TOUT EST DIT

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samedi 2 mars 2013

« On s’risque sur le bizarre ? »

« On s’risque sur le bizarre ? »
Les derniers aventuriers seraient-ils à découvrir parmi les amateurs de viande ? Il faut bien avouer que le hachis surgelé devient un aliment hautement douteux. Après le cheval déguisé en bœuf, voici que l’on découvre bien pire : de la viande impropre à la consommation aurait été livrée à une grande enseigne de restauration rapide.
Le consommateur s’en doutait confusément. Les trafiquants de barbaque témoignent d’une imagination qui n’a d’égal que leur culot en matière de pratiques douteuses. L’information ne va pas arranger les affaires des marques qui ont mis sur le marché des petits plats à la composition originale. « On s’risque sur le bizarre ? », demandent les acheteurs décontenancés face au rayon surgelé de leur boutique alimentaire. Un autre pourrait même ajouter, face à un parmentier douteux, en hommage aux fameux Tontons flingueurs : « Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça il a l’air assez curieux ».
Du point de vue bizarre, la semaine qui s’achève aura été assez croquignolette. On a ainsi appris qu’un géant du meuble en kit a retiré ses boulettes de viande de son rayon alimentation. Il ne manquait que le mode d’emploi dans la boîte. Les Russes ont avalé du cheval dans les saucisses de porc autrichiennes : heureusement, ils ont la vodka !
Pendant ce temps, l’Union européenne se laisse aller à une discrétion de mauvais aloi. Il est vrai que Bruxelles adore les mélanges alimentaires audacieux. En pleine crise de la vache-cheval, la Commission redonne l’autorisation de nourrir les quadrupèdes avec de la farine de poisson. Ça fera plaisir à ceux qui hésitent à manger du steak le vendredi, mais pas plus. Imaginez un instant une boîte de conserve annonçant fièrement : bœuf élevé en Roumanie, nourri à la farine de poisson du Danemark, cuit avec des patates OGM cultivées dans le Péloponnèse. Le consommateur risquerait d’avoir la nausée, et c’est ce que Bruxelles veut éviter en camouflant nos aliments, aussi bizarres que baladeurs, sous les codes-barres et autres sigles barbares.
Jadis, le général de Gaulle se moquait de l’Europe du « Volapük », pseudo-langue européenne. On a désormais le « boeufapük » dans notre assiette aux peurs.

Confidentiels

Collectivités. Contrairement à une idée reçue, les effectifs des collectivités locales n'augmentent plus. Selon le Centre supérieur de la fonction publique territoriale, ils ont baissé de 4000 unités en équivalent temps plein entre 2009 et 2010. La baisse est même de 29 000 hors emplois aidés.
Economies. Promesse de Matignon: dans le cadre des économies, il ne sera pas touché aux dépenses d'investissement dans le cadre des contrats Etat-Régions. Donc, on continuera d'acheter des TER, de construire des lycées ou d'aider des labos.
Prévisions. C'est fin mars que Bercy va publier ses prévisions de croissance. Elles seront meilleures que les prévisions européennes qui n'intègrent pas les effets des mesures déjà décidées. C'est aussi pour cela que François Hollande considère toujours comme possible l'inversion de la courbe du chômage.
Résistance. Alain Rousset, le président de l'Association des Régions de France n'a pas l'intention de se laisser plumer dans le cadre des économies décidées à Matignon. "Les dotations aux Régions, dit-il, sont des compensations des ressources fiscales qui leur ont été retirées. On ne va pas se laisser faire sans combattre."
Manipulation. "Il n'y a aucune justification au report des élections régionales après les sénatoriales, confie le centriste Jean-Christophe Lagarde. Sauf à vouloir manipuler les sénatoriales où la gauche n'est majoritaire que de trois sièges."
Elysée: "Quand je vois que Montebourg prend 10 points dans les sondages après Florange, je me dis que ce n'est pas la meilleure façon d'amener la société française à l'âge adulte." Confidence agacée d'un conseiller très très proche de François Hollande.

