TOUT EST DIT

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lundi 27 juin 2011

La retraite à 60 ans aura disparu vendredi

La réforme Sarkozy-Woerth entre en vigueur: l'âge légal passe à 60 ans et 4 mois et atteindra 62 ans en 2018.
C'est la fin d'une exception française controversée. L'effacement d'un symbole majeur de l'ère Mitterrand. Un trophée politique pour Nicolas Sarkozy. Une pierre angulaire de son quinquennat, comme droite et gauche ne manqueront pas de le rappeler lors de la campagne 2012, chacun à sa façon. Vendredi, 1er juillet, la retraite à 60 ans, instaurée il y a presque trois décennies, appartiendra au passé. Les Français doivent travailler quatre mois de plus avant de toucher une pension, première étape sur le chemin de l'âge légal à 62 ans.
 La mesure la plus visible de la réforme des retraites, votée à l'automne après des semaines de bataille parlementaire et une douzaine de grosses journées de manifestations, entre en vigueur. Elle se traduira par 100.000 départs en retraite en moins en 2011 rien que pour le régime général, selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav, salariés du privé).
Si ce changement a fait beaucoup parler, il ne contribuera que pour une petite part à la baisse du déficit des retraites, espérée cette année après le record de 2010. L'essentiel proviendra des hausses de prélèvement inscrites dans la même réforme: début d'alignement de taux de cotisation des fonctionnaires sur celui des salariés du privé, nouveau mode de calcul des exonérations de charges, relèvement à 41% de la tranche supérieure d'impôt sur le revenu, alourdissement de la taxation sur les stock-options, les retraites-chapeau, les dividendes, les plus-values mobilières et immobilières, augmentation du «prélèvement social» sur les revenus du patrimoine… S'y ajoutera, en 2015, une hausse des cotisations vieillesse, censée être compensée par une baisse des cotisations chômage.
Le tout doit permettre de ramener les comptes à l'équilibre en 2018 - année où l'âge légal aura atteint 62 ans. Car c'était la priorité absolue des rédacteurs du projet de loi (Nicolas Sarkozy, François Fillon, Éric Woerth et leurs conseillers): présenter un plan bouclé financièrement à 100%. Demander un effort aux Français mais leur assurer que cet effort réduirait à néant le déficit, à un horizon raisonnable (entre-temps, les brèches auront été colmatées en utilisant le Fonds de réserve des retraites de Lionel Jospin, au rythme de 2 milliards d'euros par an). Et pouvoir clamer que la retraite par répartition est sauvée.

Le plus dur a été fait

Certes, le schéma pourrait présenter des faiblesses: opposition et syndicats l'ont jugé bâti sur des hypothèses économiques trop optimistes. Et surtout, la reforme ne garantit l'équilibre que jusque 2020 ou 2021. Le rapport cotisants/retraités continuera à se dégrader et il sera probablement nécessaire de repousser encore le moment de la retraite. Les concepteurs de la réforme l'avouent. Mais ils ont le sentiment que le plus dur a été fait en faisant sauter le verrou des 60 ans.
Nos voisins et les marchés financiers partagent cette idée. C'est l'explosion des déficits provoquée par la crise, la peur de voir la dette française dégradée et ses taux d'intérêt flamber, qui a poussé le chef de l'État à lancer la réforme, en juin 2009, lors de son discours au Congrès de Versailles. Deux ans plus tard, la tempête que traverse la zone euro semble lui donner raison. «On ne connaît pas du tout ce que connaît la Grèce, pour plusieurs raisons: la première, c'est qu'on a commencé à faire des réformes très importantes, la plus emblématique étant celle des retraites, et donc on a montré qu'on était capables de faire les efforts nécessaires pour rétablir les finances publiques», constatait vendredi sur RTL Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France.


Ce que la réforme change pour vous :

