TOUT EST DIT

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vendredi 30 septembre 2011

Alain Juppé, le retour du recours

A quoi rêve Alain Juppé ? Si le sujet n'avait jamais troublé le sommeil des électeurs français, le ministre des affaires étrangères a discrètement rappelé que la question méritait d'être posée. Jeudi 30 septembre, invité de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2, le maire de Bordeaux est interrogé sur ses désirs. Il répond qu'il "rêve", et "même avec les yeux ouverts", mais se refuse à dire"de quoi". Relancé sur son ambition présidentielle, il exclut de briguer l'investiture suprême... dans le cas où Nicolas Sarkozy est candidat.  "Il peut y avoir des circonstances qui font que... " précise, souriant, Alain Juppé. En fin d'émission, l'ancien premier ministre souligne toutefois, "pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté": "Je pense que Nicolas Sarkozy est notre meilleur candidat, je le soutiendrai...".
Le message est néanmoins passé, Alain Juppé se positionne toujours en recours au président de la République sortant, particulièrement si les "circonstances " justifient l'avènement d'un nouveau candidat. Celles-ci ne manquent pas : la majorité présidentielle a encaissé quatre défaites électorales en cinq ans, aux municipales de 2008, aux régionales de 2010, aux cantonales et aux sénatoriales de 2011. Les doutes sur une victoire en 2012 au sein du gouvernement et de l'UMP sont palpables.
SARKOZY RESTE LE "CANDIDAT NATUREL" DE LA MAJORITÉ
En réalité, la petite phrase d'Alain Juppé n'est pas si nouvelle. Cela fait plusieurs années que le maire de Bordeaux a laissé filtrer, au sein de la majorité, l'hypothèse de sa candidature et multiplié les rappels. Dès juin 2008, fraîchement réélu à la tête de la ville de Bordeaux, Alain Juppé assure dans une interview au Nouvel Observateur qu'il n'est "fermé à rien" en vue de la présidentielle de 2012.
Une année passe et l'édile, qui est encore loin du gouvernement, veut refaire passer le message. En mai 2009, il assure qu'il sera candidat en 2012... lors des législatives et ne manque pas  ré-ouvrir la porte d'une éventuelle candidature à la présidentielle : "Je ne vois pas aujourd'hui de perspectives mais qui sait ? Dans deux ans ou dans trois ans ?" déclare-t-il  au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI. "La vie politique change vite, les circonstances changent vite", précise-t-il alors.
En 2010 encore, la débâcle de la majorité présidentielle aux élections régionales et la plongée de la cote de popularité de Nicolas Sarkozy inspire à Alain Juppé, à nouveau, le rêve d'un destin présidentiel si ce dernier devait échapper à Nicolas Sarkozy. "Le candidat naturel de la majorité en 2012, c'est Nicolas Sarkozy." Mais l'hypothèse d'un recours se précise : "S'il arrivait, pour des raisons qui lui appartiennent, qu'il ne soit pas à nouveau candidat, moi je pense qu'il faudrait des primaires au sein de l'UMP. Je n'exclus pas à ce moment là d'être candidat à la candidature" avance alors l'édile.

HA !

Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) s'enfonce dans la crise

Difficile moment que cette campagne présidentielle pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Depuis qu'Olivier Besancenot, candidat du parti en 2002 et 2007, a annoncé en mai qu'il ne se représenterait pas, le NPA s'enfonce chaque jour un peu plus dans la crise. Et la décision d'élire une "coordination de campagne", qui fait revenir sur le devant de la scène des anciens de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) comme Alain Krivine ou François Sabado, ne devrait pas arranger la situation.
Le but de cette coordination : "L'animation de la campagne au jour le jour", explique Alain Krivine. Mais pas question d'y voir autre chose : "Il ne s'agit pas du tout d'une autre direction ! se défend M. Krivine. Ce n'est pas une double organisation." "S'il y a des désaccords sur certains points politiques importants, ce sera le comité exécutif [la direction du parti] qui tranchera, affirme également Christine Poupin, une des deux porte-parole du NPA. Cette coordination aura une légitimité à organiser mais pas à trancher."
Autre son de cloche chez Myriam Martin, également porte-parole du parti, qui pointe une "dualité de directions qui peut surprendre" : "Il y a une ambiguïté qui demeure avec cette volonté de formaliser les choses. Un certain nombre d'entre nous n'était pas opposé à un élargissement du comité exécutif, mais pourquoi l'élire ? Ça laisse dubitatif sur l'efficacité de tout ça..."
UNE "DIMENSION DE TYPE JURASSIC PARK"
Cet épisode illustre une nouvelle fois les divisons profondes qui minent la direction du parti ces derniers mois. Après le congrès de février, le NPA s'est scindé en deux, notamment sur la question du positionnement vis-à-vis du reste de la gauche radicale. D'un côté, aujourd'hui majoritaires, les partisans d'une ligne dure, hostiles à toute discussion avec le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Parmi eux, Olivier Besancenot, Alain Krivine ou Christine Poupin.
De l'autre, les partisans d'un dialogue plus ouvert avec le reste de la gauche de la gauche. Parmi eux, Pierre-François Grond, ancien bras droit de Besancenot, Myriam Martin ou encore Guillaume Liégard, trésorier du parti. Ce dernier voit dans le retour de Krivine et Sabado une "dimension de type Jurassic Park".
"C'est un signal envoyé, affirme-t-il. Ces derniers mois, on est dans la continuité de la négation de ce qu'a été le NPA". A sa création en 2009, le parti d'Olivier Besancenot voulait tourner la page de la Ligue communiste révolutionnaire et ambitionnait de devenir un grand parti de masse. Neuf mille militants avaient alors poussé la porte du parti. Aujourd'hui, officiellement, ils ne sont plus que 6 000.
"C'EST UN BOULOT TERRIBLE"

