lundi 6 septembre 2010
Femmes au bord de la crise de nerfs
Et si l’on s’offrait une dernière carte postale du monde avant, dès demain, de ne parler plus que de la France, de ses retraites et d’un remaniement ministériel. Une carte postale du Chili. Et des nouvelles de nos 33 mineurs, bloqués depuis le 5 août, 688 mètres sous terre. Le forage censé les libérer s’active mais l’opération, on le sait, prendra des mois. Forcément, le suspense en prend un coup, l’histoire s’annonce aussi animée qu’un épisode de “Derrick”. Avec la tentation pour l’opinion de filer directement à la dernière page, autrement dit de les retrouver à leur sortie dans trois mois. Si tout se passe bien. C’était sans compter sur la faiblesse des hommes. Et la colère des femmes, depuis que les autorités chiliennes ont promis une compensation financière de dizaines de milliers d’euros pour les familles des mineurs. À eux de désigner celles qui recevront l’argent. C’est là tout le problème, car les épouses ont vu, ces derniers jours, débarquer d’autres femmes prétendant être le véritable amour. Ce qui forcément a entraîné des tensions et même des bagarres. Les travailleurs humanitaires parlent de “cauchemar” et tentent de démêler le vrai du faux. Pas simple. En plus de sa partenaire officielle, un mineur aurait poursuivi sa relation avec une épouse dont il n’a pas divorcé, il aurait eu un enfant avec une autre et il y a cette femme qui dit être sa petite amie actuelle. Tout cela promet de jolies retrouvailles.
Et si l’on s’offrait une dernière carte postale du monde avant, dès demain, de ne parler plus que de la France, de ses retraites et d’un remaniement ministériel. Une carte postale du Chili. Et des nouvelles de nos 33 mineurs, bloqués depuis le 5 août, 688 mètres sous terre. Le forage censé les libérer s’active mais l’opération, on le sait, prendra des mois. Forcément, le suspense en prend un coup, l’histoire s’annonce aussi animée qu’un épisode de “Derrick”. Avec la tentation pour l’opinion de filer directement à la dernière page, autrement dit de les retrouver à leur sortie dans trois mois. Si tout se passe bien. C’était sans compter sur la faiblesse des hommes. Et la colère des femmes, depuis que les autorités chiliennes ont promis une compensation financière de dizaines de milliers d’euros pour les familles des mineurs. À eux de désigner celles qui recevront l’argent. C’est là tout le problème, car les épouses ont vu, ces derniers jours, débarquer d’autres femmes prétendant être le véritable amour. Ce qui forcément a entraîné des tensions et même des bagarres. Les travailleurs humanitaires parlent de “cauchemar” et tentent de démêler le vrai du faux. Pas simple. En plus de sa partenaire officielle, un mineur aurait poursuivi sa relation avec une épouse dont il n’a pas divorcé, il aurait eu un enfant avec une autre et il y a cette femme qui dit être sa petite amie actuelle. Tout cela promet de jolies retrouvailles.
Frédéric AILI
La réforme et après
Demain, sur fond d’unité syndicale, la France va connaître sa énième journée de grève contre la réforme des retraites lancée par le gouvernement. Même s’ils devaient atteindre une grande ampleur, les cortèges n’auront, au fond, qu’une portée symbolique. Plus personne, ou presque, ne conteste la nécessité d’aménager, une nouvelle fois, le système des pensions. Quant aux modalités, la potion ne pouvait qu’être amère : sauver le dispositif signifiait d’emblée des efforts pour tous. Pour qui d’abord ? Ce sera précisément l’objet des conversations la semaine prochaine. Des aménagements sont possibles, sur l’épineuse question de la pénibilité ou sur les carrières longues.
En fait, le scénario est bel et bien écrit : Nicolas Sarkozy voulait mener à bien cette réforme – centrale pour son quinquennat – et, selon toute vraisemblance, il y parviendra. En tirera-t-il le bénéfice qu’il en attendait ? C’est moins sûr. L’équité n’a pas été la préoccupation centrale dans la réflexion du gouvernement, et, même si des ajustements sont arrachés par les partenaires sociaux dans la dernière ligne droite, ils ne suffiront pas à corriger le sentiment d’un chantier mené à la hussarde (comme en 2003), au détriment de la construction plus patiente d’un consensus.
Enfin, comment ne pas voir que les embarras du ministre chargé de conduire le changement n’ont pas aidé à clarifier les intentions ? Il est facile de soutenir qu’il n’y a pas de rapports entre le dossier des retraites et l’affaire Woerth-Bettencourt. Mais comment ne pas voir que ses développements ont éclairé – d’une lumière crue – le choc de deux mondes : celui de la rigueur nécessaire, censée s’imposer à tous, et celui des exceptions que s’autorisent largement certains ? En ces temps de réforme, voilà qui est bien dommage.
Demain, sur fond d’unité syndicale, la France va connaître sa énième journée de grève contre la réforme des retraites lancée par le gouvernement. Même s’ils devaient atteindre une grande ampleur, les cortèges n’auront, au fond, qu’une portée symbolique. Plus personne, ou presque, ne conteste la nécessité d’aménager, une nouvelle fois, le système des pensions. Quant aux modalités, la potion ne pouvait qu’être amère : sauver le dispositif signifiait d’emblée des efforts pour tous. Pour qui d’abord ? Ce sera précisément l’objet des conversations la semaine prochaine. Des aménagements sont possibles, sur l’épineuse question de la pénibilité ou sur les carrières longues.