L'humble puissance

L'humble puissance



Combien de chefs d'État ont disparu de la scène mondiale ces dernières années ? Certains, en fin de mandat, n'ont pas été reconduits. D'autres ont été violemment chassés du pouvoir auquel ils s'accrochaient pour une multitude de raisons.
L'un de ces hommes les plus en vue de la planète vient de s'en aller. À la surprise de tous, lui qui pouvait continuer sa tâche sans être menacé ou sans que sa place soit enviée par quiconque, a tout à coup décidé de remettre ses pouvoirs au collège qui l'avait élu et qu'il considère comme le véritable détenteur du pouvoir qui lui était confié.
Cet homme est un humble. Pourtant, c'est un savant, de la science qui s'occupe de Dieu et des hommes à la fois. C'est un des grands théologiens de notre époque, de cette Église à laquelle il s'est donné sans relâche toute sa vie.
Il n'a pas quitté sa fonction par lassitude comme s'il avait épuisé toutes les joies et les satisfactions d'un pouvoir difficile, mais prestigieux. Il ne s'en va pas parce qu'il veut désormais jouir d'un repos pourtant bien mérité. Non, il part parce que la tâche immense à laquelle il est confronté nécessite des forces nouvelles, un dynamisme d'homme dans la force de l'âge, exige des perspectives de rénovation, nécessite une autorité pour la réorganisation, des forces pour affronter lucidement les contradictions. Il faut aussi des capacités de communication et d'explication multiples, utilisant à fond les moyens modernes dont dispose le monde aujourd'hui pour échanger dans tous les sens, dans tous les domaines.
Le service de toute une vie
Cet homme, le pape Benoît XVI, a bien vu qu'à son âge, il n'y suffirait pas.
Alors, humblement, il en a fait le constat et, dans la confiance, avec modestie, il a remis sa charge entre les mains de ceux qui l'avaient choisi voici quelques années.
Il n'a pas établi de bilan avantageux pour lui-même, récapitulant tout ce qu'il avait apporté à l'institution et, à travers elle, à ses frères et soeurs dans la foi. D'autres le feront à sa place et découvriront qu'il fit beaucoup et qu'il donna de sa personne inlassablement, qu'il éclaira la route qui doit être encore balisée comme à chaque âge de l'Église pour faire face aux difficultés particulières de chaque époque.
Lui, révéré sur toute la terre par un milliard deux cents millions d'hommes et de femmes, leur a dit adieu et s'est désigné désormais comme un simple pèlerin qui commence sa dernière étape de vivant sur la terre.
Ceux qui l'ont regardé s'en aller à travers leur écran de télévision ont été émus par cette simplicité, cette humilité. Ils ont compris que la fragilité humaine fait la force, la véritable force de celui qui la reconnaît et qui fait passer à travers lui-même la réalité de Celui qu'il a servi toute sa vie.

Le «masculinisme» arrive-t-il en France ?


Le coup d'éclat d'un homme au sommet d'une grue préfigure-t-il l'émergence d'un mouvement anglo-saxon de défense des droits de pères? Enquête.

Père bafoué ou papa manipulateur, homme désespéré ou misogyne patenté? Le coup d'éclat de Serge Charnay, ce père resté perché quatre jours au sommet d'une ancienne grue, à Nantes, à la mi-février, a été perçu comme la première action «masculiniste» en France. Ce mouvement de pères en colère qui créent l'événement grâce à des opérations spectaculaires, ce machisme qui montre ses muscles, a vu le jour en Amérique du Nord. Le fait divers nantais constituerait le premier signe de son arrivée dans l'Hexagone, selon le producteur et cinéaste Patric Jean, spécialiste de la question, soulignant les similitudes de la méthode de «M. Grue» et celle de ses cousins activistes d'outre-Atlantique. Même goût pour l'escalade, même stock de batteries de téléphone et même demande de changer les lois, a-t-il relevé dans Le Monde.
Au cœur de leurs revendications: la garde d'enfants. Réunis au sein de plusieurs associations comme SOS Papa, Les papas = les mamans ou encore SVP Papa qui a organisé le 20 février une manifestation à Nantes réunissant 150 militants de la cause des pères, les «paternels» dénoncent le manque d'égalité dans les décisions de justice sur la garde des enfants. La plupart d'entre eux réclament l'institution de la résidence alternée par défaut ou, en d'autres termes, plaident le partage égal de la garde entre le père et la mère en cas de séparation.
«Serge Charnay est monté sur une grue de sa propre initiative c'est une action isolée qui n'a rien à voir avec le masculinisme», selon Fabrice Mejias de SOS Papa.
«La lutte des pères a pris son essor dans les années 1970, explique la sociologue Christine Castelain Meunier*. Elle se décline en deux tendances: celle de la recherche d'une parité parentale, plus consensuelle et tournée vers la médiation, et celle de la demande de retour à l'autorité paternelle, profondément antiféminisme.» Ces mouvements se sont développés en écho à des changements de société tels que le remplacement de la puissance paternelle par l'autorité parentale partagée en 1970 ou le divorce par consentement mutuel en 1975. «Si le phénomène est aujourd'hui associé à l'idée d'une perte de vitesse du masculin dans la société mais aussi au constat que le rôle de l'homme auprès des enfants a changé», souligne Christine Castelain Meunier qui semble douter de l'émergence du masculinisme en France.

