TOUT EST DIT

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vendredi 14 octobre 2011

Montebourg vote pour Hollande : réactions



Aubry rappelée à l'ordre par le camp Hollande

Dans 20 Minutes, la maire de Lille qualifie François Hollande de «candidat du système». «Attention à ne pas se tromper d'adversaire», la met en garde Pierre Moscovici. François Hollande appelle «à arrêter l'escalade».

Le coup de griffe de trop ? Après une interview particulièrement cinglante à l'égard de François Hollande, les mises en garde internes pleuvent contre Martine Aubry. Dans 20 Minutes, la maire de Lille qualifie François Hollande de «candidat du système médiatique». «[Ma] dynamique a été masquée par ces sondages dont chacun sait qu'ils ne veulent rien dire. Le système s'est créé son candidat et nous a matraqués de sondages. Peut-être parce qu'il est plus facile à battre pour Sarkozy», explique Martine Aubry qui multiplie depuis plusieurs jours les piques contre son rival mais qui n'était jamais allée aussi loin.
«Malgré tout cela, une majorité des Français s'est portée sur les trois candidats qui portent le changement, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et moi», insiste l'ancienne ministre bien que Ségolène Royal ait rallié François Hollande et . Quant à Arnaud Montebourg, après avoir entretenu le flou, il a finalement aussi choisi le député de Corrèze.
Les pro-Hollande ont aussitôt fait bloc autour de leur candidat. «Attention à ne pas se tromper d'adversaire», a lancé Pierre Moscovici. «On est passé de la dérive au dérapage», a déploré le coordinateur de campagne du député de Corrèze, arrivé en tête dimanche avec 39,2% des voix. «La primaire a été belle, il ne faut pas l'abîmer, il faut rester dans un rapport de respect». «Cette rhétorique peut évoquer d'autres familles politiques», s'est-il inquiété. Le chef des sénateurs PS, François Rebsamen, s'est lui montré encore plus direct dans ses reproches, expliquant que «le vocabulaire de Le Pen n'avait pas droit de cité entre candidats socialistes».Manuel Valls, ex-candidat à la primaire et rallié à Hollande, a poursuivi dans le même registre. «Je ne veux pas qu'on utilise les mots de la droite, voire de l'extrême droite pour disqualifier le candidat en capacité de faire le plus de voix!». «Il faut être capable de donner une autre image des socialistes», a plaidé le député qui souhaite une «une victoire ample» car «il ne faut pas qu'il y ait d'ambiguité pour gagner contre Sarkozy».Même la Haute autorité des primaires est intervenue, rappelant aux candidats d' «éviter les pièges du dénigrement comparatif et l'inévitable enchaînement des polémiques». Vous appartenez à le même famille politique. La fusion des équipes constituent la condition du succès en 2012».

Aubry dit avoir critiqué «le système sondagier» et non l'homme

Cette poussée de fièvre a forcé François Hollande à recadrer ses troupes. «N'utilisons pas des mots d'escalade, ne nous créons pas nous même des divisions difficiles à résorber», a-t-il plaidé sur France Inter vendredi matin, lorsqu'on l'a interrogé sur les critiques de François Rebsamen. Le député de Corrèze a cependant aussi rappelé à l'ordre Martine Aubry dans les mêmes termes que ses lieutenants. «Arrêtons cette escalade, je crois que c'est un dérapage». «Quel serait mon pêché ? J'ai des électeurs qui m'ont placé en tête». «Il y a eu une campagne digne jusqu'à ces derniers jours. Elle ne mérite pas de disqualifier son opposant. Je ne suis pas dans un jeu de rôle ou une compétition interne. Je rassemblerai le PS, la gauche et les Français», a-t-il martelé. Pour preuve de son désir d'union, François Hollande a redit qu'il s'attendait à ce que Martine Aubry reprenne sa place de première secrétaire du PS, une fois la primaire passée, et qu'il entendait travailler avec elle.
L'élu de Corrèze a cherché, dès que possible, à clore le sujet : «Laissons cela, je ne veux pas entretenir le feuilleton. Je fais très attention, comme le lait sur le feu, à ce que ça ne dérape pas». Déjà jeudi, lors de son dernier meeting au Bataclan, à Paris, François Hollande avait paru ménager sa rivale, même s'il regrettait à couvert qu'elle joue contre son camp en l'attaquant sans cesse. «Il faut déjà préparer ce moment si important de la réunion, de la réconciliation», dit-il. «Je ne dirai rien qui puisse dévaluer le vainqueur».
 Face à ces avertissements, Martine Aubry a semblé attenuer ses propos vendredi matin, expliquant avoir remis en cause «le système sondagier». «Les commentateurs avaient choisi un candidat, cela ne remet pas en cause un homme», a-t-elle avancé sur France Inter. «J'ai répondu à une question qui était claire : «Estimez-vous que le système médiatique a choisi François Hollande?». J'ai répondu «oui je le pense»; il y a toujours eu pour les sondeurs un vote préféré... rappelez vous Barre, Balladur», a-t-elle décrypté tout en réfutant l'idée de «dérapage». «Lundi matin, nous serons tous derrière notre candidat!», assure-t-elle. «Si Hollande est élu, ce que je ne crois pas, je ferai ce qu'il dira!».

