TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 29 juin 2012

L’Europe bipolaire

Vendredi matin 29 juin, les auditeurs des radios matinales prenaient connaissance du résultat des activités nocturnes des vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne réunis à Bruxelles pour un sommet estimé « crucial » par la plupart des observateurs. L’euro et, au delà, l’ensemble de la construction édifiée au cours des soixante dernières années allaient-ils survivre à la crise des dettes souveraines qui ébranle l’Espagne et l’Italie, après la Grèce, le Portugal et quelques autres ? Dans les jours précédant le sommet, un vent de panique, déclenché par quelques éditoriaux de la presse anglo-saxonne, soufflait sur le Vieux continent. A les entendre, l’euro serait déjà mort, et la réunion de Bruxelles ne serait qu’un simulacre destiné à éviter un « bank run » des épargnants désireux de sauver leur magot.
Le principal hebdomadaire allemand, Der Spiegel titrait, en couverture, « Quand l’Euro s’effondrera » avec, comme illustration, une pièce de 1€ côté face dépourvue de tout symbole renvoyant à son lieu d’émission. On ne manquait pas d’arguments pour fonder cet europessimisme : la crise bancaire espagnole serait un trop gros morceau à avaler par la zone euro, l’intransigeance d’Angela Merkel sur le volet « solidarité » de l’harmonisation fiscale et budgétaire des pays membres de cette zone et le rejet par les opinions publiques des transferts de souveraineté vers Bruxelles conduisaient droit à l’échec des négociations des 28 et 29 juin. Les Cassandre allaient même jusqu’à rappeler que ce sommet s’ouvrait le jour du 98ème anniversaire de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, dont on connaît les conséquences…
Vendredi matin, au contraire, on nageait en pleine euphorie : l’accord conclu au petit matin par les 27 renvoyait tous les prophètes de malheur dans leur coin sombre. L’Italie et l’Espagne avaient réussi à faire céder l’Allemagne en obtenant que le mécanisme européen de stabilité (MES) puisse financer directement les banques des pays soumis à la pression des marchés financiers et respectant leurs engagements relatif à l’assainissement de leurs finances publiques. Le plan de relance de 130 milliards d’euros était adopté dans la foulée, permettant à François Hollande de sortir la tête haute (du moins en apparence) de l’affrontement qu’il avait engagé avec la chancelière allemande. Les « eurobéats » triomphaient sans la moindre modestie, la palme de l’hyperbole revenant une fois de plus à Bernard Guetta de France Inter, regrettant qu’il n’existât pas sur notre continent un nouveau Victor Hugo capable de célébrer par des vers immortels cette avancée décisive vers l’Europe fédérale. Les marchés financiers, soulignent les mêmes, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en saluant l’accord de Bruxelles par une hausse significative des bourses européennes et une remontée du cours de l’euro face aux principales devises mondiales.
Qu’en est-il exactement ? A-t-on procédé à un nouveau rafistolage dans l’urgence ou écrit le premier acte d’une mutation de l’UE vers un système fédéral à l’image de celui en vigueur en Allemagne et aux Etats-Unis ? Avant de tenter de répondre à ces questions, saluons d’abord l’habileté tactique de Mario Monti et Mariano Rajoy qui ont conditionné leur adoption du plan de relance à l’acceptation préalable par l’Allemagne et ses alliés de la possibilité pour les banques en difficultés de se refinancer directement auprès du MES, ce qui hérisse le poil de Mme Merkel. Si elle a été obligé de craquer, c’est parce que la ratification par le Bundestag du pacte budgétaire européen (la mise sous surveillance par l’UE des budgets nationaux) exige la majorité des deux tiers, donc l’approbation des sociaux-démocrates. Or le SPD fait de l’approbation du plan de relance la condition de son vote favorable au pacte budgétaire. Mais la chancelière n’en a pas pour autant levé son opposition à toute garantie automatique des dettes publiques des pays européens avant que le gendarme financier de la zone euro n’ait été mis en place. Elle n’a tout simplement pas confiance et s’avance même jusqu’à affirmer que « de son vivant » on ne verrait pas d’euro-obligations assurer aux pays du « Club med » des conditions de crédit comparables à celle dont bénéficie aujourd’hui la République fédérale. Comme elle est âgée de 58 ans et que l’espérance de vie des femmes allemandes est de 83 ans en moyenne, cela laisse pas mal de temps aux marchés financiers pour tourmenter les pays de la zone euro incapables de faire adopter à leurs sociétés les comportements germaniques. Angela Merkel vient d’ailleurs d’être sèchement rappelée à l’ordre dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, bible des milieux d’affaires outre-Rhin, pour qui le compromis de Bruxelles est « une attaque contre l’épargnant allemand », car celui-ci, au travers de l’Union bancaire qui doit voir le jour au sein de l’UE, se portera garant des dépôts des cigales méridionales. Une fois ratifié le pacte budgétaire, la chancelière entrera en campagne électorale face à une opinion publique réticente devant tout ce qui peut ressembler à une caution solidaire de ses partenaires.
L’union politique » proposée par Merkel, et que Le Monde presse François Hollande d’accepter, se limite à la constitution d’un conseil de discipline, alors que ses partenaires rêvent pour de l’avènement d’une Société de secours mutuels continentale à l’image de celles qui engendrèrent, aux XIXème siècle, l’essor du syndicalisme ouvrier. Et comme l’a montré Gil Mihaely, c’est s’illusionner de penser que les sociaux-démocrates allemands, s’ils revenaient au pouvoir, adopteraient une ligne radicalement différente. Personne en France n’a remarqué la proposition faite par la Finlande à l’ouverture du sommet de Bruxelles. Les pays du Sud ont du mal à se financer à des taux raisonnables sur le marché ? Eh bien qu’ils émettent des emprunts hypothécaires gagés sur le patrimoine national ou les entreprises publiques ! Si on avait appliqué cette recette à la Grèce, la Deutsche Bank serait peut-être aujourd’hui propriétaire du Parthénon et BNP-Paribas aurait hérité de Mykonos comme village de vacances pour son comité d’entreprise… Or les Finlandais sont réputés pour oser dire tout haut, car cela ne prête pas trop aux conséquences, ce que les Allemands pensent tout bas.
Alors gageons qu’à l’euphorie d’aujourd’hui succèdera bientôt une nouvelle déprime. Car l’Europe est devenu le malade bipolaire d’un monde multipolaire.