En fait, le scénario est bel et bien écrit : Nicolas Sarkozy voulait mener à bien cette réforme – centrale pour son quinquennat – et, selon toute vraisemblance, il y parviendra. En tirera-t-il le bénéfice qu’il en attendait ? C’est moins sûr. L’équité n’a pas été la préoccupation centrale dans la réflexion du gouvernement, et, même si des ajustements sont arrachés par les partenaires sociaux dans la dernière ligne droite, ils ne suffiront pas à corriger le sentiment d’un chantier mené à la hussarde (comme en 2003), au détriment de la construction plus patiente d’un consensus.
Enfin, comment ne pas voir que les embarras du ministre chargé de conduire le changement n’ont pas aidé à clarifier les intentions ? Il est facile de soutenir qu’il n’y a pas de rapports entre le dossier des retraites et l’affaire Woerth-Bettencourt. Mais comment ne pas voir que ses développements ont éclairé – d’une lumière crue – le choc de deux mondes : celui de la rigueur nécessaire, censée s’imposer à tous, et celui des exceptions que s’autorisent largement certains ? En ces temps de réforme, voilà qui est bien dommage.
François Ernenwein
L'AGE DE LA RETRAITE ÉTAIT À 65 ANS AVANT 1981, CE SONT LES SOCIALISTES QUI L'ONT IMPRUDEMMENT AMENÉ À 60 ANS, DEPUIS LES CAISSES SE VIDENT ENCORE PLUS VITE.
Chevènement n'exclut rien pour 2012
Le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) décidera à l'automne 2011 s'il se présente à l'élection présidentielle de 2012 ou s'il soutient le candidat que le PS doit désigner par les primaires. Jean-Pierre Chevènement, qui doit rencontrer Martine Aubry, numéro un du PS, le 15 septembre, a répété que le MRC ne participerait pas aux primaires du PS.
COMME BEAUCOUP D'AUTRES, IL NE MANQUE PAS D'AIRE LE VIEUX CROÛTON !!!
Sous le pavé, les enjeux
L'échiquier politico-syndical pourrait bien être bousculé par la journée de mobilisation de demain. Qu'elle soit une réussite ou un échec pour ses organisateurs. Pour le front syndical, presque reconstitué, la réforme des retraites et de leur financement est acceptée comme une nécessité. Mais les grandes centrales entendent qu'elle corresponde à des critères d'équité sociale qu'elles ne trouvent pas dans le projet du gouvernement. En particulier sur la pénibilité et parce que les hauts revenus ne sont pas suffisamment associés à l'effort commun. Mais au-delà de cet enjeu prioritaire, la mobilisation sera aussi l'instrument de mesure de l'efficacité syndicale et du degré de rejet de la politique sociale de Nicolas Sarkozy.
En entrant dans le dialogue direct avec le gouvernement, les syndicats se placent sur une ligne de défense des valeurs du travail et de la solidarité qui peut se traduire pour eux par un regain de vitalité. Ils redonneraient ainsi un sens à l'action sociale et au militantisme qui n'ont pas toujours trouvé leur compte dans le paritarisme et la cogestion. Sur ce sujet des retraites, qui concerne tout le monde mais dont personne ne pense qu'elles sont garanties par la réforme, une très large mobilisation peut contribuer au retour des salariés dans la vie syndicale.
S'il sort sans dommages de cette journée, Nicolas Sarkozy pourra se targuer d'avoir fait taire tous les clivages dans son camp et d'avoir maté la majorité en l'obligeant à faire bloc sur le projet cardinal de son quinquennat et en maintenant Éric Woerth malgré les affaires. En prenant prétexte de ce conflit classe contre classe, le président de la République pourrait réussir à annihiler toutes les velléités internes de diversification et de remise en cause de sa politique sécuritaire.
Le Parti socialiste se frotterait bien sûr les mains d'une réussite de la journée qui affaiblirait Nicolas Sarkozy. Mais le PS sait aussi que des syndicats redevenus forts se tiendront en dehors de la bataille politique de l'alternance pour n'être que des acteurs du dialogue social. Il y a trop longtemps que les socialistes n'ont pas contribué à faire avancer l'idéal de justice sociale pour qu'ils puissent imaginer tirer parti d'une victoire syndicale.
L'échiquier politico-syndical pourrait bien être bousculé par la journée de mobilisation de demain. Qu'elle soit une réussite ou un échec pour ses organisateurs. Pour le front syndical, presque reconstitué, la réforme des retraites et de leur financement est acceptée comme une nécessité. Mais les grandes centrales entendent qu'elle corresponde à des critères d'équité sociale qu'elles ne trouvent pas dans le projet du gouvernement. En particulier sur la pénibilité et parce que les hauts revenus ne sont pas suffisamment associés à l'effort commun. Mais au-delà de cet enjeu prioritaire, la mobilisation sera aussi l'instrument de mesure de l'efficacité syndicale et du degré de rejet de la politique sociale de Nicolas Sarkozy.
