas.

C'est en effet ce qu'il a expliqué devant un parterre d'entrepreneurs lors d'un déplacement en Italie, fin juillet, faisant ainsi fi de la moindre distance et de la plus petite parcelle de diplomatie qu'il pourrait encore abriter pour espérer arrondir les angles entre la grande industrie, la grande finance mondiale et ses petites lubies colbertistes. Lubies qu'il entend bien claironner à la France jusqu'à ce qu'on l'écoute pour de bon, en désespoir de cause et de tympans. En tout cas, pour lui, une chose est sûre : après son petit ministère rigolo, il arrêtera la politique, sauf pour la présidentielle. Et l'avouer à tout le monde n'est pas une boulette de plus. Meuh non.
À côté des bourdes grotesques et visibles que les fanfarons chèrement payés de la République nous offrent régulièrement, il y a celle qu'on aurait bien voulu éviter. Il y a celle de ces quelques millions de Français qui, recevant actuellement leur tiers provisionnel, prennent maintenant l'ampleur de leur erreur ; avoir choisi de travailler plus pour parvenir à gagner moins ou tout juste autant, avoir choisi de coller à un poste important un rond de cuir insignifiant, voire pour certains, avoir fait confiance (et rire maintenant même si de désespoir) : que voilà de bien belles erreurs.
À ces erreurs individuelles de millions de votants qui commencent tout juste à prendre la mesure de ce qui va leur arriver sur la figure, il faudra ajouter la facture de ces boulettes qui se seront accumulées entre temps, et sans le moindre contrôle. Dans celles-là, on trouvera à n'en pas douter la belle bourde syrienne.
Quelle idée géniale aura eu notre président de bondir au créneau dès qu'il en eut la possibilité ! Qu'elle fut bonne cette saillie qui l'aura quasiment forcé à dire qu'une intervention était impérative, imminente et inéluctable ! Pourtant, comment imaginer que le petit François n'a reçu, au sujet de la Syrie, aucun débriefing un peu détaillé avant qu'il n'ouvre sa grande jatte pour jouer les va-t-en-guerre ? Pourtant, comment ne pas comprendre, depuis deux ans que le conflit interne syrien s'est déclaré, que la situation était tout sauf claire, simple et au résultat connu d'avance ? Dès lors, comment ne pas se douter qu'il était urgent d'attendre, de réfléchir et de s'informer avant de bondir à l'assaut, tout feu tout flamme comme un Montebourg grignotant des poppers ?
Oh oui, du gaz toxique a été utilisé ! D'ailleurs, c'est bien plus terrible que des baïonnettes, des cimeterres, du 7.65, des obus de mortier, des mines antipersonnel ou des missiles à explosifs haute densité tout ce qu'il y a de plus conventionnels ! Obama (comme Cameron et comme Hollande), avaient été forts clairs : vous pouvez, tous, vous éparpiller comme bon vous semble, tant que l'horreur et l'abomination n'atteint pas la petite marque ici, où l'utilisation de combinaisons "NBC" devient impératif pour trotter dans les rues. Si vous dépassez, avaient fait comprendre haut et clair Obama (et Cameron, et Hollande), nous viendrons vous botter l'arrière-train.
Dès qu'ils eurent posé leurs conditions d'une intervention musclée, on comprit qu'elle serait vite remplie. Parce que c'est commode.
C'est d'autant plus commode que cela donne une bonne idée de la marge de manœuvre pour Kim Jon Un qui fricote de l'atome, massacre son peuple par l'habile truchement d'une famine carabinée (suivant en cela les préceptes communistes soviétiques, hat-tip l'Holodomor) et qui n'a reçu pour le moment aucune menace directedu même Obama (ni de Cameron et de Hollande). Très clairement, non seulement la méthode de mise à mort compte, mais l'origine des morts est au moins aussi importante. Attention : ceci n'est pas une discrimination. C'est de la diplomatie.
