TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 5 juin 2011

Les oubliés du «printemps arabe»

Peut-être qu’avant l’automne, le «printemps arabe» deviendra une réalité dans toute la Libye. Peut-être les frappes des hélicoptères français et britanniques marquent-elles le tournant décisif, celui qui permettra aux anti-Kadhafi de reprendre leur marche vers Tripoli… Et bientôt l’OTAN pourra se congratuler pour son aide aux «démocrates» avec, au passage, quelques cocoricos français toujours bons à pousser en période électorale et des grognements de satisfaction chez le lion britannique. Après tout, Paris et Londres sont les moteurs de l’intervention en Libye, destinée, rappelons-le, à protéger les populations civiles des agissements de leur sanglant dictateur… autrefois reçu avec tous les honneurs et force embrassades.

Oui, mais en Syrie ? Aux ordres du clan Assad, l’armée tire sur la foule et les morts se compteraient déjà par milliers. Au Proche-Orient, les Européens se contentent de sanctions diplomatiques assorties de quelques mesures économiques qui semblent avoir été péniblement arrachées. Le terrain est vraiment trop brûlant pour l’Alliance et ses mentors américains ! Et puis aucune résolution de l’ONU n’autorise un engagement, Russes et Chinois s’opposant à tout texte en ce sens au Conseil de sécurité. Au grand soulagement des Occidentaux… Car la Syrie, au cœur de la poudrière du Moyen-Orient, c’est aussi le Hezbollah libanais et, dans une moindre mesure, le Hamas de Gaza. Avec en arrière-plan, les commanditaires de Téhéran. Or l’Iran est en proie aux dissensions internes, avec un président Ahmadinejad en perte de crédibilité et un guide suprême, l’ayatollah Khamenei, contesté à son tour. Donner aux Iraniens un prétexte de se ressouder autour de la Syrie serait politiquement absurde. Surtout en plein contentieux sur la politique nucléaire que mène la République des mollahs…

La bonne volonté occidentale reste très sélective, toujours dictée par la Realpolitik du moment. Elle ne manque pas de confusion non plus. Ainsi, la paralysie (surtout française) devant la «Révolution du jasmin» en Tunisie, puis devant les bouleversements en Égypte, n’est certainement pas étrangère à l’engagement en Libye. Après l’inaction, il fallait montrer de l’action. Non sans une certaine précipitation. Les stratèges et les décideurs politiques semblent avoir oublié qu’une guerre civile ou aérienne provoque d’immenses dommages collatéraux. Le plus important étant celui des réfugiés. Et rien sur le sol européen pour accueillir ces populations fuyant la guerre, qu’elles soient libyennes, africaines ou bangladaises ! Certes, un début d’organisation humanitaire fonctionne dans les zones «rebelles» mais les civils, y compris les enfants, ne sont pas à l’abri des tirs.

Le problème n’importe que peu dans les capitales de l’Alliance. La grande frousse européenne face à l’immigration, qui a déjà refoulé les Tunisiens, occulte aussi les horreurs les plus indicibles. Apprendre qu’on repêche des centaines de cadavres en mer après le naufrage d’un chalutier parti de Libye est ravalé au rang des faits divers, sans vraiment susciter d’émotions. De quoi avoir honte…


Frank Sinatra prenait 12 douches par jour

Le beau chanteur et danseur américain était connu pour ses talents de séduction, moins pour son obsession de l'hygiène. Et pourtant... «C'était le genre de type qui prenait jusqu'à 12 douches par jour», révèle en effet sa veuve, Barbara Sinatra, dans une interview à ABC News rapportée par le Daily News.

Mort en 1998 à l'âge de 82 ans après une crise cardiaque, Frank Sinatra était «soigné» et «sentait toujours la lavande», selon sa quatrième et dernière épouse. Barbara Sinatra fait la promotion de la parution de ses mémoires, intitulés Madame yeux bleus: ma vie avec Frank.