Illustration de ces divisions, le choix en juin de la candidature de Philippe Poutou, un ancien de Lutte ouvrière (LO). L'enthousiame des troupes pour faire campagne pour cet ouvrier métallurgiste de 44 ans n'est pas toujours au rendez-vous. Inconnu du grand public, le candidat plafonne autour de 0,5 % quand le facteur de Neuilly avait fait 4 % en 2007. Une candidature qui complique d'autant la chasse aux parrainages.
>> Lire notre reportage : "Au NPA, recherche parrainages désespérement"
"C'était le même problème quand Besancenot s'est présenté pour la première fois, souligne Alain Krivine. Les signatures, ça représente un effort matériel énorme pour les militants : il faut faire des centaines de kilomètres, revenir plusieurs fois. C'est un boulot terrible."
Officiellement, une centaine de promesses de parrainages ont déjà été engrangées. Rien d'inquiétant cependant pour Alain Krivine, lui-même candidat à la présidentielle de la LCR en 1969 et 1974 : "Il y a du boulot mais on reste confiants." D'autres voient le temps filer et sont moins sereins. "On va demander aux militants de mettre les bouchées double pendant les vacances de la Toussaint", indique Myriam Martin. "Même dans la majorité, il y a un problème de conviction", affirme pour sa part Guillaume Liégard, avant de lâcher : "Ce ne sont pas les 100 premières les plus faciles à obtenir, mais bien les 100 dernières."

Paris: toujours et encore la Grèce

L'indice parisien s'enfonce à nouveau dans le rouge, toujours malmené par des opérateurs en mal de confiance dans le monde politique.
Vers 14h00, le CAC 40 accuse une baisse de près de 2,2% à 2961,4 points, tandis que le DAX perd 2,5% et le FTSE 1,4%. L'orientation des contrats 'futures' de Chicago laisse présager d'une ouverture en repli à Wall Street.
Les investisseurs, un temps rassuré par le vote de l'Allemagne en faveur de l'élargissement du Fonds européen de stabilité, se trouvent à nouveau gagnés par la peur d'une résolution lente de la crise grecque.
Ils attendent désormais la ratification des accords du 21 juillet dernier de quatre autres parlements européens, le rapport de la Troïka concernant un éventuel feu vert du versement de la prochaine tranche de huit milliards d'aide à la Grèce ainsi que le taux de participation des créanciers privés au programme d'échange de la dette grecque.
Cet après-midi, leurs yeux seront tournés vers les Etats-Unis, pour prendre connaissance des dépenses et revenus des ménages à 14h30, attendus respectivement en hausse de 0,2% et 0,1%.
Seront dévoilés l'indice PMI de Chicago à 15h45, pour lequel le consensus table sur 56,5, et la confiance des consommateurs du Michigan, attendue à 57,8, dix minutes plus tard.
Au chapitre des données économiques d'ores et déjà publiées, les dépenses de consommation des ménages français en biens ont augmenté de 0,2% en août en volume, après avoir reculé de 0,2% en juillet, indique ce matin l'Insee.
Toujours en France, les prix à la production dans l'industrie sont restés stables au mois d'août, en raison d'un nouveau repli des prix des produits pétroliers, annonce vendredi l'Insee.
La dette publique du pays, selon les critères de Maastricht (dette brute), s'établit à 1692,7 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre 2011, en augmentation de 46,4 milliards sur trois mois, selon les chiffres communiqués par l'Insee.
En zone euro, le taux d'inflation annuel s'établirait à 3% en septembre 2011, selon une estimation rapide publiée par Eurostat. En août, le taux était de 2,5%.
En outre, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s'est établi à 10% en août 2011, stable par rapport à juillet, indique Eurostat.
Sur le front des valeurs, les bancaires tentent de limiter la casse, alors que les analystes de Nomura mettent en évidence des valorisations 'trop basses'. Société Générale plonge de 11,3% à 18,7 euros, dans le sillage d'une dégradation d'UBS.
Soitec avance de 1,4% à 4,1 euros, après avoir confirmé sa prévision pour le premier semestre 2011-2012, une déclaration rassurante après le sévère avertissement de son client AMD mercredi soir.

