TOUT EST DIT

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lundi 16 août 2010

Bruxelles veut renforcer la supervision des grands conglomérats financiers

La Commission européenne a fait des propositions lundi pour renforcer la supervision des groupes financiers actifs dans un ou plusieurs pays de l'UE. Elle espère qu'ainsi les risques liés à leur structure diversifiée seront mieux maîtrisés.

La Commission européenne a fait des propositions lundi pour renforcer la supervision des grands conglomérats financiers actifs en Europe, tirant les leçons de la crise qui a obligé les pouvoirs publics à voler au secours d'une série de grandes institutions. Les conglomérats visés sont des groupes financiers actifs dans un ou plusieurs pays de l'UE, dans les secteurs de la banque et de l'assurance.

"En raison de leur taille, les conglomérats financiers ont souvent une importance systémique pour notre économie", c'est-à-dire que leur défaillance peut entraîner celle de l'ensemble du secteur au niveau d'un pays, voire de toute l'UE, souligne la Commission. Or dans certains cas, leur structure légale leur permet d'échapper en partie à la supervision, organisée en Europe sur des bases sectorielles, en particulier quand la maison mère est une holding.

Bruxelles entend donc "donner de nouveaux pouvoirs aux superviseurs nationaux pour superviser les maisons mères des conglomérats et les sociétés holdings". "Les superviseurs devraient pouvoir obtenir des informations à un stade plus précoce si une institution financière a des problèmes, et être mieux équipés pour intervenir", explique la Commission.

Elle propose de modifier la définition des conglomérats financiers, pour la baser non plus seulement sur la seule taille, mais aussi sur une évaluation du risque représenté, et d'y inclure les sociétés de gestion d'actifs.

Bruxelles espère qu'ainsi les risques liés à la structure diversifiée de ces groupes seront mieux maîtrisés, et que cela permettra de mieux protéger la stabilité financière.

La Commission vise une entrée en vigueur courant 2011 des nouvelles règles, encore susceptibles d'être modifiées par le Parlement européen et les gouvernements de l'UE.

La Commission européenne veut renforcer le rôle des Etats

La Commission européenne a proposé lundi d'accorder de nouveaux pouvoirs de contrôle et de régulation des grands groupes et des holdings aux autorités nationales de supervision financière de l'Union ce qui pourrait accentuer l'encadrement des bancassureurs.

Mettant en avant la complexité de la supervision des activités des multinationales exerçant à la fois dans le secteur de l'assurance et dans celui de la banque, avec parfois des centaines d'entités légales regroupées dans une holding, la Commission a mis au point cette nouvelle architecture de la supervision.

Ce projet de réforme est le résultat de plus de trois années de consultations. Il doit permettre de refondre la dernière directive européenne sur les conglomérats datant de 2002 qui n'a pas réussi à totalement répondre aux problèmes posés par la crise financière.

Les modifications ne seront introduites qu'après l'obtention d'un accord entre les 27 membres de l'Union europénne (UE) et le Parlement européen. La Commission espère voir la réforme engagée en 2011.

Une telle décision pourrait affecter au total 57 conglomérats européens, comme l'allemand Allianz, ou encore Old Mutual, coté à Londres, mais également des groupes financiers non européens qui développent des activités au sein de l'UE.

"La Commission propose de doter les superviseurs financiers nationaux de nouveaux pouvoirs pour mieux superviser les maisons mères des conglomérats, comme les sociétés holding", explique l'exécutif communautaire dans un communiqué.

"Cela permettrait aux régulateurs d'exercer à la fois la supervision bancaire, la supervision de l'assurance et une supervision complémentaire, donc de remédier aux failles imprévues identifiées dans le contexte de la crise financière."

RÈGLES EN VIGUEUR INSUFFISANTES

Selon la Commission, ces nouvelles règles permettraient aux superviseurs de concentrer davantage leurs efforts sur certains problèmes comme l'utilisation multiple de capitaux, lorsque les fonds d'une seule entité sont utilisés pour calculer le capital de cette entité mais également de sa maison-mère.

La Commission espère que les modifications qu'elle propose permettront aux superviseurs d'obtenir davantage d'information à un stade plus précoce dans le cas où un grand groupe financier connaîtrait des difficultés, ce qui faciliterait leur intervention en cas de crise.

En examinant les règles actuellement en vigueur, la Commission a découvert qu'il était impossible de réellement superviser certains groupes financiers en raison de la complexité de leur structure juridique.

"Dans certains cas, les superviseurs financiers ne disposaient pas des éléments appropriés, car ils devaient choisir entre une supervision du secteur bancaire ou une supervision du secteur de l'assurance, en se pliant aux directives spécifiques à chacun de ces secteurs", ajoute la Commission.

"Le principal objectif de cette révision des directives est de corriger les conséquences indésirables des règles en vigueur."

Les modifications évoquées proposent ainsi que les holdings soumises à une supervision relative au secteur bancaire restent supervisées par la même entité, même si elles développent d'importantes activités dans le secteur de l'assurance, et vice versa.

Les multinationales disposant au total de moins de 60 milliards d'euros d'actifs seraient en outre exemptés de la supervision complémentaire.

Pour les groupes concernés et exerçant dans plusieurs pays, cette supervision complémentaire devra être appliquée de la même façon dans tous les Etats membres de l'UE, ce qui implique une coordination étroite entre les autorités de supervision.

Marc Angrand et Catherine Monin pour le service français, édité par Nicolas Delame

Le gruyère suisse remporte l'exclusivité de l'AOC

Le gruyère suisse a remporté une victoire importante contre son homonyme français en obtenant l'exclusivité de l'appellation d'origine contrôlée (AOC). Les producteurs helvétiques continuent néanmoins leur combat pour obtenir une protection mondiale du nom dans le cadre de l'OMC, a indiqué lundi 16 août l'Interprofession du gruyère.
"C'est une bonne avancée mais la bagarre ne s'arrête pas là", a expliqué le directeur de l'association, Philippe Bardet. Désormais, estime-t-il, "il faut se battre pour une protection" au niveau mondial dans le cadre des accords de libéralisation des échanges à l'Organisation mondiale du commerce. "L'enjeu est de taille, car il porte sur la protection totale du nom." Ce que veulent concrètement les Suisses, c'est une protection identique à celle qui existe à l'OMC pour les produits viticoles. Mais, reconnaît M. Bardet, l'affaire n'est pas gagnée étant donné l'état laborieux des négociations entamées en 2001 à Doha (Qatar) et qui piétinent depuis.

UN DOSSIER TROP LÉGER

Revenant sur l'obtention exclusive de l'AOC au niveau européen pour le gruyère helvétique, le responsable a voulu tempérer la victoire suisse, rappelant qu'il existe depuis les années 1930 un accord entre la France et la Suisse accordant le droit aux deux pays d'utiliser le même nom pour les deux fromages très différents. Quand la France a voulu faire reconnaître l'AOC accordée à son gruyère au niveau européen en 2007 le différend a éclaté entre les deux capitales.

La Suisse a fait une demande identique dans la foulée, craignant pour les 13 000 tonnes d'exportations annuelles de son fromage phare. Au final, Bruxelles a jugé trop léger le dossier français et a recommandé à la France de se contenter de l'indication géographique protégée (IGP). Les producteurs français ont minimisé la décision de Bruxelles, faisant valoir qu'ils pourront continuer à utiliser le nom du célèbre fromage. Suisses et Français ont "construit ensemble le dossier" devant Bruxelles, a assuré Bernard Cassard, animateur du Syndicat interprofessionel du gruyère (France). "Nous nous sommes adaptés à la juridiction européenne pour pouvoir aboutir à la protection du mot gruyère" de chaque côté de la frontière suisse et française, a-t-il ajouté. Seul problème : l'IGP est beaucoup moins connue des consommateurs que l'AOC.

UN NOM POUR DEUX FROMAGES TRÈS DIFFÉRENTS

Les deux fromages n'ont en commun que leur homonymie. Le suisse, produit depuis le Moyen Age dans les alentours d'une bourgade éponyme du canton de Fribourg, dans l'ouest du pays, "est plus corsé", avec "un goût plus marqué", selon M. Bardet. Le gruyère français, produit un peu partout pendant de longues années avant d'être relocalisé dans les régions françaises proches de la frontière helvétique, "a un goût plus sucré dû aux trous", ajoute-t-il.

Dans la foulée, la Suisse et Bruxelles ont trouvé un accord de reconnaissance réciproque sur les AOC de plusieurs centaines de produits, dont une majorité de fromages (la Tête de Moine, le Vacherin fribourgeois et le Vacherin Mont d'Or) et la viande des Grisons.

La moitié du PIB russe va aux fonctionnaires corrompus

Selon un rapport indépendant publié lundi, le marché de la corruption représente 50% du PIB et le montant d'un bakchich moyen a doublé depuis le début de l'année 2010 pour atteindre 1500 euros.

En Russie, on achète un poste dans la police routière pour 40.000 euros et une décision de justice favorable pour 26.000 euros: la moitié du PIB russe va dans les poches de fonctionnaires corrompus, affirme un rapport indépendant publié lundi. Ce rapport a été réalisé entre le 2 juillet 2009 et le 30 juillet 2010 par l'Associations des avocats pour les droits de l'Homme (rusadvocat.com) qui a recueilli pendant cette période 6.589 plaintes.

Cette enquête a conclu, en se basant sur les statistiques officielles et les témoignages des plaignants, que "le marché de la corruption représente 50% du PIB" et le montant d'un bakchich moyen a doublé depuis le début de l'année 2010 pour atteindre 44.000 roubles (1.500 euros). "Ces chiffres correspondent à nos estimations", a déclaré Ivan Nenenko, responsable de Transparency International rappelant que la Russie occupait la 146ème place des 180 pays dans le classement allant du moins au plus corrompu.
"Les juges prennent ce qu'on leur donne"

Dans les tribunaux, il faut payer les services d'avocats qui servent d'intermédiaires et s'engagent à "régler l'affaire" avec le juge. Selon le témoignage d'Alexandra Belovinskaïa, secrétaire d'un tribunal à Kizliar, au Daguestan, l'une des républiques les plus pauvres du Caucase russe, les pots-de-vin dans le cadre d'affaires criminelles peuvent atteindre un million de roubles (26.000 euros) et près de 800 euros dans les affaires civiles.

En ce qui concerne les infractions administratives, "les juges prennent ce qu'on leur donne", selon Mme Belovinskaïa, qui dit avoir été limogée après avoir protesté contre ces pratiques. "La fusion du monde criminel et des forces de l'ordre a un caractère universel", selon le rapport.

En Russie, où le salaire moyen mensuel est inférieur à 600 euros, le poste d'assistant du procureur dans un parquet du district coûte 10.000 dollars (7.800 euros) et un poste dans la police de la route au moins 50.000 dollars (40.000 euros). "Les métiers les plus prestigieux sont ceux où la corruption est stable", souligne le rapport.

Les responsables de départements de police censés lutter contre le crime organisé et qui assurent leur protection à des business criminels gagnent jusqu'à 20.000 dollars par mois, et les procureurs 10.000 dollars pour les mêmes services, selon la même source.

Grâce à la corruption, les revenus des inspecteurs de la police de la route atteignent environ 5.000 dollars, selon le rapport.

L'inspection du travail n'est pas bienvenue à La Poste

L'inspection du travail pourra-t-elle, un jour, mener des contrôles à La Poste dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail ? En tant que société anonyme (SA) depuis le 1er mars, La Poste relève de sa compétence, tout comme EDF ou France Télécom.

Mais un projet de décret, applicable pour les 146 000 fonctionnaires et les 115 000 salariés contractuels, prévoit de différer au 1er janvier 2012 les interventions des inspecteurs du travail. Dans une note du 27 juillet, la direction générale du travail (DGT), autorité centrale de l'inspection, indique que "dans la mesure où ce décret (...) n'est pas encore publié et qu'il implique un certain nombre de modifications pour l'entreprise, il est rappelé qu'il convient de continuer à différer les interventions de l'inspection du travail (...) jusqu'au 31 décembre 2011". "Souffrance au travail et suicides à La Poste : l'inspection du travail sommée d'aller voir ailleurs si on y meurt...", ironisait le syndicat SUD-PTT dans un communiqué du 6 août.
Pour l'heure, La Poste continue donc à s'appuyer sur sa dizaine d'inspecteurs de la santé et de la sécurité. Rattachés au président du conseil d'administration, ils n'ont pas de pouvoir de sanction, contrairement aux inspecteurs du travail. Ces derniers peuvent toutefois déjà intervenir mais dans un champ limité aux salariés contractuels de droit privé et seulement sur des questions liées au contrat de travail et aux heures supplémentaires.

Ce dernier thème fait d'ailleurs l'objet d'un bras de fer entre la direction et le syndicat SUD, et "les inspecteurs ont établi plusieurs procès-verbaux", témoigne Hugo Reis, secrétaire fédéral de SUD-PTT. Les inspecteurs peuvent également être "sollicités" dans des cas précis : "risque grave", "désaccord sérieux et persistant" entre la direction et le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, etc. Un domaine d'action insuffisant pour SUD-PTT, qui demande le retrait de cette note "hallucinante", selon M. Reis. "La Poste est une SA, les inspecteurs doivent pouvoir venir la contrôler dès aujourd'hui", précise-t-il.

D'autant que la situation des personnels serait alarmante. Le Syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste a, le 20 mai, adressé une lettre ouverte au président, Jean-Paul Bailly, décrivant "le mal-être au travail" des personnels. "La Poste crée des inaptes physiques et psychologiques", écrivait Jean-Paul Kaufmant, le président de ce syndicat qui regroupe 85 des quelque 140 médecins de prévention du groupe. La direction de l'entreprise, que nous n'avons pas pu joindre, avait alors répliqué que ce courrier était "exagéré par rapport à l'engagement de La Poste en matière de risques psychosociaux", selon l'Agence Emploi Formation. Un accord sur la santé et le bien-être au travail est actuellement soumis à la signature des syndicats.