Dans ce livre, elle raconte le quotidien de son couple avec le chanteur, dans ses moments les plus complices comme les plus difficiles. «Grâce à lui je me sentais vraiment spéciale», raconte-t-elle à ABC, ajoutant qu'«il rendait chaque petite chose romantique».
Mais l'alcool faisait aussi partie de la routine de ces 22 ans de mariage. «Je ne voulais pas rester près de lui quand il buvait du gin», avoue Barbara Sinatra. «Le gin, je pense, le rendait méchant. Donc quand je sortais de ma chambre et que je voyais une bouteille de gin sur le bar, je faisais demi-tour, je retournais dans ma chambre, et verrouillais la porte, parce que je ne voulais pas avoir affaire avec ça.»

Le débat nécessaire

Les Français ne paniquent pas vis-à-vis du nucléaire. Mais ils sont de plus en plus nombreux à vouloir sortir du tout nucléaire. Trois mois après Fukushima.
Cette catastrophe rebat les cartes en Europe, avec la décision d’Angela Merkel d’arrêter les centrales allemandes, pour des raisons de politique intérieure. En France, Martine Aubry propose une sortie progressive, ce qui ressuscitera la gauche plurielle. François Hollande souhaite en réduire la part.

Ce débat a été longtemps étouffé par les ingénieurs. Certains ont menti sur l’ampleur de la catastrophe de Tchernobyl. Anne Lauvergeon, présidente d’Areva, a créé une communication publique sur le fonctionnement et l’organisation de la filière. Aujourd’hui, il faut aller plus loin. Les citoyens doivent pouvoir se déterminer en connaissance de cause.

L’énergie nucléaire permet un développement économique plus indépendant. Mais elle place des régions entières à la merci de l’irresponsabilité d’un pays voisin. Tout accident peut détruire durablement la vie d’une manière effrayante.

Et les déchets restent radioactifs pendant des centaines d’années. Pour autant, le nucléaire civil a tué infiniment moins que chacune des énergies traditionnelles (pétrole, gaz, charbon). Il existe des voies alternatives. Elles sont coûteuses. La capacité créatrice de l’humanité peut trouver des solutions nouvelles.

Certes, cela demandera du temps, mais il est impossible de refuser tout à la fois le charbon propre (cela existe), les gaz de schiste (qui ne détruisent pas forcément les nappes phréatiques comme le fait croire un matraquage de communication) et le nucléaire (énergie la moins destructrice de CO2). Cet enjeu crucial ne peut être déterminé uniquement par des stratégies politiciennes.

Gens de rien

La seule chose importante de l’affaire Ferry, c’est le mépris futile à l’égard des Marocains
Un important bavarde dans une émission de télé comme à un dîner en ville, et conte une anecdote de ministre avec des gamins au Maroc (poissé: quel joli mot et quelle maîtrise de la vieille langue d’un vieux pays, et que de connivences dans l’expression ourlée!), et la France s’étourdit d’un scandale à sa mesure, quand d’autres la regardent et s’écœurent. La seule chose importante de l’affaire Ferry, c’est ce qu’elle a fait aux Marocains ; à ces Marocains, militants des droits de l’enfant, découvrant nos piapiatages dont leurs gosses sont l’objet, et qui portent plainte, pour savoir, et parce que le vrai scandale est là: dans le mépris futile dont nous faisons preuve, dans nos cancans médiatiques et leur insoutenable légèreté de nantis: ce que nous disons en France, croyant parler de nous, mais nous parlons d’eux, et nous ne le savons même pas. Enfants marocains, gibier pour Franchouilles en goguette, enfants de rien, décors d’une anecdote d’un soir, purs objets, sexuels ou de bavardages, sans consistance ni souffrance, inexistants à notre suffisance.

