TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 20 juin 2012

François Hollande est-il en train de préparer une reddition à l'Allemagne qui ne dit pas son nom ?

Autres sujets abordés cette semaine par Serge Federbusch : les débuts du "redresseur productif" Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et les rythmes scolaires, la République Twitter et la sortie de David Cameron sur l'accueil des exilés fiscaux français.

1 - Attention, un libéral s’apprêtant à capituler devant les Allemands se cache à l’Elysée !

Une déclaration passée inaperçue de François Hollande, la semaine dernière, aurait dû faire s’étrangler d’indignation la « gauche » : « Nous avons besoin de croissance, elle ne naîtra pas simplement de l'incantation, pas même de communiqués au terme de réunions européennes ou mondiales. La croissance ne naîtra pas non plus de dépenses publiques supplémentaires au moment où les Etats connaissent un endettement élevé. »
Ainsi donc, les théories les plus orthodoxes, qui postulent que la dépense publique, par effet d’éviction sur les marchés financiers (elle fait concurrence aux dépenses et emprunts privés) ou par effet d’anticipation sur les impôts à venir, ne conduit à aucune croissance supplémentaire, sont validées par le néo-président ex-socialiste !
Cette conversion doublée d’une reddition idéologique sans conditions s’accompagne d’une formule apparemment contradictoire : « La croissance peut surgir d'une volonté commune, celle que l'Europe peut affirmer, de mettre en place des instruments nouveaux : euro-obligations, instruments financiers, notre imagination peut être grande ... »
Mais qu’est-ce au juste ? Le « Journal du dimanche » nous en dit plus. François Hollande envisage un plan de «relance» à 120 milliards d’euros dont en réalité 55 milliards sont le déblocage de fonds structurels déjà existants et 65 milliards des levées d’emprunt de la Banque européenne d’investissement (BEI) ou de groupes d’Etats pour financer des projets d’infrastructures (Project bonds). Malgré les apparences, ceci ne va pas très loin : le seul secours d’urgence accordé aux banques espagnoles il y a quinze jours, sans aucun effet sur leur situation du reste, était du même ordre. Et les mesures d’assouplissement quantitatif - comprendre l’usage de la planche à billets - de Mario Draghi sont près de 10 fois plus importantes.
La modestie des objectifs de François Hollande en matière de relance prépare-t-elle l’opinion à un accord avec l’Allemagne qui aura en réalité imposé ses vues ? C’est probable.
Mais Hollande a-t-il le choix ? S’il ne prend pas, dans les semaines qui viennent, des mesures de grande rigueur budgétaire, cocufiant ses électeurs, les taux d’intérêt payés par la France vont rapidement monter et la situation budgétaire devenir intenable. C’est cela, ou commencer dès maintenant à préparer la sortie de l’euro.

2 – En France, Montebourg veut tous les pouvoirs

Encore une étrange déclaration du ministre du redressement industriel la semaine dernière. Dans sa ligne de mire, l’ARCEP, autorité de régulation des communications qui se voit reprocher les licences accordées à FREE, son rôle dans la libéralisation du secteur et le fait d’empiéter sur les prérogatives du « politique ».
Ainsi donc, le gouvernement, la présidence de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat, les régions, les départements et les grandes villes ne suffisent pas au Parti socialiste. Il faut également mettre au pas les rares autorités indépendantes qui subsistent. 
Car, selon cet interventionniste en chef, il importe de : « Remettre de l'ordre dans les télécoms. Comment donc avons-nous trouvé le génie de mener la concurrence du marché à un tel point qu'il s'auto-détruit ?".
Le fait que la baisse des prix à la consommation - dont se réjouissent les utilisateurs français de téléphone portable - et la pression concurrentielle soient les plus importants facteurs de croissance et de création d’emplois à moyen et long termes est évidemment ignoré de ce ministre qui cherche à réhabiliter l’étatisme industriel. Mais il est vrai qu’il n’est pas en charge du redressement à long terme.

3 - Peillon plus tard

Le pauvre Vincent Peillon, cavalier minuscule sur le dos du Mammouth de l’éducation nationale, ne sait plus à quelle idole sacrifier des jours ouvrés scolaires pour aussitôt en récréer à un autre moment de l’année. Monsieur Ayrault, le Premier ministre dont la tâche va consister essentiellement à garder les chiourmes gouvernementaux ne cesse, lui, de le recadrer. Il faut dire qu’il fut autrefois professeur dans le secondaire, tout comme monsieur Peillon. Dans la classe gouvernementale, les coups de règle sur les doigts et les bonnets d’âne vont bientôt reprendre du service. La « gauche » éducative et ministérielle est-elle en passe de renoncer à son pédagogisme délétère pour en revenir aux bonnes vieilles méthodes ?

4 - La Première Twitteuse de France et les Twittocrates

Ségolène Royal, avec ses clubs Désirs d’Avenir et son utilisation d’Internet, avait eu un temps d’avance, en 2007, pour souffler à la barbe de ses camarades la candidature à la présidentielle. Cinq ans plus tard, la voilà victime de la twittitude. Avec sa rivale Valérie Twitweiler pour figure de proue, journalistes et politiciens ont trouvé un nouveau langage commun : le twit (ou tweet on ne sait plus). 140 signes : c’est bien suffisant pour une réaction, un bon mot, un coup fumant, un anathème, une injure déguisée. Puisqu’il est impossible d’élaborer un projet et encore moins une pensée en si peu d’espace, on est vite dispensé de le faire. Le twit est un permis d’asséner, une dispense de démontrer.
Enfant de la société des réseaux, le twit favorise la connivence et l’endogamie politique : de followers à followers, on s’ausculte, on se diffuse. C’est le nombrilisme en nom collectif. Piégés par les téléphones portables et Youtube, qui enregistrent leurs dérapages verbaux, les politiques retrouvent la maîtrise de leur expression grâce au twit.
Le twit présente également l’avantage d’être compatible avec l’illettrisme. Inutile de se fatiguer en subtilités grammaticales et de trop regarder à l’orthographe. Sa brièveté vaut relâchement plus que concision. Le haïku japonais, tout en rapidité et de style enlevé, avait le goût de la sonorité, l’exigence du jaillissement poétique, le souci du beau. Le twit est dans l’immédiat à-peu-près.
« Son programme tient en un twit » s’est gaussé Obama en attaquant Mitt Romney, son adversaire républicain. Mais sa critique n’est guère plus prolixe, hommage du vice au vice.

Soyons réalistes, contentons-nous d’un twit : puisque tous font la même politique et qu’il n’y a pas de marge de manœuvre, twittons, twittons, il en restera toujours quelque chose.
Trop de twits va-t-il tuer le twit ? Pas sûr. En tous cas pas tout de suite. Il y aura d’abord les olympiades du twit, les twit-battles, les cafés-twits, une twit-banque centrale pour renflouer les Twit-Etats en faillite. Un jour, proche peut-être, un autre gadget aura évincé celui-là. Espérons au moins qu’il tienne le temps de cette mandature présidentielle. Car, sans être un twitter-addict, le président « normal » a capté l’esprit de ces messages : il en dit le moins possible.

5 - Shocking !

Décidément, il ne fait pas bon promener un socialiste français en Europe par les temps qui courent. Entre David Cameron qui se permet des ironies libérales, expliquant qu’il pourra financer ses services publics grâce à la richesse créée par les entrepreneurs français ayant fui la fiscalité prohibitive de leur pays et qui se seront réfugiés en Grande Bretagne et Mario Monti qui ne parle que d’augmenter la durée du travail pour sortir l’Italie de la crise, les idées de nos nouveaux gouvernants ne rencontrent que peu d’écho hors de France. Heureusement que nos médias ne sont pas gangrenés, eux.


Corrigé complet du sujet du bac philo : "serions-nous plus libres sans État ?"

Lundi, les élèves de terminale scientifique planchaient pour le bac philo sur le sujet "serions-nous plus libres sans État ?". Un sujet sur lequel Contrepoints a demandé à un professeur de philosophie un corrigé complet pour nos lecteurs.

