TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 4 novembre 2011

Athènes abandonne l'idée du référendum

La Grèce a abandonné son projet de référendum sur le plan de sauvetage financier du pays mis au point par l'Union européenne, annonce vendredi le ministère grec des finances. Le ministre Evangelos Venizélos a confirmé cette décision par téléphone à Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, à Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, et à Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des finances, précise le ministère dans un communiqué.

Il a aussi souligné que le gouvernement briguerait vendredi soir la confiance "pour obtenir le plus grand consensus [politique] possible avec la formation d'un gouvernement en ce sens". L'objectif est de garantir la mise en œuvre des procédures d'application "de l'accord de désendettement de la Grèce conclu par la zone euro à Bruxelles la semaine dernière qui [garantit] la place du pays [dans la zone euro], respecte les sacrifices du peuple grec et ouvre la perspective d'un retour de l'économie à la normale", rappelait M. Venizélos.

Le ministre a mené ses entretiens téléphoniques dans l'attente du discours que doit prononcer dans la soirée le premier ministre Georges Papandréou, avant le vote de confiance au Parlement à partir de minuit qu'il avait réclamé lundi, en annonçant aussi le référendum. La confiance accordée au gouvernement "n'aurait pas pour but de lui permettre de continuer avec le seul soutien des députés de la majorité socialiste", insiste M. Venizélos, numéro deux du gouvernement et du Parti socialiste au pouvoir, le Pasok.

L'idée d'une consultation populaire, dévoilée par M. Papandréou lundi soir, avait semé la consternation dans les cercles dirigeants européens.

Tonton Guérini fait de la résistance

Le cas Guérini, ce n'est plus un sparadrap qu'on se repasserait, de dirigeant en dirigeant, de Marseille à Solférino, mais de la super glue qu'on aurait posée sous les semelles des socialistes. Il faut remonter à Georges Frêche, la faconde en moins, pour trouver une affaire qui empoisonne autant la vie de leurs petits camarades. Mis en examen pour prise illégale d'intérêts dans l'enquête des marchés publics présumés frauduleux des Bouches-du-Rhône, qui implique son frère, Jean-Noël Guérini s'était mis en retrait du conseil général, déléguant sa fonction exécutive et sa signature à un proche. La justice administrative s'est opposée à ce numéro de passe-passe. Le voici revenu à la barre, capitaine abandonné et fragilisé, opposant à son tour une fin de non-recevoir au PS qui le presse de démissionner. L'effronté ne s'embarrasse guère de beaux sentiments : il a lâché son frère Alexandre ! Adepte des méthodes berlusconiennes, il égrène non sans culot les noms des 57 élus socialistes inquiétés par la justice et qui, selon lui, continuent à exercer leurs mandats. Le parti ne sait plus à quel saint, ou à quelle Sainte-Victoire, se vouer. Il voit arriver les élections avec quelque effarement. La droite fait ses choux gras d'une affaire politico- financière explosive - il est question, rien de moins, d'association de malfaiteurs - et un certain Montebourg, pourfendeur d'un système « féodal et électoraliste », la fournit en munitions. Le poison Guérini infuse. Le PS n'a jamais voulu trancher dans le vif, il en est réduit à soupeser les hypothèses de sanction : suspension, exclusion… tergiversations. Ce n'est pas lui, par hasard, qui aurait démissionné ?
Le cas Guérini, ce n'est plus un sparadrap qu'on se repasserait, de dirigeant en dirigeant, de Marseille à Solférino, mais de la super glue qu'on aurait posée sous les semelles des socialistes. Il faut remonter à Georges Frêche, la faconde en moins, pour trouver une affaire qui empoisonne autant la vie de leurs petits camarades. Mis en examen pour prise illégale d'intérêts dans l'enquête des marchés publics présumés frauduleux des Bouches-du-Rhône, qui implique son frère, Jean-Noël Guérini s'était mis en retrait du conseil général, déléguant sa fonction exécutive et sa signature à un proche. La justice administrative s'est opposée à ce numéro de passe-passe. Le voici revenu à la barre, capitaine abandonné et fragilisé, opposant à son tour une fin de non-recevoir au PS qui le presse de démissionner. L'effronté ne s'embarrasse guère de beaux sentiments : il a lâché son frère Alexandre ! Adepte des méthodes berlusconiennes, il égrène non sans culot les noms des 57 élus socialistes inquiétés par la justice et qui, selon lui, continuent à exercer leurs mandats. Le parti ne sait plus à quel saint, ou à quelle Sainte-Victoire, se vouer. Il voit arriver les élections avec quelque effarement. La droite fait ses choux gras d'une affaire politico- financière explosive - il est question, rien de moins, d'association de malfaiteurs - et un certain Montebourg, pourfendeur d'un système « féodal et électoraliste », la fournit en munitions. Le poison Guérini infuse. Le PS n'a jamais voulu trancher dans le vif, il en est réduit à soupeser les hypothèses de sanction : suspension, exclusion… tergiversations. Ce n'est pas lui, par hasard, qui aurait démissionné ?