Ceux qui trônent et les gens de peu, toujours la même histoire, semaine après semaine, le seul clivage qui vaille, et c’est malheur pour les petits quand ils croisent le chemin d’un gros. C’est une vendeuse de chez Kookai, à Nancy, dont on découvre qu’elle a perdu son emploi pour avoir commis une plaisanterie idiote sur Nadine Morano, qui faisait ses courses et avait entendu. Un rire de mauvais goût mérite-t-elle le chômage, dans la France qui souffre et se lève tôt? Une ministre offensée est une arme fatale, et sûre de son bon droit. , m’a dit Morano, sans remords ni regret, barricadée dans une posture d’offensée: une fille du peuple devenue ministre et qui oublie que ses colères ont des conséquences, ou bien savoure-t-elle cette puissance inédite? Les petits doivent apprendre à se tenir, quand les puissants s’exonèrent. C’est même à cela qu’on les reconnaît.

À Sevran, dont le maire de gauche réclame l’intervention de l’armée, les habitants apprennent à zigzaguer entre les balles et les enfants privés de récré savent qu’il faut tracer le soir pour rentrer chez soi. Ici, les importants ne sont pas des politiques mais des caïds de méchante opérette à balles réelles, des bandes qui se disputent des trottoirs de la drogue, et tant pis pour ceux qui les rencontrent: pour les défourailleurs, les Sevranais ne sont qu’un décor, et si une balle perdue percute ce décor humain, cela ne change rien à l’histoire. Les caïds, à l’échelle d’une malheureuse banlieue, sont tels les nobles du Moyen Âge qui piétinaient les récoltes, les éternels seigneurs des guerres qui dévastent les peuples dans une brutalité indifférente. Racailles ou bourgeois ou ministre, tous possèdent ce mépris fascinant des puissants envers ceux qui existent moins qu’eux.

« J'ai reçu des SMS graveleux de DSK »

Isabella Lenarduzzi, spécialiste de la communication, confie au Soir qu'elle a reçu une série de SMS graveleux de la part d'un certain DSK. 

Isabella Lenarduzzi est une spécialiste de la communication. Organisatrice d'événements depuis vingt ans, elle a entamé sa carrière avec le Salon de l'étudiant. Depuis 2006, elle dirige la société Jump, centrée sur la vie professionnelle des femmes. « Au départ, j'avais vraiment intégré le comportement machiste, reconnaît-elle. Comme beaucoup de femmes, je le reproduisais sans en être vraiment consciente, sans me rendre compte que cela limitait ma confiance en moi. Sans percevoir aussi que cela avait un impact sur mes choix et sur la façon dont ils étaient considérés à l'extérieur. Depuis que je suis ado, j'ai compris que les hommes font des catégories de filles entre les “baisables” et les “non baisables”. Moi, évidemment, j'avais envie d'être dans la première catégorie. Dans ma carrière professionnelle, je me suis rendu compte qu'il y avait une autre catégorisation entre “mal baisées” et “putes”. Il y avait peu de femmes à de hauts niveaux de pouvoir dans les années 1980. Je me trouvais parmi des hommes et quand ils parlaient de la sorte, soit je ne réagissais pas, soit j'allais dans leur sens. Jusqu'à ce que je comprenne que j'avais moi-même intégré des éléments sexistes ! »

