TOUT EST DIT

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samedi 27 novembre 2010

USA : un attentat déjoué dans l'Oregon

La cérémonie d'inauguration de l'arbre de Noël aurait pu tourner au drame. Les autorités américaines ont annoncé samedi matin avoir déjoué un attentat à la piégée à Portland, dans l'Oregon, en arrêtant vendredi soir un jeune homme de 19 ans, Mohamed Osman Mohamud.

Ce naturalisé américain d'origine somalienne a été arrêté par le FBI alors qu'il tentait de faire exploser une camionnette garée près du lieu des festivités, pensant qu'elle contenait des explosifs.
 Une arrestation rendue possible grâce à une longue infitration, comme le raconte le site Oregon Live : ce sont en fait des agents du FBI eux-même qui ont fourni le matériel, factice, à l'aspirant terroriste. Surveillé depuis des mois, Mohamed Osman Mohamud aurait été reperé en 2009 alors qu'il tentait de contacter un homme vivant au Pakistan et suspecté d'activités terroristes. Un agent infiltré l'a alors approché, avant de rencontrer le jeune homme à plusieurs reprises.
Demandant de l'aide pour devenir «opérationnel»,« il a expliqué comment il avait identifié une cible potentielle : la cérémonie de l'éclairage de l'arbre de Noël le 26 novembre 2010», racontent les enquêteurs.
«Cette tentative est un brutal rappel qu'il y a des gens -même ici, dans l'Oregon- qui sont déterminés à tuer des Américains», selon le procureur de l'Oregon.
Réunion de travail, essai de bombes, réalisation d'une vidéo de revendication... Mohamed Osman Mohamud n'a jamais suspecté les agents du FBI, jusqu'à l'arrestation. Il a été mis en examen pour tentative d'usage d'une arme de destruction massive et risque la prison à perpétuité.

IL A LA GUEULE DE L'EMPLOI, AIR CON ET VUE TRÈS TRÈS BASSE, FANATIQUE, QUOI.

Allons enfants de l’euro !

Certes, la monnaie unique est affaiblie par les crises en Irlande ou en Grèce. Mais sur la scène internationale, elle reste une valeur d’avenir et mérite d’être défendue, argumente l’éditorialiste français Alain Frachon. 

Le ton est celui de l'apitoiement, les mots ceux des grandes tragédies : il faut sauver l'euro, n'est-ce pas ! La "bête" est malade, elle va peut-être mourir. On vous l'avait bien dit : on ne peut pas créer une zone monétaire sans union politique. Dans leur ambition faustienne, leur folle prétention à faire de l'Europe l'un des acteurs globaux du XXIe siècle, les eurocrates ont mis au jour un monstre : la zone euro.
Elle n'est pas tenable, elle est le produit d'une volonté politique, pas d'une réalité économique ; elle est contraire aux bonnes moeurs libérales - alors, elle va exploser. Si ce n'est pas demain, ce sera après-demain, par contagion, sous le poids des dettes publiques ou bancaires de l'Irlande, puis du Portugal, puis de l'Espagne...
Ah ! Rien de tel en ce moment que la lecture de la presse britannique pour vous remonter le moral. Un délice matinal. En la matière, le brillant et hyperconservateur Daily Telegraph est un must, qui à chaque ligne masque mal sa joie à l'énoncé des malheurs de l'euro.
Mais du Financial Times à The Economist, si les commentaires sur la crise irlandaise sont plus sophistiqués, ils sont sur le même registre : la monnaie unique ne va pas tenir, certains de ses membres vont la quitter. On est au-delà du commentaire de presse, du wishful thinking d'éditorialiste ; on est dans la bataille idéologique.

Organisons la contre-attaque

Le tir de DCA venu de Londres a ceci d'inquiétant qu'il est aussi le reflet de ce que pensent nombre d'opérateurs sur les marchés. Alors, comme on le ferait à la Debating Society de la London School of Economics, organisons la contre-attaque.
Remarquons que les ennuis de l'Irlande sont le produit d'une politique économique délirante, pas de l'appartenance de l'île à la zone euro. Observons que la Grande Bretagne, qui n'est pas dans l'euro, a des finances publiques plus dégradées que celles de la France, pays fondateur de l'union monétaire. Reste cette réalité : la zone euro traverse des crises récurrentes, induites par le poids de la dette de ses membres les plus faibles.
Hélas, les marchés ne vont pas cesser de tester la solidité de l'union monétaire. Tant qu'ils auront des doutes, ils feront monter les taux d'emprunt des Etats périphériques de la zone. Faut-il se battre, c'est-à-dire engager la garantie des autres Etats de la zone - in fine, l'argent du contribuable - au secours de ses membres les plus faibles ? C'est une question politique. Réponse politique aussi : l'euro vaut cette bataille.
Les Européens ont tiré les leçons de la crise grecque. Ils se sont dotés d'une double roue de secours : le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF, 60 milliards d'euros) ; le Fonds européen de stabilité financière (FESF, 440 milliards d'euros). A cela, il faut ajouter l'appui du Fonds monétaire international (FMI) disposé à prêter une aide supplémentaire pouvant aller jusqu'à 50 % de la somme venant de l'Union européenne (UE). En tout, les fonds mobilisables sont de 750 milliards d'euros.L’accord entre Dublin, l'UE et le FMI porte sur un plan d'aide de 85 milliards d'euros. Cela laisse de la marge.