Pour Astrid Toussaint aussi, membre du conseil national du syndicat SUD-Travail affaires sociales, qui réunit des inspecteurs, "la note de la DGT n'est pas acceptable. Le délai imposé n'a pas de motivation juridique si ce n'est l'attente de la parution des décrets. Sauf que ce décret, on l'attend depuis longtemps". Précisément, depuis la loi du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales. Et déjà, une note du 11 mai 2006 demandait aux inspecteurs de "différer les interventions dans l'attente de dispositions du décret d'application". Les dispositions en vigueur actuellement sont donc celles d'un décret du 28 mai 1982...

Les syndicats de La Poste ne sont cependant pas tous sur la même ligne que SUD. Nadine Capdeboscq, secrétaire nationale CFDT de la fédération F3C (conseil, communication, culture), estime ainsi que "c'est d'abord aux organisations syndicales d'agir en matière de santé au travail".

En 2012, les fonctionnaires et les salariés contractuels se verront donc appliquer les règles du code du travail en matière de santé et de sécurité au travail, "qui sont beaucoup plus exigeantes que ce décret de 1982", estime Mme Toussaint. Les postiers ont perdu la bataille contre la transformation de La Poste en SA. Mais ils pourraient y gagner en termes de conditions de travail.

Francine Aizicovici

IL EST VRAI QU'AVEC LES STAKHANOVISTES QUI TRAVAILLENT À LA POSTE, L'INSPECTEUR N'A PAS DE LEÇON À DONNER, BORDEL !!!

Un cadre d'Apple inculpé pour avoir vendu des secrets industriels

Un cadre du fabricant informatique américain Apple a été inculpé aux Etats-Unis pour corruption, après avoir vendu des secrets industriels à des fournisseurs asiatiques, affirme le Wall Street Journal, dimanche 15 août.
Selon les premiers éléments de l'enquête, menée conjointement par le FBI et le fisc américain, Paul Shin Devine, un responsable de l'approvisionnement travaillant depuis 2005 chez Apple, a reçu plus d'un million de dollars (780 000 euros) depuis 2006 de six industriels chinois, sud-coréens et singapouriens. Les pouvoirs publics n'ont pas précisé le nom de ces entreprises.

M. Devine est accusé d'avoir utilisé ses fonctions à Apple pour obtenir des informations confidentielles qu'il a partagées avec des fournisseurs de la firme à la pomme afin de les aider à décrocher des contrats avantageux avec le groupe, précise l'acte d'inculpation. D'après le quotidien économique américain, ces informations portaient notamment sur le baladeur d'Apple, l'iPod, ou son téléphone multifonctions, l'iPhone. M. Devine demandait le versement des pots-de-vin par petites sommes vers des comptes créés à l'étranger au nom de son épouse, poursuit le Wall Street Journal.

POURSUITES AU CIVIL

L'employé d'Apple, âgé de 37 ans, est également poursuivi au civil par le groupe informatique de Cupertino, rapporte le San Jose Mercury News. Apple l'avait soupçonné à cause de courriers électroniques envoyés depuis son ordinateur portable professionnel, avant de le dénoncer aux autorités.

Incarcéré depuis jeudi, selon le Wall Street Journal, Paul Shin Devine a comparu le lendemain devant un tribunal de San Jose et doit à nouveau être entendu lundi 16 août.

Opacité

Le pire semble passé pour Moscou. Cet été, la capitale russe aura connu un épisode climatique sans précédent depuis le début des enregistrements météo il y a cent trente ans, avec des records de chaleur battus fin juillet, puis début août. Durant quelques jours, à cause de la fumée des incendies tout proches, le taux de monoxyde de carbone aura été cinq à six fois supérieur au maximum acceptable, selon les normes de santé publique. Des informations parcellaires et officieuses font état d’un fort taux de surmortalité. À l’échelle du pays, la canicule et la sécheresse ont favorisé des incendies de tourbières et de forêts qui ont ravagé au moins 800 000 hectares, l’équivalent de la région Alsace.

Ces événements mettent à rude épreuve le pouvoir. Certes, la politique de communication du Kremlin a montré le premier ministre Vladimir Poutine sur tous les fronts, y compris aux commandes d’un avion bombardier d’eau. Mais les Moscovites et les habitants des hameaux détruits à travers le territoire ont surtout constaté l’impuissance et l’impréparation de l’État.

