TOUT EST DIT

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samedi 22 octobre 2011

Le roman Hollande

Normal, François Hollande ? Allons donc ! Il brigue une fonction exceptionnelle sous une crise exceptionnelle. Et cette "primaire" qui le met sur le pavois est encore, chez nous, exceptionnelle. Je saluais, au printemps, l'innovation de la "primaire" comme plutôt heureuse, et je n'en démords pas. Elle sied à la Ve République.

D'abord, l'élu, adoubé par le suffrage, se trouve grandement affranchi pour contenir les ambitions disparates du parti. Ensuite, l'exposition médiatique de la primaire n'aura pas instruit que la seule gauche. Les non-socialistes y auront reconnu le déploiement habituel de l'illusion lyrique : le rêve, le rêve... Mais on aura aussi mesuré la résistance "européenne" de Hollande et Aubry aux coquecigrues du fringant Montebourg. Qui sait même si cet épisode n'arbitre pas contre la vieille gauche mitterrandienne d'Aubry, et en faveur de Hollande, glissant dans le flou vers une gauche rocardienne enfin désentravée ?

En installant un compétiteur renforcé face au président sortant, la primaire conforte aussi le système binaire des deux grands partis. Il nuit à l'expression autonome d'un centre peu ou prou absorbé par les deux grands : il y a du centre (Manuel Valls) chez Hollande comme il y a du centre (Borloo, Raffarin) chez Sarkozy. L'étau des deux grands, c'est le prix à payer pour réduire la dispersion gauloise. La Ve République - on lui en sait gré - contraint à des consensus élémentaires un peuple rétif aux consensus.

Dans la glaciation de notre représentation démocratique, dans le désaveu populaire pour la classe politique, cette primaire est une hirondelle. Elle ne fait pas le printemps. Et j'ignore si elle convertira un jour la droite. Mais l'appétit et la participation qu'elle a suscités feront réfléchir des partis encroûtés. En France, leur faible militantisme les y invite."La primaire ne signifie pas la fin des partis mais (peut-être) leur mutation." (1).

Très romanesque, cette éclosion du rosier "Hollande" dans la serre d'un parti desséché ! Enarque beurre frais, déniaisé dans le mitterrandisme, il aura longtemps joué le cornac dans la ménagerie des vieux éléphants du PS. Il y aura déployé, avec un humour sarcastique, le talent évasif d'un élu de Corrèze où, d'Henri Queuille à Jacques Chirac, il n'est aucun problème qu'une absence de solution ne résolve. Inusable recette qui, sous la toile peinte d'un village paysan, entretient, depuis trente ans en France, la magie funeste de l'inaction.

Le roman national a effleuré Hollande lorsqu'il était "époux", prince consort d'une Ségolène Royal bergère new wave, qui entendit des voix et offrit en 2007 à la France une première échappée belle hors des marécages du vieux parti.

Mais le vrai roman éclate lorsque, huit mois auparavant, Hollande change de femme, de lunettes et de régime. Contre le scepticisme goguenard des experts, et alors même que DSK bouchait, de son aura, tout l'horizon socialiste, il laisse éclater dans sa candidature une ambition bien macérée.

Sacré coup de dés, séducteur de hasards - et comme la politique les chérit - puisque les neuf minutes lubriques de DSK au Sofitel de New York et une fastueuse primaire vont coiffer notre Rastignac de Corrèze de la couronne aux épines du peuple de gauche ! Après la Corrèze, ce sera le Zambèze... et le reste du monde à découvrir."Quelle histoire !" souffle à ce Rastignac son Vautrin, Mitterrand !

L'exceptionnel attend le marathonien à chaque tournant d'une redoutable épreuve physique et mentale. L'exceptionnel d'une médiatisation féroce qui dispense ou retire le petit tas de votes qui, in fine, font la décision. L'exceptionnel d'une crise mondiale où l'on se souciera moins du sexe des anges socialistes que du sort de la France. L'exceptionnel de ce remugle des années 30 qui, sans se répéter, bégaie avec les "indignés" et leur révolution introuvable. L'exceptionnel d'une Babel européenne gigotant d'impuissance. L'exceptionnel d'un moment convulsif de l'Histoire qui brise ou bronze ses appariteurs.

Après la providentielle Nafissatou Diallo, après l'échec d'une Martine Aubry mère Courage du vieux parti mais commère des 35 heures et empêtrée dans ses rengaines, Hollande dispose encore d'un atout sûr. Et c'est l'impatience brutale du peuple dans les misères de la crise : il la met en vrac au débit de tous les sortants. La crise les fait glisser, de gauche ou de droite, dans ses sables mouvants.

Reste Sarkozy ! Victime d'abord de son ébriété de pouvoir, égaré par ubiquité et trivialité, il aura ensuite excellé, par énergie et savoir-faire, dans la crise. Le cycliste, chez lui, attend les fameux "juges de paix", les cols de haute montagne, pour garder son Tour de France. Et contre le fortuné champion des étapes de plat.

La décote, pilule amère pour les banques créancière de la Grèce

Les banques créancières de la Grèce doivent se préparer à des pertes beaucoup plus importantes que prévu, d'au moins 50 %, pour espérer sauver de la faillite le pays qui dans l'immédiat a obtenu vendredi la promesse d'un prêt international crucial après l'adoption de mesures d'austérité draconiennes. Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des finances de la zone euro, a prévenu, samedi : "Nous nous sommes mis d'accord hier [vendredi] pour dire que nous devions avoir une augmentation substantielle de la contribution des banques" au sauvetage de la Grèce, sous forme d'une dépréciation de leurs créances, a-t-il déclaré à la presse.

"Il est assez clair que nous avons besoin d'une décote substantielle sur la dette grecque", a repris, samedi, le ministre suédois des finances, Anders Borg, à son arrivée à Bruxelles à une réunion avec ses homologues de l'Union européenne. Une "décote" est le terme financier employé à propos de la dépréciation de la valeur des prêts contractés par des créanciers, dans ce cas les banques privées et fonds d'investissements qui détiennent de la dette publique grecque.

