TOUT EST DIT

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mercredi 26 décembre 2012

Leclerc : "Noël a été sauvé" in extremis


D'après le patron de la chaîne d'hypermarché, les Français se sont rués dans les magasins les trois derniers jours avant Noël. D'après lui, "l'esprit festif" l'a emporté malgré une consommation stagnante depuis plusieurs années.
Pour Michel-Edouard Leclerc, "Noël a été sauvé" in extremis! Le patron de la chaîne d’hypermarchés éponyme estime que "l’esprit festif" a stimulé les ventes sur les trois derniers jours.
"D'un point de vue professionnel, Noël est sauvé, à la fois pour les industriels et les commerçants", a affirmé ce matin Michel-Edouard Leclerc sur Europe 1. "Il y a eu un rush dans les trois derniers jours" qui a permis au secteur de réaliser un chiffre d'affaires "tel que prévu", a-t-il assuré.
D’après lui, les Français sont parfois animés par des envies de consommation en dépit du contexte économique. "Plus on va dans la crise et plus il y a des moments comme ça, où l'on se dit "eh puis merde, lâchons-nous!", a-t-il ainsi déclaré.
Les consommateurs sont pour autant restés rationnel. Ils ont su doser « entre produits chers et d’autres plus avantageux ». Ainsi, la table de Noël du consommateur ressemblait à un mélange entre divers produits banals mais accompagnés de foie gras, d’huîtres et de champagne.
Michel-Edouard Leclerc a également réagi à la polémique Depardieu, du nom de cet acteur qui a choisi l’exil fiscal en Belgique. "Il gueule, mais oui et il a raison (…) on a une fiscalité qui est revancharde" a-t-il déploré.

Gouvernement: que faire de Ségolène Royal?


Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, se voit comme un joueur de football sur le banc de touche. Mais à quel poste pourrait-elle bien rentrer sur le terrain.

Il y a une semaine, interrogée sur son envie d'intégrer le gouvernement Ayrault, Ségolène Royal se voyait comme "unjoueur prêt à rentrer sur le terrain".. Atteinte par le syndrome du "substitute", décrit en son temps par Vikash Dhorasso, la présidente de Poitou-Charentes annonçait ainsi qu'elle était prête à assumer des fonctions ministérielles, se plaçant ainsi sous l'autorité de son ex-compagnon François Hollande
Quelques jours après, Christophe Barbier la voyait décrocher le ministère de la Justice à l'occasion d'un éventuel prochain remaniement, début 2013. Pour l'ancienne ministre de la Famille, ex-candidate à l'Elysée, il ne faudrait en effet rien de moins qu'un ministère régalien, comme ceux de la Défense, des Affaires étrangères, des Finances, de l'Intérieur ou de la Justice. C'est la théoricienne de l' "ordre juste" qui serait ainsi récompensée. 

Une voix qui manque, mais à qui?

Lundi 24 décembre, bientôt Noël. Dominique Bertinotti, fidèle royaliste et ministre déléguée chargée de la famille, demande à ce que Ségolène "retrouve une place importante", pour sa voix "qui s'adresse aux classes populaires". Les signaux se multiplient pour annoncer un possible retour de Ségolène Royal aux affaires nationales, malgré l'hostilité que lui a témoignée Valérie Trierweiler, nouvelle compagne du Président, à travers, notamment, son fameux tweet rochelais. "Hollande, Trierweiler, Royal, c'est le triangle des Bermudes: personne ne sait comment le traverser sans encombre", confiait à L'Express un proche du chef de l'Etat. Pour rentrer au gouvernement, il faudra au préalable que l'ex-couple mythique du PS parvienne à normaliser ses relations
La présidence de l'Assemblée aurait été une alternative élégante, qui aurait fait de Ségolène Royal le quatrième personnage de l'Etat sans lui ouvrir les portes du gouvernement. Mais c'est Claude Bartolone qui occupe finalement le perchoir, jusqu'aux prochaines législatives. D'après RTL, Ségolène aurait récemment refusé la présidence de l'Institut du monde arabe et l'on parle d'elle pour un siège au conseil d'administration de la banque publique d'investissement.  
Ces postes, aussi prestigieux soient-ils, ne font pas partie de l'équipe première. Ségolène Royal veut vraiment retrouver le terrain, mais où serait-elle la meilleure - ou plutôt la moins gênante? 
Défense, Affaires étrangères, Finances, Intérieur, Justice? Quelle ministère Ségolène Royal pourrait-elle obtenir dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault selon vous? Et sinon, quel poste hors du gouvernement?
AUCUN, CE SERA TROP GALÈRE POUR HOLLANDE QUI AURA DES PROBLÈMES AVEC SA CHIENNE DE GARDE