Obama soutient Sarkozy dans la tourmente

Le président des États-Unis a réservé son premier entretien bilatéral au chef de l'État français.

Difficile de ne pas tendre la main à son «plus vieil allié» lorsque celui-ci est à la peine.Barack Obama a affiché son soutien à Nicolas Sarkozy, jeudi, avant l'ouverture du sommet de Cannes présidé par la France. Un soutien appuyé, chaleureux face aux caméras, qui ne change pas, sur le fond, la façon de voir des Américains : c'est avant tout aux Européens de résoudre la crise de l'euro et de rétablir la stabilité sur le Vieux Continent. Et sur ce terrain-là, on pense, à Washington, qu'ils pourraient en faire davantage…

En attendant, Barack Obama n'a pas été avare d'encouragements. Arrivé à Cannes sous la pluie jeudi matin, il a réservé son premier entretien bilatéral à Nicolas Sarkozy. Celui-ci «fait preuve d'un leadership impressionnant», dit le président américain aux côtés de son hôte. «Avec lui, l'Union européenne a fait des pas importants vers une solution globale», a-t-il ajouté. «Nous avons une analyse commune sur la façon de remettre le monde dans une stratégie de croissance et de stabilité », a fait chorus le président français, en se félicitant de la «solidarité» et de la « compréhension » américaine sur ce lourd dossier.

Cette opération sourire a pris une tournure personnelle lorsque Barack Obama a félicité Nicolas Sarkozy et son épouse pour la naissance de leur fille Giulia. «Maintenant nous partageons l'un des plus grands défis » qui soit, «être des pères pour nos filles», a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy lui a répondu sur le même ton: «Vous voyez la grande influence de Barack Obama. Cela fait quatre ans qu'il m'explique qu'être père de filles, c'est fantastique, lui qui en a deux. Je l'ai donc écouté et ai suivi son exemple…»
Désaccord sur la Palestine

L'entretien entre les deux hommes n'a pas toujours été aussi cordial. Il est vrai que les discordances de vue, ces derniers temps, se sont accumulées. Jeudi, le président américain aurait notamment reproché à Nicolas Sarkozy d'avoir voté en faveur de l'admission de la Palestine à l'Unesco sans l'en informer. Il lui aurait aussi demandé d'inciter les Palestiniens à ne pas poursuivre leur revendication auprès d'autres agences de l'ONU. Leur budget dépend en bonne partie des États-Unis qui pourraient là aussi suspendre leurs financements. Dans ce cas de figure, des organisations importantes comme l'AIEA ou la FAO pourraient difficilement fonctionner.

Cela n'a pas empêché Barack Obama de faire quelques fleurs à son «ami» français. D'abord, sa participation, en duo avec lui, au journal télévisé, vendredi soir sur TF1 et France2. Du jamais-vu pour un président américain. Ensuite, les Américains ont lâché du lest sur un thème de prédilection de la France et de l'Allemagne, la fameuse taxe sur les transactions financières. Washington, qui y était très hostile, estime désormais cette initiative légitime, à charge pour les pays qui la soutiennent de la mettre en œuvre. Enfin, les deux présidents participeront, cet après-midi à Cannes, à une cérémonie en hommage aux soldats français et américains ayant participé aux opérations en Libye. De quoi solder les arrière-pensées qui, là aussi, n'ont pas manqué sur la part de chacun dans la victoire contre le régime de Mouammar Kadhafi.