Bataille de chiffres

Masculinisme ou non, entre les papas courroucés et les féministes, la guerre est déclarée. À peine redescendu, Serge Charnay s'en est pris aux ministres de la Justice et de la Famille qui venaient de recevoir les associations de pères en réponse à sa «performance». «Les femmes qui nous gouvernent se foutent toujours de la gueule des papas», s'est emporté cet homme déchu de son autorité parental, évoquant un «gros travail» à faire avec «ces bonnes femmes qui croient toujours qu'on ne peut pas changer une couche d'un gamin». Les militantes d'Osez le féminisme! ont immédiatement répliqué pour «dénoncer les idées nauséabondes qui se cachent derrière leur “lutte” pour les droits des pères. SOS Papa est une association réactionnaire, lesbophobe et antiféministe».
«Ce qui est inquiétant, c'est le tapis rouge qui a été déroulé devant eux par les ministres et le retentissement médiatique de l'affaire. Nous avons donc demandé à être à notre tour reçues à la Chancellerie», explique Julie Muret, porte-parole d'Osez le féminisme! «Nous aussi on se bat pour l'égalité, dans la sphère familiale comme dans la sphère professionnelle, pour une vraie co-parentalité qui mènera à plus d'égalité pour les femmes», défend Fabrice Mejias de SOS Papa. Défenseurs des droits des femmes et partisans des papas se battent également à coups de chiffres. Dans neuf cas sur dix, la mère aurait la garde de l'enfant, déplorent les mouvements de pères. «Il est vrai que dans 71 % des cas, la résidence principale est accordée à la mère, note Julie Muret. Mais seuls 20 % des pères la demandent, selon des statistiques de la Chancellerie parues en 2007.»
* «La sorcière, la fée du logis, le prince charmant et la question du ménage», Stock, parution en septembre 2013.

Comment annoncer à la majorité qu'il va falloir abandonner le programme présidentiel : François Hollande face au mur des réalités


S'il continue de tergiverser, François Hollande devra tôt ou tard expliquer qu'il faut abandonner l'idée d'une politique de relance pour une politique de compétitivité financée par une réduction des dépenses publiques.