DÉCOTE D'AU MOINS 50 %

Le ministre suédois a toutefois appelé à la prudence en soulignant qu'il fallait bien préparer le secteur bancaire à encaisser le choc en s'assurant qu'il serait recapitalisé et disposerait ainsi des amortisseurs nécessaires. "Je pense qu'il nous faut résoudre cela en prenant les éléments l'un après l'autre" et en s'assurant que l'on dispose "d'un système crédible" pour y faire face, a jugé M. Borg. Selon des sources diplomatiques, les ministres des finances de la zone euro se sont mis d'accord vendredi soir à Bruxelles, lors d'une réunion, pour négocier avec les banques une décote d'"au moins 50 %". Ils ont ainsi entériné de facto les conclusions d'un rapport d'experts qui leur a été remis par la troïka des bailleurs des fonds de la Grèce (Europe et FMI). Le document estime qu'il faut une décote de 50 ou 60 % pour espérer stabiliser la Grèce sans avoir à augmenter dans des proportions gigantesques le montant des prêts internationaux qui lui ont déjà été promis. En contrepartie, il est prévu de recapitaliser les banques européennes à hauteur de près de 100 milliards d'euros.

Mais le ministre suédois a prévenu que tout soutien public à ces recapitalisations devait passer par des prises de contrôle par les Etats. "Je pense qu'il ne faut pas considérer que l'argent des contribuables est à disposition pour les banques, donc toute recapitalisation doit être suivie par une prise de contrôle et de propriété", a-t-il dit aux journalistes. Sinon les banques doivent prendre leurs "responsabilités" et se recapitaliser elles-mêmes.

les banques françaises prévenues par l'AMF

L'Autorité française des marchés financiers recommande aux banques françaises de prendre une perte accrue sur leur obligations d'Etat grecques, rapporte le Financial Times. Dans une lettre adressée aux banques, l'AMF leur recommande de revoir leur décision de valoriser la dette grecque au niveau prévu par le plan de sauvetage du pays adopté fin juillet. Le plan a fixé à 21 % le niveau de décote devant être accepté par les porteurs d'obligations. Ce chiffre de 21 % a été utilisé par les banque françaises comme référence pour leurs résultats du premier semestre, alors que les banques allemandes et britanniques ont affiché des pertes proches de 50 %, souligne le quotidien britannique. Dans sa lettre, l'AMF souligne que la décote originelle est désormais considérée comme insuffisante. L'Allemagne souhaite qu'une décote de 50 % soit appliquée.

Un automne décisif

Encore une fois, la barre est placée très haut. "Notre destin se joue dans les dix jours", assurait Nicolas Sarkozy cette semaine à l'approche du sommet des dirigeants de la zone euro ce dimanche 23 octobre.

Mais de quel destin parle-t-on ? Depuis février 2010, les Dix-Sept de l'euro enchaînent les "sommets décisifs", souvent dans l'urgence et la difficulté à s'accorder sur les montants et les modalités de l'aide à la Grèce et aux autres pays fragilisés. A chaque fois, les politiques et la plupart des commentateurs se félicitent du pas en avant réalisé dans la douleur – promesses de prêts à la Grèce, aide directe, création puis renforcement du Fonds de stabilisation financière, harmonisation des politiques budgétaires, etc… Et à chaque fois, après quelques jours ou quelques semaines, tout est à refaire, car la Grèce s'enfonce dans la crise, un autre pays demande de l'aide ou les agences de notation baissent la note de quelques autres. Les marchés redeviennent "nerveux", c'est-à-dire qu'en misant sur la dégradation de la situation, ils réussissent à la rendre plus grave. Et pendant ce temps, les plans d'austérité se multiplient et alimentent rancoeur sociale et euroscepticisme.

A quelques jours du G20, où les Etats-Unis et la Chine comptent bien signifier à l'Europe que si elle n’est pas capable de remettre de l'ordre dans ses finances, la superpuissance empêtrée et la nouvelle puissance triomphante se chargeront le faire, notre destin passe en effet par une solution à la crise de la dette.

Mais la zone euro est-elle l'UE ? La monnaie unique englobe-t-elle l'ensemble du projet européen ? Lier l'avenir de l'ensemble de la construction européenne à celui de l'édifice monétaire n'est-il pas le meilleur moyen de le mettre en péril ? Sans réponse définitive à ces questions contradictoires, les dirigeants européens en sont réduits à tenter de rassurer et calmer les marchés, tout en mettant en garde que c'est la vie de l'UE qui est en jeu. Une attitude malheureusement tout aussi incohérente que conforme à la réalité, qui explique pourquoi, depuis un an et demi, nous glissons imperceptiblement vers le moment où, effectivement, il faudra décider de ce que nous voulons faire de l'Union.

Le sommet du 23 octobre est donc décisif. Mais déjà, Berlin en annonce un autre pour le 26. Jusqu'ici, tout va bien…

ET AU SUIVANT !!!!

Chutes

Tous les dictateurs ne meurent heureusement pas dans leur lit. Rappelez-vous vos livres d’histoire, la photo de Mussolini et sa maîtresse pendus à un balcon devant une foule en liesse. Souvenez-vous aussi des images du couple Ceausescu, jugé sur un coin de table avant d’être fusillé. Ou encore du visage émacié, mangé par la barbe, de Saddam Hussein, débusqué dans une cave puis pendu après un très long procès… D’autres images sont venues hier s’ajouter dans cet album des dictateurs déchus : Kadhafi molesté par la foule, frappé à terre, la face tuméfiée, et ce tunnel de béton couvert de graffitis dans lequel il se terrait. Méfions-nous des joies mauvaises. Mais nous, Français, qui avons guillotiné notre roi, serions malvenus de donner des leçons de justice aux Libyens. D’ailleurs, soyons sincères : nous souhaitons aux Syriens de compléter bientôt cet album des chutes.

Athènes: la vie reprend son cours après la grève



LE BILLET De Paris, BHL a tout vu

Une foule surexcitée le bouscule et le gifle. Lui, pantin ensanglanté, passe de main en main. La scène ressemble à un lynchage davantage qu’à une arrestation.

Il respire encore, plus pour très longtemps. Et des dizaines de téléphones portables filment l’évènement. Les images tourneront bientôt en boucle sur les écrans du monde. Elles viennent entacher, un peu, l’heureux spectacle d’un peuple gagnant sa liberté. Comme jadis l’exécution sommaire des époux Ceaucescu…

Nul n’ira pleurer Kadhafi, qui tenait la vie des autres pour quantité si négligeable. La balle qu’il a reçue dans la tempe n’est qu’un retour à l’expéditeur. Pourtant, on regrette que le procès du tyran – préalable idéal à une nouvelle démocratie – ne puisse avoir lieu. D’autant que les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses.