Noël : près d'un Français sur deux choqué par la revente de cadeaux en ligne


La revente des cadeaux de Noël sur Internet est de plus en plus fréquente. Certains sites ont constaté un doublement des mises en vente le 25 décembre. Mais cette pratique reste encore relativement taboue.
A peine quelques heures après les avoir déballés, de nombreux Français déçus de leurs cadeaux de Noël les remettent en vente sur Internet. Il s'agit d'une rencontre entre "les dépités, les mécontents de leurs cadeaux et les frustrés, ceux qui n'ont pas eu ce qu'ils voulaient" et espèrent le trouver à moindre prix sur Internet, résume Olivier Mathiot co-fondateur de PriceMinister.com.

Un pic des ventes le jour de Noël

Le jour de Noël, ce sont surtout les vendeurs qui sont en action. Pour les acheteurs, le pic de consommation vient plus tard, généralement à partir des soldes vers mi-janvier. "Mardi à la mi-journée, on a constaté un doublement des mises en ventes par rapport à un jour normal", souligne Oilvier Mathiot. De son côté, Ebay France, autre grand site de commerce en ligne, a recensé quelque 150.000 annonces supplémentaires publiées sur le site par rapport à lundi.

Côté pratique, la revente a pu se développer cette année notamment "grâce à la généralisation des smartphones qui disposent tous d'applications adéquates et rapides", fait remarquer Leyla Guilany-Lyard, directrice de la communication chez Ebay France.

52% des Français favorables à la revente en ligne

Considérée encore choquante par près de la moitié des Français (48%), selon un récent sondage, la revente des cadeaux de Noël sur Internet semble toutefois mieux acceptée. Ainsi, un récent sondage OpinionWay révèle que 52% s'adonneront à cette pratique, qui fait de plus en plus d'émules, notamment chez les jeunes. 63% des 18-24 ans s'y déclarent en effet plutot favorables. D'autant que le moteur principal reste la crise économique.
Un phénomène de société dû à la crise

"Depuis 2008, on assiste à une forte hausse des reventes de cadeaux de Noël. Cette année, on estime que quelque deux millions de produits seront mis en vente sur notre site entre le 25 décembre et le 25 janvier, contre 1,5 million l'an dernier à la même époque et 1 million un mois normal", explique Olivier Mathiot. Selon lui, le succès de la revente tient aussi au fait que les cadeaux de Noël sont moins personnalisés et répondent à des modes, à des opérations marketing, plus qu'aux désirs de ceux que l'on veut gâter.

Si les quelques jours après Noël connaissent un pic de trafic sur ces sites de commerce en ligne, le gros est encore à venir avec les soldes de janvier quand les acheteurs, ceux qui ont été frustrés, viendront faire leurs propres emplettes de Noël.

Le gazole au plus bas en France depuis juillet


Cette baisse des prix du gazole intègre pourtant la fin de la ristourne du gouvernement du 1er décembre dernier.
Le prix du gazole a touché, la semaine dernière, un plancher de près de six mois en France. D’après les relevés hebdomadaires publiés par le ministère de l’Ecologie et de l’Energie, le prix du litre de gazole a atteint 1,3486 euros en moyenne, soit une baisse de 23 centimes depuis son plus haut d'août. Le litre de diesel a ainsi atteint un plus bas depuis juillet dernier. En revanche, le SP95 a progressé de 16 centimes à 1,5035 euros, et le SP98 de 40 centimes depuis août.