Depuis cette prise de conscience, elle a compris la nécessité de valoriser les femmes dans les milieux de l'entreprise. « Je me suis dit que j'avais un travail à faire sur moi-même pour récupérer la valorisation du féminin que j'ai en moi. Et à le partager. Parce que le féminin est considéré comme inférieur. Chaque fois que l'on a un comportement moins compétitif mais plus collaboratif, par exemple. Ou chaque fois qu'il y a de l'empathie. »
Encore maintenant, dit-elle, « le fait que je sois une femme et que je fasse des affaires différemment, cela dérange. Ma légitimité n'est pas encore complètement reconnue. Cela fait partie de l'inconscient des hommes ». Cela passe par des réflexions « primaires, ahurissantes de médiocrité ». Du style ? « Des remarques à connotations sexuelles comme “tu sais bien que nous ne sommes pas contre les femmes, nous sommes tout contre elles”. Et c'est encore la plus douce ! » Cela peut mener à des comportements proches de la « violence sexuelle », ajoute-t-elle. « On engage ou on garde une jeune employée avec l'espoir que quelque chose finira bien par se passer. »
« En tant qu'Italienne, prolonge-t-elle, j'adore séduire, et j'adore être séduite. C'est du plaisir, c'est de la légèreté. Même dans la vie professionnelle, c'est agréable de pouvoir se servir de cette arme-là aussi. C'est ce qui me permet d'avoir accès à des tas personnalités de pouvoir. Mais je me rends compte que ce faisant, je peux ouvrir une porte. Si cela reste dans les limites de la flatterie, c'est bien. Mais si cela va plus loin… »
Le résultat, ce sont souvent des propositions déplacées, exprimées oralement. « Les pires, ce sont les milieux politiques et académiques, comme s'il y avait là une forme d'omertà. » Isabella Lenarduzzi reconnaît par exemple avoir reçu une série de SMS d'un certain… Dominique Strauss-Kahn. « C'était une vraie forme de harcèlement avec des SMS vraiment graveleux. Au bout de quelques semaines sans réponses, il a arrêté. Mais cela prouve à quel point il devait être obnubilé par ses pulsions… Cela ne prouve pas qu'il soit coupable, bien sûr, mais il a un environnement de culpabilité. »
Si l'affaire DSK, précisément, délie les langues, ce doit être une occasion de changer les choses. « L'Europe doit garder une certaine légèreté dans ses rapports entre hommes et femmes, conclut-elle. Mais il faut vraiment mettre des limites, prévoir de vraies sanctions. Et se rendre compte que le sexisme, le machisme se situent dans un ensemble de comportements parfois négligés. »

 

Déjeuners secrets avec la presse : l’autre scandale de l’affaire DSK ?

Des rédactions « convoquées » en secret dans de grands restaurants parisiens. Un candidat qui se déclare devant des journalistes dont il réclame le soutien… mais qui n’en piperont mot jusqu’à sa chute. Et si l’autre scandale de l’affaire DSK tenait aux indéfectibles soutiens politiques dont il bénéficiait auprès des médias français ?

Vue d’Amérique, l’information est plus que dérangeante. Elle est pourtant passée presque inaperçue dans le flot ad nauseum de nouvelles sur l’affaire DSK... Quelques semaines avant son arrestation, le champion socialiste, le Jedi du FMI censé rétablir l’équilibre dans la Force après un quinquennat de stupre sarkozyen, organisait des déjeuners secrets avec la crème des journalistes politiques parisiens.
Quel était le concept de ces rencontres pour « happy-few » médiatiques ? DSK disait tout… mais les journalistes, eux, ne pouvaient rien en dire ! Curieuse dialectique médiatico-politique. Enfin… jusqu’au crash new-yorkais et à la mort politique de l’intéressé, qui a brisé de facto le vœu de silence des journalistes. Des journalistes qui ne pensaient vraisemblablement pas à mal en acceptant de taire les informations qu’ils recevaient, puisque c’est un des leurs (Denis Jeambar de Marianne), qui a raconté par le menu, et avec une candeur désarmante, le contenu de l’une de ces rencontres secrètes.
Pas encore officiellement candidat mais déjà en pré-campagne (notamment en vue des primaires socialistes), Dominique Strauss-Kahn avait invité fin avril les pontes des rédactions de Marianne, du Nouvel Obs et de Libération, pour trois déjeuners « off » dans de grands restaurants parisiens. Une façon informelle et pleine de tact d’anticiper la mue du directeur-général du FMI en candidat socialiste et de dévoiler en primeur aux heureux élus (et à mots à peine couverts) son intention de se porter candidat à la présidentielle… tout en exigeant encore une fois de ses convives qu’ils demeurent bouche cousue.

Un travail de désinformation ?