Une catastrophe est toujours un test pour les sociétés et les dirigeants en place : sur leur aptitude à faire front, puis à en tirer des leçons. Or, l’opacité qui prévaut pour établir un premier bilan des victimes de la canicule montre que le Kremlin n’est pas prêt à regarder publiquement la réalité en face ni à renoncer à son contrôle sur les grands médias d’information. Sur Internet, nouvel espace de liberté, des témoignages se multiplient, tandis que des professionnels de la santé font état de consignes de silence. Cela n’est pas étonnant. L’objectif de Vladimir Poutine, depuis son arrivée au pouvoir en 2000, a été d’instaurer une « verticale du pouvoir » conduisant le gouvernement, l’administration, le Parlement, le parti majoritaire, les médias, les régions, les oligopoles économiques à être inféodés au Kremlin. Le pays ne compte plus d’opposition susceptible de dénoncer les manques ou les défauts du système, de relayer les attentes et les besoins de la population. Aucune coalition adverse n’est aujourd’hui susceptible d’arriver au pouvoir. Les leçons de l’été dépendront donc du bon jugement et du bon vouloir du Kremlin. Ce n’est pas suffisant.


Jean-Christophe Ploquin

États-Unis : l'argent, nerf de l'élection


Face à une économie stagnante et à un pessimisme croissant, la politique peine à trouver sa place aux USA. C'est l'argent qui remplace le discours du politique. Les Grecs parlaient d'oligarchie (un petit groupe gouverne), mais, dans une économie dominée par les gains spéculatifs, on devrait sans doute dire ploutocratie (les plus fortunés ont le pouvoir).

Pourtant, le parti démocrate a bien tenu ses promesses électorales. À la réforme du système d'assurance santé s'ajoutent celle de l'éducation et celle de la finance. Il est vrai que l'on n'a pas réussi à voter une loi antipollution et que la question de l'immigration a été évitée, mais cela tient surtout au refus de l'opposition. Barack Obama a pu tout de même se servir du pouvoir exécutif pour re-réglementer le capitalisme, laissé par son prédécesseur à l'état sauvage.

Néanmoins, le citoyen a un goût amer dans la bouche. Ces victoires sont le résultat de compromis qui ne satisfont ni la gauche ni la droite. Le gouvernement avance de façon pragmatique, mais délaisse cette autre fonction du politique qui est de donner au citoyen un sens pour le « bien vivre ensemble ».

Si la popularité du Président plane autour de 45-48 %, celle du Congrès est au ras des pâquerettes (20 %). La désapprobation touche les deux partis : 33 % se disent favorables aux démocrates, 44 % les désapprouvent ; les scores sont pires chez les républicains : 24 % de positifs et 46 % de négatifs. Les démocrates perdront certainement leurs imposantes majorités dans les deux Chambres aux élections du 2 novembre. Beaucoup de nouveaux élus se seront déclarés « indépendants », reflet du discrédit de la politique.

Et voici comment l'argent se met à dominer la scène politique. Selon un arrêt de la Cour suprême (1976), la garantie de la liberté de parole implique le droit de chacun de dépenser son propre argent comme il le veut pour se faire élire. Ainsi est né le phénomène actuel. Le premier milliardaire à s'y aventurer fut Ross Perot, candidat à la présidence en 1992, dont les 19 % des voix permirent à Bill Clinton de gagner avec seulement 43 % des voix. Plus récemment, Michael Bloomberg dépensait 109 millions de dollars, uniquement pour se faire réélire à la mairie de New York.

Aujourd'hui, lors des primaires en Californie, l'ancienne PDG de eBay dépensait 90 millions pour devenir la candidate républicaine au poste de gouverneur, alors que l'ancienne PDG de HP déboursait 42 millions pour gagner la sénatoriale. D'ici à novembre, dans le petit État du Connecticut, Linda McMahon promet de débourser 100 millions pour gagner un siège au Sénat. Le phénomène ne se limite pas aux femmes ni au parti républicain. En Floride, Jeff Greene a trouvé 5 millions quelques semaines avant la primaire démocrate.

Bien sûr, historiquement, les candidats autofinancés ne gagnent que 11 % de leurs élections, mais, en moyenne, un candidat ne dépense « que » 577 000 dollars, car peu de sièges sont vraiment compétitifs. Les chiffres dont on parle pour 2010 sont d'un autre ordre, qui devient malsain.

Cette ploutocratie qui se veut indépendante est seulement contre ; elle n'a pas de projet de société ; elle veut simplement gagner, à tout prix. Si sa montée est liée au climat actuel, cela voudrait dire que nous, Américains, l'aurions voulue autant qu'elle ne s'imposait.