Cette baisse du diesel prend en compte la remontée progressive de la ristourne accordée par le gouvernement l’été dernier, lorsque le diesel avait culminé à 1,4592 euros. Cette ristourne de six centimes (3 pour l’Etat, et 3 pour les enseignes privées) doit être progressivement réintégrée dans les prix à la pompe entre le 1er décembre et la mi-janvier.
La baisse des cours du gazole est consécutive à la baisse des cours du brut sur les marchés. Le baril de Brent tourne ainsi autour de 83 dollars tandis qu’il s’échangeait à plus de 100 dollars l’été dernier.
LE GOUVERNEMENT HOLLANDE N'Y EST POUR RIEN ! 

C'EST LA PARITÉ EURO DOLLARQUI FAIT CETTE DIFFÉRENCE...PAS D'ENFUMAGE SVP !!!

Hollande veut tous vous taxer, pas seulement les "riches"

Hollande n'a pas pour objectif de taxer davantage les riches. Tout n'est que campagne marketing en vue de renforcer les impôts des classes moyennes et inférieures.
 Lysander Spooner déclarait que l’État est pire qu'un bandit de grand chemin, car ce dernier au moins n’essaye pas de prêcher ou encore de vous convaincre qu’il vous vole "pour votre bien" : le voleur arrache votre portefeuille, après quoi il passe son chemin, alors que l’État s’installe à vos côtés pour faire de vous non seulement un esclave économique, mais surtout un esclave moral.

L’État français n'est pas seulement une institution qui reçoit chaque année plus de la moitié de tous les revenus de ses citoyens ; il tente aussi de les persuader qu’ils payent toujours trop peu et qu’il est de leur propre intérêt de soumettre leurs avoirs personnels au Trésor de la République. Il n'y a pas non plus beaucoup d’alternative : une bande organisée qui ose piller des quantités astronomiques sur le dos d’un groupe de personnes peut nécessairement faire l'objet d'une rébellion potentielle qu’elle essayera d’apaiser et de contrôler par l’endoctrinement continu et le bombardement propagandiste.
C’est à cette fin que se met en place la célèbre offensive fiscale d’Hollande pour que les revenus de plus d'un million d'euros puissent être soumis à un taux marginal d’imposition de 75%. L’objectif, contrairement à ce que certains veulent faire croire, n'est pas d'augmenter les revenus de l’État français, puisque le résultat de la collecte de cet impôt est somme toute assez modeste, mais de tempérer les esprits des classes moyennes qui sont, elles, soumises à un régime fiscal aussi envahissant qu'étouffant. En d'autres termes, l'objectif de l’offensive fiscale d’Hollande est de rendre plus digeste à la majorité des Français aux revenus modestes la rapine fiscale auquel il les soumet – ceux qui représentent le véritable puits qui alimente le ministère des finances. Et cela en leur jetant en offrande sacrificielle la dépouille de quelques riches. Fondamentalement, il ne s'agit pas d'une taxe sur les riches, mais d’une campagne de marketing visant à renforcer les prélèvements fiscaux des classes moyennes et inférieures.
C’est pourquoi la réaction de Gérard Depardieu est plutôt bienvenue. Non pas parce qu’Obélix, l’irréductible Gaulois, se bat contre César François pour le bien du village, mais parce qu’en essayant de protéger ses biensdans son propre intérêt, il rappelle non seulement que tous les Français sont soumis à un authentique racket fiscal (tout ceux qui ne peuvent pas se défendre par eux-mêmes – autrement dit la plupart des classes moyennes – qui n'ont ni les ressources, ni les conseillers pour se protéger des canines du gouvernement), et souligne surtout la question réelle de fond : la fiscalité confiscatoire d’un État omnipotent.
Ainsi, Hollande n’a pas d'autres choix que d'entrer dans l'arène pour tenter de rediriger la colère sociale contre lesexilés fiscaux comme Depardieu au lieu du vrai coupable : le vorace ministère des finances. Hollande insiste pour que les contribuables se rappellent au devoir de servir la France, c'est-à-dire l’État français, autrement dit Hollande lui-même. C’est le complexe revisité du Roi-Soleil. En fait, le plus grand service que les contribuables français peuvent faire à leur pays et à leurs compatriotes consiste à ne pas baisser la tête et à ne pas s'agenouiller devant les requêtes du percepteur. Ainsi, parmi les réponses possibles, ils peuvent voter très démocratiquement avec leurs pieds et en masse, en traversant la frontière, accélérant ainsi la décomposition de ce régime fiscal réactionnaire, paupérisant et oppressif. Ce que Hollande revendique n'est pas un service public, mais une servitude à l'État. Mais c’est seulement en réduisant la seconde option à la première, qu’il sera possible de canaliser la haine sociale contre l'exil fiscal traître en minimisant les cas similaires futurs, de désamorcer ceux qui croient qu'ils paient beaucoup d'impôts parce que les riches y contribuent peu et, finalement, de parvenir à contrôler un peu le pillage institutionnalisé flagrant dont bénéficie les politiciens, bureaucrates, lobbyistes et autres rentiers de toutes sortes. Il n’y a rien d’autre de plus à faire pour que se dégonfle toute cette rhétorique pompeuse de nos dirigeants d’États.

