TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 3 février 2011

Règle d'or pour Etat sans argent


Belle accélération de l'histoire. Il y a un an, c'était une piste ouverte par quelques économistes considérés comme farfelus. En mai dernier, le président Nicolas Sarkozy l'avait inscrite à l'ordre du jour. En juin, l'ancien patron du FMI, Michel Camdessus, remettait un rapport sur la question. Demain, la règle d'or qui impose le retour à l'équilibre des finances publiques sera un projet de loi. Et, à l'automne peut-être, un article de la Constitution.


Ce projet est logique. Le paysage budgétaire européen a basculé avec les crises grecque et irlandaise. Les Etats sont descendus de leur piédestal financier. Ils deviennent des emprunteurs comme les autres. Sur les marchés, les investisseurs se protègent de leur faillite. Les agences de notation ont commencé à dire, à raison, que la dette publique pourrait ne plus être considérée comme le produit financier le plus sûr au monde. Les taux d'intérêt à long terme frémissent à la hausse. Dès lors, le gouvernement doit redoubler de vigilance. Quand son déficit continue de dépasser largement 5 % des richesses produites dans le pays, quand il emprunte 25 centimes chaque fois qu'il dépense 1 euro, quand il se garde de serrer la vis trop violemment pour préserver la flamme de la croissance, il doit en échange prouver la sincérité de ses belles intentions d'économies. Aux yeux des prêteurs, un gros déficit est acceptable aujourd'hui si, et seulement si, il est assorti d'un engagement sans faille de redressement des comptes demain.


La décision vient au bon moment. L'étau budgétaire se resserre en sortie de crise. Les instances européennes vont bientôt scruter le budget de la France, avec la nouvelle procédure du « semestre européen ». Paris et Berlin poussent les feux sur la création du gouvernement économique européen. Autant de raisons qui justifient un nouveau geste français.


Mais cette décision est aussi un pari politique. Car l'adoption de la loi est loin d'être assurée. La voie du référendum semble a priori bouchée : à moins d'un an de l'élection présidentielle, et sur un sujet d'apparence aussi technique, le risque de l'échec est trop grand. Il faudra donc obtenir une majorité de 60 % au Congrès, qui réunit députés et sénateurs. Et donc convaincre des élus socialistes, qui peuvent estimer à bon droit que le texte liera les mains du prochain gouvernement. Mais la règle d'or est le « prix de la garantie de notre indépendance », comme l'a dit Michel Camdessus. En cas d'échec, le retour de bâton sur les marchés financiers risquerait d'être violent.

0 commentaires: