TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 16 février 2012

Moody's place sous surveillance plusieurs institutions financières

Moody's a prévenu, jeudi 16 février, qu'elle pourrait abaisser les notes de crédit de 17 grandes banques mondiales et de 114 institutions financières européennes, témoignant de l'impact de la crise de la dette souveraine européenne sur le système financier. L'agence dit examiner les notes de crédit à long terme d'une série de banques ainsi que leur solidité.

"Les groupes qui opèrent sur les marchés de capitaux sont confrontés à des défis changeants, avec des conditions de financement plus fragiles, des spreads de crédit plus larges, un durcissement de la régulation et des conditions d'activité plus difficiles", a écrit Moody's dans un communiqué.
Parmi les établissements concernés, et qui pourraient voir leur note abaissée de deux crans, figurent BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Natixis, Deutsche Bank, HSBC, Barclays ou encore Goldman Sachs. D'autres banques pourraient même voir leur note de crédit réduite de trois crans, en particulier UBS, Credit Suisse et Morgan Stanley. Bank of America et Nomura pourraient voir la leur reculer d'un cran.
Moody's explique que son action sur 114 institutions financières de 16 pays européens reflète l'impact de la crise de la dette et la détérioration des notes de crédit de leurs gouvernements. Moody's a également dégradé jeudi les notes de plusieurs compagnies d'assurance, évoquant leurs exposition à l'Espagne et à l'Italie. Parmi les compagnies déclassées figurent Generali et Allianz. Moody's a confirmé les notes d'Axa, Aviva et leurs filiales, tout en abaissant leur perspective de stable à négative.
COLLECTIVITÉS LOCALES DÉGRADÉES
L'agence de notation annonce qu'elle abaisse aussi la note d'une multitude de collectivités locales ou d'entreprises en Europe. En France, c'est la perspective sur les notes de la SNCF (Aa1) de Réseau ferré de France (Aaa), de Technicolor (Aaa) et de Thales (A2), qui a été abaissée à "négative". Moody's précise avoir confirmé la note A1 du groupe européen d'aéronautique et de défence EADS (A1) et sa perspective stable.
En Italie, ont été notamment abaissées d'un cran les notes de long terme de la Lombardie (à A1), la ville ainsi que la province de Milan (à A2), la ville de Florence (à Baa1) et la province de Florence (à A3), la Toscane (à A3), la province de Turin (à A2), l'Ombrie (à A3), la Vénétie ainsi la ville de Venise (A3).
En Espagne, des notes sont abaissées d'un cran : la Castille-et-Leon (A3) et l'Andalousie (A3). D'autres de deux crans : Madrid (A3), la Catalogne (Baa3), le Pays basque (A2), la Galice (A3), l'Estrémadure (A3) ou encore la Biscaye (A2). Au Portugal, Lisbonne a reculé d'un cran, à Ba3.
En Autriche, la note de la Carinthie a été abaissée d'un cran à A1.
En Grande-Bretagne, c'est la perspective de la note (A2) du groupe d'enrichissement de l'uranium Urenco qui a été abaissée à "négative".
Moody's avait abaissé lundi d'un cran les notes de l'Italie, à A3, et du Portugal, à Ba3. Celle de l'Espagne avait abaissée de deux crans à A3. L'agence avait par ailleurs abaissé à négative la perspective associée à la note Aaa (maximale) qu'elle attribue à l'Autriche, à la France et à la Grande-Bretagne.

