TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 10 mai 2010

Deux sondages confirment l'embellie de la popularité de Nicolas Sarkozy

La hausse de popularité du président de la République se confirme selon deux sondages publiés lundi 10 mai. Nicolas Sarkozy gagne trois points de popularité en mai à 38 %, et François Fillon engrange un point à 48 %, selon un sondage Viavoice à paraître mardi dans Libération. Le chef de l'Etat voit les opinions favorables à son égard passer de 35 % à la mi-avril à 38 % les 6-7 mai. Les points de vue négatifs restent largement majoritaires, mais baissent de trois points à 59%.
Parallèlement, le chef de l'Etat obtient 41 % de bonnes opinions dans le baromètre IfOP pour Paris Match, contre 38 % au mois d'avril. Le premier ministre, François Fillon, fait mieux avec 65 % (+ 2 points), en huitième position du baromètre. Les principaux ministres de son gouvernement gagnent en popularité, portés pour certains par le Grenelle 2 de l'environnement, pour d'autres par la gestion de la crise dans la zone euro. La ministre de l'économie, Christine Lagarde, obtient 62 % d'opinions positives (+ 6). Le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, la devance avec 67 % de bonnes opinions (+ 5).

Très actif sur la scène internationale, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, (PS) est la personnalité politique d'opposition la plus populaire avec 57 % d'avis positifs (inchangé), selon le sondage Viavoice. Il dépasse le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, en baisse de trois points à 55 % et surclasse la première secrétaire du PS, Martine Aubry, qui abandonne 6 points à 47 %.

Hausse de la production industrielle en France

La production industrielle de la France a augmenté de 1 % en mars et de 1,6 % sur l'ensemble du premier trimestre, selon les données CVS-CJO (données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables) publiées, lundi 10 mai, par l'Insee. Le chiffre de février a été confirmé et reste inchangé. Dix-huit économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à une progression de 0,3 % en mars, leurs estimations allant de - 1 % à + 0,8 %.

La production manufacturière, c'est-à-dire hors énergie mais avec l'agroalimentaire inclus, a augmenté de son côté de 0,8 % en mars après une hausse révisée à 0,3 % (+ 0,4 % en première estimation) le mois précédent. Sur l'ensemble du premier trimestre, la production a progressé de 0,7 % dans l'industrie manufacturière. En incluant l'énergie, la hausse atteint 1,6 % pour l'ensemble de l'industrie. L'Insee signale aussi que la production manufacturière des trois derniers mois est supérieure de 4,7 % au point bas atteint il y a un an au premier trimestre 2009.

La production a baissé de 1,6 % dans l'automobile en mars et de 2,8 % dans les "autres matériels de transport", catégorie qui comprend notamment les constructions navale, aéronautique et ferroviaire, d'où un recul de 2,2 % pour l'ensemble des matériels de transport. L'Allemagne, principal partenaire commercial de la France, avait annoncé vendredi un bond de 4 % de sa production industrielle en mars.

Nicolas Sarkozy met en scène son retour sur le théâtre européen

Dimanche à 18 h 45, Nicolas Sarkozy a convoqué à l'Elysée le premier ministre François Fillon, le ministre du budget François Baroin, celui des affaires étrangères Bernard Kouchner, des affaires européennes Pierre Lellouche, le directeur de cabinet de la ministre de l'économie Christine Lagarde et Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement.
La presse guette une déclaration. Il n'y en aura pas. Et pour cause : les négociations sur la création d'un fonds d'assistance financière sont en cours à l'Ecofin de Bruxelles qui réunit les ministres des finances européens. Elles interdisent toute prise de position intempestive. Angela Merkel vient tout juste d'accepter le principe d'une garantie des Etats européens, alors que la délégation allemande plaidait pour des prêts bilatéraux sur le modèle de celui décidé pour la Grèce.

Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, se demande lui si le montant des garanties européennes suffira à stopper la spéculation. Nicolas Sarkozy vient d'avoir ses deux interlocuteurs au téléphone. Il s'est aussi entretenu avec Barack Obama, soucieux de voir l'euro remonter pour ne pas pénaliser les exportations américaines.

"CRISE SYSTÉMIQUE"

Dans ce contexte encore très mouvant, fallait-il vraiment réunir tous ces ministres ? "La réunion de l'Elysée était purement psychologique, pour montrer aux Français que Nicolas Sarkozy veille", décrypte un proche du président. De fait, il faudra encore six heures de discussions pour s'entendre sur les modalités du fonds européen d'assistance financière.

Depuis Paris, Xavier Musca, le conseiller économique de M. Sarkozy, est en contact avec Christine Lagarde qui négocie à Bruxelles et avec Ramon Fernandez le directeur du Trésor. C'est seulement à 1 heure que, rassuré, il cessera d'appeler Nicolas Sarkozy. L'accord entre Européens est scellé à 2 heures.

Depuis le sommet européen de vendredi, le président français orchestre son grand retour sur la scène européenne. Il cherche à prendre le leadership politique au moment où les institutions européennes démontrent leur faiblesse et où nombre de gouvernements sont fragilisés par les élections internes.

M. Sarkozy arrive au sommet avec une heure et demie d'avance et fait retarder le dîner de deux heures. Entre-temps, il multiplie les contacts téléphoniques et les rencontres avec les chefs de gouvernement : l'italien Silvio Berlusconi, le portugais José Socrates et bien sûr Angela Merkel. Le président français voit aussi Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, Herman Van Rompuy, le président de l'Union et M. Trichet.

Son analyse : l'Europe n'est plus seulement confrontée à la crise grecque. Elle vit "une crise systémique" qui appelle une "réponse systémique". La spéculation qui s'est déchaînée au cours des heures précédentes le sert. Elle a raison des réticences de Mme Merkel et de la prudence de M. Trichet.

Sur le fond, l'analyse de M.Sarkozy rejoint celle de Jacques Delors qui, dimanche à Bruxelles, fête tristement les 60 ans de l'Union européenne : l'Allemagne a trop tardé à réagir. Mais comme ce dernier, le président français refuse la politique du bouc émissaire.

Il joue à fond l'entente franco-allemande : "Il tenait absolument à préserver l'unité du couple et ne voulait pas donner l'impression de bousculer Angela Merkel", souligne un responsable de la majorité. C'est un changement total par rapport à 2008. A l'époque, M. Sarkozy n'hésitait pas à étaler sur la place publique les irritations que suscitait la lenteur de réaction du partenaire allemand face à la crise financière.

FRONT INTERNE

Sur les photos du week-end cependant, le couple s'affiche désuni : Angela Merkel a fait le déplacement à Moscou pour assister aux cérémonies du 65e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Nicolas Sarkozy, lui, a déclaré forfait.

Dès vendredi, à la sortie du Conseil européen, il a jugé la crise européenne trop grave pour faire le déplacement au risque de froisser Dmitri Medvedev, le président russe. Samedi, il annule officiellement son déplacement. "En période de crise, les Français préfèrent que leur président soit en France plutôt qu'à Moscou", fait valoir Franck Louvrier, responsable de la communication à l'Elysée.

C'est qu'une autre bataille se déroule sur le front interne. Le parfum de rigueur distillé par François Fillon, sur fond de crise européenne ne fait pas l'affaire de l'Elysée. Jeudi, le premier ministre a annoncé le gel des dépenses publiques pendant trois ans.

Vendredi, le chef de l'Etat a demandé à son premier ministre de contester le mot de rigueur pour ne pas fournir d'angle d'attaques aux syndicats conviés à l'Elysée lundi 10 mai pour un sommet social. "La rigueur, ce n'est pas du tout la politique du président et du gouvernement", indique Henri Guaino, le conseiller spécial du président dans un entretien au Figaro samedi.

Si Nicolas Sarkozy entend faire de l'Europe un tremplin pour rebondir, il ne veut pas donner l'impression que l'Europe dicte l'austérité à la France. Dans la majorité cependant, le mot n'est plus tabou. "Le mot que j'utilise, c'est celui de rigueur", a commenté lundi sur Europe 1 Jean-François Copé, le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale.
Françoise Fressoz, Sophie Landrin et Arnaud Leparmentier

"L'Europe a été attaquée, l'Europe a réagi"

Le fonds de centaines de milliards d'euros mis en place dimanche par les pays de l'Union européenne "est un grand pas en avant", a déclaré lundi 10 mai le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, en arrivant à Bâle pour une réunion des banquiers centraux. "De très importantes mesures ont été prises des deux côtés, de la part de l'Union européenne et de la part de la Banque centrale européenne", a-t-il jugé, ajoutant que le FMI serait "heureux d'apporter sa contribution" si on le lui demandait.
"Nous avons dit que nous ferions tout ce qui est nécessaire pour défendre la stabilité de l'euro. C'est ce que nous avons fait aujourd'hui", s'est félicité José Manuel Barroso devant un forum d'économistes à Bruxelles. "L'accord montre la détermination de toute l'Union européenne d'être derrière ses Etats membres lorsqu'ils sont sérieusement menacés par de sévères difficultés provoquées par des circonstances exceptionnelles dépassant leur contrôle", s'est-il réjoui.