Nous sommes tous des Depardieu !


"Je suis un être libre", écrit Depardieu dans sa lettre : c'est ce qu'ils vous reprochent. Résistons à nos Robespierre aux petits pieds. Nous sommes tous des Depardieu.
Gérard Depardieu porte bien son nom. "Depardieu" désignait, au Moyen-Âge, le lieu où l'on payait la dîme, impôt inique aboli en 1789. Aujourd'hui, le même patronyme en est venu à symboliser la lutte d'un individu libre contre la folie coercitive de l'Etat. Gérard Depardieu n'a eu droit qu'à peu de considération pour avoir payé 145 millions d'euros d'impôt, de quoi financer la part de l'Etat dans l'aéroport Notre-Dame-des-Landes ainsi que tous les salaires de Jean-Marc Ayrault au cours de sa longue carrière de fonctionnaire.
Gérard Depardieu n'a été guère félicité pour avoir créé 80 emplois et pour ses qualités de chef d'entreprise reconnues par ses salariés, alors qu'Arnaud Montebourg en détruit tous les jours en faisant fuir les investisseurs hors du pays. Enfin, le départ de Gérard Depardieu n'a pas été salué avec le panache qu'on doit lui reconnaître puisqu'il a le mérite précieux d'incarner une résistance à l'oppresseur : la toute puissante administration socialiste qui asphyxie l'énergie de notre pays jusqu'à l'agonie et voudrait culpabiliser ses sujets de ne pas se laisser faire avec reconnaissance.
Il était temps de réparer cet oubli et d'adresser nos sincères félicitations à Gérard Depardieu d'avoir été un Français d'exception. Tel Cyrano : « un homme affable, bon, courtois, spirituel, libéral, courageux ».
Hélas, à l'heure où toutes les nations du monde se battent pour attirer les talents, notre Gouvernement chasse les siens sous les insultes.
A l'heure où tous les pays d'Europe réduisent leurs dépenses publiques, notre Gouvernement en appelle, ad nauseam, à toujours plus de « solidarité » pour financer les gabegies publiques.
A l'heure où tous les contribuables commencent à se rebiffer, notre Gouvernement ignore les leçons de base de la courbe de Laffer. Il y a deux siècles, le très français Jean-Baptiste Say disait déjà qu'un « impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte ». Aujourd'hui, la maxime est toujours d'actualité : trop d'impôt tue l'impôt.
Le versant que ses détracteurs n'osent pas attaquer, c'est la charge de Gérard Depardieu contre l'hygiénisme de la pensée dominante en France. A travers l'évocation pudique de son fils disparu à l'âge de 37 ans, il expose la violence avec laquelle le modèle français broie ceux qui ne marchent pas dans les clous de la bien-pensance. « Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés » écrit Gérard Depardieu pour justifier son départ.
Il faut admettre que la critique fiscale est plus aisée que de rentrer dans cette dimension contestataire d'un ordre moral inique et hypocrite. Gérard Depardieu s'en est émancipé très tôt, assumant avec drôlerie ses dérapages et ses excès.
Ce que révèle en réalité l'hystérie du pouvoir contre Depardieu, c'est que ce gouvernement et ses affidés ont une fâcheuse tendance à se croire propriétaire de la France et des Français. Propriétaire de la nationalité, qu'il pourrait révoquer (proposition du député Yann Galut, une première depuis Pétain). Propriétaire des biens, qu'il pourrait confisquer (récente innovation juridique de son collègue Jérôme Lambert, inspirée sans doute de Fouquier-Tinville). Propriétaire des talents, qui n'auraient jamais pu émerger sans lui (car, comme l'écrit Philippe Torreton, c'est bien sûr grâce aux subventions de l'Etat que Depardieu a pu enchanter des générations de spectateurs). Propriétaire de la Nation, qu'il associe absurdement à la fiscalité en dénonçant, comme l'a fait en creux François Hollande, les « antipatriotes » ou, notre ministre de la culture, un « déserteur »..
Hé bien, ne vous en déplaise, nous ne vous appartenons pas. Et nous gardons par devers nous les droits que nous accordent la déclaration de droits de l'homme et du citoyen, que vous semblez avoir tendance à oublier : la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.
"Je suis un être libre", écrit Depardieu dans sa lettre : c'est ce qu'ils vous reprochent. Résistons à nos Robespierre aux petits pieds.
Nous sommes tous des Depardieu.