La semaine de François Hollande s’est terminée vendredi par une sorte de conseil de guerre économique convoqué d’urgence à l’Elysée en début d’après-midi. Il y avait là, le cœur de la gouvernance. Le président et son conseiller Emmanuel Macron ont consulté pendant deux heures, Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici et Michel Sapin. Rien n’a filtré hormis le fait que ce conseil de crise devait examiner les conséquences de l’effondrement des ventes dans l’automobile. Comme si les membres des gouvernements avaient découvert ce matin la situation très critique du secteur.
Bon sang, mais c'est bien sûr !
Plus les jours passent, plus le président de la République donne le sentiment de ne plus avoir de stratégie et de visibilité. Tout le monde s’en plaint, à commencer par ses ministres, ses collaborateurs et les dirigeants du Parti socialiste. "Tout remonte désormais à l’Elysée, comme autrefois avec Sarko", dit l’un des ministres. "Ce qui est nouveau avec Hollande, c’est que rien ne redescend". D’où le sentiment de désordre et d’indécision.
En début de semaine, les chiffres du chômage ont complètement affolé la "Hollandie" et provoqué une épouvantable cacophonie d’explications et de justifications. Les 3 169 000 demandeurs d’emplois inscrits au chômage dans la France métropolitaine à fin janvier (40.000 de plus en un mois) ont fait l’effet d’un électrochoc. Ce chiffre est tombé dans un moment où l’économie française nous a offert un bouquet de chiffres particulièrement graves, une croissance zéro en 2012 et 2013, des objectifs de rééquilibrage budgétaire qui ne seront pas atteints, un déficit de compétitivité qui continue de laminer nos positions… Mais avec le chômage, on n’est plus dans le concept ou dans les chiffres abstraits. On est dans la réalité qui va devenir intenable. Parce que si on ajoute aux 3 millions de chômeurs officiellement inscrits tous ceux qui se sont découragés, tous ceux qui ne se sont pas inscrits et qui sont en fin de droits, on dépasse les 5 millions de personnes placées en dehors du marché de l’emploi, soit 15 % de la population active. C’est surtout 25% chez les moins de 30 ans et les plus de 50 ans, d’où les risques d’explosion sociale et de violence dans certaines banlieues que surveille avec inquiétude  le ministre de l’Intérieur Manuel Valls.
Tout le monde se rend compte que l'on ne peut pas, en l'état actuel des choses, espérer une reprise de l’activité de production, contrairement à ce que le président et le gouvernement avaient annoncé.
Et ce, pour deux raisons. D’une part, le matraquage fiscal infligé aux entreprises et aux créateurs de richesse a étouffé les projets. D’autre part, les facteurs de soutien extérieur sur lesquels on pouvait compter sont très fragiles. Les États-Unis sont en risque de ralentissement compte-tenu des coupes budgétaires. Quant à la Zone euro, elle est à nouveau très perturbée par le désordre italien. Or, la stabilité de l’euro paraissait acquise.
Cette situation renforce ceux qui, au PS, considèrent qu’on ne peut plus aggraver la pression fiscale mais qu’il va falloir développer une vraie politique de compétitivité avec une baisse des coûts (coût du travail, des impôts, de l’énergie et prix de l’euro). Ce qui implique évidemment des baisses de dépenses publiques (des vraies) et des réformes en profondeur d’ordre fiscal et social qu’on a toujours refusées d’aborder pour des raisons politiques évidentes.
Face à ce diagnostic qui n’a échappé à personne, l'Elysée est, cette semaine, resté complètement muet. Du coup les membres du  gouvernement sont partis dans tous les sens. Pierre Moscovici, ministre de l’Économie, qu’on n’entendait pas beaucoup, s’est fendu d’un voyage spectacle à Londres d’une  journée pour expliquer, aux caméras françaises qui le suivaient, que la France allait rester droite dans ses bottes en dépit d’une situation compliquée. Sur place, il a surtout été obligé d’écouter les Français résidents lui expliquer pourquoi ils avaient pris l’Eurostar pour venir travailler dans la City. Et ce n’était pas triste. Il n’y a pas que des bac +5 qui s’enrichissent dans la finance (très souvent d’ailleurs dans les grandes banques françaises qui ont toutes installé leur salle de marché sur la Tamise) mais il y a aussi des Bac-3 qui trouvent le petit boulot complètement impossible à Paris.
Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement Productif a, certes, reçu l’appui, un peu puéril mais pas désintéressé, du président France de Coca-Cola, Tristan Faradet, mais il a aussi décidé de changer de registre : "on va désormais visiter les entreprises françaises qui marchent dans l’hexagone", dit un de ses proches. Bonne idée. Parce que si le gouvernement veut véritablement de la croissance, mieux vaut s’occuper des entreprises qui sont capables de la créer.
Encore qu’au patronat, on ne demande que deux choses : qu’on laisse travailler les entreprises en liberté et que l’on accepte que ceux qui créent de la richesse soit récompensés financièrement pour les risques qu’ils prennent. Sinon, ils n’en prendront pas et, s’ils ne prennent pas de risques, il n’y aura pas d’activité. C’est tout simple l’économie. Le jour où les gouvernants auront compris que l’on ne travaille que si on a intérêt à travailler, on aura fait de gros progrès. Le patronat est d’autant plus furieux que la base des patrons est très remontée. Outre la conjoncture, outre la fiscalité sur les dividendes et les plus-values que les patrons ne digèrent pas, la décision prise par le Sénat d’amnistier les faits de violence ou les entraves au droit du travail commis par les syndicalistes leur reste dans la gorge. A quoi sert la concertation et la négociation si on encourage le rapport conflictuel ? Le climat est d'autant plus tendu que le mouvement patronal est entré en campagne pour le renouvellement de la présidence. Alors Laurence Parisot  espère faire un troisième mandat ce qui impliquera un changement des statuts mais ces deux concurrents déclarés, Geoffroy Roux de Bézieux qui représente plutôt les jeunes entreprises et les start-ups et Pierre Gattaz, fils de son père, les entreprises familiales de taille moyenne et plutôt industrielle vont tout faire pour lui barrer la route en surfant sur la grogne et la rogne des chefs d’entreprise.  