Décidément, les sujets du bac de philosophie offrent parfois de belles surprises. L’an dernier, nous avions en série ES : L'égalité est-elle une menace pour la liberté ? Cette année en S, un sujet sur la liberté sans l’État. Le corrigé que nous proposons ici n’est pas une thèse doctorale qui prétendrait faire avancer la recherche fondamentale sur le sujet. Il s’agit de pistes de réflexions, rédigées dans l’esprit du baccalauréat. L’agencement des diverses parties dans une dissertation a nécessairement un caractère artificiel. Aucun plan ne s’impose et aucun auteur n’est véritablement incontournable. Il s’agit plutôt d’apporter un point de vue à la fois personnel et argumenté sur une question classique. C’est un exercice académique qui reste difficile à maîtriser pour les élèves, au terme d’une courte année de découverte de la philosophie. Mais c’est aussi un exercice qui oblige à penser, à penser rigoureusement et qui ne peut donner de bons résultats qu’à ce prix-là.
Introduction
L’État peut être défini comme une instance séparée de la société civile, chargée d’administrer la société. Or si l’État semble nécessaire, c’est que la liberté des uns est menacée par l’agression des autres. Mais le paradoxe est que si l’État exerce un pouvoir intrusif, au nom même de la liberté, il devient lui-même liberticide. Si l’État est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous risquons de périr. L’État est-il alors la solution ou le problème ? Serions-nous plus libres sans l’État ?
Nous présenterons successivement trois grandes figures de l’État et leurs conséquences pour la liberté. L’État social est d’abord envisagé comme le mieux à même de remédier à la violence naturelle de l’homme. La suppression de l’État, considéré comme un bandit, est envisagée dans une seconde partie. Enfin nous montrerons que, si l’État est un mal nécessaire, la réduction de son emprise sur les individus et l’autonomisation de la société est, à tout le moins, souhaitable.
1° Thèse : nous serions esclaves sans l’État (l’État social)
L’homme est un être de passions, animé de tendances contradictoires. Cependant il est nécessaire de trouver des principes régulateurs de ces passions afin d’éviter les dérives anarchiques et les violences qu’elles entraînent. L’institution du politique par le biais d’un contrat juridique apparait comme la solution la plus classique de ce problème.
Hobbes, à la suite de Machiavel, est convaincu que « l'homme est un loup pour l'homme ». Il écrit : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun » (Léviathan, 1651, trad. F. Tricaud, Éd. Sirey, 1971, p. 124). Logiquement, il imagine un État-Léviathan capable de faire peur aux hommes, afin d’éviter le retour de la guerre civile, qui caractérise l’état de nature. Le Léviathan est un homme ou une assemblée d'hommes qui, par un contrat passé entre tous les membres de la société, est entièrement souverain sur la société. Le contrat fonde ainsi un régime autoritaire : le souverain domine la société, et il a pour charge de garantir l'ordre, y compris par la peur. En faisant respecter l'ordre, il apporte la sécurité et donc la possibilité d'entreprendre de réelles actions. Le Léviathan est donc une entité autoritaire et qui tire sa légitimité du contrat passé entre tous les hommes pour établir leur sécurité.
Chez Rousseau, le postulat anthropologique est à l'exact opposé du précédent : dans l'état de nature, l'homme est bon. L'homme est naturellement bon, et il est bon parce qu'il est asocial. Dans l'état de nature, l'homme vit seul, libre et égal aux autres puisqu’il est indépendant d’eux. Il ne rencontre que très rarement ses semblables. Avec le passage à la société et la vie en commun, l'homme naturel a été totalement perverti. Les deux maux de l’humanité sont apparus : la servitude et l’inégalité. Dès lors, comment concevoir un état de la société qui permettrait de retrouver la liberté et l’égalité ? Par quel moyen atteindre une société où les hommes seraient, dans leur être social, comme dans l'état de nature ?
Continuant son raisonnement, Rousseau pense qu'il faudrait une société où les hommes participent équitablement au gouvernement, en vue du bien commun. Le but final de la politique, qui n'a plus rien à voir avec l'impératif de sécurité de Hobbes, serait l'égale participation à la vie publique des citoyens. Ainsi les hommes seraient libres car autonomes. Ils n’obéiraient qu’à la volonté générale, c’est-à-dire à eux-mêmes.
Sur le plan social, Rousseau pense également que « tout est source de mal au-delà du nécessaire physique. La nature ne nous donne que trop de besoins ; et c’est au moins une très haute imprudence de les multiplier sans nécessité, et de mettre ainsi son âme dans une plus grande dépendance ». Par conséquent, selon lui : « l’une des fonctions les plus importantes du gouvernement est de prévenir l’extrême inégalité des fortunes. » Les impôts devront être conçus de manière à construire une société juste à travers l’éradication de la consommation superflue.
Transition 
Au fond, Rousseau ne fait que substituer le pouvoir absolu de la majorité ou du peuple, au pouvoir absolu du Prince. Le modèle contractualiste absolutiste de Hobbes, a simplement été aménagé par Rousseau. Le seul État légitime, est un État démocratique sur lequel le pouvoir du peuple est absolu. Ce modèle s’est historiquement incarné, selon des modalités diverses, aussi bien dans le jacobinisme républicain que dans le socialisme. Dans les deux cas, si le peuple est le seul souverain légitime, il est habilité à organiser la société et à régir les libertés individuelles, au nom de la vertu ou bien au nom de l’égalité. Le problème est qu’alors, sous prétexte de la libérer, l’État absorbe la société et ainsi la détruit. La société n’est-elle pas libre qu’à condition de se débarrasser de l’État ? Telle est la solution préconisée par les anarchistes.
2° Antithèse : c’est l’État qui nous rend esclaves (l’État bandit)
A l’origine de tout État, selon les anarchistes, il y a une usurpation de la souveraineté des individus par une bande de brigands qui se font passer pour des bienfaiteurs de l’humanité. L’État dispose d’un appareil idéologique capable de faire passer son agression pour de la protection. L’État, c’est une organisation criminelle qui a réussi en réprimant violemment toute concurrence émergente. Ainsi Lysander Spooner au XIXe siècle écrit : « L’État est une association secrète de voleurs et d’assassins dont la législation est une usurpation et un crime » (Outrage à chefs d’Etats). Le philosophe et économiste américain Murray Rothbard au XXe siècle affirme que « L’État substitue à la lutte pacifique pour le service mutuel, la lutte à mort d’une compétition darwiniste pour les privilèges politiques » (Éthique de la liberté). On trouverait facilement des formules équivalentes chez les européens Joseph Proudhon, Max Stirner ou Mikhail Bakounine, les trois grands anarchistes du XIXe siècle. Mais développons l’argumentation de Rothbard, le plus contemporain et sans doute du plus original de tous, grand admirateur du Discours de la servitude volontaire de La Boétie.
Les théoriciens de l’État social expliquent que l'impôt est volontaire : c’est un contrat passé entre l'État et le peuple. Dans son livre, Rothbard conteste cette idée d’un consentement à l'impôt. L'impôt c'est le vol, car il n'est pas volontaire. En effet, écrit-il, « il suffit, pour réfuter cette thèse, de se demander ce qui arriverait si les hommes de l'État renonçaient à l'imposition et se contentaient de demander des contributions volontaires. Y a-t-il quelqu'un qui pense vraiment que le trésor public verrait toujours affluer des fonds comparables aux phénoménales recettes de l'État actuel ? »
De même, avant la naissance de l’État moderne, explique Rothbard, il existait des systèmes de justice privée fondés sur des pratiques commerciales. En cas de litiges, des arbitrages étaient rendus par des tribunaux privés au terme d’une négociation entre les parties. Or l'État s’est assuré le monopole de la justice, en absorbant ce qui était autrefois les systèmes de justice privés. Et pour masquer son immoralité, l’État a inventé de faux crimes :
  • les crimes sans victime (drogues, jeux d’argent, pornographie…)
  • les crimes contre la société (marché noir, évasion fiscale…)
En effet, un crime implique toujours la violation des droits d’une victime. Se faire du mal à soi-même est peut-être immoral mais ne peut être illégal. De même, la société n’existe pas en dehors des individus qui la composent, elle n’est donc pas un sujet de droit et ne saurait être une victime. Donc de telles notions sont contradictoires dans les termes car ce sont des crimes sans victime.
Toutefois, l’anarchisme n’est pas un retour au désordre. La thèse anarchiste, c’est l’ordre sans l’État, c’est-à-dire la liberté sans l’État. « La liberté est la mère et non la fille de l’ordre », disait Proudhon. Tout d’abord la raison en est que c’est l’État qui, en opprimant, est la source du désordre social. Par ailleurs l’anarchisme n’est pas l’anomie. Toute société a besoin de règles. La question est de savoir si ces règles doivent être imposées d’en haut par une autorité supérieure arbitraire ou si elles peuvent se déduire naturellement d’un principe éthique universel qui ne soit pas l’expression de privilèges ou de rapports de force politique.
Bien sûr, les anarchistes répondront différemment, selon qu’ils sont collectivistes ou individualistes, communistes ou capitalistes. A cette question Murray Rothbard, dans son Éthique de la liberté a répondu que l’on pouvait déduire tout le système de règles du seul principe de non-agression. Le principe de non-agression n’est en fait que le négatif des droits naturels inaliénables. La seule chose qui puisse s’imposer à moi de façon absolue et inconditionnelle, c’est la liberté d’autrui, expression de sa dignité. Cette liberté-là m’interdit de faire usage de la force contre lui aussi longtemps qu’elle ne fait pas usage de la force contre moi.
Transition
En supprimant l’État, la société se libère mais ne se débarrasse pas pour autant du problème de la violence. En instaurant des agences de sécurité privées, les individus finissent par recréer inévitablement un État minimal, sorte d’agence centrale chargée de coordonner, au moindre coût, les actions de défense, de police et de justice. Finalement, ce à quoi s’opposent catégoriquement les anarchistes, c’est moins à l’État en tant que système de règles institutionnelles qu’au gouvernement, c’est-à-dire à la politique, comme intervention permanente de la puissance publique dans les choix particuliers des individus privés. Dès lors problème se repose : comment concilier la nécessaire indépendance des citoyens vis-à-vis de la puissance publique avec l’exigence de sûreté, elle-même nécessaire à la liberté ?
3° Synthèse : l’État et la société doivent se limiter réciproquement (l’État arbitre) pour garantir davantage de liberté.
La racine de la violence n’est peut-être pas la méchanceté des hommes. Selon Adam Smith et les penseurs de l’économie politique classique, c’est la rareté des biens qui provoque la guerre, la spoliation et la plupart des conflits. Il existe alors un remède à ce problème : la propriété, la division du travail, la concurrence et les échanges, ce qu’on appelle le marché. Le marché est à même de réduire la pénurie et de subvenir aux besoins de chacun, mieux que n’importe quel système politique. Adam Smith considère alors que ce qui est le mieux à même de fonder la paix civile et donc la liberté, ce n’est pas la contrainte de la loi mais l’échange :
  • La relation humaine la plus originelle n’est pas la relation de commandement et d’obéissance, mais la relation économique et marchande.
  • De plus, la relation politique est par définition hiérarchique et inégalitaire, la relation économique est au contraire égalitaire et libre.
  • Enfin, dans l’une, la recherche de l’intérêt égoïste conduit à la violence et à la guerre, tandis que dans l’autre elle contribue à l’ordre et à la paix civile.
Dans cette perspective, la société s’auto-institue librement. Elle n’a pas besoin de tutelle pour exister. Toutefois Adam Smith admet que l’État puisse avoir un rôle auxiliaire à jouer : la protection des droits individuels par la répression des fraudes, des abus et des crimes, ainsi que la défense de la société contre un agresseur extérieur.
C’est ainsi que Locke attribue à l’État la mission de « défendre la propriété » individuelle, c’est-à-dire « la vie, la liberté et les biens » de chaque associé (Du gouvernement civil, § 87). Contrairement à Hobbes, l’état de nature chez Locke n’est pas un état de guerre, c’est un état de paix, de liberté et d’égalité, régi par la loi naturelle. Bien que la loi naturelle nous interdise de nuire à autrui, l’existence de « prédateurs », dit Locke, pose un problème. Si chacun est juge de sa propre cause, les conflits risquent de se transformer en vendetta généralisée. Il manque donc un arbitre impartial pour régler les conflits, c’est-à-dire des juges indépendant et des lois écrites.
Précisons encore : la politique ici n’est pas créatrice d’ordre social. L’ordre provient d’abord de la société elle-même. En effet, dans la tradition de l’économie politique, le marché est un ordre auto-organisé, qui permet à chacun de poursuivre son intérêt tout en contribuant à rendre des services aux autres. Fondé sur la réciprocité des intérêts et des besoins, l’échange n’est jamais un « jeu a somme nulle » mais un « jeu a somme positive », mutuellement bénéfique. Toutefois, si la politique ne crée pas l’ordre, elle a pour tâche de le maintenir, au besoin par la menace et l’usage de la force. Si la violence des uns est le principal obstacle à la liberté des autres, l’État sera toujours un mal nécessaire. Mais ce mal, s’il ne peut être supprimé, doit néanmoins être strictement encadré et contrôlé.
En effet l’État n’a pas à intervenir dans les affaires privées des individus, sans quoi il trahirait sa mission et deviendrait despotique. De plus, en entravant la loi du marché par ses interventions, l’État favorise toujours les intérêts particuliers des groupes les mieux organisés et contribue ainsi à la violence légale.
Le problème de la liberté devient donc le problème de la limitation du pouvoir de l’État. Selon Benjamin Constant, la liberté des Anciens consistait à s’affranchir de la vie privée afin de participer à la vie politique (voire impérativement le lien avec le travail, et la notion de travail). C’est une liberté qui a donc un contenu concret : la participation collective à la citoyenneté. Être libre, c’est pouvoir exercer ses droits de citoyens, débattre, voter, participer à la vie politique de la Cité. C’est cette liberté là que Rousseau a voulu instaurer avec son fameux Contrat Social. Mais cette liberté collective se paie par le sacrifice de la liberté individuelle.
La liberté des modernes consiste au contraire à ne pas être empêché de rechercher le bonheur comme on l’entend. Il faut donc instituer une frontière entre la vie publique et la vie privée et s’affranchir de la contrainte collective, pour être libre de participer à la vie privée et s’y épanouir. Chaque fois que l’État sort de son rôle et franchit cette ligne il devient insupportable.
Conclusion 
« Que l’État se borne à être juste, nous nous chargeons de notre bonheur » écrit Benjamin Constant.  L’État arbitre serait donc un État qui prendrait en compte les exigences de la sûreté mais qui ne prétendrait pas faire le bonheur des hommes en leur imposant ses directives. Si l’État est un mal, il reste néanmoins un mal nécessaire : limiter les prétentions arbitraires d’un individu sur un autre individu. Mais comment limiter l’État lui-même ? Tel est le défi à relever pour garantir la liberté. Selon Benjamin Constant et Alexis de Tocqueville, c’est le rôle de la constitution, de la presse et des associations civiles, que de limiter le pouvoir politique à ses fonctions d’arbitre en vue de la protection des libertés. Encore faudrait-il que la presse et les associations soient réellement indépendantes et que la constitution ne soit pas manipulée au gré des opinions fluctuantes. Et l’auteur de la Démocratie en Amérique conclut ainsi son livre : « Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales ; mais il dépend d’elles que l’égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères. »
A consulter :
le cours de philosophie de Damien Theillier (manuel complet d’initiation, livre+DVD)
L’État, textes choisis et présentés par Atila Ozer, GF Flammarion, collection Corpus. (Un excellent petit livre avec une introduction fort bien pensée et des textes de Hayek, Buchanan, Popper, Nozick ou Rothbard).
A lire pour compléter, sur le blog de Damien Theillier :
Karl Popper versus Platon
Murray Rothbard : « L’impôt c’est le vol »
Libéral, auras-tu ton bac ?
Sur les sujets du bac philo 2012, avec l’analyse de 3 professeurs de philo, dont Damien Theillier