Nicolas Sarkozy souhaite redonner la parole aux Français

“Oui, je suis candidat à l’élection présidentielle”. Fin du suspense. Invité au 20-Heures de TF1, Nicolas Sarkozy s’est donc officiellement lancé dans la course à l’Élysée. Cette décision, il l’avait prise “il y a plusieurs semaines”, car, a-t-il expliqué, ne pas briguer un second mandat reviendrait à “un abandon de poste “dans un contexte international marqué par ”une succession de crises”.
Et de lancer face à Laurence Ferrari: “C’est parce que j’ai des choses à dire aux Français, des propositions à leur faire”. Des propositions ? Le tout nouveau candidat en a détaillé quelques unes en fixant ses grandes priorités. Tour d’horizon.
Des référendums
Il a ainsi indiqué que “l’idée centrale” de son prochain quinquennat, s’il est réélu, serait de “redonner la parole au peuple français”. Il a confirmé son intention de le consulter par référendum d’abord sur le ”chômage”, son “indemnisation” et la “formation des chômeurs”. Une valeur, le travail
Il en a aussi profité pour exposer sa vision de la société dans laquelle, estime-t-il, “l’assistanat n’a pas sa place” et le travail “est la valeur centrale”. ”Je crois au travail, à la responsabilité, l’autorité, à la solidarité”. Il souhaite ainsi “la solidarité pour ceux qui ne peuvent pas travailler. La formation ou l’emploi pour ceux qui ont la force de travailler”.
Un changement
Candidat à sa propre succession, le chef de l’État souhaite néanmoins incarner le changement. Il a assuré que s’il était réélu, un second quinquennat de sa part ”ne sera pas conforme au premier”. Une campagne
”Quelle campagne je vais faire? Je vais essayer de dire la vérité, de poser les bonnes questions, de proposer des idées fortes. [...] Et finalement je vais vous dire, pour moi, cette campagne c’est comme une forme de soulagement”.
Un slogan
Nicolas Sarkozy a aussi décliné le slogan de sa campagne, “la France forte”. “Il faut que les Français comprennent que si la France est forte, ils seront protégés” a-t-il ainsi déclaré en agitant le spectre de la situation de la Grèce.
Un tacle à Hollande
Le président candidat n’a pas manqué de décocher quelques flèches à son adversaire socialiste. Il a déploré la “longue litanie” de critiques contre lui de François Hollande. “Je comprends qu’il me critique, mais il n’a pas des idées à mettre sur la table?” a-t-il lancé avant de le tacler à son tour en mettant notamment en cause sa volonté de créer 60 000 postes dans l’éducation en cinq ans.

Veut-on sauver la Grèce ou la mener à la guerre civile ou à un coup d'Etat militaire ?