Cet article s’autodétruira


Ce 7 décembre paraît le dernier numéro du Financial Times Deutschland. De son côté, la Frankfurter Rundschau est insolvable. Pour le blogueur Sascha Lobo, c’est la conséquence d’une tendance de fond : l’information devient un flux et a démodé les articles figés dans le temps.
"Don’t shoot the messenger", dit un dicton anglais. "Ne punissez pas le porteur de mauvaises nouvelles". Facile à dire, plus difficile à faire. La disparition de la presse papier semble engagée en Allemagne et, visiblement, elle touche aussi bien la gauche (la Frankfurter Rundschau) que le centre (le Financial Times Deutschland), la presse des élites (la revue Impulse [destinée aux entrepreneurs]) et la presse populaire (le magazine d’art de vivre Prinz, [qui ne sera plus disponible qu’en ligne à compter de janvier 2013]).
Un débat houleux sur les origines de ce phénomène et sur les enseignements à en tirer a été engagé. Il y est souvent question de modèles économiques, de papier et naturellement d’Internet, moins souvent de la façon dont l’information elle-même a changé, qu’elle soit Web ou papier.

L'information statique au coeur de la crise

En toile de fond, une tendance qui n’est pas uniquement imputable à Internet. L’histoire des technologies est une histoire de la fluidification de l’information : l’humanité aspire manifestement à faire de la planète un flux – et donc à voir dans l’aphorisme grec "panta rhei" (tout s’écoule/ tout est mouvement), non pas un constat, mais une exhortation.
L’ironie veut que les journaux papier, qui ont vu le jour à l’orée du XVIIème siècle, aient joué un rôle décisif dans cette fluidification – en faisant circuler l’information bien plus rapidement que les livres utilisés jusqu’alors. Vinrent ensuite la numérisation et l’interconnexion.
Dans la presse papier comme sur Internet, l’information écrite paraît sous la forme d’articles, ce qui correspond à une habitude de consommation. Mais peut-être est-ce en train de changer, car le public attend, là aussi, une fluidification. L’information doit donner l’impression d’être informé en direct. Sans doute n’est-ce pas le papier imprimé, mais l’information statique, l’article figé dans le temps, qui est au cœur de cette crise.
Les médias papier qui semblent souffrir le moins sont ceux qui esquivent cette pression de la fluidification en s’éloignant de l’information pure. La revue papier [d’art de vivre] Landlust, qui passe pour un succès, couvre des thématiques qui la maintiennent à bonne distance de l’actualité traditionnelle. The Economist, dont les versions Web et papier font figures de modèles, expédie l’actualité mondiale en quelques lignes dans son édition papier. Le reste du journal se compose d’analyses, de reportages de fond et d’articles d’opinion. C’est-à-dire de contenus qui aident à comprendre le flux d’information au lieu de le figer à un instant "T" sous la forme d’un compte-rendu.
Quel que soit le médium utilisé, l’article d’information ne peut plus se contenter de décrire le monde. Sur le Web aussi, on perçoit une fluidification croissante de l’information, annonçant ainsi la fin de l’article d’actualité irrévocable auquel nous étions habitués. L’actualité ne supporte pas l’immobilisme.