Et tant pis si le travail des journalistes présents consistait justement à assurer au quotidien la couverture de la campagne électorale… Tant pis surtout pour leurs lecteurs qui ont pu lire dans leurs colonnes, et jusqu’à l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, des informations tronquées sur la primaire socialiste. Ce petit cirque aurait eu d’ailleurs toutes les chances de perdurer quelques semaines encore sans l’intervention de la police new-yorkaise…
Le doute sur les intentions de DSK, savamment entretenu par ses proches, était indéniablement un acte politique, qui jouait en sa faveur tant il faussait la campagne interne au parti socialiste, handicapait les challengers (Royal, Hollande) et faisait monter un « désir » artificiel auprès de l’opinion. Mais la connivence d’une brochette de journalistes avec un politicien en vue posait surtout un sérieux problème de déontologie.
Connaître trois mois à l’avance les intentions d’un homme politique dans une course présidentielle n’a rien à voir avec un banal embargo de quelques heures ! L’alibi du « off » n’est pas recevable face à des éléments et des rencontres de cette importance ! Le « off » journalistique a pour objet d’enrichir et d’humaniser les données recueillies au cours de l’enquête… pas d’opérer de la rétention volontaire.
Manquement au devoir d’informer donc. Mais la portée de ces causeries informelles allait bien au-delà du fameux « atterrissage en douceur » voulu par les proches de DSK. Dans la campagne qui s’annonçait, l’ex-futur candidat socialiste comptait sur « l’engagement militant » de ces trois médias traditionnellement orientés à gauche qui (doux euphémisme) ne portent pas Nicolas Sarkozy dans leurs cœurs.
Reprenons le compte-rendu édifiant du déjeuner dressé par Denis Jeambar. En plein exercice de séduction, DSK demande au patron de Marianne (Maurice Szafran) si son journal « souhaite bien que la France soit débarrassée de ce type-là ». Nicolas Sarkozy s’entend… La réponse de Maurice Szafran semble convenir à Dominique Strauss-Kahn qui poursuit : dans ce cas-là, « Marianne n’a pas d’autre choix que de (le) soutenir dans ce combat ».
Les déjeuners. Les journalistes. Le « off ». Tout s’explique. Même pour l’ingénu Denis Jeambar qui perçoit une demande de « soumission » (qu’il considère toutefois « choquante »). Ces déjeuners, au secret scrupuleusement respecté par des dizaines de journalistes, n’étaient en réalité rien de moins que la mise en branle d’une machine de guerre journalistique contre Nicolas Sarkozy au service du PS.
Pour DSK, les journalistes présents avaient vocation à se transformer en fantassins au cours de la campagne présidentielle. L’auraient-ils déçu sur ce point ? Impossible de le dire, mais leur simple silence sur ces rencontres éminemment politiques en faisait de toute façon des alliés objectifs d’un DSK en lévitation sondagière.
Aux Etats-Unis, les convives de ce genre de déjeuners auraient eu à s’expliquer devant leurs confrères (et le public)… et auraient in fine été renvoyés. En France, le copinage (qui tourne souvent à l’enrôlement partisan) semble demeurer la norme… une zone grise et malsaine de la vie politico-médiatique.

Grèce: modeste mobilisation contre l'austérité

Un millier de Grecs ont manifesté samedi dans le centre d'Athènes à l'appel des principaux syndicats, pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité prises par le gouvernement afin d'assainir ses finances publiques. La mobilisation a déçu les syndicats.