Les résistants racontent volontiers l’Histoire, mais chacun brode un récit différent. Le Guide a été pris sous un feu de tirs croisés, tué rampant dans un égout, abattu dehors les armes à la main, bombardé par l’Otan…

Sur le terrain, où règne la plus totale confusion, personne ne sait. À Paris, en revanche, un homme connaît la vérité. Depuis le boulevard Saint- Germain, il a tout vu. Bernard-Henri Lévy court les médias pour décrire le présent et prédire l’avenir. L’épique philosophe se porte garant des acteurs de “sa” révolution. BHL ? “Toujours premier de cordée à l’assaut de la butte Montmartre” ricanait jadis un méchant confrère.

Enchanter la France ? Oui, mais...

Le moment est venu de regarder la réalité en face. Elle est menaçante. Nous pourrions connaître un désastre en France et en Europe.

Nous commençons à com-prendre que nous avons vécu au-dessus de nos moyens à coup d'emprunts qu'il faut aujourd'hui rembourser. Nous, c'est la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et, à un degré plus élevé, la Grèce. La Grèce qu'il faut soutenir pour éviter une brèche béante dans la coque du navire Europe qui alors pourrait s'enfoncer, donc moins bien manoeuvrer et peut-être même finir par sombrer...

Chacun s'efforce de trouver les solutions mais, la croissance n'étant pas au rendez-vous, on voit mal comment faire face à la dette. Aucun politique, ces dernières années, n'a voulu parler de rigueur. Il ne fallait pas effrayer les braves gens. Du coup, personne ne se sentait concerné et l'on continuait comme avant sur nos lancées dépensières, n'écoutant pas les avertissements lancés de loin en loin.

Les taux d'intérêt baissaient depuis vingt ans, on savait pourtant qu'ils ne pouvaient que remonter. Mais « pendant vingt ans, on a distribué des ' faux droits ' : des retraites supérieures aux cotisations, des soins gratuits, une augmentation continuelle de fonctionnaires nationaux et locaux... La vérité qu'aucun politique n'ose dire, c'est que l'État providence à la française n'est pas mondialo-compatible », écrivait, en avril 2010, dans Le Journal du Dimanche, Marc de Scitivaux, directeur des Cahiers verts de l'économie.

Nous nous sentions donc à l'abri. L'euro était notre bouclier. Mais on affaiblissait le système en se permettant de sortir des règles qui assuraient son existence même. Inconscients, nous croyions pouvoir agir ainsi en toute impunité comme d'ailleurs les autres partenaires. Cette désinvolture n'aurait pu durer aussi longtemps avec les monnaies nationales.

En effet, elles auraient été sanctionnées très vite. Là, au contraire, les gouvernements se sentaient protégés. Seulement, tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse et c'est ce qui nous arrive, au plus mauvais moment en France, c'est-à-dire juste avant l'élection du futur président de la République. Désormais, les créanciers se sont réveillés, s'inquiètent et même s'affolent.

Parler vrai

La campagne électorale com-mence donc, alors qu'il faut dire les vérités, alors qu'il importe d'être lucide et de reconnaître la maladie, ainsi que la nécessité urgente de son traitement qui ne peut qu'être douloureux.

Comment les candidats vont-ils faire ? Ils savent que l'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, mais ils savent aussi que, si les promesses peuvent attirer des suffrages, les déceptions, les illusions perdues peuvent ensuite provoquer, contre l'élu, colère et révolte...

Chacun va donc fourbir ses armes, annoncer des programmes plus ou moins réalistes, tenter de contourner les difficultés, annoncer qu'après les passages difficiles, les écueils franchis, on pourra de nouveau naviguer en mer calme avec du beau temps. Cela suffira-t-il à convaincre ?

Aujourd'hui, dans cette situation, nous pouvons constater les bienfaits de la démocratie : pouvoir s'exprimer, se déplacer, voter en toute liberté. Mais on découvre aussi ses dangers, celui de la démagogie en particulier, c'est à dire plaire pour être élu. C'est à cela qu'il importe plus que jamais d'échapper.

Si nous sommes vraiment citoyens, nous devons exiger des responsables politiques et des candidats en particulier qu'ils ne mâchent pas leurs mots, qu'ils nous disent la vérité et ses contraintes, qu'ils nous disent qu'il nous faut maintenant rattraper le temps perdu, se mettre au clair partout, faire les efforts nécessaires et les répartir équitablement, annoncer clairement les mesures même dures qui doivent être arrêtées. C'est grâce à ce parler vrai que nous pourrons reconnaître les véritables hommes d'État.

Le temps n'est plus aux rêves et aux illusions. Oui, nous aimerons ré-enchanter la France mais, auparavant et pour cela, il faut la mobiliser.

Les morts ne sont pas tous des braves types

« Il est toujours joli, le temps passé/Un' fois qu’ils ont cassé leur pipe/On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés/Les morts sont tous des braves types. » Fredonner du Brassens de bon matin prête à réfléchir. Mouammar Kadhafi ne fera jamais partie des braves types. Il se trouvera bien des aveuglés pour glisser des vertus dans un éloge funèbre. Mais le Guide libyen s’est taillé dans le marbre un tel statut de criminel contre l’humanité que sa mort réjouit à travers le monde.

Mais allez, vite, que la page se tourne ! Le temps de la réconciliation est venu dans tous les pays qui ont à la fois bénéficié et subi le printemps arabe 2011.

Les Tunisiens étaient hier appelés à participer à l’élection de l’Assemblée constituante, le premier scrutin citoyen démocratique libre depuis la chute de la dictature.

Démarche exemplaire pour les voisins libyens, dont les espoirs sont à la hauteur des sacrifices que les rebelles ont consentis dans la lutte contre leur tyran. Sa chute devrait donner des frayeurs à son égal dans les atrocités commises, en Syrie : Bachar el-Assad. La prochaine cible des démocrates du monde entier ? Car la libération de la Libye ne pouvait être une fin en soi, fût-elle électorale.