L'Asie croit en l'euro

Si l'euro était victime de la défiance des investisseurs, il se serait effondré après la crise grecque et sombrerait aujourd'hui avec celle de l'Irlande. Ce n'est pas le cas (même s'il a baissé). Pourquoi ? Parce que l'euro a en grande partie réussi. Il est la deuxième monnaie de réserve mondiale : 62 % des réserves des banques centrales dans le monde sont en dollars ; 27 % en euros ; 4 % en livres britanniques, 3 % en yens. Cela fait beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que la monnaie unique se porte bien.
A ce jour, aucun fonds souverain ou privé asiatique ne s'est délesté de ses positions en euros. L'Asie émergente croit en l'euro. Là est l'avenir : trois ou quatre grandes zones monétaires. "Abandonner l'euro, pour tel ou tel de ses membres, serait un contresens historique", raisonne le professeur Jean-Hervé Lorenzi.
Oui, la gestion de l'euro suppose des abandons de souveraineté en matière fiscale (Dublin le savait) ; de s'attaquer aux déséquilibres structurels au sein de la zone comme l'excédent commercial allemand (Berlin devrait le reconnaître) ; d'accepter, même quand on est un "grand" pays, le principe de sanctions décidées par ceux qui respectent les règles, fussent-ils des "petits" (Paris doit l'accepter) ; de coordonner les politiques budgétaires avant que les lois de finances ne soient soumises aux Parlements nationaux ; de faire converger les réglementations bancaires, etc.
Théorème économique que l'on devrait enseigner au Trinity College de Dublin, la grande université irlandaise : on ne peut avoir à la fois la Guinness et l'argent de la Guinness.

La zone euro aux mains des spéculateurs

La crise des monnaies européennes n’est pas terminée. La difficulté est d’enrayer la contagion, voulue par les spéculateurs, qui s’attaquent maintenant au Portugal et à l’Espagne…

Ça commence toujours de la même manière. Le matin, le Premier ministre exclut « absolument » toute intervention extérieure, assurant que son pays s’en sortira tout seul, avant d’accepter l’intervention de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Et le soir, il est à la table des négociations. Vendredi, ils étaient deux dans le rôle de ceux qui n’ont besoin de personne : José Luis Zapatero, le chef du gouvernement espagnol et José Socrates, son homologue portugais.

Pourquoi ce jeu de dominos ?
L’inquiétude est contagieuse. Les Etats ne sont pas différents des ménages. Confiants, ils financent l’avenir en empruntant et comptent sur la croissance économique pour rembourser. Quand la croissance manque, la confiance s’en va. Pour l’Irlande, la confiance s’est envolée avec la croissance (5 % par an entre 2000 et 2007). La récession dure depuis trois ans maintenant et fait craindre le pire. Un investisseur analyse la situation, conclut à un risque de défaillance et le premier domino tombe… Si un domino tombe, la question se pose pour les autres. Hier, l’alerte se portait sur le Portugal et sur l’Espagne. A Lisbonne, comme à Madrid, on assurait qu’il n’y avait pas de souci, qu’on allait s’en sortir tout seul… Une attaque de l’Espagne poserait un problème d’une tout autre ampleur : plus que la Grèce, l’Irlande et le Portugal réunis. Avec elle, on entrerait dans la cour des grands d’Europe avec l’Italie, le Royaume-Uni ou… la France.
Pourquoi refuser l’aide avant de l’accepter ?
Question de standing et de souveraineté. Pour ne pas apparaître comme un nécessiteux. La honte qui tombe sur le gouvernement annonce des élections difficiles à l’avenir. Et puis accepter l’aide c’est accepter les contreparties. Il faut en général réformer, non plus sous l’œil de Moscou, mais sous le regard attentif de Bruxelles (UE) et de Washington (FMI). Adieu la souveraineté.
Pourquoi l’Euro baisse-t-il ?
La valeur d’une monnaie reflète la confiance que l’on a en elle. Elle s’apprécie quand les investisseurs estiment qu’elle va s’orienter à la hausse et, inversement, elles se déprécient quand on craint qu’elle perde sa valeur. En ce moment, le fonctionnement de la zone euro inquiète, l’euro ne semble plus être la meilleure manière de se protéger contre une perte de valeur de ses économies. On préfère vendre. D’autres vont faire pareil… Jusqu’à ce que la confiance revienne.
Quel est le prix de la défiance ?
Un état qui emprunte à dix ans paye, exactement comme un ménage, un taux d’intérêt qui reflète la confiance que lui accordent les investisseurs. Si la Suisse veut emprunter actuellement elle doit accorder un taux d’intérêt de 1,5 %. L’Allemagne doit accepter de payer un taux de 2,7 %, la France de 3,13 % et le Royaume-Uni de 3,34 %. Mais quand l’Irlande emprunte, elle doit payer 9 % et la Grèce 12 %. Des taux usuraires, ingérables à moyen terme. Là encore la mécanique est la même que pour les particuliers : on ne prête qu’aux riches.
Pourquoi est-ce la curée ?
Chaque jour un Etat se présente sur les marchés financiers pour trouver des moyens de financer ces dépenses. Il échange des obligations, ce que l’on appelait les emprunts d’Etat, contre des liquidités. Quand la peur de voir un Etat fait défaut se profile, plus personne ne vient acheter des titres qui n’inspire plus confiance. Quand la crainte se propage il faut intervenir rapidement pour retrouver du crédit. Alors on appelle l’UE et le FMI.
Qui sont les « investisseurs » ?
Ce sont les gestionnaires de fonds, c’est-à-dire les grandes banques de la planète, qui gèrent l’épargne collectée auprès des entreprises, dont la trésorerie est positive, celle des pays qui engrangent des réserves de devises ou les particuliers. Le premier investisseur est aujourd’hui la Chine, qui dispose de 2.000 milliards d’euros pour intervenir ou bon lui semble, mais pas à n’importe quel prix. Personne, ni les banques, ni les pays, ni les particuliers, n’a envie de perdre sa mise. D’où un taux d’intérêt qui augmente quand la confiance dans le pays diminue.
Comment agissent les spéculateurs ?
Ils se focalisent sur un pays réputé fragile, prennent des positions financières à la baisse, suscitent des rumeurs et des articles de presse alarmistes (en particulier dans les journaux économiques britanniques et allemands, considérés les plus crédibles) et rachètent les obligations d’Etat dès qu’elles ont assez baissé. Comme tout se passe a crédit, ils peuvent gagner des milliards. Mais aussi les perdre, si leurs manipulations échouent.
Pourquoi la Suisse ne sera jamais attaquée ?
La Confédération helvétique a tout pour rassurer : un excédent budgétaire en 2009 de 1,8 milliard d’euros, une dette qui représente 45 % du PIB, un taux d’épargne des ménages de 13 %. Alors que même l’Allemagne peut avoir du mal à placer ses emprunts. Jeudi, Berlin n’est pas parvenu trouver preneur pour 6 milliards d’obligations à dix ans, le compteur s’est arrêté à 4,8 milliards dont 20 % ont été placés auprès de la Bundesbank. C’est un signe de défiance qui peut expliquer que la chancelière Angela Merkel se soit montrée soudainement plus confiante que jamais dans l’avenir de la zone euro, au moins dans ses déclarations.
A quoi servent le Fonds européen et le FMI ?
Cette mécanique implacable qui veut que l’on parvienne à se financer en fonction de la confiance que l’on inspire explique la mise en place du Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui se substitue aux Etats défaillants. Cela revient à aller chercher son père ou sa mère pour être caution d’un emprunt ou pour obtenir la location d’un appartement. Mis en place en juillet, il peut lever 440 milliards d’euros avec un taux d’intérêt proche des meilleurs.
Un pays peut-il faire faillite ?
Oui et non. Quand un pays renégocie sa dette avec ses créanciers on peut considérer qu’il a fait faillite. Il n’est pas en mesure de faire face à ces engagements immédiats. Dans cette situation, une entreprise dépose son bilan. La liquidation viendra ensuite si aucune solution de relance ne se dessine. Quand l’Irlande doit accepter la caution de l’Europe, on peut considérer qu’elle est en faillite.

