TOUT EST DIT

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jeudi 14 juillet 2011

DSK : Le fiancé emprisonné défend Nafissatou Diallo

La conversation entre Nafissatou Diallo et Amara Tarawally, son « fiancé », a discrédité le témoignage de la femme de chambre. Actuellement emprisonné, le compagnon s'est exprimé dans la presse américaine pour la défendre. 

« Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais ! » C'est en ces termes que Nafissatou Diallo décrit Dominique Strauss-Khan à son fiancé, incarcéré dans l'Arizona, dans une conversation téléphonique. Et ce, le lendemain de sa prétendue agression. Cette partie de la conversation enregistrée par la prison a amené le bureau du procureur à douter de la crédibilité de la Guinéenne de 32 ans.
Le Daily Beast et Newsweek sont allés rencontrer en prison Amara Tarawally. Le fiancé de la Nafissatou Diallo en a profité pour sortir de son silence et défendre la femme de chambre. Il veut blanchir Nafissatou Diallo des mensonges dont on l'accuse. L'homme a 35 ans et vient du Sierra-Léone. Le dit-fiancé de Nafissatou Diallo est derrière les barreaux pour une histoire de trafic de cannabis depuis juillet 2010.

"C'est une femme très honnête "

Quand il s'agit d'évoquer les confidences qu'elle lui a faites au lendemain de son agression présumée, le trafiquant témoigne sa grande confiance en sa compagne : « Je sais que DSK a fait ce qu'il a fait (...) Elle n’avait aucune raison de mentir. C'est une femme très honnête ». 

Mais son récit des faits qui auraient eu lieu dans la suite 2806 du Sofitel de Manhattan est souvent confus.
Beaucoup de contradictions, notamment sur le point clé de cette conversation téléphonique. Amara Tarawally déclare que ce coup de fil n'est pas survenu au lendemain de l'agression présumée de la femme de chambre, le 15 mai. Il aurait eu lieu plus tard, au moment où Amara Tarawally recevait la visite d'un détective de la police new yorkaise. Il conseille à Nafissatou d'en informer son avocat. La Guinéenne lui aurait  répondu « savoir ce qu'elle faisait ».

Des versions qui ne collent pas               

Ce récit des faits ne correspond pas au déroulé officiel de l'enquête. Les services du procureur n'ont découvert l'identité de Tarawally qu'après avoir examiné minutieusement les relevés téléphoniques de la femme de chambre. Amara Tarawally n'a donné aucune explication sur cette incohérence.
Amara Tarawally défend également sa fiancée de tout soupçon de trafic de drogue ou de blanchiment d'argent. Les enquêteurs avaient pourtant découvert près de 100.000 dollars sur le compte bancaire de la Guinéenne. Le Sierra-Léonais réfute les insinuations du New York Post présentant Nafissatou Diallo comme une prostituée. Sa fiancée est une femme pieuse. « Je lui dis de prier, prier, prier… », ajoute-t-il. Arrivé illégalement aux Etats-Unis, il déclare enfin que ni lui ni Nafissatou Diallo ne savaient qui était Dominique Strauss-Kahn avant que la police ne le leur explique.
Nafissatou, une fiancée parmi d'autres ?
Amara Tarawally a été arrêté en juillet 2010 en flagrant délit de trafic de cannabis. Après avoir accepté un arrangement, le trentenaire a été envoyé dans un pénitencier de l'Arizona. Le détenu est arrivé illégalement des Etats-Unis et attend son éventuelle expulsion. « Il y a six ou sept ans » que Nafissatou et lui se connaîtraient. Lorsque leur liaison avait été rendue publique, le JDD avait évoqué un mariage religieux entre les deux intéressés. Amara Tarawally la présente en effet comme « sa fiancée », mais rien ne le confirme officiellement.

Son entretien avec le Daily Beast et Newsweek n'a pas levé le mystère. Il a répondu avec ferveur aux questions sur la femme de chambre. En revanche il est resté silencieux sur son propre passé et ses ennuis judiciaires. On apprend quand même qu'Amara Tarawally est séparé de son épouse portoricaine. Le Sierra-Léonais serait un homme à femmes d'après les journalistes américains. Ils ont retrouvé la trace d'une autre fiancée, qui ignorait tout de l'existence de Nafissatou Diallo. Leur relation a tourné court quand Amara Tarawally a demandé à cette mère célibataire de six enfants 17.000 dollars.

"Une bande organisée de spéculateurs cherche à faire tomber les pays de la zone euro"

Edouard Tétreau, associé-gérant de Mediafin, conseil en stratégie, professeur à HEC, estime que le moment est venu de mettre les spéculateurs hors d'état de nuire.

 Les écarts de taux entre l'Allemagne et l'Italie sont à des niveaux historiques. Pourquoi les marchés financiers s'attaquent-ils à ce pays ?
D'abord, ce ne sont pas "les marchés financiers", mais une bande organisée de spéculateurs, mobiles, bien armés et à ce jour anonymes, qui cherchent à faire tomber les pays de la zone euro les uns après les autres. Grâce aux efforts de la BCE et de l'Eurogroupe, cette bande a, à ce jour, raté son coup. Elle a même perdu de l'argent sur la Grèce qui n'a pas fait défaut, contrairement à ce que certaines agences de ratings, étonnamment complices, voudraient nous faire croire. Aujourd'hui, cette bande s'attaque à l'Italie, l'Espagne. Demain, ce sera au tour de la France. Le moment est venu demettreces spéculateurs hors d'état de nuire.
N'est-il pas un peu facile de désigner toujours les spéculateurs ?
Ce qui est facile, c'est de ne pas nommer les choses et de laisser faire. A l'heure actuelle, certains fonds d'investissements et établissements bancaires, américains, britanniques mais aussi européens - c'est un comble - ont un intérêt financier à mettre des pays européens en faillite. Ils le font en achetant des CDS sur les dettes européennes, en vendant des titres à découvert, en alimentant le marché de rumeurs, qui font les choux gras et les gros titres d'une certaine presse financière. La première mesure des autorités de marché et des dirigeants politiques doit être, au nom de la transparence des marchés, de forcer l'identification de ces spéculateurs. Quels fonds ont intérêt à faire tomber l'Europe ? Quels établissements arment ces fonds avec des prêts, ou des titres - parfois à leur insu ? Après avoir rendu public ce listing, il faut -vite- se donner les moyens de blacklister ces institutions. Au nom de quel masochisme devrait-on continuer de les laisser opérer sur le marché européen ? Nous sommes actuellement dans une guerre financière qui ne dit pas son nom. Elle réclame des mesures à la hauteur des enjeux. En résumé : une institution prise en flagrant délit d'attaque sur les dettes souveraines européennes doit se voir interdire l'accès aux marchéseuropéens. Ni plus, ni moins.Dans cette guerre, je suis pour le moins perplexe face à la myopie des marchés financiers, qui tirent quotidiennement sur la zone euro, oubliant que deux Etats souverains ont des finances publiques au moins aussi délabrées que la Grèce : la Grande-Bretagne (un déficit correspondant à 9% du PIB) et les Etats-Unis, qui pourraient faire défaut dans quinze jours sur leur dette, et qui ne savent pas s'ils vont faire 1.500 ou 1.700 milliards de dollars de déficits en 2011. La timidité des américaines agences de notation sur le sujet est aussi curieuse que leurs triple A sur les subprimesde 2008...
Qu'attendent les responsables politiques européens pour réagir ?
Je ne sais pas. C'est maintenant que ça se passe. Cet automne, il sera trop tard. Trois actions doivent être entreprises : 1. Dans les prochains jours, le listing et le "blacklisting" des institutions spéculant contre la zone euro. 2. Une initiative franco-allemande sur les marchés, par exemple un achat massif de dettes souveraines espagnoles et italiennes. Nos amis allemands le savent : si ces pays font défaut, leurs banques sautent. La solidarité européenne est aussi une bonne politique nationale. 3. Avant le 2 août prochain, date à laquelle les Etats-Unis auront atteint leur plafond de dette autorisé par la loi, nomination d'un ministre européen des finances ayant pour mission première la mutualisation des dettes nationales européennes. C'est l'heure de vérité de l'Europe : soit chacun se replie sur son pré carré national, et tout le monde est perdant ; soit nous sortons de la crise par le haut, avec une union fédérale budgétaire et fiscale, et donc politique.
Tout cela nécessite du temps ?
S'il a fallu quelques heures pour décider une opération militaire en Lybie, on peut se donner quelques jours pour endiguer la spéculation, et quelques semaines pour unir les forces des Trésors allemand, français, italien, espagnol. Après, nous aurons le temps de passer aux choses sérieuses : la remise en ordre de nos finances publiques, à commencer par la France ; la responsabilisation de l'Allemagne face à son engagement européen, notamment en termes de défense ; et la constitution des Etats-Unis d'Europe.
(*) Par ailleurs, fondateur du site www.etatsunisdeuropoe.com et auteur de "Quand le dollar nous tue" (Editions Grasset)

