TOUT EST DIT

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samedi 24 décembre 2011

Ce que disent les mains des décideurs...

Selon l'ouvrage «Tout dans les mains», 95 % des dirigeants possèdent des mains chaudes, et les hommes de l'ombre, préférant l'influence au pouvoir, les mains froides.

«Les personnes aux mains froides ont besoin d'être protégées et sécurisées», affirme Jean de Bony, coauteur avec la journaliste Stéphanie Leclair de Marco deTout dans les mains aux Éditions de La Martinière. «Fuyant les risques et le stress qui en découlent, elles ne sont pas mues par la nécessité de prendre le leadership.» Avant de décréter un tel constat, ce chercheur en biotypologie a analysé les mains (empreintes digitales, ongles, paume, hygrométrie…) de plus de 10 000 personnes, dont bon nombre de dirigeants.

Parmi eux, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Jacques Séguéla, les créateurs du groupe Accor, Dubrule et Pélisson… Le résultat s'avère parlant: 95 % des dirigeants possèdent des mains chaudes, et les hommes de l'ombre, préférant l'influence au pouvoir, les mains froides. Significatif aussi l'entrecroisement des doigts: ceux qui entrecroisent index gauche sur droit (comme Nicolas Sarkozy et la majorité des chefs d'État), mais aussi deux tiers des femmes, sont portés à agir quoi qu'il en soit pour sortir du problème, quand «index droit sur gauche» (comme Angela Merkel!) rime avec raison et prudence.

Globalement, les mains chaudes caractérisent deux tiers des hommes pour seulement un tiers des femmes. Déduction logique: les hommes n'empêchent pas les femmes d'accéder au pouvoir, mais les femmes se limitent elles-mêmes! De quoi remettre en question la fameuse parité…

Le festival sécuritaire de Claude Guéant

Quelle mouche a donc piqué le ministre de l'Intérieur? Aucune. Fidèle et dévoué compagnon de Nicolas Sarkozy, le premier flic de France est comme qui dirait en service commandé. La feuille de route est claire : mettre au cœur de la campagne présidentielle l'immigration, la délinquance et l'islam, et ramener au bercail les électeurs de droite qui se seraient laissé distraire par Marine Le Pen. Pour faire une omelette avec ces thèmes, il faut casser des œufs. Claude Guéant a la main leste. Il multiplie les écrans de fumée sur la sécurité, agite le chiffon rouge de l'étranger. A chaque jour, sa loi, son projet, sa circulaire. A chaque problème, sa réponse spécifique. Au grand dam des magistrats qui, plutôt que des strates au Code pénal, préféreraient qu'on leur ajoute des moyens. Un jour, il veut prendre une loi pour lutter contre la « délinquance étrangère » ; qu'importe que son mentor ait abrogé la double peine. Un autre, étendre les peines planchers aux « réitérants », à ne pas confondre surtout avec les récidivistes. Un autre encore, il veut restreindre la possibilité pour les étudiants... étrangers de rester en France après leurs études, quitte ensuite à revoir sa copie, face au tollé. C'est la matière grise qu'on reconduirait aux frontières ! Il était arrivé place Beauvau auréolé d'une réputation de grand commis rigoureux. Il serait le pilier sécuritaire d'une droite raisonnable. Il est devenu, singulière conception du service de l'Etat, un agent électoral compulsif. Un derviche tourneur. Un passeur de plats rances. Une manière de Sarko-robot. Pour le projet politique, pour la sérénité des débats, on attendra...

Quelles convictions

La cinglante réponse turque présente une portée dont on ne semble pas encore se rendre compte dans l’Hexagone. Mais l’accusation lancée par Erdogan sur le «génocide» perpétré par la France en Algérie fait déjà les titres de la presse étrangère, et pas seulement arabe. Et les commentaires sont peu amènes sur l’amateurisme de la diplomatie élyséenne, tout en rappelant des pages sombres qu’une certaine France nie avec autant de conviction que la Turquie le génocide arménien.