PROTÉGER L'EURO

"Déjà les marchés asiatiques répondent de façon positive, donc j'espère que nous allons continuer à renforcer l'euro", s'est réjoui Miguel Angel Moratinos, le ministre des affaires étrangères espagnol, dont le pays assure la présidence de l'UE. "C'est un accord très positif" et une réponse "à tous ceux qui essaient de miner la situation économique et financière de l'UE" par des spéculations contre l'euro, a-t-il ajouté et "j'espère que ce sera la fin de la bataille" contre les spéculateurs.

Pour la chancelière allemande, Angela Merkel, le plan d'aide va permettre de "renforcer et protéger l'euro". "C'est un bon plan pour l'Europe, c'est un bon plan pour l'économie mondiale", s'est félicitée la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. "L'Europe a été attaquée, l'Europe a réagi. Et maintenant, voyons", a commenté de son côté le Français Bernard Kouchner, tandis que l'Italien Franco Frattini a estimé qu'il s'agissait d'un "résultat très satisfaisant", d'un plan "qui sera en mesure de bloquer la spéculation à l'échelle mondiale". Christine Lagarde a exprimé elle aussi sa satisfaction de voir les Bourses européennes grimper dans le sillage de l'accord européen. "Ce qui me réjouit surtout, c'est le collectif qu'on a réalisé dans la nuit, ça n'a pas été sans mal", a-t-elle ajouté.

Mais le ministre suédois Carl Bildt a averti qu'il ne fallait pas s'en tenir là. "Le succès du sauvetage d'aujourd'hui se décidera avec les réformes de demain", a-t-il souligné. "Il est de la responsabilité de chacun des gouvernements européens de gérer son économie d'une façon plus orientée vers les réformes", a ajouté M. Bildt, estimant qu'il fallait notamment "considérer avec beaucoup plus de sérieux le pacte de stabilité". Sinon, "nous devrons revenir à l'avenir à des plans de sauvetage".

Les pays de l'UE se sont mis d'accord à l'arrachée sur la mise en place d'un plan de secours historique allant jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro, si nécessaire, et endiguer une crise financière qui menace de gagner toute la planète. Cette enveloppe sans précédent dans l'histoire récente pour un programme de soutien financier, inclut des prêts et garanties des pays de la zone euro, ainsi que des prêts du Fonds monétaire international.

Les Bourses européennes s'envolent, dopées par le plan d'aide à la Grèce

Le vaste mécanisme de soutien aux pays de la zone euro en difficulté, annoncé dans la nuit de dimanche à lundi, rassurait les marchés en fin de matinée et profitait à l'euro et aux Bourses européennes, qui enregistraient de très fortes hausses. Toutes les places financières européennes ont nettement amplifié la hausse affichée à l'ouverture et prenaient jusqu'à plus de 11 %, après leur chute de la semaine dernière, tandis que l'euro remontait au-dessus des 1,30 dollar.

Vers midi, Paris gagnait 8,24 %, Lisbonne 9,77 %, Milan 9,57 %, Amsterdam 5,78 %, Londres 5,06 %. Le plus fort rebond se produisait à Madrid (+11,79 %). Francfort (+4,50 %) et Zurich (+4,08 %) s'affichaient également en forte hausse mais de manière moins marquée. L'Eurostoxx 50 s'envolait de 8,49 %. Un peu plus tôt, les Bourse d'Asie avaient les premières salué le plan européen : Tokyo a terminé en hausse de 1,60 %, Sydney de 2,35 %, Taipei de 1,29 % et Hong Kong de 2,54 %.

L'euro remonte et le taux des obligations se détend

L'euro est repassé au-dessus des 1,30 dollar lundi matin, affichant 1,3014 dollar, contre 1,2759 dollar vendredi soir. Il avait atteint jeudi son plus bas niveau depuis mars 2009 à 1,2523 dollar, à cause de craintes d'une contagion des problèmes financiers de la Grèce à d'autres pays de la zone euro. Le plan de secours européen a aussi calmé le tourbillon des marchés obligataires, où le taux des obligations d'État grecques à 10 ans enregistrait une détente spectaculaire . Vers 12 h 10, leur taux chutait autour de 6,8 %, un plongeon par rapport au taux de plus de 12 % atteint vendredi soir.

Sur les places boursières, les valeurs bancaires, qui avaient fortement chuté la semaine dernière, profitaient tout particulièrement du rebond, avec parfois des hausses de plus de 20 %. À Paris, Société Générale (+21,50 %) et Crédit Agricole (+21,19 %) dominaient la cote. À Francfort, Deutsche Bank était en tête (+10,06 %), devant Commerzbank (+8,54 %). À Madrid, Santander s'envolait de 20,01 % et BBVA de 19,79 %.

Dans la nuit de dimanche à lundi à Bruxelles, à l'issue de plus de onze heures de tractations, les ministres des Finances de l'UE se sont mis d'accord sur la mise en place d'un plan de secours historique pouvant aller jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro. Cette enveloppe inclut des prêts et garanties des pays de la zone euro, ainsi que des prêts du Fonds monétaire international (FMI). En outre six grandes banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque du Japon (BoJ), ont décidé de réactiver des mécanismes d'échanges (swap) de devises entre elles pour tenter de calmer les tensions sur les marchés. De plus, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé des "interventions" sur le marché obligataire de la zone euro, dont le contenu précis sera décidé ultérieurement mais qui devrait prendre la forme d'achats de titres obligataires.

Le Portugal et l'Espagne s'engagent davantage

Pour marquer encore plus leur bonne volonté et éteindre la spéculation, le Portugal et l'Espagne se sont engagés lundi matin à prendre des mesures d'économies supplémentaires pour réduire leur déficit. Les ministres européens des Finances avaient engagé une course contre la montre pour parvenir à un accord avant l'ouverture des places boursières lundi, afin d'éteindre l'incendie qui s'étendait dangereusement sur les marchés. Selon une source diplomatique, "c'est très proche du système mis en place pour la Grèce", pour qui 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans ont déjà été débloqués.

De son côté, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a estimé que cet accord était "un grand pas en avant" , en arrivant à Bâle pour une réunion des banquiers centraux. Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a pour sa part salué un "accord très positif" et une réponse "à tous ceux qui essaient de miner la situation économique et financière de l'UE" par des spéculations contre l'euro. "J'espère que ce sera la fin de la bataille" contre les spéculateurs, a-t-il ajouté.

Plan de stabilisation de la zone euro : les réactions des politiques

Réactions de responsables politiques et économiques au mécanisme de stabilisation financière annoncé lundi par l'Union européenne pour éviter une contagion de la crise grecque et à la décision de la Banque centrale européenne d'acheter de la dette publique et privée de la zone euro pour soutenir les marchés. (voir et )
DOMINIQUE STRAUSS-KAHN, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU FMI
"J'estime que tout ceci fonctionnera. La réaction des marchés est plutôt encourageante."
"Si un pays en Europe demandait l'activation du mécanisme européen de stabilisation, cela signifie que les Européens fourniraient des ressources, et si on nous demandait dans le même temps de mettre en place un programme du FMI, on le ferait amplement sur la base de deux pour un."
"Notre contribution se fera sur une base de pays par pays, par le biais de toute la gamme d'instruments que nous avons déjà à notre disposition."
"Nous prévoyons que notre assistance financière sera globalement dans la proportion de nos récents accords européens."
La participation du FMI au mécanisme européen est "dans l'intérêt de la communauté internationale en répondant aux défis actuels".
JOSÉ MANUEL BARROSO, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE
"La zone euro retrouve assurément la confiance (des investisseurs). Nos fondamentaux sont bons."
COMMUNIQUÉ DU GROUPE DES 20 (extrait)
"Le G20 va continuer de surveiller attentivement l'évolution des marchés internationaux et reste fermement engagé à continuer de travailler ensemble pour maintenir la stabilité financière mondiale et garantir une croissance mondiale forte, durable et équilibrée."
ANGELA MERKEL, CHANCELIÈRE ALLEMANDE
Ce plan "sans précédent" était nécessaire pour garantir l'avenir de l'euro.
"Demain (mardi), lors d'un conseil des ministres exceptionnel, nous approuverons le projet de loi nécessaire à la mise en place de ces garanties."
"Cependant, nous n'avons pas besoin de faire adopter la loi dans les deux ou trois jours, nous avons un peu plus de temps pour mener à bien les consultations."
CHRISTINE LAGARDE, MINISTRE FRANÇAISE DE L'ÉCONOMIE
"Compte tenu de la multiplicité des cartes qui sont sur la table, tous les joueurs qui sont ligués tous ensemble pour défendre l'euro, moi, je suis convaincue que le mécanisme va fonctionner."
"C'est un signal extrêmement fort envoyé aux marchés, que les Européens se battront pour l'euro. C'est clairement une coordination comme on n'en avait jamais vue pour indiquer de manière concertée que la musique s'arrête et que l'euro résiste."
ALISTAIR DARLING, MINISTRE BRITANNIQUE DES FINANCES
"Notre exposition (au mécanisme de stabilisation) pourrait être de huit milliards de livres sterling. Mais ceci seulement en cas d'un défaut à 100%."
PORTE-PAROLE DU MINISTÈRE IRLANDAIS DES FINANCES
"Dans les circonstances actuelles, il n'y a rien qui contraigne l'Irlande à recourir à n'importe laquelle de ces mesures. L'Irlande n'a aucun problème de financement immédiat."
(Alexandre Boksenbaum-Granier et Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)

Les marchés enthousiastes sur le plan anti-crise européen

L'ensemble des Bourses europénnes ont ouvert en très forte reprise après la création d'un plan de stabilisation de 750 milliards d'euros en lien avec le FMI.
Les chefs d'Etat attendaient avec impatience la réaction des marchés : elle très est positive. Les Bourses européennes ont ouvert en vive hausse lundi matin, après l'annonce de la mise en place d'un plan de secours historique par les pays de l'UE pour aider les pays de la zone euro et de mesures exceptionnelles par les banques centrales dans le monde.

