TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 3 décembre 2012

Le "sexe", produit culturel ou donnée naturelle ?

Qu'est-ce que cette "théorie du genre" qui vient de faire irruption dans le débat public à l'occasion des remarques présentées par le Grand Rabbin de France pour dénoncer le "mariage homosexuel" ?

Quelle est la généalogie de cette Théorie du genre qui, via la loi française contre les violences psychologiques contre les femmes, la Convention du Conseil de l’Europe contre les violences économiques et psychologiques faites aux femmes, le mariage gay, l’adoption et l’insémination au bénéfice de couples homosexuels, et jusqu’à nos manuels scolaires, semble sourdre par tous les pores du corps politique européen ?
Si les gender studies lui sont antérieures, la théorie du genre ne se donne un soubassement idéologique cohérent qu’avec Trouble dans le genre, l’ouvrage séminal que publiait, en 1990, l’universitaire américaine Judith Butler (éditions La Découverte, 2005).
Dans ce livre, frappant par l’audace et l’originalité de sa construction, Butler se propose de retracer la généalogie — au sens nietzschéen — des catégories de sexe et de genre. Selon la représentation classique, le sexe est une constante biologique universelle qui structure les genres masculin et féminin, genres dont le contenu varie d’une société et d’une époque à l’autre. Par exemple, ce qui est "féminin" dans l’Occident du XXIe siècle n’a que peu de rapport avec le "féminin" médiéval ou celui des islamistes contemporains. Demeure le même substrat biologique : le sexe.
Pour Judith Butler, tout cela n’est qu’illusion. Le sexe n’est pas une donnée de nature, mais le produit culturel du genre. C’est la culture qui engendre notre concept de sexe. Or, cette culture est dominée par des représentations arbitraires sur le sexe, que sont l’hétérosexualité et le phallogocentrisme (c’est-à-dire la domination masculine), deux choix parmi une infinité d’autres choix possibles.
C’est par le tabou de l’inceste — qui, selon Butler, présuppose le tabou de l’homosexualité — que le pouvoir hétérosexuel et phallogocentique assure sa propre perpétuation :
C’est parce que toutes les cultures cherchent à se reproduire, et que l’identité sociale propre à chaque groupe de parenté doit être préservée, que l’exogamie est instituée, et tel est aussi le cas de l’hétérosexualité exogamique qui en est le présupposé. Par conséquent, le tabou de l’inceste ne fait pas qu’interdire l’union sexuelle entre les membres de la même lignée ; il inclut aussi un tabou de l’homosexualité.
Telle est la généalogie du genre.
Bien sûr, la théorie de Butler se heurte à un mur d’objections, parmi lesquelles la nature du lien entre hétérosexualité et phallogocentrisme, que Butler présente comme allant de soi, alors que l’histoire nous offre maints exemples de communautés qui furent tout à la fois hétérosexuelles et pas du tout phallogocentriques (Mosuo de Chine, Berbères, Touaregs, Minangkabau, premiers Crètois, Hopi, etc.). Aussi, Butler estime que tout est acquis — rien n’est inné ­ — et tout est langage : nous ne pouvons nous libérer de son emprise, or ce langage est profondément empreint de la marque du pouvoir dominant. Raison pour laquelle elle en