TOUT EST DIT

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lundi 16 janvier 2012

Moody's confirme le triple A de la France

L'agence de notation dit prolonger son examen de la perspective "stable" de la France.
L'agence de notation Moody's a maintenu le triple A de la France, la meilleure note possible, et prolonge son examen de la perspective, actuellement "stable", a-t-elle indiqué, lundi, dans un rapport publié sur son site consacré au pays. La décision de Moody's, qui s'était donné, mi-octobre, trois mois pour évaluer la perspective de la note de la France, tranche avec celle de Standard & Poor's.
S&P a privé, vendredi soir, la France du triple A, la reléguant à AA+, avec perspective négative, ce qui veut dire une possible nouvelle baisse dans "un délai de six à vingt-quatre mois". Une éventuelle mise sous perspective négative de la note signifierait pour Moody's qu'elle envisage de l'abaisser "à moyen terme". Dans son rapport, Moody's annonce qu'elle n'a pas encore pris de décision sur la perspective et indique qu'elle tiendra informé le marché à ce sujet dans le courant du premier trimestre 2012, dans le cadre de son évaluation des notes souveraines en zone euro, annoncée en novembre.

L'agence donne crédit au gouvernement

Moody's donne crédit au gouvernement français de sa volonté de réduire le déficit public du pays à 3 % en 2013 et juge positivement les mesures prises pour y parvenir, ce qui est "important" pour garder la perspective "stable". En revanche, l'agence estime importants les risques liés à la dette et à la croissance en zone euro, des facteurs que ne contrôle pas le gouvernement, mais qui pèsent sur les finances du pays. Selon elle, plus les marchés de la dette souveraine et du financement bancaires sont volatils, plus la pression s'accroît sur la note de plusieurs pays de la zone euro, dont ceux qu'elle note triple A, comme la France.
Pour l'heure, la France emprunte encore sur les marchés à des taux historiquement faibles, mais les attentes des investisseurs "dépendront du respect des objectifs de consolidation budgétaire", ajoute Moody's. La troisième grande agence de notation, Fitch Ratings, a récemment indiqué de son côté qu'elle n'envisageait pas d'abaisser la note triple A de la France cette année. Cette agence a toutefois placé la note souveraine de la France sous perspective "négative", ce qui signifie qu'elle pourrait l'abaisser l'an prochain.

Les présidentiables au pied du mur

Après la Grèce, l'Italie et l'Espagne, une agence de notation va-t-elle, chez nous aussi, savonner la planche du pouvoir ? C'est un comble, à cent jours du scrutin, que la question brutale de la réélection de Nicolas Sarkozy se pose parce que les gardiens du droit de spéculer en rond ont asséné un coup à la droite, leur alliée habituelle, et validé les reproches de la gauche, leur ennemie supposée.

Même s'il n'est pas glorieux d'annoncer une maladie quand le patient est déjà sous traitement, le mal politique est fait. Pour le président candidat, mal en point dans les sondages, l'histoire dira si ce vendredi 13 restera celui de la malchance. Et si la vérité et le courage, lors de sa prochaine adresse aux Français, réussiront à convaincre. Nicolas Sarkozy n'est jamais meilleur que dans la difficulté ? Le voilà servi !

Étonnamment tardive, la sanction de Standard & Poor's appuie là où ça fait mal. On a beau jouer les petits De Gaulle en rappelant que la politique ne se fait pas à la Bourse, un tel tohu-bohu signifie bel et bien qu'elle traduit la réalité et contredit Nicolas Sarkozy !

En sanctionnant la France, mais pas l'Allemagne, l'agence de notation fait pâlir l'étoile présidentielle. Elle affaiblit son autorité et sa capacité d'entraînement sur la scène internationale. Elle suggère que la mise en scène des multiples sommets européens « de la dernière chance » masquait bien la lenteur des réactions, la faiblesse des décisions et la profondeur des désaccords.

Lui qui a fait de la réactivité dans la crise sa principale arme fait douter de sa capacité à retourner la situation en sa faveur, en trois mois et demi. Les mesures attendues, outre qu'elles ressemblent à un tardif sauve-qui-peut, seront peut-être bonnes, à terme, pour la compétitivité. Dans l'immédiat, le seul transfert vers la TVA de 35 milliards de charges patronales  la fameuse TVA sociale  sera surtout douloureux pour le contribuable consommateur.