Même si l'Europe en est venue à injecter 21 000 euros par Grecs pour tenter de sauver le pays, les mesures imposées à la population rendent la vie en Grèce tellement difficile qu'elles ne peuvent qu'attiser un vent de révolte.
«En Grèce, les sages parlent et les imbéciles décident ». Cette phrase d’Anacharsis date du VIème siècle avant Jesus Christ. Elle est pourtant bel et bien d’actualité aujourd’hui encore.
Les évènements de ces derniers jours à Athènes, où de véritables émeutes accompagnées d’incendies de bâtiments publics se produisent sans que les forces de l’ordre arrivent à ramener le calme, montrent que le pays est au fond du gouffre économiquement et au bord du chaos politiquement.
Il faut dire, c’est vrai, que les Grecs ont beaucoup de choses à se reprocher : de la fraude fiscale généralisée dont le peuple dans son ensemble se satisfaisait pleinement aux dépenses d’armement démesurées qui faisaient qu’un pays d’un peu plus de 10 millions d’habitants était parmi les plus gros importateurs mondiaux de matériel militaire, tout dans ce pays était « cul par-dessus tête » depuis des décennies.
Après un premier plan de sauvetage de 110 milliards d’euros, un second plan de 130 milliards est en train d’être mis en route pour éviter une faillite qui est, de toute façon, inéluctable. Faites le calcul, le total des aides dépasse aujourd’hui les 21 000 € par habitant ce qui est une aberration vu la situation économique désespérée du pays. De plan de rigueur en plan de rigueur, la Grèce a continué à s’enfoncer jour après jour. Depuis l’été dernier 60000 TPE-PME ont fait faillite et le PIB s’effondre sans discontinuer.
Les dernières mesures ont été la goutte d’eau qui fait déborder le vase avec une baisse du salaire minimum de 22% pour les plus de 25ans et de 32% pour les moins de 25 ans (qui devraient d’ailleurs porter l’affaire devant la HALDE grecque pour discrimination). Le salaire minimum grec, qui était de 877€ par mois en 2006, a pourtant déjà été réduit à 751 €. Faites le calcul : un jeune grec de moins de 25 ans touchera alors le salaire mirobolant de 510 € par mois tandis qu’un grec de plus de 25 ans émargera à 585 €. Inutile de dire que si vous avez contracté un crédit avec vos revenus de 2006, il ne vous reste plus qu’à vous mettre en faillite personnelle (si cela existe chez les Hellènes) ou à attendre la saisie de vos biens. Pour être déjà allé en Grèce, il est purement et simplement impossible de vivre avec des revenus aussi faibles, les prix de l’essence étant par exemple sensiblement équivalents à ceux pratiqués en France.
Cette colère est d’autant plus légitime que les injustices sont toujours de rigueur au plus haut niveau. Les armateurs sont toujours exonérés d’impôts comme cela est écrit dans la Constitution alors que la Grèce est la première puissance maritime européenne pour la marine marchande et l’Eglise orthodoxe continue elle aussi à ne pas payer d’impôts ou presque.
Inutile de dire que de telles injustices couplées à un avenir des plus sombres ne peut qu’inciter à la révolte qui pourra se terminer soit en guerre civile soit en coup d’état militaire comme ce fût le cas le 21 avril 1967 et ce ne sont pas les propos de l’ancien Premier Ministre Georges Papandreou lors du débat sur le plan d’austérité qui vont inciter les grecs à rentrer chez eux. Celui-ci a en effet déclaré : "Notre système politique est responsable collectivement de tous les fonctionnaires que nous avons embauchés par favoritisme, des privilèges que nous avons accordés par la loi, des demandes scandaleuses que nous avons satisfaites, des syndicalistes et des hommes d'affaires que nous avons favorisés et des voleurs que nous n'avons pas mis en prison".
On comprend mieux dès lors l’écoeurement de tout un peuple face à une classe politique qui a semé avec une énergie débordante les raisins de la colère. Vingt sept siècles plus tard, Anacharsis nous montre qu’il était vraiment un visionnaire.

Corrections fraternelles  


 Le programme économique de François Hollande ? Ce sont les socialistes qui en parlent le mieux. Ainsi Michel Rocard : se rapportant aux prévisions de l’Insee et de l’OCDE, l’ancien premier ministre considère ni plus ni moins que « l’hypothèse de croissance sur laquelle se fonde François Hollande n’est pas plausible ». Dans un colloque du groupe de réflexion Inventer à gauche, il a même estimé, la semaine dernière, que le pire de la crise était devant nous, ce qui pourrait mettre François Hollande « en grande difficulté ». À ce jour, l’intéressé n’a pas réagi… De son côté, la Cour des comptes, présidée par Didier Migaud, ancien président socialiste de la commission des finances de l’Assemblée nationale, n’est guère plus indulgente envers le programme de Hollande. Il faut, dit la Cour dans son rapport annuel, poursuivre le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, diminuer drastiquement les dépenses, voter la règle d’or sur l’équilibre budgétaire. Exactement l’inverse des promesses du candidat socialiste. Le réveil risque d’être douloureux.

L'hyper-candidat pressé d'en découdre 

Maintenant, c'est fait ! Nicolas Sarkozy est candidat à sa succession, il a enfilé un autre costume. En réalité, ce qui a changé depuis hier soir, c'est que désormais il fait campagne en le disant. D'évidence, il avait hâte d'y entrer, du mal à réfréner son envie d'en découdre. S'il lance l'offensive plus tôt que prévu, c'est certes parce qu'il a besoin de temps pour combler son retard et redonner le moral à ses troupes. C'est surtout parce que le nouveau souffle de « vérité » qu'il pense incarner relèguera au second plan le bilan controversé d'un président impopulaire. C'est aussi parce qu'un candidat dispose d'une liberté de parole plus grande et à cet égard Nicolas Sarkozy a innové avec le concept de la non-critique... polémique : il prendra l'élection par le peuple, il parlera au peuple et certainement pas de son rival, promis-juré, sauf qu'énonçant sa vertueuse intention il s'est enflammé sur celui qu'avec condescendance il qualifie de « sans doute estimable ». Pour le reste, l'hyper-président a cédé la place à l'hyper-candidat et celui-ci est déjà dans le dur de la campagne. Il organisera le débat autour des fondamentaux de la droite et se dressera en capitaine du bateau France secoué par la tempête économique. Au final, une officialisation sans effet de surprise et telle est l'habileté du moment. La règle d'or, en la matière, est de ne pas manquer l'acte de déclaration. Nicolas Sarkozy a maîtrisé l'exercice, le verbe sûr et clair, y compris pour condamner les propos homophobes d'un député UMP. Le candidat semble plus à l'aise sous les spots de la télévision que le président sous les ors de l'Elysée. « Vérité » d'un soir ?