appelle, contre le pouvoir dominant et pour se soustraire à l’empire de ses catégories langagières, à la mise en œuvre de stratégies fondées sur des pratiques, des pratiques concrètes, notamment sexuelles, pour "défaire le genre". Mais quel est la statut de ces pratiques, dès lors qu’à en croire l’auteur, le langage est notre seul accès à la réalité ? De même, quel crédit accorder à la revendication butlérienne de libre-arbitre, si nous sommes tout entier déterminés par la culture qui nous imbibe de ses catégories ?
Surtout, et bien qu’elle y mette tout son talent, Butler ne parvient qu’incomplètement à s’abstraire du substrat biologique. Son livre prend parfois des tours comiques, par exemple lorsqu’elle se dit stupéfaite que la recherche scientifique fasse encore droit à des critères aussi ridicules que la présence d’un pénis, quand il s’agit de déterminer le sexe d’un individu. À plusieurs reprises, Butler concède en passant que le champ des possibles culturels, dans le domaine du sexe et autres, est circonscrit par la biologie. Ainsi lorsqu’elle mentionne, sans la récuser, la notion d’individu anatomiquement mâle ou femelle. Cette concession en passant n’est pas un détail, elle contredit la théorie du genre. Car de deux choses, l’une : soit le sexe est tout entier engendré par la culture (modèle du genre), soit il est prédéterminé par la biologie (modèle classique).
On invente tous les jours des théories sans envergure ni intérêt. La théorie de Judith Butler ne se range certainement pas dans le même rayon. La question qui se pose plutôt, dans son cas, est de comprendre pourquoi Butler, qui tenait si manifestement une ligne de recherche valable et féconde, a cru devoir en absolutiser l’argument, au point de gagner un créneau qui, intellectuellement, n’est pas tenable.
La réponse, Butler nous la donne elle-même, avec un mélange de naïveté et de franchise (le terme anglais candor ne désigne-t-il pas ces deux qualités, souvent voisines ?), en expliquant que son livre est né de ses recherches universitaires, mais qu’il est surtout le fruit de sa propre vie, celle d’une jeune lesbienne qui fit son coming out à 16 ans, souffrit constamment de sa différence, fut le témoin de l’affliction de proches homosexuels, et vécut toute sa vie en marge de la normalité (au sens statistique et de Butler elle-même : aucun jugement de valeur !). La sympathie qu’inspire l’authenticité de Butler ne doit toutefois pas nous détourner de l’essentiel : la radicalité de la théorie du genre doit moins au souci de la cause des femmes, qu’à celui de la cause des femmes lesbiennes.
Le prix que Butler est prête à faire payer à la société pour ses souffrances personnelles semble sans limite, puisqu’elle en appelle à démâter les tabous de l’homosexualité et de l’inceste pour "défaire le genre". Dans le cadre de sa théorie, l’un ne se conçoit pas sans l’autre, puisque le tabou de l’homosexualité est présupposé, on l’a vu, par celui de l’inceste. On ne peut atteindre le premier, qu’en dissolvant le second. Aucun problème, selon Butler, qui célèbre, avec Michel Foucault, les plaisirs buissonniers de l’échange sexuel intergénérationnel.
Telle est la généalogie de la théorie du genre, et le terme inexorable de son programme.