Mais foin de comparaison, qui n'est pas raison, tant pis pour les millions de morts coréens, revenons à la boulette hollandaise, caractérisée par sa sauce si riche qu'elle déclenche un infarctus par hypercholestérolémie morbide instantanée sur plus de 50% des cobayes testés. Le déroulé de l'action, au ralenti, mérite qu'on s'y attarde : ce n'est pas tous les jours qu'on voit un pachyderme socialiste s'aplatir en plein trottinement !
éléphant avec des bottes
Si le conflit s'éternise depuis un moment, c'est le 27 août 2012 (il y a un an, donc) qu'Hollande prévient : "L'emploi d'armes chimiques serait une cause d'intervention directe." ; à l'époque, on comprend bien qu'Assad, jouant la survie de son régime, doit avoir la tentation d'utiliser ces armes (même si elles sont encore sous garantie, car fraîchement vendues par les Anglais oups non oubliez). Mais voilà, il ne le fait pas. Zut et zut. Et à ce moment là, l'Arabie Saoudite, qui arme presque officiellement les rebelles, n'a peut-être pas encore eu le temps de leur livrer quelques bonbonnes de sarin ? Oups, je n'ai rien dit. En tout cas, le 14 juin 2013, Obama rentre dans la danse : pour lui aussi, il faudra pour intervenir des preuves claires et évidentes qu'ont été utilisées de vilaines armes chimiques (par oppositions aux armes conventionnelles, bisou-compatibles).
Sauf qu'entre temps, la fameuse rébellion s'est fait disperser petit à petit. Les armées bigarrées, patchwork de soldats d'origines diverses, qui étaient parvenues à prendre quelques territoires à l'armée régulière, se font repousser. Les financiers de ces factions trouvent le temps long et le coût trop gros : il va falloir hâter.
soldats américains contre la guerre en syrieCoup de bol monstrueux (ou pas) : Assad, contre toute logique, fait alors preuve d'un manque total de lucidité et décide d'utiliser une bonne dose de gaz chimiques, alors qu'on lui avait dit de ne pas taper dans le stock (petit coquin !) et que - c'est ballot - tout le monde le regardait. Quel garnement ! Certains Américains trouvent la blague un peu dure à avaler. C'est le cas de Rand Paul. C'est le cas de certains soldats américains eux-mêmes.
Et là, tout va se dérouler très vite : Hollande, souple comme un verre de lampe, s'élance sur la piste aux (généraux) étoilés, décide que puisqu'il en est ainsi, on va devoir punir le responsable, Obama lui emboîte le pas, Hollande continue sa prise d'élan, Cameron prend sa respiration et fait lui aussi un premier pas, Hollande s'élance, Cameron demande un vote du parlement anglais, qui refuse toute intervention sur place. Cameron expire bruyamment. Obama l'entend, jette un coup d’œil en arrière et propose de consulter le Congrès, que tous lui savent fort défavorable. Même l'OTAN décide que bah,finalement, non. Hollande a maintenant deux belles foulées d'avance, personne n'est à côté de lui, personne ne regarde dans son sens, tout le monde semble même tourner les talons, l'air gêné. Le mur, compact, semble impossible à traverser et l'espace manque pour la galipette.
Pourtant, Hollande avait été des premiers à réclamer, lui-même, le vote du parlement concernant une précédente guerre. L'embarras du passé pèse sur Pépère. Le pied pris dans son histoire, son vol plané s'achève, tête la première, seul, à devoir partir pour une guerre qu'il n'a pas vraiment déclarée, pour un type qu'il ne connaît pas, dans une situation dont on ne voit pas comment il pourrait tirer profit, ni lui, ni l'armée, ni la France.
De toute façon, peu importe : l'issue de la pirouette, on la connaît déjà. Les os broyés, les ecchymoses et les foulures ne seront pas pour l'éléphant. Et malgré une propagande médiatique assez unilatérale, comme jadis pour le Oui européen, c'est le peuple, pourtant majoritairement contre cette intervention, qui paiera la facture. C'est le peuple qui devra s'enfiler la boulette. C'est lui (de ce côté-ci de la méditerranée ou de l'autre) qui devra essuyer la bourde, les bévues et bavures.