Avoir 20 ans en Grèce : Portrait

Quel avenir pour les jeunes grecques, malmenés par la crise économique sans précédent qui bouleverse leur pays ?
L’Europe et le FMI sont montrés du doigt. La jeunesse se trouve sans avenir et, révoltée, plongé dans une crise économique sans précédent. Avec un bond de 12.7% en un an, les derniers chiffres officiels sont terribles: 42.5% des Grecs de moins de 25 ans sont sans emploi. La vie sociale, économique et culturelle des jeunes se trouve bouleversée. Ceux qui bénéficient de solidarité familiales sont privilégiés. Mais, tout un système de survie se met en place et bouleverse les règles: surenchère du personnel le plus qualifié pour un salaire en dessous du minimum légal, multiplication des temps partiel, travail au noir, crise du logement, et de la santé… Les jeunes n’ont plus les moyens d’être assurés sociaux ni d’avoir une mutuelle, la précarité étant partout. Anna est enseignante dans des instituts privés, elle précise «fin 2009, on était la Génération 700 euros, c’était le salaire minimum pour les moins de 25 ans. On est maintenant la Génération 592 euros. Comment vivre à Athènes ou le loyer d’un F2 coute 400 euros, le ticket de métro 1.40 et que la TVA est montée à 23% ?». Elle multiplie donc les petits contrats de quelques heures dans les multiples instituts prives que compte la Grèce. Payée 11 euros de l’heure sur son contrat, elle n’en touche que 8 en réalité, le reste étant payé au noir pour contourner les cotisations. Nikos et Gorgios, deux étudiants de 22 et 24 ans, ont la chance de dépendre encore de leurs parents. « je suis bac +5 avec mon diplôme d’architecture, je dois faire mon service militaire en fin d’année cela tombe bien» dit l’un pendant que l’autre, master de science en poche poursuit «il y a 1 an je pensais que j’aurais du mal à trouver du boulot, aujourd’hui je sais que c’est impossible, je vais continuer de me former pour retarder le chômage ».

Coté loisirs ou culturel, les jeunes désertent les salles de spectacle et les terrasses des cafés : le cœur d’Athènes ne vibre pas le soir de toute sa jeunesse turbulente agglutinée dans les bars. Des jeunes témoignent: «on achète les boissons dans les boutiques les moins chères, et on va au parc».

Pour contester, les jeunes sont des centaines à se rendre chaque soir sur la place Syntagna, face au Parlement. Ce qu’il s’y passe? des discussions politiques, vote de résolutions publiées sur internet, motions de grève, désir que leur pays sorte de la zone euro, rêve de s’expatrier et fuir vers des horizons meilleurs

Rappel de quelques chiffres évocateurs:

Population 11.2 millions d’habitants

Dette publique par habitant : 29 343 euros

Croissance – 4.8%

25% de la population a – de 25 ans dont 36.1% au chômage

Le parlement français a définitivement approuvé ce mercredi la création d'une prime obligatoire pour les salariés des entreprises d'au moins 50 personnes versant des dividendes en progression.

Après les députés, les sénateurs ont entériné ce mercredi, par 177 voix contre 152, le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2011 (PLFRSS) qui prévoit la création de la prime pour les salariés annoncée mi-avril par Nicolas Sarkozy. Cette prime sera obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés ayant versé des dividendes en hausse par rapport à la moyenne des deux dernières années. Elle devrait concerner environ quatre millions de salariés.

"Plus qu'une mesure de pouvoir d'achat, c'est une mesure d'équité et de justice", a déclaré le ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui a qualifié sa mesure de "juste, concrète". Cette mesure est critiquée par l'opposition de gauche qui la qualifie "d'anecdotique" et affirme qu'elle n'est "nullement une réponse à la question du pouvoir d'achat".
Plusieurs élus de la majorité ont exprimé leurs réserves vis-à-vis de cette prime comme Hervé Novelli, chef de file des députés UMP membres du collectif des "réformateurs" (libéraux).
Les syndicats de salariés sont eux aussi critiques de même que les trois organisations patronales, qui ont réclamé en vain que la prime concerne seulement les entreprises à partir de 500 salariés.

Crise de la dette : la Grèce appelle à l'aide

Alors que les pays de la zone euro peinent toujours à trouver un accord sur le deuxième plan d'aide à la Grèce, qui voit sa note souveraine de nouveau dégradée par l'agence Fitch, se rapprochant ainsi de la catégorie des émetteurs insolvables, son Premier ministre lance un cri d'alarme.
 L'agence de notation Fitch a rappelé mercredi aux Européens qu'il était urgent de concevoir un nouveau plan d'aide à la Grèce qui couvre ses besoins financiers jusqu'en 2014, en dégradant brutalement la note du pays qui se rapproche dangereusement de la catégorie des émetteurs insolvables. Après avoir déjà perdu trois crans en mai, la note de la Grèce va de Charybde en Scylla : à CCC, contre B+ auparavant, elle n'est plus qu'à trois crans de la note "DDD", réservée aux émetteurs de dette qui sont insolvables. Fitch le dit sans détour: la note CCC sanctionne le fait que "le défaut (de paiement) est une possibilité réelle". La Grèce est déjà considérée au bord de l'insolvabilité par une autre agence de notation, Standard & Poor's, qui la classe à un cran de la faillite.
Comme en mai, Athènes a critiqué vivement la décision de Fitch, la jugeant "incompréhensible" de son point de vue. Mais l'agence critique moins la Grèce, dont elle salue même la "détermination" à mettre en oeuvre le plan de l'UE et du FMI, que les atermoiements de la zone euro. A l'appui de sa décision, elle évoque ainsi "l'absence d'un plan d'aide crédible et dûment financé" de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, qui peinent à finaliser un deuxième programme de prêts pour mettre le pays à l'abri jusqu'à mi-2014, après le premier programme de mai 2010 qui s'élevait à 110 milliards d'euros.
"Eviter de se retrouver en faillite en 2012"
Or, le temps presse. La Grèce a besoin d'argent "pour éviter de se retrouver en faillite en 2012", écrit Fitch. Le Premier ministre grec ne dit pas autre chose dans l'entretien qu'il a accordé au Financial Times Deutschland, qui le publie ce jeudi. "L'atmosphère actuelle ne nous aide pas à nous sortir de cette crise", explique George Papandréou. "Cette insécurité fait peur aux investisseurs. Si nous n'avons pas rapidement une décision qui défende un deuxième programme (d'aide) à la Grèce et qui permette au pays d'entreprendre ses profondes réformes, alors le programme (d'aide) lui-même échouera", explique-t-il.
Le chef du gouvernement grec s'est dire ouvert aux idées circulant actuellement, comme le rachat à prix cassés de sa dette sur le marché avec l'argent versé par les Européens et le FMI. Le fonds de secours international en place dans la zone euro (FESF) prévoit cette possibilité et Berlin a semblé mercredi s'y ranger. "Cette idée pourrait alléger le fardeau de la dette de la Grèce, et aussi le service de cette dette", explique George Papandréou. Mais il faut selon lui faire vite: "cela pourrait théoriquement prendre deux semaines, ou beaucoup plus longtemps, ce qui provoquerait nettement plus de dégâts".
Le chef du gouvernement grec se refuse par ailleurs à pronostiquer une date de retour de la Grèce sur les marchés financiers, estimant que cela dépend largement de l'attitude de l'UE et du FMI. "Plus ils sembleront décidés à s'occuper du problème, plus tôt nous pourrons revenir sur le marché", dit-il. Le rachat de la dette grecque, qui pèse 160% de la richesse du pays, serait coûteux pour les banques en raison de l'effondrement de la valeur des emprunts grecs sur le marché, mais cela permettrait d'éviter une sanction des agences de notation. Et l'opération aurait sans doute les faveurs de la Banque centrale européenne qui avait accepté à contrecoeur au printemps 2010 de mettre en place un programme de rachat d'obligations, mais laisse entendre depuis plusieurs mois que ce genre d'opération devrait être mené par les Etats.