Sarkozy est-il fichu pour 2012 ?

Sans comparer les sénatoriales et la présidentielle, on voit toutefois que Nicolas Sarkozy s'avance seul vers la tempête de 2012. Le président de la République n'a plus le soutien de l'opinion et il a perdu une bonne partie des éléments majeurs de sa victoire de 2007.




Primaires PS : Le parfum des années 1980

Le deuxième débat des candidats socialistes fut plus éclairant que le premier en ce qui concerne la découverte des personnalités et de leurs propositions programmatiques. Au plan des capacités des hommes et des femmes à exercer dans sept mois la fonction suprême de notre République, il est apparu assez nettement que tous les sondages ont raison de placer en tête depuis des mois le duo François Hollande-Martine Aubry, avec avantage au premier. Les deux révélations que sont pour beaucoup de Français Manuel Valls et Arnaud Montebourg prennent une nouvelle dimension grâce aux débats et gagnent leurs galons de futurs ministres importants en cas de victoire, mais ils ne peuvent prétendre cette fois-ci à porter le flambeau face à Nicolas Sarkozy. M. Baylet, qui fait du bon sens comme M. Jourdain de la prose, est lui aussi ministrable, tout comme Ségolène Royal, qui en revanche n’est plus dans l’air du temps présidentiel.
– Pour le programme du candidat de la gauche, c’est plus compliqué, car on a vu que Mmes Royal et Aubry et M. Montebourg tirent le programme vers la gauche radicale et étatiste de l’ère Mitterrand. On ne parle que de mise sous tutelle des entreprises, de nationalisations, de blocage des prix, de rétablissement de l’autorisation administrative de licenciement. Une vraie course aux propositions dirigistes qu’ont dénoncée courageusement MM. Valls et Baylet tandis que François Hollande restait plus discret. Le futur candidat socialiste sera donc forcément très lesté à gauche avant même qu’il ne prenne des engagements vis-à-vis des écologistes et de l’extrême gauche en vue du deuxième tour. Quant au coût de ces propositions, il reste flou mais ce sera cher : rien que les 300.000 contrats d’avenir plus les contrats de génération, plus les embauches de milliers de policiers et d’enseignants, tout cela sera financé par peu d’économies et beaucoup d’impôts. On en reparlera.

Grèce : « l’union sacrée », vraiment ?

Un grand « ouf » de soulagement a salué la large approbation par la Bundestag, jeudi, de la mise en œuvre du plan de sauvetage de la Grèce. L’Union européenne jubile. On parle du sens des responsabilités et du poids du « G2 » franco-allemand : Mme Merkel affiche sa satisfaction de ne même pas avoir eu besoin de votes de son opposition pour emporter l’adhésion, Sarkozy a chaleureusement « félicité » le chancelier allemand, et sa propre garde rapprochée a mis en évidence le rôle crucial joué par la France pour obtenir cette « union sacrée » (l’expression est de Jean-François Copé). C’est un bien fâcheux détournement de ces mots qui nous renvoient au sacrifice indicible de la jeunesse française pendent la Grande Guerre contre l’Allemagne.

L’approbation du plan par 13 pays de l’UE à ce jour – dont le poids lourds des poids lourds qu’est aujourd’hui l’Allemagne – s’annonce bien comme devant s’étendre à l’ensemble des 17 pays membres de la zone euro pour obtenir l’unanimité requise, même si la Slovaquie traîne des pieds et a remis le vote de son Parlement au 25 octobre. Il porte sur un élargissement de la capacité de crédit du FESF à 440 milliards d’euros (Fonds européen de stabilité financière) dont on sait déjà aujourd’hui qu’il ne suffira pas à combler les besoins des différents pays dont les difficultés deviennent de plus en plus manifestes – l’Italie, le Portugal, l’Espagne.