On en regrette celles d'Arnaud.

Plus vieil… aliéné

Une fois de plus, le brave soldat Ayrault est monté au front. C'est lui qui, hier à Matignon, a reçu l'avant-garde des parlementaires pour leur fournir les preuves des crimes contre l'humanité de Bachar al-Assad. C'est lui qui, à la sortie de la réunion (plus longue que prévu) a prononcé un bref discours destiné à l'opinion. Jusqu'à nouvel ordre, c'est lui qui évitera au chef de l'État d'avancer en terrain totalement découvert depuis la désertion britannique et l'inattendu repli américain. Changement de stratégie, donc, qui a conduit François Hollande, cruellement isolé, à troquer son prestigieux habit de chef de guerre contre une tenue de camouflage.
Les envolées martiales de ces derniers jours ont fait place à des discours de persuasion. Désormais, il faut convaincre une bonne partie de la classe politique et des Français de la nécessité de punir Bachar al-Assad, preuves à l'appui. Soucieux de transparence, le gouvernement a « déclassifié » des notes de nos services secrets. Sauf que le vrai problème n'est pas là. Il n'y a pas grand monde aujourd'hui pour douter de la culpabilité du tyran de Bagdad.
Mais à quoi bon accumuler les preuves si c'est pour partir à l'aventure ? Or, hier soir, Jean-Marc Ayrault a levé une énorme ambiguïté en affirmant qu'il n'était pas question pour la France d'agir seule. Devant l'inélégante dérobade d'Obama, et dans l'attente du vote du Congrès américain, le général Hollande se trouve désarmé. D'où le retour à la case diplomatique pour travailler à réunir une coalition internationale.
L'imminence des frappes va devoir faire place à la patience en guettant les conclusions des experts de l'Onu (à qui l'on peut accessoirement envoyer « nos » preuves) et le soutien des élus à Obama. Dans ces conditions, le débat franco-français autour du vote, réclamé par certains demain à l'Assemblée, prend un caractère très subsidiaire. Pour agir en Syrie, le seul vote qui comptera sera celui du Congrès américain. L'espace d'une brève idylle, nous nous sommes fièrement vus en « plus vieil allié des États-Unis ». Nous sommes plutôt redevenus son plus vieil… aliéné !

En attendant les frappes américaines sur la Syrie

Au Liban la peur est là

Damas directement responsable des attentats de Beyrouth et de Tripoli  


Beyrouth, le 2 septembre 2013, 2 heures. Etrange ! Cette fois, mon voisin n’a toujours pas fait ses provisions de denrées non périssables, d’eau, de piles électriques pour les lampes de poches et de bougies… La coalition réduite aux Etats-Unis, à la France, à l’Australie, à la Turquie – avec le soutien des principaux membres de la Ligue arabe – n’a toujours pas frappé les 35 cibles désignées d’avance, cibles que le régime des Assad a fait dégager et évacuer en vitesse. Pourtant, à Beyrouth, la peur est là.
Peur des attentats, peur des conséquences de cette guerre annoncée et qui ne vient pas. Au Liban, et alors même que la vie continue – pas de mariage annulé, pas d’inauguration reportée – nous avons renoué avec toutes nos peurs. Y compris avec la peur des enlèvements. Crapuleux, un peu partout, et politiquement ciblés sur la route de l’aéroport tenue par le Hezbollah.
Les municipalités et les quartiers s’organisent, les habitants repèrent toute voiture étrangère au quartier, etc. Les enquêtes sur les attentats de Roueïs, au cœur de la Banlieue-Sud de Beyrouth, et de Tripoli ont conduit à de nombreuses arrestations, dont de gros poissons qui pensaient jouir de l’impunité de leur commanditaire syrien. Toutes les pistes conduisent à Damas, et tout particulièrement au général Mamlouk. Et le Hezbollah est sonné. Nous l’avons très peu entendu ces dernières 48 heures.