Sentiment fugace d'être informé

Dans ce contexte, dans les éditions papier comme sur le Web, publier un article d’actualité figé dans le temps revient à peu près à projeter la captation d’une pièce de théâtre au cinéma : une transposition littérale qui n’exploite pas suffisamment les possibilités – impitoyables – offertes par le médium. Les jours où l’actualité s’affole, on a recours au "fil d’actualité". Preuve que, même mis à jour, l’article traditionnel n’est pas la forme la plus adaptée pour rendre compte d’un flot d’informations – et ce précisément à un moment où l’information est brûlante.
Et à un moment où la durée de vie du sentiment d’être informé n’excède pas quelques minutes, voire quelques secondes. La conception même des fils d’actualité – où l’information est présentée par ordre antichronologique – montre qu’ils obéissent à d’autres lois et satisfont d’autres besoins.
La fin des instantanés d’actualité est imminente, et c’est le mal dont souffrent les médias qui en étaient devenus les spécialistes, sur le Web comme sur le papier. Une fois que Barack Obama a tweeté lui-même sa victoire aux élections, le compte-rendu purement factuel de sa victoire semble un peu chiche.
Si l’interprétation de la crise dite de la presse comme une crise de l’information – comme la fin des comptes-rendus figés, purement factuels, sous la forme d’articles – ne débouche pas sur des analyses totalement inédites de cette problématique, elle implique toutefois des conséquences bien plus étendues.

Un format traditionnel caduc

Pour les journaux papier, cela implique de se tenir à l’écart des domaines dans lesquels la nécessité d’une actualisation constante est plus impérieuse qu’ailleurs : délaisser les instantanés d’actualité et favoriser la compréhension du lecteur à la place. Difficile de dire si cela peut fonctionner au quotidien. Ce n’est pas tant le papier qui est ici en cause que le fonctionnement de quotidiens qui se sont largement spécialisés dans la transcription d’instantanés.
Mais il est une question plus passionnante encore : quelle est l’incidence sur l’information numérique de la nécessité impérieuse de fluidifier l’information ? Peut-être allons-nous vers une fracture. L’information prendra la forme d’un flux qui rendra caduc le format traditionnel de l’article. Ce flux actualisé sera complété par des explications, des mises en contexte, des analyses, des histoires, sous la forme d’articles enrichis en continu, auquel le flux pourra toujours renvoyer. L’information de demain sera composée de reportages en direct et d’archives actualisées en permanence sur les tenants et les aboutissants de l’actualité concernée. Entre les deux, la place sera comptée – une situation dont le papier n’est pas le premier responsable.
Inutile de tirer sur le journaliste : ce pourrait bien être son dernier poste, de toute façon.

El País, victime de sa folie des grandeurs


C’était la success story de la transition démocratique et la référence du journalisme espagnol. Le quotidien de centre-gauche subit aujourd’hui des pertes colossales et sa ligne éditoriale s’en trouve affectée. Une crise que ses dirigeants ont accentué sans en assumer les conséquences. Extraits.
Lorsque Juan Luis Cebrián, le tout-puissant patron d'El País, a annoncé à ses salariés, en octobre, les grandes lignes du plan social qui les attendait, il s'est justifié avec un argument massue : le journal, premier quotidien d'Espagne, ne peut plus ”continuer à vivre aussi bien”. Trop de journalistes, trop bien payés. Le raisonnement rappelle celui de Mariano Rajoy, le chef du gouvernement (droite), qui, à chaque nouveau plan d'austérité, explique aux Espagnols, l'air contrit, que le pays ne peut plus continuer à “vivre au-dessus de ses moyens”.
El País, concentré à lui tout seul du marasme espagnol ? La crise que traverse le fleuron de la presse hispanophone, propriété du groupe de médias Prisa, présente bien des traits communs avec l'effondrement du pays. Un endettement record, à cause d'investissements pharaoniques, des acteurs du monde financier aux manettes, peu soucieux des intérêts propres à la presse, des patrons rémunérés à coups de millions d'euros, des licenciements express qui risquent de s'avérer contre-productifs… “C'est une métaphore de ce que vit l'Espagne aujourd'hui”, commente Miguel Mora, correspondant du journal à Paris.