Vers 9H15 (7H15 GMT), Paris gagnait 5,59%, Lisbonne 7,51%, Milan plus de 6%, Amsterdam 3,3%, Londres 3,34% et Francfort 2,91%, Madrid plus de 5%. La Bourse suisse engrangeait 2,43%, et Athènes flambait de plus de 7 % dans les premiers échanges. Le rebond s'est encore accentué en fin de matinée, Madrid gagnant 11,3 % à 11H15, Paris environ 8 %, l'Euro Stoxx 50, indice phare de la zone euro, 8,2 %. Londres, qui avait moins chuté la semaine dernière, prenait 4,5 %. Vendredi, à l'issue d'une semaine agitée, les places européennes avaient en effet toutes lâché plus de 3%, à l'exception de Londres (-2,62%). Les valeurs bancaires, particulièrement attaquées ces derniers jours, sont lundi matin les plus favorisées. A madrid, le titre Santander prenait par exemple 20 % en début de séance, à Paris, BNP Paribaset Crédit Agricole s'envolaient de 15 %. De son côté l'euro repassait au dessus des 1,30 dollar, à 1,3028 dollar.

Dans la nuit de dimanche à lundi, l'UE a décidé de mettre en place un plan de stabilisation de 750 milliards d'euros en lien avec le Fonds monétaire international. Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a estimé lundi que cet accord était «un grand pas en avant». Angela Merkel, à qui la crise grecque a sans doute coûté une défaite aux élections en Rhénanie du Nord, et la majorité au Bundesrat, a insisté lundi sur le fait que le plan allait «renforcer et protéger l'euro», et appelé tous les pays de la zone euro à consolider leurs finances publiques. Quant aux analystes, ils réagissent lundi avec un bel ensemble pour saluer la « prise de conscience » des pays membres de l'UE. Le rôle du Fonds, ainsi que celui de la BCE, la banque centrale européenne, sont appelés à croître après les décisions de ce week-end. Petite révolution, la BCE est ainsi être invitée à intervenir directement sur les marchés, en acquérant des titres souverains européens de pays en difficulté. Et les banques centrales nationales sont aussi mises à contribution : lundi, la Banque de france a annoncé avoir commencé à acheter des obligations d'Etat de la zone euro.

Au-delà du soulagement immédiat lisible sur les marchés, la majorité des économistes s'attachent à considérer que la bataille de la confiance ne sera véritablement gagnée qu'avec la mise en oeuvre de plans de réductions des déficits et des dettes publiques des pays membres de l'UE. « Les questions qui étaient posées et qui avaient engendré ces tensions ne sont pas dissipées, écrit Philippe Waechter lundi dans une note sur le plan d'urgence. Celles relatives à la croissance et à l'ajustement des finances publiques ne sont pas résolues et vont donc continuer de peser sur la dynamique globale de la zone euro et de l'Europe », estime le directeur de la recherche de Natixis. Lundi, la presse espagnole écrit que le gouvernement socialiste espagnol va économiser 15 milliards d'euros supplémentaires en deux ans, principalement au moyen d'un décalage des investissements. Ces mesures additionnelles pourraient permettre à Madrid, l'un des pays jusqu'ici en butte à la spéculation avec la Grèce et le Portugal, d'économiser un demi point de PIB de déficit supplémentaire en 2010 et un point en 2011. Le Portugal a justement indiqué ce week-end qu'il voulait aller plus loin dans ses objectifs de réduction budgétaire, et table désormais sur un déficit en 2011 à 5,1% du PIB contre 6,6% précédemment. En France même, le gouvernement a d'ores et déjà promis de mettre l'Etat au régime secpour les trois ans à venir.

Un parapluie géant européen, et après ?

Les dirigeants européens, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, les banquiers, les économistes, l’Europe entière a suivi de très près l’évolution des marchés ce matin. Ils ont été rassuré. Il est vrai que c’était une sorte de quitte ou double parce qu’on ne voit pas quelle serait le plan suivant si celui-là échouait. Ce plan devait répondre à trois questions qui avaient fait plonger les Bourses la semaine dernière (- 11% en cinq jours par exemple à Paris) : les manifestations grecques rendent-elles obsolète le sauvetage de la Grèce ? La contagion, et d’abord au Portugal et à l’Espagne est-elle inéluctable ? Le système bancaire va-t-il à son tour se gripper ? Le danger était en tous cas assez grand pour que Barack Obama demande aux Européens d’agir.

C’est ce qu’ils ont fait, avec une ampleur totalement inédite et inattendue. La première contreoffensive s’est jouée à Bruxelles. L’erreur commise depuis trois mois était de penser qu’il suffisait de faire une belle photo de famille et d’afficher l’unité européenne pour mettre un frein aux spéculations et aux inquiétudes. En fait, il fallait mettre ses armes et ses munitions sur la table, toutes ses armes. Pour la première fois, les Européens changent de dimension puisqu’ils ont décidé en 48 heures ce qui aurait pu mettre des mois (d’habitude) à décider. Et les montants sont considérables : 750 milliards d’euros qui viendront si nécessaire de l’Europe, des garanties des Etats, du FMI. Le plus nouveau, est le fonds d’urgence européen de 60 milliards. Jusqu’à maintenant, la zone euro en tant que telle pouvait apporter de l’argent à la Hongrie, mais pas à un membre de la zone euro. Elle le pourra. La solidarité financière devient concrète. Voilà pour le premier niveau.

L’autre niveau est peut-être en réalité le plus important. La mobilisation européenne est aussi celle de la BCE qui s’est réuni hier soir et qui a pris elle aussi des mesures exceptionnelles. Elle le devait : vendredi, les marchés du crédit ont commencé à se tendre et à se fermer entre les banques – exactement comme cela avait été le cas en septembre 2008, avant la faillite de la banque Lehman Brothers. Chaque banque s’est dit : dois-je prêter de l’argent à ma consoeur qui a des titres d’Etat grecs, portugais, italien et dont la situation n’est pas claire ? Sans crédit, pas d’économie. C’est pour cela que la BCE a annoncé non seulement qu’elle pourrait racheter des obligations des Etats en difficulté mais qu’elle alimenterait les banques en dollars. C’est ultra-technique, c’est quelque chose que Jean-Claude Trichet refusait jusqu’à maintenant, mais c’est essentiel.

Une seule question compte : cela va marcher ? A court terme, oui sans aucun doute – c’est massif, c’est marquant, c’est martial - . « On arrête de jouer », disent les politiques aux marchés. La solidarité l’emporte sur le chacun pour soi même s’il reste beaucoup de questions sur la façon dont tout cela fonctionnera.

Mais attention ! Ce parapluie géant qui permet d’acheter du temps ne résout pas le problème au fond, celui des déficits publics et de la croissance faible en Europe, n’exonérera pas, au contraire, de plans (de programmes) de rigueur sans précédent. Parce que chaque pays, désormais, regardera de près ce qui se passe chez ses voisins.



Dominique Seux

L'Europe espère avoir fait le plus dur pour défendre la zone euro

L'Europe espère avoir fait le nécessaire pour endiguer la crise financière qui menace la zone euro, en la dotant d'un mécanisme de secours sans précédent de 750 milliards d'euros auquel contribuera aussi le FMI, et avec une action concertée des banques centrales.

"C'est un accord très positif", et une réponse "à tous ceux qui essaient de miner la situation économique et financière de l'UE" par des spéculations contre l'euro, s'est réjoui lundi le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, dont le pays préside l'UE.

Grâce à cet accord, "toute tentative pour affaiblir la stabilité de l'euro échouera", a affirmé le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Les marchés réagissaient de façon positive lundi. Les Bourses européennes s'envolaient, et l'euro rebondissait au-dessus de 1,30 dollar. Les taux auxquels la Grèce doit emprunter à 10 ans enregistraient de leur côté une détente spectaculaire.

Les décisions prises vont permettre de "renforcer et protéger l'euro", s'est félicitée la chancelière allemande Angela Merkel.

"C'est un très bon accord pour l'Europe, et pour nous tous en Europe", a déclaré de côté le ministre des Finances britannique Alistair Darling.

Les ministres des Finances de l'UE se sont mis d'accord dans la nuit de dimanche à lundi, après plus de onze heures de tractations, sur la mise en place d'un plan de secours historique allant jusqu'à 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro si nécessaire.

Cette enveloppe sans précédent dans l'histoire récente pour un programme de soutien financier inclut des prêts et garanties des pays de la zone euro, ainsi que des prêts du Fonds monétaire international.

