TOUT EST DIT

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lundi 16 septembre 2013

Nice : "La justice, c'est pas Facebook", dit l'avocat de la famille du braqueur tué. PAUVRE CONNARD !

LA JUSTICE EST RENDUE AU NOM DU PEUPLE, 
QUAND LE PEUPLE N'EST PAS D'ACCORD, IL FAUT CHANGER LA LOI.
Alors qu'un millier de personnes ont défilé lundi après-midi dans les rues de Nice en soutien au bijoutier accusé du meurtre de son braqueur, l'un des avocats de la famille du braqueur tué a estimé que la justice "ne peut être rendue sous la pression de l'opinion publique".
"La justice, c'est pas Facebook, c'est pas Twitter", s'est insurgé lundi l'un des quatre avocats de la famille d'Anthony Asli, le braqueur tué par un bijoutier à Nice, estimant que la justice "ne peut être rendue sous la pression de l'opinion publique". "Le sens de la mesure, on l'a perdu dans cette affaire. La violence, on la connaît, l'exaspération des citoyens, on la connaît, on la partage. Mais enfin la légitime défense, c'est une chose, l'autodéfense, c'en est une autre", a estimé Philippe Soussi, lors d'une conférence de presse se déroulant peu après un rassemblement de soutien au bijoutier niçois, mis en examen pour homicide volontaire et assigné à résidence sous surveillance électronique.

"Si on prône l'autodéfense sans s'en apercevoir, on passe d'une société civilisée à une société qui ne l'est plus, à la barbarie, à la dictature", a-t-il ajouté. "Avec la famille, nous nous interrogeons sur les conditions dans lesquelles la justice est rendue dans cette affaire" car "en matière d'homicide volontaire, dans 99,9 % des cas, on a recours à la détention provisoire" et "nous, avocats, sommes confrontés à des dizaines de cas où l'on va en prison pour beaucoup moins que ça". "Il y a sans doute eu deux poids, deux mesures, une justice à géométrie variable et vraisemblablement sous la pression de l'opinion publique qui est considérable dans cette procédure", selon lui. Or, pour lui, "la justice ne peut être rendue sous la pression de l'opinion publique".

A ses côtés, en pleurs, Alexandra Asli, la soeur du jeune homme tué, dont le corps n'a pas encore été autopsié. Elle dit ne pas "comprendre l'ampleur" que cette affaire a prise, ni pourquoi "on salit la mémoire de (son) frère". "Il n'était pas violent, les armes qu'il avait sur lui, c'était des fausses", a-t-elle assuré devant les journalistes. "Il était plein de vie, il était amoureux", a-t-elle ajouté, dressant aussi le portrait d'un  jeune homme "influençable", qui "n'avait pas 19 ans dans sa tête". "D'accord c'était un petit délinquant. Mais aujourd'hui on prend la défense d'un assassin!", s'est insurgée la jeune femme, faisant allusion au bijoutier mis en examen. "Qu'il aille en prison comme n'importe quel délinquant. Il lui a tiré dans le dos, l'a abattu comme un chien", a-t-elle dit, réfutant la thèse de la légitime défense.

Il n’y a pas eu de miracle


Quinze minutes sur la Syrie, autant sur l‘économie française, cinq minutes sur la sécurité et puis s’en va… En trente-cinq minutes calibrées au cordeau, François Hollande a « fait le job » hier soir, lors de son entretien avec Claire Chazal sur TF1. Dans un décor somptueux, très éloigné d’un homme « normal », le président de la République n’a cependant rien dit qui puisse soulever l’enthousiasme du pays. Mais peut-être le président devait-il tout simplement rappeler qu’il y a un locataire déterminé à l’Élysée, malgré les tempêtes, présentes et futures. En somme, faire acte de présence.
Sans tomber dans la caricature à laquelle s’adonne la classe politique en pareille occasion – la droite l’aura trouvé « impuissant », « spectateur plutôt qu’acteur » tandis que la gauche aura vu « un capitaine tenant le cap » – que faut-il retenir de l’intervention présidentielle d’hier soir ?
Sur la Syrie, François Hollande a repeint le tableau en rose, attribuant à la pression mise par la France et les États-Unis la proposition de la Russie de placer sous contrôle international les armes chimiques du régime de Damas. Renvoyant dos à dos Bachar el-Assad et les djihadistes, François Hollande a précisé que « l’opposition démocratique » représente la Syrie. Sauf que si les États-Unis sont sur la même longueur d’ondes, ce n’est pas le cas des Russes et des Chinois. Ceux-là même qui, à en croire François Hollande, donneront leur aval à une intervention militaire en Syrie au Conseil de sécurité de l’Onu, si le contrôle des armes chimiques est entravé. Difficile, vraiment, de croire le président sur parole.
En matière économique, François Hollande a clairement indiqué qu’il souhaite que la France suive le modèle allemand. Sur les moyens d’y arriver, les choses sont bien moins nettes. Assurer la croissance par un bon niveau d’investissement des entreprises et une forte consommation des ménages ne se décrète pas sous les lambris d’un palais de la République. N’en déplaisent aux Verts, invités à réfléchir à deux fois avant de quitter le gouvernement, la « pause fiscale » est actée. Sauf que cette réalité passera inaperçue puisque les conséquences des hausses d’impôts décidées par les gouvernements successifs seront pleinement visibles en 2014, voire 2015. Encore un coup pour rien. Un peu à l’image de l’entretien télévisé d’hier.

Hollande : le film du dimanche


Le président de la République s’ennuierait-il le week-end ? Toujours est-il que ses trois dernières interventions télévisées ont eu lieu un dimanche : Capital sur M6 en juin, l’interview du 14 Juillet, et donc ce soir chez Claire Chazal.
Certes, le service communication de l’Élysée n’a rien pu pour éviter que l’interview du dimanche 14 juillet ait lieu… un dimanche. Mais pour le reste, il ne faudra pas s’étonner que les résultats d’audience soient à peine plus élevés qu’un épisode multidiffusé de la série Derrick. Car même quand on s’intéresse aux affaires de son pays, et quel que soit le locataire de l’Élysée, qui a sérieusement le courage de se passionner pour un tel rendez-vous alors que s’achève le week-end et s’annonce une nouvelle semaine de travail pour ceux qui en ont, une énième semaine de vaine quête d’activité pour ceux qui en cherchent ?
Bref, à tous les indéfectibles passionnés de la chose publique qui seront ce soir devant leur poste de télévision pour écouter la bonne parole présidentielle – un tel exploit ne mériterait-il pas une déduction fiscale, M. Moscovici ? – François Hollande va expliquer qu’il tient la barre, maintient le cap et ne cède rien sur rien. Pour le reste, il n’y a pas grand-chose à en attendre.
Il sera bien sûr question de la Syrie. Pour dire, probablement, que la France tiendra son rang, vigilante, prête à intervenir pour soulager un peuple en souffrance. Le problème est que cette intervention – télévisée – sur l’intervention – militaire – intervient trop tôt ou trop tard. La question a, en effet, été réglée entre Russes et Américains à Genève. Mais ne comptez pas sur François Hollande pour reconnaître que la France, isolée, a eu les pieds et les poings liés par la proposition russe acceptée par les Américains.
L’autre sujet chaud du moment relève de la politique intérieure. Europe Écologie-Les Verts est en surchauffe, menaçant de claquer la porte du gouvernement si la transition énergétique n’est pas décrétée priorité nationale. Le tout accompagné d’un ultimatum : si le président n’annonce pas une hausse immédiate du prix du gazole, les Verts font sécession. Comme si la transition énergétique se résumait à une mesure aussi démagogique et surtout inutilement symbolique. Heureusement, entre le « ras-le-bol fiscal » des Français et le « ras-le-bol environnemental » des écolos, François Hollande, s’il veut éviter un « ras-le-bol électoral » au printemps prochain, ne devrait pas hésiter.

