TOUT EST DIT

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lundi 22 septembre 2014

Quinquennat de Nicolas Sarkozy : un droit d'inventaire

Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, dresse le bilan du quinquennat de l'ancien chef de l'État alors que celui-ci a fait son retour politique sur France 2 ce dimanche.
Le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy fait l'objet d'une sorte de
tabou. Un leader socialiste affirme qu'il est «son boulet» mais sans la moindre esquisse de démonstration tandis que les partisans de l'UMP n'en parlent que rarement et ne cherchent pas à le défendre. Chacun semble préférer l'oubli. La défaite électorale de mai 2012 a marqué une sanction populaire, dans un contexte économique extrêmement difficile, à la suite de la crise des subprimes et de plusieurs années d'augmentation continue du chômage. Cet échec, dans un climat de forte impopularité - mais loin d'atteindre celle de son successeur - ne suffit pas à caractériser un bilan. L'histoire montre que l'on peut perdre une élection sans avoir démérité, à l'image de Valéry Giscard d'Estaing en 1981, à l'origine de grandes réformes et d'une gestion économique sérieuse, dernier président sous lequel le budget a été voté en équilibre et qui a laissé la France dans une sitution financière saine.
La vision que l'on peut avoir du mandat de Sarkozy est double: un volontarisme et un courage qui se sont traduit par un travail de réforme profonde du pays, mais aussi une pratique du pouvoir, un style, «une gouvernance» qui ont conduit sa politique dans une impasse, expliquant sa défaite de mai 2012.
Le président Sarkozy avait été élu en 2007 sur un programme détaillé, particulièrement précis qui a servi de feuille de route à son mandat. Il se considérait comme personnellement responsable devant les Français de sa réalisation et suivait lui-même, au jour la jour, sa mise en oeuvre, mettant le Gouvernement et sa majorité au Parlement sous pression afin de tenir ses engagements. «Nous sommes en train de transformer le pays comme il ne l'avait jamais été depuis 1958» avait-il coutume de déclarer, se référant aux grandes réformes institutionnelles du Général de Gaulle. Dans le contexte de la crise planétaire, la modernisation du pays a progressé à un pas accéléré: libération des énergies avec le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, l'allégement de la fiscalité de l'héritage, la défiscalisation des heures supplémentaires, la suppression de la taxe professionnelle, véritable boulet pour les entreprises; grandes réformes de structures, autour du service minimum ou de l'autonomie des université; action en profondeur sur la sécurité des Français, une priorité absolue chez lui avec le rapprochement police/gendarmerie au ministère de l'Intérieur, la loi anti-bande, la sanctuarisation des établissements scolaires, la police de l'agglomération parisienne, les peines planchers pour les multirécidivistes, la rétention de sûreté; le renouveau de la politique de l'immigration autour d'une quinzaine d'accords de gestion concertée avec les pays d'origine. Le chef de l'Etat des années 2007-2012 a été le premier depuis le début des années 1980 a réussir une réforme sociale de grande ampleur en refusant de céder à des manifestations de masse et blocages multiples en octobre 2010 avec l'indispensable relèvement de l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
Alors, qu'a-t-il manqué à son mandat, expliquant l'échec de 2012? Le mode de sa présidence a gâché, aux yeux des Français, l'excellent travail de fond qui était en cours. Sans doute est-ce là le revers de la médaille de son engagement, mais sa présidence a été ressentie comme beaucoup trop personnalisée. En voulant gouverner le pays depuis l'Elysée, le chef de l'Etat s'est exposé personnellement, concentrant sur sa personne le malaise d'une époque et les inquiétude des Français. Le Premier ministre s'en est trouvé effacé et dans l'incapacité de jouer son rôle de fusible, protégeant le président de la République. D'où les polémiques à répétition, visant l'Elysée, qui ont affaibli Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat a été perçu comme exagérément clivant, leader d'une majorité et non pas, comme le veut la Constitution, en arbitre au dessus de la mêlée, au-dessus des partis, incarnant la Nation. Sa politique «d'ouverture», consistant à promouvoir des personnalité de l'opposition a mécontenté tout le monde, ressentie comme tactique plutôt que consensuelle. Cette dérive des institutions vers une personnalisation excessive, généralement attribuée au quinquennat, a pris une ampleur particulière sous la présidence Sarkozy, du fait de l'activisme et de l'omniprésence de celui-ci. Le passage de «l'hyperprésidence» à la présidence «normale» n'a rien changé à la surexposition présidentielle, à la dérive partisane de l'Elysée, à une personnalisation des enjeux qui confine à l'absurde. Peut-on concilier volontarisme dans la réforme et une pratique des institutions plus conforme à la Constitution: le président préside avec la hauteur et le recul nécessaires, trace les grandes orientations, dirige la politique étrangère, dans un climat de relatif consensus, de paix civile autour de son image, tandis que le gouvernement gouverne, accomplit des choix et s'expose? Faute d'un retour au septennat, peu probable, beaucoup dépend des comportements personnels à venir et de l'équilibre entre l'Elysée et Matignon, sur le fondement de la Constitution de 1958 qui confie sans aucun doute possible la responsabilité du gouvernement de la France au seul Premier ministre.