Ceux-ci, et d’autres peut-être, car pourquoi refuser à l’un ce que l’on fait pour l’autre, vont peser à leur tour sur le processus de sauvetage de l’euro. De nouveaux scénarios s’échafaudent déjà pour accorder plus de fonds, de pouvoirs et de droits au fameux FESF. La spirale infernale – ou le tonneau des Danaïdes, comme vous voudrez – a de beaux jours devant elle.

Pour reprendre une image glanée sur le blog de Harry Dent – financier américain qui a établi une intéressante corrélation entre les périodes de récession et le vieillissement des populations – : « C’est comme un vote approuvant l’achat d’un deuxième navire de guerre dont les militaires ont déjà établi qu’il ne suffira pas à la tâche, parce qu’il vous faut une flotte entière. A quel moment acceptera-t-on que la guerre ne sera pas gagnée, que la Grèce, et d’autres peut-être, ne seront pas “sauvés”, et que les tentatives successives vont seulement réussir à entraîner la chute des membres les plus forts de l’euro ? »

Quant aux plus pauvres, mais qui cherchent à assainir leurs finances, ils seront bien vite aux prises avec leurs propres difficultés politiques devant l’impopularité de la mise sous perfusion de la Grèce. L’Estonie est devenu jeudi soir le 13e pays de la zone euro à approuver le plan d’élargissement du FESF, mais non sans une opposition bruyante même au sein du Parti de la Réforme au pouvoir. Pour Igor Grazin, qui en est membre, la cause est absurde : « Je ne peux pas comprendre comment le FESF va sauver l’Europe et la Grèce. Comment Harry Potter bat Voldemort est quelque chose que chacun peut comprendre mais comment le FESF va sortir l’Europe de la crise c’est un conte de fées. (…) Le FESF ne résout pas les problèmes, il prend juste de l’argent », a-t-il lancé devant le Parlement.

Le petit pays balte devra contribuer de 1,995 milliard au fonds, ce qui a fait dire à Mailis Reps, député du Parti du Centre : « Quand on regarde les salaires des professeurs, le soutien de l’Etat pour les enfants, etc., tout est beaucoup plus réduit ici que dans les pays que l’Estonie va devoir aider financièrement. »

D’autant que tous ces « sauvetages » successifs ont essentiellement pour but d’assurer aux pays en difficulté – le Grèce, mais aussi l’Italie qui a bénéficié de rachats de ses créances par la Banque centrale européenne – la possibilité d’emprunter encore, d’emprunter toujours, mais à des taux dits « raisonnables » d’environ 5 % : une stratégie de court terme. Et de « rassurer les marchés », dont le seul objectif est de gagner de l’argent et dont la nervosité aggrave les conditions imposées aux pays défaillants… de fait. Leur nervosité s’explique, cela dit, par la cacophonie des responsables politiques et le manque absolu de crédit qu’on est prêt à accorder à leurs déclarations.

Renouer avec la croissance, comme ils le promettent régulièrement, est-ce concevable pour la Grèce ou l’Italie ? Faut-il vraiment parier sur un assainissement de leur situation quand ils n’ont plus de ressources de croissance, avec une natalité désastreuse depuis 30 ou 40 ans qui en elle-même annonce à la fois la contraction de l’économie et l’alourdissement continu des charges liées à la vieillesse ?

D’ailleurs la Grèce rechigne, traîne des pieds, remet à plus tard des réformes qui vont peser contre ceux qui créent encore des richesses dans ce pays. La troïka (UE-FMI-BCE) est retournée jeudi en Grèce après avoir claqué la porte au début du mois de septembre pour reprendre son inspection des comptes. Il va falloir notamment déterminer le poids de la fonction publique dans le budget, car nul en Grèce ne sait aujourd’hui combien il y a de fonctionnaires et combien ils sont payés. Du travail de la troïka dépend le versement des prochaines tranches de milliards de sauvetage décidés en mai, et la mise en place de la nouvelle rallonge de 159 milliards décidée le 21 juillet.

Mais si tout cela était essentiellement politique ? L’enjeu, c’est bel est bien une confiscation de la souveraineté grecque, et au-delà un contrôle des budgets, l’unification de la fiscalité européenne au nom de l’euro et de ce fait la fin de la liberté et de l’indépendance des Etats membres. L’« auto-détermination » ? Un vieux souvenir…

Si vous n’y croyez pas, écoutez Alain Juppé, qui est, tout de même et malgré Bernard-Henri Lévy, ministre des Affaires étrangères et voix autorisée du gouvernement Sarkozy. Multipliant les intimidations face à ceux qui envisagent de sortir de l’euro – « conséquences négatives », « danger mortel », « irresponsable » sont quelques-uns de ses mots choisis –, il a affirmé que les Européens sont en train de « franchir une première étape » dans la constitution d’un gouvernement économique européen ». Et il pense « surtout qu’il faut aller plus loin ». « Je suis favorable à une véritable fédération européenne. »

On s’en doutait un peu.