L'arbitre Montebourg a égaré son sifflet

Le débat Aubry-Hollande n'a pas couronné de vainqueur. Il a fait, sinon un perdant, du moins une victime collatérale : Arnaud Montebourg. Son nom n'a quasiment pas été cité et on n'a pas observé une grande porosité entre ses idées - tranchantes - et celles des finalistes. Au protectionnisme et à la VIe République qu'il appelle de ses vœux, l'écho répon d « juste régulation » et République « équilibrée ». À la mise sous tutelle des banques, les duellistes - sur ce point, les duettistes - préfèrent la présence de l'État au conseil d'administration. Hier soir, on attendait toujours la décision du troisième homme sur ses indications de vote. Son indécision, quand ce ne sont pas les cafouillages de son entourage, traduit un doute, installe une certaine confusion. Le bretteur courtisé est moins prolixe. Si l'arbitre a du mal à siffler la fin du suspense, c'est qu'il est confronté à un dilemme. Qu'il opte pour Hollande ou Aubry, aussitôt il amoindrit son capital électoral. Soit on lui rappellera que l'impétrant, comme il dit, allié à Valls représente la gauche molle ; soit on ironisera sur le flirt de l'ex-patronne du PS avec un Guérini qu'il combat pour ses pratiqu es « claniques ». Arnaud Montebourg ne doit pas décevoir la base qui a mordu à l'hameçon de la démondialisation, lui qui n'a eu de cesse de renvoyer dos-à-dos ses rivaux. Sauf que l'heure du rassemblement a sonné et que l'ambitieux quinqua doit jouer le coup d'après : incarner la rénovation, se forger une place dans la campagne, voire dans un futur gouvernement. La décisi on « personnelle » qu'il devrait rendre lui évitera de passer par la case « consigne de vote » et d'injurier l'avenir. Habile mais sinueux.

L’urgence

Il faut toujours se méfier de l’émotion quand elle interfère dans l’analyse de l’information. Et quoi de plus spectaculaire dans le quotidien d’un établissement scolaire qu’une professeur qui s’immole dans la cour d’un lycée ? Le raccourci entre la tragédie d’une enseignante et le malaise de l’école française est alors si rapide à emprunter... Et l’évidence si claire à reconnaître.

On préférera évidemment se garder de tout amalgame hâtif tant que l’enquête n’aura pas déterminé les causes exactes du geste de l’enseignante de Béziers. Dépression personnelle ou désespérance professionnelle : comment faire la part des motivations intimes quand, tout à coup, on décide d’en finir ? A quoi bon d’ailleurs ? «Un suicide, de toute façon, est toujours un accident» faisait justement remarquer Françoise Giroud qui, elle-même, avait tenté de mettre fin à ses jours...

Mais quelle que soit son histoire, le drame d’hier dépasse déjà ses acteurs parce qu’il remue beaucoup d’interrogations sur la pratique d’un métier exposé en permanence aux frustrations, au stress, à l’image de vous-même que vous renvoient vos élèves, aux sentiments mêlés de découragement et d’idéal. La pression est parfois si forte qu’elle peut emmener un(e) prof jusqu’aux frontières de l’irréparable.