Karachi : les auditions de Balladur publiées



Balladur: "Le financement en espèces n’a nullement été inventé par moi"

Le 28 avril 2010, Édouard Balladur accepte pour la première fois de s’expliquer devant les membres de la mission parlementaire qui enquête sur les circonstances de l’attentat de Karachi. Ce jour-là, l’ancien Premier ministre se défend d’avoir financé sa campagne présidentielle "de façon illégale par des rétrocommissions". Extraits d’un document secret que le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, refuse de transmettre à la justice mais que le JDD 

"Sur les causes de l’attentat qui a coûté la vie à onze de nos compatriotes, je ne suis pas en mesure d’éclairer la mission autrement que par les questions que je me pose […]. Quant à l’hypothèse avancée par quelques-uns, tenant au fait que des commissions qui auraient été promises à l’occasion de la signature, en 1994, du contrat prévoyant la fourniture de trois sous-marins au Pakistan n’auraient pas été intégralement versées à leurs bénéficiaires en raison de leur annulation par le gouvernement français en 1996, elle laisse perplexe : en 1996, si j’en crois ce qu’écrit la presse, la quasi-totalité de ces commissions aurait déjà été versée, ce qui limitait le préjudice subi par leurs bénéficiaires ; de surcroît, on a du mal à s’expliquer qu’un motif de cet ordre puisse entraîner, six ans après, en 2002, et par mesure de rétorsion, l’assassinat de onze Français. Je rappelle que je n’ai jamais été informé de l’octroi de commissions, que je n’avais pas à l’être car ce n’étaient pas des sujets qui étaient traités à Matignon […].
Si […] ma campagne avait bénéficié de rétrocommissions à hauteur de 10 millions de francs, cela constituerait un abus de biens sociaux au détriment de la DCN, délit imprescriptible, alors que le Conseil constitutionnel en a validé le financement par une décision du 12 octobre 1995[…]. Dans la période des années 1980-1990, le financement des activités politiques a connu de nombreux incidents judiciaires affectant tous les partis. C’est à cette situation que j’ai entendu porter remède en demandant au Parlement de voter la loi du 19 janvier 1995 relative à la transparence financière de la vie politique.