En entrant dans le dialogue direct avec le gouvernement, les syndicats se placent sur une ligne de défense des valeurs du travail et de la solidarité qui peut se traduire pour eux par un regain de vitalité. Ils redonneraient ainsi un sens à l'action sociale et au militantisme qui n'ont pas toujours trouvé leur compte dans le paritarisme et la cogestion. Sur ce sujet des retraites, qui concerne tout le monde mais dont personne ne pense qu'elles sont garanties par la réforme, une très large mobilisation peut contribuer au retour des salariés dans la vie syndicale.
S'il sort sans dommages de cette journée, Nicolas Sarkozy pourra se targuer d'avoir fait taire tous les clivages dans son camp et d'avoir maté la majorité en l'obligeant à faire bloc sur le projet cardinal de son quinquennat et en maintenant Éric Woerth malgré les affaires. En prenant prétexte de ce conflit classe contre classe, le président de la République pourrait réussir à annihiler toutes les velléités internes de diversification et de remise en cause de sa politique sécuritaire.
Le Parti socialiste se frotterait bien sûr les mains d'une réussite de la journée qui affaiblirait Nicolas Sarkozy. Mais le PS sait aussi que des syndicats redevenus forts se tiendront en dehors de la bataille politique de l'alternance pour n'être que des acteurs du dialogue social. Il y a trop longtemps que les socialistes n'ont pas contribué à faire avancer l'idéal de justice sociale pour qu'ils puissent imaginer tirer parti d'une victoire syndicale.
DANIEL RUIZ
Allumer le feu ?
Une fois de plus, Johnny, avec le flamboyant témoignage dominical qui lui a été consacré, a donné le tempo. Cette semaine sera rock'n roll ou ne sera pas. On dit qu'elle sera celle « de tous les dangers », ou on l'estampille déjà du label « de vérité » : le fantasme du grand rendez-vous quinquennal affole chroniqueurs et rédactions. Une seule certitude : ça va déchirer.
Le succès, plutôt inattendu, des manifestations de samedi contre la politique sécuritaire du gouvernement donne une première indication du potentiel de mobilisation pour la grande journée de demain. Dans les ministères comme à l'Elysée, on s'attend déjà à un télescopage explosif des colères et des affaires.
L'UMP avait parié sur l'été pour étouffer la polémique Woerth, ou au moins réduire sa charge nocive. C'est exactement le contraire qui se produit. Les « aveux » d'un ministre du Travail acculé par les faits et bien obligé de concéder son appui direct pour faire décorer M. de Maistre ne pouvaient tomber au plus mauvais moment. La majorité crie, naturellement, à la manipulation politique, mais c'est bien le choc entre un pouvoir trop proche du monde de l'argent et les efforts que les Français pressentent qui créent les frustrations et les colères.
Même chez ses amis qui prétendent officiellement le contraire, personne ne se fait d'illusion : M. Woerth est bel et bien affaibli pour mener l'acte principal de la réforme majeure du quinquennat. Les cortèges de demain seront sans pitié pour ce ministre déstabilisé et surtout dévalorisé par des dissimulations successives qu'il a toujours habillées de sa bonne foi, au mépris - circonstance aggravante - du bon sens élémentaire de l'opinion. Raté. Aujourd'hui, c'est la réforme toute entière qu'il avait portée jusque là avec compétence et efficacité qui se trouve fragilisée.
Au plus bas dans les sondages, le président de la République prend tous les risques pour braver ce coup du sort en soutenant son poulain. Trop tard pour faire machine arrière... Mais surtout, il ne veut pas donner l'impression de céder à la pression médiatique. Grave erreur d'analyse : c'est l'indignation populaire voire l'écœurement qui ont donné à l'affaire cette étonnante résistance aux démentis et au contre-attaques.
Le chef de l'Etat n'a pas voulu admettre que le « C'est légal » répété en boucle ne suffirait pas davantage à retourner les Français que la presse. Même protégé par la présomption d'innocence, Eric Woerth, avec ses amitiés ambiguës et ses faux-vrais mensonges, n'a plus la légitimité ni le profil exemplaire indispensables pour défendre un texte forcément douloureux. Le président le sait mais, au plus bas dans les sondages, il a tout de même choisi de passer en force en jouant le tout pour le tout. Au risque d'allumer le feu.
Une fois de plus, Johnny, avec le flamboyant témoignage dominical qui lui a été consacré, a donné le tempo. Cette semaine sera rock'n roll ou ne sera pas. On dit qu'elle sera celle « de tous les dangers », ou on l'estampille déjà du label « de vérité » : le fantasme du grand rendez-vous quinquennal affole chroniqueurs et rédactions. Une seule certitude : ça va déchirer.
Le succès, plutôt inattendu, des manifestations de samedi contre la politique sécuritaire du gouvernement donne une première indication du potentiel de mobilisation pour la grande journée de demain. Dans les ministères comme à l'Elysée, on s'attend déjà à un télescopage explosif des colères et des affaires.
L'UMP avait parié sur l'été pour étouffer la polémique Woerth, ou au moins réduire sa charge nocive. C'est exactement le contraire qui se produit. Les « aveux » d'un ministre du Travail acculé par les faits et bien obligé de concéder son appui direct pour faire décorer M. de Maistre ne pouvaient tomber au plus mauvais moment. La majorité crie, naturellement, à la manipulation politique, mais c'est bien le choc entre un pouvoir trop proche du monde de l'argent et les efforts que les Français pressentent qui créent les frustrations et les colères.