L’euro, la fin d'un rêve néolibéral

Alors que l'existence même de l'euro est remise en question, un économiste américain rappelle une différence fondamentale entre la monnaie unique et l'Union européenne : la première est le fruit d'une politique très à droite, la seconde émane d'un projet profondément solidaire. La fin de l'une ne signifierait donc pas la mort de l'autre. 

L’euro atteint des tréfonds face au franc suisse. Quant aux taux d’intérêt sur les emprunts italiens et espagnols, ils ont crevé le plafond. Ce dernier épisode en date dans la crise de la zone euro s’explique par la peur de voir l’Italie touchée à son tour. Avec une économie de 2 000 milliards de dollars [1400 milliards d'euros] et 2 450 milliards de dollars de dette [1700 milliards d'euros], l’Italie est trop puissante pour qu’on la laisse mordre la poussière. D’où l’inquiétude des autorités européennes.
Aujourd’hui, rien ne justifie que l’on redoute une hausse des taux d’intérêts de l’Italie au point de mettre en danger sa solvabilité. Cela n’empêche pas les marchés financiers de réagir de façon irrationnelle et d’attiser ces craintes : à force de prophétiser le pire, on finira par le provoquer. Sachant que les autorités européennes ne parviennent même pas à s’entendre sur les moyens de gérer la dette grecque — une économie six fois moins importante que l’Italie —, il n’y a guère de raison d’avoir confiance dans leur capacité à répondre à une crise plus grave.

L'UE peut prospérer sans l'euro

Les économies plus fragiles de la zone euro, la Grèce, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne, sont déjà confrontées à des années de châtiment économique, en particulier un niveau de chômage extrêmement élevé (16 %, 12 %, 14 % et 21 % respectivement). Puisque tous ces malheurs que nous nous infligeons n’ont d’autre objectif que de sauver l’euro, on est en droit de se demander si la monnaie unique mérite d’être sauvée.
Tout comme on est en droit de se poser cette question du point de vue de la majorité des Européens qui travaillent pour assurer leur subsistance — autrement dit, d’un point de vue de gauche.
On entend souvent que l’union monétaire, qui englobe aujourd’hui 17 pays,  doit être maintenue au nom du projet européen. Et de citer des idéaux dignes d’intérêt comme la solidarité européenne, le besoin de mettre en place des critères communs dans le domaine des droits de l’homme et de la cohésion sociale, de rejeter le nationalisme d’extrême droite et, bien sûr, l’intégration économique et politique indissociable d’une telle évolution.
Mais ce serait confondre l’union monétaire, ou la zone euro, avec l’Union Européenne elle-même. Ainsi, le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni sont membres de l’UE, mais ils ne font pas partie de l’union monétaire. Il n’y a aucune raison pour que le projet européen ne puisse se poursuivre, et l’UE prospérer, sans l’euro.

Un projet ouvertement de droite

Et tout porte à espérer que cela pourrait se produire. Le problème, c’est que l’union monétaire, contrairement à l’UE elle-même, est un projet ouvertement de droite. Cela n’était peut-être pas évident à son lancement, mais ça l’est aujourd’hui, douloureusement de surcroît, alors que les économies moins robustes de la zone euro se voient infliger une punition jusqu’à alors réservée aux pays à faibles et moyens revenus tombés entre les griffes du Fonds monétaire international et de ses gouverneurs issus du G7.
Au lieu de tenter de sortir de la récession à l’aide de stimuli fiscaux et/ou monétaires, comme l’ont fait la plupart des gouvernements de la planète en 2009, ces Etats sont contraints de faire le contraire, et le coût social en est terrible.
Les humiliations se succèdent : les privatisations en Grèce ou la "réforme du marché du travail" en Espagne ; les effets régressifs des mesures prises sur la répartition des revenus et des richesses ; et la diminution et l’affaiblissement de l’Etat-providence, tandis que les banques sont renflouées aux frais du contribuable — autant de mesures qui trahissent sans ambiguïté le programme de droite des autorités européennes, et qui prouvent qu’elles tentent de tirer parti de la crise pour imposer une orientation à droite de la politique.
La nature de droite de l’union monétaire a été institutionnalisée dès son lancement. Les règles limitant la dette publique à 60 % du PIB et les déficits budgétaires annuels à 3 % du PIB, bien que violées dans la pratique, sont inutilement contraignantes en période de récession et de fort taux de chômage.
Autre indicateur sinistre, le mandat de la Banque Centrale Européenne, qui est censé ne se charger que de l’inflation et absolument pas de l’emploi. La Réserve fédérale américaine, par exemple, est une institution conservatrice, mais au moins, la loi exige d’elle qu’elle se préoccupe de l’emploi autant que de l’inflation.
Et la Fed, en dépit de l’incompétence dont elle a fait preuve puisqu’elle n’a pas su identifier une bulle immobilière de 8 000 milliards de dollars [5600 milliards d'euros], laquelle a fait plonger l’économie américaine, s’est avérée plus souple face à la récession et à une reprise faible, créant plus de 2 000 milliards de dollars [1400 milliards d'euros] dans le cadre d’une politique monétaire expansionniste. En comparaison, les extrémistes aux commandes de la Banque Centrale Européenne ont relevé les taux d’intérêt depuis avril, en dépit d’un chômage digne d’une dépression dans les économies les moins solides de la zone euro.
A en croire certains économistes et observateurs politiques, ce dont a besoin la zone euro, pour fonctionner, c’est d’une union fiscale, avec davantage de coordination au niveau des politiques budgétaires. Mais la politique fiscale de droite est contre-productive, on le voit bien, et le resterait même si elle était mieux coordonnée. D’autres économistes, dont l’auteur de ces lignes, soutiennent que les grandes différences entre Etats-membres en termes de productivité constituent un obstacle majeur à une union monétaire. Mais même si l’on parvenait à surmonter ces problèmes, tant que la zone euro serait un projet de droite, elle ne mériterait pas que l’on se donne du mal pour elle.