"Les sommes en espèces provenaient des collectes"

Elle prévoyait tout d’abord l’interdiction des dons aux candidats par des personnes morales autres que les partis politiques, c’est-à-dire par les entreprises; elle [réduisait] de 120 millions de francs à 90 millions de francs le plafond des dépenses autorisées. Cette disposition, introduite à ma demande, avait pour objectif de limiter les dépenses électorales pour éviter les débordements.
Tout cela est invraisemblable. La vérité est claire et simple : j’avais le droit d’utiliser un financement en espèces à hauteur de 18 millions de francs. Les sommes déposées au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle ont représenté 10 millions de francs, puis 3 millions de francs, soit un total de 13 millions de francs à comparer aux 18 autorisés […].
La réalité, c’est que le financement par espèces n’a nullement été inventé par moi, qu’il est autorisé à concurrence de 20% du total des dépenses, bien avant l’intervention de la loi de 1995, et que n’ont été utilisés par moi que les deux tiers de cette possibilité. Reste une question: ces espèces, d’où venaient-elles? […]. La vérité est claire et simple: les sommes déposées en espèces provenaient des collectes effectuées dans les centaines de réunions publiques et de la contribution personnelle de tous ceux qui soutenaient ma campagne […]."

Bouffonnerie rose

Pourquoi se font-ils ça, les socialistes, aux portes du pouvoir, qui délaissent la politique et les Français en ne parlant que d’eux-mêmes, leurs arrangements démentis à peine annoncés, leurs combinazioni pâteuses et leurs indignations surjouées?

L’épisode du pacte Aubry-DSK-Royal n’est qu’une bouffonnerie, mais une bouffonnerie signifiante. Elle en dit trop sur ce qui travaille les élites roses pour qu’on la laisse de côté.

Pour rappel. Episode 1: Martine Aubry, venue critiquer Fillon à la télévision, affirme une entente entre elle-même, "Ségolène" et "Dominique". Entre ce croustillant ménage à trois et la banalité de ses attaques envers le pouvoir, les médias choisissent.

Episode 2: chacun se détermine en fonction de ce "pacte". Hollande, Valls et Moscovici s’en indignent, Fabius l’approuve, et affirme au passage que Strauss-Kahn et lui avaient organisé le congrès de Reims pour faire élire Aubry, et on reste stupéfait de l’aveu : le congrès de Reims a eu lieu au début de la grande crise financière, lors du premier G20, un an après l’arrivée de DSK au FMI.

Episode 3: Ségolène Royal dément le pacte et toute manipulation. Il n’y avait donc rien? Mais ce rien, c’est eux. La première secrétaire est la première responsable. Annoncer une entente avec "Ségolène" et s’en faire démentir, c’est ridicule. Affirmer un pacte avec "Dominique", qui s’interdit d’intervenir pour l’instant dans la politique française, c’est maladroit ou indélicat. Ou bien Martine Aubry est la remplaçante attitrée et la porte-parole officielle de DSK, et il va falloir assumer. Ou bien elle abuse de sa parole, par malaise ou par orgueil, au risque d’affaiblir à la fois Strauss-Kahn et son parti.

Le PS a deux atouts dans son jeu. Un processus électoral qui politise les conflits : les primaires. Et un candidat hors sol et hors norme, virtuel mais plébiscité. Si DSK veut revenir, il n’y aura pas besoin de pacte pour s’imposer - mais devra, dans les primaires, affirmer sa vérité politique. Si le PS fait sans lui, la gauche y perdra en charisme, mais les primaires y suppléeront par la raison et la dialectique.

C’est dans cette tension, entre l’attente d’un sauveur et l’ascèse du débat, que s’égarent Martine Aubry et les socialistes. Incapables d’allégeance, ils n’osent pas les débats de fond ou les mélangent avec leurs préséances tactiques. Ils construisent un projet, mais se révèlent passionnés d’eux-mêmes, de leurs rivalités et de leurs mesquineries, comme ils l’ont toujours été. Et cette image s’impose quand le gouvernement, tout à l’état de grâce de Fillon, expose ses dossiers et ses réformes, et chaque ministre se gargarise de l’"intérêt général", sans être sérieusement contesté.

Cela ne change rien au besoin de justice du pays ni aux échecs de l’équipe en place. Cela n’efface pas le discrédit du président de la République, que les médias ont décidé de ne plus traiter que par la dérision. Mais la gauche aurait tort de se croire estimée par avance. La bouffonnerie du pacte ne vaut pas mieux que les amis pédophiles.