La ruée vers l'Ouest

En vingt ans, les trois régions de l'Ouest (Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire) ont vu leur population totale croître de plus d'un million d'habitants. Soit l'équivalent d'un grand département de plus ! Cette énorme progression démographique est liée à la persistance d'un « solde naturel » positif, c'est-à-dire au fait qu'il y a eu nettement plus de naissances que de décès. Mais cela n'explique qu'une partie du phénomène (notamment en Bretagne et Pays de la Loire) : cet essor est surtout à rattacher à l'existence d'un important « solde migratoire » positif. Depuis les années 1970, il arrive dans nos régions beaucoup plus d'habitants qu'il n'en part. Quel contraste avec les années d'après-guerre où « l'avenir était synonyme de partir » !

Ce renversement des courants migratoires constitue désormais le principal moteur de l'essor de nos populations ; qui plus est, toutes les analyses actuelles estiment que cette ruée vers l'Ouest va se poursuivre, et même s'accentuer d'ici à 2040. Au point que les migrations façonneront plus les territoires que le solde naturel (y compris cette fois en Basse-Normandie)...

Mais qui sont ces nouveaux arrivants ? Quelle peut-être leur influence et quels défis leurs afflux lancent-ils à nos territoires ? Ces arrivants sont principalement des actifs (et leurs familles), plutôt jeunes, principalement attirés par les perspectives d'emplois qu'offre un Ouest en plein essor... Ou tout simplement désireux de quitter la supernova parisienne pour aller voir si l'herbe n'est pas meilleure ailleurs. Ce sont aussi des retraités, de plus en plus nombreux, séduits par un cadre de vie agréable, ou un foncier assez abordable. Ce sont encore des étudiants et des chercheurs attirés par les opportunités de nos régions désireuses de fixer des talents. Ce sont enfin des étrangers, en nombre assez faible, il est vrai, et pour la plupart originaires d'Europe.

Ce rôle croissant des migrants va influencer, souvent de façon déterminante, l'évolution de nos régions. Sur le plan démographique, elle va provoquer un accroissement de la population et, dans l'immédiat, précipiter son vieillissement... Sur le plan économique, l'arrivée de tous ces migrants va se traduire par l'apport de revenus souvent substantiels au sein de certains territoires (retraites, transferts de salaires, versements de revenus sociaux ou financiers). Ceux-ci vont alimenter des demandes locales de biens et services, ce qui va favoriser dans la foulée la naissance d'activités multiples, et être ainsi à l'origine du renouveau de certains territoires. Sinon, comment expliquer l'essor de bien des communes rurales ou même de certains ports côtiers qu'on disait condamnés il y a encore quelques années ?

L'arrivée de populations nouvelles lance à nos régions des défis évidents. Défis en matière de développement d'habitats, de services de proximité et d'équipements scolaires, sociaux, sportifs supplémentaires pour accueillir un surcroît de population souvent mal anticipé... Défis attachés à la nécessité de développer des emplois... Défis liés à la préservation des espaces, surtout quand bon nombre de ces populations sont attirées par les zones littorales, là où les conflits d'occupation des sols sont nombreux... Plus généralement, défis de type socio-politique, lorsqu'il s'agit d'assurer l'intégration de ces populations nouvelles.

Répit à l’allemande

Sans enthousiasme et sous des défections dans la majorité mais avec le concours massif de l’opposition europhile (sociaux-démocrates et Verts), le Bundestag a approuvé la quote-part de l’Allemagne pour la création de l’indispensable Fonds européen de stabilité financière, donc aussi pour le deuxième plan d’aide à la Grèce. Un soulagement, sans aucun doute, en attendant encore les ratifications de cinq autres pays de l’Eurogroupe avec des difficultés prévisibles en Slovaquie. Un répit, surtout, car une «rallonge» de ce FESF ne passera plus, ont averti la CSU bavaroise et le minuscule FDP, deux partis indispensables à la coalition de la chancelière Merkel.