Le Sapeur Camember, grand précurseur de Keynes

Chacun peut  donc voir que les nouvelles équipes qui viennent d’arriver au pouvoir ont parfaitement intégré les théories économiques du sapeur Camember, revues et améliorées par Keynes, ce qui j’en suis sûr va pleinement rassurer le lecteur…
Apparemment notre nouveau Président a trouvé la solution à la crise européenne, solution qui jusque là avait échappé à tout le monde et surtout aux Allemands. Il nous faut emprunter plus par l’intermédiaire d’organisations qui pour l’instant ont encore des bilans relativement sains du style de la Banque européenne d’investissement et se lancer avec cet argent dans des investissements massifs, du type routes qui ne mènent nulle part ou ponts qui ne servent à rien.
Notre Président veut réinventer les ateliers nationaux qui avaient piteusement échoué en…1848, ce qui donne une idée de la modernité de sa pensée et cela à l’époque de l’économie de la connaissance.

On est émerveillés…
C’est bien entendu ce que font les Japonais depuis vingt ans et les Américains depuis l’arrivée de monsieur Obama, avec les succès que chacun peut constater. Nos élites ne se rendent pas compte que la crise actuelle n’est pas une crise de sous-consommation comme ils le pensent, mais une crise de la surconsommation étatique financée par un excès de dette. Nous souffrons d’avoir un État dont le poids est trop lourd et qui pour se financer emprunte de l’argent que nos enfants devront rembourser.
Chacun sait que la dette n’est que de l’impôt différé et que la marque d’une Démocratie est que l’impôt est voté par ceux qui vont devoir le payer. Nous collons cependant des impôts énormes (par l’intermédiaire de la dette que nous allons leur laisser) sur nos enfants ou nos petits-enfants sans qu’ils aient pu les voter, ce qui est la marque non pas d’une Démocratie, mais d’une démagogie dont le seul but est que la génération actuelle, celle qui vote, ne souffre en aucun cas de ses incontinences.
Voila qui est déjà insupportable.
Mais il y a pire : nos dirigeants font cela en prétendant qu’ils sont compétents et qu’ils savent ce qu’ils font parce qu’ils ont été dans des écoles où on leur a enseigné le Keynésianisme, merveilleuse doctrine économique qui soutient que pour faire de bonnes récoltes, il est nécessaire de bouffer les semences avant même de les avoir mis en terre et qu’il suffit ensuite d’emprunter à son voisin qui lui a semé en temps et en heure de quoi se nourrir et que ce faisant ils font le bonheur du voisin qui sans cela n’aurait eu personne  à qui vendre sa récolte. Ici je suis injuste (ce qui est le crime suprême d’après notre Président) : On peut aussi non pas lui emprunter de l’argent, mais simplement le lui voler en le taxant à mort, ce qui est une solution qui permet à la justice fiscale de s’exercer pleinement.
On voit la profondeur de l’analyse et à quel point la fourmi avait tort et la Cigale raison.
Mais enfin, voila ce que l’on enseigne dans nos grandes écoles, ce qui suffit sans doute à expliquer le marasme invraisemblable dans lequel se trouve notre pays qui a à peu près tout pour réussir, sauf bien entendu des gens compétents et courageux à sa tête.
Mais pour rétablir la vérité historique il faut rappeler ici un point important : cette théorie développée par Lord Keynes dans les années trente avait déjà été mis en lumière par le Sapeur Camember, célèbre économiste français de la fin du XIX siècle et à qui Keynes a beaucoup emprunté sans jamais cependant reconnaître sa dette intellectuelle.
Ce grand homme, fort modeste, avait été chargé par son caporal de creuser un trou pour y enfouir des ordures. Ayant creusé son trou et y ayant mis les déchets, notre économiste déjà socialiste (sans le savoir) se retrouva devant un nouveau problème : que faire du tas de terre, conséquence logique du trou maintenant comblé ? Comme son caporal passait par là, la question fut posée. La réponse, fort simple fut bien sur de creuser un autre trou pour y déposer la terre et d’aller passer quatre jours au poste de police pour avoir importuné son Caporal avec des questions stupides.