(*) Professeur à Stony Brook University, New York, auteur d'Aux origines de la pensée politique américaine (Pluriel).

Et ce n'est pas fini !

La hausse des tarifs de l'électricité a beau être présentée comme modérée, elle n'en reflète pas moins une obscure clarté. L'augmentation moyenne de 3 % est tout de même la plus forte depuis plusieurs années et elle cache toujours, un an après le changement de grille tarifaire, pas mal de disparités selon les options. Ce qui est clair, c'est que le consommateur français va payer toujours plus cher son électricité. Ce qui reste obscur, ce sont les causes qui vont servir à justifier ces hausses perpétuelles.

c'est que le dogme de la concurrence, dont se gargarisent les libéraux d'ici et de Bruxelles, au lieu de se traduire par des baisses, nous impose des hausses. Il faut aligner les tarifs sur les plus chers, moins nucléaires que les nôtres. En même temps, on va nous faire payer les investissements d'EDF aux douteuses performances énergétiques, et le développement de réseaux tellement intelligents que pour nous permettre de dépenser moins, on paiera plus.

désormais, c'est que les hausses ne vont pas se limiter à l'étage eau, gaz, électricité. Transports, santé, bientôt la taxe d'habitation, vont aussi augmenter. Quant à la baguette de pain qui ne cesse de nous rouler dans la farine, parions qu'avec les prévisions sur le blé, elle va suivre le cortège attendu des hausses du poulet, du porc, du boeuf. Bref, ça va saigner aussi dans nos assiettes. Alors, pas de baisses en vue ? Mais si, sur les prestations sociales, les niches fiscales, la prime à la casse? Tout ce qu'il ne faut pas appeler rigueur, mais « ri-lance », selon la ministre des Finances.

à la croissance, Christine Lagarde se dope depuis hier au 0,6 % de PIB trimestriel. On est loin du nirvana allemand à 2,2 %, mais notre optimiste Pythie voit dans ce rebond la preuve du bien fondé de la politique suivie. C'est vrai que l'espoir fait vivre, surtout les ministres ! Mais si on se rapproche de la prévision de croissance pour 2010, celle de 2011 est très incertaine, fragilisée par les tours de vis, les doutes sur la reprise américaine et le pied au frein des pays émergents. Pour réduire le déficit comme promis, faudra qu'ça saigne encore !

XAVIER PANON

La tête hors du bidon


Les actions et l'ultimatum des producteurs ont payé. Sans obtenir satisfaction immédiate et totale, ils ont réussi à fissurer le front du refus des industriels. Les uns ont accordé les hausses exigées pour juillet et sur 2010, d'autres ont pris des engagements sous conditions. Avec la prudence qui s'impose, jusqu'à l'issue des négociations de la semaine prochaine, une éclaircie est donc en vue et l'on imagine qu'après les semaines d'angoisse qu'ils viennent de vivre, les éleveurs retournent avec un peu plus d'espoir dans leurs salles de traite.

Ce n'est que justice pour ces hommes et femmes, contraints de travailler à perte, et qui n'exigent que le respect d'un accord pour un juste prix. Mieux que les spectaculaires épandages de lait, les actions de stickage sur les produits leur ont attiré la sympathie des consommateurs. Les industriels ont compris qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner à l'extension d'un boycott coûteux pour leur image de marque. À quoi s'est ajoutée la pression du ministre de l'Agriculture, assaisonnée d'une promesse d'aide à la modernisation de cette filière.

Chacun sait bien, d'un bout à l'autre de la voie lactée, qu'il ne sert à rien de garder la tête dans le bidon face aux concurrents allemands. Encore faudrait-il que la course à la compétitivité se joue à la loyale, fiscalement, socialement et dans l'exigence sanitaire. Ce n'est pas le cas. Les uns parleront de dumping caché, d'autres de vraie politique laitière outre-Rhin. Au lieu de sauter de crise en crise dans nos campagnes, il est temps de tout mettre sur la table pour préserver le mode de production agricole français, tout en améliorant la compétitivité. Bonjour la future PAC !

L'Allemagne traira, demain comme aujourd'hui. Elle ne va pas renoncer, pour les beaux yeux de nos vaches, à sa puissance agricole. Ni à ses autos et machines-outils, bref à tout ce qui fait d'elle la championne des exportations et lui promet bientôt une croissance double de la nôtre. Sur tous les sujets, y compris l'immigration dont elle a grand besoin, nous divergeons avec notre premier partenaire et néanmoins ami. En voilà une vraie priorité nationale !

XAVIER PANON

À droite... shoot !