Métamorphose d’un président candidat en candidat président  

 Le candidat perçait de plus en plus fortement dans sa chrysalide présidentielle. Il apparaissait depuis des mois par bandes successives, toujours plus visibles. La mue est achevée, nous dit-il aujourd’hui. Le président s’est transformé en candidat. Microscopique métamorphose car pour la plupart des Français la différence semble à peu près inexistante. Depuis plusieurs mois déjà la chenille élyséenne, accélérant sa mutation en candidat papillon, voletait à sa guise dans la campagne présidentielle. Et l’agence de notation Moody’s vient de faire au président candidat, quarante-huit heures avant sa transmutation en candidat présidentiel, un cadeau d’entrée en campagne : elle met la France, avec ses cinq années de sarkozysme, sous « perspective négative », prélude à une prochaine dégradation. Le 16 janvier dernier, après la dégradation de la France par Standard and Poor’s, Nicolas Sarkozy s’était réjoui, un peu hâtivement, que Moody’s, la seule agence qui semblait compter à ses yeux, maintenait son triple A à la France. Alors qu’il ne s’agissait que d’un sursis, avec mise sous observation. Maudit soit Moody’s ! En tout cas ces observations défavorables nous rappellent que « le vrai marqueur de la présidentielle » ce sera bien notre endettement et nos déficits publics. Et d’une manière plus générale, nos finances et notre économie en capilotade… Une campagne clopin-clopant ? Initialement Nicolas Sarkozy souhaitait rentrer en campagne le plus tard possible. Comme François Mitterrand l’avait fait le 22 mars 1988. Mais son handicap dans les sondages était trop lourd pour prolonger l’atermoiement – je n’ose pas écrire le suspens – jusqu’au mois prochain. L’éditorialiste de La République du Centre constate de façon amusante : « Celui qui voulait être le président du triple A est devenu, par la force des choses, le candidat du triple galop pour rattraper son retard sur François Hollande. » Un triple galop qu’il va devoir conduire avec la hantise de se voir retirer un fer supplémentaire par quelque maréchal-ferrant des agences de notations. Par la faute de ces dernières, la campagne de Nicolas Sarkozy va-t-elle se dérouler, comme le chantait si bien notre regretté ami Pierre Dudan, clopin-clopant ? Bayrou : « surplace » ou « rétropédalage » ? Vanité et dérision du métier d’observateur politique. Il y a quinze à peine un hebdomadaire titrait : Et si la droite ralliait Bayrou… L’hypothèse, pour n’être pas la plus probable, paraissait néanmoins sur le point de devenir crédible. Nicolas Domenach, chroniqueur de Marianne, écrivait : « Si Nicolas Sarkozy s’effondre, le leader centriste peut-il rassembler les élus de la droite ? Politique-fiction ? Pour l’instant, oui. Mais il y croit, et certains préparent des appels en sa faveur. Ils sont nombreux à le juger seul capable de battre François Hollande. » Le candidat du MoDem percevait paraît-il des signes du destin en sa faveur. « La sortie de route de Dominique Strauss-Kahn. L’expulsion de Nicolas Hulot, le renoncement de Jean-Louis Borloo »… François Bayrou se voyait déjà « devenir le champion de substitution face à François Hollande ». Une sorte de plan B, « que certains travaillent déjà à mettre en œuvre ». Ses partisans parlaient de « transcender » le centre et s’imaginaient « déborder » la gauche et la droite « par les gens d’en bas que leur candidat réconcilierait avec ceux d’en haut ». Une sorte « d’appel au peuple ». D’où le slogan lancé le mois dernier : « produire français », qui sonnait de façon