Le total se décompose en 60 milliards de prêts apportés par la Commission européenne et de 440 milliards d'euros de prêts et garanties par les pays de la zone euro, soit 500 milliards côté européen.

Le FMI s'est engagé de son côté à apporter une contribution additionnelle de 250 milliards sous forme de prêts.

"Ce qui a été fait hier par les Européens est réellement un grand pas en avant", s'est réjoui le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn.

La Banque centrale européenne a fait également un geste en décidant d'intervenir pour soulager le marché de la dette en zone euro.

Les banques centrales de la zone euro ont commencé lundi l'achat d'obligations d'Etat européennes, ce qui revient à leur prêter de l'argent.

Les Européens étaient au pied du mur pour trouver une solution pour défendre la zone euro, alors que la crise grecque menace d'emporter dans son sillage d'autres pays de la zone euro comme le Portugal ou l'Espagne, mais aussi de déstabiliser les marchés mondiaux.

Signe de l'inquiétude généralisée, les principales banques centrales mondiales, y compris la BCE et la réserve fédérale américaine, ont annoncé dans la nuit des actions concertées et exceptionnelles pour calmer les marchés, en améliorant notamment l'approvisionnement en dollars de l'Europe.

C'est la première fois que les banques centrales ont recours à une telle action concertée depuis les plus forts moments de la crise financière mondiale en 2007-2008, quand elles avaient agi ensemble pour tenter de relancer le marché du crédit paralysé.

Les Européens ont par ailleurs décidé de renforcer leur discipline budgétaire. L'Espagne et le Portugal se sont notamment engagés à prendre rapidement des mesures supplémentaires "significatives" pour réduire leurs déficits en 2010 et 2011.

Le gouvernement portugais a indiqué lundi qu'il tablait désormais sur un déficit en 2011 à 5,1% du PIB contre 6,6% précédemment.

Le gouvernement espagnol devrait de son côté économiser 15 milliards d'euros en deux ans, surtout en retardant des investissements, a souligné la presse espagnole.

Par Sophie LAUBIE

Les marchés saluent dans l'euphorie le plan de sauvetage de 750 milliards d'euros

Les marchés boursiers s'envolaient lundi matin, apparemment rassurés par les 750 milliards d'euros mis sur la table pour soutenir la zone euro, un plan de soutien massif qui s'est doublé d'une intervention concertée des principales banques centrales du monde.

Symbole de ce retournement des marchés, l'euro a repassé le seuil symbolique des 1,30 dollar, s'échangeant à 1,3028. Jeudi, la monnaie unique avait atteint son plus bas niveau depuis mars 2009 face au billet vert à 1,2523 dollar, en raison de craintes quant à une contagion des problèmes financiers de la Grèce à d'autres pays de la zone euro.

L'Asie, premier continent où les places financières ont rouvert après l'annonce du plan de sauvetage, l'a salué avec des hausses de 1,60% à la Bourse de Tokyo ou 2,35% à Sydney.

Puis, à la mesure de leur effondrement toute la semaine dernière, les places européennes se sont envolées à l'ouverture. Plus de 8% à Paris et Bruxelles, plus de 7% à Athènes et Vienne, 4,5% à Stockholm, 4,03% à Francfort et plus de 5% à la Bourse de Londres, pourtant contenue par les incertitudes de politique intérieure.

Le rebond le plus spectaculaire a été enregistré dans les trois pays les plus attaqués la semaine dernière: plus de 9% à Milan et Lisbonne, plus de 11% à Madrid.

Autre signe de détente, le taux des obligations d'Etat grecques sur dix ans, qui conditionne le coût auquel Athènes peut se refinancer sur les marchés, a chuté à quelque 6,6%... contre plus de 12% vendredi.

Pendant tout le week-end, chefs d'Etat et de gouvernement puis ministres des Finances européens ont travaillé pour présenter avant l'ouverture des bourses les "mesures énergiques pour redonner confiance aux marchés" demandées par le président américain Barack Obama, intervenu face au risque d'extension mondiale de la crise.

Au final, après 11 heures de discussions, c'est un plan de sauvetage d'une ampleur inédite qui a été annoncé dans la nuit de dimanche à lundi. Jusqu'à 60 milliards d'euros de prêts de la Commission européenne aux éventuels pays en difficulté de la zone euro; jusqu'à 440 milliards en prêts et garanties via un organisme spécial; jusqu'à 250 milliards d'euros de prêts additionnels du Fonds monétaire international.

Pour faire bonne mesure, la Banque centrale européenne fait également un geste en acceptant d'intervenir pour soulager le marché de la dette en zone euro, dans la tourmente du fait des doutes des investisseurs sur la capacité de nombreux de pays à rembourser.

Concrètement, la BCE devrait procéder à des achats de titres obligataires d'Etats, ce qui revient à leur prêter de l'argent. La banque centrale allemande a de son côté commencé à le faire dès lundi.

Côté Etats, le Portugal et l'Espagne, perçus comme des "maillons faibles" par les marchés, ont promis des mesures supplémentaires pour réduire leurs déficits. Le gouvernement grec devait lui détailler lundi son programme contesté de réforme des retraites, avec notamment des allongements de durée de cotisation.

Enfin, en réponse à l'internationalisation de la crise, partie de craintes d'un défaut de paiement de la Grèce étranglée par une dette et des déficits abyssaux, les principales banques centrales mondiales, dont la BCE, la Bank of Japan et la Fed américaine, ont annoncé une action concertée pour approvisionner en dollars des banques européennes affectées par la chute brutale du taux de change de l'euro.

Ces efforts conjoints inédits ont été salués par les politiques, dans l'espoir qu'ils étouffent enfin la crise.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui a longtemps hésité à s'engager, s'est réjouie d'un plan pour "renforcer et protéger l'euro", qui a été "attaqué", et a de nouveau appelé ses partenaires à la discipline budgétaire. Mme Merkel a d'ailleurs subi dimanche un revers électoral dans lequel l'aide à la Grèce, très critiquée dans son pays, a certainement joué un rôle.

"Un grand pas en avant", s'est de son côté félicité le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn. Un "bon accord pour tous en Europe", a jugé le ministre britannique des Finances Alistair Darling, dont le pays a toutefois refusé de s'associer directement au mécanisme de soutien à l'euro.

"J'espère que ce sera la fin de la bataille" contre les spéculateurs "qui essaient de miner la situation économique et financière de l'UE", a souhaité le ministre espagnol des Affaires étrangères, dont le pays assure la présidence de l'Union.

A quoi jouent les agences de notation ?, par Patrick Jolivet

La semaine qui vient de s'écouler a vu les agences de notation financière dégrader les notes attribuées aux dettes de différents Etats européens, à la suite de la crise grecque. Ce sont non seulement la Grèce, mais également l'Espagne et le Portugal qui ont subi une diminution de leur note souveraine. Le premier de ces pays voyant même désormais sa dette classée comme "spéculative" par Standard & Poor's. Il n'est pas question ici de rappeler l'enchaînement des événements de ces dernières semaines, les phénomènes de croyance et de contagion sur les marchés étant désormais bien connus. Par contre, il n'est pas inutile de s'interroger sur le rôle et l'importance - paradoxale nous allons le voir - des agences de notation dans la régulation financière.
Apparues il y a un siècle aux Etats-Unis (la première note fut délivrée par Moody's en 1909), les agences de notation ont pour objet de réduire ce que les économistes appellent les asymétries d'information sur les marchés financiers : entre des émetteurs de dette ayant tout intérêt à garantir leurs capacités de remboursement et des investisseurs ne disposant pas toujours des équipes d'analystes pour étudier dans le détail les émissions, les agences fournissent une opinion sur la capacité des émetteurs à ne pas faire défaut. Ce terme d'opinion (émise par les agences), est particulièrement important : le premier amendement de la Constitution américaine protégeant la liberté d'expression. Retenons de ce premier point que les notes publiées par les agences ne sont que des opinions et non des labels ou autres garanties scientifiques.

Ces opinions émises sont censées, évidemment, être indépendantes. Personne n'imaginant que les notes puissent dépendre de la tête, ou plutôt du portefeuille, du client. Or c'est précisément ce qui a été reproché aux agences lors de la crise des subprimes, même si le problème n'est pas nouveau : depuis les années soixante-dix, les agences sont rémunérées par les émetteurs (qui les sollicitent pour noter leur dette ou leurs opérations), alors qu'elles l'étaient auparavant par les investisseurs (qui leur déléguaient une partie du travail de traitement de l'information). On estime aujourd'hui que 90 % des revenus des agences proviennent des commissions facturées aux émetteurs de dette. Avant la crise des subprimes, près de 50 % du revenu des agences provenait des produits structurés… Produits dont elles avaient, en amont, contribué par leurs conseils à la structuration ! Retenons ici que la question de l'indépendance des opinions émises par les agences fait question, du fait des conflits d'intérêt liés à leur modèle économique.

