vendredi 7 octobre 2011
Si Trichet n’existait pas, il faudrait l’inventer
Accusé tantôt de timidité excessive, tantôt d’intervenir à la place des Etats, le gouverneur de la Banque centrale européenne a tout compte fait su maintenir la barre de l’euro en évitant, jusqu’à présent, que la crise ne l’emporte.
Le "coût d’opportunité" d’une décision représente ce qu’il en coûterait de ne pas la prendre, ou à ce qu’il en coûterait de faire un autre choix. Ce raisonnement par l’absurde, inventé en 1914, a gagné en popularité après l’entrée en vigueur de l’Acte unique européen en 1987, qui a ouvert la voie au marché unique européen de 1992, grâce surtout au rapport du grand Paolo Cecchini, "Le coût de la non-Europe".
Arrivé au terme de ses 8 ans de mandat, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, devait faire aujourd’hui [6 octobre] son bilan. Quel aurait été le coût de ne pas avoir Trichet ? Et quel serait le coût si son successeur Mario Draghi venait à dilapider son héritage ?
Le péché d'orthodoxie
Le Français a commis deux erreurs principales. La première, en juillet 2008, a été de relever le taux d’intérêt, juste après que l’inflation a commencé à se tasser et à la veille du désastre de la Grande Récession déclenchée par la faillite de Lehman Brothers, en septembre de la même année. Sa deuxième erreur a été son pilotage timide de la politique d’achat d’obligations des Etats périphériques [Portugal, Espagne, Italie, Grèce] – à deux reprises, début mars 2010 et en août dernier, quand les turbulences faisaient grimper les différentiels des dettes italienne et espagnole par rapport à l’endettement allemand. Dans les deux cas, il a péché par orthodoxie.
Cela étant, force est d’avouer que sous la houlette de Trichet, la BCE a laissé aux banques une grande marge de manœuvre en matière de liquidités et a diversifié leurs échéances, empêchant ainsi la paralysie totale du système financier ; la BCE a acheté sur le marché secondaire des bons du trésor de pays périphériques, évitant l’effondrement de certains d’entre eux ; elle a soutenu les dettes souveraines de ces pays, ainsi que les organismes détenteurs, en acceptant comme garantie les obligations douteuses apportées par les banques qui lui demandaient du crédit ; enfin, elle a mené trois opérations de coordination avec d’autres banques centrales pour injecter des liquidités en dollars aux banques européennes.
L'artisan des fonds de sauvetage
La virulence de ses détracteurs permettra de mesurer le coût de l’absence de Trichet : les deux principaux tenants de la radicalité, deux Allemands, ont démissionné cette année. Axel Weber, le président de la Bundesbank, pressenti à lui succéder, est sorti de son rôle en critiquant publiquement l’achat d’obligations des pays vulnérables. Cet éloge de l’austérité (d’autrui) lui a ouvert la voie au veau d’or sous la forme de la présidence de la banque suisse UBS : la vertu luthérienne faite homme ! Quant à l’ineffable Jürgen Stark, il a fait de même, prenant la tangente pour les mêmes raisons. L’un et l’autre critiquaient leur directeur pour n’avoir pas su juguler l’inflation… et pour s’être préoccupé aussi de la stabilité économique et de la croissance, des objectifs apparemment sacrilèges.
Un chercheur comme [l’économiste du FMI] Pau Rabanal n’hésite pas à affirmer que Trichet non seulement "a mené une politique monétaire relativement ambitieuse", mais aussi "a sacrifié son objectif d’inflation sur l’autel d’une plus grande croissance économique et de la création d’emplois, non l’inverse". Sa réticence à trop baisser les taux lui a pourtant valu l’hostilité de certains politiques, comme le président français. Il a défendu bec et ongles son indépendance envers Nicolas Sarkozy en prônant le caractère automatique des nouvelles sanctions du Pacte de stabilité. Et face à la chancelière Angela Merkel, il a obstinément refusé le défaut de paiement de la Grèce vis-à-vis des banques privées.