Florange ou l'évidente panique gouvernementale

La semaine passée, assez agitée sur le plan économique, a été l'occasion de mesurer exactement la compétence et la détermination du gouvernement. La conclusion qu'on peut tirer est sans appel : les curseurs sont diamétralement opposés puisque tout indique que ses membres déploient une détermination sans faille à prouver leur totale incompétence.

Au premier rang de ces intrépides fanfarons qui se lancent ainsi à l'assaut de problèmes qu'ils ne maîtrisent pas, d'autant plus facilement que ce ne sont ni leurs vies, ni leur argent qui sont en jeu, on trouve évidemment le bouillant Arnaud Montebourg d'Arceylör qui a, encore une fois, montré l'étendue de sa suffisante frétillance avec sa gestion des déboires du site industriel de Florange.
Grâce à une série de piques sorties de façon répétée contre le patron indien, Lakshmi Mittal, Montebourg a ainsi durablement réussi à agacer les Indiens vis-à-vis de la France, ce qui était une manœuvre aussi habile qu'indispensable au moment où le pays s'apprête à leur vendre -- enfin ! -- ses Rafales. On appréciera l'ironie mordante de certains journaux étrangers qui notent que pendant que l'Europe en crise fait tout pour attirer les investisseurs étrangers, la France et son ministre au maroquin à rallonge fait tout pour les repousser aux frontières. Peut-être le preux chevalier de l'acier franchouille n'avait-il plus en mémoire que la France a, avec l'Inde, un partenaire et des débouchés commerciaux très importants ; si se mettre à dos un cinquième de la population mondiale n'est pas une mince affaire, c'est en tout cas un défi que le ministre du dressement reproductif semble s'être imposé.
Les consternantes vitupérations du ministre contre le patron indien n'ont d'ailleurs pas constitué le seul affichage des capacités d'Arnaud pour fusiller un dossier puisqu'il a, dans la foulée, proposé une nationalisation du site. Là encore, je le rappelle, ce n'est pas avec son argent qu'il joue et peut donc se permettre une libéralité d'autant plus grande, même si celle-ci est plus que probablement anticonstitutionnelle et/ou en contradiction avec les traités internationaux et européens signés par la France.
Et comme prévu, sa proposition ridicule n'a pas manqué de lui exploser au museau. Son discours ne pouvait être que dynamité par l'animosité évidente qu'il peut déclencher à Bercy (où Moscovici ne peut pas le voir en peinture), couplée avec l'indifférence (au mieux) ou l'agacement de plus en plus visible d'un Ayrault qui n'arrive toujours pas, après plus de six mois aux commandes, à tenir ses ministres. Au début, le premier pouvait faire croire à une discrétion feutrée et un travail de fond. À présent, il passe pour un petit instituteur de campagne dépassé par une classe de cancres qui se jettent boulettes sur boulettes, Montebourg loin d'être le dernier.
On notera la constance assez troublante avec laquelle ce dernier persiste à raconter des bêtises et faire du vent en pure perte puisqu'il aligne, depuis son accession au ministère créé pour lui, une assez belle série de ratés minables et de soufflés voyants mais rapidement dégonflés. Sans les lister tous, on se souviendra des réactions ulcérées déjà déclenchées autour de lui, ici en France et dans le reste du monde, lorsqu'il a décidé de nous gratifier de ses pensées profondes sur les voitures coréennes, la direction de PSA, les performances de Free et j'en passe. Le bon côté de l'affaire, c'est que chacune de ses interventions est l'occasion pour notre diplomatie de développer de nouvelles compétences et de s'agiter en coulisse pour calmer l'un ou l'autre dignitaire étranger qu'il aura insulté sans même s'en rendre compte...
"Sans même s'en rendre compte", parce que tout montre qu'en plus, le personnage est complètement persuadé de faire un travail utile. Il semble qu'aucun feedback ne lui soit jamais fourni, par personne, alors qu'une tripotée de paires de claques s'imposent pourtant. Dès lors, il peut déclarer sans sourciller :