En creux, cette sanction valide le diagnostic de la gauche qui tire à boulets rouges, depuis quatre ans et demi, sur un « paquet fiscal » voté à contretemps. Qui déplore, depuis des mois, l'inadaptation de la Banque européenne. Et qui réclame un volet « relance » pour sortir de la crise, en retrouvant le chemin de la croissance et des recettes fiscales.

En creux seulement. Et François Fillon, le malicieux, a raison de se demander ce que les agences de notation penseraient du programme de François Hollande.

Le candidat socialiste ne peut pas se permettre le moindre message de laxisme sans s'exposer à une nouvelle dégradation dont la facture budgétaire et politique serait dramatique. Il ne peut pas aller trop loin dans la rigueur sans décupler les foudres d'un Jean-Luc Mélenchon à l'affût d'une cassure du PS, au profit d'un pôle élargi de la gauche radicale dont il serait le chef. Il ne peut pas ne rien dire sans risquer d'élargir l'espace de François Bayrou et de Marine Le Pen.

Son premier grand meeting, dimanche au Bourget, sera un indicateur de la capacité du candidat socialiste à offrir une alternative politiquement solide et économiquement crédible. Plus largement, il est à craindre que l'enjeu pousse les candidats à critiquer le plus possible et à proposer le moins possible. À s'entre-déchirer quand il faudrait rassembler.

Le naufrage d’une époque

L’insubmersible Costa Concordia se serait donc lamentablement échoué parce que son capitaine aurait voulu faire miroiter de trop près les lumières scintillantes et écouter les sirènes tentatrices de son joujou au petit peuple de Giglio. Ces palaces flottants ne sont pas seulement les paradigmes de nos sociétés de parades, d’apparat et d’apparence. Ils surfent sur les dérives d’une mondialisation qui ne contrôle plus sa vitesse de croisière et ignore ses voies d’eau. Le naufrage de cette tour de Babel flottante rappelle celui de la banque Lehman Brothers. Elle aussi se croyait insubmersible.

Pour rentabiliser au mieux ces palais des mille et une nuits à prix abordables, les croisièristes se sont lancés dans une course au gigantisme. Costa et les autres recrutent les équipages dans des pays de misère et les passagers chez les pensionnés moyens et modestes de nos pays occidentaux. Machinistes philippins et soutiers péruviens trouvent dans cet exil maritime le Smic qui nourrit leurs familles. Pour les clients, le marketing invente, vante et vend à tarifs dégriffés un modèle de retraite heureuse et réussie qui les entraîne dans une course effrénée vers le soleil, les spas, les dîners de gala en toute saison. Comme s’il fallait compenser des années de labeur par une orgie de loisirs, goûter à une illusion de luxe servie dans des couverts en argent et poursuivre des rêves inaccessibles au temps de la jeunesse. Faut-il enfin s’étonner et s’offusquer de cette panique « Titaniesque », de ce capitaine qui abandonne le navire six heures avant le dernier passager ? Quand ça va bien, notre société fonctionne au chacun pour soi. Alors quand ça tangue…

Tel le Titanic et ses chaloupes réservées aux premières classes en 1912, ce bateau sur le flanc en 2012 ressemble furieusement à son époque. Ce n’est pas pour autant que ce naufrage nous fera remettre les pieds sur terre.

Voyelles impies

Cette semaine où la France va apprendre à vivre sans le triple A commence mal. Les politiques butent décidément sur cette première lettre de l’alphabet qui fait bégayer leurs discours. Le président de la République n’a même pas osé prononcer la voyelle impie et encore moins la répéter trois fois par crainte qu’elle n’évoque son propre reniement à l’égard de canons économiques et politiques qu’il avait lui-même formulés. Le chef de l’État a préféré décliner les rassurantes consonnes du c de « courage » et du v de « volonté » pour conjurer le mauvais sort lancé par Standard and Poor’s. Face à une dégradation qui n’est en rien une surprise, il a préféré une incantation supplémentaire. Il faut agir vite, préconise-t-il, pour annoncer aussitôt qu’il… parlera au pays à la fin du mois. Parler pour annoncer qu’on parlera, donc. On était en droit d’attendre plus de réactivité après le non-événement si prévisible de vendredi soir.