Cherchez la femme !


Ministre des droits de la femme et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem est bien décidée à faire avancer la parité en France. Pour preuve, son ministère vient de publier, le 27 juin, un document intitulé : Une exigence d’exemplarité : l’égalité entre les femmes et les hommes au cœur de l’action publique.
Les mesures programmées y sont détaillées par le menu. Mais rassurez-vous : tout est, d’ores et déjà, en bonne voie pour renforcer la parité dans le pays, puisque « le gouvernement sera particulièrement vigilant à l’équilibre dans les nominations aux emplois supérieurs qui seront faites au sein de l’Etat, entre les femmes et les hommes ». Reste à savoir qui est l’auteur de cet engagement magnifique qui viendra assurément prendre place dans la longue histoire des combats féministes. Etienne Grass, directeur de cabinet de Mme la ministre ? Jérôme Teillard, son directeur adjoint ?
Ou Eric Lajarge, son chef de cabinet ? Suivons l’exemple de Jackal, qui allait répétant dans Les Mohicans de Paris : « Cherchez la femme, pardieu ! Cherchez la femme ! »

Bienvenue en Normalie !

La gauche reprend la politique de Sarkozy mais nous rejoue le grand air des valeurs
Hypocrite comme un journaliste. Ou comme un politologue. Ou comme un élu. Il était assez amusant, le 18 juin, d’entendre les invités d’Yves Calvi sur France 2 commenter le tweetgate avec des accents de vierges éplorées. De Florian Philippot, lieutenant de Marine Le Pen, à Vanessa Schneider, journaliste au Monde, en passant par Dominique Reynié, politologue et débiteur d’affirmations qui ne mangent pas de pain, ce fut un festival de mines outrées et de grands mots.
Comme chacun sait, et comme cela fut abondamment répété, ces histoires d’alcôve n’intéressent pas nos concitoyens. Comme dirait Audrey Pulvar, faudrait pas me prendre pour un jambon ! Ce serait donc par pur masochisme que Le Monde a consacré trois pages à la tragédie politico-amoureuse du Président normal, et que tous les hebdos (à l’exception de Paris Match…) ont changé leur « une » in extremis ? « Les Français, osa encore la consœur, ne supportent pas ce mélange public privé. » Je ne sais pas s’ils supportent, mais ils adorent.
Bien entendu, les estimables personnalités réunies sur le plateau se sont, comme vous et moi et des millions de Français, passionnées pour le duel de chipies qui a pimenté la bataille politique de La Rochelle. Tout simplement parce que, depuis nos rois et reines jusqu’à Nicolas Sarkozy, l’intrusion des passions dans la raison politique intrigue et fascine. Sexe et pouvoir, c’est la grande affaire de l’humanité. Des flots d’encre ayant coulé sous les ponts, on ne reviendra pas sur ce que l’affaire nous a appris de la douceur féminine et de la personnalité de la Première Girl Friend – qui, cherchant un nom pour sa non-fonction, avait retenu, parmi toutes les propositions, « Atout Cœur » et « Première Journaliste ». Et pourquoi pas Informator ? Cet édifiant épisode jette en revanche un éclairage nouveau sur la normalité présidentielle. Oui, François Hollande est normal, trop normal, comme l’annonce notre « une », concoctée par François Miclo avec l’aimable collaboration de Raymond Depardon.
Mais plus le Président répète, sur le mode de la dénégation, qu’il n’est pas Nicolas Sarkozy, plus ce qu’il a en commun avec son prédécesseur apparaît de façon éclatante : ces hommes radicalement différents sont précisément des hommes normaux, peut-être même ordinaires – si on veut être cruel comme Gérard Pussey, écrivain dont je salue l’arrivée dans ce salon. Exceptionnellement doués sans doute, courageux assurément, mais aussi lâches que n’importe lequel de leurs congénères quand il s’agit d’affronter une larme, une bouderie ou une colère de femme – et ne parlons pas de deux. Pour la résacralisation du pouvoir, vous repasserez. Ou pas.
Si le Président est normal, le fond de l’air est désespérément banal. On espérait une bataille d’idées entre la gauche Terra Nova, multiculturelle et antifasciste, et la gauche républicaine attachée à la nation. On dirait que, au moins dans les discours, la première a déjà gagné et que nous sommes condamnés à revoir un film que nous connaissons par cœur, sempiternelle variation sur un scénario éculé, Marine Le Pen ayant simplement remplacé son père dans le rôle du Dr No. Pour le reste, les mêmes injonctions moralisantes des valeureux résistants enfin sortis de la clandestinité à laquelle la répression policière les avait condamnés1, les mêmes niaiseries sirupeuses, les mêmes listes d’idiots utiles et d’alliés objectifs, les mêmes excommunications – et les mêmes médias, qui trouveront dans ce vieux filon une précieuse opportunité de reconversion de leur obsession sarkozyste – seront mobilisés en vue des mêmes fins : renvoyer à la niche ces classes populaires qui résistent avec entêtement aux joies de l’avenir radieux et sans frontières dans lequel elles sont priées de disparaître.
Au PS comme à l’UMP on semble donc avoir fermé avec soulagement le livre du géographe Christophe Guilluy sur les « fractures françaises », qui a fait office d’évangile pendant ces quelques mois où personne n’avait de mots assez doux pour ces prolos sans lesquels nul ne gagne une élection. Du reste, dans l’entretien qu’il nous a accordé, Guilluy explique qu’après une présidentielle qui avait mobilisé ces catégories, les législatives ont été une élection sans le peuple. Retour à la normale : après avoir juré que cette fois on les avait compris, on s’est empressé, une fois le dernier bureau de vote fermé, de dénoncer leur esprit étroit, imperméable aux joies du métissage.
Les commentateurs ont donc unanimement et bruyamment décrété que le résultat des législatives confirmait l’échec de la « stratégie Buisson ». À les entendre, nous aurions subitement retrouvé nos « valeurs » que ce salaud de Sarkozy avait cachées on ne sait où, sans doute dans le même coffre que l’argent qu’il piquait aux pauvres pour le donner aux riches. Maintenant qu’il a cessé de diviser les Français, nous pouvons à nouveau nous aimer les uns les autres – il faudra le dire aux Parisiens qui empruntent la ligne 1 aux heures de pointe, certains ne doivent pas être au courant.
Les chers confrères vont un peu vite en besogne pour décréter que la « droitisation ne paie pas » – sachant qu’ils qualifient de droitisation toute tentative pour répondre aux angoisses exprimées par les classes populaires sur l’immigration et la sécurité. Claude Guéant n’a pas été défait par un tenant de la droite dite « humaniste » (l’humanisme en question consistant paradoxalement à s’asseoir sur les attentes d’une partie des citoyens), mais par un dissident mieux implanté que lui. Et parmi les battus, figurent également François Goulard, Hervé de Charette ou Laurent Hénart, qui ne sont pas, que l’on sache, des représentants de la droite inhumaine et buissonnière.
En réalité, si on place à part l’ouest de la France, qui a peut-être rejoint le camp de ceux qui imaginent pouvoir un jour faire partie des gagnants de la mondialisation, on a plutôt l’impression que si la « stratégie Buisson » a été sanctionnée, ce n’est pas à cause de Buisson, mais parce qu’il était trop évident qu’il s’agissait d’une stratégie. Convaincus que Nicolas Sarkozy, malgré ses discours musclés, ne ferait pas mieux que François Hollande sur les terrains qui les préoccupent, nombre d’électeurs se sont dit : « à tout prendre, autant avoir la retraite à 60 ans. »
La gauche n’ayant aucun autre horizon à proposer que le libre-échangisme et la réduction des déficits – c’est-à-dire la politique menée par Sarkozy –, elle a tout intérêt à camper sur sa supériorité morale. Aussi a-t-elle promptement commencé, notamment par le truchement de Najet Vallaud-Belkacem, professionnelle du fronçage de sourcil à visage humain, à déplorer la porosité, les passerelles, les compromissions entre UMP et FN – l’inénarrable Olivier Ferrand de Terra Nova ayant déjà dressé la liste des agents doubles, dans laquelle figure évidemment votre servante, ainsi que les suspects habituels. À l’UMP, certains, à commencer par Alain Juppé et François Fillon, ont compris qu’ils tenaient là leur seule chance de faire passer une bataille de chiffonniers pour un noble affrontement idéologique. Jambons, vous-mêmes !
En vérité, on voit mal pourquoi il faudrait partager les valeurs du Front national pour comprendre que son succès n’est pas dû à la méchanceté ou au racisme des Français, mais au fait que beaucoup le tiennent – à tort, à mon humble avis – pour le seul parti capable de défendre avec fermeté ce qui leur importe : une justice qui condamne les voyous, une immigration qui s’adapte à la tradition nationale, un système social supporté par tous. Personne ne leur rendra confiance en leur répétant qu’il faut aimer l’autre et que la différence est une source de richesses. Dans ces conditions, comme le montre Daoud Boughezala, il est absurde de poser en termes moraux et sentimentaux la question d’une éventuelle et future alliance entre l’UMP et le FN.
Le jour où les électeurs frontistes auront la conviction que la droite « classique » est capable d’entendre leurs inquiétudes et d’y répondre, le Front national n’aura plus de raison d’exister (on l’a vu en 2007). Et la gauche devra se trouver un nouvel épouvantail. Malheureusement, il semble que ce ne soit pas pour demain. Bienvenue dans le quinquennat anti-Le Pen.