Les Européens du sud travaillent plus et plus longtemps que les Allemands

Les Européens du sud travaillent beaucoup plus et parfois plus longtemps que les Allemands, selon une étude qui, statistiques à l'appui, bat en brèche de récents propos d'Angela Merkel fustigeant en pleine crise de la dette un laxisme social de la Grèce, de l'Espagne et du Portugal.
"Les Allemands travaillent beaucoup moins (sur l'année, sur leur vie) que les Européens du sud. Ils ne travaillent pas non plus plus intensément", écrit Patrick Artus, chef économiste de la banque française Natixis et rédacteur de cette étude qui s'appuie notamment sur des chiffres de l'OCDE et d'Eurostat.
La durée annuelle moyenne du travail d'un Allemand (1.390 heures) est ainsi beaucoup plus faible que celle d'un Grec (2.119 heures), d'un Italien (1.773 heures), d'un Portugais (1.719 heures), d'un Espagnol (1.654 heures) ou d'un Français (1.554 heures), attestent les chiffres publiés en 2010 par l'OCDE.
"La performance de productivité par tête de l'Allemagne est dans la moyenne des pays du sud, celle de la productivité horaire est au-dessus de la moyenne mais pas meilleure que celle de la France ou de la Grèce", précise également Natixis.
Si l'âge légal de départ à la retraite est plus tardif outre-Rhin (65 ans actuellement, 67 ans dans le futur), les Portugais et les Espagnols travaillent de facto plus longtemps, avec un âge effectif moyen de départ en retraite de 62,6 et 62,3 ans, contre 62,2 ans pour les Allemands.
Les Grecs ne sont pas loin derrière (61,5 ans) et la réforme des retraites adoptée au printemps 2010 par Athènes, qui a porté l'âge légal de départ de 60 à 65 ans, vise à faire passer l'âge moyen à 63,5 ans d'ici 2015.
Seuls les Français (60 ans) et les Italiens (60,1 ans) partent actuellement en retraite deux ans plus tôt en moyenne que les Allemands, souligne encore l'étude, datée du 30 mai.
Mi-mai, la chancelière allemande Angela Merkel a fustigé les vacances et les systèmes de retraite des pays d'Europe du Sud, qu'elle juge bien trop généreux.
"Il faudrait que dans des pays comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal, on ne parte pas à la retraite plus tôt qu'en Allemagne, que tous fassent un peu les mêmes efforts, c'est important", avait dit Mme Merkel.
"Angela Merkel ne montre pas les vrais problèmes des pays du sud de la zone euro", estime le chef économiste de Natixis.
La performance économique de l'Allemagne est due, selon M. Artus, à son effort d'innovation et de spécialisation dans l'industrie haut de gamme, à l'épargne élevée de son secteur privé et à sa main d'oeuvre très qualifiée par rapport à ses voisins du sud.
Berlin dépense par exemple plus que l'Espagne et le Portugal réunis dans la recherche: 2,82% de son produit intérieur brut (PIB), contre 1,38% à Madrid et 1,38% à Lisbonne. Les résultats ne se font d'ailleurs pas attendre: l'Allemagne dépose 70 fois plus de brevets que l'Espagne, le Portugal et la Grèce réunis.
Les entreprises et les ménages allemands épargnent en outre plus que ceux des pays du sud de la zone euro, ce qui explique les excédents extérieurs de Berlin, relève également l'enquête de Natixis.

La zone Euro au bord de la panique

Une très lente panique bancaire s'empare des banques de la périphérie de la zone euro.

Rarement analyse a été plus pessimiste sur l'avenir de la zone euro. L'éditorialiste vedette du Financial Times, le britannique Martin Wolf, laisse entendre qu'une sorte de très lente panique bancaire s'est déjà emparée des pays périphériques de la zone :
"Dans une véritable union monétaire, un dépôt dans n'importe quelle banque de la zone euro doit être l'équivalent d'un dépôt dans n'importe quelle autre banque. Mais que se passe-t-il si les banques d'un pays donné sont au bord de l'effondrement ? La réponse est que cette présomption d'égalité ne tient plus. Un euro dans une banque grecque n'est plus la même chose qu'un euro dans une banque allemande. Dans ce cas, il n'y a plus seulement un risque de panique bancaire sur une banque précise, mais sur un système bancaire national dans son ensemble."