"ENCADRER L'ACTIVITÉ DES AGENCES"

Il en découle directement une interrogation sur la fiabilité et la portée prédictive des notes. Une fois encore, cette interrogation n'est pas nouvelle, les agences n'ayant su anticiper, ni la crise de 1929, ni son évolution au cours des années trente. Plus proche de nous, rappelons que Standard & Poor's et Moody's notaient la société Enron en catégorie "investissement" quatre jours encore avant que la société ne se place sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Le même constat peut être fait pour Lehman Brothers, noté "A" au moment de sa banqueroute à l'automne 2008. Une troisième remarque s'impose ici : les agences sont le plus souvent incapables de prédire les risques et ne font que suivre les marchés. Elles aggravent donc les crises (ou favorisent les bulles spéculatives) par leur comportement pro-cyclique.

Face à ces constats, le plus étonnant tient au rôle que jouent aujourd'hui les agences sur les marchés financiers. Alors qu'elles n'ont fait l'objet pendant longtemps d'aucune régulation les concernant directement, elles ont bénéficié de différentes réglementations financières, qui leurs ont conféré ce que certains ont appelé un rôle de "quasi-régulateur". Cela a commencé dans les années soixante-dix, lorsque la SEC américaine a accordé aux grandes agences un statut officiel. Entrés en vigueur en 2007, les accords de Bâle II utilisent les notes des agences pour le calcul des fonds propres imposés aux banques. Sur les marchés, les investisseurs exigeant un niveau minimum de rating pour la sélection de leur portefeuille sont nombreux. La Banque centrale européenne elle-même ne prête aux banques commerciales qu'en échange d'actifs notés en catégorie "investissement".

Ces limites sont bien connues, et les autorités de régulation des deux côtés de l'Atlantique ont, depuis 2008, pris des dispositions pour encadrer l'activité des agences. La gestion des conflits d'intérêt, la transparence et la robustesse des méthodes, et la diligence dans le traitement de l'information ont été renforcées dans les textes. La crise de la dette grecque nous invite cependant à aller plus loin : que les agences de notation financière, qui n'ont pas spécialement brillé par leur perspicacité dans la période récente, puissent déstabiliser un Etat et, partant, l'ensemble de la zone euro, doit nous conduire à nous demander si le développement (durable) de nos économies dépend réellement des ratings plus ou moins indépendants émis par des acteurs bénéficiant d'une rente sur les marchés financiers. Politiques européens, encore un effort : l'évaluation de notre maîtrise des risques à long terme est chose trop complexe pour dépendre des opinions émises par les seules agences de notation.

Patrick Jolivet, responsable de la recherche chez BMJ Ratings, une agence de notation sociale et environnementale, et chercheur associé au laboratoire Erasme, Ecole centrale de Paris.

Internet : un enjeu de politique internationale, par Bernard Kouchner

En 2015, trois milliards et demi de personnes - soit la moitié de l'humanité - auront accès à Internet. Jamais la liberté de communication et d'expression aura connu une telle révolution. Mais quel usage sera-t-il fait de ce nouveau media ? Quelles nouvelles dérives, quels nouveaux barrages seront mis en place par les ennemis d'Internet ?
Les technologies modernes apportent le meilleur et le pire. Les sites et blogs extrémistes, racistes, diffamatoires diffusent en temps réel des opinions détestables. Ils font d'Internet un outil de guerre et de haine. Des sites sont attaqués, des internautes recrutés sur les forums pour des projets destructeurs. Des mouvements violents s'introduisent dans les réseaux sociaux à des fins de propagande et de désinformation.

Il est bien difficile pour les démocraties de les contrôler. Je ne partage pas la croyance naïve selon laquelle, par nature, une nouvelle technologie, aussi performante, aussi puissante soit-elle, fera partout nécessairement progresser la liberté.

Mais tout de même, ces dérives constituent l'exception. Internet, c'est surtout l'outil le plus formidable de mise à bas des murs et des frontières qui enferment. Pour les peuples opprimés, privés du droit de s'exprimer et de décider de leur avenir, Internet apparaît comme un atout inespéré. Une information notée ou filmée sur un téléphone peut être diffusée dans l'espace virtuel planétaire en quelques minutes. Il est de plus en plus difficile de cacher une manifestation publique, un acte de répression, une atteinte aux droits de l'homme.

Dans des pays autoritaires et répressifs, le téléphone portable et Internet font naître une opinion publique et une société civile. Ils donnent aussi aux citoyens un instrument d'expression essentiel, en dépit de tous les contrôles.

Cependant, la tentation répressive est toujours là. Le nombre de pays qui pratiquent la censure sur Internet, qui surveillent et punissent les internautes pour délits d'opinion, progresse à un rythme inquiétant. Internet peut se retourner contre le citoyen, devenir une source de renseignement redoutable pour traquer en amont l'opposant potentiel. D'ores et déjà, certains régimes se dotent de technologies de surveillance de plus en plus sophistiquées.

Si tous ceux qui sont attachés aux droits de l'homme et à la démocratie refusent de transiger avec leurs principes et défendent un espace Internet qui garantit la liberté d'expression, cette répression sera rendue plus difficile. Je ne parle pas d'une liberté absolue ouverte à toutes les dérives, dont personne ne fait la promotion, mais de la vraie liberté, celle qui est fondée sur le principe du respect de la dignité de la personne et de ses droits.

Depuis quelques années, des institutions multilatérales comme le Conseil de l'Europe, des organisations non gouvernementales comme Reporters sans frontières et des milliers d'individus, à travers le monde, s'impliquent fortement sur ces enjeux. Preuve s'il en faut que la question n'oppose pas l'Occident au reste du monde, pas moins de 180 Etats réunis dans le cadre du Sommet mondial sur la société de l'information ont reconnu la pleine applicabilité à Internet de la Déclaration universelle des droits de l'homme, en particulier de l'article 19 qui établit la liberté d'expression et d'opinion. Cependant, une cinquantaine d'Etats ne respecte pas ses engagements.

A l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, j'ai réuni cette semaine des journalistes, des responsables d'ONG, des intellectuels, des entrepreneurs et des experts. Cet échange a conforté ma conviction que les pistes sur lesquelles nous souhaitons nous engager sont les bonnes. Je pense à la création d'un instrument qui permettrait, à un niveau international, de suivre les engagements pris par les Etats et de les interpeller quand ils manquent à leur parole. Je pense à l'aide aux cyberdissidents, qui doivent bénéficier du même soutien que les autres victimes de répression politique, et à la nécessité de leur manifester publiquement notre solidarité en étroite concertation avec les ONG qui développent des actions en ce sens. Je crois aussi qu'il faut réfléchir à l'opportunité d'adopter un code de bonne conduite pour l'exportation de technologies destinées à censurer et traquer les internautes.

Ces pistes comme d'autres - par exemple, la protection des données personnelles sur Internet, le droit à l'oubli numérique pour tous promu par ma collègue Nathalie Kosciusko-Morizet - doivent être poursuivies dans un cadre associant administrations, sociétés civiles et experts internationaux.

Un autre projet me tient à cœur. Il sera long et difficile à mettre en œuvre, mais il est essentiel : donner une traduction juridique à l'universalité d'Internet, lui conférer un statut qui le rapproche d'un espace international, afin qu'il soit plus difficile pour les Etats répressifs d'utiliser l'argument de la souveraineté contre les libertés fondamentales.

L'enjeu est capital. Je crois qu'une bataille d'idées est engagée entre, d'un côté, les tenants d'un Internet universel, ouvert, fondé sur la liberté d'expression et d'association, sur la tolérance et le respect de la vie privée et, de l'autre, ceux qui voudraient transformer Internet en une multiplicité d'espaces fermés et verrouillés au service d'un régime, d'une propagande et de tous les fanatismes.
La liberté d'expression est "la base de toutes les autres libertés". Sans elle, il n'est point de "nation libre", disait Voltaire. Cet esprit des Lumières, qui est universel, doit souffler sur les nouveaux médias. La défense des libertés fondamentales et des droits de l'homme doit devenir la priorité de la gouvernance d'Internet. Elle est l'affaire de tous.

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes.

Indécisions

Le fonctionnement de l’économie est aux yeux de beaucoup incompréhensible. Les médias évoquent des marchés, tantôt rassurés, tantôt affolés. Les politiques eux-mêmes désignent à la vindicte des opérateurs financiers peu soucieux du bien commun. Mais qui se cache derrière ces marchés ? Qui sont ces opérateurs qui semblent jouer avec les cours des monnaies et les taux d’intérêt, sans se préoccuper des conséquences pour les populations les plus fragiles si l’on doit réduire les salaires et les prestations sociales ?

Les marchés se veulent être au service de l’intérêt général en donnant une information sur la confiance qu’ils accordent ou non à un pays, à sa capacité de faire face à ses échéances. Mais ne connaissant pas la notion de frontières, la situation économique et sociale des pays ne les préoccupe pas. Anonymes et aveugles, ils ignorent les manifestations de colère, les débordements de violence, même quand ils débouchent sur des morts d’hommes.

Devant l’aveuglement des marchés, les responsables politiques européens eux-mêmes semblent désarmés. Il leur aura fallu trois mois pour arriver à une décision forte concernant la Grèce. Un délai largement exploité par les opérateurs financiers qui ont pu anticiper cette indécision pour prendre des positions qui leur étaient favorables.