62 et 67 ans : les nouvelles bornes
L'âge à partir duquel il est possible de toucher une pension de retraite, couramment appelé «âge légal», passera progressivement de 60 à 62 ans : quatre mois supplémentaires dès vendredi, puis quatre mois par an à partir du 1er janvier 2012. Les 62 ans seront ainsi atteints pour les assurés nés en 1956 et après. Pour les mêmes générations, l'âge permettant d'obtenir automatiquement une retraite à taux plein passera de 65 à 67 ans. Mais il reste possible d'atteindre le taux plein avant cette limite, à condition d'avoir validé suffisamment de trimestres. De ce point de vue, la réforme Sarkozy-Woerth ne fait que confirmer la réforme Raffarin-Fillon, qui pose le principe d'un allongement de la durée de cotisation selon l'espérance de vie. Cette durée sera ainsi bientôt portée à 165 trimestres.
Régimes spéciaux et fonction publique
Dans la fonction publique aussi, l'âge de la retraite passera progressivement à 62 ans. Toutefois, des exceptions importantes demeureront. Les agents en «service actif» (policiers, gardiens de prison, pompiers, contrôleurs aériens…) pourront partir à 52 ou 57 ans, soit deux ans plus tard qu'actuellement. La borne passera de 55 à 57 ans pour les infirmières ayant choisi de rester en «catégorie B», mais elle sera fixée à 60 ans pour celles qui bénéficieront de salaires plus élevés en passant en «catégorie A» (les infirmières en exercice qui ont opté pour cette possibilité et toutes celles qui n'ont pas encore commencé leur carrière). Les militaires conserveront la possibilité de partir à tout âge, mais au bout de 17 ans de service au lieu de 15 (27 au lieu de 25 pour les officiers). Enfin, les âges de départ en retraite seront décalés de deux ans également dans les régimes spéciaux mais à partir de 2017 seulement, c'est-à-dire au terme de la réforme lancée en 2008 à la SNCF et à la RATP.
• Pénibilité, carrières longues : les possibilités de départ anticipé
C'est la principale innovation: il sera possible de partir en retraite avant les autres (à 60 ans et à taux plein) au titre de la pénibilité du travail. Le dispositif sera ouvert automatiquement aux ressortissants du régime général et de la MSA atteints d'une incapacité de 20% ou plus, découlant d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail: intoxication, irradiation, électrocution, traumatisme…, mais pas accident de la route. Les assurés en incapacité de 10% à 20% pourront aussi en bénéficier mais à la condition d'avoir été exposé au moins 17 ans à des facteurs de pénibilité (port de charges lourdes, vibrations, produits chimiques, températures extrêmes, bruit, travail de nuit ou en 3×8…). Dans ce cas, ils devront apporter la preuve de cette exposition - par des bulletins de salaire ou contrats de travail par exemple - et une commission examinera le lien avec leurs lésions.
Le dispositif «carrières longues», qui permet de partir en retraite entre 56 et 60 ans, a aussi été prolongé et étendu aux personnes ayant commencé à travailler à 17 ans. La durée de cotisation nécessaire a cependant été allongée.
• Mères de 3 enfants et parents d'enfants handicapés
La retraite à taux plein restera définitivement fixée à 65 ans pour les parents d'un enfant handicapé. Elle est aussi maintenue à titre provisoire (jusqu'à la génération 1955) pour les parents de trois enfants et plus ayant interrompu leur carrière pour élever au moins l'un d'entre eux. Il faudra pour cela avoir travaillé au moins deux ans avant la naissance ou l'adoption et s'être arrêté au moins deux à trois ans après. En théorie ouverte aux pères, la mesure concernera en pratique quasi exclusivement des mères.
Extinction du «15 ans- 3 enfants»
Les mères de 3 enfants ayant travaillé 15 ans dans la fonction publique pouvaient jusqu'ici partir en retraite à tout âge. Le dispositif demeure pour celles qui réunissaient ces deux critères fin 2010 et avaient alors déjà 55 ans (50 ans pour les catégories actives). Celles qui atteindront les 15 ans et 3 enfants avant fin 2011 pourront toujours partir quand elles le souhaitent, mais à des conditions financières bien moins avantageuses dès vendredi. Enfin, cette possibilité sera supprimée pour les personnes ne remplissant pas encore les deux conditions fin 2011. Ce qui explique que la réforme se soit provisoirement traduite par… une envolée des départs en retraite! «18.880 départs de mères de 3 enfants sont intervenus au 1er semestre, soit le double des années précédentes», note Gérard Perfettini, directeur de la caisse de retraite des hôpitaux et collectivités locales. Idem chez les fonctionnaires d'État, où le nombre de départs anticipés devrait être de 10.000 à 11.000, soit deux fois plus que la normale.
Les règles des caisses complémentaires évoluent aussi
Transposer aux régimes de retraite complémentaire «toute la réforme, rien que la réforme» votée à l'automne. C'est le principe adopté par les syndicats et le patronat, qui cogèrent l'Arrco (caisse obligatoire des salariés du privé) et l'Agirc (caisse des cadres). Jusqu'ici, pour toucher une pension complémentaire sans décote, il fallait soit attendre 65 ans, soit liquider sa retraite à partir de 60 ans et avoir tous ses trimestres. Ces deux bornes seront ainsi repoussées jusqu'à 62 ans et 67 ans, au même rythme que pour le régime de base. Première étape, donc, vendredi. Les dérogations prévues par la loi (pénibilité, carrières longues…) seront aussi transposées.
Dès vendredi également, la valeur du point de retraite augmente. Outre un rattrapage pour les trois derniers mois (les hausses annuelles ont d'habitude lieu début avril), la revalorisation du point Arrco sera de 2,11%, compensant l'inflation. Celle du point Agirc, en revanche, n'atteindra que 0,41%. Il s'agit d'aligner le rendement du régime des cadres sur celui de tous les salariés, pour qu'il consomme ses réserves moins vite. Les rendements seront ensuite stabilisés de 2013 à 2015, mettant fin à vingt ans d'érosion presque interrompue. Une donnée importante, sachant que la retraite complémentaire représente 57% de la pension totale d'un cadre (29% pour un non-cadre)!
Les bonus pour familles nombreuses modifiés
Si la réforme Sarkozy-Woerth ne modifie aucun avantage familial ou conjugal (bonus de pension pour enfants, trimestres «gratuits» à la naissance, pensions de réversion pour les veufs…), l'accord entre partenaires sociaux remet, lui, à plat les majorations Agirc-Arrco accordées aux parents de familles nombreuses. Elles prendront désormais la forme d'un supplément de 10%, accordé à chaque parent de trois enfants et plus, dans la limite de 1000 euros à l'Arrco et autant à l'Agirc. La modification fera beaucoup de gagnants et de rares perdants chez les cadres à très hauts revenus et/ou à la tête d'une famille d'au moins quatre enfants. Jusqu'ici, en effet, l'Arrco accordait +5% aux parents de trois enfants et plus ; l'Agirc, +8% pour trois enfants, +12% pour 4 enfants, et ainsi de suite jusqu'à +24% pour sept enfants. Le changement ne sera pas brutal: il concernera les pensions liquidées à partir de 2012 et les points acquis avant cette date seront majorés selon les anciennes règles.
Enfin, la majoration de 5%, non plafonnée, accordée par l'Arrco aux salariés ayant encore un enfant à charge lorsqu'ils partent en retraite, est étendue à l'Agirc. Elle ne peut pas être cumulée avec celle pour famille nombreuse.