Si la crise de l’euro n’a pas ôté tout espoir à l’Europe, c’est parce que la BCE a agi comme son prêteur en dernier ressort et comme un arbitre respecté par les marchés. Trichet a été l’un des principaux artisans de la création du fonds de sauvetage, il n’a pas ménagé ses critiques face aux agences de dégradation (sic) et il a été un ardent défenseur d’un ministère européen des Finances. C’est déjà pas mal !*
* En français dans le texte.
Une petite lumière au fond de chaque être humain...
« L'abolition de la peine de mort est une avancée majeure de l'humanisation de la société », a déclaré Thierry Machefert, professeur de philosophie, lors de la conférence réunie au Mémorial pour la Paix de Caen à l'occasion du 30e anniversaire de l'abolition.
Pourquoi donc a-t-il fallu attendre si longtemps et se battre aussi durement pour abolir cette énormité ? Car enfin, les Français ne sont pas plus sanguinaires que leurs voisins européens, qui l'avaient déjà abolie depuis longtemps.
On peut toujours, on doit encore, mener ce combat car la peine de mort est appliquée encore aujourd'hui dans de nombreux pays. La semaine dernière, une rafale d'exécutions est venue nous réveiller : deux aux États-Unis, un adolescent pendu en Iran, un homme décapité au sabre en Arabie Saoudite et, sans doute, combien d'autres inconnus, notamment en Chine qui semble battre aussi des records en ce triste domaine.
Heureusement, malgré tout, la peine de mort recule dans le monde. Ainsi, depuis vingt ans, quarante-neuf pays l'ont abolie, ce qui porte le nombre des pays où la peine de mort n'existe plus à quatre-vingt-seize. Cependant, on ne sait pas si, finalement, le nombre des exécutions diminue, car certains États procèdent à des exécutions de masse.
... nous ne pouvons nous permettre de l'éteindre
Nous ne referons pas ici, une fois de plus, le procès de la peine de mort. Nos lecteurs connaissent les arguments pour et contre car, pendant les vingt années qui ont précédé son abolition, nous les avons longuement exposés.
Certains, comme le président Mitterrand qui avait été partisan de cette peine et qui durant la guerre d'Algérie avait, en tant que garde des Sceaux, approuvé de nombreuses exécutions, avaient fini par changer d'attitude. M. François Mitterrand avait affirmé et promis qu'il procéderait à l'abolition s'il était élu. C'était courageux car, lors de cette campagne présidentielle de 1981, il savait que la majorité des Français était favorable au maintien de la peine de mort.
Aujourd'hui, ce qui fonde essentiellement notre refus de voir appliquer un tel châtiment, c'est une conviction : en chaque personne, il est au fond d'elle-même une petite veilleuse qui luit plus ou moins faiblement. C'est cela qui fait de chacun de nous un être humain. Nous ne savons peut-être pas exactement ce que c'est, mais nous pensons que cette lumière, si faible puisse-t-elle être, est la source de notre humanité. Nous estimons que nul ne peut se permettre de l'éteindre.
L’enviable dynamisme américain
Ajouter encore quelques lignes au panégyrique de Steve Jobs serait vain. Depuis hier, la planète informatique, avec pleurs et fleurs, rend hommage au cofondateur d’Apple qualifié de génie et comparé à Gutenberg. Comme l’imprimerie qui a permis l’accès à la connaissance au plus grand nombre, l’ordinateur sorti du temple des spécialistes grâce à Steve Jobs, d’abord devenu machine de bureau puis terminal d’internet, a étendu les savoirs, créant de nouveaux outils de communication, offrant une encyclopédie illimitée. Pas toujours pour le meilleur, il est vrai...
Ce qui surprend vraiment aux yeux d’un Européen est la carrière de l’inventeur doté d’un exceptionnel sens commercial. Elle incarne « le rêve américain », selon le président Obama. C’est vrai que ce parcours est atypique. Voilà un homme qui a commencé à bricoler dans son garage pour se retrouver – après quelques avatars – à la tête de la plus importante société des États-Unis. Sans sortir d’un sérail doré, sans carnet d’adresses ouvrant les portes, sans être coopté... Déjà l’allure de Steve Jobs aurait détonné dans les salons feutrés de maints directoires, surtout en Europe: jeans et polo en pleine grisaille des costumes trois pièces-cravate. Comme d’ailleurs Bill Gates (Microsoft) ou Mark Zuckerberg (Facebook), très vite millionnaires, puis milliardaires. En commençant par la commercialisation aventureuse de leurs découvertes, ces hommes ont très jeunes aboli les conventions, et pas seulement vestimentaires. Sauf une: celle de l’argent.