Certes on ne saurait attendre des décideurs politiques la même réactivité que les marchés. Et on ne saurait non plus reprocher aux financiers d’être d’abord préoccupés par leurs intérêts – qui sont aussi pour partie les nôtres comme clients de services bancaires ou d’assurance. Mais on peut regretter les tergiversations de ces derniers mois qui ont coûté si cher à la Grèce.

De ces événements, une leçon est à tirer : face à la puissance et à la réactivité des marchés, une Europe forte est nécessaire. On a cru que l’euro suffirait à renforcer le projet européen en rendant les économies plus interdépendantes. Mais cela n’a pas suffi. L’instrument monétaire commun est même devenu le talon d’Achille d’une Europe dont le projet politique n’est plus lisible. Cette situation est imputable aux responsables politiques qui eux, contrairement aux marchés, ne sont pas anonymes.



Dominique Greiner

Rigueur

Nommer les choses serait les faire exister. Chut, donc… Personne parmi les chefs d’État ou de gouvernement ne prononcera clairement le mot de rigueur. C’est encore tabou. Seuls les Grecs, grevés de dettes, ou les Luxembourgeois, qui s’inquiètent pour leur prospérité, parlent de courage et d’austérité…

Mais il arrive aussi que les choses existent avant qu’elles soient clairement nommées. En France, les interventions de François Fillon, mercredi soir à la télévision, puis jeudi, ont ainsi dissous les derniers non-dits : le premier ministre a prédit des « décisions difficiles » dès le budget de 2011. Sans entrer dans les détails, il a annoncé le gel absolu de la dépense publique, et a chiffré à 5 milliards d’euros le rabotage qui sera opéré dans les niches fiscales. Et n’a guère laissé planer de doutes sur sa volonté de réformer en profondeur les retraites. Pour l’Europe, Angela Merkel avait annoncé la veille devant le Bundestag, et en mettant tout le poids de l’Allemagne dans la balance, que le pacte de stabilité serait réformé « de telle sorte qu’il ne puisse plus être violé ». Ces interventions ne sont en fait que le reflet de tout ce qui se prépare chez tous ou qui a déjà été engagé chez nos voisins les plus menacés, Grèce, Portugal, Espagne, par exemple.

À vrai dire, la nécessité d’agir n’est plus discutée. C’est l’urgence des mesures à prendre qui fait désormais débat. Et le retard pris face à la crise grecque l’a aggravée. Les tergiversations inutiles ont, explique Jacques Delors, « ravivé la spéculation et nourri l’euroscepticisme ». Le déni devant les mesures à prendre par d’autres que les Grecs ne ferait qu’affaiblir encore un peu plus ceux que la même monnaie unit.

Rien ne sert pourtant d’annoncer la contagion, de promettre à tous le destin de cancre de la classe euro. Mettre de la rigueur, au sens rigoureux du mot, là où elle avait fini par manquer, devrait suffire pour parer à l’urgence. Après, les réformes pourront commencer à se déployer dans leur totalité. Pour qu’elles soient efficaces, il faut qu’elles soient équitables, accompagnées d’un contrôle renforcé des marchés financiers et d’une politique des revenus cohérente. Il ne suffit pas de promettre de serrer la vis pour faire un économiste responsable.

Euroexigence


Vaille que vaille, en cette fin de semaine, l’Europe a tenté d’éteindre les brasiers divers allumés par la crise grecque. Chefs d’État et de gouvernement, ministres des finances de la zone euro, Commission, Banque centrale, ministres compétents dans chacun des pays, tout le monde s’est activé pour que lundi débute moins mal que n’avait fini vendredi… Cette mobilisation a consisté pour l’essentiel à tenter de parer les coups spéculatifs et à accroître encore l’assistance financière aux plus fragiles pour éviter la plongée générale. Les responsables européens ont franchi un pas de plus avec la volonté de mettre en place un fonds de soutien, qui reposerait notamment sur des emprunts contractés par la Commission.

Est-ce ce qu’il fallait faire ? Est-ce assez ambitieux ? Ces questions resteront encore ouvertes un moment. Mais une chose est sûre : ce bricolage décidé dans l’urgence, sur fond de fébrilité des marchés, ne jette pas encore les bases d’une gouvernance en Europe dont l’absence s’est fait cruellement sentir. Comment faire coexister autour d’une même monnaie des gestions aussi extrêmes que le laxisme grec et la rigueur allemande, en passant par toutes les nuances intermédiaires des choix nationaux ? Il faudra bien un jour une politique économique commune pour faire vivre la politique monétaire.

À ce stade des discussions, les mânes de pères fondateurs ou les témoignages de grands anciens servent à rappeler que, si l’Europe a changé en passant de 6 à 27, l’idée de solidarité assumée reste au cœur de cette construction originale. La refuser, même pour un bref instant, creuse les déficits en temps de crise. L’Allemagne a eu du mal à comprendre qu’il n’y avait pas d’alternative au soutien à Athènes, les Grecs, à imaginer que l’euro n’était pas simplement une rente.

De spasmes en spasmes, cette crise aura ainsi appris deux choses aux Européens. Un : il n’y a guère d’autre choix que d’assumer une destinée commune. Deux : hésiter a pour effet mécanique de doubler la facture. Non seulement l’Europe unie impose de faire bien, mais aussi de faire vite. C’est l’euroexigence. On commence aujourd’hui ?


François Ernenwein

Mobilisation générale !


Comme un soldat qui sort des tranchées pour affronter le feu ennemi, l'euro s'apprête à vivre aujourd'hui une des journées décisives de sa courte histoire. Malmenée par la crise grecque, la monnaie unique est depuis plusieurs semaines victime des spéculateurs. Durant tout le week-end, les seize pays membres de la zone euro, et les autres membres de l'Union européenne, ont travaillé pour apporter une réponse à cette faiblesse structurelle. Tout le monde est mobilisé, y compris outre-Atlantique où Barack Obama suit de très près la riposte européenne.

Le totem étudié par les seize pour calmer les marchés s'articule sur trois fronts. D'abord, un fonds de stabilisation de 60 milliards octroyés par la Commission européenne, afin de créer, enfin, un mécanisme collectif de soutien. S'il devient réalité, ce sera un grand pas pour l'Union monétaire, compte tenu de l'absence criante de gouvernance économique qui a prévalu jusqu'ici. Ensuite, pour avoir un effet massue sur les spéculateurs, les Européens, avec le concours du FMI, prévoient un gigantesque plan de garanties allant jusqu'à 440 milliards d'euros, l'Allemagne souhaitant fixer un toit. Enfin, une ligne de crédit de 100 milliards. Du jamais vu. Suffisant pour rassurer les places boursières ? Les prochaines heures nous le diront.

Au moment de la naissance de l'euro, l'idée d'un mécanisme d'entraide avait été évoquée, notamment par les tenants d'une Europe plus fédéraliste. Mais un autre vent soufflait déjà à l'époque. Inquiète des mauvaises habitudes de certains pays membres en matière budgétaire, l'Allemagne, notamment, s'y était opposée.

Il y a encore quelques jours, contrairement à Paris, Berlin continuait à refuser l'idée d'un fonds de solidarité. Pour ne pas froisser une opinion majoritairement hostile à toute aide à Athènes, Angela Merkel a tout fait pour retarder l'adoption de mesures communautaires. Au risque d'allonger un peu plus, par ses tergiversations, une addition déjà salée.

Le motif invoqué, c'était notamment le vote prévu hier en Rhénanie du nord Westphalie, le plus grand Land de la fédération allemande. La chancelière ne voulait pas céder sur un dogme pour ne pas perdre une élection. Ce dimanche, elle a perdu et l'un et l'autre.

La fragilisation du gouvernement Merkel, dépourvu désormais de majorité au Bundesrat, est un mauvais signal pour l'Europe, déjà en manque de leader. Les nouvelles fonctions instituées par le traité de Lisbonne n'ont rien apporté en terme de gouvernance. À Londres, le vote britannique, qui n'a pas accouché d'une majorité claire, ajoute à la confusion. Dans chaque capitale européenne, on s'interroge surtout sur le meilleur moyen de préparer, et de présenter aux électeurs, une politique d'austérité de plus en plus incontournable.

Or, une monnaie unique exige un certain nombre de conditions sans lesquelles elle est exposée au massacre du poker menteur que sont les marchés financiers. Une convergence des politiques fiscale et économique. Une confiance tangible entre partenaires. Le fonds de stabilisation est nécessaire dans l'urgence, l'énorme plan de soutien soutenu par Berlin aussi. Ils indiquent aux marchés que l'Europe n'est à court ni de ressources ni d'entraide. Mais ils ne seront pas pour autant suffisants, car c'est d'une nouvelle architecture dont l'Europe a besoin. Pendant et après la tempête.

DEMENAGEMENT - Evitez la galère !

Le mois de juin approche, et pour les expatriés, c'est souvent synonyme de mutations, fêtes de départ et déménagement. Difficile quand on fait ses cartons d'échapper au stress et à la fatigue. Selon plusieurs études, un déménagement est même le 3e facteur de fragilisation après le deuil et le licenciement. Pour éviter les galères, deux mois avant la date fatidique, il est déjà temps de mobiliser toutes vos capacités d’organisation et d’anticipation

Déménager, c’est faire le ménage dans ses affaires et dans sa vie. Que l'on quitte un pays étranger pour retrouver la France ou que l'on parte vers l'inconnu, lorsqu'on fait ses cartons, ce n’est pas seulement des objets que l’on trie. Bibelots, albums photos, vêtements… quelques souvenirs reviennent à la surface et d’autres s’effacent, et c'est la source d'un profond bouleversement émotionnel. Ce n'est pas la partie la plus glamour de la vie d'expatrié, autant gérer au mieux ce passage obligé.