La solution au problème de la dette nous dit le caporal Moscovici est de creuser un autre trou. Il fallait y penser !
Chacun peut donc voir que les nouvelles équipes qui viennent d’arriver au pouvoir ont parfaitement intégré les théories économiques du sapeur Camember, revues et améliorées par Keynes, ce qui j’en suis sûr va pleinement rassurer le lecteur…
Le même lecteur sera d’autant plus confiant si je lui dis que je n’ai jamais pu trouver la moindre trace d’une politique Keynésienne qui ait marché dans la réalité, jamais, nulle part et ce pour toutes les raisons que j’ai longuement expliqué dans « l’Etat est mort, vive l’État… »
Je ne doute pas que notre Président ne soit aussi un homme modeste, mais comme avait lancé  Churchill a qui quelqu’un avait dit qu’Attlee (son rival en politique) était un homme modeste: « Il a d’excellentes raisons d’être modeste».
Bref, compte tenu du niveau Camembérien de ce qui passe pour un raisonnement économique en France, il va me falloir essayer d’expliquer en termes suffisamment simples ce dont nous souffrons pour que même nos élites puissent comprendre, au cas fort improbable où elles se poseraient des questions sur leurs compétences et chercheraient des avis à l’extérieur (on peut toujours rêver) ou tomberaient par hasard sur ces lignes (re-on peut toujours rêver).
Je vais devoir procéder tout doucement pour ne pas les perdre en route, que le lecteur normal m’en excuse.
  1. Le poids de l’État français dans l’économie ne cesse de monter depuis 1970 au point aujourd’hui que ce poids représente 56 % du PNB.
  2. Toute hausse du poids de l’État dans l’économie déclenche un ralentissement du taux de croissance structurel de cette économie, ce qui fait baisser les recettes fiscales.
  3. Hausse des dépenses +baisse des recettes = déficit budgétaire en hausse perpétuelle, lequel ne peut donc être financé que par l’émission de dettes.
  4. Quand la dette atteint à peu près 100% du PNB, si les taux d’intérêts sont à 3 %, cela veut dire que le service de la dette consomme à peu prés l’accroissement de richesse attendu (3 % par an, si on est socialiste, 1.5 % par an dans la réalité).
  5. A ce point du processus, (je dois demander au lecteur de se concentrer car c’est là où nos élites cessent de comprendre), il se passe un phénomène curieux : toute la croissance du PNB va au service de la dette passée et si cette dette passée est détenue par des étrangers, cela veut dire que le pouvoir d’achat du travailleur français de base ne peut que stagner ou baisser.
  6. Si par hasard et par malheur nos élites continuent à distribuer des prébendes non gagnées du style réduction de l’âge de la retraite, alors nos taux d’intérêts peuvent monter brutalement comme l’ont montré les exemples grec, espagnol ou italien, et nous rentrons alors dans une trappe à dettes. Si ces taux doublent en raison de la défiance qui s’installe,  cela veut dire que le pouvoir d’achat du Français moyen devra baisser d’environ 3 % par an jusqu’ à ce que la dette soit remboursée ou à tout le moins stabilisée.
  7. L’économie rentre alors en dépression.
  8. C’est en général à ce moment-là que le FMI prend ses billets pour le pays en question et loue des bureaux sur place.
Nous sommes en train d’arriver au point numéro 6, en route vers le 7 où l’Espagne et l’Italie nous ont déjà précédés  …
Pour nous sortir du guêpier dans lequel nous nous sommes fourrés tous seuls, il y a en général deux stratégies et deux seulement.
  • Celle du FMI, basée sur une vision comptable des choses, qui a toujours et partout échoué.
  • Celle de l’économie de l’offre, qui a toujours et partout réussi.
Commençons par le FMI : les recommandations sont toujours les mêmes : il faut augmenter les impôts sur le secteur privé et mettre des fonctionnaires à la porte tout en diminuant le salaire de ceux qui restent, en maintenant des taux d’intérêts élevés pour tenir le taux de change. Ce « policy mix » de politiques budgétaires et monétaires restrictives  accompagnées par un taux de change surévalué a été essayé souvent dans l’histoire et a toujours conduit à une dépression (voir la Grèce, l’Espagne ou l’Italie en ce moment, ou la France et l’Allemagne en 1934).
Continuons avec la politique de l’offre. Comme la croissance ne vient que de l’action des entrepreneurs, il faut leur redonner des espaces de liberté pour renouer avec cette croissance qui avait disparue. Cela se fait d’habitude en laissant les taux de change et d’intérêts trouver leurs niveaux d’équilibre (ce qui rend nos entrepreneurs compétitifs vis-à-vis du reste du monde), tout en déréglementant les secteurs où l’État est et n’a pas grand-chose à faire.
L’exemple  type d’une politique de l’offre qui a réussi est celui de la Suède (pays représentatif de l’ultra libéralisme comme chacun le sait)  après sa faillite en 1992, qui a déréglementé et privatisé son système éducatif, l’hôtellerie dans les hôpitaux, ses systèmes de retraite et tous ses transports en commun. Moyennant quoi la Suède vingt ans après est en excédent des comptes courants, a des excédents budgétaires et a réduit sa dette en 20 ans de 90 % à 30 % du PNB tout en connaissant un quasi plein emploi et en empruntant à des taux inférieurs à ceux de l’Allemagne.
Comme l’Euro nous interdit de trouver notre niveau d’équilibre sur le taux de change, il nous sera à l’évidence impossible d’avoir des taux d’intérêts bas, qui ne sont que la conséquence d’une monnaie sous-évaluée, ce qui ne peut arriver avec une monnaie surévaluée.
Cela veut dire que notre pays va rentrer dans une trappe à dettes et de là en dépression, à moins bien sur que le Frankenstein qu’est l’Euro ne disparaisse dans les mois qui viennent et que le marché ne triomphe à nouveau, ce qui finira bien par arriver.
Mon message pour nos chères élites est donc tout simple :
  1. Nous sommes dans le long terme et Keynes est mort il y a bien longtemps.
  2. Ce que vous avez appris à l’école n’a jamais marché.
  3. Embaucher des fonctionnaires ne crée aucune croissance.
La seule chance pour notre pays est que vous réduisiez les coûts de fonctionnement de notre État, tout en laissant ceux qui savent créer de la valeur (les entrepreneurs) agir.
Ce qui veut dire qu’il faudrait songer à faire rentrer tous les entrepreneurs qui ont fui à l’étranger pour exercer leurs talents, par exemple en supprimant l’impôt sur la fortune tout en taxant lourdement ceux qui ne prennent pas de risques (les fonctionnaires) et en détaxant massivement ceux qui en prennent (les entrepreneurs).
C’est là où je mesure mon optimisme permanent.
Pas une seule personne raisonnable ne pense que ce scénario a la moindre chance de se produire et pourtant il est inévitable.
Les trimestres qui viennent vont être passionnants et je souhaite beaucoup de réussite au Parti qui va être directement et totalement responsable de ce qui va se passer en France dans les années qui viennent, c’est-à-dire au Parti Socialiste. Il va devoir faire exactement le contraire de ce que pourquoi il a été élu.
Voila qui va être passionnant à observer.

Los Cabos : premier fiasco diplomatique de François Hollande

François Hollande avait annoncé au cours de la campagne présidentielle qu’il ferait non seulement plier Angela Merkel (on a pu observer le succès de cette opération), mais qu’il obtiendrait également gain de cause face aux Chinois et plus globalement face aux autres dirigeants mondiaux. Le sommet du G 20 de Los Cabos ramène le président normal sur terre…

Il faut dire que François Hollande est beaucoup moins convaincant pour vendre ses projets flous (et/ou fous) quand il n’a pas le soutien sans faille de l’appareil médiatique… et comme Barack Obama, Vladimir Poutine et David Cameron ne sont pas abonnés au Monde et à Libération, cela donne un premier sommet international calamiteux pour François Hollande.
Le président socialiste était venu au Mexique avec deux idées centrales qu’il comptait imposer dans les débats : nomination d’un secrétariat permanent du G20  et établissement d’une taxe sur les transactions financières. Il n’aura eu gain de cause sur aucun de ces points et ses confrères l’ont poliment éconduit, se refusant jusqu’à mentionner ces thématiques.
L’apprentissage de la diplomatie pour celui qui jusqu’à récemment avait exercé les hautes fonctions de président du Conseil général de la Corrèze, et dont l’art en relations internationales se limitait à recevoir des lycéens allemands ou anglais de passage dans son département.
Et comme dans le même temps, l’état de grâce international de François Hollande a fondu au gré de ses premières décisions suicidaires (retour à la retraite à 60 ans, embauches de fonctionnaires,…) et a refroidi ses partenaires européens et même les Etats-Unis, la France est plus isolée que jamais sur la scène internationale… et François Hollande n’est en place que depuis un mois.