Ces « success stories » donnent aussi une leçon d’économie. Depuis des années, les États-Unis semblent au fond du gouffre, affaiblis par une dette pharaonique et secoués par les scandales bancaires. Hors armement et aéronautique, leur tissu industriel vieilli ne supporte plus la moindre concurrence. Mais grâce à des Steve Jobs, Bill Gates et beaucoup d’autres, les États-Unis restent à la tête de l’innovation aujourd’hui commercialisée dans le monde entier. Même si les composants des « iPhones » ou des « Mac » sont fabriqués en Extrême-Orient, les bénéfices sont rapatriés outre-Atlantique. Avec ses logiciels, Microsoft dispose d’un quasi-monopole souvent dénoncé et condamné. Les « moteurs de recherche », tous d’origine américaine proche ou lointaine, rentrent de juteuses recettes publicitaires, également à l’échelle de la planète. L’économie numérique vit de la mondialisation en la cimentant.
Certes, les cerveaux brillants ne manquent pas en Europe. Mais profitent-ils des mêmes tremplins qu’aux États-Unis ? Qui, de ce côté-ci de l’Atlantique, aurait pris au sérieux des « gamins » de 25 ans, Steve Jobs et Bill Gates à leurs débuts, ou Mark Zuckerberg né en 1984 ? Dans la « Vieille Europe », la jeunesse n’est pas un atout, malheureusement. Ni dans les affaires ni en politique.
Ajouter encore quelques lignes au panégyrique de Steve Jobs serait vain. Depuis hier, la planète informatique, avec pleurs et fleurs, rend hommage au cofondateur d’Apple qualifié de génie et comparé à Gutenberg. Comme l’imprimerie qui a permis l’accès à la connaissance au plus grand nombre, l’ordinateur sorti du temple des spécialistes grâce à Steve Jobs, d’abord devenu machine de bureau puis terminal d’internet, a étendu les savoirs, créant de nouveaux outils de communication, offrant une encyclopédie illimitée. Pas toujours pour le meilleur, il est vrai...
Ce qui surprend vraiment aux yeux d’un Européen est la carrière de l’inventeur doté d’un exceptionnel sens commercial. Elle incarne « le rêve américain », selon le président Obama. C’est vrai que ce parcours est atypique. Voilà un homme qui a commencé à bricoler dans son garage pour se retrouver – après quelques avatars – à la tête de la plus importante société des États-Unis. Sans sortir d’un sérail doré, sans carnet d’adresses ouvrant les portes, sans être coopté... Déjà l’allure de Steve Jobs aurait détonné dans les salons feutrés de maints directoires, surtout en Europe: jeans et polo en pleine grisaille des costumes trois pièces-cravate. Comme d’ailleurs Bill Gates (Microsoft) ou Mark Zuckerberg (Facebook), très vite millionnaires, puis milliardaires. En commençant par la commercialisation aventureuse de leurs découvertes, ces hommes ont très jeunes aboli les conventions, et pas seulement vestimentaires. Sauf une: celle de l’argent.
Ces « success stories » donnent aussi une leçon d’économie. Depuis des années, les États-Unis semblent au fond du gouffre, affaiblis par une dette pharaonique et secoués par les scandales bancaires. Hors armement et aéronautique, leur tissu industriel vieilli ne supporte plus la moindre concurrence. Mais grâce à des Steve Jobs, Bill Gates et beaucoup d’autres, les États-Unis restent à la tête de l’innovation aujourd’hui commercialisée dans le monde entier. Même si les composants des « iPhones » ou des « Mac » sont fabriqués en Extrême-Orient, les bénéfices sont rapatriés outre-Atlantique. Avec ses logiciels, Microsoft dispose d’un quasi-monopole souvent dénoncé et condamné. Les « moteurs de recherche », tous d’origine américaine proche ou lointaine, rentrent de juteuses recettes publicitaires, également à l’échelle de la planète. L’économie numérique vit de la mondialisation en la cimentant.