Violentes secousses

Quelque 129 journalistes, sur un total de 466 salariés, viennent d'être remerciés. Près d'un tiers des effectifs. Parmi eux figurent de grands noms du journal. Quatre éditions locales du journal (dont celles de Valence et d'Andalousie) devraient être fermées, tandis que les journalistes qui ont échappé au plan de départ vont, eux, voir leur salaire baisser de 15 %.
L'annonce de l'Ere (acronyme espagnol pour évoquer un plan social) a provoqué de violentes secousses en interne. Pendant trois jours de novembre, la quasi-totalité des salariés a fait grève, et le journal, qui reste le seul quotidien de centre gauche à tirage national en Espagne, s'est contenté de republier des dépêches d'agence. Le bras de fer entre d'un côté Cebrián et de l'autre le comité de journalistes qui s'est formé n'est pas terminé.
En Espagne, la crise n'épargne pas l'information. Près de 8 000 journalistes ont été licenciés depuis novembre 2008, selon les chiffres d'un syndicat professionnel (FAPE). Sur la même période, 67 médias, revues comprises, ont fermé. Le paysage de la presse quotidienne est sinistré : Publico, titre papier lancé en 2008, alternative de gauche à El País, a jeté l'éponge début 2012, tandis que trois des quatre gratuits à tirage national ont aussi abandonné. De son côté, El País fait état d'un effondrement, à hauteur de 60 %, de ses revenus tirés de la publicité depuis 2007.

Mauvaise gestion

Pourtant, quelque chose cloche dans cette analyse. A y regarder de près, El País constituait plutôt une exception dans le secteur de la presse. Depuis sa création en 1976, le titre a toujours été bénéficiaire. Il a dégagé 12 millions d'euros de bénéfices en 2011 – plus de 800 millions en dix ans, jusqu'à l'an dernier. Même au premier semestre de l'année 2012, pourtant l'une des périodes les plus rudes de l'histoire récente de l'Espagne, le journal est resté dans le vert – un petit miracle, au regard de la santé de ses concurrents.
La direction laisse entendre qu'El País aurait enregistré ses premières pertes en ce mois d'août 2012. Mais cette alerte justifie-t-elle, à elle seule, de se défaire d'un tiers des effectifs du journal ?
”La chute d'El País n'est pas une catastrophe naturelle, mais l'exemple parfait d'une mauvaise gestion, qui peut ruiner jusqu'à l'institution journalistique la plus solide qui ait jamais existé en Espagne. Internet et le soi-disant changement de paradigme ne sont que des acteurs très secondaires de ce drame”, écrit Pere Rusiñol, ancien enquêteur vedette d'El País, parti en 2008.