De son côté, Jérôme Cahuzac, le ministre du Budget, qui espère avoir éteint l’incendie qui s’était déclaré dans sa maison à propos d’un soupçon d’évasion fiscale, s’est lui aussi mis au grand écart. Il prévient qu’il faudra que le gouvernement trouve 6 milliards d’euros de plus. Il annonce qu’il faudra réduire les dépenses publiques plutôt qu’augmenter les impôts mais continue de défendre le bien fondé de la politique fiscale qui a été appliquée jusqu’à maintenant… Il va d’ailleurs jusqu’à expliquer le résultat des élections en Italie par l’échec de la politique économique de Mario Monti. Une politique punitive et récessive. Comprenne qui pourra. Il n’ira quand même pas jusqu’à se réjouir de l’éventuel retour de Sylvio Berlusconi. Il y a des limites au grand écart. Bref, le ministre du Budget se prépare lui aussi au changement mais rêve que le PS ne s’en aperçoive pas.
Si on comprend bien, pour le clan des pragmatiques socio-démocrates, les Cahuzac, Moscovici, et même certains jours Jean-Marc Ayrault, tout ce qu’ont fait François Hollande et la majorité c’est forcement  bien… mais il va falloir tout changer !
Ce qui est extraordinaire c’est que même Ségolène Royal est en train de se convertir au libéralisme. A peine nommée vice-présidente à la Banque publique d’investissement, elle a déclaré cette semaine au micro de RMC-BFM que la croissance reviendra par les entreprises. Plus question de redistribuer l’argent public pour créer de la demande et relancer la croissance. Ceux qu’il faut  aider ce sont les entreprises qui marchent par l’investissement et une meilleure compétitivité… Tout arrive mais on croit rêver.
La majorité des militants du PS, et surtout ceux du Front de gauche, ont très bien compris ce qui se préparait et  ne sont guère disposés à l’accepter. D’où la gêne des membres du gouvernement et le silence de l’Élysée.
Comment annoncer à la majorité politique qu’il va falloir abandonner le programme présidentiel, celui sur lequel le président a été élu, et changer de politique économique pour franchir le mur des réalités. François Hollande tergiverse et hésite. Sauf qu’il va bien être obligé de plonger dans le grand bain.
Il est harcelé de partout, à commencer par ses amis, les maires socialistes des grandes villes qui font remonter la grogne. Gérard Colomb, le maire de Lyon ne manque pas une occasion pour lui demander de changer d’attitude. Au point que cette semaine  Jean-Marc Ayrault a invité à dîner à Matignon, les barons PS, représentants les collectivités locales, Les Michel Destot, président des maires des grandes villes, les Christian Pierret pour les villes moyennes et Martin Malvy pour les petites communes. Ce n'est pas le début de la fronde contre l'État mais ça y ressemble. Les responsables des collectivités locales sont loin d'accepter les réductions de dotation (5 milliards en trois ans) sans compensations ou allègements de charges. Bref, ils ne veulent pas être les dindons de la farce budgétaire. Pour les calmer,  le Premier ministre leur a promis d’organiser une conférence nationale des finances locales le 12 mai. En attendant, M. Laignel, le président de la commission de financement local se plaint amèrement d’un gouvernement qui parle sans cesse de croissance et de relance mais qui fait surtout de la rigueur. Bref, une stratégie toujours aussi illisible.
Le pouvoir est également harcelé par  les chefs d’entreprise qui défilent chez Emmanuel Macron le secrétaire général adjoint, par les Allemands, par la commission de Bruxelles et la Banque centrale.
La presse allemande par exemple considère que le désordre en Italie va servir de révélateur aux faiblesses structurelles de la France et s’étonne que des membres du gouvernement puissent se réjouir de l’arrivée des deux clowns "Grillo et Berlusconi" après s’être félicité pendant plus d’un an du sérieux d’un Mario Monti.
Côté Banque centrale, Mario Draghi, lors d’une conférence à Munich, a rassuré les marchés en confirmant qu’il continuera d’alimenter le système en liquidités. Les Allemands n’ont pas réagi. Preuve qu’ils sont eux aussi très inquiets. Mais Mario Draghi a aussi rappelé à l’adresse de la France les règles du contrôle budgétaire. Une fois de plus.
Sur un tout autre plan, l’Élysée ne pourra pas non plus se taire éternellement sur la suppression du jour de carence pour les fonctionnaires qui fait des ravages dans le privé (où il y a trois jours de carence). Bref, il va falloir réagir vite. D’autant que le voyage à Moscou où il n’a pas été très bien reçu, ne lui a pas permis de réoccuper l’espace. Quant à la guerre au Mali, elle ne fait plus recette dans l’opinion publique.
Il lui faudra donc expliquer quel est le cap et comment on passe d’une politique de relance à une politique de compétitivité financée par une réduction des dépenses publiques. Il ne commencera sans doute pas la semaine prochaine, la France est encore en vacances d’hiver, mais les semaines suivantes, il faudra s’attendre à ce qu’il recommence à occuper les écrans de télévision tous les jours. 