Or, ce n’est un secret pour personne, même porté à 440 milliards, l’actuel FESF ne suffira pas si un État comme l’Espagne devait à son tour appeler au secours. Sans même parler de l’Italie ! Encore faudrait-il déjà déduire de ces 440 milliards les plans d’assistance consentis à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal, soit 200 milliards, voire rembourser à la BCE de Francfort l’achat de quelque 150 milliards de dettes publiques douteuses ! Même pas encore ratifié par tous, le FESF est déjà en voie de tarissement. D’autres outils s’imposent. Par exemple ces euro-obligations honnies ou encore la possibilité pour le FESF de contracter des prêts auprès de la BCE. Un tabou pour nos voisins, car il changerait tout le catéchisme de l’euro. Et ce n’est pas tout : selon la récente décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, toute modification, même infime, de cette politique financière doit avoir l’aval du Bundestag. Une lourdeur impossible à gérer à une époque où les marchés réagissent à la nanoseconde. Sans oublier un autre psychodrame en vue lorsqu’il faudra ratifier l’année prochaine le «Mécanisme de stabilité européen» censé remplacer le FESF en 2013…

Bien que les critiques de Barack Obama fassent penser à l’Hôpital qui se moque de la Charité, le président américain a raison de dénoncer l’inertie de l’Europe. Que de milliards sauvés si la crise grecque avait été prise à cœur dès l’automne 2009, si la zone euro avait été, dès la création de la monnaie unique, dotée de véritables moyens d’intervention ! Certes, l’idée fait enfin son chemin avec pour premières étapes le FESF, les interventions de la BCE sur les marchés financiers et le « Six-Pack » adopté mercredi par le Parlement de Strasbourg. Toutefois, avec plus d’une «guerre» de retard…

Seul un gouvernement économique peut sauver la monnaie européenne. Mais lequel ? Celui très vague évoqué par le président Sarkozy et la chancelière Merkel ? Ou celui que voudrait en son nom imposer la Commission de Bruxelles, enfin sortie de sa torpeur bureaucratique ? Incarnation des Vingt-Sept, donc également des États très réservés envers l’euro (le Royaume-Uni, le Danemark, la Suède…), on voit mal la Commission régenter seule la politique de la monnaie unique. Aux dix-sept de l’Eurogroupe, premier cercle de l’UE, de prendre les affaires en main. Mais vite, très vite…

Ripoux

Au cinéma, les histoires de ripoux nous feraient plutôt rire. Dans la vraie vie, elles nous choquent, car nous rêvons tous d’un monde en noir et blanc - les voyous d’un côté, les flics de l’autre. Sans mélange possible, sans zone d’ombre, pour notre plus grande sécurité, et notre confort moral. Autant dire que l’arrestation de Michel Neyret fait tomber tout le monde de l’armoire : un grand flic, expérimenté, respecté de la justice — soudain mis en garde à vue comme un voyou ? Et pas pour des peccadilles, non, pour des motifs de grand voyou : trafic international de stupéfiants, blanchiment d’argent… Un « cataclysme », comme le dit son chef. Alors n’oublions pas que les flics ont droit à la présomption d’innocence, au moins autant que les voyous. Et espérons que l’on pourra déterminer si Michel Neyret est ou bien un flic, ou bien un voyou - si tant est que le monde puisse se peindre en noir et blanc.

Malléables frontières

"En Europe, les principes ne sont plus ce qu’ils étaient", écrivait România libera le jour de la réunion des ministres européens. Le 22 septembre, ces derniers ont décidé de reporter l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen, faute de compromis avec les Pays-Bas et la Finlande, qui demandent plus de garanties en matière de lutte contre la corruption et la criminalité.
A Bucarest et Sofia, les gouvernements se sentent trahis, car ils ont le sentiment d’avoir accompli en vain les efforts exigés. Mais au-delà de cette perspective nationale, tout indique aujourd’hui que l’Europe est devenue un sorte de labyrinthe dans lequel plus personne ne reconnaît ses frontières.
Les frontières extérieures, celle de l’espace Schengen, soumises à des tensions sur leur flan grec ou italien, sont renforcées à coup de barbelés (entre la Grèce et la Turquie) ou de patrouilles maritimes accrues (en Méditerranée), sans qu’une ligne directrice n’ait été tracée au niveau européen.
Les frontières internes, qui ne sont désormais théoriquement que des lignes administratives largement symboliques, sont de leur côté l’objet de manoeuvres qui portent atteinte au principe-même d’espace de libre circulation.
Le Danemark a rétabli le contrôle à ses frontières, officiellement pour lutter contre la criminalité transfrontalière ; la France l’a également fait pour empêcher des Tunisiens en provenance d’Italie d’entrer sur son territoire. Enfin, d’autres frontières, politiques celles-là, apparaissent là où on ne s’attend pas forcément, en fonction d’enjeu domestiques : aux Pays-Bas, en Finlande ou au Danemark, sous la pression du parti de Geert Wilders, des "Vrais Finlandais" ou du Parti du peuple danois.
"Je reproche à l'Europe et à l'Italie de dormir et de ne pas se rendre compte des forces nationalistes et centrifuges qui la tiraillent. Nous n'avons pas retenu la leçon des Balkans : il suffit que l'on indique un ennemi à une population en manque de repères pour que celle-ci l'adopte comme tel", prévient l’Italien Paolo Rumiz dans son livre Aux frontières de l’Europe (éd. Hoebeke, 2011). Il aurait pu ajouter qu’elle risque de laisser une partie de son âme se perdre entre des frontières plus ou moins malléables.

