L’entrée de l'État dans le capital de PSA Peugeot Citroën a suscité une telle unanimité dans la classe politique que cela en devient suspect. Pas un ministre, pas un parlementaire, pas un élu de quelque bord que ce soit pour se demander ce que l'État fait là et quel rôle il entend vraiment jouer.
Les choses sont pourtant loin d’être claires. Qu’il faille aider le constructeur automobile à passer un cap particulièrement dangereux est incontestable. Que l'État se soit mobilisé financièrement et politiquement est indiscutable : cette activité représente un tel poids dans l’économie française que l’intervention s’imposait. Mais ensuite ? Une fois l’entreprise redressée, devra-t-il rester ? Combien de temps ? Et d’ici là, quel rôle devra-t-il jouer ? Le plus grand désordre règne dans les esprits.
Car être actionnaire ne peut pas être un acte politique. En tout cas, certainement pas durablement. Or, si l’on en juge par les propos des deux ministres les plus concernés, Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, l’intention du gouvernement est clairement de s’immiscer dans la gestion de ce mastodonte. Interdire des fermetures d’usines, empêcher des réductions d’effectifs, bloquer des restructurations au nom d’un objectif politique risque vite de se retourner contre les intérêts à long terme de l’entreprise. Agir ainsi, c’est méconnaître son rôle, et parfois même son devoir d’actionnaire.
Ce sont au fond toutes les contradictions de la politique économique à la française qui se trouvent concentrées dans cette affaire : un peu d’internationalisation, mais pas trop ; un peu de compétitivité, mais pas trop ; un peu de flirt avec les patrons, mais pas trop ; un peu de nationalisme, mais pas trop. Et au total, un peu d’efficacité, mais pas trop.