Nicolas Sarkozy cerné

Officiellement, la majorité est en ordre de bataille derrière son chef, Nicolas Sarkozy. La réalité est bien différente. Le chef de l'État se retrouve cerné. L'opération remaniement, destinée à lui donner un nouvel élan, a fait "pschitt". Le président est désormais en butte à de nouvelles forces prêtes à lui contester son pouvoir. Le maintien de François Fillon a acté l'absence de marge de manoeuvre de l'Élysée. Le ton du Premier ministre lors de son discours de politique générale, même s'il n'a pas soulevé d'enthousiasme sur la forme, a révélé un chef de gouvernement plus sûr de lui. Sans aller jusqu'à parler d'hyper-premier ministre, force est de constater qu'il ne se laissera plus marcher sur les pieds comme du temps où il n'était qu'un simple "collaborateur". Il apparaît même comme un recours possible en cas d'empêchement de Nicolas Sarkozy si ses sondages le donnaient durablement battu dans les grandes largeurs par ses adversaires socialistes pour la prochaine présidentielle.
L'entrée en force des UMP issus du RPR - à commencer par la désignation des deux ministres d'État, Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie, chiraquiens pur sucre - montre également les concessions que le chef de l'État a dû faire à la mouvance contre laquelle il s'était fait élire en 2007. La "rupture" n'est plus de rigueur. Ce dernier mot est en revanche devenu le leitmotiv d'un gouvernement, alors que Nicolas Sarkozy ne voulait encore récemment pas en entendre parler. Là aussi, il a dû plier.
Un président sous surveillance
Autre symptôme de son affaiblissement : la désignation de Jean-François Copé à la tête du parti présidentiel. Certes, le député-maire de Meaux jure ses grands dieux qu'il ne rêve que de la réélection du président. N'empêche qu'il s'est imposé, à l'occasion d'une OPA à laquelle l'hôte de l'Élysée n'a finalement pas pu s'opposer. Jusqu'au bout, il a été proposé à Copé d'entrer au gouvernement plutôt que de s'emparer d'un poste clef dans la République sarkozyste. Le président a dû se résoudre à la nomination d'un homme qui peut à tout moment peser contre ses choix. Il y aura, là aussi, au minimum un partage du pouvoir. D'autant que le test a été fait grandeur nature de l'influence du nouveau secrétaire général de l'UMP à l'Assemblée nationale : c'est son ami, Christian Jacob, qui a toujours refusé un ministère sous Nicolas Sarkozy, qui a été élu président du groupe, contre un radical soutenu en sous-main, en tout cas au départ, par l'Élysée. Certes, le chef de l'État peut espérer que François Fillon et Jean-François Copé ne se feront pas de cadeau, l'un et l'autre étant concurrents pour 2017, voire 2012 en cas d'accident. Il sera néanmoins obligé de compter avec eux. Sans oublier les états d'âme des centristes qui, même divisés, vont vouloir exprimer leur différence lors des votes des prochaines réformes au Parlement et peut-être avoir un représentant lors de la compétition de 2012.
Le président n'est pas seulement cerné par ses éventuels rivaux. Il l'est aussi par les affaires. À peine Éric Woerth était-il exfiltré du gouvernement qu'une procédure visant à le conduire en Haute Cour de justice était lancée. Et le dépaysement des dossiers Bettencourt à Bordeaux ne présage rien de bon, la juridiction de la ville d'Alain Juppé étant réputée très indépendante. Ne manquait plus que la bombe Karachi, qui éclate au nez du chef de l'État malgré l'absence de toute preuve de son implication dans les rétrocommissions. Ses réactions ulcérées ont donné le sentiment qu'il se défendait comme un coupable. Dominique de Villepin joue contre ses ennemis balladuriens, d'hier ou d'aujourd'hui. Et le juge Van Ruymbeke, qui a également un compte à régler avec Nicolas Sarkozy depuis l'affaire Clearstream, enquête avec une opiniâtreté qui ne peut qu'inquiéter le pouvoir. Ainsi, en moins d'un mois, le président se voit-il cerné de tous côtés. Seule consolation : les socialistes semblent renouer avec leurs vieux démons. Les sondages d'un jour ne seront pas forcément ceux du lendemain.

Royal dément un pacte avec Aubry et DSK

MADAME SINOQUE NOUS CAUSE.


Rio de Marseille ?


Renforcée par l’armée, qui a engagé six chars, la police brésilienne a réussi à reconquérir une favela de Rio de Janeiro que contrôlaient les bandes de narcotrafiquants. Les autorités voient leur détermination récompensée, mais nul ne se hasarde à assurer que ce succès est durable, et moins encore à prédire qu’il marque un retournement.


Avec un bilan d’au moins trente morts en quatre jours, les combats — le seul mot qui convienne — font redouter que le syndrome de l’extrême violence des gangs du Mexique ne contamine d’autres pays. Les paradis artificiels génèrent tellement d’argent que les pontes semblent désormais prêts aux pires extrémités pour protéger et étendre leur part de marché, et n’ont pas de mal à motiver leurs exécutants sur le terrain ; l’activité est plus lucrative — et moins fatigante — que la boulangerie ou la réparation automobile, et offre de surcroît une part d’aventure qui donne aux sans-grades l’illusion de s’élever au-dessus de l’horizon des bidonvilles.


Les traits du Brésil contemporain, cinquième puissance économique mondiale en devenir, ont leur rôle dans cette situation. Dans les favelas, plus touchées par la crise que par l’« émergence » du pays, les organisations criminelles trouvent un réservoir d’hommes de main et de « fourmis ». Dans les classes moyennes et dirigeantes qui, elles, profitent du décollage brésilien, se trouvent les consommateurs les mieux nantis pour soutenir la demande.


Tout cela paraît très loin et tellement caractéristique de ces pays du « Sud », que nous avons encore l’habitude de voir, avec nos lunettes du « Nord », dans un certain état de sauvagerie. Hélas, la série des règlements de comptes apparemment liée à la drogue, du côté de Marseille, la facilité avec laquelle plusieurs vies y ont été éliminées, résonnent comme une alarme. Les mêmes appétits peuvent produire les mêmes effets, et détruire les images les plus aimables.


Le Mexique est la terre des trésors incas, mais la guerre des gangs y a fait 7000 morts. Le Brésil, ce sont des plages dorées peuplées de créatures de rêve, mais la guerre des gangs y contraint l’armée à sortir ses blindés. Marseille, c’est la Bonne mère et la bouillabaisse, mais il ne faut pas sous-estimer les signes délétères…

Délinquants étrangers : la Suisse plus sévère ?

Les étrangers seront une nouvelle fois au centre d’un référendum, demain en Suisse. Il devrait se solder par le renforcement des expulsions des étrangers auteurs de crimes ou délits graves.