Ce scénario du pire hante le ministre de l’Éducation nationale, confronté au ressentiment grandissant d’un corps enseignant qui s’estime abandonné aux doutes d’un système éducatif dégradé. La réalité du métier est désormais habitée, en effet, par une double crainte, intellectuelle - être à la hauteur de sa mission - mais aussi physique : la confrontation avec des classes difficiles à mener, voire à «tenir», est trop souvent une épreuve psychologique de longue haleine. Elle va, comme récemment à Schiltigheim, jusqu’à la peur de violences physiques.

La question, c’est désormais celle du degré d’exaspération, et de ses conséquences. La problématique, jamais tranchée, des classes surchargées et les interrogations permanentes sur l’efficacité du lycée entretiennent un climat délétère que les réformes successives ne parviennent pas à améliorer durablement. Une situation qui autorise toutes les confusions et toutes les approximations

Entre le discours systématiquement autosatisfait du pouvoir politique et l’instabilité chronique de l’école, le gouffre ne cesse de s’approfondir. L’application de Luc Chatel à apaiser le traumatisme d’hier montre l’inquiétude profonde du gouvernement à l’égard d’un phénomène dont il ne parvient plus à contrôler les limites. Si l’émotion est stérile, au moins parviendra-t-elle à souligner ce qui devrait être l’urgence de la prochaine présidentielle : l’école.


 Propos d'un vieux con

Pardonnez-moi de déranger. Je sais bien que je vais prêcher dans le désert, mais j'ai l'habitude. Je ne m'offusquerai même pas si on me dit que je fais un peu pitié. Je suis en effet un être pitoyable. Je viens d'une autre époque, celle où fleurissaient les kiosques et les librairies. Quand l'écrit faisait la loi et nous fascinait tous. Quand Aragon, Kerouac ou Camus étaient nos dieux vivants.

Rassurez-vous, je suis ronchon maispas inconscient. Je comprends bien qu'un quotidien de plus ou demoins, ça n'a guère d'importance, aujourd'hui. Que le papier n'est plus dans le sens de l'Histoire. Qu'on est tout aussi bien informé sans presse écrite, par la Toile, la rumeur ou Dieu sait quoi. Qu'on n'a, de surcroît, plus le temps de lire si l'on ajoute celui qu'on passe devant la télé (3h30 en moyenne) ou devant l'ordinateur (2h50).

Je ne peux cependant m'empêcher deverser ma larme sur la fin annoncée de "France Soir", qui, aprèsune longue agonie, a décidé de se replier sur le Net. Ce quotidien s'est bien battu, jusqu'au bout, avec une petite équipe de guerriers autour de Rémy Dessarts, mais il semble, à moins d'un ultime rebondissement, que la page soit tournée pour de bon. Un journal, c'est une personne: un seul vous manque et tout est dépeuplé. Du moins pour les vieux cons dans mon genre, pour qui "France Soir" incarnait l'âge d'or du journalisme quand, sous la houlette de Pierre Lazareff et avec des signatures comme celles de Lucien Bodard ou de Joseph Kessel, il tirait à plus de 1 million d'exemplaires.

En attendant, au "Point", nous croyons plus que jamais à l'écrit: cen'est qu'un début, continuons le combat.

Imaginons : la Grèce sort de l'euro...

Une semaine de répit. Mardi, la fameuse « Troïka » (Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne et FMI) s'est engagée à verser huit nouveaux milliards d'euros promis depuis 2010 au gouvernement d'Athènes. Hier, les députés slovaques ont accordé leur soutien au renforcement du Fonds européen de stabilité financière, ultime vote nécessaire à la mise en oeuvre du plan de sauvetage élaboré en juillet pour consolider la zone euro.

Ce bol d'air ne doit pas masquer les difficultés qui subsistent. Notamment pour la Grèce, installée dans un cercle vicieux « récession - austérité - récession » tant ses objectifs de réduction des dépenses publiques sont considérables. D'autres tempêtes sont à redouter et l'on ne manquera pas d'entendre à nouveau certaines voix préconiser une solution radicale : la sortie de la Grèce de la zone euro.

Certains ont déjà décrit ce scénario par le détail, promettant le rétablissement de la Grèce avec des recettes de grand-mère à la sauce « dévaluation ». La réalité d'aujourd'hui est qu'une telle sortie de l'euro est, à défaut d'être impossible, une hypothèse profondément irréaliste.