Est-ce la torpeur du premier dimanche froid de l’hiver ? De son côté, le Premier ministre a semblé, lui aussi, avoir du retard à l’allumage. Curieuse stéréo des moteurs du pouvoir. Au moment même où on pouvait feuilleter le JDD dans lequel le chef du gouvernement excluait tout nouveau cran supplémentaire au plan de rigueur, Nicolas Sarkozy suggérait à Amboise des efforts supplémentaires dictés par la crise. Entre les deux voix de l’exécutif, il faudra choisir celle qui délivrera la bonne version.

Que distinguer dans cette musique confuse ? Rien de précis pour le moment. Faute de mieux, François Fillon a renvoyé la grenade dégoupillée dans le camp adverse : « Que François Hollande soumette son projet à la notation ! ». Une défausse plutôt inspirée, bien que facile, tant le candidat du PS serait effectivement très embarrassé s’il devait mettre ses propositions, très floues, à l’épreuve des analystes financiers. Il préfère expliquer que « c’est une politique que l’on a dégradée », si pratique pour éviter les remises en question.

L’absence de programme des principaux présidentiables — rien avant la fin janvier, braves gens ! — est représentative d’une France championne d’Europe de l’attente. Cette discipline s’ajoute à la lenteur avec laquelle le pays a tardé à s’attaquer au déficit public. Aujourd’hui encore, ses élites continuent de conjuguer à merveille le « il faut laisser du temps au temps » mitterrandien qui permet au gouvernement d’aborder le sommet social de mercredi sur un mode impressionniste comme si une surprise salvatrice pouvait en émerger. Ni chiffres, ni lettres. Simplement un quitte ou double au casino de la crise.

La présidentielle en rase campagne

Il y a un mois, on le pressentait. C'est désormais sûr. La présidentielle sera placée sous le signe (et sous la chape ?) de la dégradation de la note de la dette française. Une donnée financière qui s'ajoute aux premiers effets concrets de la crise économique et des mesures de rigueur. Et le sommet social attendu cette semaine devrait encore renforcer cette thématique passablement anxiogène. Difficile alors de faire rêver en promettant d e « changer la vie », de « gagner plus » - quitte à travailler plus - ou tout autre engagement d'envergure. Une préservation de la situation actuelle serait déjà un bel exemple de volontarisme politique... D'autant qu'à ces pressions générales s'ajoutent des approches tactiques qui figent la campagne. À droite, cela sera le cas tant que Nicolas Sarkozy ne se sera pas déclaré officiellement candidat. Mais à gauche aussi, où François Hollande (de moins en moins candidat du PS, du moins de son programme) retarde le moment de dévoiler son projet afin de ne pas se faire piller ou pilonner par les snipers de l'UMP. Il en résulte assez logiquement une baisse des intentions de vote pour tous deux et une progression de François Bayrou, Marine Le Pen ou, à un degré moindre, Jean-Luc Mélenchon. Plus libres et plus clairs dans leur expression. Ce resserrement fait même apparaître un quatuor de candidats potentiellement envisageables au second tour - un cas inédit sous la Ve République ! Pas de quoi changer, encore, les tendances de fond. Mais si ce flou, correspondant aux incertitudes de l'électorat, se maintient, il se peut qu'il n'y ait pas qu'en Italie que les gros paquebots se mettent à chavirer.

Présidentielle 2012 : Sarkozy peut-il encore gagner ?

Coup de tonnerre politique, la perte du "triple A" sonne-t-elle le glas des chances de réélection de Sarkozy? Acculé, le président sortant est désormais prêt à tout oser.

À 100 jours de la présidentielle, le coup est rude pour Nicolas Sarkozy. Impopulaire, toujours devancé dans les sondages par son rival François Hollande, contraint d'assumer une augmentation des impôts et une explosion du chômage, sa réélection paraissait déjà bien compromise. Le voilà désormais brutalement placé face à son échec: après s'être battu pendant des mois pour conserver le « triple A » de la France, il a vu celui-ci s'envoler un vendredi 13 et avec lui, « le mythe du président protecteur », comme l'a cruellement souligné Marine Le Pen. « C'est une politique qui a été dégradée, pas la France », a renchéri le candidat PS François Hollande.
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Ce vendredi noir a-t-il été celui du coup de grâce pour sa réélection? Dans un sondage LH2/Yahoo dévoilé dimanche soir, Sarkozy semble en tout cas marquer le pas. Dans cette étude réalisée au moment de l'annonce de la dégradation de la note française, il perd 2,5 points d'intentions de vote au premier tour à 23,5%, loin derrière François Hollande (30%, -1,5 point). Seule Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon semblent tirer profit de la nouvelle: la présidente du FN progresse de 3,5 points en un mois pour atteindre 17% d'intentions de vote quand le patron du Front de gauche atteint 8,5% (+2 points). François Bayrou, lui, reste stable à 14% (+1 point).