L’enfer fiscal

L’enfer fiscal


Il y a tellement longtemps que l’ampleur des problèmes posés par l’existence de paradis fiscaux est sur la table, que les tolérances coupables qui leur ont permis de prospérer ont été dénoncées, que le coût social, à travers le monde, de l’optimisation fiscale ou de la fraude fiscale a été pointé du doigt, qu’il faudrait aujourd’hui savoir garder la tête froide devant les avancées envisagées.
Mais rendons hommage aux ministres des finances du G7 et les gouverneurs de banques centrales réunis en fin de semaine à Aylesbury (Grande Bretagne) en fin de semaine dernière, d’avoir su ajouter aux paroles rituelles des actes très concrets ? Le plus significatif a été l’annonce, vendredi, de l’ouverture d’une enquête engagée par les agents du fisc américains, britanniques et australiens. Elle s’appuie sur des milliers de fichiers informatiques que ces administrations se sont procurés. Des listes et des listes de comptes secrets ouverts à Singapour, dans les îles Vierges britanniques, dans les îles Caïmans, notamment. Ces renseignements pourraient bénéficier très vite à d’autres pays du G20 dont la France qui n’attendent que cela.
L’ampleur de ces informations marque un changement d’échelle dans la lutte contre l’évasion fiscale. La volonté de poursuivre les fraudeurs mais aussi ceux qui font profession de les aider introduit une rupture significative. Surtout si le mouvement s’amplifiait, il enterrerait le secret bancaire. Ce serait la porte ouverte à l’échange automatique d’informations entre les banques et les administrations fiscales : les pays seraient ainsi automatiquement informés quand l’un de leurs ressortissants dépose de l’argent à l’étranger. Les États qui pratiquaient le dumping fiscal à tour de bras, accroissant ainsi artificiellement leur prospérité en attirant les capitaux, vont devoir coopérer. Dans le reste du monde comme en Europe, les lieux d’accueil pour les fraudeurs vont se faire plus rares.
Commentant quelques autres progrès en la matière au G20 de Washington, Daniel Lebègue, président de la section française de Transparency International., notait dans les Échos au début du mois de mai : « En une semaine, on vient de faire plus de chemin qu’en vingt ans ». Lui-même semblait s’étonner de cette impressionnante accélération. Elle a déjà contraint les banques et les entreprises à revoir leurs pratiques. Il reste bien sûr encore de nombreux obstacles techniques et même politiques avant de voir la cause entendue. Certains pays, dont la Chine, regardent d’un très mauvais œil cette évolution. Cette dynamique engagée, la vigilance continuera à s’imposer.

Finance, banques, Etats, banquiers centraux... : 5 ans après le déclenchement de la grande crise, avons-nous vraiment compris qui était le(s) coupable(s) ?


Le premier épisode de notre série "La grande crise cinq ans après son déclenchement" se concentre sur les responsables de cette crise. Si elle est habituellement attribuée aux subprimes, ses véritables origines pourraient être plus surprenantes.


Chercher un coupable à ce qui est appelé aujourd’hui la grande récession, c’est admettre le fait qu’elle ait pu être évitée. L’Edito du « Monde » du dimanche 15 septembre 2013 nous donne une première version pour le moins moralisatrice de cette crise « Pour comprendre cet enchainement, il faut revenir aux causes de la crise. Elle était le résultat d’un cocktail explosif : la forte croissance des pays émergents, qui a sapé la compétitivité du nord ; la course à l’endettement, public et privé, qui a fait croire aux occidentaux qu’ils pourraient éternellement consommer les biens produits par d’autres, une finance folle, qui, dans le délire de l’enrichissement des traders et des martingales mathématiques, permettait de créer de l’argent à partir de rien, totalement déconnectée de l’économie réelle ». 
Cette première version peut être jointe au récit communément admis qui commence par l’explosion de la bulle immobilière américaine. Nous sommes en 2006 et les prix commencent à plonger entrainant avec eux les établissements financiers dans une tourmente qui trouvera son apogée à l’automne 2008. L’irresponsabilité des banques, leur fragilité, seront le point de départ d’une crise de « l’économie réelle » en 2009 et dont les répercussions sont encore sensibles aujourd’hui. Le sauvetage des banques par les gouvernements, la hausse du chômage seront eux responsables du surendettement massif des Etats qui à leur tour seront visés par des marchés financiers décidément insupportables.
Le problème est que cette histoire ne tient pas debout, et qu’elle ne supporte pas l’épreuve des faits. La crise immobilière américaine n’a eu que peu d’impact sur le reste de l’économie. Entre 2006 et 2008, le taux de chômage américain ne progresse que de quelques décimales, passant de 4.7 à 4.9% en deux ans. Et ce malgré une chute majeure des prix. Deux tiers de la baisse totale ayant eu lieu au courant de cette période. Les salariés retrouvent des emplois et la crise, comme il se doit, ne se limite alors qu’à ce secteur seul.
Déterminer la responsabilité de la crise, c’est se poser la question de la transmission d’une simple crise immobilière à l’ensemble de l’économie, et à la finance en premier chef.
Il ne fait aucun doute que les anticipations de hausse infinie des prix de l’immobilier ont entrainé les banques à baisser leur garde de façon inadmissible. L’empilage acrobatique des dettes risque de s’effondrer à tout moment si le sol n’est pas stable. Ce seront les banques centrales qui vont dérober le tapis sous les pieds de la finance pour transformer une crise « classique » en un évènement historique.