En 1972, Kadhafi avait renversé le vieux roi Idriss depuis trois ans. Brassens écrivait alors sa chanson Le Roi. Il y prédisait la chute de nombreux tyrans : « Qu’on déloge le shah d’Iran le petit roi de Jordanie on congédie le vieux Franco… » Bref aucun abuseur de pouvoir n’est indétrônable. Sauf bien sûr l’éternel « roi des cons ». La Libye est libre, mais les despotes à renverser encore nombreux.

L’éclosion des doutes

La démocratie est belle, mais sans pitié pour les rêves. Elle n’est pas encore installée qu’elle soulève déjà des interrogations et même des craintes. Le temps de la maturité succédera-t-il au printemps arabe? La liberté conquise par la révolution ne risque-t-elle pas d’être trahie par un régime politique qui détournera ses valeurs? Le progrès sera-t-il forcément l’aboutissement logique du renversement de Ben Ali en février dernier?

L’incertitude n’a d’égal que l’enjeu de ces premières élections libres. L’une et l’autre sont immenses. Avec 11.000 listes en présence pour seulement 7 millions d’électeurs on peut douter d’une issue tout à fait rationnelle du scrutin. Voilà bien le terrible héritage des dictatures: l’inexpérience électorale. C’est elle et le choc de contradictions, de fierté et de prétentions, qui peuvent ruiner les élans les plus prometteurs.

Après avoir été les vrais inspirateurs de la révolution, les «modernistes» se sont ensuite montrés incapables de trouver un terrain d’entente, et c’est donc divisés qu’ils affronteront la sanction des urnes. Un aveu de faiblesse face aux islamistes conservateurs d’Ennhada qui, fort de leur unité, apparaissent clairement favoris pour arriver en tête dimanche soir ou lundi. Dès lors, resurgit la peur d’une remise en question d’un modèle laïc longtemps associé au pouvoir de Ben Ali et aujourd’hui fragilisé par une situation sociale nettement dégradée dans de nombreux quartiers.

Ce n’est pas l’idéologie, en effet, qui sera au cœur du vote mais la pauvreté. De loin les mieux organisés de tous les partis en compétition, les islamistes d’Ennhada ont méticuleusement tissé des réseaux d’assistance sur le terrain, maniant habilement la promesse électorale de base et les engagements rassurants: les femmes, répètent-ils, n’ont rien à craindre pour leurs libertés, elles qui craignent tant l’application de la charia et le retour de la polygamie.

Ce positionnement modéré, en apparence proche de celui du parti AKP au pouvoir en Turquie, a presque réussi à faire oublier sa dimension religieuse. Les candidats du parti favori bénéficient d’autant mieux d’une réelle popularité - les salles des meetings sont combles - qu’ils semblent les mieux protégés contre la gangrène de la corruption et de l’affairisme. Au bout du compte, le ressort moral comptera sans doute beaucoup dans le choix des électeurs, ils l’ont compris et ils vont en profiter.

Jusqu’à présent, l’Occident n’a jamais regretté Ben Ali. Cela ne l’empêche pas de se demander si le vent du printemps n’a pas ouvert la boite de Pandore.

Obama annonce le retrait des troupes américaines d'Irak

39.000 hommes quitteront le pays d'ici à la fin de l'année, en conformité avec l'accord signé en 2008 entre Washington et Bagdad. Les négociations visant à maintenir des troupes sur place au-delà de 2011 ont buté sur des questions d'immunité.

«Après près de neuf années, la guerre menée par les États-Unis en Irak est finie». Barack Obama a annoncé, vendredi, le retrait total des troupes américaines en Irak. Les 39 O00 militaires quitteront le pays d'ici à la fin de l'année. Cette date correspond à l'accord de retrait signé en 2008 entre Bagdad et l'administration Bush. Mais beaucoup s'attendaient à ce que cette date soit repoussée. Washington et Bagdad négociaient afin de maintenir un contingent de 3 000 à 4 000 instructeurs afin de former des soldats irakiens. Mais les pourparlers ont échoué, butant notamment sur le statut juridique des troupes américaines après 2011. Washington exigeait une immunité totale pour ses militaires, les mettant à l'abri de toute poursuite judiciaire en Irak, ce que Bagdad refusait. Ce point constituait «un obstacle majeur», avait reconnu lundi un haut responsable américain de la Défense. Le président américain a toutefois semblé laisser la porte ouverte à de nouvelles discussions au sujet des instructeurs. «Nous continuerons à voir comment nous pouvons aider et équiper les forces irakiennes. Les Etats-Unis auront toujours intérêt à un Irak stable, sûr et autonome».
Plutôt que de s'appesantir sur ce blocage, le démocrate, qui s'était opposé à l'intervention en Irak décrétée par son prédécesseur George Bush, a insisté dans son allocution sur l'indépendance de l'Irak et le respect des engagements de 2008. «Comme promis, le reste de nos troupes en Irak rentrera à la maison avant la fin de l'année. Les derniers soldats américains sortiront la tête haute, fiers de leurs succès et en ayant conscience du fait que le peuple américain est uni derrière son armée». Le retrait américain, a insisté le locataire de la Maison-Blanche, inaugure une nouvelle ère basée sur «des relations normales entre des nations souveraines, un partenariat équilibré s'appuyant sur des intérêts communs et un respect mutuel». Washington et Bagdad sont en «parfait accord», a affirmé Barack Obama, qui a annoncé dans la foulée que le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki se rendrait à la Maison-Blanche en décembre.

Plus de 4 400 morts côté américain

Malgré l'échec actuel des négociations, les deux dirigeants peuvent tenter de présenter ce retrait comme une victoire. Nouri al-Maliki pourra mettre en avant la fin de la présence américaine sur le sol irakien et Barack Obama rappeler qu'il tient une promesse de campagne. À son arrivée au pouvoir, le démocrate a accéléré le dénouement du conflit. En août 2010, il avait décrété la fin de la mission de combat de l'armée américaine en Irak. Désormais l'enjeu de sa possible réélection en 2012 est moins la guerre que la relance de l'économie américaine. Barack Obama a d'ailleurs utilisé son intervention pour réaffirmer que la crise était sa priorité. «Après une décennie de guerre, la nation que nous avons besoin de construire et que nous allons construire est là nôtre. Une Amérique à la force économique restaurée tout comme nous avons restauré notre leadership dans le monde entier.» «Les États-Unis avancent en position de force. La longue guerre d'Irak prend fin et la transition en Afghanistan prend forme», a-t-il noté.
En tout, l'intervention américaine en Irak, entamée en 2003, aura coûté la vie à plus de 4 400 membres de l'armée américaine et, selon diverses estimations, 100.000 Irakiens. George W. Bush avait déclenché l'invasion de l'Irak sans l'aval des Nations unies, officiellement pour mettre hors d'état de nuire les armes de destruction massive que le dictateur Saddam Hussein était censé posséder. Ces armes n'ont jamais été trouvées. Capturé, Saddam Hussein a été exécuté par la justice irakienne en 2006.