Tous pour un !

Nicolas Sarkozy et son Premier ministre ont été contraints hier de donner un nouveau coup de sifflet pour remettre en ordre de marche des troupes bien déboussolées, en proie à la panique et, une fois encore, au doute sur le pilote du Titanic. Première clarification, à propos du Sénat. Il est perdu. Dont acte. Pas question de chipoter. Tant pis pour Gérard Larcher et ceux qui parient encore sur un vote surprise samedi. Le président en fait une question de dignité. Il a surtout compris l'effet dévastateur d'un tripatouillage sénatorial pour lui et sa majorité.

L'appel à l'union s'impose d'autant plus que les divisions viennent de coûter très cher et qu'on en voit mal la fin dans cette grande famille où les rivalités et coups de poignard sont une seconde nature. Pour éviter que les trois ou quatre mois d'ici l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy ne tournent à la baston entre amis, le patron en appelle donc à la mobilisation et au combat pour 2012. Histoire de fixer un but et d'occuper les esprits, à défaut de remonter le moral, pour l'instant dans les chaussettes !

Le cap fixé d'ici la présidentielle, c'est de tenir bon dans la tempête financière et de tout faire pour sauver l'euro, condition jugée essentielle pour permettre à la France de s'en sortir. Priorité donc au sauvetage de l'Europe, donc à la double exigence de réduire la dette et de relancer la croissance qui s'imposera comme le sujet majeur de la campagne. Le président pense convaincre le jour venu les Français que leurs sacrifices ne sont pas vains et qu'il sera le mieux placé pour continuer à tenir la barre.

La bataille se jouera sur la crédibilité des propositions et des aptitudes des candidat(e)s à piloter en temps de crise. Nul ne peut prévoir où elle en sera dans sept mois, mais Nicolas Sarkozy ne manque pas d'atouts. Il a cette volonté hors du commun, condition sine qua non pour mener le combat politique à ce niveau. Mais il a aussi une forte pente à remonter dans l'opinion, tant est profond son discrédit et sérieux les doutes sur ses chances de l'emporter. Le candidat présenté avec insistance comme naturel n'a pas encore rassuré tout son petit monde.

Sauver la Grèce : clap ! 36e prise…

Comme un mauvais film au scénario si mal ficelé que personne n’y croit plus… Les bourses mondiales, et surtout européennes, montent et descendent en yo-yo au fil des informations qui se succèdent et ne se ressemblent pas, de contradiction en affirmation volontariste, d’annonce d’éclatement en promesse tranquille (comme Barroso qui promettait mercredi que la Grèce resterait dans la zone euro ; foi d’animal).

On n’a plus envie de commenter les aléas de ce sauvetage-dépeçage de la Grèce, tant ils mettent en évidence la langue de bois des responsables européens qui savaient, pourtant, depuis le début que la juxtaposition de pays comme la Grèce et l’Allemagne, la Pologne et le Portugal, et les autres, ne pourrait se faire sans de douloureux équilibrages. Dans un continent qui se meurt faute d’enfants, dans des pays où le poids du vieillissement pèsera encore plus lourd que les endettements actuels, à quoi sert de poser des pansements ?

Mercredi, on apprenait la remise en route de la troïka (UE, Banque centrale européenne et le FMI qui s’était si lourdement « trompé » sur l’état des finances grecques), alors tout le monde était content. On rajoute quelques couches d’organismes supra-nationaux et le tour est joué ?