La stratégie du kamikaze

Après avoir comblé petit à petit son retard sur Hollande ces dernières semaines, le chef de l'Etat va-t-il à nouveau plonger dans les sondages, et voir resurgir le spectre d'une élimination dès le premier tour par Marine Le Pen? En tout cas, jamais président sortant n'aura été en position aussi  défavorable à trois mois du premier tour. Pour l'emporter le 6 mai prochain, il faudrait qu'il mette fin à la malédiction du chômage, toujours fatal aux gouvernements sortants quand l’emploi s’effondre, et qu'il devienne le premier président réélu hors cohabitation. Il faudrait aussi qu'il parvienne à garder son poste dans une Europe où les sortants sont balayés à chaque élection. Le défi paraît impossible à relever et.... « ça l'excite », sourit un visiteur du soir. « Il se dit "personne ne l'a jamais fait. Alors si je le fais..." ».
Pour y parvenir, Sarkozy a opté pour la stratégie du kamikaze : tout oser, même les mesures les plus impopulaires. Pour faire oublier son bilan, et avec l'espoir, ténu, que les Français préféreront finalement un président réformateur à un Hollande « dilué, rondouillard, radical-socialiste et peu adapté à la période », selon l'expression d'un ministre. « Sarkozy est condamné à prendre tous les risques dans cette élection », confirme un membre du gouvernement. « Il estime qu'il n'a rien à perdre, et c'est une vraie force », assure un autre. « Sur beaucoup de sujets, il va décoiffer », prévient un visiteur régulier.
La contre-attaque devrait débuter mercredi avec le « sommet de crise » convoqué à l'Elysée avec les représentants des syndicats et du patronat. « Je dirai la vérité aux partenaires sociaux », a averti dimanche le chef de l'Etat. TVA sociale et enterrement définitif des 35 heures : les dossiers sur la table sont des sujets qui fâchent. Sarkozy ira ensuite les « vendre » lui-même aux Français « à la fin du mois ».

« Pousser Hollande dans les cordes... »

À entendre François Fillon, la hausse annoncée de la TVA sur les produits importés ne devrait pas s'accompagner d'un coup de pouce sur les fiches de paie des Français, au risque d'amputer encore davantage leur pouvoir d'achat. « Notre responsabilité, c'est de baisser le coût du travail pour mettre un coup d'arrêt aux délocalisations, a plaidé le Premier ministre dans le Journal du Dimanche. C'est la bonne santé de l'économie et donc de nos entreprises qui permettra d'augmenter les salaires ». « S'il n'y a pas un geste qui est fait sur les cotisations des salariés, je ne sais pas expliquer cette mesure », s'inquiète pourtant un ministre, à l'image de beaucoup de parlementaires UMP.
Pour pousser ces réformes et installer l'image d'un président aux manettes jusqu'au bout, Sarkozy devrait aussi bousculer les usages en prolongeant la session parlementaire au-delà de la fin février, campagne présidentielle ou pas. Lui-même devrait entrer dans la bataille le plus tard possible, la seule véritable date butoir étant le 16 mars, date limite pour le dépôt des 500 parrainages au Conseil constitutionnel. « Six semaines de campagne, ça suffit largement », assure un ministre.
D'ici là, les troupes UMP sont chargées de pousser le candidat PS François Hollande dans ses retranchements. Il s'agit de l'empêcher de mener « une campagne à la Rajoy (le nouveau chef du gouvernement espagnol, tombeur du socialiste Zapatero en novembre, NDLR) : "je ne dis rien et je passe en surfant sur le rejet du pouvoir et la crise" », décrypte un ministre. « Le travail de la cellule riposte, c'est d'obliger Hollande à sortir du bois, de le pousser dans les cordes pour qu'il mette les choses sur la table ». En attendant la faute.
Paradoxalement, « la crise est à la fois une faiblesse et un atout pour Sarkozy », souligne un de ses conseillers. Certes, elle pourrait bien le faire tomber. Mais « s'il n'y avait pas la crise, il serait déjà battu ».