Le miroir grec du G20

Son costume de coupable est pratiquement parfait. George Papandreou, le premier ministre grec, est à la tête d’un pays à la dérive. Depuis que le masque est tombé sur l’état réel des finances publiques d’Athènes, tous les ingrédients sont là : endettement insoutenable, corruption, évasion fiscale, tensions sociales, délégitimation chronique de la classe politique. La Grèce est le cas d’école de tout ce qu’il ne fallait pas faire. Le grand malade du moment. Celui par qui le redoutable virus de la méfiance serait entré dans la zone euro, à la vitesse du clic angoissant des opérateurs financiers.

Depuis trois ans, ni les nombreux sommets européens, ni le directoire franco-allemand ne sont parvenus à éteindre l’incendie. Pas même le sommet de la semaine dernière, censé déblayer le terrain avant la rencontre de Cannes. Initialement conçu pour exalter la présidence française et inaugurer un nouvel ordre mondial, le G 20 a été obligé hier de passer d’abord par la case grecque. Comme si l’Europe n’avait d’autre costume à présenter que celui de ses divisions.

Le paradoxe grec, qui veut que ce petit pays de dix millions d’habitants soit élevé au rang de parfait mauvais exemple, n’est que la plus éclatante des contradictions du moment. On dénonce par exemple l’évasion fiscale pratiquée à Athènes, mais la suppression des paradis fiscaux a littéralement disparu des agendas du G20. Plus généralement, ne voit-on pas l’Europe, dont le revenu annuel moyen par habitant est de 38 000 dollars, prétendre être sauvée des eaux par la Chine, où ce même revenu ne dépasse pas 4000 dollars ? Les gigantesques réserves de liquidités de Pékin peuvent, en pleine crise des dettes souveraines, sembler providentielles. Mais jusqu’à un certain point, que les dirigeants chinois sont les premiers, d’ailleurs, à ne pas vouloir franchir.

Si on observe une carte du monde reportant les chiffres de la croissance des vingt pays les plus riches, un premier constat s’impose. Deux zones flirtent avec la récession, les Etats-Unis et l’Europe, tandis que partout les émergents, grands ou moyens, se développent. Le sommet de Cannes, à défaut d’instaurer un nouvel ordre, photographie très clairement la montée en puissance des émergents.

Ces pays, la Chine et le Brésil pour ne citer que les plus vigoureux, sont venus à Cannes à la fois inquiets et prudents. Inquiets des répercussions sur leur économie de la crise de l’euro, et prudents quant à la manière d’aider la monnaie européenne. Plutôt que le Fonds européen de stabilité financière, c’est le FMI, levier de puissance, que Pékin et Brasilia privilégient. Ils attendent en outre, en retour, des avancées sur certains dossiers ligitieux : les barrières douanières en matière agricole pour le Brésil, ou les mesures anti-dumping de Bruxelles pour la Chine.

La crise de la dette souveraine tend, inexorablement, à se muer en crise de la souveraineté. L’argent des émergents aura un prix politique que l’Europe ne mesure pas encore pleinement. Le prix que tout débiteur doit à son créditeur. Le prix aussi du modèle qui tend à devenir dominant. Or, la crise de l’euro, ses égoismes nationaux, ses tragédies grecques, pose, déjà, un défi à nos démocraties. L’électrochoc provoqué par le référendum de Papandreou est peut-être, là encore, un révélateur. Un réveil-matin à ne pas négliger.

Naufrage en mer Egée

Il y a 26 siècles, la démocratie directe est née en Grèce. Hier, sa lointaine héritière parlementaire y a sombré. Au moment où un nouveau jour se lève, nul ne sait dans quel état elle le finira. Que peut bien signifier un vote de confiance égaré dans un bazar aussi délétère ? Le Premier ministre qui le demande ne sera peut-être même plus là quand il faudra le soumettre ce soir au parlement d’Athènes. Au moment même où le salut du pays devrait passer par l’unité nationale, le gouvernement, lui-même, se déchire. Comme si un maléfice poussait inexorablement cet Etat de presque 10 millions d’habitants vers la faillite.

Les élus français ont beau jeu de railler le spectacle de la classe politique grecque mais la condescendance affligée avec laquelle ils le font n’est guère plus glorieuse. En pareille situation pourtant, l’atmosphère du Palais Bourbon ne serait peut-être guère plus flamboyante. Le spectacle désolant de cette panique n’est qu’un des visages, hideux, de la crise. L’avatar d’un sauve-qui-peut auquel aucun peuple ne peut prétendre échapper.