Restons pratiques : si vous connaissez déjà le logement que vous allez occuper, des décisions s'imposent. Certaines personnes profitent du déménagement pour jeter ou donner certains objets encombrants, ils n'emportent avec eux que ce qui indispensable, et se séparent de ce qui est plus accessoire. C'est l'heure du tri. Dans votre ville, de nombreuses associations se feront une joie de recycler vos vieux canapés ou les vêtements trop petits. Mieux vaut parfois mettre le piano à queue ou l'armoire normande au garde-meuble, en attendant de retrouver un logement plus adéquat.
D'autres au contraire vont profiter de leurs dernières semaines à l'étranger pour acheter meubles chinois, ombrelles, ponchos, fauteuils planteurs ou autres tapis en peau de zèbre, bien moins chers là où ils vivent qu'en France. Pensez à prévenir votre déménageur que vous n'avez pas fini vos achats...

Le déménageur, parlons-en
A moins que vous n'optiez pour lecoup de main de quelques amis dévoués, vous passerez certainement par un professionnel du déménagement, surtout pour les déménagements longue distance.
- Faites jouer la concurrence. Faites établir plusieurs devis car les prix varient du simple au triple. Si vous choisissez les périodes creuses, milieu de mois et hors vacances scolaires, les prix peuvent baisser de près d’un tiers. N'hésitez pas à négocier. Selon que vous choisissez le transport seul ou une prestation incluant l'installation du mobilier et le déballage, les prix varieront. Vérifiez aussi les garanties prévues en termes de retard éventuel, de dommages ou de pertes. En France, préférez les entreprises affiliées à la Chambre syndicale du déménagement. Garantie supplémentaire : la certification NF (norme AFNOR).
- Lors de la visite des commerciaux faites leur visiter toutes les pièces de votre domicile : n'oubliez pas la cave ou le garage à vélos. Vous risquez un supplément à la livraison si vous avez omis de signaler une dépendance remplie d’objets divers et/ou encombrants.
- Finalisez dès que possible vos dates de réservation, car le planning des entreprises se remplit très vite fin juin début juillet.
- Commencez les formalités demandées par votre déménageur.

Pendant le déménagement
- Mettez de coté vos affaires personnelles, sac à main, passeport, clés, papiers, et vérifiez que les déménageurs ne les mettent pas dans les cartons
- Pensez à garder les doudous avec vous !
- Eloignez les enfants. Dans l'absolu, il peut sembler constructif que l'enfant assiste à l'emballage et la mise en carton, afin qu'il réalise mieux le départ. Pourtant, pour les parents, gérer les enfants ce jour là n'est pas une sinecure. Vous apprecierez de pouvoir les confier à des proches, quitte à ce qu'ils viennent régulièrement constater que leur lieu de vie se vide de leurs meubles et de leurs jouets. Il est possible d'aider les enfants à se préparer en les implicant dans l'action, en leur proposant par exemple de trier leurs affaires au préalable, et de ranger certains objets personnels dans les cartons.
- Gardez un œil discret mais attentif sur vos effets et autres meubles afin de vous assurer qu’ils soient bien traités.
- “Vérifiez ce qui est écrit sur les cartons, pour notre déménagement, toutes les affaires de mes filles étaient marquées "mrs .... “ (mon nom de famille): à l'arrivée, il a fallu ouvrir chaque carton à l'entrée pour savoir où ça allait! (soit 60 mètres cubes à ouvrir en une journée...cool...)” raconte Marie, de Singapour
- N'oubliez pas Minou ou Médor dans les cartons
- Si vous déménagez des meubles ou si vous avez des bibelots auxqels vous tenez particulierement, des objets de valeur qui partent, n'oubliez pas de prendre des photos!!!! Très important si jamais ils se retrouvaient abimés/cassés.
- “Faire voyager dans différents systèmes les photos de famille: si ça se perd, qu'on en sauve un peu... ou alors ça reste chez quelq'un en France, mais c'est frustrant!” conseille Muriel, de Johannesburg
- “Soyez REDOUTABLE sur les vis des meubles: si ça se perd, le meuble est fichu, les tailles de vis ne sont jamais les mêmes” recommande Marie, de Singapour
- Vérifiez que le gros électroménager est compatible (achetez un adaptateur ou ne l'emportez pas). Dans certains pays comme en Angleterre ou à Singapour, la plupart des cuisines sont équipées
- N’oubliez pas de garder le nécessaire pour le nettoyage de l’appartement : balai ou aspirateur, produits d'entretien, pour préparer l'état des lieux avec votre propriétaire.

Après le déménagement
Ils ne vous reste plus qu'à souffler en attendant... d'emménager ! Mais attention à ne pas perdre votre container en route. Pour les déménagements intercontinentaux, l'attente est souvent longue, mieux vaut prévoir le nécessaire pour ne pas camper trop longtemps sans ses affaires. Pour éviter que cela traine, J. du Canada, explique : “Je n'ai qu'un conseil à vous donner : harcelez tous les jours votre déménageur ou transporteur pour savoir où sont vos affaires. Toujours demander sur quel bateau ou avec quel vol partent vos affaires ainsi que les dates et/ou heure de départ et arrivée (même si elles sont estimées). Ils vous prendront pour des enquiquineurs mais cela paye”.

Certains expatriés bénéficient des conseils des agences de relocation ; ces spécialistes de l’accompagnement du déménagement assurent un appui à l’installation, au choix immobilier, à l’inscription scolaire, voire à la découverte de la région. Si vous y avez droit, laissez-vous chouchouter !

Liens utiles : Je déménage – Service-public.fr

Henri Guaino : «Il faut garder son sang-froid»

Le conseiller spécial du chef de l'État évoque le gel des dépenses publiques, la crise grecque et tire les leçons des trois premières années du mandat de Nicolas Sarkozy.

LE FIGARO. - François Fillon a annoncé jeudi un gel des dépenses publiques jusqu'en 2013. La gauche dénonce un «plan de rigueur». Que lui répondez-vous ?

Henri GUAINO.- La «rigueur», c'est l'ajustement économique par la baisse du pouvoir d'achat. Ce n'est pas du tout la politique du président de la République et du gouvernement. Une telle purge déflationniste casserait la reprise et creuserait davantage les déficits au lieu de les réduire. Quelle est la politique du gouvernement depuis trois ans ? Ne pas augmenter les impôts, investir, réduire les dépenses courantes, poursuivre les politiques structurelles pour rétablir la compétitivité de notre économie. Cette politique ne change pas. Ceux qui hurlent à la rigueur aujourd'hui, ce sont les mêmes qui voulaient doubler le plan de relance, et qui après vociféraient contre les déficits.

Depuis trois ans, le déficit s'est beaucoup creusé…

Comme dans tous les pays, parce que la crise a provoqué une chute des recettes fiscales et une augmentation des dépenses sociales. Il y a bien sûr aussi le plan de relance. Mais il a été ciblé sur l'investissement plutôt que sur la stimulation à fonds perdus de la consommation. C'est dire s'il n'y a eu aucun laxisme dans la gestion de nos finances publiques. Depuis trois ans, le gouvernement tient fermement le cap entre ceux qui veulent jeter l'argent par les fenêtres et ceux qui ne voient de salut que dans les politiques sacrificielles.

La situation de nos finances publiques n'est-elle pas dangereuse ?

Il faut apurer le passif de la crise, mais sans étouffer le retour de la croissance. Le mot d'ordre du président c'est : «Garder son sang-froid.» Plus le climat est à la fébrilité, plus c'est nécessaire.

La crise grecque ne pousse-t-elle pas à une politique plus restrictive ?

La crise grecque n'a rien à voir là-dedans.

Trois ans après, que reste-t-il de la rupture ?

La fin du renoncement : nous ne sommes pas condamnés à subir. Malgré les difficultés de tous ordres, malgré les crises sans précédent qu'il a dû affronter depuis trois ans, il n'a pas un instant dévié de cette ligne. Après tant d'années de renoncements, d'inaction, de résignation, pour moi, c'est l'essentiel.

Nicolas Sarkozy voulait incarner le volontarisme, ne découvre-t-il pas les vertus de l'humilité ?

Croyez-vous vraiment qu'il ait jamais pensé un seul instant que ce serait facile ? Croyez-vous qu'il ne savait pas que la France est un grand pays difficile à gouverner ? Que la France n'est pas une page blanche ? Croyez-vous qu'il ignorait que la France n'est pas seule au monde et que son sort est lié à celui des autres ? Il est au contraire le premier président de la République à tirer toutes les conséquences de la complexité du monde moderne, de l'Europe, de la mondialisation… Non pour se résigner à une forme d'impuissance mais au contraire pour en faire un levier. Il est le premier à tirer toutes les conséquences du fait que dans le monde d'aujourd'hui on ne peut plus séparer la politique intérieure de la politique extérieure. Je suis convaincu que l'histoire lui rendra justice sur ce point.