P…, encore 32 mois !

P…, encore 32 mois !

P…, encore 32 mois ! Trente- deux mois avant cette présidentielle de 2017 dont le coup d'envoi a été donné hier soir par Nicolas Sarkozy, sur France 2. Trente-deux mois pendant lesquels on va nous rebattre les oreilles, jusqu'à l'éc'urement, d'un possible remake entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Parce qu'il ne vous a pas échappé, hier soir, que la joute présidentielle, à peine achevée, se trouve déjà recommencée. Il ne vous aura pas davantage échappé que la quasi-totalité de l'interview de l'ex-président l'aura positionné en candidat à l'Élysée pour 2017. Ainsi a-t-il beaucoup plus parlé de François Hollande et de Manuel Valls que de l'UMP.
Franchement, en le regardant sur le plateau du JT, on avait l'impression de visionner sur magnétoscope un enregistrement effectué avant 2012. Puisque l'on s'interroge pour savoir si Nicolas Sarkozy a vraiment changé, certains n'hésiteront pas à dire qu'il est le même… en pire. Sans vouloir être aussi sévère, on admettra que, passées les premières minutes d'un exercice très contrôlé d'humilité où il s'est défendu d'être un homme providentiel, le naturel sarkozien a repris le dessus.
Réprimant parfois difficilement son agacement, apostrophant son questionneur, Nicolas Sarkozy a porté ses coups non sans exaltation, au point de confondre « analphabète » et « illettrisme » dans son attaque contre le ministre de l'Économie. Et pour quelqu'un qui ne voulait pas polémiquer, il a étrillé le bilan de François Hollande. Vaguement condescendant envers Juppé et Fillon, presque traités en collaborateurs, Sarkozy s'est montré résolu à réussir son OPA, sans peur et sans reproche.
Voici donc qui promet de détestables lendemains avec la stérile bataille des bilans qui ne va pas manquer de s'instaurer entre la gauche et la droite mais aussi au sein de l'UMP. Pas tant pour la présidence du parti que pour la primaire en vue de 2017. Sur cette dernière question, Nicolas Sarkozy est resté particulièrement évasif. Il est vrai que l'adversaire qu'il aura le plus à redouter reste toujours… lui-même.

« Monsieur 80 % »

« Monsieur 80 % »

Puisque le retour de Nicolas Sarkozy aux « affaires » – politiques, s'entend – est officiel depuis vendredi après-midi, via sa page Facebook, l'une des rares interrogations subsistant encore autour de sa candidature à la présidence de l'UMP concerne le score qu'il réalisera au soir du vote interne programmé lors du congrès du parti, le samedi 29 novembre prochain.
En privé, l'ex-chef de l'État n'a de cesse de répéter qu'il fera « minimum 80 % ». Il semble, en effet, convaincu qu'il n'y aura pas de match, tant ses deux challengers ne font pas le poids. Selon un récent sondage Ifop, NicolasSarkozy reste ainsi la personnalité préférée des sympathisants UMP (69 %) pour diriger le parti, devant les deux seuls candidats déclarés que sont Bruno Le Maire (21 %) et Hervé Mariton (2 %).
Quoi qu'il en soit, cette candidature devrait lui rappeler de bons souvenirs : le 28 novembre 2004, celui qui était alors ministre de l'Intérieur de JacquesChirac s'était emparé du parti avec… 85,09 % des voix. Loin, très loin devantses deux rivaux d'alors, Nicolas Dupont-Aignan (9,10 %) et Christine Boutin (5,82 %). Ce qui fait dire à un proche de Fillon, jamais avare d'une petite pique (rapportée par Le Point) : « Si Sarkozy fait moins de 80 % face à Le Maire et Mariton, ce sera une défaite pour lui ».
Reste enfin l'hypothétique possibilité d'un second tour, à laquelle personne ne croit au sein de l'UMP. À commencer par son « ex-futur » chef. Hasard du calendrier, ce jour-là tomberait un 6 décembre, pour la saint… Nicolas !