Quiconque s'oppose à cette politique est "réactionnaire"

Avant son avènement, l’intégration économique européenne était d’une autre nature. L’Union Européenne s’efforçait somme toute de tirer les économies les moins puissantes vers le haut tout en protégeant les pays vulnérables. Mais les autorités européennes se sont avérées impitoyables au sein de leur union monétaire.
L’idée qu’il faille sauver l’euro au nom de la solidarité européenne joue également sur la vision simpliste que l’on a de la résistance des contribuables, dans des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande, face à la nécessité de "renflouer" la Grèce. S’il est indéniable que cette résistance repose en partie sur des préjugés nationalistes — souvent attisés par les médias —, elle ne se résume pas à cela. Beaucoup d’Européens n’apprécient pas de payer l’addition pour renflouer des banques européennes qui ont consenti des prêts toxiques.
Et les autorités de l’UE ne sont pas en train "d’aider" la Grèce, pas plus que les Etats-Unis et l’Otan "n’aident" l’Afghanistan, pour évoquer un débat comparable, où quiconque s’oppose à une politique destructrice est traité de "réactionnaire" et "d’isolationniste".
Manifestement, une grande partie de la gauche européenne n’est pas consciente de la nature conservatrice des institutions, des autorités, et surtout des politiques macro-économiques, auxquelles elle fait face dans la zone euro.
Cela s’inscrit dans un problème plus général, lié au fait que dans le monde entier, le public ne comprend pas la politique macro-économique. Ce qui a permis à des banques centrales de droite de mettre en œuvre des politiques destructrices, parfois même sous des gouvernements de gauche. Cette incompréhension, à laquelle s’ajoute l’absence d’intervention démocratique, peut contribuer à expliquer le paradoxe qui fait que l’Europe aujourd’hui applique une politique macro-économique plus à droite que les Etats-Unis, bien que disposant de syndicats beaucoup plus puissants et d’autres bases institutionnelles favorables à une politique économique plus orientée à gauche.

La Chine ferme des sites Internet par milliers

Soucieuses de "réguler" la Toile, les autorités chinoises ont fermé de nombreux sites. Pour l'année 2010, ils ont diminué de 41%.

Les rapports qu’entretient la Chine avec Internet n’ont pas fini de révéler une certaine ambivalence de la part de la deuxième puissance économique mondiale. Formidable outil de développement économique pour le business des entreprises, Internet est aussi, en théorie, le territoire d’une expression libre, que Pékin ne se gêne pas de contrôler.
Ainsi, un rapport de l’Académie des sciences sociales chinoise publié mardi nous apprend qu’en 2010, le nombre de sites enregistrés en Chine n’était plus que de 1,91 million, soit 41% de moins qu’à la fin 2009. Expert des médias de l’Académie, Liu Ruisheng, cité par l’AFP, a justifié ces fermetures : les sites concernés seraient surtout des diffuseurs de contenus... pornographiques.
"Grande muraille de l’Internet"
Pékin rend déjà un grand nombre de sites étrangers inaccessibles, comme Facebook, Twitter et YouTube. Début 2010, le déplacement par Google de ses serveurs de la Chine vers Honk-Kong, qui bénéficie d’une certaine autonomie par rapport au pouvoir central, avait fait grand bruit. La firme s’était retirée du premier marché du monde avec près d’un demi milliard d’internautes, suite à des attaques répétées de pirates sur les comptes Gmail de militants des droits de l’Homme et aux demandes expresses du pouvoir central de censurer certaines entrées sur son moteur de recherches.
Malgré tout, Liu Ruisheng estime que son pays possède "un niveau très élevé de liberté d’expression en ligne". Une déclaration qui n’empêchera pas la "police du Net" de faire son travail. Plusieurs milliers de personnes sont en effet payées non seulement pour censurer toutes activités jugées "illégales" sur la Toile, mais aussi pour produire des commentaires favorables au pouvoir en place.

L'agence Moody's met les Etats-Unis sous surveillance

La tension est brusquement montée mercredi 13 juillet autour de l'impasse du débat budgétaire aux Etats-Unis. Le pays risque en effet de perdre sa note de crédit maximale AAA dans les semaines qui viennent si le Congrès ne parvient pas à trouver un accord pour relever le plafond de la dette nationale, a annoncé l'agence de notation Moody's.

Faute d'un tel accord, les Etats-Unis pourraient manquer certains remboursements sur les obligations publiques en circulation, ajoute-t-elle. Les risques d'un défaut de paiement sur les obligations d'Etat américaines, qui passent pour être l'investissement le plus sûr au monde, ont augmenté depuis que l'Etat a atteint, le 16 mai, le plafond légal d'endettement de 14 294 milliards de dollars.
Depuis, les chefs de file du Congrès et le président américain, Barack Obama, poursuivent des négociations tendues afin de relever ce plafond d'ici à la date limite du 2 août. Mais pour l'instant le Congrès refuse de s'exécuter tant qu'il n'y aura pas d'accord sur la réduction d'un déficit budgétaire, qui atteignait 1 290 milliards de dollars lors du dernier exercice budgétaire. Les réunions quotidiennes organisées depuis dimanche à la Maison Blanche n'ont jusqu'ici abouti à aucun résultat concret.
Moody's est la première des trois grandes agences de notation à placer la note des USA sous surveillance avec risque d'un déclassement. Standard & Poor's avait assigné en avril une perspective négative à la note des Etats-Unis, impliquant un probable déclassement dans les 12 à 18 mois.
"J'AI ATTEINT MES LIMITES"
Après cette annonce, le dollar a aggravé ses pertes et les emprunts d'Etat américains ont baissé. Le sous-secrétaire au Trésor chargé des finances intérieures, Jeffrey Goldstein, a réagi en déclarant que l'annonce de Moody's était un rappel opportun de la nécessité pour le Congrès de s'accorder avec la gouvernement pour éviter un défaut de paiement des Etats-Unis.
La réunion quotidienne de négociations s'est ensuite tenue à la Maison Blanche, dans une ambiance très tendue. En guise de conclusion à la réunion, Barack Obama leur aurait signifié qu'il ne ferait plus de concession, même s'il devait mettre son mandat en péril. "J'en suis arrivé au stade où je dois dire : 'ça suffit !' Est-ce que Ronald Reagan resterait assis ici ? J'ai atteint mes limites. Cela peut peut-être entraîner la fin de ma présidence, mais je ne céderai pas sur ce point", a-t-il affirmé selon l'attaché parlementaire républicain.

Oui à l’engagement… mais jusqu’à quand ?

Que le gouvernement ait obtenu du Parlement la prolongation de l’intervention aérienne en Libye ne faisait aucun doute. Pratiquement à la tête politique de l’opération depuis que les États-Unis se tiennent en retrait, à l’origine aussi des premières frappes en mars, la France est engagée jusqu’au bout. Retirer ses forces comme le fait l’Italie qui rapatrie son porte-aéronefs serait politiquement désastreux auprès des alliés de l’OTAN et au-delà. Un tel revirement conforterait tous les dictateurs de la planète en prouvant une fois de plus, après bien des exemples malheureux, que les résolutions du Conseil de sécurité ne sont que du vent… et l’Alliance atlantique, un tigre en papier.