L'impasse

En conséquence, les banques des pays périphériques, qui voient leurs capitaux fuir, sont refinancées par les banques de pays en meilleure santé, comme l'Allemagne. D'ailleurs, en 2010, les crédits détenus par la Banque centrale allemande étaient à peu près équivalents aux dettes cumulées des banques centrales de la Grèce, de l'Irlande, de l'Espagne et du Portugal. La Bundesbank accumule donc des titres de dettes qui sont censés être garantis par les Etats. Or, leur solvabilité est plus qu'incertaine. Cette situation ne peut pas durer, comme l'explique Martin Wolf :
"L'insolvabilité de certains gouvernements menacerait aussi la solvabilité des banques centrales des pays créditeurs. Cela impliquerait de lourde pertes pour elles, que les contribuables nationaux devraient compenser. Ce serait un transfert fiscal dissimulé".
En clair, les fourmis allemandes paieraient l'addition pour les cigales grecques ou portugaises. Une solution que les électeurs des pays vertueux ne supporteraient pas.
Martin Wolf juge inévitable une restructuration de la dette des pays périphériques, même s'il n'imagine pas la BCE continuer de prêter de l'argent contre des titres de dette de pays en faillite. Comme le résume sur son blog le prix Nobel d'Economie Paul Krugman, qui souscrit totalement à la thèse de Martin Wolf :
"La BCE répète qu'il est impensable de restructurer. Pourtant les programmes d'austérité ne marchent pas ; la perspective d'un retour à un financement normal recule au lieu de se rapprocher."

Un ministre des Finances européen ?

Face à cette crise de la zone euro, le gouverneur de la Banque Centrale Européenne Jean-Claude Trichet prône une intégration européenne encore plus poussée. Il a évoqué jeudi la création d'un poste de ministre des Finances de la zone euro. Ce dernier, sans avoir un budget fédéral trop élevé, serait chargé d'agir dans trois domaines, résumés par l'AFP :
"La surveillance des politiques budgétaires et des politiques en matière de compétitivité (...); toutes les responsabilités assumées généralement par les gouvernements en ce qui concerne le secteur financier intégré de l'Union; et la représentation de la confédération de l'Union au sein des institutions financières internationales."
L'idée serait que les autorités économiques de l'Union puissent avoir leur mot à dire sur des décisions financières nationales, en particulier en matière budgétaire. Il s'agirait donc d'éviter de se retrouver à nouveau dans l'impasse dans laquelle la zone euro est coincée en ce moment. Mais ce n'est pas un simple ministre des Finances européen qui suffira à régler la crise actuelle.

Manifestation à Athènes contre les plans d'austérité

Un millier de Grecs ont manifesté samedi dans le centre d'Athènes à l'appel des principaux syndicats, pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité prises par le gouvernement afin d'assainir ses finances publiques.
En dépit des appels à une mobilisation massive, les manifestants étaient environ un millier à défiler sans incident samedi dans le centre de la capitale grecque, derrière une banderole proclamant "nous résistons". Il s'agissait en majorité de salariés de la compagnie électrique publique PPC, d'employés du port et d'enseignants.

La Grèce devrait recevoir cet été le cinquième versement partiel issu du plan de sauvetage international de 110 milliards d'euros arrêté en mai 2010: les inspecteurs de la "troïka" composée de l'Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne ont salué vendredi les "progrès significatifs" accomplis par Athènes après avoir sondé ses finances publiques pendant près d'un mois.
Les autorités grecques pourraient même bénéficier d'une aide financière supplémentaire de la part de leurs partenaires de la zone euro. "Je m'attends à ce que l'Eurogroupe s'entende pour qu'un financement supplémentaire soit fourni à la Grèce" à de "strictes" conditions, a déclaré vendredi Jean-Claude Juncker.
Le Premier ministre luxembourgeois, par ailleurs chef de file des 17 ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe, a également laissé entendre que le secteur privé pourrait être appelé à apporter sa contribution "sur la base du volontariat". Les Etats membres de la zone euro ont entamé des discussions pour étudier l'idée de demander à des créanciers privés de donner plus de temps à la Grèce afin qu'elle rembourse ses obligations ou en achète de nouvelles.
La Grèce a jusqu'à présent reçu 53 milliards d'euros issus du plan de sauvetage de 110 milliards d'euros. D'après la troïka, les nouveaux fonds, représentant 12 milliards d'euros, devraient vraisemblablement être disponibles début juillet.
Précisant de son côté que l'inspection de la "troïka" s'était achevée de "façon positive", le ministère grec des Finances a souligné qu'avaient été évoqués le programme de privatisation visant à lever 50 milliards d'euros d'ici fin 2015 et les nouvelles mesures destinées à atteindre l'objectif de réduction du déficit et des réformes structurelles de l'économie grecque.
En mai, le ministre des Finances Georges Papaconstantinou a annoncé un plan d'austérité pour 2011 représentant environ 6,4 milliards d'euros, afin de porter le déficit à 7,5% du Produit intérieur brut, contre 10,5% en 2010. AP