Je rigole, mais fabriquer Marianne et Mediapart dans une cave, ce n’était pas marrant tous les jours.

Première chute dans les sondages


La cote de confiance de l'exécutif a baissé de 7 points depuis fin mai, 51% des Français faisant confiance à François Hollande contre 58% il y a un mois, et 49% à Jean-Marc Ayrault au lieu de 56%, selon l'observatoire CSA/Les Échos rendu public jeudi.

Euros

 Vous connaissez la définition du football par l’avant-centre anglais Gary Lineker ? « Un jeu simple : 22 joueurs courent après un ballon et à la fin, les Allemands gagnent ». Ce n’est certes plus toujours vrai sur le gazon vert, mais ça le reste dans un sommet européen, qu’on pourrait ainsi définir : « Une négociation simple : 27 leaders courent après un accord et à la fin, Merkel gagne ». Notre Président, tout frais arrivé dans la haute compétition, espérait pourtant changer la règle. Bousculer la hiérarchie et tacler la Teutonne. Faire mieux, aussi, que nos footballeurs, fantômes errants de l’Euro. Notre Président aura au moins essayé, dans son style sans fioriture, sérieux et obstiné. Mais on ne défait pas une longue tradition en un seul match. Ce soir, n’en doutons pas, au coup de sifflet final du sommet, c’est la Mannschaft d’Angela qui chantera victoire – et fera des eurobonds de joie.

Mythes économiques : Tout investissement qui crée de l'emploi est bon pour l’économie

Mythe : Tout investissement qui crée des emplois est forcément bon pour l’économie et la création de richesse. D’ailleurs, ce sont les petites entreprises qui créent le plus d’emplois, il faut donc que le gouvernement les privilégient.
out investissement qui crée des emplois est forcément bon pour l’économie et la création de richesse. D’ailleurs, ce sont les petites entreprises qui créent le plus d’emplois, il faut donc que le gouvernement les privilégient.
Pour reprendre l’excellent exemple d’Igor Karbinovsky, supposons que j’écris un article que personne ne veut lire, encore moins me payer pour le lire. Puis, dans un nouveau programme de création d’emploi, le gouvernement me paie pour cet article et tous ceux que j’écrirai dans le futur. Bravo ! Un nouvel emploi a été créé !