Decembre 2007 : L’avertissement de Frederic Mishkin à la FED

Nous sommes en décembre 2007, la banque centrale américaine se réunit afin de décider des mesures à prendre face à un ralentissement économique encore embryonnaire. Le gouverneur Frederic Mishkin prend alors la parole :
“Je suis actuellement très, très inquiet, pour ne pas dire déprimé. Ceci parce que je crois que le type de scénario négatif du « livre vert » est très probable. Il y a en particulier deux scenarii qui sont traités séparément : La crise immobilière et le « credit crunch ». Je pense que ces deux vont se produire de façon simultanée, car si les prix immobiliers baissent cela crée encore plus de problème en termes d’évaluation du risque, ce qui signifie de plus gros problèmes pour le marché du crédit, ce qui nous entraine vers un risque macroéconomique. L’économie réelle va en souffrir. L’incertitude gagne du terrain. Les écarts de crédit s’aggravent et vous obtenez un scenario noir. Cela nous mène au « credit crunch ». Ce dernier entrainera l’économie réelle et l’immobilier dans une spirale negative. »
“il y a dans les medias beaucoup de discussion à propos du « découplage » des économies. Ce qui me semble raisonnable. Mais lorsque nous parlons de finance, il y a de très bonnes raisons de penser au recouplage car une perturbation financière aux Etats-Unis a de très bonne chances de s’étendre à l’étranger ».
Lors de cette réunion ; Mishkin tente de convaincre le Board d’agir de façon conséquente, non pas au regard de la situation présente, mais en prévention de ce qui lui semble apparaître comme une catastrophe des plus probables. Mishkin propose de baisser les taux de façon abrupte pour donner un signal à l’économie : « nous avons compris ». Le Board ne suivra pas cette voie bien que son président, Ben Bernanke y semble plutôt favorable. L’influence de ce courant de pensée est alors encore minoritaire au sein de la banque centrale américaine.

Juillet 2008 : Jean Claude Trichet relève les taux en Europe

De l’autre côté de l’Atlantique, Jean-Claude Trichet reste sourd et aveugle. Il restreint même l’offre de monnaie disponible en juillet 2008 en relevant les taux directeurs. Ce qui restera sans doute comme la plus grave erreur de ce début de crise. L’économie européenne vient de comprendre qu’aucun soutien ne lui sera apporté, c’est la tête sous l’eau que démarre l’été 2008.
Les banques sont aux abois suite à ces décisions inconséquentes. Ces choix, ou absence de choix donneront un signal aux marchés financiers : l’autorité monétaire ne remplira pas son rôle. La panique prend le dessus sur toute autre considération. Ce rôle avait pourtant été défini par Ben Bernanke lui-même : stabiliser la croissance nominale (croissance dont l’inflation n’est pas encore retranchée). Celle-ci chutera dans des proportions inconnues depuis les années 1930.
Variation du PIB Nominal de la France par rapport à sa tendance longue.
Ici et pour l’exemple ; le PIB nominal de la France qui avait connu une croissance moyenne de 4% depuis 1995, et ce de façon stable comme cela est préconisé. L’année 2008 marque une rupture, l’économie française fonctionne sans filet.

Les banques centrales, quel pouvoir ?

Nous pouvons rappeler les propos du prix Nobel d’économie Paul Krugman afin d’étayer l’ampleur du pouvoir lié aux banques centrales « Si vous voulez un modèle simple pour prévoir le taux de chômage aux États-Unis pour les prochaines années, le voilà : il sera là ou Alan Greenspan (Ancien président de la Réserve fédérale américaine) le voudra, plus ou moins une marge d’erreur reflétant le fait qu’il n’est pas Dieu ».
En l’espèce, les différentes autorités monétaires avaient le pouvoir de neutraliser cette crise en annonçant simplement qu’elles ne laisseraient pas la croissance nominale s’effondrer. En donnant simplement la priorité à la croissance plutôt qu’à la stabilité des prix, chaque autorité pouvait prévenir cette crise.
C’est de cette manière que  de leurs côtés, Le Canada et la Suède éviteront les plus graves effets de la récession grâce à leurs banquiers centraux (Mark Carney au Canada, qui a depuis été recruté par la Bank of England, et Lars Svensson en Suède).
Les responsables politiques n’interviendront qu’après le déclenchement du feu. Le mal est fait et seul un rôle de pompier peut leur être attribué. Barack Obama et Nicolas Sarkozy sont en tête. La création du G20 permettra d’apporter des réponses coordonnées, l’entente des banques centrales permet tout de même d’éviter le pire. Mais à aucun moment les responsables politiques ne prendront la mesure du vide laissé à l’origine des évènements par leurs autorités monétaires respectives.
Les banquiers ont été cupides, les politiques n’ont rien vu venir, les entreprises ont été prises au dépourvu, les salariés ont subi. La macroéconomie a quant à elle échouée et Fréderic Mishkin a prouvé que les évènements restaient prévisibles, envisageables, et évitables.L’ampleur de la crise doit tout aux banquiers centraux et seuls les représentants de la Banque centrale européenne se refusent encore à entrevoir toute responsabilité dans ces évènements. Il appartient aux politiques de corriger ces erreurs, en modifiant les statuts de la BCE. Les Etats-Unis, Le Royaume-Uni, le Japon ont déjà agi en ce sens, et admis par la même la responsabilité de la « pensée » monétaire alors en vigueur.
« Le Monde » conclu son édito dédié aux causes de la crise sur des mots moralisateurs de Jean-Claude Trichet, tout en lui réservant une interview de spécialiste (ou il omet à ce propos de revenir sur sa décision de juillet 2008) « l’ancien patron de la Banque centrale européenne n’est pas le plus mal placé pour en juger ». Justement si, il l’est.

Hollande, très loin du but


Plus à l’aise sur la forme, le président de la République a tenté de se montrer pédagogue, dimanche soir à la télévision pour sa rentrée médiatique, à défaut d’être convaincant sur le fond. Retour sur une émission brouillonne.
Copie médiocre pour le professeur Hollande. On sait que le chef de l’Etat n’affectionne pas cet exercice médiatique. Sa prestation de dimanche ne devrait pas le rassurer. Les téléspectateurs étaient d’ailleurs moins nombreux que l’année dernière devant leur télévision : 8,1 millions contre 9,9 à la même époque en 2012. Décidément, ce Président n’est vraiment pas un champion de l’audience.
La forme était plutôt meilleure. Plus à l’aise, la voix claire, le costume tout neuf et toujours sans notes posées devant lui. Ce qui prouve une vraie confiance en lui. L’hôtel Marigny, annexe de l’Elysée, servait de décor contrairement à l’an passé où le Président s’est déplacé dans les locaux de TF1.