Quand les "hedge funds" jouent contre le sauvetage de la Grèce

L'accord sur la Grèce au sommet du 27 octobre ne pouvait aboutir que si les créanciers privés jouaient le jeu. Or, voilà que des petits "hedge funds" opportunistes, et quelques gros investisseurs américains, se sont engouffrés dans le désordre ambiant pour mettre en œuvre une habile stratégie.

« Quand les titres s'échangeaient à 40 % de leur valeur, ils ont acheté des titres à échéances très courtes, remboursables en 2012, explique Olivier Kintgen, associé du fonds de fonds Eraam. Dans le même temps, ils se sont couverts en achetant des assurances contre le risque de défaut, des CDS sur les titres souverains grecs. » S'ils sont ainsi devenus des créanciers privés de la Grèce, cela ne signifie pas pour autant qu'ils entendent apporter leurs titres à l'échange comme le prévoit l'accord. Car ils font le pari suivant : soit la Grèce obtient des liquidités lors de l'échange avec les créanciers privés, sur la base de l'accord qui permettra d'éviter le défaut, et elle sera en mesure de rembourser au pair toutes ses obligations à échéance 2012. Auquel cas, sans apporter leurs titres à l'échange, les hedge doubleraient leur mise, en un temps très court. C'est pour eux la meilleure option. Si l'accord ne se conclut pas avec les banques, ou se fait avec une décote telle - de plus de 50 % - que le défaut sera constaté par l'Isda, alors les fonds spéculatifs exerceront les CDS, et en principe toucheront l'assurance. Dans ce cas aussi, ils seront gagnants, même s'ils perdent sur les titres. Scandaleux ? Il n'y a rien là que de très légal à tout cela. Immoral ? Peut-être, car ils ne sont devenus créanciers de la Grèce que pour profiter d'une situation de détresse. La situation grecque se distingue d'ailleurs de celle de l'Irlande, où, faute d'avoir pu se couvrir, certains hedge funds avaient fait de très grosses pertes. Pour autant, ce n'est pas une opération totalement sans risque. Primo, l'exercice des CDS sur des souverains en Europe constitue une première. Comment cela se passera-t-il ? Secundo, cela ne « marchera » que s'il n'y a pas de décalage de trésorerie. Pour les hedge, il faut soit que les banques apportent très vite leurs titres à l'échange, soit que le défaut soit effectivement constaté. Si l'entre-deux durait trop, l'issue pourrait être moins riante.

Changer ses seins pour une meilleure image de soi

Annick, 44 ans, a subi une intervention mammaire à 22 ans. "Je n'avais absolument pas de poitrine, et j'étais très complexée depuis l'âge de 14 ans. Ce n'était pas facile à vivre, surtout quand vos copines portent toutes des soutiens-gorge", explique-t-elle. Elle camouflait son absence de seins comme elle pouvait, portait des vêtements amples. Elle s'était même laissé pousser les cheveux très longs. "Je n'ai pas fait cette opération pour ressembler à une bimbo, au contraire, je l'ai faite pour passer inaperçue. A toutes les personnes qui pensent que cette opération est superflue, je leur dis que c'est une énorme erreur."