La fierté d'être comme tout le monde

Cette année, la marche des « fiertés lesbiennes, gaies, bi et transsexuelles », plus communément connue sous son anglicisme de Gay Pride s'est faite très politique, hier à Paris. À dix mois de la présidentielle et à l'amorce de la campagne, le mot d'ordre de ce défilé 2011 était sans équivoque : « Pour l'égalité, en 2011 je marche, en 2012 je vote. » Une revendication qui trouvait un écho d'actualité dans l'adoption « historique », vendredi à New York, par le Sénat de l'État d'une loi reconnaissant le droit au mariage homosexuel. Une revendication qui serait aussi majoritairement acceptée désormais en France, à en croire un sondage publié hier dans Ouest France. Il serait certes facile d'ironiser sur le fait qu'il n'y a plus aujourd'hui que les homos qui veulent se marier ; ou de s'étonner de l'hostilité farouche des milieux les plus conservateurs face à cette demande de mariage - rituel emblématique s'il en est du conformisme bourgeois et de la morale bien pensante… Mais qu'après le droit à la différence, les gays en viennent à revendiquer celui à l'indifférence est non seulement logique - et signe quand même d'une tolérance grandissante - mais aussi normal. D'un point de vue non plus moral mais civique, la demande d'égalité exprimée hier - dans ce qu'elle peut avoir de plus pragmatique et quotidien - mérite d'être entendue et débattue par la classe politique. Mais dans le cadre d'un débat serein. Ni la gauche, ni la droite ne gagneraient à surjouer et singulariser ce débat de société. Surtout face à des personnes qui attendent précisément d'être considérées comme tout le monde. Ni plus, ni moins.

Warm-up

«Recevoir un grand nombre de journalistes est un plaisir. Un petit nombre un ennui. Un seul d’entre eux, un supplice». Ainsi parlait de Gaulle, qui ne cachait pas ses préventions contre les tête-à-tête et son goût pour les conférences de presse, où son éloquence, ses réparties et la qualité de son français faisaient merveille. Nicolas Sarkozy, lui, pourrait renverser les termes de l’aphorisme. Curieusement, il ne s’est guère livré à l’exercice en dépit de la promesse qu’il avait faite en 2007. Il a pourtant des aptitudes exceptionnelles dans ce registre mais le chef de l’État le dit lui-même: il n’aime guère se «livrer à des centaines de journalistes». L’inconnu que suppose un tel grand oral, très peu pour ce passionné de la sécurité. L’assurance de pouvoir rester maître du jeu quoi qu’il arrive ne le rassure même pas.

Alors, il fallait y penser, l’Élysée a inventé la conférence de presse ciblée. Celle de janvier, fort réussie d’ailleurs, était limitée à la présidence du G20. Celle de ce matin restera cantonnée aux investissements du Grand emprunt, le plus souvent très pertinents. Il faut poser une question bien dans les clous. Toujours intéressant le show, mais il n’a guère de chance d’échapper à l’autocélébration, et ses contraintes dévoient le principe d’une libre confrontation entre le Président et la presse.

Au fond, personne n’est dupe. C’est bien à la première célébration d’autopromotion du candidat Sarkozy que nous allons assister ce matin. On va tourner les premières pages du catalogue des projets pour l’après 2012. Que du positif sans risque garanti par les ors du palais présidentiel. Même la date de l’événement médiatique est stratégique. Initialement prévu le 15 juin dernier, il a été opportunément placé la veille de la déclaration de candidature de Martine Aubry. Dans cette affaire, les coïncidences n’existent pas.

C’est de bonne guerre, mais guère républicain. Aussi innocent que le grand discours de Valéry Giscard d’Estaing à Verdun-sur-le-Doubs pendant la campagne des législatives de 1978. Cette conférence sera un excellent warm-up - ces tours de chauffe pour éprouver pneus et moteurs - avant que la présidentielle ne bascule cette semaine dans une phase décisive avec le saut dans le vide de Martine Aubry, l’éclosion du candidat vert, et le retour de Ségolène Royal, l’insubmersible...

Le président, lui, sera maître d’une prestation qui - outre l’information sacrée du pays - a pour objectif de soutenir la popularité toujours chancelante du chef de l’État. Redoutablement efficace dans cet exercice, il va montrer de quoi il sera capable dans les prochains mois. Une forme de délivrance pour le prince des campagnes. Il se transformera, l’espace d’un matin, en Monsieur Loyal de l’action du gouvernement. Sa réélection le vaut bien.

Préliminaires


L’élection présidentielle est, dit-on, la rencontre d’un peuple avec un homme – ou une femme. Un moment exceptionnel d’accordance des désirs, parfois d’ailleurs sans lendemain… L’échéance approche. Hier, Jean-Louis Borloo et Ségolène Royal nous ont confirmé leur désir d’avenir. Cette semaine, les socialistes ouvrent leur parade amoureuse, les écolos choisissent leur prétendant, et notre Président joue le mari sortant qui entend bien le rester. Déjà les gazettes, ces marieuses trop pressées, nous content le succès de tel ou telle, et impriment les bans. Mais ne nous y trompons pas : le temps des épousailles est loin. Les travaux d’approche sont à peine entamés, les préliminaires encore une rêverie sans objet. Les désirs s’expriment, mais le peuple n’est pas prêt pour la rencontre : il regarde, il observe. Lui sait l’affaire trop grave (cinq ans, c’est long) pour précipiter son choix.

Présidentielle : une semaine décisive

Tel présenterait un meilleur profil présidentiel ; telle remonterait dans les sondages... Le souvenir de ce que furent les cotes de François Mitterrand ou de Jacques Chirac avant un second tour devrait inciter à la prudence. À dix mois du scrutin, ce qui se dit tient plus de la spéculation de comptoir que de la déduction scientifique.

Deux raisons à cela. On ne peut pas parler d'intentions de vote quand on ne connaît pas tous les candidats ! Et on ne peut pas les départager tant que l'on n'est pas entré dans le match et que l'on ignore la météo internationale sous laquelle s'étaleront les projets.

Jean-Louis Borloo aura-t-il, comme il en distillait le message, hier encore à Épinay, le courage de repousser les arguments de Nicolas Sarkozy ? Dominique de Villepin obtiendra-t-il le soutien des banques pour risquer sa folle aventure ? Qui peut dire si Marine Le Pen résistera à la mise en pièces de son programme ?

