TOUT EST DIT

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mercredi 30 juin 2010

Retraites, l'économie cachée

Et si une partie de la résolution du problème du financement de retraites résidait à l'autre bout de la corde ? C'est-à-dire en fin de parcours, à la faveur, si l'on ose dire, d'une réduction de l'espérance de vie. Et donc de la durée de versement des pensions. Ainsi l'allongement de la vie active et la réduction de la période pensionnée se conjugueraient pour contribuer à la restauration de l'équilibre des caisses de retraite. L'argument est politiquement incorrect, voire cynique. C'est pourquoi personne n'en parle mais rien n'interdit d'y réfléchir quelques instants. Une partie du débat sur la réforme des retraites est inspirée dans tous les pays développés, et singulièrement en France, par l'allongement de l'espérance de vie constaté de manière indiscutable depuis deux générations. Les Français gagnent, grosso modo, un trimestre d'espérance de vie chaque année. Il s'agit bien entendu d'une moyenne qui n'a aucune signification pour chaque individu pris singulièrement. La durée de vie est d'ailleurs un des grands sujets d'inégalité entre les individus et entre catégories sociales : les femmes survivent aux hommes et les cadres survivent aux ouvriers. On évoque là une espérance de vie arithmétique qui ne dit rien sur les conditions d'existence en fin de parcours, avec la perte d'autonomie du grand âge, l'isolement et la dépendance. Quelles seront les perspectives, en termes de conditions d'existence, des personnes contraintes de travailler jusqu'à 65 ou 67 ans ? Les causes de l'accroissement de l'espérance de vie sont assez documentées : amélioration du produit économique, meilleure hygiène, prise en charge sanitaire généralisée, progrès de la médecine et de la pharmacie. Les gains constatés rencontreront à coup sûr une limite. Est-elle prévisible et économiquement évaluable ? Peut-on prédire un renversement de tendance ? Difficile de se risquer sur ce terrain. Une étude anglo-saxonne récemment publiée démontre qu'il y a un lien direct, dans les pays développés, entre dépenses sociales et niveau de santé de la population. Or ces dépenses ne pourront guère s'accroître dans nos pays déjà saturés de charges. On entend aussi quelques grands seniors, détenteurs d'un important pouvoir économique ou social, prétendre à l'exemplarité. Certes, le pouvoir conserve, mais peu en disposent. Autrement dit, plutôt que de se disputer sur un âge couperet, il faudra bien négocier sur des formules de transition permettant aux uns et aux autres de trouver leur compte. La loi le permet d'ailleurs déjà et les employeurs les plus stratèges l'ont compris.


Antoine Latham

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