Que ces accusations, de surcroît chiffrées par Ankara, soient fallacieuses ou non n’est pas le propos. L’image de notre pays prend un sérieux coup. Apparemment, tout cela, parce que la France, selon le Président de la République, est fidèle à ses propres «convictions» en précisant respecter celles de la Turquie. Bref, des «convictions» inscrites dans le patrimoine génétique de la République, patrie autoproclamée des droits de l’Homme. Sans doute les mêmes «convictions» qui avaient présidé à l’accueil, dans une pompe obséquieuse, du tueur Kadhafi à Paris en 2007. Et qui ont manqué, sous forme d’une loi, pour condamner l’ère du Goulag. Et qui manquent toujours pour dénoncer dans un vote parlementaire la politique de la Chine envers ses minorités…

Reste à rattraper le faux pas élyséen et parlementaire qui jette aussi le trouble dans la majorité, comme en témoigne la distance prise par Alain Juppé, le seul «vrai» ministre des Affaires étrangères en poste au Quai d’Orsay depuis le début du quinquennat Sarkozy.

Mais comment ? En n’oubliant jamais les fondamentaux qui caractérisent les relations entre États. Elles reposent sur les intérêts politiques et économiques partagés. Pas sur des sentiments, encore moins sur l’outrecuidance du donneur de leçons qui va jusqu’à graver ses remontrances dans le marbre législatif. Évidemment, toutes les opinions, toutes les protestations, sont permises au niveau des personnes ou des partis, pas d’État à État. Sauf, bien sûr, s’il y a condamnation internationale.

Jeter, au nom de la «conviction», un opprobre officiel de démocratie à démocratie (et la Turquie en est une) est irresponsable. D’autant plus irresponsable que cette «conviction» se moque des brillants intérêts français dans ce pays, à un moment où la France économique n’est vraiment pas très en forme.

Et tout cela par électoralisme communautariste, pour racler quelques voix…

Noël

C'est une émotion profonde qui nous saisit quand apparaît celui que l'on attendait : ce petit être si fragile, mystère de la vie qui pousse indéfiniment l'humanité vers l'avenir.
Mystère de ce destin qui débute. Interrogation sur l'homme que deviendra cet enfant. Chaque naissance provoque en nous à la fois joie profonde, retenue, respect, interrogation, espérance.
« Nous sommes entre deux abîmes, celui du passé et de l'avenir et celui de l'infime et de l'immense. » (1). Et là, au milieu, surgit par millions cette petitesse qui porte en elle la capacité extraordinaire de croissance et d'intelligence. Cette fragilité initiale devient l'humanité qui, peu à peu, s'élève après avoir, au prix de mille efforts, échappé à la glèbe pour devenir pensante et créatrice à son tour.
Noël c'est cela, ce début toujours recommencé, et c'est plus encore, car l'enfant dont aujourd'hui nous commémorons la naissance plus de 2000 ans après qu'elle eut lieu, devint un être si exceptionnel qu'on vit en lui l'homme dans sa plénitude, l'homme accompli, le modèle nous montrant que chacun porte en soi sinon la perfection, du moins la possibilité de la perfection.
Pour le grand mystique Teilhard de Chardin (1), l'arrivée de cet homme, Jésus, loin d'être due au hasard, était le fruit d'une longue préparation : « Il ne fallait rien moins que les labeurs effrayants et anonymes de l'homme primitif, et la longue beauté égyptienne, et l'attente inquiète d'Israël, et le parfum lentement distillé des mystiques orientales, et la sagesse cent fois raffinée des Grecs pour que sur la tige de Jessé et de l'humanité la fleur pût éclore ». La fleur, c'est-à-dire le Christ créature et créateur qui, « lorsqu'il apparut dans les bras de Marie venait de soulever le monde ».


(1) La Croix du 17 décembre 2011, Henri Madelin.

Parrainages d'élus : où en sont les candidats ?

L'AFP a dressé vendredi 23 décembre un bilan provisoire du nombre de parrainages d'élus recueillis par les candidats à l'élection présidentielle, au moment où plusieurs d'entre eux critiquent le comportement des deux principaux partis (UMP et PS) dans la course pour recueillir 500 signatures, et demandent l'anonymat de leurs soutiens.

Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche), Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts), François Hollande (PS), François Bayrou (MoDem) et Nicolas Sarkozy (UMP), qui n'a pas encore déclaré sa candidature, devraient obtenir sans difficulté leurs parrainages.
  • Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la République, a recueilli 450 promesses. "J'aurai les signatures", a déclaré le candidat sur i-Télé.
  • Corinne Lepage, candidate de Cap 21, a dit en avoir recueilli "entre 300 et 400". Elle juge cette campagne de collecte "très très dure, beaucoup plus qu'en 2007".
  • Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, en a recueilli "un peu plus de 300", selon Christine Poupin, porte-parole du parti, qui estime que le NPA en est à ses "niveaux habituels" de collecte.
  • Jean-Pierre Chevènement (Mouvement républicain et citoyen) a recueilli "300 parrainages", a indiqué jeudi à l'AFP un porte-parole du candidat. La situation est "sous contrôle mais il y aura besoin d'un gros effort", a-t-il ajouté.
  • Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et traditions) aurait quant à lui "185 promesses", selon l'entourage du candidat, interrogé cette semaine par l'AFP et qui précise : "Nous sommes en avance sur notre tableau de marche."
  • Christine Boutin (Parti chrétien-démocrate) a "environ 160" signatures, a annoncé la candidate à l'AFP. Elle menace de lâcher une "bombe atomique" pendant la campagne si elle n'obtient pas ses parrainages, et va déposer un recours devant le Conseil constitutionnel début janvier pour demander leur anonymat.
Les autres candidats n'ont pas donné de chiffre. "Je les aurai", a garanti Hervé Morin (Nouveau Centre), sur France 3 le 18 décembre. "Nous sommes sereins, optimistes et confiants", a déclaré jeudi Nathalie Arthaud à l'AFP.
Quant à Dominique de Villepin, il recevrait "un bon accueil de la part des maires de France", selon le porte-parole de République solidaire, Jean-Pierre Grand.
Concernant Marine Le Pen, Steeve Briois, secrétaire général du FN, a affirmé que c'était "pire" qu'en 2007. Le FN a déposé jeudi un recours devant le Conseil d'Etat assorti d'une question prioritaire de constitutionnalité.
Pour finir, Carl lang (Union de la droite nationale) a déclaré à l'AFP être "assez satisfait de l'état d'avancement".
Les candidats ont jusqu'au 16 mars 2012 pour déposer leurs 500 parrainages.


Le dîner catholique de Nicolas Sarkozy

Le chef de l'État a reçu une dizaine de jeunes prêtres à l'Élysée jeudi soir. Ils ont parlé de leurs vocations respectives.

Le dîner, sous les ors de l'Élysée, a d'abord été un peu guindé. Mais ça n'a pas duré. «Allez-y, parlez-moi franchement!» a invité le président. Deux jours avant Noël, Nicolas Sarkozy a reçu jeudi soir à sa table une dizaine de jeunes prêtres, dans le salon des ambassadeurs: un aumônier de prison, un aumônier militaire, des curés de campagne ou de banlieue. L'aumônier de l'Assemblée nationale, le P. Rougé, ainsi que le fondateur du cercle Léon XIII (qui organise des rencontres avec des responsables politiques ou économiques), le P. Pierre-Hervé Grosjean, étaient également présents. «Au nom de quoi faudrait-il ignorer ce que vous représentez?, a commencé le chef de l'État pour justifier ces inhabituelles agapes. Vous offrez une espérance. Les gens ont besoin d'espérance.»
C'est Camille Pascal, conseiller et «plume» du président, qui était l'organisateur de la rencontre. Cet agrégé d'histoire, catholique pratiquant, aime confronter le président aux univers les plus éloignés du sien. Historiens, géographes, anthropologues ou sociologues ont défilé à l'Élysée depuis la rentrée. «Des moments de respiration pour le président», note un proche. Camille Pascal est l'artisan d'un autre rendez-vous, plus inhabituel encore: à l'issue d'un discours prononcé au Puy-en-Velay, en mars dernier, Sarkozy s'était discrètement échappé avec l'évêque du lieu, Mgr Brincard, pour aller déjeuner avec des religieuses, les sœurs de Saint-Jean. La halte devait durer trois quarts d'heure. Le président est resté plus de deux heures et n'a jamais soufflé un mot à quiconque de ce déjeuner secret.
Jeudi soir, le chef de l'État et les prêtres ont échangé pendant près de deux heures sur la jeunesse, l'éducation, la finalité de l'art, ou encore les souffrances des chrétiens d'Orient. Le président a redit son attachement aux «racines chrétiennes de la France». Lui qui déplore la disparition des «grandes voix catholiques» a enjoint les prêtres à «sortir des catacombes». «Dites ce que vous avez à dire à la société, pas seulement à vos fidèles. À l'heure où l'on écoute ces experts en tout, pourquoi ceux qui défendent une religion n'auraient-ils pas le droit à la parole?»
Les convives ont entraîné aussi le président sur un terrain plus personnel, l'interrogeant sur la «vocation»: «La politique a sa part de sacrifice, a répondu Sarkozy. Il faut accepter le regard des autres. Assumer une différence, des choix. Vous faites le sacrifice d'une vie de famille, d'un confort de vie. Avez-vous du mérite? Moi, ai-je du mérite à faire ce à quoi je me suis senti appelé? Je ne crois pas. La politique s'est emparée de moi, pas l'inverse.»