Il réécrit l’histoire sur la Syrie

Sur le fond, François Hollande a opté pour une émission fourre-tout : de la Syrie aux impôts, de la fiscalité écolo au chômage, de la sécurité au FN et François Fillon. Un zapping classique pendant lequel il est apparu sur la défensive, souvent à contretemps comme sur la Syrie. Un dossier sur lequel il a donné l’impression de vouloir réécrire l’histoire en sa faveur voulant faire croire que c’était grâce à la France qu’un accord avait été obtenu à Genève. En réalité, si François Hollande a incontestablement été en première ligne au début de cette crise diplomatique, il a ensuite subi les événements. Avant même d’en être avancé dans la dernière ligne droite.
Son ton pédagogique aurait pu lui permettre d’apporter de la clarté sur la longue leçon de fiscalité. Ses explications en forme de mea culpa sur le "ras-le-bol fiscal" ont tourné à une longue partie de bonneteau. Un gros quart d’heure incompréhensible pendant lequel il a admis qu’il y avait trop d’impôts avant d’expliquer qu’il n’y aurait pas de "nouvelles taxes" en 2014 mais que la hausse de la TVA serait réduite, qu’on avait échappé à une hausse de la CSG… Bref, un tournis fiscal complètement flou. Pas sûr au passage que sa promesse d’un crédit d’impôt pour la rénovation thermique suffise à calmer ses alliés écolos.

Le retour du premier secrétaire du PS

Loin du but en matière de fiscalité écologique, François Hollande est convaincu d’être tout prêt de marquer enfin un but sur le chômage. Il attend l’inversion de la courbe pour la fin de l’année. Peut être même avant selon un de ses conseillers.
Finalement, c’est sur le registre purement politique qu’il a le mieux su tirer son épingle du jeu en claquant François Fillon sur le vote PS-FN et sa nouvelle règle sur le sectarisme. L’ancien premier secrétaire du PS a rappelé, petit sourire aux lèvres, que le 21 avril 2002, il n’avait pas hésité une seconde et appelé à voter contre Jean-Marie Le Pen sans barguiner. Un petit rappel qui avait des allures de prédiction pour 2017. Comme s’il imaginait déjà un deuxième tour de la présidentielle entre Marine Le Pen et lui.

Coût du travail: les vraies raisons du problème français


Le commissaire européen Olli Rehn souligne à nouveau les progrès à faire par la France en matière de coût du travail. Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas seulement sa taxation qui est à l'origine du problème, mais plutôt l'absence de montée en gamme des produits français
 Le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn a remis sur la table la question du coût du travail en France. Avec, un sous entendu habituel: c'est parce que le travail est trop taxé qu'il existe un problème français.
De fait, cela paraît évident, c'est l'un des défauts majeurs de notre système fiscal: en France, on taxe beaucoup trop le travail, nettement plus qu'ailleurs, ce qui nuit bien sûr à l'emploi. La France est l'un des pays, en effet, où le poids de cotisations patronales de sécurité sociale (à la charge des employeurs) est le plus lourd. C'est ce qui contribue du reste, largement, à un niveau de prélèvements obligatoires total plus élevé que la moyenne des pays industriels.
Selon les statistiques de l'OCDE, les cotisations patronales représentent en France 11,3%  du PIB, soit plus de deux fois la moyenne de l'OCDE. A titre de comparaison, elles ne pèsent que 6,7% de la richesse nationale en Allemagne, ou 3,8% en Grande-Bretagne.
Pour autant, affirmer que c'est la France qui taxe le plus les revenus du travail est inexact. Les statistiques disent le contraire, à rebours de cette idée reçue. Eurostat calcule un taux implicite de taxation sur ce que les économistes appellent les facteurs de production, notamment le travail. Il s'agit simplement d'évaluer le poids des prélèvements obligatoires en proporition des revenus du travail
La France au septième rang européen, pour la taxation du travail
Or que voit-on, à la lecture de « Taxation trends in the European Union » (page 254), publié en avril par Eurostat?
Que la France se situe non pas au premier rang européen mais au septième des pays de l'UE. Et que l'Allemagne, ce « modèle » des années 2010, n'est pas si loin. Le taux global de taxation du travail est de 38,6% en France, contre une moyenne de 35,8% en Europe. L'Allemagne est également au dessus de la moyenne européenne, à 37,1%.
La Belgique et l'Italie imposent beaucoup plus le travail que la France (ces pays se situent au-delà de 42%), tandis que la Suède, la Finlande, et l'Autriche, se placent un peu au dessus du niveau hexagonal.
Comment expliquer ce paradoxe de lourdes cotisations, beaucoup plus lourdes qu'ailleurs vilipendées par le Medef, mais aboutissant à une taxation globale du travail qui est loin de battre des records ?
Un impôt sur le revenu plus faible
L'explication est simple : pour évaluer les prélèvements obligatoires sur le travail, il faut prendre en compte, bien sûr, les cotisations, mais aussi, évidemment, l'impôt sur le revenu. Or celui-ci est, contrairement à ce que croient encore beaucoup de Français, plus léger qu'ailleurs. Les organismes internationaux intègrent dans leurs calculs la CSG, ce deuxième impôt sur le revenu français (le Conseil constitutionnel a tranché en ce sens, il y a près de 20 ans, maintenant). Y compris la CSG, donc, l'impôt sur le revenu représente en France 7,3% du PIB, contre 8,8% en Allemagne, 9,5% en Autriche, 10,8% en Belgique, 10% en % Grande-Bretagne, 11,7% en Italie, et 24% au Danemark.
Ces fameux danois, dont certains vantent le modèle « zéro charges sociales » ou presque, sont loin d'échapper à l'impôt :  salariés et entreprises ne paient pas de cotisations sociales, mais les employeurs doivent verser une rémunération nette beaucoup plus élevée qu'ailleurs, à des salariés qui supportent un impôt sur le revenu très lourd et une TVA record. Selon Eurotat,le salaire annuel moyen y atteint  56.300 euros, contre 42.900 en Allemagne...
Même sans charges sociales, le coût global du travail y est donc au dessus de la moyenne européenne...
Le mythe du petit nombre d'imposables
S'agissant de l'impôt français, il est de coutume de dire que son rendement est faible en raison du nombre élevé de foyers exonérés. Cet argument ne résiste pas à l'analyse : pour chaque niveau de revenu, la facture est en fait moins élevée que la moyenne européenne. En outre, et surtout, la CSG, qui est devenue le premier impôt sur le revenu (80 milliards d'euros de recettes contre 50 milliards) est payée par tous, au premier euro de salaire.