Folie des grandeurs

Les ennuis, pour Prisa, commencent en 2007. Alors que la crise s'apprête à éclater, le groupe est pris par la folie des grandeurs. Il lance une OPA sur un réseau de télévision payante, Sogecable (qu'il détenait déjà en partie). La dette de l'entreprise s'envole, au plus mauvais moment, juste avant l'effondrement de la bulle espagnole. À partir de 2008, alors que l'Espagne patauge, Prisa n'aura plus qu'une idée en tête, fil rouge d'une stratégie pour le moins rudimentaire : se défaire de cette dette colossale de 4,6 milliards d'euros.
L'un des actes clés de la crise actuelle se déroule en novembre 2010. Nom de code : “opération Liberty”. Cet automne-là, Prisa décide d'ouvrir son capital à des nouveaux actionnaires, pour éponger une partie des dettes. S'engouffre alors par la porte principale le fonds américain Liberty Acquisition Holdings, détenu par une poignée d'investisseurs, dont un duo bien connu des financiers de Wall Street : Martin Franklin et, surtout, Nicolas Berggruen. Ils apportent 650 millions d'euros d'argent frais.
La famille historique d'El País, les Polanco, détenait jusqu'alors 70 % du capital de Prisa. Elle en perd la moitié, au terme d'une offre très avantageuse pour Liberty, qui valorise Prisa à ses plus bas niveaux historiques. ”Ce jour-là, Prisa a changé pour toujours : elle était jusqu'alors l'entreprise de la famille Polanco, elle a commencé à se faire dévorer par les requins”, écrit le journaliste Pere Rusiñol, qui vient de publier une redoutable enquête sur le groupe Prisa dans la revue [satirique] Mongolia.
Deux ans après l'opération Liberty, que s'est-il passé ? Le bilan de Prisa s'est détérioré, en partie à cause de la crise. L'action du groupe a dévissé de 89 %. Le poids de la famille Polanco s'est encore dilué. Quant à la dette, elle reste gigantesque – autour de 3,5 milliards d'euros. En janvier 2011, Prisa a annoncé la suppression de 18 % de ses effectifs dans ses activités en Espagne, au Portugal et en Amérique latine.
Mais Nicolas Berggruen et Martin Franklin ont eux réalisé une très belle opération. Dans leur contrat, ils s'étaient assuré un retour de 7,5 % sur leur participation dans le groupe, au cours des trois premières années suivant leur entrée au capital, quels que soient les résultats de Prisa...

Rémunérations mirobolantes

L'autre grand gagnant de cette recapitalisation n'est autre que Juan Luis Cebrián, l'emblématique “conseiller délégué” du groupe Prisa. L'académicien, 68 ans, s'est assuré des rémunérations mirobolantes au plus dur de la crise. En 2011, Prisa accusait une perte de 450 millions d'euros, et son PDG engrangeait au même moment un chèque compris entre 11 et 13 millions d'euros.
L'extravagante rémunération de Cebrián est devenue le symbole d'un “deux poids deux mesures” au sein du quotidien le plus respecté d'Espagne. Les syndicats de journalistes se sont rendu compte assez vite de l'absurdité de la situation : la somme qu'a empochée leur patron en 2011 correspond à peu près aux économies de masse salariale que prévoit de faire El País sur un exercice plein, en licenciant 129 journalistes… Comparaison désastreuse.
Mais la saga El País ne s'arrête pas là. A l'été dernier, toujours pour réduire son endettement carabiné, la direction de Prisa enclenche une nouvelle manœuvre. Elle propose à certains de ses créditeurs, non pas du cash, parce qu'elle n'en a plus, mais la conversion de titres de dette en part du capital. Très concrètement : les poids lourds de la banque espagnole, Santander et Caixabank (mais aussi HSBC), grimpent au capital de Prisa.
D'un coup, le conseil d'administration du grand journal progressiste espagnol s'est transformé en une assemblée d'ex ou d'actuels conseillers de banques réputées.
Certains journalistes dénoncent l'apparition, de plus en plus fréquente à leurs yeux, d'articles relayant les points de vue des deux banquiers emblématiques de l'Espagne, Emilio Botin (l'une des bêtes noires du mouvement indigné, à la tête de Santander) et Isidro Fainé (un ultra-conservateur aux manettes de la Caixabank), depuis qu'ils sont devenus tous deux actionnaires de Prisa. Le premier a par exemple eu le droit à une pleine page, le 14 novembre dernier, pour rendre compte d'un énième discours sur la gestion de crise de la zone euro...

Eaux troubles

Une histoire espagnole, rien que cela ? Pas tout à fait. Dans les eaux troubles de Prisa naviguent plusieurs Français, apparemment très à l'aise. C'est le cas d'Emmanuel Roman, homme fort du hedge fund britannique Man Group. Ou encore d'Alain Minc, conseiller multicartes et proche de Nicolas Sarkozy.
Comme d'autres conseillers de Prisa, Alain Minc a reçu, le 22 octobre dernier, quelques jours après l'annonce du plan de licenciements à El País, un joli bonus : un paquet d'actions Prisa (19 392 titres) pour services rendus. Dommage pour lui, le cours de l'action reste très bas – aux alentours de 0,4 euro ces temps-ci –, ce qui valorise cet « extra » à environ 7 700 euros, à peine. Une bagatelle.