Certes, les cerveaux brillants ne manquent pas en Europe. Mais profitent-ils des mêmes tremplins qu’aux États-Unis ? Qui, de ce côté-ci de l’Atlantique, aurait pris au sérieux des « gamins » de 25 ans, Steve Jobs et Bill Gates à leurs débuts, ou Mark Zuckerberg né en 1984 ? Dans la « Vieille Europe », la jeunesse n’est pas un atout, malheureusement. Ni dans les affaires ni en politique.
Gaz
Quand sévit la disette, quand un sou est plus que jamais un sou, il n’est pas de petites économies. Ce principe de bonne gestion a conduit hier notre ministre du Budget, Madame Pécresse, à doubler la taxe sur les sodas, qui atteindra un centime d’euro par canette. Cela n’a l’air de rien, mais ça rapportera 120 millions d’euros, petite bulle de soulagement pour l’insupportable fardeau de la dette. Mieux, ce centime d’euro sera d’autant plus utile que, par la grâce des canettes communicantes, il ira financer des emplois dans l’agriculture. Oui, vous avez bien lu, les buveurs de soda paieront pour les ouvriers agricoles. Mais pourquoi pas, après tout : en France, on n’a plus d’argent, mais on a des idées. Et puisque ce budget de crise vire à l’usine à gaz, suggérons à Madame Pécresse une autre astuce : taxer les couches-culottes pour financer la retraite des anciens combattants.
Quand sévit la disette, quand un sou est plus que jamais un sou, il n’est pas de petites économies. Ce principe de bonne gestion a conduit hier notre ministre du Budget, Madame Pécresse, à doubler la taxe sur les sodas, qui atteindra un centime d’euro par canette. Cela n’a l’air de rien, mais ça rapportera 120 millions d’euros, petite bulle de soulagement pour l’insupportable fardeau de la dette. Mieux, ce centime d’euro sera d’autant plus utile que, par la grâce des canettes communicantes, il ira financer des emplois dans l’agriculture. Oui, vous avez bien lu, les buveurs de soda paieront pour les ouvriers agricoles. Mais pourquoi pas, après tout : en France, on n’a plus d’argent, mais on a des idées. Et puisque ce budget de crise vire à l’usine à gaz, suggérons à Madame Pécresse une autre astuce : taxer les couches-culottes pour financer la retraite des anciens combattants.
«Les marchés ont besoin de transparence et de morale»
Le Commissaire européen pour le marché intérieur se bat pour la réciprocité des échanges mondiaux et la mise au pas des marchés financiers. Des tâches nouvelles pour une Europe qu'il souhaite plus gouvernée.
L'Europe peut-elle maîtriser les dérives des marchés financiers?
Nous y travaillons activement depuis le G20 de 2008. Nous avons déjà créé trois autorités de surveillance des marchés. D'autres mesures sont en préparation. Plusieurs mesures seront soumises au vote du conseil des ministres et du parlement en octobre ou novembre. Par exemple la mise en place d'un cadre de résolution des crises bancaires. Nous travaillons sur la maîtrise des produits financiers dérivés, parfois toxiques, qui représentent 600.000milliards de dollars de transactions se déroulant sans transparence avec des gens qui en général n'aiment pas beaucoup la lumière. Il sera obligatoire de les enregistrer. Les marchés ont besoin de transparence et de morale. Nous travaillons à les remettre en ordre et au service de l'économie.
Que proposez-vous aux PME qui ont parfois le sentiment de ne pas être suffisamment protégées et soutenues par l'Europe?
Sur 20millions d'entreprises en Europe, 80% sont des PME. Le sentiment général c'est que le marché unique n'est pas fait pour elles, mais pour les grandes entreprises. Je veux changer cet état d'esprit, concrètement. C'est ainsi que nous avons travaillé sur douze leviers pour relancer la croissance et le bon fonctionnement du marché. C'est «l'Acte pour le marché unique». Nous voulons faciliter l'investissement, l'exportation, la mobilité, l'innovation. J'ai ainsi proposé la création d'un brevet unique européen divisant son coût par neuf. Nous allons le délivrer fin 2011 ou début 2012. Je souhaite également rendre plus accessibles les appels d'offres publics aux PME.