À la pointe de l’intervention, peut-être lancée trop précipitamment après l’apathie totale devant les événements en Tunisie et en Égypte, la France n’a d’autre choix que d’assumer. Pour un coût qui avoisinerait déjà les 160 millions d’euros, elle fournit le quart des efforts militaires – autant que le Royaume-Uni – avec, notamment, 35 sorties aériennes par jour à partir du « Charles de Gaulle ». Les États-Unis assurent une très conséquente logistique mais, hormis le Canada, les autres pays de l’OTAN se contentent du minimum. Sans oublier le « Nein » de l’Allemagne, certes quelque peu oublié dans une Europe mobilisée par la crise des dettes souveraines, mais qui, à Paris, à Londres et au Quartier général de l’OTAN à Bruxelles, reste en travers de la gorge…

Néanmoins, « il faut savoir mettre fin à une guerre » a déclaré hier à Kaboul le président Sarkozy… en parlant de l’Afghanistan. Cette vérité vaut aussi pour la Libye et les éventuelles « portes de sortie » sont étudiées aussi fébrilement que les cibles potentielles des bombardiers. Que la solution ne sera pas exclusivement militaire ne fait déjà aucun doute. Même si les forces de Benghazi gagnent petit à petit du terrain, elles continuent à se heurter à des milices « kadhafistes » opérant aujourd’hui par petits groupes mobiles – et non plus en colonnes lourdement armées – pour échapper aux opérations aériennes. Une intervention terrestre de l’OTAN restant exclue, cette guerre civile n’est pas prête de s’éteindre. Et pendant ce temps, la population civile souffre. En Cyrénaïque libérée et à Tripoli soumise aux bombardements quotidiens avec leurs « dégâts collatéraux » qu’il serait honteux de passer sous silence.

Depuis des semaines, les émissaires se succèdent en Libye. Paris et Londres seraient de véritables « plaques tournantes » pour négociateurs officieux. La pression diplomatique sur le clan Kadhafi est énorme et le Conseil national de transition en place à Benghazi a gagné sa légitimité auprès de la communauté internationale.

Secrets ou menés en toute transparence par l’Union africaine, les pourparlers achopperaient surtout sur le sort du « guide suprême », de ses fils, de ses sbires… et des richesses accumulées par le clan. Que la Cour pénale internationale ait lancé un mandat d’arrêt contre Kadhafi renforce encore l’obstruction des maîtres de Tripoli. Or Mouammar Kadhafi, qu’il jette finalement l’éponge ou qu’il soit démis, ne peut rester en Libye, un pays maillé de liens tribaux et d’allégeances personnelles qui, très vite, rallumeraient la guerre…

14 Juillet

14 Juillet, fête de la République, c'est-à-dire de la chose publique. Mais qu'est-ce donc que cette chose publique sinon ce qui nous concerne tous ? Elle est ce qui nous relie les uns aux autres. Elle est ce que nous recevons des autres, de la communauté dont nous faisons partie. Elle est aussi et en même temps ce que nous apportons aux autres, ce que nous donnons en retour à cette communauté qui est la nôtre.

Cette chose publique, c'est cet échange entre chacun de nous et tous les autres, une sorte de va-et-vient : nous apportons, nous recevons ; nous accueillons, nous sommes accueillis.

Ce que nous recevons de la communauté nationale, c'est la sécurité, la protection des droits de chaque personne : liberté de circulation, de travailler, d'écrire, de penser, etc... C'est la veille sanitaire qui vérifie la qualité des denrées et des instruments que nous utilisons pour nous nourrir, pour nous soigner, pour travailler. C'est la défense nationale contre l'ennemi éventuel.

Ce que nous donnons, c'est notre contribution à l'effort national, à la prospérité. Par exemple, par l'impôt ou par l'engagement au service des autres dans notre profession. Par notre sollicitude envers les plus démunis, les plus souffrants, les plus isolés et solitaires.

Non aux petites querelles

En un mot, cette chose publique est ce Bien Commun partagé qui permet une existence plus harmonieuse. On voit bien qu'un tel Bien Commun nécessite attention permanente, effort constant, recherche assidue, sans quoi il s'étiole et s'évanouit, laissant place aux tensions puis aux oppositions qui peuvent devenir brutales. Ce Bien Commun exige même parfois le sacrifice de la vie lorsqu'on est militaire comme, malheureusement, nous en est donné encore l'exemple, hier, avec la mort de cinq de nos soldats en Afghanistan.

Cette recherche du Bien Commun est en quelque sorte à la base de notre démocratie, expression libre de la volonté commune de vivre ensemble dans le respect mutuel. Cela nous paraît si naturel que l'on croit facilement à la durabilité de cet état de choses et qu'il est normal de vivre ainsi. Mais quand on voit autour de nous les difficultés que de nombreux peuples rencontrent pour acquérir cet état de vie, nous devrions réfléchir davantage aux précautions qu'il nous faut prendre pour le sauvegarder.

Ce Bien Commun qu'est la démocratie nous a été légué après de longs combats. Songeons qu'il s'est écoulé quatre-vingt-six ans entre les débuts de 1789 et la constitution de 1875 établissant l'État républicain que nous connaissons aujourd'hui et qui n'a plus été contesté fondamentalement depuis, sauf lors de la parenthèse de l'État français entre 1940 et 1944.

Les Égyptiens et les Tunisiens libéraux s'impatientent actuellement des lenteurs de leur révolution. On les comprend. Pour nous aussi, ce fut un périple long et difficile comportant avancées et retours en arrière. C'est la raison pour laquelle dans cette période électorale qui s'ouvre, il importe que nous élevions notre regard pour distinguer ce qui est essentiel, à savoir ce Bien Commun que nous devons non seulement protéger mais faire grandir encore au lieu de l'abaisser dans nos petites querelles.

14 JUILLET



Crise de la dette : la zone euro "danse au bord du gouffre"

Les divergences de la zone euro sur la réponse à la crise de la dette se sont encore accentuées avec le report probable d'un sommet extraordinaire sur la crise de la dette. Conséquence : l'agence de notation Fitch a dégradé la note de la Grèce. Les experts sont pessimistes.
 La valse-hésitation des membres de la zone euro sur la tenue d'un sommet de crise va-t-elle semer un peu plus le doute chez les investisseurs ? Les divergences de la zone euro sur la réponse à la crise de la dette se sont encore accentuées mercredi, notamment entre Paris et Berlin, avec le report probable d'un sommet extraordinaire sur la crise de la dette envisagé un temps pour vendredi.

L'option d'une telle réunion à l'initiative du président de l'UE Herman Van Rompuy, visant à frapper fort en vue d'apaiser les marchés financiers alors que l'Union monétaire vacille sur ses fondements douze ans après sa création, avait filtré mardi. Mais il est apparu dès mercredi qu'elle ne faisait nullement l'unanimité, l'Europe replongeant dans la cacophonie et l'indécision. Le gouvernement allemand a assuré ne rien savoir d'une telle initiative. Il n'y a pas "de projet concret de sommet" extraordinaire, a assuré une porte-parole à Berlin, laissant transparaître le peu d'enthousiasme de l'Allemagne. Du coup, "il est très, très improbable que la réunion ait lieu vendredi", a indiqué en début de soirée une source diplomatique. Elle devrait être repoussée au mieux "en début de semaine prochaine", le temps de surmonter les clivages persistants, a-t-elle ajouté. "Le fond de l'affaire est que les Allemands sont très irrités de ne pas avoir été informés au préalable de ce projet" et ont le sentiment qu'on veut leur "forcer la main pour signer un accord", a souligné une autre source diplomatique. A Paris, la tonalité est différente. La France s'est dite favorable sur le principe à "l'organisation de réunions de l'Eurogroupe en cas de besoin".
"Un véritable désastre"
Mais face à ces rebuffades et autres marques d'irritation, les experts s'arrachent les cheveux : "Le spectacle que donnent les Européens face à la crise grecque est un véritable désastre", déplore Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, dans une lettre ouverte. Pour lui "l'Europe danse au bord du gouffre" à cause de ses tergiversations. Selon une source diplomatique, "l'incertitude est liée au fait que les dirigeants européens veulent être sûrs d'en sortir avec quelque chose de consistant". Or, l'Allemagne juge à ce stade qu'il est trop tôt pour parvenir à un accord global.