Imaginons en effet que la Grèce « sorte » effectivement de l'euro. Qu'une nouvelle drachme soit mise en circulation du jour au lendemain et que l'État grec redevienne apparemment maître de sa politique monétaire : qu'adviendrait-t-il ? Comme dans tous les précédents comparables, aucun commerçant avisé, aucun fournisseur sensé, aucun entrepreneur lucide n'accepterait de se faire payer en drachmes ! Chacun exigerait des règlements en euros (ou en dollars) et non en cette monnaie devenue « monnaie de singe » dès la première minute de son émission !

La Grèce, sortie officiellement de la zone euro, y rentrerait officieusement au même instant. Ses autorités monétaires pourraient alors prendre la mesure de leur impuissance à la tête de cette monnaie qui ne circule pas. Le pays perdrait juste les derniers remparts que l'Europe lui fournissait et sombrerait dans une économie anarchique, sans rentrées fiscales, avec des prestations sociales qui deviendraient du vent, car libellées dans une monnaie sans valeur... Ne parlons pas du cours de la drachme dont la chute vertigineuse serait sans limite, ni du coût « technique » de cette mesure de re-création d'une devise grecque (émission de pièces et billets, campagne de « reprise » des euros...).

En mars 2010, l'économiste belge Peter Vanden Houte avait déjà, avec malice, indiqué combien une sortie de l'euro était une option improbable : « Évoquer la possibilité qu'un pays quitte l'euro, c'est comme si, après avoir fait ensemble une omelette, un pays voulait récupérer ses oeufs. » Dix-huit mois plus tard, cette réalité n'a pas changé.

La seule issue à la crise actuelle est une accélération de l'intégration politique : harmoniser la fiscalité et l'ensemble des dispositions de politique économique, afin de faire émerger un budget européen se substituant rapidement aux budgets nationaux. Dès lors, les eurobonds (obligations européennes) auront une existence concrète et les prêteurs du monde entier s'arracheront les actifs d'une Union européenne devenue second plus gros État fédéral mondial, aux fondamentaux plus sains que ceux du premier, les États-Unis. L'abandon de souveraineté que ce mouvement induira n'est pas indolore, mais il faut se résoudre à accepter cette perspective incontournable : l'euro ou le chaos...

Primaires PS : Le petit prince de Montebourg

Pour qui se prend-il, ce M. Montebourg qui du haut des 17 % qu’il a recueillis dimanche dernier se prend pour le vainqueur ? Faiseur de rois ? A Dieu ne plaise, le petit marquis de la gauche du PS se pose désormais comme le roi des primaires et le prince victorieux pour le deuxième tour.
 Son tourbillon médiatique incessant d’une radio et d’une télévision à l’autre donne le vertige : « M. 17 % » fait la loi, impose ses oukases, écrit son ultimatum, exige des capitulations de ces deux manants qu’il ne cesse de traiter comme de vulgaires bonnet blanc et blanc bonnet. Quelle arrogance de la part de celui qui aurait sorti « le PS du formol », et qui fustige chez M. Hollande et Mme Aubry des « visions retardataires » !
Face à la condescendance d’Arnaud Montebourg, que peut-il se passer d’ici à dimanche ?
– Scénario n° 1 : Hollande ou Aubry négocie un accord avec Montebourg en acceptant ses diktats. Montebourg devient l’homme fort, celui qui pourra se vanter d’avoir fait l’élection. Dans ce cas, le programme du futur candidat sera lourdement lesté à gauche.
– Scénario n° 2 : Hollande et Aubry restent droits dans leurs bottes et ne négocient pas. Ils laissent les électeurs se déterminer librement en fonction du débat décisif de ce soir, où celui ou celle qui apparaîtra le plus apte à battre Nicolas Sarkozy l’emportera.
Ce deuxième scénario serait le plus conforme à l’esprit des primaires, qui ne devraient pas s’inspirer des marchandages de la synthèse des congrès socialistes. Ne pas devenir l’otage de M. Montebourg serait pour Mme Aubry ou M. Hollande l’attitude la plus digne, mais qui en aura le courage politique ?