Jeudi, on attendait avec optimisme (à l’heure d’écrire) le vote des élus allemands sur l’élargissement du fonds de sauvetage de la zone euro (Fonds de secours européen, FESF) créé en 2010, dont on veut augmenter les compétences en lui attribuant des moyens d’action à effet de levier, l’autorisation d’emprunter et d’investir comme une banque par exemple et de racheter des titres de dettes des pays fragiles (surévaluées) pour les fournir à la BCE, ou de garantir ces rachats effectués par la BCE elle-même. Dans tous les cas, refourguer les mauvais placements sur le dos du contribuable européen, au bout du compte…

D’aucuns estiment que les banques créancières devraient endosser au moins une partie des pertes de valeur de la dette grecque (en attendant l’Italie, le Portugal, l’Espagne… ?) : c’est le cas, par exemple, de la banque britannique Royal Bank of Scotland (RBS) ou de l’assureur allemand Allianz, qui ont amputé d’autorité la valeur de leurs titres publics hellènes de 50 % dans leurs comptes du premier semestre, les alignant ainsi sur les prix du marché.

De sources concordantes, selon l’AFP, plusieurs banques européennes, françaises notamment, envisageraient très sérieusement d’aligner la valeur de leur portefeuille sur les prix du marché, avec à la clef une provision supplémentaire dans les comptes du troisième trimestre. Cela réduirait mécaniquement le poids de la dette grecque de 10 milliards, et correspondrait à un meilleur respect de la réalité et – selon un responsable européen – rares sont les établissements dont la solidité financière serait affectée par cette nouvelle charge.

Il semblerait cependant que la troïka, une fois obtenu le soutien des Etats-membres de l’UE, ne veuille pas s’abstenir de verser de nouveaux milliards dans le tonneau des Danaïdes.

Et internet bruit des déclarations d’un « trader » londonien filmé en train de dire qu’il « rêvait » de récession pour « faire de l’argent » dans un marché qui s’effondre : il suffit de savoir faire, disait Alessio Rastani. Il ajoutait : « Les gouvernements ne dirigent pas le monde. Goldman Sachs dirige le monde. Goldman Sachs s’en fiche de ce plan de sauvetage, tout comme les importants fonds spéculatifs. »

Trop beau pour être vrai ? D’aucuns crient à la supercherie, à la mise en scène, même si la BBC, qui a interviewé le jeune homme, affirme être sûre de son identité. Mais il est symptomatique que ces propos aient pu paraître vraisemblables à une foultitude d’internautes et repris par des journaux britanniques sérieux.

Ce qui est vrai, c’est que les grandes crises économiques ne détruisent pas tout le monde, et que certains en profitent même beaucoup. Il est temps de retourner sérieusement à nos livres d’histoire.

Paris et Berlin appellent à ratifier l'accord sur le FESF

Après le vote allemand en faveur de l'élargissement des prérogatives du Fonds européen de stabilité financière (FESF), la présidence française a indiqué que le chef de l'Etat s'est entretenu avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et "l'a vivement félicitée du vote positif intervenu ce matin à une très large majorité au Bundestag sur la ratification de l'accord renforçant le FESF".
"C'est un pas important qui a été accompli au service de la stabilité de la zone euro", poursuit l'Elysée.

Les deux responsables européens "tiennent à rappeler que c'est la mise en œuvre résolue des décisions prises au sommet du 21 juillet qui permettra de surmonter les difficultés que traverse actuellement la zone euro", ajoute l'Eysée. Ils "incitent" en outre "l'ensemble des partenaires qui n'auraient pas encore procédé aux ratifications parlementaires à mener à terme ce processus dans les plus brefs délais".
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel "se sont également réjouis de l'adoption hier par le Parlement européen des textes sur la gouvernance économique européenne, qui renforcent la coordination et la surveillance budgétaire et créent un nouvel outil pour prévenir et corriger les déséquilibres macroéconomiques", poursuit le texte du communiqué.
LES INCERTITUDES PERSISTENT SUR LE VOTE SLOVAQUE
Le premier ministre grec, Georges Papandréou, compte se rendre à Paris vendredi 30 septembre pour y discuter avec le président Nicolas Sarkozy de la crise de la dette de la zone euro et de l'accord du 21 juillet avec l'Union européenne. L'Elysée a confirmé cette rencontre qui devrait avoir lieu dans l'après-midi de vendredi.
Le ministre grec des finances, Evangélos Vénizélos, a de son côté exprimé jeudi sa "satisfaction" après le vote allemand. Il a aussi fait part dans un communiqué de son "optimisme" quant à la conclusion, après le feu vert allemand, du processus de ratification du renforcement du FESF, destiné à soutenir les maillons faibles de la zone euro.
Six pays doivent encore donner leur aval, dont la Slovaquie, qui menace de faire traîner l'affaire.
Le ministre grec a "lié" le oui allemand "au fait que la Grèce a envoyé à l'étranger un message clair et déterminé quant à sa volonté de respecter les obligations" contractées en matière de redressement budgétaire, de privatisations et de réformes structurelles, en échange du sauvetage du pays par ses partenaires.