Une nouvelle campagne de la honte

Ça y’est ! Les élections sont terminées. Plus de présidentielles, plus de législatives, en tout cas pendant 5 ans, si tout se passe bien.
Et je vous le dis clairement : « enfin ! ». Enfin ! Enfin terminé, cette mascarade, cette hypocrisie, ces histoires inintéressantes dont on nous abreuvait, cette mise en avant de cette caste considérée comme des élites, nos élites. Des élites, ça ? Vous plaisantez, j’espère ? Avez vous vu le niveau de ces élections ? On pourrait retrouver exactement le même schéma dans n’importe quelle école primaire, ou des groupes qui ne s’aiment pas vont multiplier les crasses et les dénonciations à la maîtresse. Ce sont les journalistes qui font office de maîtresse, la différence notable étant que ces mêmes journalistes, au lieu d’engueuler ou de punir les vilains garnements, vont les féliciter et vivre de leurs déboires.
Critiques (1), attaques (2), manifestations (3), magouilles (4), violences (5), guerres d’affichages (6), guerres conjugales (7), rancunes (8)…… Au moins, on a pu voir une large panoplie des défauts du genre humain, quasiment l’intégralité de nos travers.

Et ce sont eux, nos élites ? Et ce sont eux, qui vont nous diriger ? Diriger la France ? Savent-ils au moins ce que cela signifie ? Depuis longtemps, désormais, nous parlons de nos politiques comme s’ils étaient importants, ce qui leur donne des ailes. Mais nous faisons erreur, et eux aussi. Car ce n’est pas leur personne qui est importante, mais leur poste ! La différence est énorme, et tant qu’on n’arrivera pas à la faire, nous continuerons d’être dirigé par des gens qui n’ont réussi que par coups bas et acharnement personnel. Tout ces politiques ne sont pas connus parce qu’ils sont compétents, ni même parce qu’ils ont fait de hautes études, mais bel et bien par leur acharnement et leur implication à se faire voir et entendre.
Vous ne me croyez pas ? Pourtant, bon nombre de nos politiques qui sont à l’affiche ont fait des erreurs et des choix catastrophiques, qui leur aurait valu un renvoi immédiat dans n’importe quelle entreprise.
Pour nos politiques, point de cela : dans le pire des cas, on démissionne, et on attendra bien sagement un autre poste, un autre ministère, une autre assemblée, une autre mairie, ce qu’ils auront à coup sur. Il n’y a qu’à voir le nom de nos politiques, identiques à ceux d’il y’a 20 ans, ou presque.
Je me demandais pourquoi, plus jeune, je ne m’intéressais pas à la politique. La réponse se trouve dans la question, tant nos élections font pitié. Et si ce n’était que les élections ! Mais non, cette nullité intervient tout au long des années, pour notre plus grand malheur. Et après, ils s’étonnent qu’il y’ait tant d’abstention ? Leurs manières, leurs discours, leurs mensonges, leur hypocrisie, leurs chamailleries… Ne peuvent que nous rendre allergique à cette caste.
On devrait s’en offusquer, mais c’est le contraire qui se passe : on s’en désintéresse. Au plus grand bonheur de nos politiques, vu notre système « démocratique » qui ne sanctionne ni les bulletins blancs trop élevés, ni l’abstention trop forte, et qui n’est en aucun cas proportionnelle. Et ne parlons même pas des votes en eux même… Avez vous voté en votre âme et conscience ? N’était-ce pas pour punir tel ou tel candidat, ou, plus fréquent, pour avoir le moins pire ?
Vous vous rendez compte ? On vote pour le moins pire ! C’est à dire, pour le meilleur des plus mauvais. Depuis combien de temps cela dure ? Depuis une vingtaine d’années, au moins. N’est-ce pas honteux de ne plus avoir de vrai choix ? Car, quant bien même vous allez voter pour le côté gauche ou le côté droit, mis à part sur quelques éléments bien précis (et souvent secondaires), les différences sont minimes, il n’y a depuis longtemps plus de choix de société.
Mais vous savez le pire ? C’est que je ne fais que d’effleurer le sujet, ne vous parlant que de la médiocrité de nos politiques et de leurs déboires, suite à ces campagnes de la honte. Car sur le sujet, bon nombre de choses sont à rajouter. Lamentable caste, gavée de nos impôts, moralisateurs et hypocrite, qui, au lieu d’œuvrer pour la France et pour son peuple, ne cherchent que la gloire, la renommée et des postes cumulés qui leur assurera une retraite confortable. Aucune vision sur le long terme, ou si peu, alors même que, théoriquement, c’est leur principal travail…. A quand la sanction ?
1 : http://www.youtube.com/watch?v=Hi6Kt9STQuM 2 : http://www.lemonde.fr/politique/video/2012/03/28/melenchon-attaque-marine-le-pen-a-lille_1676724_823448.html 3 : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/03/04/97001-20120304FILWWW00096-marseille-manifestation-contre-le-pen.php 4 : http://aurelinfo.over-blog.com/article-luce-pane-et-catherine-troallic-elue-avec-100-des-voix-107068967.html 5 : http://www.leparisien.fr/bobigny-93000/bagarres-a-saint-denis-apres-la-defaite-de-braouezec-18-06-2012-2054831.php 6 : http://www.campagneennord.fr/articles?page=1 7 : http://people.plurielles.fr/news-people/valerie-trierweiler-et-segolene-royal-la-hache-de-guerre-toujours-7231385-402.html 8 : http://www.tdg.ch/monde/europe/Segolene-Royal-Jospin-me-garde-une-vieille-rancune/story/29886953

Avec François Hollande, le retour des "faux prix", c'est maintenant !

Vouloir contrôler les prix de l'essence, les loyers, le SMIC, c'est casser leur rôle essentiel d'information, tout en étant une imprudence politique majeure : les Français ne cesseront jamais de protester contre des niveaux jugés tantôt trop bas, tantôt trop élevés.
Bien sûr, nous ne sommes pas en 1945 et on n’assiste pas à un blocage général des prix. Mais on prépare l’opinion à l’idée que, seul, le gouvernement, connaît le vrai prix. Lui seul pourrait les empêcher de monter (d’où les projets concernant les loyers ou le prix de l’essence) ou de baisser (hausse du SMIC), ou d’atteindre un niveau jugé excessif (salaires des patrons du secteur public ou honoraires médicaux). C’est un mauvais signal envoyé à l’économie : si les prix sont fixés arbitrairement en fonction de l’humeur du prince : ils ne jouent donc aucun rôle économique. Or, sans liberté des prix, le marché ne fonctionne plus. Mais c’est aussi une imprudence politique : les Français ne cesseront de protester contre des prix jugés tantôt trop bas, tantôt trop élevés.
Les loyers, l’essence, les honoraires médicaux… 