Quoiqu'il en soit, le spectacle fait peine avoir. D'autant plus qu'il semble devenir une habitude. Les pays européens peinent toujours à surmonter leurs clivages sur le problème à l'origine de la récente poussée de fièvre dans la zone euro: la mise au point d'un deuxième programme de prêts promis à Athènes pour mettre le pays à l'abri jusqu'à mi-2014, au moins. Le Fonds monétaire international (FMI) a chiffré mercredi le chèque à signer par les pays européens à 71 milliards d'euros et celle des créanciers privés à 33 milliards d'euros.  L'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande notamment exigent qu'on fasse contribuer cette fois ces banques créancières de la Grèce, condition nécessaire à leurs yeux pour que leurs opinions publiques nationales acceptent de nouveaux prêts. Mais de leur côté, la Banque centrale européenne (BCE), la France ainsi que tous les pays en difficulté de la zone euro redoutent que cela n'alimente la contagion.

Pendant ce temps, les investisseurs semblent de plus en plus douter de la capacité de la zone euro à surmonter ses problèmes : l'agence Fitch a sèchement dégradé mercredi de trois crans la note de la dette souveraine de la Grèce, dénonçant l'absence d'un nouveau plan d'aide "crédible et financé" de l'UE et du FMI. Très alarmiste, la ministre finlandaise des Finances Jutta Urpilainen a appelé à la mobilisation générale car à ses yeux "il y a un réel danger que cette crise se propage comme une déferlante". 

Berlin accepte un sommet sur la Grèce, Fitch en dégrade la note

La zone euro continuait mercredi d'être divisée sur la question d'un possible défaut grec, qui devrait finalement être tranchée la semaine prochaine lors d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 17 pays de la monnaie unique.
Berlin, qui avait mercredi matin largement refroidi les espoirs de voir une telle réunion être organisée, a fini par en accepter le principe, a indiqué une source diplomatique de haut rang, qui a ajouté que la date finale dépendrait de l'avancement des discussions en cours sur la participation du secteur privé à un second plan d'aide à la Grèce.
Pratiquement au même moment, l'agence de notation Fitch annonçait l'abaissement de la note de la Grèce, qui était déjà en catégorie spéculative, de B+ à CCC en invoquant l'absence d'un programme crédible dans le pays.
"Le principe d'avoir une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro est accepté par les principaux acteurs, dont l'Allemagne", a dit ce diplomate, avant de préciser que le sommet aurait lieu la semaine prochaine et non vendredi comme évoqué initialement.
Il a par ailleurs indiqué que la date finale en serait arrêtée en fonction de l'état d'avancement des discussions en cours entre les membres de la zone euro sur le double dossier de la participation du secteur privé et d'un "défaut sélectif" de la Grèce qui serait déclaré par les agences de notation et dont les conséquence potentielles sont incalculables.
Les dates de lundi et mardi font partie des options étudiées, a-t-on appris auprès de plusieurs autres sources.
OPPOSITION DE LA BCE
Le plan initial du président du Conseil européen Herman Van Rompuy, tel que communiqué aux ambassadeurs à Bruxelles, était de tenir ce sommet vendredi, avec la possibilité de réunir ensuite les ministres des Finances dimanche.
Mais les autorités allemandes se sont montrées réticentes à fixer une date tant qu'une solution claire n'émergerait pas des discussions techniques en cours sur la forme que doit prendre la participation des banques, compagnies d'assurance et fonds d'investissement au sauvetage de la Grèce.
Apportant de l'eau au moulin allemand, le Fonds monétaire international a estimé que cette participation privée à un nouveau plan grec était primordiale alors que la dette du pays devrait atteindre un pic à 172% en 2012, contre 159% précédemment attendu.
Selon plusieurs diplomates, trois idées restent sur la table: celle d'un rachat d'obligations grecques sur le marché secondaire avec l'aide du fonds de soutien "zone euro" (FESF), celle d'un "swap" d'obligations existantes pour de nouveaux titres à la maturité allongée, poussée par l'Allemagne, et celle d'un "roll-over" de la dette grecque, soutenue par la France.
La Banque centrale européenne, comme beaucoup d'Etats membres, reste toutefois vivement opposée à toute solution impliquant un "défaut sélectif" et Jens Weidmann, président de la Bundesbank et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a rappelé mercredi matin que l'option d'un rachat d'obligations par le FESF n'était absolument pas souhaitable.
LES GRANDS PAYS EN CRISE
Au-delà des cas grecs, irlandais et portugais, les trois pays bénéficiant d'un plan d'aide, c'est aussi et surtout désormais les situations de l'Italie et de l'Espagne, des pays jugés trop gros pour être secourus, qui inquiètent les marchés.
Avant de se replier légèrement mercredi, les rendements des obligations italiennes et espagnoles ont touché des plus hauts historiques ces derniers jours. "Les grands pays sont désormais en crise. Cela devient assez dangereux", a estimé un trader.
Les résultats des stress tests bancaires européens, qui seront publiés vendredi soir, pourraient faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre.
Une petite quinzaine de banques pourraient échouer à ces tests, dont six institutions en Espagne, selon le journal ABC.
Les banques italiennes ont quant à elles déjà souffert cette semaine en Bourse des inquiétudes liées à la situation politique et économique transalpines.
Le président de la Banque d'Italie et futur président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a toutefois répété mercredi qu'il était absolument sûr que les banques italiennes réussiraient les tests.
Il a également fait valoir que la crise appelait à des décisions politiques de plus grande ampleur que celles prises au cours des derniers 18 mois.
Le Premier ministre irlandais Enda Kenny a lui-aussi estimé, après l'abaissement mardi soir de la dette de l'Irlande en catégorie spéculative par l'agence de notation Moody's, que s'il devait y avoir un sommet, celui-ci devrait permettre de dégager des solutions politiques à long terme.

Fitch a plus confiance en l'Italie qu'en la Grèce

L'agence de notation qui croit de plus en plus à un défaut du pays reproche les atermoiements de l'Europe et du FMI pour apporter une nouvelle aide financière au pays. Fitch est plus optimiste pour l'Italie.

Bien que la Grèce soit sous contrôle de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, les agences de notation continuent de donner des coups de canif dans la volonté des pays européens de sauver ce pays en grande difficulté financière. Après Standard and Poor's et Moody's, c'est au tour de Fitch de déclasser sévèrement la Grèce qui se rapproche ainsi du statut de pays en défaut. Pour l'agence de notation, «le défaut est une possibilité réelle».
Fitch invoque les atermoiements de l'Union européenne et du Fonds monétaire international à présenter un nouveau plan d'aide «crédible et financé». Ce à quoi le ministre grec des Finances Evangelos Venizélos répond : «Il est incompréhensible que Fitch fasse cette annonce aujourd'hui en dépit du fait que le calendrier de l'action des pays de la zone euro et du FMI a été décidé et est connu». L'agence de notation souligne également les «fortes incertitudes entourant le rôle des créanciers privés» dans le plan et les perspectives macroéconomiques du pays.