Retour en soute

Retour en soute

En vérité il n'est jamais parti. D'affaires qui restent à vérifier, en habiles cartes postales, de main à la poche des sympathisants pour payer sa dette de campagne en retour au bercail des ex-jeunes loups, son omniprésente ombre portée a empêché l'avènement d'un leader et provoqué un dévastateur combat fratricide à l'UMP. Comme si son hypercommunication élyséenne ne l'avait pas desservi jusqu'au rejet, Nicolas Sarkozy « tease » son retour. Il quitte la coulisse pour tenter de nous convaincre qu'il a « changé ». Sans doute François Hollande, qui s'éreinte à donner du sens à sa gouvernance, se réjouit-il, in petto, de cette bonne nouvelle. Oubliés la pluie de mécontentements, le livre assassin, les frondeurs, les ministres tricheurs : Sarkozy reprend le parti, les manchettes des journaux et s'installe sur Facebook comme Jospin sur son fax !
L'ex-président n'ignore rien des dangers de ce retour. Le « Sarko-bashing » va reprendre et il lui sera bien difficile d'éviter la polémique. Le candidat à la succession de Jean-François Copé va élargir la famille, la rebaptiser, mais a-t-il bien mesuré qu'il revient aux affaires à la tête d'un parti en jachère et sans l'appareil d'État comme cela a toujours été son cas ?
Revenu en première ligne, comme chef des opposants, attaqué sur ses glissades buissonesques vers l'extrême droite, Nicolas Sarkozy n'aura guère d'autres solutions que de renouer avec le clivage et un peu de populisme s'il veut éviter les débats sur son action, sur la multiplication des procédures judiciaires et sur l'impuissance des présidents à changer le cours des choses. Il sait pourtant qu'en politique, l'échec est dans les comportements plus que dans les résultats. Une fois revenu dans l'impitoyable bac à sable de la politique, l'ancien président va se banaliser et perdre son statut particulier de sauveur caché de la patrie pour devenir le redresseur de l'UMP.
Bagarre à droite, bagarre à gauche : les deux partis de gouvernement sont au fond du trou, les attaques et les coups tordus de cette prévisible campagne de deux ans et demi vont accentuer le climat de morosité de notre pays. Au moins le retour prendra-t-il un peu de la lumière du Front national, trop bien éclairé par le délitement du système.

Enfin, on parle de « la France périphérique » !

Franck Ferrand éclaire l'actualité par l'histoire. Cette semaine, il salue le nouvel livre du géographe Christophe Guilluy, La France périphérique - Comment on a sacrifié les classes populaires (Flammarion). 
Voilà donc le livre que j'attendais depuis vingt ans. Autant l'admettre d'emblée: en 2010, j'étais passé à côté de Guilluy et de ses Fractures françaises, alors parues chez François Bourin. Cette fois-ci, Flammarion a pris la mesure des enjeux ; et ce nouveau titre: La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, a réussi son rendez-vous avec la presse et, partant, avec le public. Est-ce parce qu'il explique en grande partie la récente montée du Front National? Impossible ou presque, en tout cas, d'échapper ces jours-ci au point de vue décapant du géographe ; les médias en font leur miel ; ici même, le 12 septembre, Christophe Guilluy accordait à Guillaume Perrault un bel entretien. On y apprenait que les catégories populaires, fuyant les zones sensibles où se concentre une population d'origine étrangère, ne vivent plus «là où se crée la richesse» et se trouvent écartées d'un «projet économique tourné vers la mondialisation». De là à conclure que notre époque aurait sacrifié ces gens-là - autant dire: une bonne part du peuple français - il n'y a qu'un pas, et l'auteur le franchit sans ambages.