Qui peut prévoir le résultat de la primaire socialiste, qui commence demain, et écologiste dont on connaîtra un premier résultat mercredi ? Qui peut distinguer ce qui oppose Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal ? François Bayrou peut-il réitérer la surprise de 2005 ? Et qui sait quand et à quel stade de la crise Nicolas Sarkozy se déclarera ?

En attendant, il faut se contenter de quelques constats.

La droite part de loin. L'antisarkozysme s'est cristallisé, jusqu'à la diviser en trois forces concurrentes : le FN, qui compte retrouver les déçus de 2007 ; l'UMP, tiraillée entre son courant « populaire » dur et sa mouvance humaniste ; les radicaux-centristes, qui parient sur le rejet du président sortant.

Mais cette « majorité », très minoritaire sans le Front national, peut retrouver du crédit dans la confrontation projet contre projet. Une élection se joue moins sur le bilan que sur la capacité à convaincre les hésitants que l'on ferait mieux que l'autre.

La gauche dans le vif du sujet

La gauche, majoritaire sur le papier, doit d'abord se choisir sans l'abîmer un visage susceptible d'incarner le pays et une ambition compatible avec la crise de la dette et l'explosion possible de la bulle spéculative en Asie et aux États-Unis. Cette menace rend toute largesse très périlleuse.

Cette gauche, organisée autour d'un PS restauré par Martine Aubry, devra démontrer son unité, sur le nucléaire et la dépense publique par exemple, et sa crédibilité, surtout en cas de coup dur. Le pire pour elle serait, comme Jacques Delors en 1982, d'être contrainte de décréter l'austérité au bout de quelques mois.

Voici que l'on entre dans le vif du sujet. Meeting de lancement de Ségolène Royal hier, d'Arnaud Montebourg ce soir, de Jean-Luc Mélenchon mercredi. Banquet républicain de Jean-Louis Borloo, hier, pour crédibiliser sa candidature. Remaniement gouvernemental après le départ probable, jeudi, de Christine Lagarde au FMI, avec l'espoir à l'Élysée d'embarquer le radical Jean Leonetti. Départage mercredi entre Eva Joly et Nicolas Hulot. Conférence de presse de Nicolas Sarkozy sur l'économie, ce matin, l'occasion de discréditer Martine Aubry, à la veille de sa candidature...

Cette semaine a tout d'une ligne de départ sur laquelle plusieurs compétiteurs peuvent croire en leur chance depuis que l'élimination de Dominique Strauss-Kahn a remis les compteurs à zéro.




L'Égypte abandonne ses demandes de prêts au FMI et à la Banque mondiale

L'opinion publique a fait pression sur le gouvernement.

L'Égypte abandonne ses demandes de prêts au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale, a déclaré, samedi, Abdelfattah el-Guebali, conseiller du ministre égyptien des Finances Samir Radwane. "Nous avons décidé de ne pas avoir recours aux prêts des institutions financières internationales", a-t-il affirmé. Cette décision a été prise après des "pressions de l'opinion publique", hostile à ces prêts, et la présentation d'un projet de budget pour l'année fiscale 2011-2012 prévoyant une réduction des dépenses publiques, a-t-il précisé. "Le gouvernement a suivi une politique de réduction du déficit budgétaire de l'État dans son dernier projet", a-t-il expliqué.
Pour financer son déficit, l'Égypte s'appuiera désormais sur des prêts locaux et sur les aides et dons, a-t-il ajouté. Le 5 juin, Samir Radwane, le ministre des Finances, avait annoncé qu'il avait obtenu l'accord du FMI pour un prêt de 3 milliards de dollars sur 12 mois devant l'aider à redresser l'économie de l'Égypte, fragilisée après la révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak en février. Le prêt, accordé à un taux d'intérêt de 1,5 %, devait servir à combler en partie un déficit budgétaire de 28 milliards de dollars.
"Fardeau"
Le gouvernement égyptien estimait entre 10 et 12 milliards de dollars les besoins de financement de la part de la communauté internationale d'ici la mi-2012, dont la moitié environ de la part du FMI et de la Banque mondiale. L'économie égyptienne, qui dépend en grande partie du tourisme, a été durement touchée pendant et après le soulèvement populaire de janvier-février. Des dizaines de milliers de travailleurs égyptiens en Libye, qui envoyaient de l'argent à leur famille en Égypte, ont, en outre, dû fuir le conflit dans le pays voisin. Mais l'annonce du prêt du FMI a suscité un débat et des inquiétudes face au "fardeau" du remboursement et des intérêts.
D'après l'Égypte, deux pays du Golfe vont aider au redressement de son économie : le Qatar avec des investissements de 10 milliards de dollars et l'Arabie saoudite, avec près de quatre milliards de dollars d'aide sous forme de prêts à long terme et de dons. Mercredi, Samir Radwane a rendu publics les chiffres du projet de budget, qui doit encore être approuvé par le Conseil suprême des forces armées, à la tête de l'Égypte depuis la démission de M. Moubarak.
Selon ce projet, l'Égypte table sur une croissance de 3 à 3,5 % sur l'année fiscale juillet 2011-juin 2012 et prévoit un déficit de 8,6 % du PIB, contre un déficit de 11 % dans une mouture précédente présentée il y a trois semaines grâce à une réduction des dépenses, qui s'établissent à 83,1 milliards de dollars. La révolte populaire du début de l'année qui a mis fin au régime de Hosni Moubarak a entraîné un fort ralentissement économique, après des années de croissance annuelle entre 5 et 7 % environ.

La Grèce s'apprête à avaler la pilule amère de la rigueur pour se sauver

Le gouvernement va tenter de faire voter un nouveau plan de rigueur à sa majorité.