Le FMI dégrade les perspectives de croissance de la Grèce

Pour éviter une faillite de la Grèce l'année prochaine, l'Union européenne, le Fonds monétaire international et les créanciers privés du pays auraient dû se mettre d'accord dès le début du mois de juillet, selon l'agence de notation. Alors que les dirigeants européens peinent à se mettre d'accord sur une date pour un sommet extraordinaire, le FMI a rappelé ce mercredi qu'il comptait sur de nouveaux engagements de l'Europe et sur des sacrifices des créanciers privés avant d'engager son propre argent.
L'institution, qui a déjà prêté 30 milliards en avril 2010 et n'a pas l'intention pour le moment de contribuer davantage, semble également penser que la Grèce ne pourra pas se retourner sur les marchés avant le second semestre 2014. Le FMI a en effet dégradé ses perspectives de croissance pour la Grèce, tablant sur un recul du produit intérieur brut de 3,9% en 2011 contre 3% auparavant. «Il est essentiel que les autorités mettent en oeuvre leur programme budgétaire et de privatisations dans les temps et avec détermination. Les dynamiques de la dette laissent peu de place aux dérives», estime le chef de la mission du FMI en Grèce, Poul Thomsen.
La dégradation de la note grecque intervient quelques heures après que l'Italie a reçu un satisfecit de Fitch. L'agence de notation a estimé que le pays était en mesure grâce à son plan d'austérité de 40 milliards, qui doit être voté vendredi par le Parlement, de tenir ses objectifs en matière de réduction de déficit. Un choix qui a de quoi surprendre alors que Standard & Poor's et Moody's envisageraient de dégrader la note italienne.

Il est possible de sauver l'Europe sans humilier la Grèce

Alors que la zone euro n'exclut plus un défaut partiel de la Grèce concernant le paiement de sa dette, Didier Salavert, vice-président du parti Alternative libérale, met les pieds dans le plat : ce serait la meilleure option pour sortir de la crise.
La crise grecque et sa gestion au niveau européen laissent augurer d’une catastrophe politique. L’éclatement violent de la construction européenne patiemment réalisée depuis le Traité de Rome est très possible, car cette crise est celle de l’Europe avant d’être celle de la Grèce.

Il faut avoir le courage d’affronter cette évidence au lieu de se perdre dans des montages financiers qui ne règleront en rien le fond du problème.

 Drapeaux européens / DE NUL/SIPA
Drapeaux européens (SIPA)

Cette crise financière est aussi susceptible de dégénérer en crise morale car le ressentiment d’une partie de l’Europe contre l’autre est en train de monter. Toutes les discussions en cours au niveau européen démontrent que, désemparés face à cette situation, nos gouvernants entraînent l’Europe dans une fuite en avant dramatique.

Il est urgent qu’ils se ressaisissent en se rappelant que l’Europe est aussi une construction démocratique. Il faut respecter la souveraineté nationale de la Grèce, sous peine de l’humilier. Et on sait trop où vont les peuples humiliés.

De la liberté pour les peuples d’Europe de choisir leur pacte social

Les pères fondateurs de la Communauté européenne avaient pour objectif la paix et la réconciliation entre les pays de la Vieille Europe. Ils ont réussi au-delà de toute espérance. Puis leurs successeurs ont fait miroiter aux Européens une convergence vers le haut de leurs niveaux de vie par la seule harmonisation des législations nationales et des aides structurelles européennes.

Entretenus dans cette illusion technocratique, des pays comme la Grèce ont pu dépenser sans compter, créer une richesse à crédit et vivre au dépend de leurs voisins pendant de nombreuses années. La vérité est que le niveau de vie d’un pays ne se décrète pas, mais dépend de la productivité, du travail et de l’épargne de ses citoyens mis au service d’un projet de société.

L’erreur de tous les plans de "sauvetage" de la Grèce à ce jour est de vouloir contraindre les citoyens grecs vivre comme les Européens du nord. Cette erreur relève de l’obstination technocratique. Tout peuple a le droit de vivre comme il l’entend. Les arbitrages entre travail et loisirs, secteur public et privé, solidarité publique et familiale etc. constituent le socle du contrat social relevant de la seule souveraineté du peuple. Entrer dans l’Union européenne ne saurait obliger à abandonner son pacte de société. Harmonisation des normes ne signifie pas lissage des esprits.

Sous peine d’être rejetée par les citoyens, la construction européenne doit laisser aux peuples la constituant la liberté de vivre comme ils le souhaitent sous la simple réserve de respecter quelques grandes valeurs fondamentales et de ne pas être débiteurs de leurs voisins.

Athènes Grèce sipa
Athènes, Grèce (Sipa)

C’est la définition d’une Europe fédérale. Ainsi pensée, l’Europe peut trouver une voie de sortie de crise qui assure sa pérennité.

Sortir de la crise, ce n’est pas contraindre la Grèce à rembourser la totalité de sa dette, même rééchelonnée. Ce n’est pas non plus contraindre les Grecs à faire de leur nation une "petite Allemagne". Le modèle allemand est tout à fait respectable mais ce n’est tout simplement pas le modèle de société choisi par le peuple grec.

Sortir de la crise, c’est permettre aux Grecs de rembourser un montant raisonnable de leurs dettes, de reconstruire une économie pérenne et respectueuse de leur culture tout en gardant leur attachement l’Union Européenne. Pour ce faire, il faut d’une part autoriser le défaut de paiement de la Grèce et d’autre part la mettre à l’abri temporairement de la concurrence mondiale.

Interdire à la Grèce le défaut de paiement, c’est l’obliger à mettre en œuvre de manière violente un vaste plan de privatisations et une politique d’austérité stricte. Ces cessions signifieront que des pans entiers de l’économie grecque - dont des services publics de première nécessité - vont passer sous contrôle étranger.

Le retour à l’équilibre budgétaire exigera quant à lui une diminution drastique des dépenses publiques. Cet exercice entraînera une grave récession dans le pays. La Grèce va perdre une partie de sa souveraineté en même temps que des millions de Grecs vont connaître la pauvreté. A cette dernière va s’ajouter le sentiment d’humiliation d’un peuple entier.

Autoriser le défaut de paiement, c’est donner un ballon d’oxygène au pays pour permettre une reconstruction nationale dans un délai supportable par le peuple grec.

Rétablir temporairement des frontières douanières en Grèce

Pour autant, l’Etat grec doit dégager des ressources supplémentaires pour équilibrer son budget et son économie doit redevenir compétitive. Le rétablissement temporaire des barrières douanières permettrait d’atteindre ce double objectif.

Douane sipa
(Sipa)

Les droits de douane perçus (il faudrait viser plus de 10 milliard d’euros par an - soient des droits de douane de l’ordre de 20%) constitueraient des rentrées fiscales importantes contribuant à la réduction du déficit budgétaire, au remboursement de la dette laissée à la charge du pays et à des mesures de modernisation de l’économie. La consommation grecque se réorienterait vers les produits nationaux. Ces taxes à l’importation auraient le même effet qu’une dévaluation sans avoir à sortir de l’euro, mesure technique difficile à ce jour.

