Tous ceux qui espéraient qu’Alexis Tsipras se montrerait un tant soit peu réfléchi une fois arrivé au pouvoir peuvent déchanter : le nouveau Premier ministre grec veut cogner dur. Le premier choc a eu lieu avec la formation de son gouvernement : le leader de Syriza aurait pu s’allier à un parti modéré, plutôt situé au centre-gauche ; il a préféré faire entrer au gouvernement un meneur de la droite nationaliste, xénophobe et antieuropéen jusqu’à la caricature. Le pire choix. Le deuxième choc s’est déroulé au sortir du premier Conseil des ministres avec l’annonce de mesures de relance brutales, de dépenses massives, qui chacune sonnent comme une provocation directe à l’égard de ses créanciers.

Certes, le Premier ministre grec avait prévenu, et personne ne devrait être étonné qu’il se comporte en leader d’une gauche radicale. Mais pour tous ceux qui, sensibles aux difficultés du peuple grec, se pâmaient devant son discours anti-austérité et applaudissaient à la remise en cause du fardeau de la dette, le retour à la réalité est un coup de poing : oui, Alexis Tsipras va ouvrir toutes les vannes ; oui, il va piétiner la signature de l’Etat grec ; oui, il risque de conduire rapidement son pays dans le mur.
Face à cette stratégie du pire, les Européens ont de quoi s’inquiéter. Le risque de l’affrontement existe, celui de la division aussi, surtout si les Grecs trouvent des alliés dans leur tentative de déchirer leurs engagements. Les Français semblent déjà tentés de jouer les intercesseurs et de mettre au service des Grecs leur longue expérience des signatures reniées. Après avoir échoué à s’allier avec l’italien Renzi, voilà François Hollande qui se rêve en avocat du cancre grec. Si c’est pour inverser la courbe du chômage et retourner celle de la croissance, le nouveau venu Tsipras devrait choisir meilleur mentor.