Pauvre peuple décidément. Considéré comme quantité négligeable par le duo franco-allemand des mentors de la zone euro, le voilà insulté par ses propres dirigeants prêts à renoncer à un référendum que personne ne demandait à leur Premier ministre d’organiser. Ou comment se torcher avec l’expression de la volonté populaire… Les voisins des Grecs parlent depuis bien longtemps d’un grand peuple dirigé par une classe politique minable (à l’inverse, ajoutent-ils, perfides, des Turcs). On pensait qu’ils exagéraient mais la réalité, hélas, semble bien rattraper la caricature. Le système qui porte au pouvoir les descendants des mêmes familles - Papandréou, Caramanlis et Venizelos par exemple - laisse entrevoir les tares de la consanguinité.

Pas de tragédie grecque, non. Une simple bouffonnerie à l’italienne. Tristes funérailles des idéaux démocratiques nés au lendemain de la dictature des colonels en 1974. Le drame qui se joue n’en est que plus pathétique. Mais qu’on ne s’y trompe pas : les « grands » Européens sont les co-réalisateurs de cette représentation indigente qu’ils contemplent en se bouchant le nez, les yeux et les oreilles. Comment la droite française, par exemple, a-t-elle été incapable de ramener à la raison une opposition proche de ses couleurs pour la contraindre à jouer le jeu de l’union sacrée ? L’esprit européen, avec tout ce qu’il suppose de partage et de cohérence, a montré des frontières bien étriquées.

Grèce : et s'il n'y avait pas de référendum?

En annonçant la tenue d'un référendum sur le plan d'aide à la Grèce, le Premier ministre, Georges Papandréou, a joué son va-tout. Une initiative qui pourrait se terminer par sa démission, alors que son gouvernement devrait perdre la confiance du Parlement vendredi soir. Des élections anticipées seraient alors convoquées et l'opposition devrait l'emporter. Le problème ne sera pas réglé pour autant, l'opposition ayant d'ores et déjà annoncé son intention de renégocier le plan d'aide à la Grèce. 

"Son départ est une question d’heures. Il n’aura plus la majorité au Parlement lors du vote de confiance prévu vendredi." Interrogé mardi par leJDD.fr après l'annonce de l'organisation d'un référendum en Grèce sur le plan d'aide voté par l'Union européenne, Georges Prévélakis, professeur de géopolitique à l'Université Paris I et spécialiste de la Grèce, avait vu juste.
Selon toute vraisemblance, le Premier ministre grec devrait en effet perdre sa courte majorité lors du vote de confiance organisé vendredi soir au Parlement. Déjà cinq ministres - dont celui des Finances, Evangélos Vénizélos, numéro deux du gouvernement et poids lourd de la majorité, ont en effet annoncé leur désaccord avec l'organisation d'un référendum le 4 décembre, qui devrait porter, à la demande notamment de Paris et Berlin, sur le maintien de la Grèce dans la zone euro. "L'entrée de la Grèce dans l'euro est une conquête historique du peuple grec qui ne peut pas être mise en question. Ceci ne peut pas dépendre d'un référendum", a ainsi déclaré le ministre grec des Finances. Plusieurs élus de la formation au pouvoir, le Pasok, ont également exprimé leur opposition à la démarche de Papandréou. Deux députées ont notamment annoncé jeudi sur leur site qu'elles ne voteraient pas la confiance réclamée par le Premier ministre.

Un gouvernement d'union nationale?