  La Grèce va devoir cette semaine avaler la pilule amère d'un nouveau plan d'austérité, un an après un premier train d'économies, combattu dans la rue par syndicats et "indignés". Il s'agit de convaincre ses partenaires et créanciers de la sauver de la faillite.
Le gouvernement socialiste a fait part samedi de sa "totale confiance" dans la capacité du pays à franchir le pas, via l'adoption mercredi et jeudi prochain au Parlement, en principe dans l'après-midi, d'un nouveau plan pluriannuel de redressement et de sa loi d'application. "Il s'agit de votes extrêmement cruciaux, nous croyons que les députés de la majorité", 155 sur un total de 300, "assumeront leurs responsabilités", a relevé pour l'AFP son porte-parole, Ilias Mosialos. "Le Dieu de la Grèce est grand", a professé pour sa part le numéro deux du Pasok au pouvoir, Evangélos Vénizélos, propulsé au poste-clé des Finances le 17 juin.
Privatisations
Un rejet des textes menacerait le pays d'une "sortie de la zone euro, alors que notre choix national stratégique est d'y rester", a-t-il relevé. Pour juguler la grogne face aux mesures de rigueur qui combinent hausses d'impôts et privatisations à de nouvelles coupes dans les salaires des fonctionnaires, retraites ou allocations sociales, le Premier ministre Georges Papandréou a provoqué un vote de confiance au Parlement, qu'il a remporté mardi en faisant le plein des voix.
Evangélos Vénizélos a du coup pu boucler jeudi la copie grecque, à l'issue de rudes négociations avec les représentants de l'UE et du FMI, pour qui les précédentes versions ne garantissaient pas la totalité des économies visées, 28,4 milliards d'euros d'ici 2015. Les privatisations sont, elles, censées rapporter 50 milliards.
Protestations de la majorité
Deux députés socialistes ont publiquement menacé d'un vote négatif, protestant contre la privatisation d'Électricité de Grèce (DEI) et la tutelle jugée abusive des créanciers, zone euro et Fonds monétaire international. Pour "dire non" à des mesures "apportant une société misérable", les syndicats, GSEE (privé) et Adedy (fonction publique) entendent pour leur part faire battre le pavé à des dizaines de milliers de Grecs la semaine prochaine.
Leurs directions, par ailleurs issues de la majorité, ont appelé à une grève générale mardi et mercredi, exceptionnelle par sa durée, pendant les votes au parlement, tandis que se multiplient dans plusieurs villes les coupures de courant dues à la grève des salariés d'Électricité de Grèce.
Les "indignés" qui campent depuis le 25 mai sur la place centrale de Syntagma, appellent de leur côté les Grecs à encercler le Parlement. Si le plan passe, les ministres des Finances de la zone euro se retrouveront le 3 juillet à Bruxelles pour convenir de la poursuite de l'aide au pays, plombé par une dette de 350 milliards d'euros.
Les Indignés mobilisés
Cela conclurait une partie de poker menée depuis des semaines, sous l'oeil inquiet de Washington, alors que la Grèce a besoin d'argent frais d'ici la mi-juillet, mais que l'abandonner à un défaut pourrait être fatal pour l'euro. La zone euro et le FMI débloqueraient alors le versement, prévu au départ en juin, de 12 milliards d'euros, cinquième tranche du prêt accordé au pays en mai 2010. La cure d'assainissement lancée à l'époque en échange a réduit le déficit public de cinq points, à 10,5 % du PIB.
Surtout, la voie sera ouverte à ce que Evangélos Vénizélos qualifie de "garantie de la viabilité de la dette à long terme", soit une deuxième opération de sauvetage de la Grèce, associant nouveaux prêts, revenus des privatisations et participation volontaire des créanciers du secteur privé.
Georges Papandréou a estimé que son montant total devra être "similaire" à celui du premier, soit 110 milliards. À ce jour, la Grèce a touché 53 milliards du prêt de 2010. L'ampleur de cette rallonge et son coût politique pour les partenaires alimentent leurs exigences d'un ralliement de l'opposition de droite à la politique gouvernementale. Son chef Antonis Samaras campe toutefois sur son refus, ce qui vient de le faire passer devant les socialistes dans les sondages.

Luc Ferry, victime d'un "tsunami médiatique délirant"

Le philosophe sèche ses cours pour se consacrer au Conseil d'Analyse de la Société. Un club mondain dont l'utilité demeure incertaine.