Même chez ses amis qui prétendent officiellement le contraire, personne ne se fait d'illusion : M. Woerth est bel et bien affaibli pour mener l'acte principal de la réforme majeure du quinquennat. Les cortèges de demain seront sans pitié pour ce ministre déstabilisé et surtout dévalorisé par des dissimulations successives qu'il a toujours habillées de sa bonne foi, au mépris - circonstance aggravante - du bon sens élémentaire de l'opinion. Raté. Aujourd'hui, c'est la réforme toute entière qu'il avait portée jusque là avec compétence et efficacité qui se trouve fragilisée.
Au plus bas dans les sondages, le président de la République prend tous les risques pour braver ce coup du sort en soutenant son poulain. Trop tard pour faire machine arrière... Mais surtout, il ne veut pas donner l'impression de céder à la pression médiatique. Grave erreur d'analyse : c'est l'indignation populaire voire l'écœurement qui ont donné à l'affaire cette étonnante résistance aux démentis et au contre-attaques.
Le chef de l'Etat n'a pas voulu admettre que le « C'est légal » répété en boucle ne suffirait pas davantage à retourner les Français que la presse. Même protégé par la présomption d'innocence, Eric Woerth, avec ses amitiés ambiguës et ses faux-vrais mensonges, n'a plus la légitimité ni le profil exemplaire indispensables pour défendre un texte forcément douloureux. Le président le sait mais, au plus bas dans les sondages, il a tout de même choisi de passer en force en jouant le tout pour le tout. Au risque d'allumer le feu.
Olivier Picard
Les syndicats au pied du mur
Si le mot déterminant a un sens en politique, c'est bien le moment de l'appliquer. Soumise au double feu de la rentrée parlementaire et syndicale, la réforme des retraites va subir, cette semaine, un test déterminant. Décisif et attendu, tant il est vrai que le Président n'a pas vraiment cherché à l'éviter. On l'a bien vu, le guichet de la concertation-négociation du gouvernement est resté délibérément fermé tout l'été.
C'est peu dire pourtant que Nicolas Sarkozy n'aborde pas l'épreuve de force dans les meilleures dispositions. Sa diversion sécuritaire a fait pschitt et s'est même révélée contre-productive. Ses troupes parlementaires se retrouvent, aujourd'hui, plutôt désarçonnées et désabusées quand elles ne cèdent pas aux querelles fratricides.
Pis, de plus en plus empêtré dans l'affaire Bettencourt, le ministre du Travail chargé de porter le dossier emblématique du quinquennat est plus proche de la sortie que de la promotion. Après le lâchage par les syndicats, la curée politique de l'opposition et, parfois, le désaveu de son camp, sa parole n'est plus ni audible ni crédible. C'est mission impossible de faire porter un message essentiel par un messager 3D : déboussolé (personnellement), déconsidéré (publiquement), dévalué (politiquement).
Plus grave peut-être, le gouvernement a perdu, cet été, la bataille de la communication sur le point de friction central de la réforme : son côté injuste. Le fait que l'effort exigé par la double butée légale ¯ âge de départ légal à 62 ans, âge du taux plein à 67 ans ¯ pèse d'abord sur les salariés modestes privés d'études, les exclus, les chômeurs de longue durée, les femmes...
En constatant que sept Français sur dix jugent la réforme « pas juste », le dernier sondage Ifop-dimanche ouest-france signe la victoire de l'explication syndicale sur la pédagogie gouvernementale. En même temps qu'il souligne, par ailleurs, un recul de l'adhésion à la mesure phare des 62 ans et une radicalisation des positions, a priori favorables à la mobilisation.
Mieux, à en croire le même sondage, les syndicats dégagent dans l'opinion une large majorité de soutien à leur journée de ce mardi 7 septembre. Là encore, sept Français sur dix ! Reste, évidemment, que tout le problème est de transformer l'essai dans la rue. Et là, c'est la bouteille à l'encre. Même le tandem CGT-CFDT, qui donne désormais le tempo revendicatif en France, fonctionne avec une réelle efficacité, en contraignant ses partenaires à s'aligner. FO en tête, qui a dû se résoudre à rentrer dans le rang, ne serait-ce que pour continuer à exister.
Pour autant, aucun conflit de rentrée n'a donné le moindre signal avant-coureur de la forte mobilisation qu'espèrent les syndicats. Ce qui est sûr, c'est que la clé la plus inédite du mouvement est apparemment entre les mains des jeunes. Neuf d'entre eux sur dix, toujours selon le sondage Ifop-dimanche ouest-france, affichent leur soutien à la journée du 7. Passeront-ils de l'adhésion symbolique à la contestation militante, eux qui répugnent, par ailleurs, à l'engagement syndical ? Leur réponse sera décisive.
En tout état de cause, les syndicats, s'ils veulent faire bouger la ligne élyséenne, sont condamnés à faire sensiblement plus fort que le 24 juin. Simplement rééditer le score de juin serait perçu comme une incapacité à accentuer et à accélérer la mobilisation, au moment précis où le temps parlementaire enclenche, lui, la vitesse supérieure. Le temps est clairement l'allié du gouvernement.