"La vie privée est devenue un enjeu de concurrence essentiel entre les réseaux sociaux"

Isabelle Falque-Pierrotin est la nouvelle présidente de la Commission nationale informatique et libertés, le régulateur de la vie privée.

Plusieurs régulateurs, allemands notamment, ont ouvert de nombreuses procédures contre Facebook. Les réseaux sociaux doivent-ils être plus particulièrement surveillés ?
Nous suivons tous les grands acteurs, et Facebook en particulier – car nous sommes régulièrement saisis de plaintes le concernant. Facebook est aujourd'hui le site le plus visité : c'est assez récent, et nous constatons bien que l'intérêt des utilisateurs se déporte vers les réseaux sociaux. Il faut que leurs offres soient comprises, et que les utilisateurs puissent faire leurs choix en toute connaissance de cause.
Les conditions générales d'utilisation, l'articulation avec les développeurs tiers, la manière dont fonctionne le bouton "like" de Facebook... ce sont des sujets complexes, et cela n'est pas trivial. Facebook collecte-t-il des informations sur les personnes, même si elles ne sont pas membres du réseau ? Notre objetif est d'abord d'élucider qui fait quoi, afin de mieux dialoguer avec Facebook. Notre message pour les réseaux sociaux est simple : ils doivent se conformer à la loi, et nous sommes prêts à les y aider. Ce doit être un partenariat productif, et le cas échéant nous n'hésiterons pas à faire jouer notre pouvoir de sanction.
Pour peser face aux géants du Web, ne faut-il pas que les régulateurs travaillent avant tout au niveau européen ?
Oui, sur la plupart de ces sujets, c'est l'échelon européen qui est pertinent. Nous collaborons avec les autres autorités européennes et mondiales pour travailler avec des acteurs comme Google ou Facebook. Et nous allons poursuivre ce travail au sein du G29, qui rassemble l'ensemble des autorités européennes, avec de nouveaux groupes de travail pour mieux partager nos informations et notre connaissance, et présenter un front uni.
Aujourd'hui, nous sommes dans une période de transition, avec des cadres juridiques et des autorités hétérogènes. Or, il est dans l'intérêt de tous – y compris des acteurs économiques – d'avoir un régulateur européen fort, avec un cadre juridique stable et clair.
Par ailleurs, nous coopérons aussi beaucoup avec la Federal Trade Commission américaine ; des plaintes communes pourraient être un outil intéressant à l'avenir. Plus généralement, on voit aujourd'hui que l'opinion publique évolue fortement aux Etats-Unis : les ONG se mobilisent, les parlementaires ont déposé plusieurs propositions de lois [afin de renforcer la protection de la vie privée]... Les choses changent.
La directive européenne sur la protection des données est justement en cours de révision. Quelles orientations préconisez-vous ?
Nous sommes très inquiets de la logique qui prévaut actuellement dans la révision de cette directive centrale. La Commission est aujourd'hui dans une logique d'harmonisation qui prend le pas sur la protection individuelle. Actuellement, la Commission s'attache au principe dit du "principal établissement", c'est à dire que, pour la loi comme pour l'autorité compétente, on ferait un choix unique qui prévaudrait pour toute l'Union.
Cela risque d'aboutir, par exemple, au fait que ce soit l'autorité de la vie privée britannique ou irlandaise qui soit la référence unique, alors que ce sont des autorités moins puissantes que les autorités françaises, allemandes ou espagnoles... Nous nous en sommes émus auprès de la commissaire en charge du dossier, et nous proposons un autre critère, qui est celui du ciblage : si une entreprise de Palo Alto offre ses services dans l'ensemble de l'Europe, c'est la loi européenne qui s'appliquerait ; si elle vise le marché allemand, la loi allemande. Et chacune des CNIL européennes serait compétente pour les services qui ciblent son marché.
En l'état, le projet de révision est catastrophique en termes de message envoyé aux Européens : il donne l'impression que le citoyen européen est moins bien traité que le consommateur européen. Ce qu'il faut en réalité, c'est renforcer les collaborations entre les différentes autorités, pour créer un régulateur européen en réseau, et non un régulateur centralisé.
Ces dernières années, la CNIL a lancé plusieurs campagnes pédagogiques à destination des adolescents. Mais d'après plusieurs études récentes, on constate que les adolescents sont en moyenne davantage conscients des enjeux de la vie privée que leurs parents. Ne faut-il pas recentrer les campagnes ?
La pédagogie est un axe majeur que nous allons renforcer. Cela passe aussi bien par les individus, qui doivent être informés, que par les acteurs économiques, qui doivent intégrer la dimension "vie privée" dans leurs produits. Et effectivement, nous essayons de développer cet effort de pédagogie en direction des parents. Ils sont souvent dans l'expectative et le désarroi, alors que leurs enfants sont demandeurs de référents. Dans ses travaux, le psychologue Serge Tisseron montre que les jeunes qui jouent aux jeux vidéo le font d'abord avec leur pairs, mais que quand ils sont en quête de règles, ils se tournent plus volontiers vers les personnages non-joueurs. Les jeunes sont aussi demandeurs de cadrage.
Une partie des parents se sentent perdus face à ces outils nouveaux et complexes...
Ce n'est pas parce que les parents n'y connaissent rien, qu'ils n'ont pas de rôle à jouer. Les parents doivent éduquer au numérique, mais ils n'ont pas besoin d'être experts de cet univers. Pour expliquer à son fils comment se comporter sur un terrain de football, il n'y a pas besoin d'être un spécialiste de ce sport...
Il faut que les parents se décomplexent, et pour cela il faut que nous leur donnions des outils. Les parents font, le plus souvent, un contrôle plutôt quantitatif : ils surveillent le nombre d'heures que leurs enfants passent sur les réseaux sociaux, par exemple. Lorsqu'ils vont plus loin, ils n'apportent pas toujours la bonne réponse : je ne suis pas persuadée que devenir "ami" avec son enfant sur Facebook soit une bonne idée ; on est alors dans une démarche de contrôle, et non d'éducation. Les parents ont un rôle à jouer, celui de parent, pas celui de geek !