«Si j'avais dû me sentir désavoué, je n'aurais pas été seul car plus de 63% des Français soutenaient cette proposition, qui est une sorte d'arme pour la puissance publique afin de se faire respecter.»
Car oui, en effet, les Français, un peu bernés par les flonflons patriotiques du ministre et n'ayant aucune idée de ce que "nationalisation" veut vraiment dire pour les finances de l’État, approuvent à 59% l'éventualité d'endetter encore un peu plus leur progéniture pour sauver ce qui ne peut manifestement pas l'être. Au passage, ce comportement, qu'on peut largement qualifier d'irresponsable, est aussi partagé par une partie des députés qui ont le bon goût, pour une fois, de bien représenter cette partie naïve du peuple, pas avare des sous des autres :
«Il y a eu des parlementaires de tous les bancs, des anciens ministres sarkozystes, de Jacques Chirac, qui ont soutenu cette proposition. Il y a eu une mobilisation patriotique en faveur du sauvetage de l'acier français.»
Mais oui, Arnaud, il y a eu mobilisation patriotique dans ta tête : le petit chimpanzé qui y faisait du vélo et des cymbales a arrêté de les frapper l'une contre l'autre pour rejoindre le piquet de grève du panda en collants mauves, c'est assez clair.
Montebourg, maître du monde mais pas de sa tête ni de sa langue
La réalité, malheureusement, est moins tranchée : d'une part, la majorité des Français sont mécontents de la politique actuelle du gouvernement. Le fait qu'elle soit illisible joue beaucoup dans ce score, et l'agitation cosmétique des uns et des autres, suivis d'une absence pathétique de résultats, ajoute à l'agacement du peuple, à l'évidence. D'autre part, tout le monde sent confusément l'incompétence des zigotos qui s'agitent dans le poste de télévision.
Comment ne pas comprendre que les dirigeants actuels sont dépassés lorsqu'il y a besoin, pour occuper le terrain médiatique pourtant fort encombré des déhanchements épileptiques de Montebourg, de faire monter au créneau une ministre de l’Écologie incolore, inodore et sans saveur, l'excipient q.s.p. parité du gouvernement ? Pourquoi Delphine Batho s'est-elle exprimée sur un dossier comme celui de Mittal, et surtout pour ajouter un tâcle supplémentaire dans les gencives du patron indien ? Quel était le but recherché ? Comment interpréter autrement qu'en MégaBordel©™® le communiqué de presse de Matignon et l'allocution du Premier qui oublie carrément son ministre ? Qui peut encore porter cette cacophonie au crédit de cette brochette de clowns ?
Peut-être s'agissait-il pour ce gouvernement de camoufler le fait que les petites affaires africaines de l'ancien colonisateur continuent de plus belle, la Françafrique s'étant muée en Pompafrique depuis un petit moment, quand bien même l’État français est maintenant aussi lessivé que ses partenaires de magouilles. On apprend en effet que, pendant que Montebourg enfilait les perles sur Mittal, Moscovici signait assez discrètement à Abidjan avec le gouvernement ivoirien un contrat de "désendettement-développement" de 630 millions d'euros sur la période 2013-2015, pour un total, sur une durée de 15 à 20 ans, de 2,85 milliards d'euros, une somme qui provient, par on ne sait trop quelle tubulure ou quelle imprimante survitaminée, de la récente annulation quasi-totale de la dette ivoirienne à l'égard de Paris.
montebourg et moscovici : je dirais même plus
Là encore, comment ne pas voir que Moscovici va déclencher autant de dégâts que Montebourg (avec certes moins de panache) ? Cela fait maintenant plusieurs décennies qu'on peut mesurer les effets réels de l' "aide" de la France en Afrique ; d'ailleurs, c'est assez bien résumé dans l'excellent ouvrage de Dambisa Moyo, l'Aide Fatale. Bien sûr, on comprend que, derrière ces programmes et le petit crobard officiel de Moscovici au nom d'un état exsangue, se cachent des intérêts économiques et financiers colossaux, dont la partie émergée est cette petite saillie du ministre de l'Economie, concernant la (méchante) concurrence chinoise en Afrique ... Eh oui : malgré les rivières de pognon du contribuable français, les Africains préfèrent le commerce avec les Chinois.
Ici, Moscovici reproduit le même schéma mental que Montebourg, et leurs prédécesseurs, avec les mêmes résultats à la clef, dans quelques années : d'un côté, on subventionne à mort, et de l'autre, on pleurniche bruyamment lorsque les entreprises s'en vont une fois les subventions asséchées, en faisant fi de tout nettoyage des environnements fiscaux et juridiques, pourris par des décennies d'instabilité, d'arbitraire et d'incompétence des décideurs. Pourtant, ils sont la base de la création et du développement sains de l'industrie et du commerce. Mais nos clowns n'en ont cure : ils s'inscrivent dans l'immédiat, réagissent par la panique ou l'obstination idiote là où une prise de recul s'imposerait.
Montebourg, comme Moscovici, comme tous les autres, mènent le pays à sa ruine.