un peu insolite dans la bouche de cet européiste à tous crins. Le Béarnais reprend volontiers à son compte la devise d’Henri IV, « ce qui doit arriver ne peut manquer ». Dégringolé au fond du trou électoral après sa percée à l’élection présidentielle de 2007 (près de 19 % des suffrages), François Bayrou avait redémarré, « telle une fusée », dans les dernières semaines de 2011. Las ! La fusée semble déjà sur le point de retomber… La devise d’Henri IV s’efface peu à peu derrière la réflexion d’André Gide : « Il y a un temps pour vivre. Et un temps pour se souvenir d’avoir vécu. » L’ambition présidentielle de François Bayrou semble être déjà entrée dans la seconde phase. Référendum « dum-dum » Après avoir fait, entre 2007 et 2011, quelques pas en direction du PS, il paraissait, ces dernières semaines, dénoncer l’irréalisme du programme de François Hollande. Mais, depuis le week-end dernier, après l’interview du chef de l’Etat dans Le Figaro magazine, Bayrou, qui n’est pas à un zigzag près, change une fois de plus de trajectoire. Il fustige à nouveau Nicolas Sarkozy. Et en des termes souvent outranciers. Pour le centriste, l’idée avancée par le président de la République d’un éventuel référendum sur les droits des chômeurs est « indigne ». Et de vaticiner : « Une société se juge au traitement qu’elle réserve aux plus faible de ses membres (…) L’idée, pour gagner des voix, d’un référendum organisé sur les droits des chômeurs, c’est la négation de ce qu’un chef d’Etat doit à un pays comme la France. » En quoi le fait de vouloir inciter les chômeurs à trouver une formation plus en adéquation avec le marché du travail, et surtout leur en donner les moyens, serait une démarche « indigne » ? L’un des cadres du MoDem insiste « Au cynisme électoraliste de Sarkozy, Bayrou répond par des valeurs humanistes. » C’est-à-dire par les valeurs subversives de la gauche et de la franc-maçonnerie (voir à ce sujet l’article de Rémi Fontaine dans Présent de mardi). Sur le « cynisme électoraliste de Sarkozy » Bayrou ne fait en l’occurrence qu’ajouter une surenchère mal venue et déplacée. Le candidat du MoDem, après un « surplace » dans les sondages suivi d’une légère glissade, se chercherait « un nouvel élan ». Mais sa nouvelle rampe de lancement, fustiger le discours soi-disant droitier de Nicolas Sarkozy le plus violemment possible, du haut d’une insupportable posture morale, est franchement pourrie. François Bayrou pense que Nicolas Sarkozy, par ses déclarations appelant au référendum sur le droit des étrangers expulsables et sur les chômeurs, lui a offert « le bol d’air politique qui lui faisait cruellement défaut ». Mais il s’agit d’un air que par ses déclarations intempestives d’humaniste progressiste, intolérant et moralisateur, il s’est ingénié à vicier… A propos de ces référendums, un lecteur me reproche de ne pas en avoir parlé dans mon article de mardi sur l’interview du président de la République. Je n’en ai pas parlé en effet, parce qu’il s’agit de vaines promesses que Nicolas Sarkozy, s’il est élu, se gardera bien de tenir. Sans doute n’y croit-il pas lui-même… Juste avant mercredi soir… Selon le dernier sondage publié avant la déclaration présidentielle de mercredi soir, François Hollande et Nicolas Sarkozy arrivent toujours en tête avec respectivement 28 % et 24 % des intentions de votes. Marine Le Pen se maintient à 20 %. Bayrou patine à 12 %. Et Mélenchon, l’homme auto-proclamé « du bruit et de la fureur », n’arrive toujours pas à atteindre la barre des 10 %. Mélenchon ou beaucoup de bruit pour rien ?