Cette semaine, Facebook a annoncé que la majorité de ses utilisateurs avaient modifié leurs paramètres de protection de la vie privée, alors qu'auparavant peu le faisaient. Assistons-nous à un changement de mentalités ?
Les utilisateurs sont plus aguerris, plus matures, et ils veulent la maîtrise de leurs données personnelles. On le voit dans toutes les études, et c'est particulièrement clair en ce qui concerne les smartphones : les utilisateurs veulent plus de contrôle. Nous avons vécu en quelques années un bouleversement sans précédent en un temps record. Mais l'apprentissage a été très rapide : les questions de paramétrage ont été intégrées par les utilisateurs en deux ou trois ans. Les utilisateurs sont davantage conscients des risques éventuels, et veulent être maîtres de leurs choix, ce que les acteurs économiques prennent de plus en plus en compte. En aussi peu de temps, c'est un progrès collectif considérable.
Les évolutions des réseaux sociaux, par exemple la compétition entre Facebook et Google+, montrent qu'une concurrence vertueuse se met en place sur les questions de vie privée. Je m'inscris en faux par rapport aux gens qui disent que la vie privée n'intéresse plus personne : la preuve, elle est en train de devenir un enjeu de concurrence essentiel entre les grands acteurs.
La CNIL a commencé à publier une série de travaux de recherche sur la géolocalisation. Les acteurs de la téléphonie mobile sont-ils en conformité avec la réglementation et les bonnes pratiques ?
Nous n'avons pas aujourd'hui une connaissance complète de l'ensemble des acteurs de la chaîne, de leurs relations, ni du contrôle exercé tout au long de cette chaîne. Apple contrôle d'assez près les développeurs sur son système IOS ; est-ce le cas partout ? Aujourd'hui, nous ne le savons pas parfaitement, et nous nous penchons donc très sérieusement sur le sujet. C'est un écosystème complexe qui doit être décortiqué.
La géolocalisation inquiète les utilisateurs, même si elle leur apporte aussi des services intéressants. Ce que nous disons aux acteurs économiques, c'est que les usages et les équilibres économiques sont fragiles. Les positions compétitives se conquièrent en deux ou trois ans, mais un géant comme Myspace s'est écroulé en quelques mois. Sans la confiance de leurs utilisateurs, ces entreprises ne peuvent fonctionner dans la durée.
Est-ce la même chose pour les données biométriques qu'utilisent, par exemple, IOS ou Android pour la reconnaissance faciale ou la recherche vocale ?
Nous sommes là dans un degré de dangerosité et de complexité sensiblement plus élevé, sur lequel nous serons encore plus vigilants. Les données biométriques ne sont pas des données personnelles comme les autres. La reconnaissance faciale nous alerte plus particulièrement, parce qu'elle peut être couplée avec d'autres technologies, comme la vidéoprotection, avec un risque objectif fort pour la vie privée des individus. Une image de caméra de surveillance qui est utilisée pour activer votre téléphone, c'est un scénario de science-fiction, mais nous nous en approchons à grands pas.
La CNIL ne rend publique qu'une petite partie de ses décisions, ce qui lui est souvent reproché. Cela va-t-il évoluer ?
Il y a des avis que nous ne pouvons pas rendre publics pour des raisons légales. Mais nous devons travailler sur la lisibilité de nos positions. La CNIL doit être plus ouverte, pour rendre cet univers plus intelligible : nous sommes un référent, pas seulement un gendarme. Il faut expliquer nos positions, faire connaître les outils, bref, être plus proactifs et plus concrets.
Nous sommes dans une année électorale, et vous avez travaillé personnellement sur la question du vote électronique. Les adversaires de ce mode de scrutin estiment que vous avez été trop timorés sur ce sujet.
Sur le vote électronique, la CNIL a fait son travail, qui n'était pas de déterminer si le vote électronique est "bien" ou "mal". Cela, c'est le travail du législateur. La CNIL s'est bornée à remplir sa mission ; faire en sorte que les votes se déroulent dans les conditions prévues par la loi. Pour les partisans du vote électronique, nous sommes apparus comme un frein, et pour ses adversaires, comme trop timorés ; cela me fait dire que notre position était plutôt bien équilibrée. Le vote électronique peut être un outil utile dans certains cas, mais il est certain qu'il ne va pas résoudre un éventuel désintérêt pour la politique. Surtout, la CNIL reste réticente lorsqu'il est utilisé pour des scrutins politiques : un vote dans une entreprise n'est pas la même chose qu'une élection à l'échelle du pays. Il faut rester prudents dans cette voie.
Le ministère de l'industrie accueillait ce jeudi et ce vendredi un grand débat sur l'avenir d'Internet. La CNIL ne participait pas à la table ronde sur la vie privée, comme ce fut le cas lors de l'e-G8. Pourquoi ?
Nous n'avons pas été invités. C'est dommage, car la France et l'Europe ont une carte à jouer sur le numérique. D'ailleurs, nous recevons ce vendredi, à leur demande, des représentants de toutes les grandes entreprises présentes à ce sommet. Il est donc difficile de comprendre pourquoi, dans ce débat organisé au ministère, il y a une ONG, Transparency International, mais pas le régulateur ! Nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue, mais la CNIL a aussi son mot à dire.

Les banques priées d'effacer 50% de la dette grecque

Les banques créancières de la Grèce vont devoir se préparer à des pertes beaucoup plus importantes que prévu. Vendredi soir, les ministres des Finances de la zone euro sont tombés d’accord pour leur demande d’effacer au moins 50% de la valeur de la dette du pays, menacé sinon de banqueroute. C est sur cette base que se tiennent désormais les négociations avec les représentants du secteur bancaire, censées aboutir au plus tard lors d’un sommet décisif de la zone euro mercredi prochain.