Si le mot déterminant a un sens en politique, c'est bien le moment de l'appliquer. Soumise au double feu de la rentrée parlementaire et syndicale, la réforme des retraites va subir, cette semaine, un test déterminant. Décisif et attendu, tant il est vrai que le Président n'a pas vraiment cherché à l'éviter. On l'a bien vu, le guichet de la concertation-négociation du gouvernement est resté délibérément fermé tout l'été.
C'est peu dire pourtant que Nicolas Sarkozy n'aborde pas l'épreuve de force dans les meilleures dispositions. Sa diversion sécuritaire a fait pschitt et s'est même révélée contre-productive. Ses troupes parlementaires se retrouvent, aujourd'hui, plutôt désarçonnées et désabusées quand elles ne cèdent pas aux querelles fratricides.
Pis, de plus en plus empêtré dans l'affaire Bettencourt, le ministre du Travail chargé de porter le dossier emblématique du quinquennat est plus proche de la sortie que de la promotion. Après le lâchage par les syndicats, la curée politique de l'opposition et, parfois, le désaveu de son camp, sa parole n'est plus ni audible ni crédible. C'est mission impossible de faire porter un message essentiel par un messager 3D : déboussolé (personnellement), déconsidéré (publiquement), dévalué (politiquement).
Plus grave peut-être, le gouvernement a perdu, cet été, la bataille de la communication sur le point de friction central de la réforme : son côté injuste. Le fait que l'effort exigé par la double butée légale ¯ âge de départ légal à 62 ans, âge du taux plein à 67 ans ¯ pèse d'abord sur les salariés modestes privés d'études, les exclus, les chômeurs de longue durée, les femmes...
En constatant que sept Français sur dix jugent la réforme « pas juste », le dernier sondage Ifop-dimanche ouest-france signe la victoire de l'explication syndicale sur la pédagogie gouvernementale. En même temps qu'il souligne, par ailleurs, un recul de l'adhésion à la mesure phare des 62 ans et une radicalisation des positions, a priori favorables à la mobilisation.
Mieux, à en croire le même sondage, les syndicats dégagent dans l'opinion une large majorité de soutien à leur journée de ce mardi 7 septembre. Là encore, sept Français sur dix ! Reste, évidemment, que tout le problème est de transformer l'essai dans la rue. Et là, c'est la bouteille à l'encre. Même le tandem CGT-CFDT, qui donne désormais le tempo revendicatif en France, fonctionne avec une réelle efficacité, en contraignant ses partenaires à s'aligner. FO en tête, qui a dû se résoudre à rentrer dans le rang, ne serait-ce que pour continuer à exister.
Pour autant, aucun conflit de rentrée n'a donné le moindre signal avant-coureur de la forte mobilisation qu'espèrent les syndicats. Ce qui est sûr, c'est que la clé la plus inédite du mouvement est apparemment entre les mains des jeunes. Neuf d'entre eux sur dix, toujours selon le sondage Ifop-dimanche ouest-france, affichent leur soutien à la journée du 7. Passeront-ils de l'adhésion symbolique à la contestation militante, eux qui répugnent, par ailleurs, à l'engagement syndical ? Leur réponse sera décisive.
En tout état de cause, les syndicats, s'ils veulent faire bouger la ligne élyséenne, sont condamnés à faire sensiblement plus fort que le 24 juin. Simplement rééditer le score de juin serait perçu comme une incapacité à accentuer et à accélérer la mobilisation, au moment précis où le temps parlementaire enclenche, lui, la vitesse supérieure. Le temps est clairement l'allié du gouvernement.
Les sables mouvants japonais
L'électrochoc n'a pas eu lieu. Lorsque les économistes ont annoncé, à la mi-août, que le PIB japonais avait été inférieur au deuxième trimestre à celui généré, sur la même période, par la Chine, Tokyo est resté de marbre. Quelques experts et officiels japonais ont bien reconnu à mi-voix que leur pays allait abandonner à la Chine, en 2010, le titre de deuxième puissance économique mondiale qu'il détenait depuis plus de trente ans, mais ils ont immédiatement pointé l'évolution mécanique des courbes statistiques et rappelé avec insistance que leur PIB par habitant, mesuré à 39.731 dollars, restait dix foix supérieur à celui de leur voisin communiste. Même dans les médias nippons les plus critiques, la symbolique de ce bouleversement du classement économique mondial n'a pas généré de réel débat. L'arrivée quotidienne en convois de bus de fortunés touristes chinois dans les boutiques de luxe du quartier Ginza de Tokyo n'interpelle personne.