La Grèce au défi de tenir ses promesses

Le gouvernement grec se retrouve confronté au défi de tenir les promesses d'austérité renforcée faites à ses bailleurs de fonds, zone euro et Fonds Monétaire International, alors que le climat social et politique se dégrade fortement dans le pays.

La Grèce s'est vue promettre vendredi une nouvelle aide financière de ses créanciers, pour lui éviter la banqueroute et la sortie de l'Union monétaire, en plus du prêt de 110 milliards d'euros déjà octroyé il y a un an. En contrepartie, le gouvernement socialiste de Georges Papandreou s'est engagé à renforcer encore l'austérité afin de réduire le déficit public du pays et accélérer les privatisations pour combler la dette de 340 milliards d'euros.

Son plan prévoit 6,4 milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2011 et 22 milliards d'ici 2015, via des coupes dans la fonction publique, certaines pensions, des hausses d'impôts et de TVA.

Samedi, les syndicats avaient appelé à une manifestation à Athènes pour protester contre une "barbarie anti-sociale", qui va s'ajouter aux drastiques mesures d'économies prises en 2010 et ayant permis de réduire le déficit de 5 points de PIB en une seule année.

Mais les syndicats peinent à mobiliser après neuf grèves générales qui n'ont conduit qu'à plus d'austérité, et alors que le pays est plongé dans une profonde récession.
A peine un millier de personnes ont défilé samedi.

En revanche, un mouvement spontané "d'Indignés", qui échappe à l'encadrement des partis et syndicats, relayé par internet, rassemble chaque soir depuis une douzaine de jours des foules de gens sur la place Syntagma (de la Constitution), juste devant le Parlement grec.

La Belgique contre une restructuration de la dette grecque

Le ministre belge des Finances Didier Reynders a appelé samedi "à ne pas lever le tabou de la restructuration" de la dette de la Grèce ou d'autres pays de la zone euro pour éviter d'envoyer des signaux négatifs sur la santé de l'ensemble de l'Union monétaire.

"Lever ce tabou, c'est finalement se dire que la zone euro pourrait être réellement en difficulté", a expliqué Didier Reynders sur France 24, se présentant comme un "ardent défenseur" de la devise européenne face aux "gens dans le monde qui n'ont pas envie de voir la zone euro se développer ".

"Il faut arrêter, comme je l'entends pratiquement tous les jours, de laisser courir des bruits sur la sortie d'un pays (de la zone euro), sur la restructuration de la dette", a martelé le ministre, à la tête des finances belges depuis 1999.

Le scénario de la restructuration a été jusqu'ici rejeté par l'Union européenne, dont plusieurs dirigeants ont toutefois ouvert la porte à une restructuration "douce" consistant à un rééchelonnement de la dette grecque.

Pour M. Reynders, "la Grèce, comme le Portugal ou l'Irlande, doit faire des efforts importants". Mais, a-t-il nuancé, "il ne faut pas espérer que le pays meurt guéri. On ne doit pas le pousser tellement loin dans des efforts socialement inacceptables, et même économiquement peu performants parce que ça va ruiner la croissance, que le pays n'arrive pas à redémarrer".

Pour remédier à un tel risque, il a plaidé, à côté des "prêts" aux pays en difficulté, pour l'émission à terme "de véritables obligations européennes" à l'image de ce font les Etats-Unis. Cette "solution européenne montrerait une unicité de la zone euro", a-t-il estimé.