En juin 1945, une ordonnance avait fait du contrôle des prix et de leur fixation autoritaire la règle, la liberté étant l’exception. Il a fallu attendre l’ordonnance Balladur du 1er décembre 1986, pour que cesse un régime de prix contrôlés, avec des périodes plus dures (blocage) et d’autres plus souples (hausses limitées). Depuis, la quasi totalité des prix industriels est libre, ainsi qu’une grande partie des prix des services, surtout depuis l’ouverture à la concurrence des services publics. La règle est devenue la liberté, en dépit de nombreuses exceptions concernant certaines professions fermées.
Avec l’alternance politique, on peut se demander si l’on n’est pas reparti en sens inverse. Certes, pas question pour l’instant d’un blocage général, mais les alertes sont nombreuses. François Hollande avait déjà annoncé un blocage provisoire des prix de l’essence ; il n’est pas encore en place, car on découvre que des prix libres peuvent aussi baisser…et que les bloquer empêcherait la baisse. Les loyers sont dans le collimateur : il faut empêcher leur hausse « excessive » au moment d’un changement de locataire. On va les encadrer. Mais déjà certains proposent un blocage général de tous les loyers.
Voilà que l’on s’attaque également aux honoraires libres des médecins du secteur II, et l’ordre des médecins lui-même souhaite limiter les dépassements « excessifs » d’honoraires. A quand le retour généralisé aux seuls tarifs de la Sécu ?
Comme l’imagination des politiques est sans limite, on va trouver peu à peu d’autres secteurs où « les prix sont trop élevés ». Au Moyen-âge, on a cru que le calcul du juste prix était si complexe que Dieu seul pouvait le calculer, d’où le recours, avec l’école de Salamanque au XVI° siècle, au prix du marché concurrentiel comme juste prix. Voici donc que nos politiques se prennent pour Dieu et calculent eux-mêmes le juste prix.
Mais il n’y a pas que les prix des biens et services qui sont concernée. Le prix des facteurs de production (capital, travail) est également visé par les dirigistes. Pour le capital financier, il y a longtemps que les banques centrales manipulent le taux d’intérêt et les politiques ont même inventé le prêt à taux zéro. Pour le travail, nous avions expliqué il y a quinze jours que le SMIC était un faux prix du travail, un salaire artificiellement fixé. Voilà que non content de donner un coup de pouce au SMIC, le nouveau gouvernement propose aussi un salaire maximum : on commence par les patrons de groupes publics, en plafonnant le salaire du PDG à vingt fois le salaire le plus faible : on a donc un prix minimum et un prix maximum !
Toutes ces dérives conduisent à créer de « faux prix », qui induisent de mauvaises décisions. Nos dirigeants, actuels et passés, ne le savent pas, et voient dans le prix une variable électorale, pour se rendre plus populaire. En fait, les prix sont au cœur du marché ; leur liberté est essentielle, pour qu’ils puissent jouer leur rôle d’information, d’incitation, de régulation.
Le prix : information, incitation, régulation 
Il faut rappeler que le prix est avant tout un élément d’information sur la situation présente ou future du marché : il traduit les rapports entre l’offre et la demande. Un prix qui monte envoie un signal : il y a excès de demande ou insuffisance d’offre, donc pénurie potentielle. Un prix qui baisse, c’est l’inverse : excès d’offre, insuffisance de demande, donc surproduction potentielle. Voilà pour le signal. Sans prix libre, avec des prix arbitraires (les « faux prix » de Jacques Rueff), le signal d’alerte ne fonctionne plus.
Mais une information est destinée à quelqu’un : l’entrepreneur est là pour être vigilant et décoder les signaux des marchés ; il constate ici une pénurie, puisque le prix monte et est incité à offrir davantage, puisque les opportunités de profits sont plus fortes. Là le prix baisse, on offre déjà trop, les opportunités diminuent et l’entrepreneur est incité à quitter ce produit ou ce secteur pour aller ailleurs. Le consommateur lui aussi réagit au signal de prix. Les uns et les autres comparant les prix relatifs, c'est-à-dire d’un produit par rapport à un autre.
Cette mécanique des prix relatifs est l’élément régulateur du marché ; pas besoin de l’État ici, le marché se régule lui-même. Une pénurie fait monter le prix, décourage les clients encourage les offreurs et la pénurie disparait ; et inversement en cas de baisse des prix. Mais ce n’est pas un « équilibre » qui est atteint, car les goûts, les revenus, les marchés, les produits changent et les prix ne cessent de varier, appelant une adaptation permanente de la production à la consommation (et réciproquement). Bloquer les prix c’est paralyser l’économie dans un monde changeant.
Contrôler les prix crée des déséquilibres et ne réduit pas l’inflation 
Les conséquences du contrôle des prix, de ce gel de l’économie, sont connues. Si le prix est bloqué à un niveau trop bas, les produits disparaissent des étalages ; s’ils sont bloqués à un niveau trop élevé (prix agricoles garantis), c’est la surproduction qui menace.
Le salaire minimum crée du chômage : c’est bien payé, mais on ne trouve pas d’emplois ; les manipulations des taux d’intérêt provoquent un gaspillage des ressources financières. Bloquer le prix des loyers, c’est tuer l’incitation à investir dans l’immobilier locatif et créer, à coup sûr, la pénurie de logements. Les loyers sont bas, mais on ne trouve pas à se loger.
Restent deux objections.
La première est qu’il y aurait des prix « injustes », ou trop élevés ou trop faibles. Mais qui peut en juger ? Seuls les clients et les entreprises peuvent le dire, à condition que le marché soit libre, ouvert, sans fraude, sans manipulation, comme on disait chez les scolastiques tardifs, c'est-à-dire concurrentiel. Un monopole public et protégé durablement de toute concurrence, fixe des prix injustes.
Deuxième objection : l’inflation. Elle est injuste car spoliatrice. Ici, la hausse des prix est générale, car c’est le prix de la monnaie qui a baissé (trop d’émission de monnaie). Cependant, l’inflation transmet une autre mauvaise information : la valse des étiquettes fait que plus personne ne s’y retrouve et les bases du calcul économique sont faussées. Voilà pourquoi la « vérité des prix » exige la stabilité de la valeur de la monnaie. Bloquer les prix pour lutter contre l’inflation ne sert à rien, sauf à accentuer les déséquilibres ; seule une maîtrise de la création monétaire peut empêcher l’inflation. Avec une création monétaire modérée, une saine concurrence et des prix libres, les prix sont beaucoup plus « sages » qu’en étant artificiellement contrôlés.

Objectif perchoir : les vraies raisons du combat pour le poste de Président de l’Assemblée Nationale

Le 26 juin, les députés élisent le président de l’Assemblée Nationale. Au PS, la course au perchoir a déjà commencé. Ségolène Royal et Jack Lang éliminés, Claude Bartolone, Jean Glavany ou encore Elisabeth Guigou sont en lice. Course au pouvoir ou juste à la planque ?

Comment expliquer que le poste de Président de l'Assemblée soit si convoité ?

Didier Maus : Il s'agit d'un très haut poste de la vie constitutionnelle de la République. Le président de l'Assemblée nationale est non seulement le 4e personnage de l'Etat par son rang protocolaire, mais surtout le président de l'assemblée qui représente la volonté générale du peuple français, majorité et opposition  confondues. Il ne s'agit pas véritablement d'un poste de responsabilité politique de premier plan, à la différence du Premier ministre et des membres du Gouvernement, mais le président de l'Assemblée joue un rôle essentiel dans la circulation de l'accord politique entre le Président de la République, le Premier ministre et la majorité parlementaire qui les soutient.
Il y a également un véritable prestige attaché à la fonction, par exemple en recevant les chefs d'Etat étrangers en visite d'Etat ou en mettant ses moyens à la disposition de grandes causes culturelles ou humanitaires en faveur des Droits de l'homme.
Il est très difficile de dresser un profil type du président de l'Assemblée nationale. Certains sont élus en raison de leurs fonctions antérieures (Jacques Chaban-Delmas en 1958, 1978 et 1986 ou Laurent Fabius en 1988 et 1997), d'autres en raison de leur positionnement politique et de leur fidélité à la majorité (Philippe Séguin en 1993, Raymond Forni en 2000, Jean-Louis Debré en 2002, Bernard Accoyer en 2007).

Compte tenu du profil des candidats passés, qui est favori ?

Impossible de répondre à cette question. Il y a des facteurs politiques, des facteurs personnels à l'intérieur du groupe socialiste et des nécessairement des contacts discrets avec le Président de la République et le Premier ministre.

Quels sont les avantages liés à la fonction ?

Le président de l'Assemblée nationale bénéficie d'une indemnité fonction particulière. J'en ignore le montant.
Il y a surtout la chance (le privilège?) de pouvoir travailler, recevoir et, si nécessaire, habiter à l'Hôtel de Lassay, résidence officielle du président. Il s'agit d'un superbe hôtel du XVIIIe siècle, avec de magnifiques salons de réception, un agréable petit jardin et une vue imprenable sur la Seine. Le président de l'Assemblée nationale dispose d'une des très belles résidences des autorités publiques, du même niveau que le Palais de l'Elysée, l'Hôtel de Matignon pour le Premier ministre ou le Petit Luxembourg pour le président du Sénat. Les présidents de l'Assemblée nationale ont toujours pris soin de bien entretenir les bâtiments, de les moderniser et d'y faire les travaux de restauration découlant de leur caractère historique. Il ne fait aucun doute que cet hôtel et sa grande galerie, qui le relie au Palais Bourbon, lieu de travail de l'Assemblée nationale, symbolise parfaitement un certain art de vivre à la française.

Comment ce rôle a-t-il évolué ?

Le président de l'Assemblée nationale dispose d'abord de prérogatives constitutionnelles (il est consulté sur la dissolution ou la mise en oeuvre de l'article 16 sur les pouvoirs exceptionnels; il nomme 3 membres du Conseil constitutionnel et peut le saisir).  Il fait partie des institutions de la République. Il bénéficie également de très nombreux pouvoirs en tant que premier responsable de l'Assemblée nationale. Le plus visible est la présidence des séances importantes ou solennelles, mais sa connaissance des procédures parlementaires, son sens du dialogue et du bon sens sans oublier, parfois, une véritable autorité confèrent à sa fonction une véritable originalité. Il est un membre de la majorité, mais doit faire en sorte que l'opposition ou les groupes minoritaires trouvent leur place légitime à l'intérieur du débat politique. Il est, ainsi, de tradition que le président de l'Assemblée ne participe aux scrutins sauf pour la responsabilité politique du Gouvernement en début de législature ou dans des occasions très fortes. Lorsqu'il souhaite s'exprimer en tant que député, ce qui est rare, il quitte le "perchoir" et prend la parole soit de son banc, soit à la tribune comme ses 576 collègues.
Son rôle concret, souvent discret, dépend largement des circonstances politiques,  de sa personnalité et de celles des autres responsables de la majorité, par exemple le président du groupe majoritaire. Il est en tout cas plus un relais qu'un inspirateur.

Le Président de l'Assemblée peut, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, soumettre une proposition de loi à l’avis du Conseil d'État ou demander la réunion d’une commission mixte paritaire dans le cas d’une proposition de loi. Ce pouvoir législatif est-il exercé dans les faits ? Même question pour les prérogatives constitutionnelles (nommer 3 membres CC, 2 membres CSM).

La demande d'avis du Conseil d'Etat a fonctionné (environ 5 cas). Pour la convocation des CMP j'ai l'impression que cette procédure n'a pas eu l'occasion de fonctionner, mais je n'en suis pas certain.
Il est évident que le président de l'Assemblée nationale procède à toutes les nominations dont il a la charge (Conseil constitutionnel, Conseil supérieur de la magistrature, Conseil supérieur de l'audiovisuel, ... ). il doit désormais faire avaliser son choix par la commission compétente de l'Assemblée. Nul n'imagine qu'il puisse survenir un conflit.

Ces boulets que la France attache aux pieds de ses entreprises dans la compétition internationale

Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré en marge du G20 au Mexique qu'il était prêt à accueillir les entreprises désireuses de fuir l'impôt en France, où François Hollande envisage d'alourdir les taxes sur les plus hauts revenus.

Sur la question de fiscalité, quel est le poids fiscal qui pèse vraiment sur les entreprises françaises ? Comment cela peut-il vraiment les pénaliser ?