Mais avec le temps, ce volontarisme ne tourne-t-il pas à vide ?

Heureusement qu'il y a eu le volontarisme de Nicolas Sarkozy face à toutes les crises traversées depuis trois ans. Sans la France, sans Nicolas Sarkozy, la Géorgie aurait été rayée de la carte, il n'y aurait pas eu de G20, ni de réponse européenne à la crise financière, ni de plan de sauvetage de la Grèce. Où en serions-nous s'il n'avait pas décidé avant tout le monde de ne laisser tomber aucune banque ? Que ce serait-il passé s'il n'avait pas mis en œuvre le plan de relance en brisant tous les tabous de l'orthodoxie ?

Mais les Français attendent toujours des résultats concrets…

La crise est passée par là. Elle aurait été bien pire sans ce volontarisme. Comparez les indicateurs économiques de la France avec ceux de ses partenaires ! Mais le plus important, c'est le retour à une politique structurelle qui prépare l'avenir. Je pense au Grenelle de l'environnement, à la politique industrielle, à la recherche, à l'autonomie des universités, au fond stratégique d'investissement, à la suppression de la taxe professionnelle, au grand emprunt, à la réforme de l'État… Cela portera ses fruits.

Reconnaissez-vous, comme François Fillon, avoir commis des erreurs ? Le président ne s'est-il pas trop dispersé ?

Il fallait provoquer une masse critique de changements pour remettre la société et l'économie françaises en phase avec la marche du monde. Quand on recule sur tous les tableaux, il faut se battre sur tous les terrains. La carte judiciaire attendait sa réforme depuis des décennies, la fusion de l'ANPE et des Assedic était un projet de Philippe Séguin, ministre des Affaires sociales en 1986, la taxe professionnelle était déjà jugée comme un impôt imbécile par François Mitterrand !

Et la taxe carbone, remise à plus tard, devait être le début d'une révolution fiscale…

Nous ne pouvons taxer nos entreprises que si un mécanisme compensatoire aux frontières de l'Europe les protège contre la concurrence déloyale des pays pollueurs.

Le grand emprunt porte sur 35 milliards. Vous réclamiez plus. N'est-ce pas une déception ?

C'est une rupture considérable par rapport à l'habitude prise pendant des décennies de sacrifier l'investissement public. Pour la première fois depuis longtemps, on reconnaît que l'on paye les dettes d'hier avec les revenus de demain et que les revenus de demain ce sont les investissements d'aujourd'hui…

Le style du chef de l'État est constamment critiqué. A-t-il désacralisé la fonction ?

Jamais depuis des décennies la France n'a été aussi écoutée, aussi présente, aussi influente sur la scène du monde. Cela ne rend que plus extravagant le procès en illégitimité que font au chef de l'État certains médias et certains milieux qui n'ont jamais accepté son élection. À voir tous les jours ce qu'il donne de lui-même dans l'exercice de ses fonctions, je ne peux m'empêcher de me demander s'il faut chercher la cause des attaques incessantes dont il est l'objet dans la bassesse ou bien dans la dérive d'une société qui, en détruisant toute forme d'intimité, désacralise toutes les fonctions et toutes les institutions. Dans tous les cas, c'est inquiétant.

Dans un récent rapport, le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, décrit une société française au bord de la dépression. Cela fait-il partie du bilan ?

La dépression française est réelle mais elle n'a pas commencé avec Nicolas Sarkozy. Changer le rapport à l'avenir, c'est peut-être le plus grand défi que nous ayons à relever. Mais on ne change pas les mentalités, les représentations collectives du jour au lendemain.

Nicolas Sarkozy avait promis d'être le «président du pouvoir d'achat». Était-ce une formule malheureuse ?

Pas du tout. La question du pouvoir d'achat, comme celle de l'emploi, est au cœur du malaise français. Mais le pouvoir d'achat ne se décrète pas. La clef est dans la croissance, dans le partage de la valeur ajoutée, la revalorisation du travail, le recul du chômage… Si ceux qui travaillent sont de moins en moins nombreux et ceux qui sont à charge de plus en plus nombreux, c'est sans issue. C'est ce que Nicolas Sarkozy a toujours dit. Et je crois que de plus en plus de Français le comprennent. Depuis 2007, des heures supplémentaires au RSA en passant par la fin des 35 heures, le contrat de transition professionnelle, ou le cumul emploi-retraite, toute la politique économique et sociale va dans ce sens.

La crise de 2008 n'a-t-elle pas invalidé le projet de 2007 ?

Bien au contraire. A-t-il jamais été plus nécessaire de réhabiliter l'effort, le travail, l'esprit d'entreprise face à la spéculation, à la rente, à l'assistanat ? A-t-il jamais été plus urgent de restaurer la prééminence de l'économie réelle, de mettre en œuvre une politique industrielle, de sauver notre agriculture, d'investir à long terme ?

La crise grecque et ses risques de contagion ne démontre-t-elle pas que tout reste à faire en matière de régulation ?

Elle montre que tout le système financier, bancaire et monétaire doit être remis à plat. C'est dire ce que sera la responsabilité de la France pendant l'année où elle va présider le G20 à partir de la fin 2010.

Cela ne met-il pas en lumière les graves problèmes de gouvernance de la zone euro ?

C'est une évidence constamment rappelée par Nicolas Sarkozy depuis trois ans et qui commence enfin à s'imposer. Mais le problème n'est pas qu'institutionnel. Il nous faut aussi sortir des manières de raisonner, de penser qui nous ont menés au désastre de 2008. Sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé de nation, de République. Finalement, la loi sur la burqa devrait voir le jour. Avec un risque juridique, puisque le Conseil constitutionnel pourrait la déclarer non conforme. N'est-ce pas un exemple de ces postures qui ne débouchent sur aucun changement concret ?

On disait la même chose pour le foulard à l'école… Si la burqa est indigne, contraire à nos mœurs, à nos valeurs, alors, la seule attitude cohérente est de l'interdire. C'est cela la République. Et chacun doit prendre ses responsabilités. C'est ce que fait le gouvernement. Je voudrais dire que derrière la burqa se trouve posée une question essentielle pour notre avenir : à la fin des fins, dans quelle société voulons-nous vivre ? Oui ou non voulons-nous la République ? Oui ou non refusons-nous le communautarisme ? Oui ou non voulons-nous l'égalité de l'homme et de la femme ? Oui ou non voulons-nous défendre notre identité, notre modèle de civilisation, notre conception de la laïcité ? Le moment est venu que chacun réponde.

Le président avait annoncé le retour de l'autorité et la liquidation de «l'héritage 68». Y êtes-vous parvenus ?

Toutes ces notions sur lesquelles l'idéologie de Mai 68 avait jeté l'opprobre - l'autorité, mais aussi le mérite, le travail, le devoir, la nation - Nicolas Sarkozy les a remises au centre du discours et de l'action politiques. Songez d'où l'on vient, et ce qu'était le politiquement correct d'il y a encore à peine quelques années.
Après trois ans à l'Élysée, éprouvez-vous de la lassitude ?

Il reste encore tant à faire…

Euro : la proposition de l'Allemagne

L'Allemagne a proposé ce soir la mise sur pied d'un vaste plan d'aide financier pouvant être utilisé pour les pays de la zone euro, d'un montant total de 500 milliards d'euros et impliquant le FMI, a indiqué à l'AFP une source diplomatique européenne. "L'Allemagne a mis sur la table une proposition totale de 500 milliards d'euros", a-t-elle indiqué.

Elle comprendrait les 60 milliards d'euros de prêts octroyés par la Commission européenne, dont il était question ces derniers jours, ainsi que 440 milliards qu'apporteraient si nécessaire les pays de la zone euro et le Fonds monétaire international. Cette dernière enveloppe serait constituée "de prêts bilatéraux, de garanties pour des emprunts et de lignes de crédit du FMI", selon la même source.

Il s'agirait par son ampleur, s'il fait l'objet d'un accord, d'un plan d'aide sans précédent dans l'histoire.

Cote de confiance de Sarkozy à 36%

La cote de confiance de Nicolas Sarkozy progresse de cinq points en mai par rapport au mois précédent, avec 36% des Français se disant satisfaits de son action comme président de la République, selon le Baromètre Metro-Krief Group réalisé par OpinionWay à paraître demain dans "Metro". 62% des personnes interrogées déclarent ne pas approuver son action, contre 64% en avril.

Concernant François Fillon, la cote de confiance du chef du gouvernement progresse de sept points à 46%, tandis que 48% des sondés désapprouvent son action comme Premier ministre, soit quatre points de moins qu'en avril.

Sondage réalisé du 29 avril au 5 mai par téléphone, auprès d'un échantillon national représentatif de 1.003 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas.

QUAND JE DIS QUE LES FRANÇAIS SONT DES CONS EN VOILÀ LA PREUVE, SARKOZY EST DE LOIN LE PRÉSIDENT QU'IL FALLAIT, AU MOMENT OÙ IL LE FALLAIT.
LES SOCIALISTES ? QU'AURAIENT-ILS DONC FAIT ?