Pour le gouvernement de Papandréou, la fin semble proche. Même si, théoriquement, il peut encore remporter la confiance en fonction du nombre de députés qui participeront vendredi au scrutin. Pour tenter de renverser la tendance, le Premier ministre a convoqué un conseil ministériel d'urgence jeudi matin, puis il participera à une réunion de son groupe parlementaire. Le dirigeant grec devrait tenter de convaincre ses amis politiques du bien-fondé de son référendum, qui a provoqué la panique sur les marchés et entraîné la défiance des partenaires européens d'Athènes.
Georges Papandréou devrait prendre la parole vers 18h devant le Parlement. Selon sa directrice de cabinet, "il n'a pas l'intention de démissionner". Certains lui suggèrent de convoquer des élections législatives anticipées et de former, ensuite, un gouvernement d'union nationale. "La seule proposition réaliste en ce moment pour éviter que le pays ne s'effondre est de former immédiatement un gouvernement d'union nationale", a ainsi commenté un député du Pasok, Vasso Papandréou, avant de réclamer l'organisation d'élections anticipées.
Un député socialiste grec, Télémaque Hytiris, très proche de Papandréou, s'est également prononcé en faveur d'un gouvernement d'union nationale. Une option qui n'entraînerait pas forcément l'organisation d'élections. Selon la Constitution grecque, après la démission du Premier ministre, le président de la République, Carolos Papoulias, a en effet neuf jours pour rechercher une nouvelle majorité gouvernementale, sans forcément passer par la case électorale. Si aucune majorité n'est trouvée au sein du Pasok, le président peut alors chercher à former un exécutif d'union nationale. Selon des sources proches du parti socialiste, citées par Reuters, un petit groupe de députés préparent une proposition pour former un gouvernement avec à sa tête Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne. En fin d'après-midi, Georges Papandréou a assoupli sa position, annonçant qu'en cas d'accord avec l'opposition pour former un gouvernement, il abandonnerait son idée de référendum.

L'opposition veut renégocier le plan d'aide

Si un scrutin était toutefois organisé, l'opposition de centre-droit, incarnée par la Néa Dimokratia (Nouvelle Démocratie) d'Antonis Samaras, devrait, selon les derniers sondages, l'emporter. Ce nouveau gouvernement serait plus légitime à la fois à l'intérieur du pays, où les mouvements sociaux se sont répétés ces dernières semaines, mais aussi à l'extérieur, Georges Papandréou ayant perdu sa crédibilité internationale depuis son annonce - surprise selon ses partenaires européens, programmée selon lui – de l'organisation d'un référendum. Le référendum serait par ailleurs mort-né, l'opposition s'opposant à cette perspective. Voilà qui devrait rassurer marchés et dirigeants européens.
Mais tout ne sera pas fini pour autant pour la Grèce et pour la zone euro. Si elle arrivait au pouvoir, l'opposition grecque a d'ores et déjà annoncé son intention de renégocier le plan d'aide de l'Union européenne, pour obtenir des conditions plus favorables pour le peuple grec, notamment sur les mesures d'austérité. Dans ce scénario, on serait donc reparti pour un tour.


G20 : Sarkozy salue la "prise de conscience" de la Grèce

La première journée du G20 s'est achevée, jeudi 3 novembre, sur une conférence de presse du président français, Nicolas Sarkozy. Il a estimé que le message adressé mercredi soir par l'Allemagne et la France à la Grèce sur son projet de référendum avait permis une "prise de conscience" qui, "si elle devait se confirmer, serait saluée par tout le monde". Dans la journée, le premier ministre grec Georges Papandréou a laissé entendre que son projet de soumettre à référendum le plan de sauvetage de la zone euro pourrait être finalement abandonné.

Concernant l'Europe, "il faut absolument que la zone euro envoie au monde entier un message de crédibilité", a-t-il dit. Le chef de l'Etat a précisé que les "choses" progressaient en Grèce et que les dirigeants suivaient la situation avec beaucoup d'attention. Il a également rappelé sa confiance dans la force de l'économie italienne, ajoutant que la France avait plaidé à nouveau devant ses partenaires du G20 pour la mise en place d'une taxe sur les transactions financières mais que certains pays y étaient très opposés. Un groupe de pays leaders dans ce domaine sera créé, a-t-il confirmé.