Leonidas KalogeropoulosGlobalement, lorsqu’on entreprend, c’est peut-être indécent, sale, mais la vérité, quand on prend des risques, qu’on n’a pas la certitude qu’on pourra se payer dans trois mois, que le marché va être remporté, donc quand on prend un risque absolu sur toute la direction vers laquelle on s’oriente, il faut reconnaître qu’on a le sentiment qu’on va pouvoir gagner de l’argent. Donc si on vous dit « les entrepreneurs sont l’avenir de la richesse, de l’emploi, des recettes fiscales, des exportations, entreprenez » et que vous vous retroussez les manches pour entreprendre et qu’on vous explique alors que si vous réussissez, on va vous prendre l’argent que vous gagnez, il est normal de préférer aller ailleurs.
Les signaux qui sont donnés aux gens qui entreprennent et à ceux qui réussissent sur le fait que le dividende, l’enrichissement de l’entrepreneur seraient des éléments négatifs qui feront l’objet d’une taxation accrue sont des signaux dissuasifs pour être en France.
Mais il y a toutefois un certain nombre de choses favorables qui ne sont pas forcément dissuasives pour les entrepreneurs. Lorsqu’on dit qu’il faut faire attention à ce que la concurrence ne soit pas destructrice d’emplois, que les gens puissent avoir des enfants en France sans perdre des marchés… La gauche au pouvoir est consciente qu’il va falloir s’allier avec les entreprises pour relancer l’emploi, pour regagner des parts de marché à l’exportation, faire rentrer des recettes fiscales. 
Mais vouloir gagner avec les entrepreneurs tout en leur disant gagner de l’argent, ce n’est pas bien, c’est une équation dans laquelle il y a un déséquilibre.

Outre cette mesure d'alourdir les taxes sur les plus hauts revenus, quels sont les autres problèmes pour les créations d’entreprises ? Quelles sont les principales failles selon vous ?

Il y en a deux principalement. D’abord le coût de l’emploi. Tous les entrepreneurs sont unanimes pour considérer qu’embaucher quelqu’un est vraiment une décision très dure car les charges que l’on traîne à l’embauche sont des charges très lourdes. Or il est difficile de se séparer d’un salarié. La décision d’embauche est donc une décision très pénible à prendre. Il faudrait donc baisser les charges sociales, mais si on ne le veut pas, alors il devrait être plus facile de se séparer d’un salarié lorsqu’on doit faire des ajustements car l’activité n’est pas au niveau de ses attentes initiales. C’est en fait les deux additionnés qui sont insupportables : des charges plus lourdes et l’impossibilité d’être flexible quand on a des variations de charges.
Le deuxième point est que le taux de 33% de l’IS que supportent les entreprises est un taux qui est supporté plein pot par les petites entreprises et c’est un taux très lourd à traîner. 
Si vous rajoutez l’idée que l’équation individuelle pour les chefs d’entreprises serait alourdie, c’est un signal très fort que la réussite est plafonnée. Avoir toutes ces difficultés pour avancer en se disant que si jamais on réussit, il y a un couperet totalement dissuasif, c’est beaucoup pour un entrepreneur. 

N’y a-t-il pas aussi un problème administratif en France ? N’est-ce pas trop lourd de créer une entreprise ?

Non, je pense que la France n’est plus ce pays ultra administré dans lequel créer son entreprise était un parcours du combattant. Créer son entreprise n’est plus un parcours du combattant. Il y a certainement des choses à ajuster mais il ne faut pas casser ce modèle. Ce qui a été fait avec toutes les fiscalités autour de l’innovation est très emblématique de progrès fait en France. Il ne faut pas casser ces systèmes. Les crédits impôts-recherche fonctionnent par exemple très très bien.

L’instabilité sur la durée des lois adoptées ne pénalise-t-elle pas les entreprises ? 

Je veux croire que ce gouvernement est à la recherche de poids d’équilibre pour être d’une certaine manière un allié des entreprises. Je veux croire qu’il y a d’ailleurs peut-être la recherche d’un chemin d’un libéralisme de gauche dans lequel on favoriserait la concurrence mais on resterait soucieux que la concurrence ne soit pas une lubie libérale où on délocalise tout pour être le plus compétitif possible.
Il y a un donc modèle en train de se chercher dans lequel il y a quelques garde-fous mais où on ne remet pas en cause le statut d’auto-entrepreneur, le crédit impôt-recherche, où on ne matraque pas les entreprises.
Arnaud Montebourg se retrouve très rapidement confronté à une problématique de l’emploi avec les centres d’appels qu’il veut rapatrier. C’est très bien, mais je ne veux pas croire qu’il fera l’impasse sur le problème réel de l’emploi. Comment fait-on avec nos législations pour gérer des centres d’appels qui travaillent 24h sur 24, 7 jours sur 7 ? Cela va nécessiter d’avoir un cadrage en termes d’emplois qui permet de gérer des centres d’appels avec la même flexibilité en France que celle qu’on peut avoir en Tunisie, au Maroc ou ailleurs.
J’ai le sentiment qu’en mettant l’équation de l’entreprise au centre des problématiques de l’emploi et du fabriqué en France, ce gouvernement est probablement en train d’essayer de résoudre des équations. Il y a des dérapages, je ne suis pas certain qu’en allant faire la chasse à tous les sites industriels qui sont en difficulté de compétitivité et qui doivent fermer, on donne un bon signal à des investisseurs qui veulent venir en France. Ce n’est pas comme cela qu’on arrivera à s’allier les entreprises pour remettre de l’emploi en France. Quand un site industriel n’est pas compétitif, il faut pouvoir le fermer.

Les entreprises se financent-elles facilement en France ? Prête-t-on assez aux entreprises ?

On continue à avoir des entreprises qui ont du mal à se financer. La crise fait aussi qu’on a très légitimement des organismes financiers qui ne sont pas prêts à se mettre derrière des entreprises qui ont des difficultés. Investir sur un projet est une chose, investir pour épauler une entreprise qui a une mauvaise passe, c’est compliqué, surtout pendant une période de crise généralisée. De plus, quand on dit qu’il faut prendre des risques mais en même temps que vous allez être plafonné dans les rémunérations, c’est un problème. L’économie fonctionne avec des risques, et on est prêt à prendre des risques si on peut s’enrichir.
  
Devrait-on développer un capital risque ? 
Cette question est directement concernée par les 75% des revenus au-delà des millions. Pour prendre le risque, apporter ce capital à l’entreprise, on ne le fait que si on a un capital très important. On ne risque pas quelques centaines de milliers d’euros sinon. On ne prend ce risque que quand on a quelques millions d’euros de côté. On en attend donc un revenu important. Il faut pouvoir s’enrichir en France. On ne va pas pouvoir entraîner une dynamique entrepreneuriale si on ne peut pas s’enrichir. Il y a quelque chose qui cloche dans cette équation.
Je pense que ce dispositif va devoir être affiné. C’est pertinent  lorsqu’on parle de managers qui sont à la tête d’entreprises qu’ils n’ont pas créées et qui se prévoient des rémunérations très élevées, je pense qu’il faut établir des garde-fous. Mais quand on parle d’auto-entrepreneurs qui ont pris la totalité des risques, je pense qu’on n’est pas sur la même logique. Il ne faut pas dissuader les entrepreneurs, c’est eux qui vont pouvoir redresser le tissu économique qui s’appauvrit en France et sur lequel cette majorité essaie de remobiliser le pays.



La grande braderie : la crise va-t-elle entraîner une déferlante de privatisations en Europe ?