La France des enfants gâtés


Alors que les français et les entreprises sont assommés d’impôts, il y a dans notre société des petits et grands privilèges qui  n’étonneront presque plus personne et  qui pourtant continuent de prospérer comme les régimes spéciaux, comités Théodule, EDF, etc…
La crise financière en 2008 a permis de mettre en perspective une crise sous jacente bien plus importante, qui elle dure depuis 30 ans. L’absence totale de gestion de la France et la dérive des finances de l’Etat toutes deux dues aux hommes politiques élu ou non, or,malgré  ce constat aucune sanction n’a été prise. Nous continuons de voter, de payer, docilement.
Interessons nous en pratique à quelques spécificitée bien de chez nous.
I/Le régime d’indemnisation du chômage en France
La France offre le régime le plus généreux d’Europe  (confirmé par l’Unedic d’après une étude récente)
Plafond des indemnités en Europe :
-       France                    6.160 euros mensuels
-       Allemagne              2.215 euros mensuels
-       Belgique                 1.422 euros mensuels
-       Italie                      1.119 euros mensuels
Ecarts aussi sur la durée des indemnisations qui n’incite guère à la reprise du travail.
II/Le scandale des 700 comités Théodule
L’état déborde d’imagination pour inventer des comités qui coûtent une fortune à la France.Ceci démontre que les ministères concernés sont incapables de diagnostiquer les évolutions économiques et sociales de leur environnement et d’en définir des objectifs de solution. La vrai question étant:A quoi servent ces machins et pourquoi ne sont-ils pas réintégrés soit à l’assemblée nationale ou aux différents ministères ?
Quelques exemples  pratiques:
  •  Conseil d’analyse de la société
-       Mission : « Eclairer les choix politiques du gouvernement par l’analyse et la confrontation des points de vues ».
-       Composition : 32 personnes
-       Production : Difficile à évaluer.
-       Budget : 280.000 euros/an
  • Conseil d’orientation pour l’emploi
-       Mission : « Formuler un diagnostic sur les causes du chômage, émettre des propositions pour lever les obstacles à la création d’emplois, etc.. » ».
-       Composition : plusieurs représentants de la société civile.
-       Production : 2 rapports par an.
-       Budget : 275.000 euros/an
  • Centre d’analyse stratégique
-       Mission : « Eclairer le gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou technologique. »
-       Composition : Un directeur général, un secrétaire général et environ 200 salariés.
-       Production : 2 réunions par an et une dizaine de rapports.
-       Budget : 28 millions d’euros.
  • Haut conseil à l’intégration
-       Mission : « Donner son avis et faire toute proposition utile à la demande du premier ministre sur les questions relatives à l’intégration. »
-       Composition : 20 membres.
-       Production : Aucun rapport en 2010, 2 en 2011 et 3 avis en 2012.
-       Budget : 95.000 euros pour le président par an, plusieurs salariés à plein temps.
  • Conseil d’analyse économique
-       Mission : « Eclairer le gouvernement sur les problèmes et les choix économiques du pays. »
-       Composition : 28 économistes et un secrétariat.
-       Production : treize réunions en 2012 et un rapport.
-       Budget : 860.000 d’euros/an
 Soit Une économie totale d’environ 3 milliards d’euros
III/ Les régimes spéciaux
Une autre source de questionnement demeure les régimes spéciaux  d’EDF,  de la SNCF et de la RATP qui restent bien plus avantageux que ceux du privé ou même des fonctionnaires du reste du public.Pour vaincre l’opposition des syndicats, CGT en tête, des avantages ont été consentis (augmentation de salaire, échelons supplémentaires…), si bien que même après la réforme de 2007, les régimes de la SNCF et de la RATP coûtent pratiquement plus cher qu’auparavant.
Chaque année, les contribuables versent quelque 6 milliards d’euros pour équilibrer les régimes spéciaux de retraite.
De plus, le gouvernement actuel, au lieu de supprimer ces avantages honteux vis-à-vis des autres travailleurs, a augmenté la contribution tarifaire d’acheminement sur les factures de gaz et d’électricité.
IV Les autres secteurs qui plombent les finances de l’état :
-       Les intermittents du spectacle coûtent à l’UNEDIC 1 milliards d’euros en net, ce régime est nettement plus favorable que celui des intérimaires.
-       Fonctionnaires : toujours ces privilèges (coût 1,5 milliards d’euros pour le supplément familial).
-       Formation professionnelle : 6,3 milliards d’euros profitent plus aux organisateurs.