Il y a encore dix ans, la puissance économique japonaise, tant redoutée en Occident dans les années 1980, était pourtant encore plus de deux fois supérieure à celle de la Chine. Les experts pariaient alors sur un « rattrapage chinois » dans les années 2015 ou 2020. La crise financière de 2008, qui a plongé le Japon dans la récession, et l'insolence d'une croissance chinoise, dopée à coups de crédits bancaires par le Parti, auront accéléré leurs scénarios sans véritablement émouvoir les élites japonaises, qui semblent de plus en plus tournées sur elles-mêmes et n'ont enclenché, ces dernières années, ni les réflexions ni les chantiers qui auraient permis à leur pays de défendre, au moins un temps, sa deuxième place sur le podium. Comme l'avaient fait ses nombreux prédecesseurs avant lui, Naoto Kan, l'actuel Premier ministre, vient de proposer, pour sortir le pays de son marasme, un énième plan de relance mêlant une timide politique d'assouplissement monétaire et quelques vagues dépenses publiques limitées par l'énorme dette du pays -évaluée à 10.000 milliards de dollars, elle équivaut à 200 % du PIB -sans oser amorcer de véritable réflexion sur l'identité économique du pays. Confronté au vieillissement accéléré de sa population, le pays n'a toujours pas décidé s'il souhaitait développer, à moyen terme, une société à l'européenne où un complet système de protection sociale serait géré par de lourdes et coûteuses structures gouvernementales ou opter pour un modèle américain plus minimaliste et économe.
L'organisation le 14 septembre prochain de cruciales élections internes au sein du Parti démocrate du Japon (DPJ), qui dirige le pays depuis seulement un an après plusieurs décennies de domination conservatrice, pourrait être l'occasion de raviver ces questionnements. Le chef du gouvernement va affronter pour la présidence de cette formation Ichiro Ozawa, l'un des politiciens les plus machiavéliques du pays. Le vainqueur de ce duel au sein de la formation majoritaire prendra naturellement la direction du prochain gouvernement et pourrait théoriquement réinventer la stratégie de réforme de la nation.
Mais, depuis qu'ils sont entrés en campagne, en début de semaine, auprès des parlementaires de leur groupe et des petits cadres locaux du parti, qui voteront le 14 septembre, les deux hommes ont apparemment opté pour un affrontement plus classique concentré sur les maux traditionnels du pays. Ils ont ainsi consciencieusement promis de lutter contre le vieillissement de la population et le drame de la déflation. Pariant sur une baisse continue des prix, les ménages japonais ne cessent de retarder leurs achats et contraignent les entreprises à enclencher d'interminables campagnes de promotion qui pèsent sur leurs profits. Les deux hommes ont aussi assuré qu'ils allaient lutter contre l'envolée du yen, qui apparaît comme le plus pressant des défis de l'Archipel.
Malgré une croissance en berne, des taux d'intérêt proches de zéro et une Bourse déprimée, le yen continue en effet de s'apprécier et de peser sur les performances du secteur exportateur, qui reste, avec la consommation, l'un des principaux moteurs de la croissance japonaise. La semaine dernière, la devise japonaise a atteint son plus haut niveau des quinze dernières années face au dollar et battu de nouveaux records contre l'euro. Les investisseurs, qui redoutent une détérioration de la conjoncture aux Etats-Unis et en Europe, continuent d'investir dans le yen, qui apparaît, en partie grâce aux surplus de la balance japonaise des paiements, comme une valeur refuge. Cette escalade affole les industriels locaux. Toyota estime qu'il perd 30 milliards de yens (350 millions de dollars) chaque fois que la monnaie nationale gagne un yen contre le billet vert -hier 1 dollar ne valait plus que 85 yens.
Concentrant une partie de leur campagne sur ce malaise, Naoto Kan et Ichiro Ozawa ont annoncé qu'ils emploieraient « tous les moyens possibles » pour faire baisser la valeur du yen. Mais ces déclarations chocs n'ont pas ému les marchés, conscients que l'exécutif japonais n'a presque plus prise sur le cours de sa monnaie. Pour enclencher une baisse significative de sa devise, la banque centrale devrait non seulement vendre massivement du yen sur les marchés, mais également convaincre d'autres investisseurs internationaux de suivre sa stratégie. Le scénario paraît peu probable tant les Etats-Unis et l'Union européenne semblent peu enclins à tolérer un renchérissement de leurs propres devises en cette période de doute.
Face aux combats stériles de ses dirigeants qui feignent toujours d'ignorer ces contraintes internationales et se concentrent sur l'accumulation de postes, l'opinion publique, qui avait espéré un renouveau de la politique en votant l'an dernier pour le Parti démocrate du Japon, semble résignée et en est désormais réduite à parier sur le temps de survie de ses Premiers ministres. Si Ichiro Ozawa emportait la présidence du DPJ le 14 septembre prochain -il est très impopulaire dans la population, mais bénéficie d'un fort réseau de soutien au sein de la formation politique -il deviendrait le sixième Premier ministre du pays depuis le départ de Junichiro Koizumi en septembre 2006.
L'électrochoc n'a pas eu lieu. Lorsque les économistes ont annoncé, à la mi-août, que le PIB japonais avait été inférieur au deuxième trimestre à celui généré, sur la même période, par la Chine, Tokyo est resté de marbre. Quelques experts et officiels japonais ont bien reconnu à mi-voix que leur pays allait abandonner à la Chine, en 2010, le titre de deuxième puissance économique mondiale qu'il détenait depuis plus de trente ans, mais ils ont immédiatement pointé l'évolution mécanique des courbes statistiques et rappelé avec insistance que leur PIB par habitant, mesuré à 39.731 dollars, restait dix foix supérieur à celui de leur voisin communiste. Même dans les médias nippons les plus critiques, la symbolique de ce bouleversement du classement économique mondial n'a pas généré de réel débat. L'arrivée quotidienne en convois de bus de fortunés touristes chinois dans les boutiques de luxe du quartier Ginza de Tokyo n'interpelle personne.