La polémique sur l'ouverture de centres de consommation de drogues est intéressante à plusieurs titres. La dépendance à la drogue et la propagation des virus du VIH et de l'hépatite constituent un problème de santé publique assez grave pour qu'on ne néglige aucune solution nouvelle de limitation des risques. D'où l'idée, déjà expérimentée en Europe, de centres spécialisés dans lesquels, sous de strictes conditions, des toxicomanes pourraient consommer proprement leurs drogues. Les uns, favorables, appellent ces lieux des « centres d'injection (ou de consommation) supervisés ». Les autres - Matignon est en première ligne -, hostiles, parlent de « salles de shoot ». Le poids des mots !

C'est à droite que les divergences s'expriment dans une cacophonie d'autant plus sympathique qu'elle nous change du bras de fer droite-gauche dans lequel chacun s'efforce de tenir son rang en prévision de 2012. Rien d'étonnant d'ailleurs si, sur une question de société aussi sensible, le traditionnel clivage s'estompe. Comme au temps de Simone Veil ou, plus récemment, lors du débat sur l'échange de seringues.

Deux visions de la société resurgissent à cette occasion. Les uns soulignent qu'une prise en charge médicalisée des toxicomanes les plus atteints et les plus fragiles est préférable à leur abandon sur la voie publique. Les autres estiment que tout accompagnement de la dépendance risque de conduire à la dépénalisation. Que ces deux visions contraires traversent surtout la droite, cela n'a rien de surprenant. Car cette dernière n'est pas aussi monolithique que d'aucuns l'espèrent en forçant les doses de « shoots » sécuritaires.

Le noyau dur de droite que l'on voit tant à la manoeuvre pour Nicolas Sarkozy puise dans un sondage opportun et une petite vague d'adhésions matière à illusion. Même à une arrogance certaine quand, pour discréditer toute critique, on oppose ceux qui agissent à ceux qui pérorent. Ou alors, pourquoi ne pas opposer ceux qui agissent à ceux qui réfléchissent ? Puisque la polémique sur la drogue divise surtout la droite, certains hésiteront peut-être maintenant à s'envoyer à la figure ce pitoyable argument d'autorité.

XAVIER PANON

Le jungle rock de l'insécurité

Elvis, à sa façon, créait de l'insécurité. Son déhanché pelvien bousculait tous les conservatismes de la société américaine des années 50, et inspirait les anathèmes les plus délirants. Pour un peu, on aurait volontiers coffré cette graine de délinquant en blouson de cuir qui dévoyait la jeunesse. L'Amérique hésitait : devait-elle s'abandonner à la modernité ou céder aux diktats de la peur ?
Trente-trois ans après sa mort, on pleure toujours le King, aussi, de ce côté-ci de l'Atlantique, pendant que sur les ondes l'été français 2010 semble obsédé par la petite musique de la crainte distillée jour après jour par certains membres du gouvernement et de la majorité UMP. Une espèce de Jungle rock de l'insécurité où les motivations électoralistes ébouriffent des discours de plus en plus échevelés.
Voilà maintenant qu'il faudrait mettre à l'amende les maires coupables de laxisme dans la lutte contre les voyous ! C'est de la grosse caisse mais elle peine à couvrir cet arrangement trop facile qui consiste à rejeter sur les municipalités la responsabilité des échecs de la politique de sécurité menée depuis 2002.
En dépit de la loi de 2007 qui leur donne un rôle de prévention accru, les maires disposent d'un pouvoir extrêmement limité en matière de police judiciaire, et nul en matière de maintien de l'ordre ou de répression. L'immense majorité d'entre eux - droite et gauche confondues - dépense beaucoup d'énergie et de moyens pour assurer à leurs communes une atmosphère paisible. Les mettre en cause de façon aussi grossière et par pur intérêt stratégique - il faut dédouaner le pouvoir exécutif d'un bilan non satisfaisant - n'est ni très juste, ni très malin. C'est à la fois méconnaître leur travail de terrain opiniâtre, et le lien de confiance qui les unit à la population.
Christian Estrosi a simplement cru faire un bon coup. A en juger par les réactions qui ont répondu à son appel martial pour sanctionner les édiles qui, aux yeux de l'État, ne joueraient pas le jeu, son boomerang risque de lui revenir en pleine figure. « L'Union sacrée » des maires qu'il propose n'a aucun sens tant ces élus de proximité, pragmatiques par nécessité autant que par tempérament, ne l'ont pas attendu pour dépasser les frontières partisanes quand il doivent faire face à leurs responsabilités. Il suffit d'avoir assisté - ne serait ce qu'une seule fois - à un de leurs congrès pour comprendre que cette polémique artificielle n'a aucune chance de prospérer.