Quelles sont les motivations des femmes qui recourent à la chirurgie mammaire à visée esthétique ? Les réactions hostiles aux poses d'implants (en dehors de la chirurgie reconstructrice) après l'affaire PIP ont véhiculé l'image caricaturale de bimbos siliconées, souvent trompeuse. Jean-Claude Dardour, chirurgien plasticien, qualifie à "99 %" les demandes "saines". Elles se répartissent principalement entre trois groupes : les femmes qui ont une très forte poitrine et recourent à une réduction mammaire, celles qui se font poser des implants mammaires, soit qu'elles n'aient pas ou peu de seins, soit que leur poitrine soit abîmée, et "vidée" par des grossesses ou par l'âge. Les patientes les décrivent alors comme " des gants de toilette" anti-érotiques.
Les normes esthétiques ont changé, et la mode est aux poitrines généreuses. L'image fantasmée de gros seins s'est formée auprès de GI américains pendant la seconde guerre mondiale, avec pour égérie Jane Russell. Plus tard, des séries télévisées comme "Alerte à Malibu", diffusée à partir de 1989 aux Etats-Unis, avec l'actrice Pamela Anderson, puis les magazines people, ont mis à la mode le 90D. Du moins outre-Atlantique.
"Au début de la chirurgie esthétique, les clientes étaient des femmes autour de la trentaine, qui venaient avec leur mari car leur poitrine avait perdu du volume et s'était affaissée après un ou deux enfants, explique le docteur Julien Glicenstein, ancien président de la Société française de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (Sofcpre), puis, sous l'influence des séries télévisées, des magazines, des femmes de plus en plus jeunes avec des petites poitrines ont fait des demandes."
Parfois, ce n'est pas une réussite, dans ce cas, c'est plutôt deux flancs à la vanille dans un réfrigérateur en panne.
La taille des prothèses a également augmenté en trente ans, même si elles n'atteignent pas les mensurations demandées aux Etats-Unis ou en Amérique latine. Le plus souvent, ce sont des demandes "raisonnables" (bonnets B ou C), assurent les chirurgiens plasticiens. Comme Hannane, qui était gênée par ses petits seins. "On m'appelait souvent Olive, la femme de Popeye. Après plusieurs années de réflexion, j'ai franchi le pas. Je voulais rééquilibrer mon corps, mais je ne voulais pas de trop gros seins, juste me sentir plus féminine." Opérée en 2008, cette jeune femme de 34 ans se dit très satisfaite.
Toutefois, certaines femmes ont des demandes que les chirurgiens jugent exagérées. A l'instar de Stéphanie, opérée à 22 ans. Pas vraiment complexée par "ses petits seins", elle considère que "les belles femmes ont des formes". Elle a bataillé avec son chirurgien pour obtenir des implants plus gros que ceux qu'il lui conseillait, compte tenu de sa morphologie. Elle est passée d'un soutien-gorge de bonnet A à un bonnet D. Mais, même après son intervention, elle trouvait encore ses seins "pas assez gros". Au final, onze ans après l'intervention, Stéphanie est satisfaite. "Je me sens plus féminine et j'ai une meilleure estime de moi. La seule chose négative est que j'ai perdu toute sensibilité au niveau des seins", ajoute-t-elle.
Un inconvénient qui survient fréquemment. Mais, pour "la majorité des femmes, le plaisir d'être vue est plus important que la caresse", considère le professeur Maurice Mimoun, chef de service de chirurgie plastique reconstructrice à l'hôpital Saint-Louis, à Paris.
"Le sein est le symbole de la féminité. Il a une valeur érotique, de séduction. Et, dans l'imaginaire masculin, le fantasme est dans les formes. Pas mal de demandes de chirurgie esthétique viennent du conjoint", explique Françoise Millet-Bartoli, psychiatre, psychothérapeute, auteure de La Beauté sur mesure (éd. Odile Jacob, 2008). Toutefois, quand la demande ne vient pas de la femme mais de son conjoint, elle risque de mal vivre son opération.
Le recours à la chirurgie esthétique masque parfois une fragilité narcissique. "Si les parents, et notamment la mère, ont été suffisamment rassurants dans l'enfance, les particularités ou défauts physiques seront mieux acceptés. La représentation que l'on se fait de son corps est extrêmement liée à l'estime de soi", estime la psychiatre.
Pour Hélène Parat, psychanalyste, auteure de Sein de femme, sein de mère (PUF, 2011), bien des femmes ne sont pas contentes de leur poitrine. "Les demandes de chirurgie esthétique sont la partie émergée de l'iceberg. Le sein symbolise un idéal. Il est un support de projection qui cristallise toutes les déceptions." Selon la psychanalyste, les motivations inconscientes d'une femme qui recourt à ce type de chirurgie sont éminemment liées à son histoire infantile, à son rapport à la mère, qui a forgé sa féminité.
L'image du corps est en effet souvent très subjective, le corps anatomique étant en décalage avec le corps imaginaire. Il peut y avoir un risque d'insatisfaction permanente, de déception, tant est surinvestie l'attente de réparation psychique. Parfois, les demandes de chirurgie mammaire interviennent après une rupture affective ou un événement déstabilisant. "Le problème se focalise sur un défaut, mais ce que cherche la personne, c'est une réassurance permanente", ajoute Mme Millet-Bartoli.
Le psychiatre Michel Godefroy a passé trente-cinq ans dans le service de chirurgie plastique de l'hôpital Saint-Antoine, à Paris. Désormais installé en libéral, il reçoit des patientes adressées par des chirurgiens plasticiens. Comme cette grande et belle femme au corps harmonieux qui voulait être opérée pour avoir les seins de l'actrice Brigitte Nielsen. "Parfois, les femmes viennent avec des photos de stars, elles veulent se mettent en conformité avec l'image de la femme idéale", explique-t-il. Certaines tombent dans l'engrenage de la réparation esthétique. Et trouvent toujours des chirurgiens peu regardants pour accéder à leurs fantasmes.