Il y a encore dix ans, la puissance économique japonaise, tant redoutée en Occident dans les années 1980, était pourtant encore plus de deux fois supérieure à celle de la Chine. Les experts pariaient alors sur un « rattrapage chinois » dans les années 2015 ou 2020. La crise financière de 2008, qui a plongé le Japon dans la récession, et l'insolence d'une croissance chinoise, dopée à coups de crédits bancaires par le Parti, auront accéléré leurs scénarios sans véritablement émouvoir les élites japonaises, qui semblent de plus en plus tournées sur elles-mêmes et n'ont enclenché, ces dernières années, ni les réflexions ni les chantiers qui auraient permis à leur pays de défendre, au moins un temps, sa deuxième place sur le podium. Comme l'avaient fait ses nombreux prédecesseurs avant lui, Naoto Kan, l'actuel Premier ministre, vient de proposer, pour sortir le pays de son marasme, un énième plan de relance mêlant une timide politique d'assouplissement monétaire et quelques vagues dépenses publiques limitées par l'énorme dette du pays -évaluée à 10.000 milliards de dollars, elle équivaut à 200 % du PIB -sans oser amorcer de véritable réflexion sur l'identité économique du pays. Confronté au vieillissement accéléré de sa population, le pays n'a toujours pas décidé s'il souhaitait développer, à moyen terme, une société à l'européenne où un complet système de protection sociale serait géré par de lourdes et coûteuses structures gouvernementales ou opter pour un modèle américain plus minimaliste et économe.
L'organisation le 14 septembre prochain de cruciales élections internes au sein du Parti démocrate du Japon (DPJ), qui dirige le pays depuis seulement un an après plusieurs décennies de domination conservatrice, pourrait être l'occasion de raviver ces questionnements. Le chef du gouvernement va affronter pour la présidence de cette formation Ichiro Ozawa, l'un des politiciens les plus machiavéliques du pays. Le vainqueur de ce duel au sein de la formation majoritaire prendra naturellement la direction du prochain gouvernement et pourrait théoriquement réinventer la stratégie de réforme de la nation.
Mais, depuis qu'ils sont entrés en campagne, en début de semaine, auprès des parlementaires de leur groupe et des petits cadres locaux du parti, qui voteront le 14 septembre, les deux hommes ont apparemment opté pour un affrontement plus classique concentré sur les maux traditionnels du pays. Ils ont ainsi consciencieusement promis de lutter contre le vieillissement de la population et le drame de la déflation. Pariant sur une baisse continue des prix, les ménages japonais ne cessent de retarder leurs achats et contraignent les entreprises à enclencher d'interminables campagnes de promotion qui pèsent sur leurs profits. Les deux hommes ont aussi assuré qu'ils allaient lutter contre l'envolée du yen, qui apparaît comme le plus pressant des défis de l'Archipel.
Malgré une croissance en berne, des taux d'intérêt proches de zéro et une Bourse déprimée, le yen continue en effet de s'apprécier et de peser sur les performances du secteur exportateur, qui reste, avec la consommation, l'un des principaux moteurs de la croissance japonaise. La semaine dernière, la devise japonaise a atteint son plus haut niveau des quinze dernières années face au dollar et battu de nouveaux records contre l'euro. Les investisseurs, qui redoutent une détérioration de la conjoncture aux Etats-Unis et en Europe, continuent d'investir dans le yen, qui apparaît, en partie grâce aux surplus de la balance japonaise des paiements, comme une valeur refuge. Cette escalade affole les industriels locaux. Toyota estime qu'il perd 30 milliards de yens (350 millions de dollars) chaque fois que la monnaie nationale gagne un yen contre le billet vert -hier 1 dollar ne valait plus que 85 yens.
Concentrant une partie de leur campagne sur ce malaise, Naoto Kan et Ichiro Ozawa ont annoncé qu'ils emploieraient « tous les moyens possibles » pour faire baisser la valeur du yen. Mais ces déclarations chocs n'ont pas ému les marchés, conscients que l'exécutif japonais n'a presque plus prise sur le cours de sa monnaie. Pour enclencher une baisse significative de sa devise, la banque centrale devrait non seulement vendre massivement du yen sur les marchés, mais également convaincre d'autres investisseurs internationaux de suivre sa stratégie. Le scénario paraît peu probable tant les Etats-Unis et l'Union européenne semblent peu enclins à tolérer un renchérissement de leurs propres devises en cette période de doute.
Face aux combats stériles de ses dirigeants qui feignent toujours d'ignorer ces contraintes internationales et se concentrent sur l'accumulation de postes, l'opinion publique, qui avait espéré un renouveau de la politique en votant l'an dernier pour le Parti démocrate du Japon, semble résignée et en est désormais réduite à parier sur le temps de survie de ses Premiers ministres. Si Ichiro Ozawa emportait la présidence du DPJ le 14 septembre prochain -il est très impopulaire dans la population, mais bénéficie d'un fort réseau de soutien au sein de la formation politique -il deviendrait le sixième Premier ministre du pays depuis le départ de Junichiro Koizumi en septembre 2006.