Au revoir, M. le Président 

Voilà, c’est fini… Le premier quinquennat de Nicolas Sarkozy s’est achevé hier soir vers 20 h 15. Même si, bien sûr, il occupera encore la fonction jusqu’au bout de son mandat, le président a passé la main au candidat. Il a sans doute été sincère dans son impatience à recouvrer sa liberté de mouvement même si on peut s’étonner de son excitation à retrouver le contact avec les Français comme si ces cinq années passées à l’Élysée avaient été un exil. Bien préparé, il a été techniquement bon, plutôt habile dans sa façon de manipuler le produit – lui-même – et manifestement plus à l’aise sur le plateau d’une inoffensive Laurence Ferrari que sous les ors compassés de son palais. Mais après ? Cette honnête prestation lui a permis de dérouler très professionnellement son argumentaire, mais pas de faire la différence. Certains, saluant l’artiste, l’auront trouvé gaullien mais il est resté l’homme de l’éternelle promesse. Ah, cet alléchant « J’ai des choses à dire aux Français » sans qu’il ne donne jamais la moindre idée de ce qu’il avait précisément d’inédit à leur dire, comme une allégorie de l’attente déçue qui plombe aujourd’hui son déficit de popularité. Le président a séduit sûrement, mais il n’aura guère convaincu. Sobre et apaisé mais vaguement répétitif, ce Sarkozy 2 a enterré le Sarkozy 1 qui s’était promis de rompre avec le conformisme de gouvernement. Emblématique d’une imagination revue à la baisse par la crise, la très pépère, très gestionnaire et très incantatoire « France forte » de 2012 a sorti du cadre l’ambitieuse « France d’après » de 2007, et éteint le souffle du parc des expositions de Versailles. Dream is over ? La mélancolie de John Lennon serait-elle toujours d’actualité en ces temps de doute absolu ? Voilà, c’est fini aussi - après tout, ça n’arrive pas qu’aux politiques - pour les deux quinquennats d’écriture nocturne que j’achève ce matin avec ce 1960 e et dernier éditorial dans les DNA. J’ai aimé passionnément ce lien quotidien avec vous. Je l’ai toujours voulu libre de tout esprit partisan, mais critique, c’est vrai, à l’égard de tous les pouvoirs, parce que c’est son rôle, tout simplement. J’ai agacé - et parfois même exaspéré - ou amusé. Plu ou déplu. Correspondu avec les uns et les autres avec le respect de tous et le goût du débat. Vous allez tous me manquer. Beaucoup. Comme toutes les équipes, valeureuses, de cette belle maison que sont les Dernières Nouvelles d’Alsace dont je dirai toujours fièrement qu’elles étaient « mon » journal.