L’affiche montrant un mouton noir éjecté de la « prairie » helvétique a refait son apparition en Suisse. Elle avait été lancée, en 2007, par l’UDC, l’Union démocratique du centre, lors de la campagne des élections fédérales, qui s’étaient soldées par le renforcement de la droite populiste comme première force politique en Suisse. À l’époque, les stratèges en communication de l’UDC l’avaient affublée du slogan « Pour plus de sécurité ».
Aujourd’hui, l’affiche, volontairement provocante, appelle à voter oui à l’initiative populaire appelée sobrement « Pour le renvo i ». C’est toujours le même message aux relents xénophobes présentant les étrangers pas bien intégrés comme des criminels potentiels. Et, comme il y a un an pour le référendum sur l’interdiction des minarets, également initié par l’UDC, on s’achemine vers une nouvelle victoire de la droite populiste.
Retrait automatique du permis de séjour
Selon le dernier sondage, réalisé à dix jours du scrutin pour la radio-télédiffusion suisse SRG-SSR, 54 % des personnes interrogées se sont prononcées en faveur de l’initiative visant à priver du droit de séjour les étrangers condamnés pour meurtre, coups et blessures, viol, brigandage, trafic de drogue, trafic d’êtres humains, effraction. Elle prévoit également l’expulsion des étrangers qui ont perçu abusivement des aides sociales.
Le renvoi des étrangers criminels nés hors de Suisse est déjà possible et largement appliqué, notamment à Bâle (voir ci-dessous). Ainsi, selon le rapport de l’Office fédéral des migrations, 750 étrangers bénéficiant du droit de séjour ont été renvoyés en 2009 à la suite d’une condamnation pénale. Chiffre en forte hausse par rapport à 2008, où l’on avait recensé 615 expulsions d’étrangers criminels.
L’initiative de l’UDC va plus loin que la loi en vigueur, car elle prévoit le retrait automatique du titre de séjour et l’expulsion systématique pour les étrangers condamnés à plus d’un an de prison ferme, indépendamment de leur statut et situation familiale. Une mesure qui pourrait également toucher les étrangers de la deuxième génération et qui interviendrait par une simple procédure administrative. Et non plus, comme actuellement, sur décision du tribunal administratif fédéral, sollicité en recours et chargé de statuer si l’étranger criminel constitue un danger pour la Suisse ou reste intégrable.
69 % des détenus
Pour Hans Fehr, député zurichois de l’UDC, ces mesures sont une « nécessité ». Selon les statistiques controversées de la droite nationaliste « entre 60 et 80 % des délits » sont commis par des étrangers, qui représentent 69 % de la population carcérale en Suisse.
Pour contrecarrer l’initiative de l’UDC, le gouvernement fédéral et une majorité du Parlement ont présenté un contre-projet soumis au vote le même jour. Il prône aussi un durcissement du renvoi des délinquants étrangers en élargissant les motifs de renvoi à l’escroquerie d’ordre économique. Mais il préconise un renvoi en fonction de la gravité des faits, conformément au principe de proportionnalité.
Selon l’Office fédéral des migrations, le nombre d’expulsions serait multiplié par deux en cas d’adoption du contre-projet, et par quatre en cas de victoire, attendue, de l’initiative de l’UDC.

Footoir


Panique dans la foot français : « On est chez les Borgia », commente un dirigeant – ces Borgia n’étant pas, soit dit en passant, des joueurs de la Fiorentina. Tout part de la démission hier du directeur général de la Fédération, Jacques Lambert. Un type bien, dit-on de lui, et c’est même pour ça qu’il aurait préféré fuir les Borgia. Et tout revient au grand fiasco estival du foot français, à cette Coupe du Monde achevée dans un bus. On avait alors conspué les joueurs, mais il se confirme que leurs dirigeants ne valent pas mieux. On devrait donc peut-être les suspendre pour un match – ou plutôt les priver de déjeuner, leur match à eux. Ou encore les obliger à faire don de leurs primes à une association de chômeurs, en mémoire de Raymond Domenech… En attendant, comme un peuple lassé de ses politiques, les amateurs de foot boudent les stades. Triste footoir!

Urgence

Ce n'est pas un dossier politique, mais une urgence. Et elle aurait dû être traitée depuis longtemps.
Étrange oubli. Dans une société aussi individualiste que la nôtre, l'un des personnages centraux de notre univers quotidien a été laissé sans soin particulier, faute de moyens ou d'imagination. Son qualificatif est, en lui-même, vaguement dévalorisant. « Généraliste », cela résonne comme ordinaire. Rien ne distingue sa mission, de plus en plus complexe, pourtant, sinon une simple plaque de cuivre à l'entrée de son immeuble. Il est loin le temps où il avait cette dimension romanesque qui lui apportait cette autorité particulière dans la cité, au même titre que le maire ou le curé. Il n'a même pas sa place dans l'imaginaire télévisuel, contrairement au brocanteur.
« Le médecin de famille » - belle appellation pourtant - ne va pas bien. Son sort, notamment à la campagne, est devenu si peu enviable qu'il ne suscite plus guère de vocation. C'est qu'il n'incarne plus la noblesse du métier, celle qui nourrit l'ambition des étudiants en médecine, guidés par les lumières des blocs opératoires ou l'éclat des spécialités hautement rémunérées et socialement considérées.
A 22 euros la consultation (23 le 1er janvier, quel progrès !) on ne fabrique pas des héros modernes. Qui pourrait être encore candidat à des journées de 16 heures pour le salaire d'un honnête cadre moyen, sans plus ? La carte médicale répond par le vide. Les taches du territoire où l'on manque de médecins s'élargissent d'année en année. Un symptôme apparemment contradictoire dans une France qui continue de célébrer sa qualité de la vie comme un patrimoine national.
La revalorisation des généralistes proposée au président de la République par Élisabeth Hubert est forcément bienvenue. La modulation des actes qu'elle suggère répond, à première vue, à un constat de bon sens. Le diagnostic d'une banale gastro ne vaut pas, en temps, un bilan psychologique complet du patient, évidemment. Les tarifs à géométrie variable semblent, eux aussi, relever du bon sens. Peut-on pour autant découper en tranches les différentes interventions du praticien généraliste, c'est une autre problématique qui remet en question la dimension universelle du médecin. Du forfait, on passerait à la carte. Ça se discute mais une telle évolution comporterait aussi un risque de nivellement par le bas, et un renversement des valeurs : le patient, finalement, ne vaudrait que par le mal qui le fait consulter...
Il n'empêche. C'est un beau débat qui mérite d'être posé sans préjugés. Le diagnostic n'est qu'un début de réponse. Encore faudra-t-il que les finances de la Sécurité sociale permettent un vrai progrès libre de tout calcul économique ou... électoral. Une gageure ?