"Je n'ai tué ni violé personne, je ne fais rien d'illégal, je travaille 15 heures par jour, pourquoi toute cette folie ?" Luc Ferry a le SMS lyrique. Le philosophe déborde d'indignation, depuis sa bourde fracassante au "Grand Journal", qui l'a propulsé à la une des médias et lui vaut une volée de bois vert. "L'être et le fainéant", a titré Le Canard enchaîné, dénonçant un "emploi fictif" et son statut de professeur des universités "détaché", payé par l'université Paris-VII, où il n'a plus mis les pieds depuis 1997.
L'intéressé a décliné notre demande de rendez-vous, mais s'épanche par textos. Il dénonce cet "acharnement malsain qui commence à être trop visible", déplore le "tsunami médiatique délirant qui s'est déclenché autour de sa modeste personne". Et plaide : "Ne trouvez-vous pas qu'on a assez parlé de moi?"
Pour vivre heureux, vivons cachés. Mais le problème de Luc Ferry c'est qu'il ne supporte justement pas de rester dans l'ombre. Avant l'affaire Ferry, personne ne s'intéressait aux 70.000 décharges de service public, un statut particulier qui a permis au philosophe d'être payé de 2005 à 2010 par l'université Paris-VII 4.390 euros net, en toute légalité (Matignon s'est engagé à rembourser l'université Paris-VII car ce statut a été supprimé en septembre 2010). "C'est vieux comme le monde, note une ex-éditrice aux PUF, la liste des intellectuels payés par la fac et ne prodiguant pas leurs cours est très longue !"
Un comité crée sur mesure pour lui
Et personne n'avait non plus scruté le Conseil d'Analyse de la Société (CAS), l'un de ces innombrables comités qui fleurissent dans notre belle République, créé sur mesure en 2005 pour recaser l'ex-ministre de l'Education nationale. Pour ce job, Ferry touche, en plus de son salaire, une indemnité de 1.800 euros, car "la présidence de ce conseil me prend beaucoup plus de temps qu'un service d'enseignements de 4 heures 30 hebdomadaires", textote-t-il.
Le CAS a tout d'un discret et chic club mondain, où l'on bosse, c'est vrai ("Le rapport sur le service civique était très bon", reconnaît Martin Hirsch), mais où, surtout, on fait fructifier ses réseaux. Très éclectique, la composition ressemble à celle d'un dîner en ville : les réunions plénières, une toutes les six semaines, ont lieu à l'heure du déjeuner, ce qui explique des frais de bouche, 10.000 euros annuels, le tiers des frais de fonctionnement. Au total, salaires compris, le CAS coûte, en réalité, 650.000 euros au contribuable.
La structure emploie quatre salariés, dont deux profs de philosophie, Claude Capelier et Eric Deschavanne : "Nous sommes ses disciples", reconnaît ce dernier. Les 32 autres membres du CAS, eux, sont bénévoles. Et plutôt assidus. Car au CAS, la conversation est agréable.
C'est l'occasion de croiser des sportifs (David Douillet en fit partie), des philosophes encore et toujours -outre les "disciples" de Ferry, on trouve Alexandra Laignel-Lavastine, sa biographe-, des religieux à tu et à toi avec le milieu politique comme le rabbin Korcia ou le père de la Morandais, la cinéaste Danièle Thompson, sa fille Caroline, psychologue... L'ancien ministre de l'Education a en fait reconstitué sa petite bande de fidèles.
Proche de Carla Bruni et des frères Bogdanov
Les réseaux... Issu d'un milieu modeste -son père, autodidacte, était mécanicien automobile-, Luc Ferry a des airs d'un Rastignac des temps modernes, qui a su se construire l'un des carnets d'adresses les plus chics de Paris. Cet acrobate est aussi à l'aise à gauche qu'à droite, où il réussit l'exploit d'être ami avec les Villepin et avec les Sarkozy...
Le chef de l'Etat chouchoute le philosophe, et lui a proposé d'autres places : un poste de député européen et le renouvellement au Cese (Conseil économique social et environnemental), autre job doré à 3.000 euros par mois, tous deux déclinés. La raison de ce favoritisme ? Luc Ferry est resté proche de Carla Bruni, une de ses anciennes conquêtes dont il est particulièrement fier.
Les frères Bogdanov, amis de toujours, se souviennent : "On faisait des soirées musicales chez nous où il venait avec Carla. Ils sont restés proches. Luc est un être profondément non conformiste. Comme nous." Et de rappeler avec émotion les vacances, il y a trente ans à Port-Grimaud, où Luc Ferry possède une villa. "On faisait de la guitare sur le port, il chantait "les Sabots d'Hélène". Nous aimions aussi beaucoup faire des petites saynettes improvisées en langage du XVIII esiècle..."
Ce sont les frères Bogdanov, qui, en 1997, ont présenté à Luc Ferry sa future femme, Marie-Caroline, lors de vacances à l'île de Ré. A son tour, en 2009, le philosophe a été témoin de l'union d'Igor Bogdanov avec Amélie de Bourbon-Parme... l'une des premières recrues du CAS.

 "Une diva parisienne"
"C'est un grand mondain faiseur d'histoires, une diva parisienne qui ne pense qu'à elle-même. A ses côtés, nous avons vécu un enfer", confie un ancien ministre. Les dîners du couple Marie-Caroline - Luc Ferry sont aussi célèbres que ceux de Madame Verdurin... Olivier Orban, éditeur et ami, s'insurge : "Paul Valéry était lui aussi un écrivain mondain, et il a eu des funérailles nationales. Luc Ferry est d'abord un philosophe. Son dernier ouvrage a été traduit partout, du Brésil à l'Allemagne. En France, il s'est vendu à 200.000 exemplaires !"
Soyons clairs, ce n'est pas avec ses indemnités du CAS que Luc Ferry s'enrichit. Mais ses multiples casquettes bénévoles (Conseil d'Analyse économique, Conseil national d'Ethique, Agence du Service civique, ou jadis du Comité Balladur) lui permettent de faire fructifier la "marque " Luc Ferry. On appelle cela le "personal branding".
Ses bouquins cartonnent. Les produits dérivés aussi : "Kant expliqué, un cours particulier de Luc Ferry", en quatre CD, est un best-seller. Luc Ferry est également chroniqueur star à LCI ou au Figaro : le journal profite d'ailleurs de sa tête de gondole pour sortir à l'automne une série de CD sur les philosophes. Vingt-quatre heures d'enregistrement en tout !
"Un bouc émissaire"
"L'âme déréglée est comme un tonneau percé à cause de sa nature insatiable", disait Socrate. Insatiable ? Le monde de l'entreprise ne cesse de le solliciter comme conférencier. Pierre Bellon, de Sodexo, qui préside l'APM (Association Progrés du Management) en a fait l'un de ses intervenants stars. Ferry peut aussi bien disserter de "la métamorphose des valeurs" pour la Banque populaire du Sud- Ouest que d'éthique devant le Rotary Club ou de "sens" devant des agents immobiliers...
L'une de ses dernières conférences, organisée par France Gestion, avait pour titre "Qu'est-ce qu'une rémunération juste ?" Bonne question. "Il me réclamait 10.000 euros pour une heure ! Je l'ai donc embauché une demi-heure pour 5.000 euros...", indique l'organisatrice d'un colloque. Une récente recrue du CAS nuance : "On est plutôt à 5.000 euros la conférence. Ça peut paraître beaucoup, mais un obscur gourou du management américain ne fait rien à moins de 70.000 dollars. Et en France, il est loin d'être le mieux payé."
Un ami prend sa défense : "Cette polémique est scandaleuse. Luc Ferry est un bouc émissaire." Le prix à payer pour son dérapage en direct ? "J'ai senti la catastrophe et je l'ai appelé juste après, dit une amie. Mais, lui, ne voyait pas du tout le problème." Comme si à trop se regarder dans le miroir médiatique, Narcisse en était devenu aveugle.