Le rétablissement de barrières douanières en Grèce ne serait d’aucun effet réel s’il n’était pas assorti de mesures de redressement national. Il ne s’agit pas d’une mesure de facilité. Permettre à la Grèce de rétablir ses frontières douanières pendant une durée déterminée, sans sortir de l’Union européenne, devrait donc être assorti d’une exigence de saine gestion de son budget et de mesures structurelles indispensables. Toutefois, procéder ainsi éviterait un traumatisme national. Il est même vraisemblable que les créanciers s’y retrouveraient mieux qu’avec un diktat rejeté par le peuple grec.

Quant aux prêts envisagés aujourd’hui par l’Europe en faveur de la Grèce, ils pourraient être très inférieurs aux montants avancés et ciblés sur la réorganisation de l’Etat grec.

Faux arguments et déni de démocratie

Pourquoi les médias relayant les autorités et les chefs d’Etat européens nous assènent-ils donc que le défaut de paiement de la Grèce serait la pire des solutions ? Analyser cette posture et répondre à cette question est de la plus grande importance politique.

Le premier argument pour s’opposer au défaut de paiement serait une réaction systémique sur le système bancaire. Rien n’est moins sûr. La comparaison avec la chute de Lehman Brothers ne semble pas pertinente. En effet, le marché interbancaire s’est "évaporé" en 2007 non à raison de la faillite elle-même de cet établissement financier, mais parce que personne ne savait où se trouvaient les risques d’insolvabilité dans le système bancaire. L’affaire grecque est très différente car les porteurs de la dette sont parfaitement identifiés et en tout état de cause les sommes en jeu - bien que considérables - absorbables par les prêteurs.

Le second argument serait que les marchés risquent de s’attaquer à d’autres pays européens si le défaut de paiement de la Grèce est constaté. Cet argument est irrecevable sachant que les marchés ont déjà intégré le risque de défaut de paiement de ces pays.

Le troisième argument est celui d’une fin de l’euro, le défaut de paiement de la Grèce entraînant sa sortie de l’euro.

Monnaie, euros
(Sipa)

Cette logique agitée comme un épouvantail ne repose sur aucune obligation légale. La meilleure preuve en est qu’aucune disposition des Traités européens n’oblige les Etats signataires à se porter au secours d’un membre défaillant ou à être garant de ses dettes.

Pourquoi alors refuser à la Grèce le défaut de paiement ? Plusieurs hypothèses sont possibles.

La première est que les décideurs européens sont manipulés par les grands créanciers privés. La gestion de la crise de 2007 montre que cette hypothèse n’a rien d’impossible.

La deuxième hypothèse est qu’un sauvetage institutionnel a pour corollaire la mise en place de nouvelles structures politiques et bureaucratiques au plus grand bénéfice de la technostructure.

La troisième hypothèse est qu’un défaut de paiement mettrait immédiatement les responsables politiques devant la seule question qu’ils veulent éviter de voir posée par les citoyens européens, à savoir la construction européenne en sa forme actuelle est-elle viable à long terme ?

Quelle que soit l’hypothèse retenue, nos gouvernants font fausse route. La crise devrait permettre de faire un point d’étape sur la construction européenne. Les gouvernants ont confisqué le débat public pour la ratification du Traité de Lisbonne.

Écartez un problème de fond et il revient violemment à vous. L’une des valeurs fondamentales de l’Europe est la démocratie, à savoir le droit imprescriptible au débat et à la liberté du peuple souverain. Il faut la respecter pour que vive l’Europe.

Hulot ne se lamente pas

Après la victoire d'Eva Joly à la primaire d'Europe Ecologie-les Verts, Nicolas Hulot dit n'avoir "aucun regret".
« Quand on a l'habitude de plonger avec des requins sans cage, il n'y a pas grand chose qui vous impressionne ». Nicolas Hulot prend sa déconfiture avec humour même si l'amertume pointe par moments. Invité mercredi de RTL, le candidat malheureux à l'investiture écolo pour 2012 a parlé (à l'imparfait) de sa campagne et de son expérience politique. « En 2007, le temps de l'écologie n'était pas venu », a-t-il expliqué. En 2011 « (il) pensait qu'il y avait un moment qui n'existait pas auparavant, qu'(il) pouvait participer à rapprocher les Français de l'écologie ». Ca n'a pas marché, pas de regret.

Et l'ex-animateur de TF1 de « s'incliner » à nouveau devant la victoire sans appel d'Eva Joly, intronisée officiellement mardi candidate d'EELV pour la présidentielle. « Mes états d'âme n'ont aucune importance (…) Je suis un homme libre, et je le suis d'autant plus ce matin ». Une manière de larguer les amarres de la politique ? Nicolas Hulot a dit ne pas savoir ce qu'il allait faire maintenant et qu'il n'y avait « aucune urgence » à prendre une décision. « Ma question, c'est où est-ce que je suis le plus utile ? Est-ce que j'apporte quelque chose à EELV ? Est-ce que EELV m'apporte quelque chose ? ».

"Pas un mot d'indignation"

L'ex-favori des sondages chez les écolos a quand même évoqué les attaques dont il a été victime ces deux derniers mois, notamment ce seau d'épluchures de pommes de terre déversé sur lui samedi dernier à Notre-Dame-des-Landes. La véritable « humiliation », c'est qu'il « n'y a pas eu un mot d'indignation de la part de ceux dont je pense être proche ». L'ancien présentateur a dit n'avoir « pas reçu un message de soutien » pendant 36 heures. « Ca m'a fait très mal. Certaines personnes étaient à quelques mètres de moi, et j'ai cru percevoir quelques petits sourires satisfaits », a-t-il raconté.

Tout en déplorant avoir du « étaler (ses) certificats de conformité écologique » pendant trois mois, il en a profité pour mettre en garde à nouveau Europe Ecologie-les Verts : « Il faut que ceux qui prônent le changement à EELV, eh bien il faut qu'eux-même changent : il faut s'ouvrir à la société, aller vers les autres et laisser les autres aller vers soi. Et sans leur demander en permanence justement d'où ils viennent et qui ils sont ».

Elle peut maintenant parler d'écologie

L'ancienne juge vedette bat l'ancienne star de la télévision : dans un cas comme dans l'autre, Europe Ecologie envoyait un novice de la politique au front de la présidentielle. Le vote en faveur d'Eva Joly est clair et net. Il n'est pas sans bavure si l'on se souvient du seau d'épluchures déversé sur Nicolas Hulot, sans que sa rivale condamne cet acte militant plus violent que puéril. Il témoigne des tensions internes. Le succès de l'eurodéputée consacre une ligne de gauche. Il marque une certaine radicalité. Si l'on osait, une préférence : Thalassa plutôt qu'Ushuaïa ! Mais il rappelle un peu les Verts à l'ancienne. Les « historiques » n'ont jamais accepté l'image acidulée du favori des sondages, admis qu'il prône l'élargissement de la famille. Hulot n'a pas convaincu de la sincérité de son engagement, il a été récusé en tant qu'homme providentiel. À Joly de démontrer qu'elle est la femme présidentielle. Elle devra d'abord réconcilier les deux camps et les mettre en ordre de bataille. Ensuite, faire décoller une candidature qui navigue dans des eaux basses. Enfin, affirmer son équation personnelle. Quelle offre de société propose-t-elle ? Quelle alternative au modèle économique ? Pour l'heure, on l'a surtout entendue parler éthique… Son investiture rassurera les socialistes en ce qu'elle rend une alliance de second tour plus facile. Elle ne résout pas l'éternelle question du positionnement. Les vainqueurs feraient bien de méditer la conviction du vaincu, selon laquelle l'écologie de combat est un frein à leur cause. Et Eva Joly ne pas forcément penser qu'affirmer des valeurs de gauche suffise à porter un projet écologique au pouvoir.