Cependant, comme personne n’est prêt à payer pour mon article, la contribution de ma production à l’économie est nulle. Le temps que j’y ai investi et l’argent qui m’a été donné par le gouvernement ont été gaspillés. Pire encore, à l’aide de l’argent qui m’a été donné par le gouvernement, je pourrai acquérir des biens qui eux ont de la valeur. Ma contribution à la société est donc négative (je prends quelque chose, mais je n’apporte rien). Mon nouvel emploi détruit donc de la richesse. C’est un mauvais investissement.
Ainsi, les ressources et les actifs dévoués à la production de biens non-désirés par la société sont gaspillées et réduisent le niveau de vie de la société. Et le seul moyen de savoir si le capital est déployé de manière à bien servir la société, c’est en le soumettant au test du libre-marché, l’agrégation des préférences de la société. Le profit est l’indicateur démontrant si la production rencontre la satisfaction des consommateurs. Le plus vite les entrepreneurs réalisent que leur capital est mal investi et qu’ils gaspillent les ressources, le mieux le niveau de vie de la société s’en portera. Toute interférence dans le processus du marché viendra le troubler et nuire à la création de richesse.
Donc, créer des emplois ne veut pas dire qu’on l’on crée de la richesse. On pourrait créer des milliers d’emplois en rendant les pelles mécaniques illégales. Cependant, cela nous apauvrirait puisque nous devrions alors payer plus cher pour nos maisons, nos édifices, nos routes et toutes ces autres constructions, ce qui réduirait notre niveau de vie considérablement.
Dans un autre ordre d’idées, il semble que les petites entreprises bénéficient d’une sorte d’aura politique, étant considérées comme les plus créatrices d’emplois. Aux dernières élections fédérales, le programme du Parti Néo-Démocrate prévoyait des crédits d’impôts de $1 milliard visant à aider les PMEs, alors que le Parti Conservateur leur consentait $124 millions en crédits d’impôt à l’embauche. Les petites entreprises font aussi souvent partie des discours du Président Obama et sont particulièrement visées par ses politiques interventionnistes. Cela est attribuable au fait que les petites entreprises créent plus d’emplois que les grandes, et l’emploi est un enjeu électoral significatif.
Pourtant, les grandes entreprises ont généralement des employés beaucoup plus productifs que les petites, offrent des salaires supérieurs et paient plus d’impôts. Les pays dont les économies sont plus dominées par les petites entreprises sont moins dynamiques, croient moins vite que les autres (par exemple : la Grèce, l’Italie et le Portugal) et ont des niveaux de vie inférieurs.
Les grandes entreprises récoltent des économiques d’échelles qui sont repassées aux consommateurs sous la forme de prix plus attrayants. Ces économies d’échelles bénéficient donc à la population en augmentant son niveau de vie.
De plus, lorsque les données sont ajustées pour l’âge de l’entreprise, on constate que les petites ne créent pas plus d’emplois que les grandes.
La conclusion est que plutôt que de chercher à privilégier et subventionner les petites entreprises, les gouvernements devraient se concentrer à retirer les entraves au monde des affaires tout en réduisant les impôts, la bureaucratie et la paperasse. Par exemple, en Europe et ailleurs, lorsqu’une firme atteint une certaine taille, elle est sujette à plus de règlementations, ce qui lui donne un incitatif à rester petite. Il y a donc en France un nombre anormalement élevé d’entreprises de 49 employés, car l’ajout d’un cinquantième employé aurait des conséquences règlementaires et fiscales très négatives. En bref, des politiques de libéralisation économique (dérèglementation, privatisation, baisses d’impôts) pour toutes les entreprises serait plus souhaitables que des mesures interventionnistes favorisant les petites entreprises.
Pour en lire davantage:

Du Nutella tarif prison !


Dostoïevski faisait, au 19ème siècle, la constatation qu'on pouvait juger du degré de civilisation d'une société en entrant dans ses prisons. Si cette citation devait s'appliquer maintenant en France, les conclusions qu'on pourrait porter sur la société française seraient stupéfiantes. En pratique (et cela rejoint un récent billet), on en déduirait que le curseur indiquant le degré de civilisation de la société française pointe maintenant vigoureusement sur N'Importe Quoi...
Dans une société à la limite de la civilisation, les prisons sont des mouroirs sordides et glauques dans lesquels la lie de l'humanité se mêle à de pauvres hères condamnés sans clémence dans une lutte épouvantable pour savoir qui aura le privilège de grignoter le dernier cafard.
Dans une société civilisée, les prisons accueillent les condamnés dans un cadre spartiate qui leur permettra de chercher à racheter leur faute tout en les écartant de façon contrôlée du reste du monde dans lequel leurs agissements les ont rendus non désirables. C'est à la fois un lieu d'expiation, de rédemption et de travail sur soi. Évidemment, cette vision est une utopie que les sociétés actuelles tentent d'atteindre avec les moyens limités qui leurs sont alloués. Il n'en reste pas moins que la prison, si elle a pour mission d'isoler les individus néfastes, doit aussi leur permettre de s'amender, de se corriger.
Mais dans la société française actuelle, les prisons n'ont plus rien à voir ni avec la première acception, ni avec la seconde. L'état de décrépitude avancée des finances publiques entraîne naturellement les catastrophes sanitaires et sociales que sont devenues les prisons et leur permettent, bien souvent, de se transformer en de véritables centres de formations alternatifs pour la délinquance chevronnée voire la grande criminalité.
Parallèlement à cette dégradation calamiteuse du domaine carcéral, la République du Bisounoursland progresse tous les jours plus vite vers l'idéal coloré d'une société bordée de câlins et de petites attentions délicates. Voulant à tout prix éviter les heurts et les douleurs de chacun des individus qui la compose, cette société s'emploie donc à distribuer des douceurs avec la clairvoyance qu'on peut imaginer lorsqu'il s'agit d'une gestion étatique. Et ça ne loupe pas : les prisons françaises, bien que décrépies, se muent doucement en surfaces commerciales moyennes avec prix discount et Nutella en promo.
On croit rêver, mais non, c'est bien de pâte à tartiner au chocolat à prix discount dont je parle ici, et il n'y a aucune métaphore scabreuse dont les prisonniers pourraient être friands. En effet, on apprend un tantinet abasourdi, que les produits vendus dans les cantines des prisons le sont à des tarifs défiant toute concurrence. Et c'est normal : ces prix découlent directement de l'application stupide d'une décision typiquement bureaucratique, consécutive au constat de la Cour des Comptes que les prisons -- surprise ! -- étaient mal gérées et que leurs cantines vendaient précédemment ces produits à des prix qui frisaient le farfelu aux petits fers.
En substance, en juillet 2010, la Cour avait dénoncé les abus des cantines, notant des prix de produits courants (café, eau, chocolat...) supportant des marges quasiment capitalistiques de plus de 22% et des écarts de prix de 50% d'une prison à l'autre. Si, maintenant, les prisons se font des thunes en exploitant les détenus, où va-t-on ? On commence comme ça, et on finit par priver les méchants de leur liberté d'aller et venir !
À toute action (de la Cour des Comptes) correspond ensuite une réaction (de l'administration), et cette constatation n'est pas de Dostoïevski mais se borne à retranscrire l'effroyable réalité en France actuellement : rien n'est plus efficace pour saboter le travail de l’État que ... l’État lui-même : une liste de 200 produits prioritaires a été établie, les achats groupés faits en conséquence, et les prix fixés arbitrairement avec la sagacité et la finesse commerciale qui sied à des établissements publics qui ne doivent surtout pas approcher un bénéfice de trop près (ça file, dit-on, des boutons).
Moyennant quoi, le pot de Nutella est passé de 3,13€ (prix public) à 1,11€ en prison, le paquet de riz de 500g de 2,70€ à 0,36€, le pot de confiture de fraise de 450g est passé de 1,45€ à 0,67€, et le Ricoré se retrouve à 3,45€ au lieu de 4,82. C'est Du Bonheur En Shrink-Wrapped, c'est génial, c'est Made In République Du Bisounoursland et tout le monde est content. Enfin, tout le monde, je parle surtout des prisonniers, à tel point qu'une nouvelle tendance est apparue :
« Avant, les familles apportaient de la nourriture aux détenus, ce qui est interdit mais toléré dans les faits. Maintenant, c’est le contraire ! Certains prisonniers ont écrit à leur directeur d’établissement pour que leur famille profite aussi de ces prix bas et ils se mettent à poster des colis. »