Plus de cotisations à la charge des salariés en Allemagne...
La comparaison France-Allemagne peut être intéressante, du point de vue des prélèvements obligatoires sur le travail. Si les cotisations patronales (à la charge des employeurs)  battent de records en France, il faut considérer aussi les prélèvements à la charge des salariés. En Allemagne, elles sont plus importantes qu'en France, représentant 22% des recettes du système social (considéré globalement, tous systèmes publics confondus), contre 17% dans l'hexagone, souligne une étude de la direction générale du Trésor, publiée fin 2012. Or, le distinguo entre cotisations employeurs et prélèvements à la charge des salariés n'a qu'une portée limitée : dans les deux cas, il s'agit de prélèvements basés sur les salaires, et qui grèvent le coût global du travail. Les cotisations sociales stricto sensu (hors CSG) pèsent du même poids dans les deux pays, représentant 20,7% du PIB en France, contre 20,5% en Allemagne, relève l'étude du Trésor.
En outre, les allègements de charge sont plus importants en France, en faveur des bas salaires. Ainsi, « considérées conjointement, les cotisations sociales (employeurs et salariés) pèsent moins sur le coût du travail en France qu'en Allemagne pour le premier quintile de distribution des salaires (les 25% de salaires les plus faibles) » souligne l'étude. « Il n'y a pas de désavantage univoque en France ».
... et une taxation globale supérieure pour la majorité des revenus
Les experts de Bercy relèvent en outre le poids de l'impôt sur le revenu, plus élevé en Allemagne. Si l'on additionne donc l'ensemble des prélèvements obligatoires sur le travail, cotisations et impôts, ce que l'OCDE nomme le « coin fiscalo-social », il apparaît que les prélèvements sont moins lourds en France qu'Outre Rhin, pour la plupart des niveaux de revenus. Comme le relève le Trésor, « quel que soit le niveau de salaire considéré (à l'exception du dernier décile de la distribution des salaires) » les impôts et charges français sont moins élevés. « Le coin fiscalo-social est inférieur en France de 15 points en moyenne pour 20% des salariés (les moins bien rémunérés), puis de 7 points en moyenne jusqu'au dernier décile » (soit jusqu'aux 10% les mieux rémunérés). Bref, les Allemands paient moins de cotisations, mais plus d'impôts, sur leur travail. Et au total, à l'exception des 10% les plus aisés, la taxation globale du travail est plus lourde pour eux.
D'où vient le problème?
 D'où vient le problème, alors? Il vient d'un phénomène maintes fois souligné, notamment par le directeur des études économiques de Natixis, Patrick Artus ou Gilbert Cette, professeur d'économie associé à la l'université d'Aix Marseille : c'est l'absence de montée en gamme de l'industrie française. L'industrie française est trop "bas de gamme". Elle se trouve, du coup,  concurrencée par des pays européens aux coûts du travail inférieurs -Italie, Espagne- , et le sera encore plus à l'avenir, par ces pays qui ont connu ces derniers mois une véritable déflation salariale.
La solution, qui n'a rien de l'évidence à court terme, est d'investir massivement dans la recherche, pour être en mesure d'offrir des produits à plus forte valeur ajoutée.

La crise fête ses cinq ans et elle se porte bien


Depuis 2008, la crise a pris plusieurs visages. Malgré l'optimisme ambiant, elle est loin d'appartenir à l'histoire.
Cinq ans après la faillite de Lehman Brothers, rien n'y fait. Le PIB de la zone euro a beau s'être redressé au deuxième trimestre de 0,3 %, la Fed a beau réfléchir à une stratégie de sortie de l'urgence, l'optimisme a beau être de mise. La crise est toujours là. Et l'Europe est plus que jamais en première ligne.
Dilemme européen
Les Etats européens demeurent confrontés à un dilemme insurmontable dans l'état des forces politiques actuelles : doit-on donner la priorité à la croissance ou au désendettement ? Les récents débats français viennent de le rappeler. Le gouvernement hexagonal, qui a tant fait le fanfaron en août sur les chiffres de la croissance est ainsi le premier à ne pas hésiter à prendre le risque de briser ce timide élan pour revenir au plus vite dans les clous fixés par le traité de Maastricht.
Poids de la dette
Mais la question du poids de la dette empoisonne tout autant le Portugal, l'Irlande ou la Grèce. Des pays dont les demandes intérieures ont été sacrifiés sur l'autel de la dette et de la réduction des déficits et qui voient, malgré tout, le poids de leur endettement continuer à progresser. La troïka arrive au Portugal pour encore imposer de nouvelles mesures d'austérité et la Grèce ne peut guère se réjouir d'avoir dégagé un excédent budgétaire primaire qui sera englouti par le service d'une dette dont le poids est intenable.
Le « consensus européen » brisé
Alors que l'Europe, et en premier lieu sa seule puissance crédible devant les marchés, l'Allemagne, semble incapable de faire des choix clairs, les effets de la crise n'ont pas fini de se faire sentir sur le vieux continent. Partout montent les  « populismes » qui remettent en cause le « consensus européen » qui dominait avant 2007-2008. Dans des pays traditionnellement europhiles comme l'Italie ou la Grèce, ces forces représentent des poids politiques désormais incontournables.  Le danger d'une progression encore plus forte et surtout d'une alliance stratégique avec un parti « de gouvernement » ne peut être écartée et ouvrirait un nouveau front dans la crise. On voit déjà que le rapprochement entre l'UMP et le FN en France ou celui de Beppe Grillo et du Parti démocrate en Italie est une hypothèse de travail. Dans ce cas, la confiance dans la zone euro pourrait encore en souffrir.  
Economie mondiale en lambeaux
Bref, rien n'est réglé, loin de là. Et l'accalmie ne doit pas cacher une autre réalité : cinq ans après Lehman les économies européennes et mondiales demeurent tout aussi instables et déséquilibrées. Les structures sociales et politiques sont en lambeaux. Le printemps et l'été derniers nous ont rappelé cette vérité. Le ralentissement  des exportations induit par le ralentissement européen a  provoqué des chocs sociaux, politiques et monétaires qui ont frappé pêle-mêle l'Egypte, la Turquie, le Brésil ou encore l'Inde.  Autre signe inquiétant : la tension  qui s'est emparé du marché boursier lorsque la Fed a annoncé sa volonté de réduire ses injections monétaires. Signe que nul ne croit en une croissance « autonome. »  Les marchés comme l'économie « réelles » sont sous perfusion.
Incapacités politiques
Tout est à reconstruire, mais on a peine à croire que cette reconstruction puisse avoir lieu. L'incapacité des dirigeants mondiaux à gérer cette crise depuis six ans est désormais avérée. Lorsque le système financier a montré des signes de faiblesses à l'été 2007, on a nié le sérieux de l'affaire.  En 2008, on a géré la panique dans l'urgence. Pour éviter d'autres Lehman, on a renfloué les banques à coups de milliards. Aucun Etat n'a échappé à son « plan de sauvetage bancaire. » Pour rétablir la croissance, on a lancé des plans de relance sans véritable cohérence. Seuls comptaient alors les milliards que l'on promettait de placer dans l'économie. Aux Etats-Unis et  au Japon, on est entré dans la zone grise des taux zéro.
Mistigri de la dette
Les banques ont survécu, pour la plupart. Mais les Etats sont entrés dans la crise. Le mistigri de la dette leur avait été transmis. La crise de confiance envers les banques est devenue une crise de confiance envers les Etats. L'Europe, avec sa construction monétaire baroque, s'est retrouvée en première ligne.  La crise de la zone euro a suivi. Elle aussi a été gérée en dépit du bon sens. Là aussi, on a d'abord voulu n'y voir qu'une « crise grecque » avant d'avoir recours à des méthodes radicalement opposées à celles de 2008-2009, mais tout aussi inefficaces et en réalité nocives.  
Généralisation de la crise
Les dirigeants mondiaux et européens, plus guidés par leurs intérêts domestiques propres que par l'intérêt général, ont mené une gestion de courte vue. Les Etats-Unis ont montré leur incapacité à gérer comme jadis l'économie mondiale. La Chine et l'Allemagne n'ont pas su ou pu s'imposer comme nouveaux leader. L'économie mondiale, privée de tête, s'est mise à errer dans le désert. On a transmis le mistigri à ceux qui étaient encore dans une situation saine : les banques centrales, les ménages, les émergents. Ces trois derniers acteurs ont fini par être infectés. Nous n'en sommes qu'à ce moment de la crise. Au début d'une crise qui peut finalement frapper l'ensemble de l'économie mondiale.
En faisant faillite, Lehman Brothers (qui a été cependant elle-même victime des conséquences de la crise des subprimes)  a ouvert plus qu'une crise économique. C'est une crise de la science économique, de la classe politique et de l'ensemble de la société post-industrielle qui s'est ouverte. Et elle n'est pas encore fermée.