Olivier Picard

La Chine dérangée par les Chinois

Ce n'est plus un grand événement, comme Tiananmen en 1989, mais il jalonne la naissance en Chine d'une opinion publique, c'est-à-dire qui s'exprime. A Canton, des centaines de manifestants ont protesté contre les projets du gouvernement central de multiplier les émissions télévisées en mandarin, au détriment de la langue cantonaise, parlée dans la province et à Hong Kong. La manifestation a été naturellement réprimée brutalement, ce qui n'enraye en rien la « contamination démocratique », l'expérience l'a prouvé. Certes, depuis quelques années, les révoltes n'ont pas manqué dans les provinces pour dénoncer les injustices, la corruption et l'oppression des potentats locaux, ou l'insupportable exploitation de la main-d'oeuvre industrielle. Ces dernières ont d'ailleurs abouti à des relèvements substantiels de salaires. Mais il s'agit cette fois d'une revendication d'identité, et non d'émeutes de la misère. Aux révoltes pour la nécessité de survivre succède ainsi la manifestation pour la liberté d'être.

L'apparition d'Internet en 1994 a infligé au gouvernement un grand dérangement de son entreprise de formatage collectif. Après de vaines tentatives pour tarir le flot il a habilement opté pour l'endiguement, à travers son « bureau d'Internet » et son « centre d'étude de l'opinion publique ». Ces euphémismes désignent un dispositif de contre-intoxication, de domestication et d'influence dont la compétence technique est reconnue par les experts. Mais le demi-milliard d'internautes de la Chine se canalise aussi difficilement que ses grands fleuves. Hu Jin Tao, dit-on, reçoit de ces officines des rapports périodiques qu'il examine avec attention. Cela au moins le rapproche de nos politiques affamés de sondages, même si l'objectif est ici non de suivre, mais d'espionner l'opinion. Il n'empêche : quand un Premier ministre est contraint d'ouvrir un dossier « opinion publique », c'est que sa Chine commence à être dérangée par les Chinois.

La rude réalité de 2011

Mme le ministre peut continuer à plonger tranquille : l'économie française a bien la tête hors de l'eau. La production nationale progresse à un rythme voisin de 1,5 % (0,8 % au premier semestre), comme l'a indiqué l'institut de la statistique. Ce n'est pas flambant mais, en ces temps de crise, il faut savoir se contenter de peu. Il est même possible de trouver cinq raisons d'espérer. D'abord, les chiffres sont un peu meilleurs que prévu. Ensuite, ils couvrent un printemps particulièrement agité, où la tempête s'est portée sur les dettes publiques européennes. Troisième raison, la baisse de l'euro n'a pas encore relancé les exportations ; il y a donc encore des impulsions positives à venir dans les prochains mois. Et puis les signes d'une confiance retrouvée dans les entreprises se multiplient - embauches, accroissement des investissements pour la première fois depuis deux ans, reconstitution de stocks. La meilleure nouvelle se situe d'ailleurs sur le front de l'emploi. Les entreprises ont moins licencié qu'on ne pouvait le redouter au plus fort de la crise, même si la saignée a été terrible dans une industrie qui a perdu 10 % de ses effectifs. Et elles ont recommencé à recruter alors même que la croissance est faible. Dernière raison : la France n'a pas à rougir de la comparaison avec l'Allemagne, qui vient d'enregistrer un taux de croissance à la chinoise. Par rapport au pic de l'activité au premier trimestre 2008, la production au deuxième trimestre 2010 a été inférieure de 2,2 % en France et de 2,8 % en Allemagne.

Mais Mme le ministre a d'autant plus intérêt à profiter de ses vacances corses que la rentrée va être rude. Les signes d'espoir restent fragiles. Après avoir acheté des voitures pour profiter de la prime à la casse, puis des téléviseurs pour regarder les Bleus s'effondrer en beauté lors du Mondial de football, les consommateurs vont regarder ce qui leur reste au fond de leur portefeuille - et il ne reste pas grand-chose, sauf à moins épargner. Les exportateurs auront peut-être du mal à profiter d'un euro moins fort au moment où la demande ralentit dans les pays émergents. Les industriels ne vont pas faire monter leurs stocks jusqu'au ciel - or cette accumulation de stocks expliquent l'intégralité de la croissance de 0,6 % observée au printemps. L'activité demeure bridée.

Or le gouvernement avait bâti son scénario de rééquilibrage des finances publiques sur l'hypothèse d'une pente de croissance forte (2,5 %) à partir de l'an prochain, un objectif désormais inaccessible. Il va devoir l'admettre lors de la préparation du budget 2011. Et donc préparer de nouvelles mesures de rigueur, à l'orée d'une campagne présidentielle, sans casser la machine. Intelligence et doigté requis.



JEAN-MARC VITTORI