V/Le budget des agences publiques
L’inspection des finances dénonce le coût et les effectifs pléthoriques d’une myriade d’agences de l’état à l’efficacité douteuse.
-       1244 agences aux statuts et des missions très diverses, la plupart sont des établissements publics administratifs.
-       442.830 employés ayant un statut d’opérateur de l’état, depuis 2007 les effectifs ont cru de 6 %.
-       50 Mds € le montant des ressources allouées par l’état aux agences en 2012, en 5 ans ces moyens financiers ont progressé de 15 %.
-       1500 agents de l’état assurent la tutelle de ces agences.
Etablissements publics, administratifs groupement d’intérêt public, autorités administratives indépendantes…. L’administration est passée maître dans l’art d’inventer des structures opaques et incompréhensibles. Les inspecteurs des finances ont découvert un maquis d’un millier d’agences et d’opérateurs, financés par les deniers publics, dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence.
Exemple la santé, le royaume des doublons :
-       L’ANAP : agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux.
-       HAS : Haute autorité de santé.
-       ANESM : agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux.
Il faut supprimer les agences publiques et intégrer celles, dont le rôle est constaté efficace et viable à long terme, dans les structures et services des ministères concernés d’un état restructuré. Cela représenterait une économie de 20 Mds € par an
VI Les privilèges des fonctionnaires
La fondation iFrap a passé en revue les grandes différences entre la fonction publique et le secteur privé.En France plus d’un actif sur cinq travaille dans la fonction publique, soit au total, plus de 5,3 millions de personnes. La grande majorité de ces agents bénéficie d’un statut hors norme par apport au secteur privé.
La France devra, comme elle aurait dû le faire depuis des années, réduire le nombre de fonctionnaires, mais aussi réformé leur statut.
En sept points, détaillés par la fondation iFrap, voici pourquoi une telle révision est nécessaire :
-       Statut : c’est la protection maximale. Quelque 80 % des agents des trois grandes fonctions publiques ont le statut de fonctionnaire à vie.
-       Rémunérations : contrairement à certaines idées reçues, les salaires sont globalement plus élevés dans le public que dans le privé.
-       Temps de travail : on travaille moins dans le public que dans le privé.
-       Absentéisme : les arrêts de maladie est de 2 à 4 jours plus élevé dans la fonction publique que dans le privé.
-       Aides familiales : en France, toutes les familles reçoivent, quels que soient leurs revenus et statut, des allocations familiales en fonction du nombre d’enfants du foyer à partir du 2ème enfant. En plus de ces allocations, les agents payés par l’état, fonctionnaires et non-titulaires, perçoivent un « supplément familial de traitement » en fonction du nombre d’enfants à charge, et ce, dès le premier enfant, et en partie proportionnel au traitement qui favorise indubitablement les hautes rémunérations de la fonction publique. (coût du dispositif 1,3 Mds €).
-       Logement : l’état loge une partie de ses agents dont la présence est indispensable  sur le lieu du travail (127.400 logements gratuits) ou utile (9000 loyers modeste). Là où le bât blesse, c’est que l’état défiscalise largement cet avantage en nature lorsqu’il est réintroduit dans le revenu imposable des agents.
-       Retraite: le régime des fonctionnaires est plus avantageux que celui du privé dans ce mode de calcul : 6 derniers mois pris en compte, par opposition aux 25 meilleures années dans le privé.
Mettre le public au même niveau que le privé.
Même et surtout si toutes ces vérités semblent aujourd’hui passées en force de chose jugée, il n’est jamais trop tard pour réagir.Au pied du mur, il est certain que l’on voit bien le mur..