Snif, snif, vous la sentez bien, cette petite odeur de n'importe quoi consternant qui s'apparente de plus en plus à du moquage de visage en cinémascope ?
Parce qu'en réalité, le différentiel de prix ne provient pas seulement du diabolique entregent des commerciaux des prisons françaises lorsqu'ils tradent le pot de Nutella comme des malades, avec leurs 6 écrans bloomberg sur les futures et les cours en direct. Non. Plus prosaïquement, et comme toujours, pour s'éviter toute approche malencontreuse avec un équilibre budgétaire qui ferait tache dans l'océan de dettes financières du pays, le différentiel de prix est couvert... par le contribuable.
Et là, les câlins et les bisous sentent soudainement le pâté, et les gardiens de prison, dont le salaire n'est tout de même pas exactement celui d'un ministre, font un peu la tête. On les comprend : ce différentiel englouti pour beurrer les tartines des prisonniers aurait pu permettre d'augmenter leurs salaires… Eh oui : c'est un peu le problème d'être du mauvais côté des barreaux : on ne bénéficie pas de la même clémence des éléments.
Tout pot de Nutella mis à part, vous trouvez que j'exagère ?
Même pas. Pour bien illustrer à quel point Dostoïevski se serait probablement enfoncé le crayon dans l’œil en voyant l'état de la société française, il suffit de tomber sur un article comme celui-ci dans lequel on apprend que des habitants de Saintes doivent supporter les jets de projectiles divers depuis une rue en hauteur, jets qui n'ont pour le moment causé que des dégâts matériels.
Une bande de jeunes s'amuse en effet à projeter des cailloux et autres morceaux de carrelage depuis cette rue vers les habitations en contrebas, provoquant une réponse évidemment ferme, musclée et adaptée des autorités : nettoyage de la rue en question pour l'en débarrasser de ses projectiles potentiels, mise en place de petits panneaux sur le mode "Jeter Des Cailloux, C'est Mal", et une barrière supplémentaire avec interdiction super super forte de la franchir sinon, non mais.
L'option "Choper les morveux et distribuer des claques" n'a pas été retenue au conseil municipal, et envisager de mettre des caméras de surveillance (coûteuses et qui seront probablement détruites assez rapidement) n'a traversé que furtivement les esprits chagrins de Saintes. A contrario, les habitants sont inquiets. Oh, pas du risque de se prendre un morceau de parpaing sur le front. Bien que la probabilité ait augmenté depuis que la bande de voyous sévit, ce n'est pas ce qui les turlupine, les braves gens.
« Ce qui me fait peur, c'est que certains gamins grimpent sur le parapet. S'ils tombent, ça peut se terminer en drame »
Et effectivement, glisser du parapet et se tuer alors qu'on voulait juste lancer un bout de parpaing sur la gueule d'un quidam 30m plus bas, ce ne serait vraiment, mais alors vraiment pas bisou.
Pas de doute : des prisonniers qui bénéficient de Nutella à prix cassé payé par le contribuable, des victimes qui redoutent un sort malheureux à leurs agresseurs, vraiment, vous êtes en République du Bisounoursland.

Fiscalité : le socialiste Noah persiste et signe 


Des vidéos incroyables de la Commission du Sénat où Yannick Noah devait expliquer ses problèmes fiscaux ont été diffusées sur challenges. On y voit le socialiste agresser les parlementaires qui ont le culot de lui poser la question de l’exemplarité. Il explique ensuite que la proposition de François Hollande de taxer les riches à 75% est juste mais qu’il déconseille à son fils de payer ses impôts en France. Puis il explique qu’il était parti vivre en suisse afin de ne pas payer ses impôts « par peur du lendemain ».
Yannick Noah devrait proposer un duo à Trierweiler. Ils pourraient appeler leur chanson « Le beurre et l’argent du beurre », ou bien « Cracher dans la soupe »…
Que dire d’un homme qui parade avec Hollande et qui explique qu’il faut que les riches payent plus d’impôts, alors que lui même est exilé fiscal et qu’il conseille à son fils de ne pas payer d’impôts ?
Surtout, comment François Hollande ose-t-il exploiter la popularité de cet homme au comportement scandaleux ?
Quand on voit que Hollande dénonçait les ministres condamnés par la justice et qu’il en met 3 dans son gouvernement. Quand on voit qu’il promet aucune interférence avec la vie politique française et qu’il donne son soutien à Ségolène. Quand on voit qu’il dénonçait la peoplisation de la politique par Sarkozy et qu’il nous offre le Tweetweilergate. Quand on voit qu’il dénonçait l’austérité et qu’il va en faire une sacrée cure. Quand on voit Delphine Batho et son logement social, Yamina Benguigui et ses propos racistes, Duflot et le cannabis
Quand on voit ce que font le président et se proches depuis leur élection, on se dit que finalement il ne pouvait pas trouver mieux que Yannick Noah pour représenter son leitmotiv : faites ce que je dis, pas ce que je fais !
L’exemplarité, c’est pas maintenant !

PLUS DÉTESTABLE QUE CE "CHOUCHOU" DES FRANÇAIS 
ÇA N'EXISTE PAS !!