L'Europe a-t-elle une politique industrielle face à nos grands concurrents mondiaux?
L'Europe devrait faire plus dans ce domaine. Comme on a bâti une politique agricole commune, le moment est venu de définir une politique industrielle. Il faut investir davantage ensemble dans l'innovation, avoir des politiques pour protéger nos actifs économiques stratégiques de demain. La bonne protection est dans l'investissement. Il faut aussi se battre pour pratiquer la réciprocité avec nos grands partenaires. Je me bats pour l'indépendance de l'Europe.
Nos banques vont-elles résister à la crise?
Nous n'avons pas attendu le FMI pour demander aux banques de se renforcer. Ce travail a commencé depuis trois anset se poursuit. Les banques européennes ont renforcé leur capital de 420milliards depuis 2007, complétés d'ici à 2019 par 450milliards. Les banques européennes, notamment françaises, sont globalement robustes.
La faiblesse grecque fragilise pourtant le système.
L'exposition des banques françaises à la dette grecque n'est que de 8milliards d'euros, alors qu'elles ont réalisé 11milliards de bénéfices ce premier semestre et disposent de 230milliards de fonds propres. Elles sont capables de faire face. Il faut garder son calme; la Grèce ne représente que 2% du PIB européen.
La Grèce pourra t-elle rembourser?
L'avenir de la Grèce est dans l'euro, et la zone euro démontre sa capacité de résistance et de solidarité. La première étant de respecter les règles qu'on choisit en commun, ce qui n'a pas été le cas pour plusieurs pays. Nous sommes face à un pays faible qui n'a pas été bien gouverné, qui n'a pas su se réformer et est obligé de faire tout en même temps. Cela demande beaucoup de courage au peuple et au gouvernement grecs. En Europe et au FMI, nous avons fait le choix du redressement, d'éviter le défaut, d'étaler le remboursement. Nous donnons du temps à la Grèce, nous l'accompagnons. Même si c'est difficile, c'est possible et toute autre hypothèse aurait des conséquences plus lourdes.
La crise ne met-elle pas en danger l'Europe?
On doit sortir de ces crises par le haut, c'est-à-dire par le fédéralisme économique et plus de démocratie. On a créé l'euro, un outil fédéral, sans l'accompagner des structures de gouvernance économique. C'est le moment de le faire.
Y a t-il un complot américain contre l'euro?
Je ne crois pas à la thèse d'un complot. Je crois que l'intérêt des États-Unis, et c'est ce que pense l'administration américaine, c'est que l'Europe soit forte pour l'économie ou la défense. Ils ne peuvent pas porter tous les problèmes du monde. Le souci vient moins des gouvernements que d'acteurs financiers qui ont comme logique de faire le maximum de profit dans le minimum de temps, et qui n'aiment pas la lumière, l'euro, la gouvernance de l'Europe. Ces gens préfèrent l'obscurité et la dérégulation, et c'est pour ça que le pouvoir politique doit reprendre le dessus.
Sur la régulation des marchés, les États-Unis sont-ils sur la même longueur d'onde?
Nous travaillons en bonne intelligence, en confiance et sans naïveté avec les États-Unis. Je me suis rendu là-bas quatre fois cette année pour harmoniser nos positions sur la régulation des marchés financiers. Par exemple sur le trading à haute fréquence, ou les produits dérivés. Mais les Américains n'ont toujours pas appliqué les nouvelles règles de Bâle II renforçant la solidité financière des banques, alors que nous avons déjà adopté Bâle III. Idem sur les normes comptables qu'ils ne mettent pas en oeuvre, ni sur l'ouverture des marchés publics. Cela ne peut pas continuer. Nous allons d'ailleurs proposer la mise en oeuvre des mesures de réciprocité avant la fin de l'année.
Politiquement les dirigeants prennent la mesure des réformes à faire?
Dans cette crise j'observe les changements positifs que les Européens sont en train d'opérer sur le désendettement. Je note que pour la première fois un débat présidentiel en France devrait aborder le désendettement et l'Europe! On ne fait pas de la croissance avec des dettes.
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