À la veille de Noël

Contrairement à François Mitterrand qui était obsédé par les questions de la mort et de la finalité, Nicolas Sarkozy n'est pas un familier de ces sujets. Mais depuis son livre (La République, les religions, l'espérance, Cerf), publié en 2006, il n'a eu de cesse de rompre avec la réserve des politiques qui relèguent la religion à la sphère privée. «C'est d'abord un homme d'action, observe un convive. Mais il est travaillé par la question de ce qui donne le goût et la force d'agir.»
Ce geste, à la veille de Noël, n'est pas anodin, alors que Christine Boutin - qui peine à recueillir ses 500 parrainages pour 2012 - multiplie les critiques à l'encontre du président. Sarkozy sait qu'il a déçu un certain nombre de catholiques. À l'été 2010, juste après le discours de Grenoble, on avait noté un décrochage entre Sarkozy et l'électorat catholique. «Il veut reparler à un électorat traditionnel qu'il avait parfois désarçonné ou bousculé», décrypte un conseiller.
Le président a pris congé de ses invités, tard dans la soirée, en expliquant qu'il devait se lever tôt pour se rendre à Prague pour les obsèques de Vaclav Havel. L'un des prêtres s'est esclaffé: «Deux heures de messe en tchèque, bon courage monsieur le Président!»

Crise de la zone euro

Austérité en Irlande et au Portugal : l'immigration de crise explose

En introduction d'une série sur l'immigration en temps de crise, le Guardian écrit :
Depuis sa conception, l'Union européenne a été un paradis pour ceux qui cherchaient à se réfugier de la guerre, de la persécution et de la pauvreté dans d'autres parties du monde. Mais, alors que l'UE fait face à ce qu'Angela Merkel appelle son heure la plus sombre depuis la Seconde Guerre mondiale, il semble que la roue tourne. Un nouveau flot de migrants quitte le continent. Cela pourrait devenir un torrent si la crise de la dette continue à empirer.
Les plus touchés sont l'Irlande, la Grèce et le Portugal, qui ont tous les trois eu recours aux plans de sauvetage de l'UE et du FMI, ainsi qu'à des plans d'austérité drastiques durant ces deux dernières années.
En Irlande, où 14,5% de la population est sans emploi, l'émigration a augmenté régulièrement depuis 2008, au moment de la chute de Lehman Brothers et du marché immobilier irlandais. Dans les douze mois qui ont précédé le mois d'avril 2011, 40 200 détenteurs de passeports irlandais ont quitté le pays, contre 27 700 l'année précédente, d'après le bureau central des statistiques.
Au moins 10 000 Portuguais ont quitté le pays pour l'Angola, ancienne colonie, ainsi que le Mozambique et le Brésil. Selon le gouvernement brésilien, le nombre de Portuguais dans le pays a bondi de 276 000 en 2010 à près de 330 000.

Face à la crise, direction l’Australie

Pour les jeunes des Etats européens frappés par la crise, l’Australie, en plein boom économique, est une terre d'opportunités. Cela vaut plus particulièrement pour une nouvelle génération de diplômés grecs, qui rejoignent ainsi leur principale communauté nationale expatriée. 

Depuis des mois, un flot ininterrompu de jeunes gens des deux sexes, à peine débarqués de l’avion en provenance de la Grèce, vient taper à la porte d’un imposant édifice sur Lonsdale Street, en plein centre de Melbourne. Cet immeuble des années 40 abrite le quartier général de la plus grande communauté grecque d’Australie.
Ces scènes ne sont pas sans rappeler la gigantesque ruée vers l’or du tournant du XXe siècle, quand des hommes et des femmes étaient partis pour les Antipodes en quête d’une vie meilleure. Mais contrairement à ces Grecs d’antan, ces nouveaux immigrés se distinguent par leur haut niveau de formation, bardés qu’ils sont de diplômes décrochés dans certains des domaines les plus ardus.
Ce sont tous des diplômés d’universités, des ingénieurs, des architectes, des mécaniciens, des enseignants, des banquiers qui sont prêts à tout pour travailler, commente Bill Papastergiades, président et avocat de la communauté. C’est terrible. Nous en sommes tous atterrés. Ils se présentent souvent juste avec un sac. Leurs histoires sont tellement émouvantes, et dans chaque avion ils sont toujours plus nombreux”, raconte-t-il au Guardian lors d’un entretien téléphonique.