Yann Rousseau
Le vrai danger de la rentrée
Une fois n'est pas coutume, les oracles du climat social, les Cassandre de la météo politique auront raison : la rentrée sera chaude. Voilà bien vingt ans qu'ils l'annonçaient et qu'aucune éruption ne se produisait plus avant la fin de l'automne dans un pays moins enclin, au retour des vacances, aux problématiques collectives qu'aux préoccupations personnelles. Nul doute cette fois : chauffés tout l'été sur les plages par les caravanes syndicales, assourdis au feuilleton de l'affaire Bettencourt-Woerth, nourris de l'injustice supposée faite aux Roms, les Français se mobiliseront en masse demain. Contre tout et rien, contre la réforme des retraites, contre la rigueur imposée par la crise, mais aussi contre la politique de sécurité, contre ces liens prêtés au pouvoir avec l'argent, contre un style de présidence, et puis, et puis, et puis…
Le communiqué final de cette apothéose de la contestation populaire - précédée, en lever de rideau, d'un mouvement d'enseignants -est déjà écrit par les syndicats. Vrai ou faux, il y aura demain, pour les besoins de la cause, 2 millions de manifestants au bas mot. Mais il ne faut pas s'y tromper, ce ne sera pas le début d'une dynamique incontrôlable similaire à celle de l'automne de 1995, mais la fin d'un cycle. Car, même si d'autres journées seront programmées, les syndicats se sont bel et bien résignés à voir l'âge légal de la retraite passer de 60 ans aujourd'hui à 62 ans en 2018. En atteste la tentative de François Chérèque de négocier sur la deuxième borne, celle de l'âge donnant droit à la retraite au taux plein (65 ans qui doivent passer à 67 ans). A quoi bon mobiliser la France entière pour obtenir des concessions - sur la prise en charge de la pénibilité du travail notamment -que l'Elysée, Claude Guéant, a de nouveau offertes hier ? Pour revenir sur la réforme des retraites, la CFDT et la CGT placent maintenant leurs espoirs sur le printemps 2012, pas sur l'automne 2010.
Pour cette raison et parce que la réalité sociale est devenue meilleure, avec la baisse du chômage et l'accalmie dans les plans sociaux, cette rentrée pourrait bien n'être pas si périlleuse que cela pour Nicolas Sarkozy. Au contraire, puisque le débat parlementaire sur la réforme des retraites aura pour mérite de faire revenir à la surface l'immense mur financier que représente un système perdant 30 milliards d'euros par an alors qu'il engloutit déjà 15 % de la richesse nationale. Le vrai, le seul danger de la rentrée serait, au prétexte d'antisarkozysme, de contester, de minorer, de différer une réforme qui pèche plutôt par défaut que par excès de sévérité.
Une fois n'est pas coutume, les oracles du climat social, les Cassandre de la météo politique auront raison : la rentrée sera chaude. Voilà bien vingt ans qu'ils l'annonçaient et qu'aucune éruption ne se produisait plus avant la fin de l'automne dans un pays moins enclin, au retour des vacances, aux problématiques collectives qu'aux préoccupations personnelles. Nul doute cette fois : chauffés tout l'été sur les plages par les caravanes syndicales, assourdis au feuilleton de l'affaire Bettencourt-Woerth, nourris de l'injustice supposée faite aux Roms, les Français se mobiliseront en masse demain. Contre tout et rien, contre la réforme des retraites, contre la rigueur imposée par la crise, mais aussi contre la politique de sécurité, contre ces liens prêtés au pouvoir avec l'argent, contre un style de présidence, et puis, et puis, et puis…
Le communiqué final de cette apothéose de la contestation populaire - précédée, en lever de rideau, d'un mouvement d'enseignants -est déjà écrit par les syndicats. Vrai ou faux, il y aura demain, pour les besoins de la cause, 2 millions de manifestants au bas mot. Mais il ne faut pas s'y tromper, ce ne sera pas le début d'une dynamique incontrôlable similaire à celle de l'automne de 1995, mais la fin d'un cycle. Car, même si d'autres journées seront programmées, les syndicats se sont bel et bien résignés à voir l'âge légal de la retraite passer de 60 ans aujourd'hui à 62 ans en 2018. En atteste la tentative de François Chérèque de négocier sur la deuxième borne, celle de l'âge donnant droit à la retraite au taux plein (65 ans qui doivent passer à 67 ans). A quoi bon mobiliser la France entière pour obtenir des concessions - sur la prise en charge de la pénibilité du travail notamment -que l'Elysée, Claude Guéant, a de nouveau offertes hier ? Pour revenir sur la réforme des retraites, la CFDT et la CGT placent maintenant leurs espoirs sur le printemps 2012, pas sur l'automne 2010.
Pour cette raison et parce que la réalité sociale est devenue meilleure, avec la baisse du chômage et l'accalmie dans les plans sociaux, cette rentrée pourrait bien n'être pas si périlleuse que cela pour Nicolas Sarkozy. Au contraire, puisque le débat parlementaire sur la réforme des retraites aura pour mérite de faire revenir à la surface l'immense mur financier que représente un système perdant 30 milliards d'euros par an alors qu'il engloutit déjà 15 % de la richesse nationale. Le vrai, le seul danger de la rentrée serait, au prétexte d'antisarkozysme, de contester, de minorer, de différer une réforme qui pèche plutôt par défaut que par excès de sévérité.
JEAN-FRANCIS PÉCRESSE
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