Il est étonnant qu'on s'étonne


On s'y attendait, mais on joue les étonnés. On feint la surprise et on est surpris à la fois. On savait la sanction inéluctable, mais on se scandalise quand même.


Les plus belliqueux appellent à la résistance les plus indignés s'étranglent de colère le gouvernement ne veut pas crier trop fort pour ne pas montrer qu'il a mal l'opposition récupère l'événement pour dénoncer l'impéritie dans le camp d'en face.


Chacun réagit sur son registre habituel et en fonction de ses intérêts à la dégradation de la France par Standard and Poor's. Chacun était prêt.


C'est un drôle d'événement qui vient de se produire, comme on parle de la « drôle de guerre ». C'est un événement et un non-événement à la fois.


On s'attendait à cette décision d'une ou de plusieurs agences de notation de rétrograder, avec d'autres, notre pays dans la hiérarchie économique et financière des États. Les marchés, qui aiment anticiper, ne traitaient déjà pas de la même façon la France et l'Allemagne quand il s'agissait de leur prêter.


Pourtant... Ouvertures de journaux télévisés, flashs radio, unes des journaux, alertes sur les téléphones mobiles... On a sonné le tocsin partout avant même l'annonce officielle de la décision. Conséquences économiques, retombées sur le pouvoir d'achat, effets sur le chômage, influence sur la cote des candidats, tout y passe. On s'y attendait, mais on joue les étonnés. On feint la surprise et on est surpris à la fois. On savait la sanction inéluctable, mais on se scandalise quand même.


C'est la manifestation d'un vaste et massif déni de réalité. On se souvient du Premier ministre actuel laissant échapper, un été en Corse, qu'il était aux commandes d'un État en faillite ou du président de la République lâchant, lors d'une de ses rares conférences de presse, que les caisses de l'État sont vides pour justifier qu'il ne puisse faire grand-chose en faveur du pouvoir d'achat.


On entend des candidats actuels promettre des dépenses et encore des dépenses, sans être sûrs de pouvoir faire repartir la production et l'investissement en France.


Les mêmes, qui savent que nous sommes en déficit avec une magnifique régularité depuis 1974, qui sont parfaitement conscients que notre croissance est en panne depuis longtemps et pour sans doute quelques années encore, qui constatent le trou s'approfondissant entre l'Allemagne et nous dans les performances industrielles et commerciales, et l'écart croissant des taux d'intérêts consentis aux deux pays, ces mêmes responsables politiques de haut niveau s'étonnent qu'une agence de notation en tire les conséquences.


C'est
étonnant.

La Grèce peut se reconstruire (Merkel)

La Grèce a la capacité de reconstruire son économie par des réformes structurelles en dépit des mesures d'austérité qu'elle a eu à subir, a estimé dimanche la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview radio.

Mme Merkel a déclaré sur Deutschlandfunk que la seule réduction des dépenses n'était pas suffisante et qu'il fallait des réformes structurelles, même si elles mettaient du temps à porter leurs fruits et devaient être mises en oeuvre dans la douleur.

Il y a de nombreux exemples dans le monde "où lorsque le FMI a lancé des programmes similaires, des phases de très forte croissance sont apparues, après une période de récession", selon Mme Merkel. "Des progrès ont été faits en Grèce", a-t-elle ajouté.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, était attendu dimanche en Grèce pour porter "un message d'encouragement et d'espoir" à l'aube d'une semaine cruciale pour le pays couvert de dettes, selon un porte-parole du ministère.