«Il n'est rien au monde d'aussi puissant qu'une idée dont l'heure est venue»… Paraphrasant la formule attribuée à Victor Hugo, je dirais qu'il n'est rien de plus fort qu'une analyse attendue par la majorité silencieuse. Enfin! Enfin quelqu'un aura osé montrer, chiffres et cartes à l'appui, ce que la technocratie aux commandes s'acharne, depuis près d'un demi-siècle, à nier et à cacher. Enfin! Enfin une étude poussée, objective, argumentée, aura mis en évidence ce que savaient, intuitivement, ce que sentaient, naturellement, les rares intellectuels dans mon genre - c'est-à-dire issus du petit peuple: à savoir, que les classes dites populaires ne se résument pas aux banlieues et à leurs populations difficiles, visées par les «politiques de la ville». Oui, il existe, partout en France, un tissu nourri de bourgs, de villages et de lotissements, tous ponts coupés, ou presque, avec les métropoles. Non, la catégorie des classes moyennes ne saurait englober tous ces gens modestes et précarisés - employés, ouvriers, paysans, artisans, petits commerçants, chômeurs, retraités -, souvent d'origine française ou européenne, presque toujours défavorisés par les règles économiques en vigueur sur notre planète libérale à l'anglo-saxonne. Ce sont ces petites gens qui, après tant d'années d'impuissance et de résignation, commencent à s'organiser. Je le sais depuis longtemps, je voyais le phénomène s'accuser - mais contrairement à Guilluy, je n'ai pas su le dire. A présent, c'est chose faite: merci!
Quand on a comme moi, toute sa jeunesse durant, subi l'éviction du petit commerce par la grande distribution, vécu le déclassement de la fameuse classe moyenne engendrée par les Trente Glorieuses, observé le décalage croissant entre la pensée dominante et le point de vue du plus grand nombre, on peine à supporter l'aveuglement acharné de responsables obsédés par les modèles d'intégration et les logiques d'échange, obnubilés par les secteurs de pointe et les créneaux porteurs. Le monde du terroir existe, avec ses pesanteurs séculaires, certes, mais également son bon sens. C'est un univers complexe mais foisonnant, une formidable réserve d'initiatives, qui ne se résume pas à Jean-Pierre Pernaut et à L'amour est dans le pré… Plus on prétend ignorer ce monde-là, plus on ferme les yeux sur ses souffrances, parfois terribles, plus il aura tendance à crier pour se faire entendre.
Retrouvez Franck Ferrand sur son site: http://www.franckferrand.com