Gangrène : les banques du monde entier sont contaminées par des dettes pourries

L’Eurogroupe a accepté ce mercredi la demande d'aide pour recapitaliser les banques espagnoles et chypriotes. Reste que l'Europe devrait ouvrir les yeux sur le fait qu'il est trop tard pour sortir de la crise, plan de sauvetage ou non. Place désormais aux solutions envisagées outre-Atlantique : une gestion ordonnée de la faillite des États les moins solvables et des banques trop exposées aux dettes toxiques.
Alors que les marchés semblaient se réjouir d'un audit chiffrant à « seulement » 62 milliards d'euros le besoin de recapitalisation des banques espagnoles, l'agence Moody's a jeté un froid en dégradant la notation du risque de crédit de 15 grandes banques mondiales, puis en abaissant de nouveau la note de la dette de 28 banques espagnoles. Le motif ? Il y a trop de créances douteuses dans leurs bilans.
Le comble de l'absurde est atteint dans la péninsule ibérique, où des banques en quasi faillite vont recevoir une capitalisation d'un fond de secours public, qui bénéficiera d'un prêt de l’État espagnol, lui même alimenté par des ressources européennes qui restent à déterminer, fournies par des États eux-mêmes proches du surendettement, comme l'Italie ou la France. Et tout cela pour quoi ? Pour qu'elles puissent continuer à prêter à l'État espagnol !

Les investisseurs remboursés par l'argent des nouveaux emprunts : nous avons là un schéma de Ponzi à l'état pur, mais aucun des Madoff à la tête de nos gouvernements n'ira pourrir en cellule, merci pour eux.

L'argent-dette mal utilisé ne peut être remboursé

Comment les États du sud de l'Europe espèrent-ils s'en sortir ? Grâce à... Une relance de la croissance, obtenue par un maintien à un niveau élevé des dépenses publiques, et donc par un creusement de la dette. Un tel niveau de niaiserie économique laisse pantois. Rappelons quelques fondamentaux normalement maîtrisés par tout étudiant en économie. 

La qualité d'une dette dépend de la faculté du débiteur à s'inscrire dans une chaîne de création de valeur suffisamment performante pour le rembourser. Si une entreprise investit sa créance dans des outils de production performants, dont les produits séduisent les consommateurs, aucun problème. Si cette chaîne de valeur permet aux salariés de voir leur rémunération augmenter, ceux-ci peuvent sans souci avoir recours au crédit.
Mais que la proportion de dettes mal utilisées augmente, et la capacité de remboursement des débiteurs est menacée. C'est ce qui se passe en Europe. L'illusion de prospérité créée par la monnaie unique a permis à des agents économiques de pays peu performants d'emprunter pratiquement au même prix que les Allemands, et le faible coût de cet argent facile a favorisé des utilisations de mauvaise qualité. Pour le secteur privé, trop de ressources ont été allouées, par exemple, à des maisons sans acheteur, comme en Espagne ou en Irlande. Quant aux États européens, il y a longtemps que tous utilisent leurs déficits pour financer les voies d'eau de leurs dépenses courantes, sans aucun bénéfice pour leur compétitivité.
Aussi la dette augmente-t-elle bien plus vite que la capacité de remboursement des emprunteurs. Et il ne faut pas compter sur une hypothétique croissance pour la résorber : dès 2010, la banque des règlements internationaux, dans une étude restée hélas confidentielle, montrait que pour ramener en 10 ans leur dette simplement au niveau d'avant crise, en 2007, les États européens devaient améliorer leur balance primaire de 5 à 10% de leur PIB, voire 15% pour certains PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne et Irlande).

Malgré les cris des adversaires d'une austérité encore timide, aucun État n'a effectué le tiers des efforts nécessaires à cette stabilisation. Et la croissance nécessaire à une telle performance sans effort budgétaire significatif est inenvisageable dans une zone Euro qui n'a guère brillé en ce domaine depuis l'adoption de la monnaie unique.

La dynamique actuelle des dettes publiques est insoutenable

Il faut se rendre à  l'évidence : la dynamique actuelle des dettes publiques est insoutenable. Or, l'exposition des grandes banques européennes à ces dettes se chiffre de 50 à 100 milliards par établissement, sans compter les produits dérivés, et il faut y ajouter les dettes privées non remboursées, qui atteignent aujourd'hui 8% des créances en Espagne. D'où l'inquiétude légitime de Moody's vis à vis du secteur financier.
Tout laisse croire que la crise entre dans une nouvelle phase d'aggravation très douloureuse. Si l'on s'en tient au cas de l'Espagne, une recapitalisation des banques signifie que celles-ci ne pourront pas continuer à garnir leurs portefeuilles d'obligations de leur État souverain, brisant la chaîne de Ponzi. Or, l’État espagnol a besoin de plus de 270 milliards de refinancement en sus de la recapitalisation de ses banques d'ici à la fin 2014 [ii]. Seuls les mécanismes européens de « stabilité », il faut le dire vite, pourront lui apporter ces sommes... Mais tous les États qui contribuent à ces fonds sont eux-mêmes surendettés ! Tôt où tard, les investisseurs décideront que l'Allemagne ne pourra pas à elle seule garantir le comblement de toutes les voies d'eau de la maison Europe : qui paiera alors les renflouements ?

Les stratégies de bricolage de fonds de « secours » ou d'Eurobonds supposés résoudre les problèmes de dette des États nationaux par une mutualisation au niveau européen sont en train, à l'évidence, d'échouer lamentablement. Et Mario Draghi (président de la BCE) a fort heureusement fait savoir que les mesures exceptionnelles de création monétaire artificielle depuis la BCE ne sauraient devenir la règle, sous peine d'un retour à des inflations insupportables. Il faut donc imaginer rapidement d'autres moyens d'assainir la situation.

D'autres solutions sont possibles...

Lorsqu'une entreprise est insolvable, elle doit soit négocier un accord de réduction de dette, généralement en échange de capital de l'entreprise faillie, soit être liquidée. Un État ne peut être liquidé (essayez de faire saisir le Parthénon par un huissier...), il faudra donc, pour les États insolvables, négocier des remises de dette (« haircuts ») avec leurs créanciers.
Évidemment, certains objecteront qu'un défaut souverain d'importance entraînerait nécessairement la faillite de nombreuses banques détentrices de ces titres, menaçant l'économie d'un grippage total. Pour éviter un tel phénomène, les États-Unis ont adopté au mois de mai un dispositif de mise en redressement des grandes banques piloté par la FDIC (l'assureur fédéral des comptes courants) prévoyant un assainissement d'une grande banque en faillite par un mécanisme de transformation progressif de ses dettes en capital [iii], et surtout aucun appel au contribuable, contrairement aux plans de sauvetage récents.