Dans la foulée, la chancelière allemande Angela Merkel a prévenu qu'elle attendait de la Grèce des actes plutôt que des annonces. "Pour nous, ce sont les actes qui comptent", a-t-elle dit après les déclarations du premier ministre grec évoquant le possible abandon de ce référendum. Pour elle, la stabilité de l'euro est bel et bien une priorité plus forte qu'assurer le maintien de la Grèce dans la zone euro.
TURBULENCES SUR LES MARCHÉS
Toute la journée l'attention était tournée vers la situation de la Grèce et de la zone euro. Les participants au sommet ont décidé de reléguer les autres sujets de contentieux au second plan. Ils ont évalué le coût d'un éventuel défaut de la Grèce et les conséquences d'une possible sortie du pays de la zone euro. Ils ont estimé que les turbulences sur les marchés financiers persisteraient même si la Grèce restait dans la zone euro.
Barack Obama et Nicolas Sarkozy s'étaient d'ailleurs accordés, avant l'ouverture du sommet, sur la nécessité de régler rapidement la crise de la zone euro afin de mettre au point, avec leurs partenaires, une stratégie de croissance économique mondiale. "La partie la plus importante de notre tâche pendant ces deux jours de sommet consiste à résoudre la crise financière ici en Europe", a déclaré Barack Obama à l'issue de cette entrevue avec son homologue français.

PAYS ÉMERGENTS ET RÔLE DES MONNAIES EN DÉBAT
D'autre part, un projet de communiqué final, obtenu par Reuters, indique que le G20 travaille à la mise en place d'un système monétaire international (SMI) qui refléterait mieux le poids des économies émergentes.
Le groupe s'accorde également sur la nécessité d'ajuster le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) pour mieux refléter l'évolution des rôles des monnaies. Cet ajustement pourrait être un pas vers une meilleure intégration de monnaies comme le yuan chinois. Le projet de communiqué ne dit rien d'une flexibilité accrue des taux de changes, demandée par les Etats-Unis mais combattue par la Chine.
Les Etats-Unis et dans une moindre mesure le Brésil poussaient à l'adoption d'un vocabulaire plus fort, équivalant à un engagement implicite de la Chine à avancer plus vite vers une flexibilité de sa monnaie, le yuan. Comme l'an passé à Séoul, la Chine semble bien décidée à résister aux pressions et à défendre la gestion à son rythme du taux de change du yuan.
Avec les incertitudes qui s'accumulent autour de la zone euro et le souhait des Européens de voir la Chine contribuer à leur fonds d'urgence, le risque est que la question des changes n'avance pas, dit-on de source proche. Selon des sources de grands pays émergents, le G20 devrait se contenter de reprendre les termes du communiqué du G20 finances organisé le mois dernier, à Paris.
Lors de ce sommet, les ministres des finances du G20 avaient simplement convenu de poursuivre "leurs efforts pour se diriger vers des systèmes de taux de change davantage déterminés par les marchés et parvenir à une flexibilité accrue des taux de change permettant de refléter les fondamentaux économiques".

Islamophobie et humour potache

L'indignation l'emporte après l'attaque contre Charlie Hebdo. La révolte, car faute de pouvoir bâillonner la parole, on utilise la violence pour détruire l'outil de travail d'un journal et frapper la liberté d'expression. L'incompréhension, car cet acte est contre-productif : le numéro dont tout le monde parle est épuisé ; une communauté, stigmatisée. Il est aussi d'une imbécillité aveugle. D'abord, il a été commis avant même que ses auteurs aient pu lire le numéro « sacrilège ». Ensuite, auraient-ils vu ne serait-ce que la « une », barrée d'un Mahomet gentiment dépeint en personnage hilare, ils ne seraient pas fondés à crier au blasphème. Nous sommes loin de 2006, lors de la publication des caricatures du prophète, où avait été invoquée l'apologie de la violence. D'évidence, nous sommes dans un tout autre registre : l'humour potache et, si l'on osait, la « déconne ». En matière de provocation, l'hebdomadaire satirique a fait, selon le point de vue où l'on se place, beaucoup mieux ou bien pire. Que ses choix éditoriaux et son ton politiquement incorrect exaspèrent, c'est une chose. Autre chose est d'édicter des interdits au nom d'une religion. Dans un état de droit, seule la justice fixe des limites à la presse. Quant à Mahomet, l'islam proscrivant toute représentation, on peut être parfaitement légitime à s'estimer blessé par un dessin. On ne l'est pas à vouloir imposer ce principe à une société républicaine et laïque. Ni à vouloir empêcher un journal de tourner en dérision la victoire des islamistes en Tunisie, ou la promesse de retour de la charia en Libye. Faut pas charrier.