Souvenez-vous. Dès le premier attentat, début juillet, à Bir Abed, cet autre quartier du fief du Hezbollah à Beyrouth, nous avions des doutes. Nous pensions alors que, selon l’équation d’« à qui profite le crime », cela pourrait bien être Damas. Sur Bir Abed, nous n’avons encore rien de certain, ne serait-ce que parce que nous savons très peu de chose. Souvenez-vous encore… Le Hezbollah en avait interdit l’accès pendant de nombreuses heures à la Croix-Rouge, aux forces de police, à l’armée, à la Défense civile et aux journalistes. Mais, à Roueïs comme à Tripoli, les suspects ont parlé.
L’enquête a été rendue possible parce qu’un homme est allé trouver le général Riffi, ancien patron des Forces de Sécurité Intérieures, aujourd’hui à la retraite, mais toujours bête noire de Damas et du Hezbollah, pour tout lui raconter quelques joursavant le double attentat de Tripoli. L’homme accusait nommément un cheikh salafiste sunnite, très proche du régime syrien, d’être à la tête du réseau. L’homme affirmait avoir été contacté dans un premier temps, puis laissé sans nouvelles. Pris de peur, il est venu voir Riffi. Mais il était trop tard. L’attentat a eu lieu 48 heures après. Le réseau a été démantelé et les premiers aveux sont accablants. Les attentats avaient été préparés de très longue date dans un seul but : créer un conflit confessionnel au Liban.
Pour Tripoli, nous avons tous pensé au Hezbollah et à la filière syrienne parce que la méthode, le mode opératoire, tout désignait la Syrie et ses sbires au Liban. Mais Roueïs ? Le Hezbollah n’a toujours pas fait de commentaires.
Tel est le contexte dans lequel nous attendons la frappe contre la Syrie. Pour que le tableau soit complet, j’ajouterai que l’annonce des frappes a augmenté l’afflux de refugiés syriens et allongé la liste des pays demandant à leurs ressortissants de quitter le Liban. Pour l’instant, les pays du Golfe. La France a fait modifier les horaires du vol quotidien d’Air France. Avion et équipage ne passent plus la nuit à Beyrouth. Les pilotes turcs enlevés sur la route de l’aéroport sont toujours otages de leurs ravisseurs.
Frapper la Syrie, mais pas le régime ?
Les experts de l’ONU devaient remettre ce lundi 2 septembre les échantillons prélevés en Syrie. Les analyses prendront du temps et les premiers résultats escomptés ne sont pas attendus avant une dizaine de jours, voire trois semaines selon les sources. Américains et Français affirment détenir déjà certains résultats – analyses de cheveux, etc.
La réunion du G20 doit s’ouvrir à Saint-Pétersbourg le 5 septembre prochain. Imaginez-vous un seul instant Obama ou Hollande arrivant chez Poutine et lui annonçant avoir frappé son protégé syrien ? Les intérêts bilatéraux russo-américains ou franco-russes sont bien, bien plus importants que la « punition » promise à Assad ! Il n’y aura donc pas de frappe avant le 6 septembre. La Syrie sera évidemment à l’ordre du jour et les Américains, comme les Français, expliqueront pourquoi ils « doivent » agir.
A cette heure-ci de la nuit, nous pouvons raisonnablement penser que les frappes occidentales contre la Syrie n’auront pas lieu avant le 9 ou le 10 septembre, et ce malgré un Obama annonçant qu’il peut « agir n’importe quand ».
Mais que vont faire en Syrie Français et Américains, s’ils ne veulent pas abattre le régime ?
Quand le Hezbollah, sur ordre de la Syrie, avait fait exploser un camion piégé devant le Drakkar, poste des paras français à Beyrouth, le 23 octobre 1983, faisant 58 morts, la France avait réagi. Elle avait envoyé son aviation bombarder la région de Baalbeck, faisant par erreur un mort, un berger qui était là avec son troupeau et son âne dans ce maquis désert choisi comme cible.