Réunis à Bruxelles, les ministres ont de facto entériné les conclusions d’un rapport qui leur a été remis par les experts de la «troïka» des bailleurs de fonds de la Grèce (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international).

En juillet, un accord avait été trouvé avec les banques pour qu’elles acceptent une dépréciation de 21% à terme sur la valeur de leurs obligations grecques. Mais la situation du pays s’est nettement dégradée depuis, obligeant à revoir tout le programme.

En échange, les ministres des Finances vont plancher aujourd’hui sur un plan de recapitalisation du secteur bancaire pour lui permettre d’amortir le choc. L’Europe évalue les besoins à entre 80 et 100 milliards d’euros, un chiffre moins important toutefois que celui avancé par le FMI qui est le double.

Désaccord entre Paris et Berlin


Les discussions s’annoncent ardues dans les prochains jours car de profondes divergences entre Paris et Berlin persistent. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel doivent se rencontrer samedi pour préparer la réunion du Conseil européen de dimanche.

Le président français bataille pour un renforcement des moyens d’action du Fonds européen de stabilité financière (FESF), un instrument essentiel pour espérer empêcher une contagion de la crise de la dette à des pays comme l’Espagne et l’Italie

Angela Merkel, elle, défend l’idée d’un dispositif «assurantiel» : le FESF garantirait une part des titres de dette émis par les pays fragiles. Cette seconde option a pour avantage d’éviter de remettre la main à la poche. Mais certains en Allemagne, comme les Verts, rejettent cette solution, estimant qu’elle pourrait coûter très cher à l’Allemagne en cas de défaillance d’un pays.
Le ministre français des Finances, François Baroin, a montré des signes d’ouverture à la fin des discussions vendredi soir. La proposition soutenue par la France est «la solution la plus efficace», selon lui, mais Paris «n’en fait pas un point d’affrontement définitif».

Hollande : le candidat du parti de l’étranger


Ce sera François Hollande. Ainsi l’ont décidé les media. Ainsi l’ont docilement ratifié les électeurs des primaires socialistes lui accordant plus de 56% des suffrages exprimés. Sauf énorme surprise toujours possible sur le plan politique (qui aurait parié il y a encore six mois sur l’effacement obligé de Dominique Strauss-Kahn de la course présidentielle?), l’ex-premier secrétaire du Parti socialiste sera le successeur de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Faut-il s’en réjouir? D’aucuns, y compris parmi nos lecteurs, excédés par le bilan et la personnalité de l’actuel chef de l’Etat qui a abaissé comme jamais la fonction présidentielle, s’est comporté avec une insupportable vulgarité et a trahi de manière éhontée la plupart de ses promesses électorales de 2007, seraient prêts à se satisfaire, faute de mieux, du ci-devant concubin de Ségolène Royal.

C’est ne pas voir que l’arrivée de la gauche au pouvoir sera bien pire encore en 2012 qu’en 1981. Lors du débat soporifique sur France 2 entre les deux tours des primaires, Aubry et Hollande ont clairement manifesté leur détermination à modifier la Constitution pour introduire le droit de vote des étrangers extra-européens aux élections locales (municipales, cantonales, régionales voire européennes), arguant du fait que le Sénat ayant désormais basculé à gauche rien ne pourrait cette fois empêcher la mise en œuvre de cette réforme qui s’appliquera, soyons-en sûrs, dès les élections municipales et territoriales de mars 2014. Sachant que les étrangers votent massivement à gauche (la plupart des enquêtes réalisées sur le sujet indiquent qu’environ 80% des allogènes se prononcent pour les socialistes, les communistes ou les Verts), c’est une façon machiavélique de se maintenir durablement au pouvoir, empêchant toute possibilité de reconquête pour l’opposition. De toute façon, plus une cité ou un pays compte d’étrangers ou de citoyens d’origine étrangère, plus la gauche a de chance de l’emporter et de se maintenir. Par exemple à Saint-Denis les communistes sont assurés de diriger durablement la municipalité vu le nombre de binationaux et de Français de papier dans la ville et la situation leur sera encore bien plus favorable lorsque tous les étrangers pourront voter. Avec le scrutin majoritaire à deux tours qui est désormais appliqué en France à toutes les élections, sauf aux européennes, et où il faut réunir 50% plus une voix pour gagner, le poids des minorités étrangères s’avère décisif.


D’aucuns pour se rassurer pensent que la gauche, une fois aux responsabilités, n’osera pas accorder le droit de vote aux étrangers. C’est se tromper lourdement. Non seulement parce que c’est son intérêt électoral mais aussi parce que cela correspond à son fanatisme révolutionnaire, à ses obsessions idéologiques. De plus, contrairement à ce qui se passait dans les années 1980 lorsque François Mitterrand agitait ce spectre dans les campagnes électorales, dans ses 110 propositions en 1981 et encore dans sa Lettre aux Français en 1988, il n’est pas dit du tout que la majorité de nos compatriotes s’oppose fermement aujourd’hui à cette mesure. Trente ans d’antiracisme forcené dans les media, à l’école, dans les variétés, au cinéma, dans les publicités, dans le sport sont passés par là et beaucoup, surtout parmi les jeunes générations, se sont accoutumés à ce phénomène massif, et sans précédent dans notre histoire, d’immigration-invasion.

Le retour de la gauche serait d’autant plus catastrophique que les socialistes s’appuient de plus en plus sur les Verts que Jospin lui-même traitait de zozos et qui sont en pointe dans les pires folies: régularisation de tous les clandestins, ouverture totale des frontières, mariage homosexuel, droit à la gestation pour autrui, à l’insémination pour les lesbiennes, à l’adoption pour les invertis, dépénalisation des drogues, légalisation de l’euthanasie, augmentation massive des impôts et des taxes. Martine Aubry a évoqué dans le débat le droit pour les Français de choisir leur fin de vie, on sait ce que cela veut dire ! Par l’avortement et l’euthanasie de masse on tue aux deux bouts de la chaîne les autochtones que l’on remplace par les allogènes.