Tragédie en plusieurs actes

Les soubresauts de la crise grecque ont occupé, hier, la scène du G20 à Cannes où les grandes puissances ont exhorté l'Europe à résoudre ses problèmes. À Athènes, le Premier ministre a appelé à la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Papandréou se dit prêt à retirer son référendum.
Nouveau rebondissement, hier: Georges Papandréou, a quasiment enterré son projet contesté de référendum sur le plan européen de sauvetage de la Grèce pour tenter d'éviter à son pays en crise politique aigüe, la faillite et la sortie de l'euro. À la tête d'un gouvernement déchiré, le Premier ministre grec, aux prises depuis des mois avec la tentaculaire crise de la dette en zone euro, a ainsi fait une concession de taille en se disant prêt à retirer son projet controversé. Le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, poids lourd de la majorité socialiste, ainsi que d'autres ministres avaient exprimé, hier matin, leur opposition au projet de référendum, annoncé pour le 4décembre.

Un bras de fer engagé à Athènes.
Face à la crise politique qui s'ajoute à la crise financière, l'opposition de droite grecque a, elle, appelé à la formation d'un gouvernement de transition pour «garantir» le plan de sauvetage, ce à quoi elle se refusait jusqu'à présent. «Ma position est claire, il faut commencer dans l'immédiat les discussions pour la formation d'un gouvernement de large consensus afin d'assurer la normalité dans la situation politique, l'application de l'accord européen de Bruxelles et entamer ensuite la procédure électorale», a affirmé, hier soir, le Premier ministre socialiste dont l'opposition réclame la démission.


Le nombre des députés du Parti socialiste au pouvoir, le Pasok, est de 152 sur un total de 300 du Parlement mais plusieurs députés socialistes ont menacé de voter contre Georges Papandréou s'il ne mettait pas sur pied un gouvernement de coalition.

Merkel demande «des actes».
Ce nouveau coup de théâtre dans une tragédie grecque qui n'en finit plus de rebondir a été, en tout cas, applaudi par les dirigeants du G20. «Pour nous, ce sont les actes qui comptent», a néanmoins averti la Chancelière allemande Angela Merkel. «L'important, c'est qu'il y ait vite un "oui" pour les décisions du 27octobre», a-t-elle ajouté. «Les choses progressent», a estimé le président français, Nicolas Sarkozy

Pas un centime d'aide.
Angela Merkel a réaffirmé l'ultimatum lancé mercredi soir à Georges Papandréou, convoqué pour l'occasion à Cannes: les Européens et le Fonds monétaire international ne verseront pas un centime du prêt de huit milliards d'euros tant qu'Athènes n'aura pas adopté le plan de la zone euro.

Bruxelles dramatise les enjeux.
La Commission européenne a, elle, prévenu qu'en l'état des traités, une sortie de la zone euro n'était pas possible «sans sortie de l'Union européenne» tout entière.

L'Italie en ligne de mire.
Pendant ce temps, l'Italie, troisième économie de la zone euro et principale cible des investisseurs en cas de propagation de l'incendie, était plus que jamais sous le feu des attaques des marchés. Le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a tenté de rassurer en présentant les nouvelles mesures anticrise. «La question n'est pas tant le contenu du paquet que"est-ce que ce paquet sera mis en oeuvre?"», a averti Nicolas Sarkozy.

La Chine prudente.
Pékin, sollicité pour soutenir la zone euro engluée dans la crise de la dette, a prévenu que son aide dépendait justement de la capacité du Vieux Continent à mettre en oeuvre son plan de sortie de crise.

«La vie pour les Grecs sera plus dure pendant longtemps»

Jérémy Morvan, docteur en gestion spécialisé dans les marchés financiers, est directeur à Brest de l'IAE (Institut d'administration des entreprises). Questions sur l'état de la Grèce et les enjeux.



La Grèce peut-elle s'en sortir?
Quels que soient les scénarios, la vie pour les Grecs sera plus dure pendant longtemps. Ce pays endetté a un problème de capacité de croissance. Il n'a pas de recettes, avec une économie souterraine extrêmement importante et un problème civique par rapport à l'impôt.

Pourquoi est-elle entrée dans l'Europe?
En récompense de la fin de la dictature. L'État grec est aussi peu crédible. Dans les années 2000, il a camouflé une partie de sa dette en escamotant les statistiques macroéconomiques avec l'appui de banques américaines, notamment Goldman Sachs.