Nous ne pouvons pas laisser une population se faire massacrer. Nous ne pouvons pas laisser des « Etats-voyous » user d’armes chimiques. Mais cela fait deux ans que nous observons et que nous laissons faire. Il y a plus de 100 000 morts en Syrie. Qu’allons-nous faire en Syrie ? Montrer que la France existe encore sur la scène internationale ? Les hommes de laFINUL sont là. Otages de premier choix. Les Chrétiens du Liban et de Syrie sont là. Eux aussi otages de premier choix. Après le bombardement du maquis de Baalbeck en 83, les Chrétiens de la Békaa ont payé le prix du retour des « croisés ».
Quel est l’intérêt de la France de se lancer dans une telle bataille ? Il est trop tard pour sauver quoi que ce soit en Syrie aujourd’hui. Pour sauver la Syrie, il fallait se boucher les oreilles et ne pas se laisser prendre dans les rets des Assad. L’homme de Damas à Paris, Michel Samaha, est aujourd’hui en prison à Beyrouth. Il a avoué être la cheville ouvrière d’une série d’attentats programmés par Damas au Liban. Un autre l’a remplacé. Samaha est chrétien. L’autre est sunnite salafiste. Damas a des hommes partout au Liban.
Une guerre, pour quoi faire ? Rééquilibrer la donne entre opposition et régime et les faire venir à Genève ? Encore une fois, pour quoi faire, alors que nul n’a confiance en la capacité de la rébellion de s’unir et de préparer la Syrie de demain ?
Alors, on donne une leçon à Assad à cause des armes chimiques – une tape sur la main – et on le laisse se débrouiller avec tous ces salafistes qui gangrènent la Syrie. Les salafistes qu’il a fabriqués et qu’il a testés en Irak et au Liban et tous les autres. Le reste du monde les observant comme des tigres en cage dans un zoo.
Si le régime syrien est destiné à perdurer avec ou sans Assad, cela veut dire que rien ne changera. Et Assad criera victoire ! Il le fait déjà face à ces frappes annoncées et qui ne viennent pas.
Il y a des démons que l’on ne chasse que par la prière et le jeûne (Matthieu chapitre 17). Répondons à l’appel au jeûne et à la prière du pape François le 7 septembre prochain, en la vigile de la Nativité de Notre-Dame.

Angela Merkel face à la droitisation de son opinion


Si elle semble assurée de sa réélection le 22 septembre, la chancelière allemande doit composer avec la radicalisation d'une partie de son électorat, en premier lieu des retraités. La montée en puissance du parti eurosceptique AfD pourrait brouiller les alliances de gouvernement et influer sur le sort de la zone euro.

«  La Grèce n'aurait jamais dû être admise dans la zone euro. » A moins de trois semaines des élections, le 22 septembre, Angela Merkel a sorti l'artillerie lourde mercredi dernier. La chancelière allemande a pourtant toutes les chances d'être réélue. Sa formation, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) est créditée de 39 à 42 % d'intentions de vote, contre 22 à 25 % pour le parti social-démocrate (SPD) de son rival Peer Steinbrück. Certains sondages lui accordent même un score cumulé de 47 % avec son partenaire actuel, le Parti libéral (FDP), ce qui permettrait à la coalition de gouverner ensemble pour quatre ans de plus. En réalité, les déclarations tranchées de la candidate CDU traduisent une nervosité nouvelle dans la campagne électorale allemande, qui s'illustrait jusqu'à présent par sa monotonie.
En stigmatisant la Grèce, la favorite ne s'attaque pas seulement à l'ancien chancelier SPD Gerhard Schröder, qu'elle accuse d'avoir fait entrer Athènes dans la zone euro en 2001. Car, comme elle l'a rappelé lors du duel télévisé, dimanche soir, le SPD a soutenu tous les plans d'aide à la Grèce lors des votes au Parlement. En l'occurrence, l'ennemi d'Angela Merkel n'est autre que le nouveau parti eurosceptique Alternative pour l'Allemagne (AfD). Créditée de 3 % dans les enquêtes d'opinion, la formation créée au printemps représente l'une des plus grosses inconnues du scrutin du 22 septembre. Or, depuis que le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a rouvert le débat sur la Grèce en déclarant fin août qu'il «  devra y avoir encore un programme  » pour le pays en crise, elle bénéficie d'un contexte inespéré pour promouvoir son projet phare : l'éclatement de la zone euro entre le Nord et le Sud.