Premier tour 

Avant le second tour, il y a le premier. Ce n’est pas évident pour tout le monde. Certains font déjà une campagne de second tour, comme s’ils étaient sûrs d’être qualifiés pour le combat final, en prononçant des discours sur le “rassemblement des Français” qui ne sont qu’un habillage trompeur. Nicolas Sarkozy, lui, est entré en campagne pour le premier tour – « je rassemble mes propres forces », avant de vouloir diviser celles de l’adversaire. On est élu sur son programme, pas sur deux à la fois. Devant les épreuves de la crise que nous rappellent les chiffres du chômage et les émeutes d’Athènes, des voix s’élèvent à droite – ce réflexe n’existe pas à gauche – pour plaider en faveur de l’“union nationale” : on ne peut s’en sortir qu’en se retroussant les manches tous ensemble. Certes, nous ne nous en sortirons que par le travail et l’intelligence – mais sous l’autorité de qui ? Les candidats (Bayrou, Villepin) qui font miroiter l’idée de l’“union nationale” sont des chefs sans troupes. Le gros des forces se tient dans un camp ou dans l’autre. Dans une présidentielle qui se termine par un duel, les appels au consensus, au compromis, à l’union, à l’accord secret, etc., ne sont que des leurres. Même Jacques Chirac, réélu en mai 2002 avec 82 % des voix contre Jean-Marie Le Pen, ne s’y était pas prêté, bien que la tentation en fût forte, puisque la majorité de la droite et la gauche s’étaient portées sur lui. Gouvernement d’union nationale ? Il semble le regretter dans ses mémoires (le Temps présidentiel, Robert Laffont), mais il fournit les raisons pour lesquelles il ne s’y était pas résolu. D’abord, parce qu’il sortait d’une cohabitation avec Lionel Jospin et qu’il estimait nécessaire d’avoir « plus de clarté et d’efficacité dans l’action gouvernementale ». Ensuite, parce qu’un « nouveau compromis politique entre des dirigeants d’opinions divergentes sur la plupart des grands sujets eût probablement abouti à ces mêmes impasses que les résultats du 21 avril [le premier tour] avaient, d’une certaine manière, sanctionnées ». Il y avait enfin un motif supplémentaire : « Celui de faire durablement apparaître le Front national comme la seule force d’alternance face à une coalition de partis traditionnels que plus rien ou presque ne distinguerait aux yeux de l’opinion. » Et qui aurait vu Jospin aussitôt rallier Chirac ? Il y a pourtant les Allemands, nous objectera-t-on. Ceux-ci ont en effet montré que de “grandes coalitions” entre socialistes et chrétiens-démocrates étaient capables de gouverner. Mais la constitution de ces coalitions donne lieu à d’intenses et longues négociations pour l’établissement d’un cahier des charges commun. Pourquoi ne serait-ce pas possible en France ? Parce que le Parti socialiste et nos grands syndicats n’ont toujours pas renoncé au principe même de la lutte des classes. Que peut-on trouver dans le programme de François Hollande qui soit compatible avec celui de Nicolas Sarkozy ? Même d’accord sur le diagnostic de la crise et la nécessité de conserver l’euro, matrice de l’économie européenne, ils divergent sur tout : sur les effectifs de fonctionnaires et la réduction des dépenses publiques, le niveau des impôts et la politique familiale, les retraites, la protection sociale et l’indemnisation des chômeurs. Mais pas seulement. Ils s’opposent aussi sur l’essentiel : sur notre identité, la politique d’immigration, la légalisation du mariage homosexuel, de l’euthanasie, du cannabis, du vote des étrangers non européens aux élections locales, etc. Il n’y a de compromis possible que lorsque l’on est d’accord pour ne rien faire. On ne va pas à la bataille en suggérant à l’adversaire qu’à l’issue du combat on fera comme s’il n’avait pas eu lieu. La droite ne doit pas se nourrir d’illusions. Si François Hollande gagne, il entraînera ses troupes à la victoire aux élections législatives – de telle sorte que tous les pouvoirs soient désormais réunis entre des mains socialistes : majorité des exécutifs municipaux et régionaux, Sénat, Assemblée nationale, gouvernement et présidence de la République. Quelle revanche ! Qui viendra parler d’union nationale aux socialistes ? Ils ne sont pas partageux. Et l’on se rappelle comment fut accueillie l’“ouverture” pratiquée par Nicolas Sarkozy au lendemain de sa victoire de 2007. François Bayrou ne fut pas le dernier à s’en moquer. Cette politique aura pourtant eu une vertu, celle d’en montrer la vanité. Dans le triptyque des valeurs de Nicolas Sarkozy, travail, autorité, responsabilité, les deux dernières ne se partagent pas.