Quels sont les risques pour la zone euro ?
La Grèce joue avec le feu avec elle-même et les autres. Si l'Espagne et l'Italie sont touchées, c'en est fini de la zone euro. La dette française commence elle-même à décrocher de l'allemande.

Que représente la Grèce dans le produit intérieur brut de la zone européenne?
2%. C'est à peu près un an de croissance de la zone euro en temps normal. Actuellement, ce niveau est inférieur.

Si la Grèce convertit sa dette en drachmes, les créanciers vont-ils se battre juridiquement?
Les conséquences sont éternelles. Souvenez-vous des emprunts russes du Tsar vis-à-vis de la France. Autre exemple: à la déchéance de Napoléon, des princes allemands réclamaient le remboursement d'emprunts réalisés au XVIe siècle.

En 2001-2002, l'Argentine a connu une crise. Comment s'en est-elle sortie?
C'était plus une crise bancaire qu'une crise de la dette souveraine. Le peso s'était «dollarisé», à un moment de boom aux USA. Cet adossement n'a pas résisté à la confrontation à l'économie réelle. La crise a été lourde mais il y avait un potentiel de croissance et c'est reparti.

Et la crise russe de 1998?
L'État décrète un moratoire. C'était sept ans après la fin de l'URSS. Il n'avait pas de recettes fiscales mais des recettes budgétaires, avec les entreprises minières et énergétiques. Mais ce revenu a baissé du fait de la crise dans le Sud-Est asiatique en 1997. La dette russe n'était toutefois pas très importante et la solution passant par le FMI, des banques étrangères et quelques États a suffi.

Les marchés financiers ne dictent-ils pas davantage leurs lois que les États?
Les marchés financiers ne sont pas des parangons de vertu mais sont des mécanismes de coordination. Et ils arrivent à se coordonner plus vite que ne le font les gouvernements. Si les politiques veulent reprendre le pouvoir, il faut qu'ils se mettent d'accord.

Le G20 se préoccupe de la régulation économique et financière mondiale. Peut-on être optimiste?
La City est la première place financière au monde, New York la seconde. Cela représente beaucoup d'emplois à forte valeur ajoutée, et du lobbying. Elles n'ont pas forcément intérêt à réguler. Et les Chinois, de leur côté, ne veulent pas entendre parler de leur yuan sous-évalué.

Quelles sont les contraintes?
Trois sphères sont à l'oeuvre, les finances publiques, les marchés financiers et la sphère politique. Chacun a son mode de fonctionnement. Il faut faire marcher ensemble trois roues dentées, qui n'ont pas le même rythme, le même format et qui se touchent à peine. C'est beaucoup de contraintes.

Contre toute attente, la BCE abaisse son taux directeur

Pour son baptême du feu à la tête de la Banque centrale européenne, l'Italien Mario Draghi a pris une décision surprise: la BCE a abaissé, hier, son principal taux directeur de 25 points de base à 1,25%, et ce malgré une inflation de 3% en octobre. Le principal taux directeur de la Banque centrale européenne est l'outil central dont elle dispose pour influer sur l'octroi de crédits et contrôler l'évolution des prix en zone euro. Économistes et marchés attendaient un geste fort de sa part en réaction à la crise de la zone euro, mais pas forcément sur les taux directeurs dès ce mois-ci. La BCE fait ainsi marche arrière, cinqmois à peine après avoir augmenté son taux de 25 points de base. Reste que la BCE s'est, une nouvelle fois, refusée à jouer le rôle de rempart contre la contagion de la crise de la dette dans la zone euro. Interrogé sur la possibilité de voir la BCE augmenter ses rachats d'obligations publiques de pays en difficulté de la région, Mario Draghi a rétorqué que «la façon de réagir n'est pas de compter sur une aide extérieure» mais pour ces gouvernements de compter sur «leur capacité à se réformer eux-mêmes».

Rebond sur les marchés

Revigorés par la baisse du taux directeur de la BCE et la perspective d'une annulation du référendum en Grèce, les marchés financiers ont rebondi, hier, tout en restant prudents: la Bourse de Paris a terminé en hausse de 2,73%.

SARKOZY ET OBAMA S'EXPRIMENT



Papandréou : la chute?