La dette publique augmente dans tous les pays du Sud de l'Europe ce qui entraîne une baisse incontrôlable du prix des actifs. Les Etats doivent ainsi miser sur les exportations et les privatisations.
Privatisations reprises en Italie, rachats à bon compte en Espagne, vente à perte en Grèce : il n’y a jamais de miracle en économie. Quand la croissance est là, les prix montent, qu’il s’agisse du prix du travail, le salaire, de celui des maisons, ou encore de celui des entreprises, à la bourse. Et quand la croissance n’est pas là, c’est l’inverse qui se produit : tout baisse, salaires, maisons, bourse. Et c’est le cas aujourd’hui. La récession s’installe au Sud, pas seulement en Grèce où c’est la quatrième année, mais aussi au Portugal, en Italie et désormais en Espagne. Partout la dette publique monte et partout les valorisations des entreprises baissent. C’est mathématique : d’un côté, une croissance plus faible, ce sont des profits attendus plus réduits, s’il y en a, et d’un autre côté des taux plus élevés, c’est un taux d’actualisation des résultats qui grimpe, donc des valeurs boursières qui chutent plus encore. Ajoutons que les états surendettés cherchent à se défaire d’actifs inutiles, locaux, parcs ou châteaux, sans compter les immeubles de bureaux, et plus encore à privatiser des activités. Vendues, elles permettent d’alléger un peu la dette et de diminuer les coûts fixes publics, plus encore elles font monter la productivité de l’économie dans son ensemble. Mais ce n’est ni facile, ni immédiat.
Le problème aujourd’hui est que ce processus de vente, public et privé, se produit dans une phase de faible croissance, au mieux, au moment où ceux qui ont des liquidités se disent qu’il faut les garder, car nul ne sait de quoi demain sera fait, et qu’en toute hypothèse, demain, ce sera moins cher. La spirale baissière des valeurs d’actifs est partout en train de s’enclencher, pour ne pas parler de spirale dépressive.
La crise rebat ainsi les cartes. Elle conduit chacun à s’adapter et change les titres de propriété de ceux qui ne sont pas assez forts, pas assez rapides, pas assez connectés. La dette publique pourrait ralentir le processus d’ajustement, mais c’est fini, et c’est plus difficile pour la dette privée, celle qui vient des marchés ou des banques. On voit déjà que certains pays se sortent d’affaire économique par la baisse des salaires et des gains de part de marché à l’exportation, donc par la remontée des profits dans la valeur ajoutée. Ceci se produit en Irlande, en Espagne, en Italie et même en Grèce. C’est évidemment tout à fait méritoire, et c’est la seule voie. Mais cette reprise par l’exportation se heurte à la morosité ambiante côté demande et à la capacité des entreprises à trouver des marchés extérieurs. Si elles n’y parviennent pas, quel qu’effort d’ajustement interne elles font en baissant les effectifs et les salaires, elles doivent vendre leurs actifs non stratégiques, puis moins stratégiques, avant de se couper un bras… en espérant que ceci suffit. On voit ainsi l’Italie privatiser, elle a raison, mais la Grèce ne peut pas y parvenir, pour des raisons largement liées aux entreprises elles-mêmes. On voit l’Espagne remonter la pente de l’exportation, mais on voit aussi le mexicain Carlos Slim se rapprocher de Telefonica. On voit Carrefour vendre des actifs en Grèce, d’autres entreprises en céder en Egypte…
C’est donc la braderie, si l’on peut user d'un mot aussi violent, tant il s’agit d’efforts d’hommes et de femmes qui sont ainsi dépréciés. Mais c’est un ajustement économique nécessaire, économiquement positif, mais politiquement dangereux. Car il s’agit de propriétés nationales qui peuvent être défendues au niveau des territoires et d’autres au niveau national, pour l’emploi bien sûr, mais aussi pour leur importance en termes stratégique ou symbolique. Un pays qui ne peut plus payer est un pays qui vend, qui se vend. Et qui peut réagir, violemment.
Voilà pourquoi il faut tout faire pour permettre les ajustements internes par les salaires et l’emploi, par la baisse des taux et les financements, parce que la solution par la vente est la plus radicale, la plus traumatisante, et pas toujours la plus sûre. Voilà pourquoi il faut mobiliser la BCE, soutenir les banques en difficulté parce que ce sont elles qui peuvent « tenir » les valeurs d’actifs et poursuivre les programmes d’assainissement budgétaires. Voilà pourquoi il faut avancer unis en Europe, pour réduire les dépenses publiques dans le temps et soutenir la croissance privée, par la profitabilité, au plus tôt.

Le Conseil municipal de Paris va voter l’ attribution de 2 millions d’euros de subventions à des associations pour la lutte contre le Sida en Afrique.

Toutes les associations de lutte contre le Sida vont ainsi bénéficier des subventions de la mairie de Paris ( Clowns sans frontières, Sida Info services, etc…) , mais certaines associations seront plus chanceuses que d’autres.
Où va aller cet argent public ? Comment seront utilisées ces subventions pour la lutte contre le Sida ?
On ne le sait pas, et la mairie de Paris ne cherche même pas à en savoir davantage pour sortir son chéquier. Pourtant, ces subventions de la mairie de Paris devraient bénéficier au financement d’actions précises et programmées. Il n’en est rien. La mairie de Paris va probablement, encore une fois, donner dans le clientélisme et offrir ces subventions à ses associations “amies”, sans sourciller ni réclamer le moindre début de justificatif de projet. Delanoë peut bien se permettre le luxe de distribuer 2 millions d’euros de subventions à l’aveuglette, puisque c’est pour la bonne cause…

BERTRAND DE LA NAUSÉE NOUS PREND VRAIMENT POUR DES VACHES À LAIT !!

Les leaders de l’UMP n’ont toujours rien compris 


A peine remis de leur « gueule de bois » relative à la défaite magistrale qu’ils viennent de concéder, les leaders de l’UMP n’ont toujours rien compris. Enfermés dans leurs certitudes et habitudes idéologiques, républicaines et maçonniques, qui veulent qu’aucune alliance électorale ne soit jamais possible avec les candidats du Front national ou tout homme libre qui aurait des convictions n’étant « pas politiquement correctes », ils n’ont pas compris qu’ils étaient les seuls responsables de la déferlante rose donnant au Parti socialiste la majorité absolue et un nombre de députés encore plus élevé qu’en 1981 !
Merci Sarkozy ! Car c’est bien le premier coupable de cette véritable « Bérézina » politique. Au bout de cinq ans de règne sans partage, où le président de la République s’occupait absolument de tout, on en voit aujourd’hui le triste et amer résultat. Après avoir perdu toutes les élections (cantonales, municipales, régionales et européennes) depuis 2007 et battu lui-même le 6 mai dernier, le président sortant a abandonné le combat en rase campagne, déclenchant par là même – c’était mécanique – une guerre fratricide des chefs, ou plus exactement des « petits chefs », pour tenter de lui succéder, de s’emparer de l’UMP et de se placer pour la prochaine grande élection présidentielle de 2017. Cette chronique d’une défaite annoncée était donc écrite et chacun y aura joué sa partition. Comme de véritables caricatures. Avec chacun ses œillères et ses mêmes réflexes pavloviens qui font de ces politiciens sans convictions des hommes politiques complètement dépassés et de petits bonhommes sans envergure.
Aveuglés par leurs ambitions personnelles, ils continuent à se disputer aujourd’hui la dépouille d’un mouvement moribond sans se rendre encore compte que l’UMP – qui a gravement failli pour ces législatives – est bel et bien finie. Car ses principaux leaders, qui appellent tous bien tardivement à la « reconquête », se sont définitivement disqualifiés en jetant une nouvelle fois l’anathème sur le mouvement national et plus de 6 millions d’électeurs. Certains, et non des moindres, peuvent même être qualifiés de « déserteurs ». A commencer par Nicolas Sarkozy qui, après avoir fait une campagne présidentielle très à droite pour tenter de siphonner une nouvelle fois comme en 2007 les voix pourtant honnies de ce qu’ils appellent tous « l’extrême droite », a sonné le premier l’heure de la débandade dès sa propre défaite annoncée, en laissant entendre comme Lionel Jospin au soir du 21 avril 2002 qu’il abandonnait la vie politique. L’exemple vient de haut, dit-on couramment, mais en l’occurrence – avec Sarko battu – cela volait plutôt bas.
Fillon, ce fut « Courage fuyons ! »
Premier ministre pendant 5 ans, François Fillon ne vaut guère mieux puisqu’avec lui ce fut « Courage fuyons », sa nouvelle devise politique. Pour ces législatives, il abandonna purement et simplement sa circonscription de la Sarthe, tombée comme un fruit mûr dans l’escarcelle du tout nouveau ministre de l’Agriculture, le socialiste Stéphane Le Foll, pour venir se faire élire confortablement dans le VIIe arrondissement de Paris sans combattre (si ce n’est bien sûr Rachida Dati, le maire du VIIe, depuis plusieurs mois) avec le secret espoir de conquérir dans la foulée la mairie de Paris en 2014 et de faire de l’Hôtel de Ville son tremplin pour l’Elysée comme Jacques Chirac avant lui. Son pari est perdu d’avance.
Revendiquant lui aussi la prochaine direction de l’UMP, dont il fut en son temps l’un des fondateurs, Alain Juppé a lui aussi déserté le combat de ces législatives, en prétextant subitement ne pas vouloir cumuler les mandats à Bordeaux alors que François Hollande venait d’obtenir près de 59 % des voix dans la circonscription qu’il convoitait en Gironde. C’est ce qui s’appelle refuser le combat de peur d’être battu et ce n’est pas grandiose quand on prétend pourtant être le chef.
Sur les plateaux de télévision, Jean-Pierre Raffarin continuait encore dimanche soir de jouer les tartarins alors que même à Tarascon il n’amuse plus personne. L’ancien Premier ministre, qui est toujours un personnage influent du Sénat, n’a toujours pas compris que le centre dont il veut faire la seconde jambe de l’UMP a pratiquement cessé d’exister. Ils sont grands, inspirés et courageux, les hommes politiques de l’UMP qui – malgré la superbe claque électorale qu’ils viennent de prendre – continuent à vouloir faire la morale à tous les Français.
Car ce scrutin aura au moins eu le mérite d’ouvrir enfin les yeux de nombre d’électeurs qui n’en peuvent plus d’être trahis depuis des décennies par une « classe politique » se prétendant de droite et préférant toujours faire élire les candidats socialistes, même soutenus par les pires staliniens du Front de gauche du genre Mélenchon, plutôt qu’un candidat national avec des idées droites et saines.
Car le « Ni ni » (Ni Front national, ni front républicain) que Jean-François Copé a réussi à imposer à l’UMP – où certains en faisaient des gorges chaudes – revenait ni plus ni moins à mettre sur le même pied des patriotes aimant la France et voulant se battre pour défendre ses « valeurs chrétiennes » et des « apparatchiks » communistes rêvant toujours de « luttes de classes » et complices du Goulag. Et cela, Monsieur Copé, c’est encore inacceptable et indigne ! Les Français, qui vont subir la gauche pendant cinq ans, ne l’oublieront jamais et ne vous le pardonneront pas.