A demi-mot, les instituts de sondage commencent à reconnaître que l'AfD pourrait dépasser le niveau qu'elle obtient actuellement dans les enquêtes d'opinion. Allensbach estime que 8 % des électeurs n'excluent pas de voter pour ce parti dirigé par un professeur d'économie. «  Le potentiel électoral d'AfD est sous-estimé, affirme quant à elle Bettina Munimus, professeur de sciences politiques à l'université de Kassel. Ce parti est un asile pour tous les électeurs conservateurs déçus par la CDU et sa politique européenne.  »
Un élément clef sous-tend son affirmation : la démographie. Sur 62 millions de personnes ayant le droit de vote, le tiers, soit plus de 20 millions, sont des retraités.. Selon la Fondation pour l'économie de marché, «  l'élection de 2013 devrait être la dernière, et pour des décennies, pour laquelle la majorité des électeurs aura moins de 55 ans ».
Avec le vieillissement galopant de la population allemande, la «  démocratie de retraités » évoquée en 2008 par l'ancien président de la République Roman Herzog n'est plus un mythe, mais une réalité. Si une marge croissante de retraités souffre de conditions de vie difficiles, l'électeur traditionnel de la CDU est moins concerné. Il a travaillé dur jusqu'à la retraite et connu les Trente Glorieuses, associées au deutsche Mark fort. Le retraité de droite, lecteur de la « Frankfurter Allgemeine Zeitung », ou de « Die Welt », sera plus sensible aux thèses de l'AfD qui trouvent un large écho dans ces quotidiens. A savoir que la crise de l'euro et le renflouement de pays comme la Grèce représentent pour lui une double menace : sur son épargne rongée par des taux d'intérêt bas et sur les finances publiques, qui lui versent sa pension mais devront aussi payer la facture des plans de sauvetage aux pays en crise.
Alternative pour l'Allemagne, dont les meetings de campagne regorgent de cheveux gris, est le déversoir idéal pour cette population de droite. Surtout si celle-ci est par ailleurs déçue par le virage à gauche pris par la CDU sous la présidence d'Angela Merkel. Abolition du service militaire, sortie du nucléaire, introduction d'un salaire minimum tel que la chancelière le propose désormais : autant de décisions ou projets qui rompent avec les racines catholiques et libérales du parti de Konrad Adenauer. L'AfD, qui plaide aussi pour un encadrement plus strict de l'immigration, s'adresse essentiellement à ceux qui ne se retrouvent plus dans la nouvelle ligne, sans pour autant se fermer à l'électorat de gauche, voire d'extrême gauche. «  Voter pour le nouveau parti est une façon pour ces gens d'exprimer leur protestation », souligne Bettina Munimus.
Le système électoral allemand favorise d'ailleurs un tel vote car l'électeur dispose de deux voix : une pour le candidat de sa circonscription au Bundestag, l'autre pour le parti. En 2009, beaucoup d'électeurs conservateurs avaient donné leur première voix au candidat de la CDU mais leur deuxième voix aux libéraux, protestant contre la tangente à gauche prise par Angela Merkel. Le FDP avait ainsi pu enregistrer un record historique, avec plus de 14 % des votes.
Si le parti eurosceptique dépasse la barre de 5 % qui permet d'entrer au Bundestag - ce qui constituerait une surprise majeure -, il compliquera la tâche d'Angela Merkel. Faute de pouvoir constituer une majorité avec le FDP, la chancelière sera contrainte de gouverner avec le SPD dans une grande coalition, comme entre 2005 et 2009. Mais même si l'AfD recueille entre 3 % et 5 % des voix, la CDU sera confrontée à une nouvelle concurrence sur sa droite, qui risque d'avoir une influence non négligeable sur sa politique européenne.