L'euro ne sera pas le peso !


Nos dirigeants au début de la crise déclaraient très fort : « Il faut que la politique s'impose aux marchés. Ils ont failli, mettons de l'ordre. » Eh bien, c'est le moment. Mme Merkel et M. Sarkozy, puisqu'il s'agit de vous deux, de vous deux qui portez l'Europe et l'euro dans vos bras, l'heure est venue de mettre de l'ordre.


L'euro survivra, aucun pays ne quittera la mon-naie unique, j'en reste convaincu (la chronique de la semaine dernière). La déclaration du président de la Deutsche Bundesbank, Axel Weber, mercredi 24 novembre, à l'ambassade d'Allemagne à Paris, selon laquelle « on ne peut pas faire machine arrière », est plus qu'un réconfort, c'est une preuve que, même outre-Rhin, le plus faucon des dirigeants du nid de faucons de Frankfurt am Main, ne l'envisage pas. « La spéculation ne pourra pas avoir de succès […]. Les attaques opportunistes vont cesser rapidement. » Voilà qui est dit.


Reste à prendre les décisions concrètes pour que ces paroles deviennent réalité. Or, depuis l'éclatement de la crise grecque au début de l'année, il faut reconnaître avec Dominique Strauss-Kahn que « les institutions européennes n'ont tout simplement pas été à la hauteur ». Les « attaques opportunistes » des marchés n'ont eu de répits que provisoires et, aujourd'hui, le combat tourne très mal : les capitaux fuient l'euro en masse. Un doute est mis, général et terrifiant, sur l'ensemble des dettes aussi bien privées que publiques. Une mécanique implacable est en marche, emballée, qui vise les plus faibles, les pays dits périphériques (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne). Cette mécanique aggrave tellement l'austérité qu'ils doivent s'infliger, qu'approche sérieusement le moment où les peuples vont se révolter.


Il est urgentissime de stopper cette crise et pourtant, à cause de bêtises, à cause des rétrécissements nationaux des regards, à cause de divergences fondamentales non résolues entre Français et Allemands, la logique des marchés l'emporte de jour en jour. Dans tout cela : l'Allemagne porte une responsabilité particulière.


Il faut lui dire amicalement mais nettement. Des bêtises ? Il faut ranger là la déclaration Merkel-Sarkozy sur les « restructurations » (le non-paiement) de certaines dettes, sans date, sans détail. Ils ont ouvert la boîte de Pandore et confirmé les pires craintes : oui, les Européens sont devenus des Latino-Américains, ils n'ont plus les moyens, ils vont faire défaut, les investisseurs ne seront pas remboursés, fuyons. Mme Merkel a raison sur le fond : il faut restructurer les dettes privées, celles des banques. Les contribuables ne doivent plus payer pour leurs crétineries, comme celles des banques irlandaise par exemple. Les actionnaires de ces banques sont irresponsables, à eux d'assumer leurs pertes. Mais faute de détails et de dates, voilà que la crainte de contagion d'une banque à l'autre s'est enflammée. Quelles pertes ? Pour qui ? Les chiffres les plus incertains ont circulé. On apprend aujourd'hui qu'on saura les détails en décembre. Bien tard.


En outre, le doute a aussi été mis sur les dettes souveraines. Est-ce que Mme Merkel envisageait une restructuration des obligations de l'Etat grec ? Bien entendu que non. Et on espère que cela n'arrivera jamais car la crédibilité de l'euro en serait affectée pour toujours. Au pire du pire on peut accepter un rééchelonnement partiel, mais surtout pas de vrai défaut. L'euro ne sera pas le peso !


Le regard national ? Que l'Allemagne ait inscrit dans sa loi constitutionnelle le non-refinancement des autres pays de l'euro est et sera un problème pour l'Union.


Les divergences ? On quitte ici la finance pour l'économie, nous voilà sur le fond. Au moment de créer l'euro, les hétérogénéités entre pays membres ne semblaient pas un obstacle : la même monnaie va rapprocher les niveaux de vie. Mettons des usines VW et Renault en Espagne. Ajoutons une surveillance de l'inflation, donc des déficits budgétaires et tout ira bien. Faux : cela ne s'est pas passé si simplement. Il y a eu dérapage budgétaire. Mais, plus important : il y a eu l'élargissement, puis la Chine, puis l'arrivée de pays encore moins chers. Conséquence : le rapprochement des niveaux de vie a eu lieu par le truchement de la demande, mais nullement par l'offre, les usines ou la productivité.