Une justice toujours plus 'ordinaire'


Tiens, cela faisait facilement un mois que la Justice n'avait pas provoqué quelques perplexités profondes en France. Pour ne pas perdre la main et rappeler aux Français qu'ils sont tous, potentiellement, des justiciables soumis à l'aléa joyeux de la loi et de son interprétation, quelques affaires récentes nous offrent l'occasion de revenir sur quelques étonnants dysfonctionnements dans le Pays Des Droits de l'Homme et de la Bonne Conscience En Bandoulière.
On se souvient qu'en août dernier, je notais, pas franchement surpris, que l'ensemble du système judiciaire en France était devenu un petit marigot très particulier ; entre des prisons trop peu nombreuses, en état lamentable, des peines distribuées de façon surprenante, pas toujours appliquées, des mollesses de verdict difficilement compatibles avec la notion de justice ou d'équité, ou, au contraire, des comportements partiaux de juges qui ne semblaient défriser personne, on commence à se poser des questions sur la nature réelle de cette justice française.
Perdue entre justice politique, constructivisme débridé, et médiocrité provoqués par des sous-effectifs, des moyens inadaptés et un engorgement artificiel par l'avalanche de crimes sans victimes, la Justice française n'est plus que l'ombre de ce qu'on racontait d'elle il y a encore une trentaine d'années (et ce n'était pourtant pas flamboyant à l'époque). Et les déclarations de l'actuelle Garde des Sots, du Minustre de l'Intérieur ou la récente affaire du Mur des Cons du syndicat de la magistrature ajoutent une bonne dose de bordel idéologique effervescent à ces institutions déjà bien mal en point.
Récemment s'ajoutent donc trois affaires qui, bien malheureusement, continuent d'asseoir ce constat de délitement de leur justice dans l'esprit des Français.
La première, c'est celle relatant l'étonnante écoute de journaliste du Monde. Certes, il faut bien être un juge et avoir des insomnies à répétition ou le plaisir un peu masochiste de sombrer dans un ennui proche de la neurasthénie pour avoir envie de placer sur écoute un journaliste, à plus forte raison du Monde. Mais indépendamment de ce goût morbide pour l'ennui et les gémissements folliculaires, force est de constater que ce n'est pas exactement autorisé, souhaitable et recommandé dans une démocratie qui se respecte. L'enquête devra déterminer exactement l'ampleur des écoutes, leurs réelles nécessités et l'implication de la juge concernée, mais l'article du Monde laisse cependant perplexe sur la facilité qu'ont certains magistrats de lancer ce genre de procédures avec une décontraction auquel tout justiciable devrait s'opposer fermement. Et bizarrement, cette affaire ne semble émouvoir à peu près personne, à l'exception des intéressés et de la rédaction du Monde qui peut pour une fois faire du vrai journalisme au lieu d'aider le conquistador pédaloflanbyste à marcher sur la Syrie, par exemple.
Si la première affaire expose surtout la grande légèreté avec laquelle certains juges (au moins) s'octroient le droit d'aller fouiller dans la vie des gens, même lorsque le rapport avec l'enquête en cours est extrêmement ténu, et même quand il y a un gros écart de proportionnalité de ce qui est effectué et ce qui est nécessaire pour les besoins de l'instruction, la seconde affaire apporte un éclairage assez surprenant sur l'opinion d'un magistrat sur une partie du territoire français.
Pour ce second cas, on apprend ainsi qu'un juge aux affaires familiales de Montpellier a débouté la demande d'une mère de famille divorcée de pouvoir fixer sa résidence principale sur l'île de Sein, au motif que cette île« peut être assurément regardée comme étant un lieu de vie relativement hostile pour les enfants », ajoutant que, compte-tenu de « l'insularité et des marées », les conditions de trajet de ces derniers pour se rendre chez leur père seront « extrêmement difficiles ». Cela n'a pas trop plu au maire de la commune, qui s'en est ouvert dans une lettre au président du tribunal de grande instance de Montpellier, et aux journalistes qui ont fait un peu mousser la petite affaire (sachons rigoler). Bien évidemment, il ne faut pas perdre de vue le caractère anecdotique de l'affaire, mais elle montre assez bien deux choses.
D'une part, la stupéfiante inculture de nos juges, ce qui n'est pas très rassurant. Certes, tout le monde ne connaît pas forcément l'île de Sein. Mais de nos jours, accéder à un savoir à peu près neutre et fouillé est à la portée du premier quidam venu, fut-il juge et évidemment démuni, puisqu'avec un moteur de recherche sur Internet, on peutrapidement découvrir que l'île en question est bien loin de l'image ridicule dépeinte par l'avocat du père, image en partie gobée par le juge.
ile de sein
D'autre part, elle laisse perplexe quant à la pertinence moyenne des jugements rendus dans ce genre d'affaires où la vie de famille est durablement affectée par un jugement basé sur des considérations, des opinions ou des sentiments aussi vagues qu'infondés. Peut-être cette histoire est-elle complètement unique. Peut-être chaque juge prend-il normalement un soin méticuleux à bien peser les différents arguments qui lui sont proposés, en éliminant les effets de manches grossiers dont les avocats abusent parfois. Peut-être... Mais puisqu'on en est aux jugements basés sur des opinions et des ressentis flous, j'ai pour ma part l'impression qu'une bonne quantité de juges ne s'embarrasse guère de détails et que l'affaire en question est simplement l'une des rares qui remontent à la surface. Bousculés à la fois par la quantité de ces affaires, la motivation très moyenne inhérente à la fonction publique dans un ministère sous-doté, et le désir bien humain de fournir un travail aussi finement calibré que possible face à un salaire pas franchement mirobolant, on n'aura aucun mal à imaginer que le juge standard passe un temps minimum sur le dossier, et conclut donc, en son âme et conscience, que zut à la fin, il est l'heure du repas, "affaire jugée" et bon voilà.
Enfin, après cette croquignolette affaire de jugement géographique à l'emporte-pièce, on peut ajouter cettetroisième affaire dans laquelle on découvre qu'EDF est officiellement responsable du cancer d'un chaudronnier de la centrale nucléaire de Dampierre, ouvrier aussi fumeur de son état. Et EDF a été condamnée parce que l'entreprise n'a pas pu apporter la preuve que le cancer était provoqué par la cigarette et non par les doses de radiation, pourtant toutes en dessous des seuils légaux, que l'employé aurait encaissées pendant son travail sur place. Oui oui, vous avez bien lu : pour ce juge, il revenait à EDF de prouver son innocence :
Le tribunal d'Orléans a estimé qu'EDF n'apportait pas la preuve que le cancer de son employé mort ne pouvait pas être lié aux doses de radioactivité qu'il avait reçues, malgré la présentation de "nombreuses documentations scientifiques" et les mesures "incontestables" de sécurité sanitaire mises en place dans les centrales.
L'analyse de cette affaire, par Baptiste Créteur sur Contrepoints, rejoint parfaitement la mienne : ici, il est impossible de ne pas voir dans le jugement rendu une forte orientation du tribunal, en défaveur flagrante de l'entreprise. Le jugement rendu et ses motivations (incapacité d'apporter la preuve de son innocence !) ne laissent aucun doute : il s'agit bel et bien de faire payer ces cochons d'employeurs dont on sait qu'ils ont les moyens. Le riche ou le puissant, même s'il a été impossible de prouver sa culpabilité, sera condamné puisqu'il n'a pas non plus prouvé son innocence, dans un magnifique double standard qui devrait faire hurler toute personne un tant soit peu lucide, ou le journaliste, s'il est consciencieux.
Ces trois affaires, bien que très différentes sur le fond, montrent la même (toute petite) forme de la justice en France : pouvoir énorme et décontraction assumée dans son utilisation, inculture et jmenfoutisme assez consternant, double-standard et inversion de la charge de la preuve. Régulièrement, à ces constats déjà fort préoccupant, on peut ajouter les cas évidents d'iniquité, où les rouages de la justice semblent animés de ce désir morbide de concasser de l'honnête homme. Ainsi, qu'en sera-t-il de ce bijoutier qui - ô malheur à lui - a eul'impudence de dégommer un de ses voleurs ? De quelle clémence jouira-t-il pour avoir débarrassé (de façon certes socialement répréhensible) la société d'un parasite au casier déjà fort chargé ? De quels aménagements de peine bénéficiera-t-il ? Verra-t-on cet homme rejoindre l'une de ces cellules où tant de semblables à ses agresseurs passent parfois quelques jours, entre deux braquages ?
taubira polémique estivale