L’anti système, l’anti Hollande  


 Je suis le candidat du peuple contre François Hollande le candidat du système. Nicolas Sarkozy s’est habillé hier en champion des «Français lucides», des Français «dépossédés du pouvoir par ceux qui tournent en rond entre gens qui se connaissent». En les citant ou non, il désigne les médias, les sondages, les élus, les énarques, les syndicats, les marchés, les partis, son entourage même qui imposent leurs blocages, opposent leurs conservatismes et confisquent la parole populaire. Pour franchir ces obstacles et finir son travail, il brandit le référendum. Nicolas Sarkozy change de slogan sans renoncer au «ensemble tout devient possible»de 2007. A l’époque, il était propulsé et suivi par l’essentiel de ce système dont il se pose maintenant en victime et qu’il tente d’attacher comme un boulet à son concurrent principal érigé en adversaire unique. Histoire de priver d’espace tous les autres. Pour mieux renvoyer une image d’un Hollande issu de l’appareil, du consensus, sans expérience d’homme d’action, héritier d’un Jospin capitulant à Renault Vilvoorde, le Président candidat vante sans modestie sa force, son dynamisme, son énergie de «capitaine dans la tempête qui n’abandonne pas le navire». Pour ne pas s’exposer à la critique d’un bilan qu’il assume et ne pas laisser le monopole du changement à l’adversaire socialiste, il avance un mandat non conforme et proclame la première élection du XXIé siècle. Nicolas Sarkozy a beau placer le référendum au coeur de son programme, pour la présidentielle, il préfère un face à face à... un référendum sur sa personne et son bilan.

Le vrai coup d'envoi 

Toute déclaration de candidature, et spécialement celle d'un président sortant, relève de la formalité à la fois banale et périlleuse. La décision de Nicolas Sarkozy, confirmée hier soir de manière à la fois grave et conventionnelle, était si peu une surprise que le principal danger était de faire un flop. Mais ce risque n'est rien à côté de ceux que vise à déjouer son entrée dans le match présidentiel. La première grande inquiétude de l'Élysée était ¯ et demeure un peu ¯ que Marine Le Pen prive Nicolas Sarkozy de second tour. L'étroitesse de leur écart dans les intentions de vote explique que le Président, qui espérait se déclarer le plus tard possible, façon François Mitterrand, ait accéléré son calendrier. Ainsi, pour la première fois, on a en même temps un candidat président en campagne et un Parlement qui vote les réformes du président candidat ! Sa seconde crainte était que l'avance de François Hollande compromette toute chance de réélection. Jamais un candidat n'est parvenu à combler un tel retard en 66 jours. Pour relever le défi, il ne pouvait plus prolonger la fable du lièvre et de la tortue. Au risque d'apparaître à la remorque du calendrier socialiste, son urgence était de déshabituer les Français de l'idée que François Hollande, le candidat qui n'aurait pas de programme, serait déjà installé à l'Élysée. Beaucoup va se jouer dans les quinze jours à venir. Logiquement, l'officialisation de sa candidature devrait accentuer la bipolarisation autour des deux favoris et permettre à Nicolas Sarkozy de gagner quelques points pour prétendre faire jeu égal, au premier tour, avec François Hollande. S'il devait rester scotché autour de 25 % ou rechuter dans quelques jours, il n'aurait plus grand-chose à espérer, compte tendu de ses réserves de voix pour le second tour. Pour faire mentir le pronostic dominant et atténuer un antisarkozysme qu'il sait plus fort que l'envie de gauche, il va jouer le tout pour le tout, se battre chaque seconde, prendre tous les risques. D'un point de vue arithmétique, il peut compter sur le retrait de Christine Boutin, d'Hervé Morin, peut-être de Dominique de Villepin. Mais ça ne suffira pas. Il lui faudra à la fois remobiliser la droite et affaiblir la gauche autour du thème d'une France forte et protectrice. Vis-à-vis de son camp, il va marteler le propos sur les valeurs ¯ le travail, la rigueur, le refus de l'assistanat ¯ pour retrouver les déçus de 2007. Quitte, en fin de campagne, à insister sur des thématiques rassembleuses ¯ écouter le peuple, son idée centrale ¯ plus agréables aux oreilles des humanistes de l'UMP, des radicaux de Jean-Louis Borloo et des centristes de François Bayrou. Un grand classique, au fond, de toute campagne. Vis-à-vis de la gauche, il va essayer de noyer François Hollande sous une pluie de critiques et de propositions déstabilisantes. Au dynamisme et au courage du capitaine dans la tempête, il va opposer, comme il a commencé de le faire hier soir, l'irresponsabilité et la faiblesse de la gauche. Exercice délicat dont l'abus risque, au contraire du but recherché, de valoriser un François Hollande bien décidé à rester stoïque dans le tumulte de la campagne.