Grèce : un nouveau plan de rigueur pour éviter la faillite

La Grèce va devoir cette semaine pour convaincre ses partenaires et créanciers de la sauver de la faillite avaler la pilule amère d'un nouveau plan d'austérité, un an après un premier train d'économies, combattu dans la rue par syndicats et "indignés".

Le gouvernement socialiste a fait part samedi de sa "totale confiance" dans la capacité du pays à franchir le pas, via l'adoption mercredi et jeudi prochain au parlement d'un nouveau plan pluri-annuel de redressement et de sa loi d'application. "Il s'agit de votes extrêmement cruciaux, nous croyons que les députés de la majorité", 155 sur un total de 300, "assumeront leurs responsabilités", a espéré son porte-parole, Ilias Mosialos.
Un rejet des textes menacerait le pays d'une "sortie de la zone euro, alors que notre choix national stratégique est d'y rester", a relevé pour sa part le numéro deux du Pasok au pouvoir, Evangélos Vénizélos, propulsé au poste-clé des finances le 17 juin. Il rejoint l'analyse du milliardaire et investisseur George Soros, qui a jugé dimanche probablement inévitable qu'un pays finira par sortir de la zone euro.
UNION NATIONALE
Interrogé dimanche sur l'antenne de TV5 Monde, le président de l'eurogroupe Jean-Claude Junker a appelé l'opposition grecque à se joindre à l'union nationale. "Je pars du principe que ce plan sera voté", a-t-il déclaré.
Le premier ministre luxembourgeois a également estimé que "les Grecs les plus fortunés ne participent pas d'une façon exemplaire au sauvetage" du pays. "Le problème n'est pas que d'ordre budgétaire, il est aussi un problème d'Etat. L'administration grecque ne respire pas comme les administrations de nos pays", a-t-il déclaré :


GRÈVE GÉNÉRALE
Malgré les appels à l'union nationale, deux députés socialistes grecs ont déjà publiquement menacé d'un vote négatif, protestant contre la privatisation d'Electricité de Grèce (DEI) et la tutelle jugée abusive des créanciers, zone euro et Fonds monétaire international. Pour "dire non" à des mesures "apportant une société misérable", les syndicats, GSEE (privé) et Adedy (fonction publique) entendent pour leur part faire battre le pavé à des dizaines de milliers de Grecs la semaine prochaine. Leurs directions, par ailleurs issues de la majorité, ont appelé à une grève générale mardi et mercredi, exceptionnelle par sa durée, pendant les votes au parlement, tandis que se multiplient dans plusieurs villes les coupures de courant dues à la grève des salariés d'Electricité de Grèce. Les "indignés" qui campent depuis le 25 mai sur la place centrale de Syntagma, appellent de leur côté les Grecs à encercler le parlement.
Si le plan passe, les ministres des finances de la zone euro se retrouveront le 3 juillet à Bruxelles pour convenir de la poursuite de l'aide au pays, plombé par une dette de 350 milliards d'euros. Cela conclurait une partie de poker menée depuis des semaines, sous l'oeil inquiet de Washington, alors que la Grèce a besoin d'argent frais d'ici la mi-juillet, mais que l'abandonner à un défaut pourrait être fatal pour l'euro.
PAPANDRÉOU ATTEND UN PRÊT DE 110 MILLIARDS D'EUROS
La zone euro et le FMI débloqueraient alors le versement, prévu au départ en juin, de 12 milliards d'euros, cinquième tranche du prêt accordé au pays en mai 2010. La cure d'assainissement lancée à l'époque en échange a réduit le déficit public de cinq points, à 10,5 % du PIB.
Surtout, la voie sera ouverte à ce que M. Vénizélos qualifie de "garantie de la viabilité de la dette à long terme", soit une deuxième opération de sauvetage de la Grèce, associant nouveaux prêts, revenus des privatisations et participation volontaire des créanciers du secteur privé. M. Papandréou a estimé que son montant total devra être "similaire" à celui du premier, soit 110 milliards. A ce jour, la Grèce a touché 53 milliards du prêt de 2010.
L'EUROPE SE PRÉPARE AU PIRE
La zone euro se prépare au pire et fera face si le plan d'aide au gouvernement d'Athènes n'aboutit pas, a déclaré le ministre allemand des finances Wolfgang Schaüble dans une interview publiée dimanche.

"Nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter une escalade périlleuse pour l'Europe mais en même temps tout doit être organisé pour affonter le pire", a-t-il déclaré au journal Bild am Sonntag.
Schaüble a cependant adressé un avertissement au parlement grec pour le mettre en garde contre un rejet du plan d'austérité, ce qui aurait des conséquences majeures sur la stabilité de la zone euro. "Nous devons rapidement nous assurer que le risque de contagion à l'ensemble du système financier et à tous les Etats membres de la zone euro est sous contrôle", a-t-il dit.

Dénuement


Pour qui se prend-elle de jouer encore à la présidente, quand ceux qui disent l’opinion ne la calculent plus, ni les élites socialistes ni le peuple sondagier aux engouements éphémères? C’est la seule question qui vaille pour Ségolène Royal, à nouveau candidate depuis sa province, mais en simple apéritif de Sa nouvelle Majesté Martine Aubry… Sic transit?
On ne plaindra pas Ségolène : la solitude et le mépris lui vont bien au teint. Il ne s’agit que de ceci : quelle histoire se raconte-t-on et veut-on raconter. Ségolène Royal aux justes colères, Jeanne d’Arc contemporaine voulant racheter un pays délaissé, guerrière du paysan et de l’ouvrier licencié, et l’on a raison de séquestrer son patron… Cette Ségolène est enfin vraie dans le dénuement.