Aurélie Filippetti, de Germinal à San Francisco



 Elle est libre Aurélie, c'est une femme libérée. Fragile comme dans la chanson? Plutôt hors-sol. Elle fait ce qui lui plait quand ca lui chaut. Et ne dites surtout pas qu'elle est une enfant gâtée du socialisme déclinant, son petit visage dur se crisperait davantage encore et elle pourrait même sortir ses griffes. Ou pire. Vous forcer à lire le livre qu'elle a écrit en 2003 pour rendre hommage au prolétariat dont elle est issue.
Elle y contait l'histoire édifiante de son grand père Tomaso, un immigré italien venu dans les années 1920 travailler en Lorraine et celle de son père Angelo, mineur de fond à quatorze ans, devenu maire communiste de son village.
Quand Odette, sa maman, a lu les Derniers jours de la classe ouvrière, elle a trouvé qu'Aurélie avait peut être un peu trop forcé sur Germinal. Mais elle n'a rien dit parce qu'elle sait bien que sa fille est un être romanesque qui s'enflamme comme meule de foin. Aurélie ne le nie pas. Tantôt elle se sent l'âme stendhalienne, façon Julien Sorel ou bien sautant allègrement les siècles, elle se croit encore au temps des Misérables. Rastignac? Quoi Rastignac?
Celui là, il n'avait aucune conscience sociale. Tout pour lui. Rien pour les autres! Ce n'est pas son genre à Aurélie. Se hisser du col. Jouer des coudes. Pousser une collègue qui a le culot de vouloir grimper à ses côtés les marches du palais au Festival de Cannes, non plus.
Elle est altruiste, Aurélie, c'est une femme solidaire et citoyenne. Ce qui l'a amenée tout naturellement à faire de la politique. Elle a commencé par militer chez les Verts puis quand ceux-ci n'ont pas jugé bon de lui accorder l'investiture à Longwy en 2006, Aurélie a rejoint le PS et fut élue député de Moselle. Non mais, ils croyaient quoi les écologistes!
Ségolène Royal, qui a du flair pour détecter les chipies, l'a prise dans son équipe de campagne en 2007. Quatre ans plus tard, Aurélie est passée en souplesse, dans celle de François qui aime les femmes rebelles et en 2012, la voilà Ministre de la culture. En bonne Normalienne, elle se sent chez elle rue de Valois. Elle y prend volontiers ses aises.
Conviée à une émission de télévision, Aurélie minaude gentiment sur le bonheur de pouvoir désormais aller à l'Opéra, assister à toute sorte de spectacles et admirer l'effervescence de la créativité française. Elle n'a pas dit qu'elle prenait également un certain plaisir à limoger des directeurs des théâtres nationaux pour confier leur poste à une femme et elle n'a pas daigné répondre à son prédécesseur Frédéric Mitterrand qui a trouvé qu'elle était un tantinet partisane. Encore un macho! Pauvre Fréderic! Il n'a pourtant jamais rien fait pour mériter pareil opprobre!
Mais qu'importe à Aurélie. Elle est libre, c'est une femme libérée. Elle affuble qui elle veut d'un cerveau reptilien. Elle sort aussi avec qui lui plait. L'amour ne connait ni bornes, ni frontières. Il va et vient, papillon éphémère. Mais n'allez surtout pas lui parler de son roman, Un homme dans la poche! Elle s'est amusée à y jouer le rôle d'une héroïne de Cecil Saint Laurent. Elle ne le regrette pas mais n'aime guère qu'on cite ses passages les plus coquins.
Ah les journalistes! Aurélie n'est pas leur ennemie mais franchement, certains exagèrent! Que de malveillance! Quel sans gène! Toutes ces atteintes à la vie privée des hommes et des femmes politiques. Comme s'ils n'étaient que des vulgaires people!
Aurélie a aujourd'hui encore le feu aux joues quand elle se souvient des clichés pris sur l'ile Maurice où elle était partie pour les fêtes de Noël alors que François Hollande avait donné pour consigne à ses ministres de ne pas s'éloigner de plus de deux heures de Paris. Elle avait commencé par nier. Puis elle a avoué et parlé d'une dérogation personnelle. Enfin elle a intenté une action en justice contre le journal. Mais elle fut déboutée! Honte! Rage!
La peste soit des paparazzi! Et maintenant cette couverture de Paris Match qui la montre avec Arnaud. Tendrement enlacés.
Elle est libre, Aurélie, c'est une femme libérée. Elle va en Californie quand elle veut, avec qui elle veut. Ca ne regarde personne. Cette histoire de love story, entre deux anciens ministres, c'est vraiment n'importe quoi!
Aurélie et Arnaud se connaissent depuis des lustres. Ils préparent ensemble l'avenir. Le leur et celui de la nouvelle gauche. Celle qui réconciliera le monde ouvrier avec le socialisme et ramènera le bon peuple égaré sur les sentiers de l'extrême droite, à la bergerie. Aurélie le doit à son papa.

Carla Bruni, comme si de rien n'était



C'est son secret. Elle les rend tous fous! Les jaloux, les jamais contents, les pas de chance, les mal élevés, les traine-baskets et les grincheux. Carla les offense et c'est tant mieux! Elle est un défi à l'égalité, un déni de justice. Elle a beau être bobo, humanitaire, défendre des causes correctes, lorsqu'elle parait avec sa guitare, ses chansons et Raymond qui la dévore des yeux, le scandale éclate au grand jour. Petite fille riche entourée par l'affection des siens, elle a grandi baignée de musique dans de belles demeures feutrées et passaient ses vacances à faire des ronds dans une eau bleue. Eduquée dans des institutions privées en Suisse et en France, elle est devenue un papillon aux ailes mordorées sans même passer par la case chenille. Adolescente coquine, elle a vite fait de mener les benêts par le bout du nez. Dona Juana croque hardiment toutes les pommes au jardin d'Eden mais elle est aussi devenue une femme d'affaires avisée dont la carrière de top model puis d'auteur-compositeur- interprète a été menée d'une ferme main de cavalière.