Des mamans se transforment en Pin-up pour un calendrier

Dans la mouvance des calendriers insolites qui fleurissent depuis plusieurs années, une vingtaine de papas, oncles et autres proches avaient les premiers osé prendre la pose, nus, en 2012 avec un calendrier «Dieux de la rade» en référence au célèbre calendrier des «Dieux du stade».
«Comme toutes les associations de parents d’élèves on cherche des idées pour récolter des fonds», a expliqué Catherine Prévost, vice-présidente de l’association des parents d’élèves «Transparents».
Réalisé par le photographe parisien Martin Raphaël Martiq, qui évolue habituellement dans les milieux homosexuels parisiens et a mis son talent bénévolement au service de l’association, le calendrier 2012 a rapporté «au-delà des nos espérances, on a pu organiser pour les élèves des activités en plus qui n’étaient pas prévues au programme», explique Mme Prévost.
«Face au succès il fallait que l’on réédite l’aventure», assure-t-elle. Et cette année ce sont donc les mamans, des «mères de famille et femmes assumées», qui ont relevé le défi, avec un calendrier«Pin-up» très soft dans le style américain des années 1950.
Dans un style glamour, les photos restent légères et humoristiques, une expérience pour laquelle «nous avons pris beaucoup de plaisir», assure la vice-président, miss décembre du calendrier 2013.
Les calendriers seront mis en vente (10 euros) samedi prochain à l’occasion du marché de Noël de Port-Louis (plus de 2.800 habitants), près de Lorient, et sur internet (www.facebook.com/transparents.portlouis).

La démocratie sociale en jeu

La démocratie sociale en jeu


Réformer le marché du travail. Tel est l'enjeu crucial des négociations entamées début octobre entre patronat et syndicats à la demande expresse de l'Élysée. Y a-t-il urgence à agir sur les fondements structurels du modèle français sans se contenter de réformettes ? Oui. Contrairement à la plupart des autres pays européens, la France, grosso modo, n'a pas vraiment changé de ligne depuis vingt ans. Résultat ? Elle n'a offert, au final, ni plus de protection aux salariés ni plus de flexibilité aux employeurs. Conséquence ? Ces rigidités n'ont contribué qu'à mettre à mal sa compétitivité.
C'est dire si les accords sur la sécurisation de l'emploi, expérimentés en France dans l'automobile et en vogue en Allemagne, sont de la plus haute importance. De quoi s'agit-il ? D'offrir davantage de souplesse aux entreprises et de protection aux salariés. S'il n'est pas censé réparer les dégâts accentués par la crise, le défi de la flexibilité vise à ajuster travail et salaires à la conjoncture. Bref, à adapter, collectivement, la France à la mondialisation.
Normal qu'il y ait des tensions autour du volontarisme du patronat sur le sujet tant le cadre des licenciements individuels et collectifs, la taxation des contrats courts restent, aussi, des sujets interdépendants et clivants. Ça ferraille donc dur autour de la table des négociations. Et ça coince sur fond de dogmes savamment partagés.
Pourtant, le dialogue doit aller, plus que jamais, de pair avec le dynamisme économique et le progrès social, au prix d'efforts justes et équilibrés. À l'image de l'esprit très « responsable » des relations qui prédomine outre-Rhin entre syndicats, entreprises et puissance publique. Un esprit qui a manqué dans la gestion du dossier ArcelorMittal.
Un « compromis historique » ?
Contrairement à l'agenda imposé par le président de la République, il semble déjà acquis que la négociation, mal partie, ne débouchera pas avant la fin de l'année. Débordera-t-elle en janvier, février ? Continuer à jouer la montre ou prendre le risque de l'immobilisme serait suicidaire. Pour une simple et autre bonne raison : le cadre de ce rendez-vous, ô combien important pour l'avenir des relations sociales dans le pays, dépasse son contenu. Pour la première fois, patronat et syndicats discutent en amont, là où l'habitude veut que l'État décide seul. C'est dire si cette chance donnée à une nouvelle démocratie sociale ne supporterait pas l'insuccès. Les partenaires sociaux le savent qui jouent, là, rien de moins que leur légitimité.
Reste que la CGT, qui, à sa tête, a perdu beaucoup de forces dans une guerre de succession sans pitié, est au frein. Que, comme elle, FO a prévenu, tout de go, qu'elle rejetterait tout ce qui vise à donner plus de souplesse aux employeurs. Que la CFDT, moins dogmatique, souhaite aller jusqu'au bout de la réflexion, mais pas à n'importe quel prix. Que le front patronal est loin, en réalité, d'être à l'unisson.
Dans ces conditions, trouveront-ils un « compromis historique », appelé de ses voeux par François Hollande ? Pas sûr. C'est pourtant ce qu'il faut souhaiter pour notre pays. Sans céder à la pression des agences de notation et des investisseurs internationaux qui ne doivent pas venir polluer le débat, l'exécutif a prévenu qu'il légiférera. En cas d'échec des négociations, plus contraignante pourrait alors être la loi. Dura lex ? Sed lex.