Réactions au discours présidentiel: de l'"enfumage élyséen" à "l'affabulation la plus totale"


Entre "désinvolture", "fermeté", et "une intervention dense et forte", comment la classe politique a-t-elle réagi au discours dominical du président ? Florilège des principales réactions.
Excepté le Parti socialiste, il semblerait que le président de la République n'ait franchement pas convaincu sur le plateau de TF1 dimanche soir. En témoignent les principales déclarations, notamment recueillies sur BFM TV.
  • Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Bruno Leroux a salué l'intervention de François Hollande.

"Le président de la République a fait taire ses contempteurs en délivrant une vision claire et nette de son action."
  • De son côté, le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, a salué l'"intervention dense et forte" de François Hollande dans un communiqué:

Le chef de l'État s'est exprimé avec force et conviction face aux Français. Il a donné tous les éclaircissements que nos concitoyens attendaient sur la crise syrienne. Il a su répondre aux inquiétudes des Français face à la situation économique". 
  • En revanche, le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon n'a pas du tout été convaincu par l'intervention du chef d'Etat, comme il l'indique dans un communiqué:

"François Hollande a laborieusement commenté la déroute diplomatique de la France en Syrie. Porte-voix de la position nord-américaine en Europe, il a refait l'histoire. (...) Sur le reste, François Hollande a tenté de s'en sortir  en joueur de bonneteau qu'il est. A coup de promesses et de blabla techniques sur les impôts, il n'a pu camoufler l'augmentation de la TVA et plus généralement la cure d'austérité aggravée qui attend les Français".

  • Christian Jacob, le chef de file des députés UMP, n'a pas non plus épargné François Hollande en commentant son discours télévisé dimanche soir sur le plateau de BFM TV::

"Sur la fiscalité, on a été dans l'affabulation la plus totale. Il annonce deux impôts, la TVA et le quotient familial, mais il oublie les retraites, la fiscalisation de la complémentaire maladie, la fiscalisation de la majoration familiale pour les retraités, la suppression de la défiscalisation pour frais de scolarité, donc au lieu de trois milliards annoncés par son gouvernement depuis une semaine, en fait, c'est bien 12 milliards".
  • De son côté, le président du parti centriste UDI, Jean-Louis Borloo a déploré "la désinvolture" du président sur des sujets comme l'emploi, le chômage et la fiscalité dans un communiqué:

"Après l'intervention de François Hollande, je suis stupéfait de la désinvolture dont il a fait preuve à l'égard des Français en ne répondant nullement aux questions essentielles qu'ils se posent. (...) "Désinvolture à l'égard des salariés des secteurs privé et public sur les heures supplémentaires (...) sur le secteur des services à la personne (...) sur l'écologie".
  • L'ancien candidat à la présidentielle et président du MoDem François Bayrou a quant à lui fait part de sa déception après le discours présidentiel:
"C'était une émission en défense: Hollande se défendait sur la Syrie, sur les impôts, sur la fiscalité et il n'y avait pas de vision d'avenir. La deuxième chose qui m'a frappé, c'est l'omniprésence des ors de la République (...), la distance qu'il y avait entre les signes extérieurs du pouvoir et l'incapacité qu'il y avait à dire que l'on va construire un nouveau monde".