Les responsables de la "troika" (zone euro, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) doivent retourner à Athènes mardi afin de faire le point sur les efforts conduits par la Grèce en termes de réduction des déficits et d'engagement des réformes structurelles.

Mme Merkel a affirmé que l'objectif était de réduire la dette de la Grèce à 120% de son PIB à l'horizon 2020, au lieu de plus de 160% du PIB actuellement. "Rien qu'en prenant conscience de cet horizon, on réalise combien le problème est grave", a souligné la chancelière.

Les banques ont annoncé vendredi qu'elles suspendaient leurs négociations avec Athènes sur les modalités de la restructuration de la dette publique de la Grèce, accroissant le risque de faillite.

Un rapport positif de la "troika" ainsi qu'un accord sur la restructuration de la dette conditionnent la mise en place d'un deuxième plan d'aide de 130 milliards d'euros par les créanciers internationaux de la Grèce, UE et FMI.

Standard & Poor's : la rigueur serait une erreur de diagnostic

Une erreur de diagnostic! C'est, selon Standard & Poor's, ce qui serait en train de précipiter l'euro dans le gouffre. «Le diagnostic établi par les dirigeants de la zone euro ne reconnaît que très partiellement les véritables causes de l'origine de la crise», explique Moritz Kraemer, directeur du département notation souveraine européenne de S&P. Et cette erreur de diagnostic conduit les dirigeants européens à répondre, sommet après sommet, de façon incomplète aux problèmes qui touchent la zone euro.

Les Européens sont en effet convaincus que «cette crise provient essentiellement des déficits budgétaires excessifs accumulés par les États périphériques». Ce qui les amène à privilégier les mesures de rigueur. Erreur, estime S&P, à rebours du discours classique des agences de notation: «Un processus de réformes basé sur le seul pilier de l'austérité budgétaire risque d'aller à l'encontre du but recherche.» Les plans d'austérité créent de l'inquiétude chez les citoyens: ces derniers consomment moins, entraînant le ralentissement de l'économie et réduisant, in fine, les recettes fiscales de l'État. Ce cercle vicieux est celui dans lequel sont plongés l'Espagne, la Grèce et le Portugal, menacés d'une rechute en récession pour cause d'austérité ­excessive.

Des divergences croissantes en matière de compétitivité

Poursuivant son raisonnement, Standard & Poor's en vient même à estimer qu'une règle d'or européenne, limitant constitutionnellement les déficits, n'est pas la panacée. «Même s'il y avait eu une règle d'or budgétaire auparavant dans les pays de la zone euro, rien ne dit que la crise aurait été évitée», explique Moritz Kraemer. «Pour preuve, avant 2007, les Allemands affichaient un déficit budgétaire record, alors que les Espagnols étaient à l'équilibre.» Or, au final, c'est Madrid qui est aujourd'hui sanctionné par les marchés et non Berlin.
Pour S&P, les vraies raisons de la crise viennent «de divergences croissantes en matière de compétitivité entre les pays du noyau dur de la zone et les pays dits périphériques». Autrement dit, si les pays périphériques n'arrivent pas à s'en sortir, ce n'est pas tant à cause du niveau trop élevé de leur dette que de leur incapacité à générer une croissance solide.

Un jugement très sévère

C'est l'un des vieux dadas de cette agence qui accorde autant d'importance aux classiques déficits publics qu'à ceux de la balance des paiements. Cette balance traduit la différence entre l'ensemble des flux sortants et entrants d'un pays (investissements, biens et services). Elle constitue un excellent indicateur de la compétitivité d'un pays. De fait, les pays les plus sévèrement dégradés par S&P depuis trois ans sont ceux ayant la balance des paiements la plus déficitaire. C'est précisément aussi l'une des raisons de l'abaissement de la note de la République française. Largement excédentaire jusqu'en 2004, cette balance des paiements est désormais lourdement en perte, traduisant la perte de compétitivité de notre économie.
Factuellement exact, le jugement ­global de S&P n'en est pas moins très sévère. «La réforme 6 pack, adoptée par Bruxelles l'année dernière, contient un volet obligeant les pays à proposer, chaque année, des réformes structurelles pour améliorer leur compétitivité», ­rappelle Laurence Boone, chef économiste Europe de Bofa Merrill Lynch. Simplement, ces réformes mettront plusieurs années à produire leurs effets. Probablement trop long aux yeux des agences.