Pourquoi la gauche italienne va enfin changer?

La gauche italienne désigne dimanche son nouveau leader, devant départager Pier Luigi Bersani et Matteo Renzi.

"Adesso!", "Maintenant!" Le slogan de la campagne de Matteo Renzi restera d'actualité lundi, quel que soit le résultat du second tour organisé dimanche pour désigner le leader de la gauche en Italie, à quatre mois des élections générales d'avril 2013. Dans le combat entre les anciens et les modernes, ce sera lui le vainqueur, même s'il échoue de quelques points à ravir ce titre à son rival Pier Luigi Bersani, le secrétaire actuel du Parti démocrate. Vingt-quatre ans séparent ces deux hommes, autrement dit une génération, ce qui distingue un homme du passé d'un candidat d'avenir. Le jeune maire de Florence a en effet montré qu'il était capable de battre sur son terrain la droite traditionnelle italienne, incarnée par le dernier carré des forces de Berlusconi, tout comme les caciques d'une gauche sociale-démocrate dépassée par les défis de la plus grave crise économique qu'ait connue l'Italie. 

Matteo Renzi, "le Tony Blair italien"

Renzi, 37 ans, propose ni plus ni moins à la gauche italienne que de faire son aggiornamento. De la même façon qu'un Enrico Berlinguer avait su dans les années 1970 rompre avec le stalinisme, Renzi veut pouvoir incarner une gauche moderne. Le jeune élu veut concilier une vision européenne dans la lignée de son ancien mentor Romano Prodi tout en se montrant intraitable sur le respect des grands équilibres économiques et financiers. Quitte à se fâcher avec les syndicats et l'aile gauche de la gauche en la personne du Mélenchon italien, Nichi Vendola, président de la région des Pouilles, dont le prénom est inspiré d'un diminutif de Nikita Khrouchtchev. À mi-chemin entre le réformisme d'un Manuel Valls et le modernisme d'un Barack Obama, dont il se réclame, Matteo Renzi souhaite faire rendre gorge à un État italien trop dépensier, licencier les fonctionnaires inutiles, payer les profs et les proviseurs au mérite, ouvrir des milliers de maternelles pour inciter les femmes à reprendre le travail, numériser l'essentiel des procédures administratives pour en finir avec les journées de travail perdues des actifs et limiter également par ce biais la corruption. 
Selon le politologue Roberto D'Alimonte, si Renzi devenait le chef de la gauche, les chances de cette dernière de diriger le prochain gouvernement seraient augmentées de 10 points par rapport au score qu'enregistrerait Bersani. "Renzi voulait devenir le Tony Blair italien et il y est parvenu", écrivait cette semaine l'éditorialiste Stefano Folli. Malgré tout, le rapport de forces restait en cette fin de semaine en faveur de Pier Luigi Bersani. C'est bien de l'avenir de l'Italie qu'il s'agit. Celle qui vient de vivre, sous le mandat technicien de Mario Monti, l'austérité la plus sévère de son histoire. Le grand mouvement interne à la gauche italienne intéresse de très près François Hollande et les ministres qui l'accompagneront lundi à Lyon pour un sommet franco-italien qui sera peut-être le dernier de Mario Monti.