Greffier en chef

Greffier en chef


François Hollande avait promis une adresse solennelle aux Français. C'était, il n'y a pas si longtemps, lorsque la France était prête à partir flamberge au vent pour « punir » Bachar al-Assad. C'était avant qu'Américains et Britanniques nous fassent faux bond. C'était avant que Poutine ne vienne bouleverser la donne diplomatique. Et c'était juste après qu'ait été conclu, en notre absence remarquée, un accord russo-américain sur la Syrie, samedi à Genève. Alors, il n'était plus question pour François Hollande d'en appeler, sur un ton d'une exceptionnelle gravité, à l'unité nationale dans la guerre. Non ! Il s'agissait seulement pour lui d'expliquer que nous avions gagné la non-guerre !
Pour la circonstance, un entretien avec Claire Chazal dans une annexe de l'Élysée suffisait. Pas besoin de tambours ni de trompettes. Peut-être nous trouvera-t-on sévère ? Mais la vérité commande de dire que François Hollande n'aura pas tenu le rôle qu'il ambitionnait pour lui et pour la France. On lui concédera tout de même qu'il ne fut guère aidé par l'ensemble de nos partenaires. C'est évidemment une leçon à retenir.
Toujours est-il que la France, éjectée par la porte du « deal » russo-américain de Genève, n'a plus qu'à rentrer par la fenêtre de l'Onu. François Hollande a martelé la volonté de notre pays de soumettre une « résolution forte » au Conseil de sécurité. En compagnie de Laurent Fabius, il va en débattre aujourd'hui avec les chefs de la diplomatie américaine et britannique. Il veut croire que la France va encore pouvoir dicter ses volontés. Vaine prétention. Il est plus probable que notre général en chef devra se cantonner à un rôle de greffier en chef.
On voit bien que nous prenons le chemin d'un processus d'enlisement qui permettra à Bachar al-Assad de gagner du temps. On est très loin de la punition que voulait lui infliger François Hollande. Et l'on est plus loin encore du processus politique qu'il souhaite pour l'après-Bachar. À part ça, le chef de l'État a tenu à nous rassurer : la France ne dépend de personne ni de quelque pays que ce soit. 
Voilà qui rassure !

La fin d'un modèle économique

La fin d'un modèle économique


Bien sûr, la reprise n'est toujours pas inscrite, là, sur le papier. La Grèce, l'Italie, l'Espagne sont toujours en récession et le président de la BCE Mario Draghi a prévenu à la veille du week-end que les prochains trimestres ne seraient pas aussi enthousiasmants que le rebond d'activité enregistré au printemps. Comment en serait-il autrement ? Les politiques budgétaires restent partout restrictives, même si elles ont gagné un peu de temps et de souplesse pour s'ajuster. Les déséquilibres macroéconomiques sont toujours prégnants, la dette publique et le chômage continuent d'augmenter dans de nombreux pays de la zone euro ; enfin, les banques n'ont pas fini de réduire leur bilan, ce qui les rend hyper sélectives dans leur politique de prêts.

Le retour de la confiance

Pourtant, chacun peut constater que les choses s'améliorent. L'éclatement de la zone euro a cessé d'être une option envisageable ; la confiance revient peu à peu grâce à la politique rassurante de la BCE ; les excès des stratégies de purge budgétaire ont été corrigés. Surtout, les réformes structurelles menées avec plus ou moins de détermination par les pays du sud de l'Europe commencent à porter leurs fruits. Pas partout. En Italie, le niveau de productivité est inférieur à ce qu'il était au début de la récession. Mais en Espagne, les progrès sont unanimement reconnus et salués. L'activité y est tirée depuis plusieurs trimestres par la demande extérieure, qui a constitué l'indispensable relais à l'effondrement de la demande intérieure. Comme en Irlande, les exportations y progressent désormais à un rythme plus rapide que le commerce mondial, ce qui sous-entend que l'Espagne arrache des parts de marché à ses voisins les moins dynamiques. Qu'on le veuille ou non, la réduction des salaires et l'abandon de l'indexation automatique sur l'inflation y sont pour quelque chose. Le Portugal suit la même voie que son grand frère, même si sa base industrielle est moins diversifiée et la valeur ajoutée qu'elle dégage moins importante. Affirmer que ces pays se sont réorientés vers un nouveau modèle de développement est certainement prématuré et excessif. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont tourné le dos, pour longtemps, au modèle de crédit facile et improductif qui les a amenés au bord de l'abîme.

François Hollande sur TF1 : une intervention télévisée en guise de preuve de vie


Pourquoi un président de la République s’invite-t-il sur les petits écrans ? Comme l’ont précisé, par la suite, la plupart des commentateurs, c’était sa première intervention télévisée depuis le 14 juillet. Deux mois, c’est évidemment long, tellement long que les Français étaient en manque. Il y avait eu, la veille et l’avant-veille, des millions
d’hommes et de femmes dans les rues avec des pancartes, des sifflets et surtout des cris : « Nous voulons l’entendre ! Nous avons besoin de ses paroles, de son baume apaisant, de sa sagesse inébranlable, de sa volonté farouche... » Hier soir, il est venu, le divin président. Et qu’a-t-il révélé aux Français émerveillés ? Que c’est grâce à la France - c’est-à-dire à Hollande – que les Russes épouvantés ont forcé Bachar El Assad à accepter, sur le papier, de livrer ses armes chimiques. Sans cela, la France – c’est-à-dire Hollande – frappait Damas dans ses organes vitaux, renversait le régime honni, et notre chef bien-aimé aurait atterri en libérateur devant la mosquée des Omeyyades, sous les vivats d’une foule en délire, honni soit qui Mali pense. Grâce donc à la France – et à Hollande – un accord russo-américain s’est fait, mais attention, Poutine et Obama : la France - c’est-à-dire Hollande – garde l’arme aux pieds et l’épée hors du fourreau. Suspense à la Damoclès.
Sur le reste, Hollande n’avait rien à dire, mais il l’a dit. Pas d’impôts nouveaux, pas de retour aux heures supplémentaires défiscalisées mais des aménagements pour les humbles et les bas salaires, la courbe du chômage va s’inverser à la fin de l’année mais l’essentiel est qu’elle ne reparte pas vers le haut en 2014 ; c’est terrible ce qui s’est passé à Nice, mais la Justice doit garder le contrôle. En 2002, scoop bouleversant, révélation fulgurante : face à Le Pen, il a voté Chirac. Sans faiblir et sans hésitation.
Trente-neuf minutes où un homme, au demeurant sympathique, avenant, disert, a répondu à des bribes de questions aussi gentilles que lui, pour répéter à ses administrés que tout va bien, que nous sommes sur le bon chemin, qu’il espère être réélu puisque son programme tient sur dix ans et que même si la cuisine économique ressortait plus d’un discours de technicien de Bercy que d’une homélie de chef d’Etat, l’essentiel, somme toute, c’est qu’il est là, sûr de lui, calme et qu’il est bien président de la République, puisqu’il est là. Nous n’avons donc aucune raison de n’être pas, à notre tour, rassurés et sereins.
 Pourquoi donc est-il venu hier soir puisqu’il n’avait rien de nouveau à annoncer ? Parce que les sondages, parce que la com’, parce que Marine, parce que le bijoutier, parce que l’avenir, parce que les retraites, parce que les impôts. Ses conseillers lui ayant communiqué les inquiétudes, les frustrations, les peurs et les colères des Français, il a jugé que la nécessité de faire un cours d’éducation politique, même archi connu, était préférable au silence que des esprits chagrins auraient interprété comme aveu d’inaction. Hier soir, c’était l’annonce faite aux marris et, surtout, comme on dit pour les otages, une preuve de vie.