Il y avait quelque chose d’inadéquat dans le ségolénisme originel : elle était la colère en marche, mais aussi la candidate choisie de l’appareil du parti et de la social-démocratie éternelle. Soutenue par Solferino, et les élus locaux, les ambitieux et les médias de gauche, en dépit d’elle souvent : malgré ses démagogies, l’impréparation, les folies inspirées, mais aussi les promesses de révolution qu’elle pouvait porter. Ségolène était une ruse du vieux monde. Le savait-elle? Elle invoquait les femmes que l’on bat, elle voulait rendre à la France les enfants des banlieues, elle était le peuple et sa souffrance – mais derrière elle, ses notables se partageaient déjà les portefeuilles. Allons! On allait utiliser ses sondages et sa force, et l’on colmaterait les dégâts ensuite, à l’abri du pouvoir. Le mépris dont elle a souffert affleurait moins chez ses opposants que parmi ses soutiens : ceux-là redoutaient sa folie, et n’avaient que faire de cette greffe populiste sur une social-démocratie épuisée?

Royal a les mêmes défauts et les mêmes qualités qu’il y a cinq ans, plus mûre et précise pourtant, mais enfin délestée de la gangue courtisane. Le PS l’a expulsée de son cœur, et seuls lui restent des inconditionnels à l’amour détrempé. Les ambitieux comme les pragmatiques ont choisi d’autres aventures, au nom de la raison ou de leur intérêt. Il n’y avait pas que du calcul dans l’engouement pour la dame ; il n’y a pas, non plus, que de la lâcheté dans tous les reniements. Mais le résultat reste, quand le socialisme s’empresse chez Martine ou François, faute de Dominique : dans une France plus blessée que jamais, où la rage le dispute à l’abandon, Ségolène peut, à meilleur droit, s’identifier aux populations trahies, et se dire qu’elle leur ressemble.

Danger fratricide

La démocratie française va connaître une nouvelle avancée avec la primaire socialiste, qui va alimenter l’actualité politique pendant cent jours. Il faudra prendre toutes les précautions en matière de respect des opinions, notamment parmi les personnels communaux. Mais peut-être qu’un jour la droite aussi s’assiéra à la table de ce « casino des ambitions électorales » que raille François Fillon.

Le Parti socialiste s’impose une campagne à trois tours : le premier pour choisir un leader socialiste, le second pour s’imposer au premier tour entre le centre et la gauche de la gauche, le troisième pour tenter de battre Nicolas Sarkozy. Plusieurs millions de personnes se disent prêtes à voter.

Ce chiffre sera un premier indicateur. Mais ces primaires constituent en réalité un vrai danger pour la gauche.

Le PS part favori dans les sondages – une trentaine de points au premier tour – avec un président sortant dans le rôle du challenger. Mais depuis le retrait forcé de Dominique Strauss-Kahn, le jeu est ouvert. En dix-huit mois, François Hollande, qui vient de loin, souvent moqué, a réussi une spectaculaire percée. Il devance même la patronne du PS, Martine Aubry, avant qu’elle ne se déclare.

Le combat sera donc impitoyable. Déjà en 2007, une primaire, plus limitée, avait laissé des blessures vives. Elles ont empêché une campagne unitaire après la désignation de Ségolène Royal. L’été 2011 sera chaud. Les coups bas et les boules puantes risquent de venir de l’intérieur de la gauche. Elle devra compter sur Nicolas Sarkozy pour attiser les divisions idéologiques et personnelles.

Les socialistes peuvent poser sereinement des débats en leur sein. Ou bien s’entre-tuer pour arriver exsangues et divisés le 16 octobre sans pouvoir ensuite refaire leur unité. Avancée démocratique, ces primaires peuvent être une machine à perdre.

Sauvons la Grèce et croisons les doigts

Alors que la Grèce s'apprête à adopter de nouvelles mesures d'austérité selon les termes de son plan de sauvetage, les magazines britanniques estiment qu'il est fort à parier que la Grèce fasse faillite, emportant avec elle l'Europe tout entière. 
La Grève va-t-elle s'effondrer ? Finalement, peut-être, écrit Wolfgang Münchau dans Prospect, mais ce problème ne devrait pas concerner les responsables politiques d'aujourd'hui. "La zone euro repose sur trois piliers : l'ambiguïté, la fuite et le mensonge", tandis qu'une autre "trinité" européenne – "pas de sortie, pas de faillite et pas de sauvetage" est "selon toute logique, incohérente". L'UE continuera probablement de prêter à des pays pauvres comme la Grèce et l'Irlande jusqu'à ce qu'elle soit confrontée à un choix difficile : concevoir une politique plus étroite ou éclater. Mais pour l'instant, écrit Münchau, les responsables politiques vont probablement "esquiver jusqu'à ce qu'ils atteignent le point où il ne sera plus possible de le faire. Je parie que ce choix sera laissé à une autre génération d'hommes politiques. Leur décision déterminera si l'Europe, dans sa forme actuelle, continuera d'exister."
Si la Grèce s'effondre, écrit l'article de une de The Economist, ce serait un désastre pour l'Europe. Mais "l'Union européenne semble avoir adopté une règle nouvelle : si un plan ne marche pas, il faut s'y maintenir". Alors que la Grèce se prépare à adopter des mesures d'austérité pour répondre aux conditions de la nouvelle aide accordée par l'UE, "la stratégie de déni de l'UE – qui refuse d'accepter le fait que la Grèce ne peut pas rembourser ses dettes-  est devenue intenable pour trois raisons". D'abord les politiques internationales adoptées pour résoudre cette crise deviennent "toujours plus toxiques". Ensuite les marchés sont convaincus que "tenter de se débrouiller ne marchera pas". Enfin, "les peurs de la contagion sont croissantes et ne disparaissent pas". La seule solution, explique le magazine, "serait une restructuration méthodique de la dette grecque" : qui ne soit pas une panacée mais qui donnerait sa chance au pays. Mais "cette option n'est pas disponible avant très longtemps. Les responsables européens doivent tenter de la saisir tant qu'ils le peuvent".