Passé quarante ans, elle a eu le toupet de devenir une Prima Donna, comme la France n'en avait jamais eu. Ne se trompant jamais de fourchette. Ne cherchant ni à se mettre en avant, ni à se cacher. Ni timide, ni effrontée. Tous les chefs d'Etat s'en sont aussitôt entichés. Barack Obama en devenait presque bigle. La belle a même réussi à séduire sa Très Gracieuse Majesté par ses tenues sobres mais élégantes, sa révérence si naturelle et son gentil babil dans un anglais parfait.
Carla veut bien revenir tenter le diable! Le Pingouin en est déjà tout marri. Car elle est un atout dans le jeu de Raymond. Les sans-dents et les illettrés, contrairement aux envieux, avaient plébiscité Carla du temps où elle glissait, légère, sous les lambris de la République. 51 % d'entre eux trouvaient qu'elle assumait à merveille son rôle de Première dame.
Les pauvres gens, contrairement à ce que croient les socialistes rassis, ne se sentent pas humiliés par la beauté. Ce sont les rouspéteurs impénitents, les éternels insatisfaits, tous les esprits chagrins, qui s'en offusquent. Le joli Capricorne ne s'en est jamais soucié. Il va son chemin, têtu, contourne les obstacles et quand un malheur survient, il n'appelle pas à l'aide. Il ferme les yeux sur ses larmes, prend une feuille de papier et écrit sa peine pour revenir à la surface des airs, comme un Phénix.
Les yeux allongés, les pommettes saillantes- Carla mériterait d'avoir un peu de sang tatare dans les veines mais qui sait avec les Italiennes- l'ensorceleuse n'a jamais été évaporée. Rien à voir avec une Marilyn. A cette dernière, on pardonnait tout parce qu'elle ne savait pas être heureuse. Carla a le don. Elle accepte le bonheur comme il vient. Ephémère le plus souvent. Mais parfois il veut bien s'attarder. Durer. A condition de ne pas l'effaroucher. Avec des grands mots. Des jamais. Des toujours. Elle laisse son Raymond faire tranquillement du vélo sans casque, elle ne l'empêche ni de voir ses enfants, ni d'être ami avec Cécilia. Elle n'envoie pas de tweet pour faire chuter une rivale. Elle n'en a pas. Et si elle devait voir pointer un autre minois à l'horizon, elle rendrait sa pareille au volage. Puis, elle en ferait une little french song. Surement pas un gros livre plein d'amertume.
Sidonie a eu plus d'un amant, chantait jadis Brigitte. Comme à Marilyn on a tout pardonné à Babette. Parce qu'elle a beaucoup pleuré. Et vieilli. Comme tout le monde. Carla n'a jamais eu cette ambition. Elle aime se renouveler, se remodeler, rester la même tout en devenant une autre. Fine mouche, elle profite des cadeaux que son époque offre aux femmes et le temps, bon bougre, ne lui fait pas affront. Elle y veille.
Jusqu'au jour où elle décidera que les cheveux blancs sont seyants pour une dame très indigne. Elle ne sera jamais Tatie Danièle. Plutôt une Deborah Davonshire en robe de bal nourrissant ses poules light sussex et contant à ses petits enfants tous les feux de braise, sans oublier les feux d'artifice, qui ont illuminés sa vie.
Hou là là! Que de paillettes, d'étincelles, que de pirouettes, de double salto ou de triple axel! C'était d'un drôle mes chéris! Il faut pourtant que je vous parle aussi de Raymond. Il n'était ni beau, ni tout neuf. Juste attendrissant. Comme le sont les hommes qui ont besoin de tenir la main, le coude, l'épaule de leur femme. Pour la protéger et se rassurer.
Le féminisme? Mais mes tendres petits, c'est antédiluvien, le féminisme! Ca vous ramène au siècle dernier! A l'époque de Simone avec son bandeau sur la tête qui tartinait des pages et des pages sur le sexe faible, ou le sexe fort, je ne sais plus, j'ai oublié. C'était d'un triste, d'un ennui!
Mais je voulais vous entretenir de Raymond! Comme il piaffait depuis deux ans! Comme il avait envie de retourner dans l'arène! Moi, à vrai dire, je me serais bien passée d'un retour sur le devant de la scène. Mais comment priver un enfant de confiture?
Comment empêcher un oiseau de voler? Un poisson de nager? Et Raymond de ferrailler? Il aurait fallu l'enchainer, le châtrer. Mais un homme castré, que voulez vous en faire? Même en pot de fleur ca ne sert pas. Croyez- moi, mes tous beaux, c'est Jean qui avait raison. Quel Jean? Mais Cocteau voyons! Il était un peu sorcier. Il savait que la frivolité est la plus jolie réponse à l'angoisse. Mais chut! Ne le dites à personne! C'est un secret.