Récemment, Michel Barnier, pour le compte de la Commission européenne, a présenté des propositions philosophiquement proches [iv]. Ces propositions ne sauraient résoudre tous les problèmes, elles n'empêcheront pas des ajustements douloureux des États-providence, qui devront de toute façon réduire considérablement leur empreinte économique, et leurs détails techniques posent encore quelques questions. Mais ces plans permettraient, si leurs promoteurs se révèlent capables de les mettre en œuvre, de s'assurer que de grosses faillites bancaires n'empêcheraient pas cette économie que l'on dit « réelle » de fonctionner tant bien que mal pendant que l'économie financière subirait une très grande purge de ses dettes toxiques.

Malheureusement, faute d'avoir envisagé de telles dispositions dès 2008, bien que quelques économistes de renom s'en soient dès lors faits les chantres, il est peu probable qu'un tel dispositif européen de gestion des grandes faillites bancaires voit le jour avant 2015.

Pourtant, il y a urgence à ce que les États cessent de faire semblant de croire qu'ils peuvent sortir de la crise en « bidouillant » des plans de sauvetage mobilisant des milliards qu'ils n'ont pas, et en creusant leur endettement sans retenue. Il est trop tard pour essayer de sortir de la crise en comptant uniquement sur un assainissement des comptes publics courants, quand bien même celui ci reste indispensable. Une gestion ordonnée de la faillite des États les moins solvables et des banques trop exposées à ces dettes toxiques est plus que jamais indispensable, quelle qu'en soient les difficultés politiques.


[i] BIS Working Paper n°300, « The future of public Debt », mars 2010 http://www.bis.org/publ/work300.pdf?noframes=1
[ii] Sources: analyses de JP Morgan et Royal Bank of Scotland
[iii] Détails sur le site de la FDIC: http://www.fdic.gov/news/news/speeches/chairman/spmay1012.html
[iv] Les échos, 6 juin 2012 : « Michel Barnier :  Les banques doivent payer pour les banques »


Non-cumul des mandats: le PS en marche-arrière?


Alors que le PS dans l'opposition avait ratifié un texte enjoignant de montrer l'exemple dès 2012 en anticipant la future loi sur le non-cumul des mandats, les socialistes au pouvoir ne semblent plus aussi pressés. Explications. 
En matière de non-cumul des mandats, le changement est-il vraiment pour maintenant? A en croire certaines déclarations, cette promesse forte des socialistes pourrait patienter encore un peu dans les cartons.  
Pour bien comprendre, il faut remonter le temps: en 2009, le PS ratifie un texte dans lequel il promet de mettre fin au cumul des mandats. Il annonce une loi - s'il accède au pouvoir en 2012 - qui interdira à tous les élus de cumuler un mandat de parlementaire et un exécutif local (maire ou maire adjoint, président(e) ou vice-président(e) de conseil général ou de conseil régional). 
Mais le PS va encore plus loin, il promet d'anticiper cette loi en montrant l'exemple "dès 2012". Le texte soumis et adopté par les militants socialistes est très précis: "Tout candidat à une élection parlementaire abandonnera ses mandats exécutifs locaux dans un délai maximum de trois mois après la tenue du scrutin." Conclusion, tous les députés socialistes élus depuis 17 juin vont devoir abandonner leurs fonctions exécutives locales.  
Mais aujourd'hui, certains au PS semblent vouloir s'exonérer de cet engagement. Il faut dire que de nombreux élus (et pas seulement socialistes) ont pris goût au cumul des mandats. Du coup, Bruno Le Roux, le nouveau patron des députés PS, mais surtout Alain Vidalies, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, se sont montrés particulièrement ambigus sur le sujet, histoire de ne pas froisser les élus cumulards de sa majorité.  
Dans un entretien au Figaro, le premier se contente de vouloir "anticiper le non-cumuls des mandats qui devra être adopté avant les élections locales de 2014". Le second, sur FranceTVInfo se montre encore plus flou: "Ce serait mieux qu'à l'intérieur du Parti socialiste, il y ait une anticipation...", répond-t-il laconiquement.  
"L'exemplarité, c'est de ne pas attendre la loi que nous ferons voter"
En coulisses, certains élus souhaitent en fait attendre les élections municipales, cantonales et régionales prévues en 2014 pour régulariser leurs situations. Et qu'importe s'il faut s'asseoir sur les engagements pris devant les militants. "L'exemplarité, c'est de ne pas attendre la loi que nous ferons voter dans les premiers mois du quinquennat. (...) La réalité, c'est de tenir compte par des adaptations transitoires des enjeux locaux face à une droite qui s'exonérera de ces exigences tant qu'une loi ne les y obligera pas" est pourtant écrit noir sur blanc dans le texte ratifié en 2009. 
D'autant que le projet de loi sur le non-cumul n'est pas encore à l'ordre du jour. "On peut penser qu'il sera adopté avant les prochaines élections, d'ici à 2014", assure Alain Vidalies sans plus de précision. Pourtant là encore, le texte du PS était parfaitement clair: "le Parti socialiste inscrira dans le projet présidentiel le vote d'une loi dès l'été 2012 sur le non-cumul des mandats et le statut de l'élu".  
Ce n'est pas la première fois que "les cumulards du PS" tentent de retarder l'échéance. Lors des sénatoriales de 2011, François Rebsamen et Gérard Collomb avait dealé avec Martine Aubry un report de la règle du non-cumul pour le 1er octobre 2012 grâce à l'appui de François Hollande désireux de ne pas heurter certains élus socialistes à l'approche de la campagne présidentielle. 

