Tombés de nulle part, ces vœux présidentiels peuvent-ils finir ailleurs que nulle part ? Faute de clarification, la question restait en suspens au lendemain de l’intervention du chef de l’Etat. On avait compris que « Moi Président » s’était fracassé sur le mur des réalités. On observait que le Hollande.2013 menaçait de couler, lesté par un échec – encore inavoué – sur le front du chômage et une crise désormais reconnue « plus profonde » qu’escomptée. A-t-on assisté au soir du 31 décembre à un « tournant intime », le Hollande.2014 assumant un social-libéralisme à mille lieues de l’« esprit du Bourget » ?
Dans les mots, le Président a troqué l’art du zigzag pour la pratique du tête-à-queue. Hier, il s’agissait d’alourdir la charge fiscale sur les seuls riches, au prétexte d’un système « injuste, trop injuste ». Aujourd’hui, il est question de baisser des impôts « lourds, trop lourds ». Hier, créations d’emplois rimaient avec contrats aidés. Aujourd’hui, elles sont, semble-t-il, associées au secteur privé. Hier, les chefs d’entreprise étaient sommés de se contenter du CICE. Aujourd’hui, ils sont invités à négocier de nouvelles réductions de charges, en échange d’embauches. Hier, l’opposition était accusée de vouloir casser le modèle social français. Aujourd’hui, est érigée en priorité élyséenne la chasse à la dépense publique, jusque dans les « excès et les abus » de la Sécu…
Avant lui, d’autres présidents se sont laissés griser par la magie du verbe – sans suite. D’autres ont rêvé d’une politique qu’ils n’avaient pas les moyens de mener. D’autres encore ont eu le courage de réformer contre le dogmatisme de leur propre camp. Qui est-il, le Hollande.2014 ?