Ces pays ont vécu l'union monétaire à crédit, par des dettes. On résume ici beaucoup. Mais la conclusion est que l'économie est plus compliquée que dans les livres de Francfort. Il faut surveiller autre chose que l'inflation et les budgets, les banques par exemple ! Bref, il faut repenser la gouvernance de l'euro, les Français le demandent, trop confusément, mais justement. Paris et Berlin en sont assez d'accord en réalité, ils doivent le dire maintenant, clairement et sans plus de cafouillage.

Russie-Occident : perspectives inouïes

« Nous choisirons toujours l'Occident ! » Voilà ce qu'avait répondu le président Poutine, en visite en France, il y a quelques années, lorsqu'il avait été interrogé sur les choix fondamentaux de la Russie face aux éventuelles menaces venant du Sud et de l'Est.

Aujourd'hui, les choses se précipitent. Au sommet Otan-Russie de Lisbonne, le président Medvedev a déclaré vouloir participer au projet de bouclier antimissile européen qui avait pourtant braqué la Russie contre l'Amérique de George Bush. C'est donc que ce fameux bouclier, encore loin d'être au point, ne serait pas tourné vers la Russie, mais vers d'autres périls qui pourraient menacer aussi la Russie.

Contrairement au président français qui, ces derniers jours, ciblait le danger iranien, l'Otan s'est gardée de préciser d'où viennent les menaces. Cependant, tout le monde le sait, y compris les Russes. Ceux-ci, de plus, redoutent un échec occidental en Afghanistan car les islamistes triompheraient et pousseraient leur avantage en direction des minorités musulmanes de Russie et de ses pays voisins. Du coup, les Russes coopèrent directement, déjà, avec l'Otan en Afghanistan où ils ont eux-mêmes combattu. Ils ne s'y battent pas les armes à la main, mais conseillent et apportent des appuis techniques...

Par ailleurs, la Chine est très pressante sur la frontière sinorusse de Sibérie. On ne sait pas ce que sera le monde dans quelques décennies avec ces énormes puissances ascendantes, démographiquement et économiquement, que sont, par exemple, la Chine, l'Inde, l'Indonésie. Mais le monde peut être alors plus compliqué et d'autant plus que « la menace, c'est la prolifération des armes de destruction massive et des vecteurs balistiques » (1). Avec cette ouverture du président russe, on voit l'ampleur du retournement qui fait suite à la guerre froide.

Mais cela ne s'arrête pas là et Vladimir Poutine vient de lancer une nouvelle idée proprement révolutionnaire qui va dans le même sens. « Il a appelé à la constitution d'un espace de libre-échange, de Lisbonne à Vladivostok » (2) ! Un tel marché commun englobant l'ensemble du continent européen constituerait une force économique considérable et résoudrait bien des déséquilibres.

De quoi réfléchir et espérer

Ainsi l'Europe verrait nombre de ses approvisionnements assurés, notamment en énergie (gaz, pétrole russe), mais aussi en matières premières et, de plus, elle pourrait trouver de nouveaux débouchés. De son côté, la Russie profiterait des technologies occidentales et des savoir-faire européens qui lui manquent pour se développer comme elle le souhaite. L'alliance avec l'Otan rassurerait les États-Unis qui, ainsi, ne verraient pas, dans l'offre russe, une tentative pour détacher l'Europe de l'Amérique.

Si tout cela aboutissait, c'est un monde totalement nouveau qui apparaîtrait : l'Est et l'Ouest ne seraient plus opposés comme ils l'ont été depuis la fondation de l'URSS. Par contre, ne risquerions-nous pas de voir naître de nouvelles tensions entre ce vaste Occident, de Vancouver à Vladivostok, et le sud de la planète où bouillonnent des forces plus ou moins antinomiques, des tendances contradictoires, de nombreux conflits potentiels, de grandes misères inacceptables ?

Le président Bush voulait imposer la démocratie au Moyen-Orient par la force. Nous savons bien que celle-ci ne conduira à rien. En parallèle avec cette nouvelle donne évoquée ci-dessus, c'est grâce à la coopération Nord-Sud que la paix pourra s'affirmer.

Pour cela, il faut au moins deux choses : que les rapprochements évoqués entre les trois grands pôles, États-Unis, Union européenne, Russie, faisant peut-être surgir, un jour, un nouvel Occident, ne se fassent pas contre certains, mais pour l'entente entre tous. Et aussi que la Russie elle-même avance vite sur les chemins de la démocratie. Elle gagnerait alors la confiance de tous.

Mais, comme le disait un journaliste russe, ces jours derniers, elle a encore un long chemin à parcourir pour y parvenir car, en Russie, aux yeux du peuple, la loi, qui tombe d'en haut, est plus une menace qu'une sauvegarde. C'est ce que Vladimir Poutine appelait la verticalité du pouvoir, contrairement aux démocraties où la loi émanant du peuple est pour le peuple. Voilà qui donne à réfléchir, mais aussi à espérer.

(1) Général Abrial, La Croix, 23/11/2010.
(2) Bernard Guetta, France Inter, 26/11/2010.