Europe: la responsabilité de François Hollande


Monsieur le président de la République, il faut désormais sortir de l’ambigüité!
Le Premier secrétaire du Parti socialiste que vous avez été a consacré beaucoup d’énergie à maintenir au sein de votre parti une unité de façade entre partisans et adversaires de l’intégration politique en Europe. Le Ps s’est, il est vrai, durablement déchiré  lors du référendum de 2005.
Mais aujourd’hui, vous avez été promu par vos compatriotes au rang d’homme d’Etat destiné à fixer un cap à la France.
Or, il n’est plus temps de finasser.
Jusqu’à l’été 2011, l’Allemagne a pu donner le sentiment, y compris parmi ses élites, de se lasser de cette construction européenne, déséquilibrée, branlante, ingrate. Se voir réduit à n’être qu’un cochon de payeur n’est pour aucun peuple au monde gratifiant.
Contre les vents mauvais, Angela Merkel a su, depuis, convaincre ses compatriotes que l’avenir passait par davantage d’Europe. Elle a proposé une Union politique qui reste à définir.
Quelle est votre réponse?
Certes, il faut accepter de se plier aux règles du jeu. Dès aujourd’hui, notre souveraineté budgétaire est partagée. La Belgique a pris conscience de cette réalité, en décembre 2011, lorsque la Commission, au vu de ses propres calculs, l’a obligée à revoir son budget pour tenir le seuil des 3% du PIB. La France aura à subir, cet automne, le même exercice. Légitimement mandatés par nos engagements, les eurocrates vérifieront la sincérité du projet de budget débattu au parlement.  Pour notre pays, cela revient à cesser de jouer avec les chiffres, à engager la réduction des dépenses publiques, à se déprendre de l’illusion de recettes fiscales mirifiques supplémentaires.
La France doit adopter une démarche de transparence et d’honnêteté vis-à-vis de l’Allemagne et de nos autres partenaires.
Sinon, notre voisin d’outre-Rhin pourrait légitimement tourner la page de l’aventure européenne. Il se contenterait de la survie d’un marché unique où ses entreprises, à n’en pas douter, continueraient à engranger de juteux bénéfices.
L’Europe politique serait morte. Et ce  par la volonté de la France. Comme, voici soixante ans, l’Europe de la défense fut gelée, le temps de deux générations, à cause du rejet par Paris de la Communauté européenne de défense.
Le jeu des institutions fait qu’il vous incombe d’éviter cette issue funeste. Ou d’en endosser la responsabilité devant l’Histoire.

Manuel Valls est un nazi…


« Il n’y aura pas de régularisations massives des sans-papiers », a déclaré le ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Encore heureux !
Cette simple phrase lui a valu les foudres de tous les immigrationnistes forcenés de la classe politique et des médias qui voient en lui « le champion de l’aile droite du PS », « un ministre sarkozyste oublié dans le gouvernement Ayrault », un Mariniste en puissance, un réac, un nazi…
Valls a affirmé qu’il ne ferait pas plus que ses prédécesseurs et régulariserait environ 30 000 personnes par an. Ce qui est déjà joli. L’équivalent d’une ville entière comme Mont-de-Marsan ou Dieppe. On voit en effet où nous ont menés la saine politique d’immigration de ses prédécesseurs et sa répercussion à tous les étages : chômage, santé, scolarité, insécurité, islamisme. Comme chacun sait, le poids de l’immigration massive ne pèse en rien dans aucun de ces secteurs.
Mais ne nous leurrons pas, comme toujours, les socialistes sont dans un double langage : Manuel Valls dit « pas de régularisation massive » mais il assouplit les critères de régularisation. Et c’est ce message que la France envoie à tous ceux qui aspirent à venir chez nous.
Il signe l’arrêt des centres de rétention pour les familles de clandestins (horresco referens), le seul outil concret et indispensable de la reconduite à la frontière. Comment les personnes interpellées en situation illégale vont-elles se soumettre à la loi de la République ? Pour les beaux yeux bleus de Manuel Valls ? Nous faire croire qu’elles vont revenir en obéissant à une simple convocation, c’est se payer notre tête.
« Lorsque les socialistes espagnols ont appliqué cette politique », rappelle le député UMP Eric Ciotti, « il y a eu un afflux d’immigrés en situation irrégulière extrêmement important ».
Cet effet risque d’être encore amplifié par la mise en place du nouveau permis de séjour de trois ans (au lieu d’un an renouvelable comme aujourd’hui) et la fin de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers qui limitait les possibilités d’embauche d’étudiants étrangers ayant fait leurs études en France. Le texte qui demandait aux préfets d’instruire « avec rigueur » les demandes d’autorisation de travail des étudiants et d’exercer un « contrôle approfondi » des demandes de changement de statut des étudiants étrangers, va disparaître de l’arsenal des préfectures.
Le gouvernement peut bien dire aux Français ce qu’ils veulent entendre par la voix de son « facho » de ministre de l’Intérieur, il va être obligé de rendre des comptes à ses alliés de gauche. Les députés du Front de gauche menacent déjà de ne pas voter la confiance au Premier ministre mardi à L’Assemblée « si les orientations prises se confirment ». Les écolos sont verts. Déjà furieux de l’éviction de Nicole Bricq, ces partisans d’une immigration effrénée qui mettent leur point d’honneur à ce que la gauche donne toujours plus de droits et d’avantages aux immigrés qu’aux Français, ne voyaient pas la politique d’immigration du gouvernement comme ça.
Il faut lire entre autres l’édito du jour du Progrès de Lyon pour comprendre quelle est l’idéologie terroriste de ces faux utopistes, faux « doux rêveurs », à la responsabilité entière, chantres des papiers pour tous, de la France métissée, pluriculturelle, pluriethnique et plurireligieuse (c’est-à-dire en réalité sous domination du plus fort, l’Islam) :
« Le changement, c’est quand ? C’est pas maintenant, à en juger par les premières décisions de nos nouveaux gouvernants. Voyez M. Valls, qui jure vouloir expulser autant de sans-papiers que son prédécesseur, le si décrié M. Guéant (…) On nous expliquera sans doute qu’il faut savoir être patient, qu’on ne peut tout avoir ici et maintenant. Jean-Jacques Rousseau, né en ce jour il y a exactement trois cents ans, l’avait énoncé autrement : “On jouit moins de tout ce qu’on obtient que de ce qu’on espère”. Préparons-nous en ce cas à de grandes jouissances. »
Est-ce que ce n’est pas magnifique de malfaisance et de connerie ?
Le parti communiste lui aussi rappelle à Manuel Valls qu’il y a des comptes à rendre :
« On ne peut accepter que la gauche mette ses pas dans ceux de Claude Guéant en poursuivant la politique du cas par cas. Il faut au contraire définir des critères qui permettent à tous d’être à égalité loin d’une conception d’un autre temps selon laquelle les immigrés seraient un problème alors même que toutes les études démontrent le contraire. »
Toutes les études… Les études scientifiques communistes sans doute. Et la réalité de ce que vivent les Français chaque jour.