Preuve de plus que la gauche mettra cette fois en œuvre le droit de vote des étrangers, les primaires socialistes étaient scandaleusement ouvertes aux étrangers (et d’ailleurs aux mineurs de 16 ans et plus), adhérents du Parti socialiste et du MJS(Mouvement des jeunes socialistes). Gageons que Hollande, pour montrer qu’il n’est pas de «gauche molle» contrairement à ce que disent ses contempteurs, ira loin dans l’immigrationnisme. Le 17octobre, il a ainsi tenu à apporter des fleurs pour rendre hommage aux Algériens du FLN morts lors de la répression d’une manifestation parisienne interdite il y a un demi-siècle. Or, dans le défilé du cinquantenaire on pouvait voir de nombreux défilés de “sans-papiers” avec des pancartes sans équivoque: «Hier colonisés, aujourd’hui exploités, demain régularisés»… par Hollande et ses amis!

Mais dira-t-on, malgré tous ces inconvénients, la gauche sera peut-être moins alignée sur les intérêts américano-sionistes que Sarkozy. Là encore il ne faut pas se leurrer. Au reste, dès l’annonce des résultats, le Conseil représentatif des Institutions juives de France a adressé «ses félicitations à François Hollande pour sa brillante victoire». «Le CRIF, qui connaît de longue date le profond attachement d’Hollande au respect des individus dans leur diversité, espère qu’il fera valoir au cours de sa campagne présidentielle les sentiments d’amitié pour la communauté juive de France et de compréhension empathique (sic!) vis-à-vis de l’État d’Israël qu’il a toujours manifestés jusqu’à maintenant» Sans commentaire.

Grèce : les banques créancières se préparent à de lourdes pertes

Les banques créancières de la Grèce vont devoir se préparer à des pertes beaucoup plus importantes que prévu, d'au moins 50%, pour espérer sauver de la faillite le pays qui dans l'immédiat a obtenu vendredi la promesse d'un prêt international crucial après l'adoption de mesures d'austérité draconiennes.
Réunis à Bruxelles pour préparer le premier sommet européen de dimanche, les ministres des Finances des 17 pays de l'Union monétaire ont d'abord donné leur accord pour débloquer la sixième tranche du prêt pour la Grèce - 8 milliards d'euros - tiré du premier plan de sauvetage au pays décidé au printemps 2010. Ce plan s'élève à 110 milliards d'euros au total.
L'enveloppe est co-financée par les Européens, à hauteur de 5,8 milliards d'euros, et le Fonds monétaire international (FMI) qui doit encore donner son aval. Ce versement, resté pendant longtemps en suspens, est prévu dans la première quinzaine de novembre et permettra à Athènes de ne pas se retrouver en cessation de paiement dans l'immédiat.
L'institution de Washington devrait rendre un avis positif début novembre. Sa directrice, la Française Christine Lagarde, va faire une recommandation en ce sens, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Il ne s'agit toutefois que d'une avancée minime compte tenu de l'ampleur des difficultés de la Grèce.
Les pays de la zone euro planchent en parallèle sur un chantier beaucoup plus vaste: une participation nettement plus importante que prévu des banques dans le cadre du second plan d'aide à la Grèce, décidé dans son principe en juillet et portant sur des prêts publics de 109 milliards d'euros.
Selon un rapport de la troïka des créanciers de la Grèce (UE, FMI et BCE) remis aux ministres, dont l'AFP a obtenu copie, il faudra que les banques acceptent une dépréciation (décote) de 60% de leur créances si l'on veut que le montant de 109 milliards d'euros reste inchangé.
Avec une décote à 50%, le FMI et les Européens et le FMI devront augmenter leurs financements à 114 milliards d'euros, selon les calculs du rapport.

Et selon une source diplomatique, les ministres des Finances ont de facto entériné les conclusions. "Au moins 50% sont nécessaires" pour la décote, a-t-elle souligné. C'est sur cette base que se tiennent désormais les négociations avec les représentants du secteur bancaire, censées aboutir au plus tard lors d'un sommet décisif de la zone euro le 26 octobre.
Reste à savoir si les banques accepteront volontairement de subir ces nouvelles pertes de grande ampleur. En juillet, leur "effort" avait été fixé à seulement 21%.
En échange, les ministres des Finances vont plancher samedi sur un plan de recapitalisation du secteur pour lui permettre d'amortir le choc. L'Europe évalue les besoins à entre 80 et 100 milliards d'euros, un chiffre moins important toutefois que celui avancé par le FMI qui est le double.
Les discussions s'annoncent ardues dans les prochains jours pour empêcher la contagion de la crise de la dette car de profondes divergences entre Paris et Berlin persistent sur le moyen d'y parvenir.
"Nous ne donnons pas vraiment l'exemple éclatant d'un leadership qui fonctionne bien", a déploré à Bruxelles le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, en parlant d'image "désastreuse" à l'étranger.
La Chine a exhorté vendredi l'UE à une "réforme fondamentale" des finances de ses pays. Et le président américain Barack Obama continue à surveiller la situation de près.
La France et l'Allemagne sont en effet engagées depuis plusieurs jours dans un bras de fer sur le meilleur moyen de renforcer la force de frappe du Fonds européen de stabilité financière (FESF), un instrument essentiel pour espérer empêcher une contagion de la crise de la dette à des pays comme l'Espagne et l'Italie.
Paris insiste pour transformer le Fonds en banque pour qu'il s'approvisionne auprès du guichet de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que Berlin refuse cette option qui irait à ses yeux à l'encontre des traités européens.

Le ministre français des Finances, François Baroin, a montré des signes d'ouverture à la fin des discussions vendredi soir. La proposition soutenue par la France est "la solution la plus efficace", selon lui, mais Paris "n'en fait pas un point d'affrontement définitif".
De son côté, sa collègue autrichienne Maria Fekter a indiqué qu'il n'y avait plus que deux options sur la table pour donner plus de poids au FESF. Et une source diplomatique a indiqué qu'aucune n'impliquait la BCE.
La solution qui a la préférence de Berlin serait de permettre au FESF de garantir une part des titres de dette émis par les pays fragiles, afin d'inciter les autres investisseurs à en acheter.
Une nouvelle réunion aux allures de mini-sommet entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel est prévue samedi soir à Bruxelles, en préambule au rendez-vous de dimanche. M. Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso y participeront aussi. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et Mme Lagarde pourraient aussi être de la partie, selon une source européenne.