"Là-bas, les gens vivent dans la peur"

L’exode ne représente qu’une partie du drame humain qui se joue actuellement en Grèce, le pays d’où est partie la crise de la dette en Europe. Depuis juin, les responsables associatifs à Melbourne croulent sous des milliers de lettres, de courriels et d’appels téléphoniques de la part de Grecs tentant coûte que coûte d’émigrer vers un pays qui, préservé des turbulences sur les marchés mondiaux, fait désormais figure de Terre promise.
Rien que cette année, 2 500 citoyens grecs ont immigré en Australie tandis que, selon les autorités d’Athènes, 40 000 autres ont également “exprimé leur intérêt” en entamant la longue et difficile procédure en vue de venir s’installer dans ce pays. Un “salon des compétences” de 800 places organisé par l’Australie dans la capitale grecque en octobre dernier, a attiré quelques 13 000 candidats.
Alors que la Grèce s’apprête à entamer une cinquième année consécutive de récession, accompagnée d’un taux de chômage record de 18 % de la population active – et un taux sans précédent de 42,5 % pour les jeunes – la fuite des cerveaux constitue la seule tendance où la croissance est annoncée. L’Australie, elle, devrait au contraire connaître une croissance économique de 4 % en 2012. “Les gens disent souvent qu’ils ne veulent tout simplement pas que leurs enfants grandissent ici, rapporte Papastergiades. L’autre jour, j’ai reçu un appel d’un plombier grec qui m’a confié n’avoir pas travaillé depuis huit mois. Avec trois enfants à charge, il était désespéré au point d’envisager de se suicider”.
Tessie Spilioti fait partie de ceux qui ont déjà émigré en Australie. "La Grèce est un pays unique qui me manque tous les jours ainsi que mes amis, explique cette native d'Australie arrivée à Athènes il y a 27 ans. Mais l'Australie est un pays positif. C'est une contrée riche où l'on sent une forme d'abondance et des possibilités, dit-elle avec enthousiasme. Il n'y a rien de ça en Grèce. Là-bas, les gens vivent dans la peur, il y a des mauvaises vibrations et un mauvais état d'esprit. On vit comme en état de siège. Je n'aurais jamais cru partir mais avec le stress du combat quotidien pour survivre, je savais qu'il allait très difficile d'avancer".

Les jeunes Grecs fuient aussi vers la Russie, la Chine ou l'Iran

La grande crise économique grecque pourrait finir par condamner deux générations. D'après les spécialistes, la nouvelle diaspora comprendra certainement des jeunes Grecs ayant fait des études et maîtrisant plusieurs langues mais n'étant plus en mesure de survivre dans un pays où l'économie est en chute libre, notamment à cause des sévères mesures d'austérité imposées à Athènes en échange de l'aide européenne.
Une récente étude de l'université de Thessalonique a révélé qu'une vaste majorité de Grecs recherchaient désormais du travail à l'étranger, les plus jeunes se dirigeant vers des pays comme la Russie, la Chine ou l'Iran. La plupart des personnes interrogées n’avaient même pas cherché un emploi en Grèce, ne voyant aucun avenir dans cette économie qui devra probablement se serrer la ceinture pendant au moins dix ans.
En Australie, l’afflux d’immigrés jette la consternation parmi d’autres Grecs chassés de leur pays dans les années 1950 et 1960 par la pauvreté et la guerre. Depuis des années, cette diaspora est méprisée par les gouvernements qui se sont succédé à Athènes, qui refusent ne serait-ce que d’accorder le droit de vote aux Grecs de l’étranger, même dans des endroits comme Melbourne, où la prospère communauté grecque rassemble plus 300 000 personnes. Voir la jeunesse prometteuse de leur pays d’origine arriver en masse, prête à accepter les emplois les plus médiocres, constitue pour eux une prise de conscience brutale.
“Beaucoup de rêves ont volé en éclats, déplore Litsa Georgiou, 48 ans, arrivée d’Athènes à Sydney l’année dernière avec son mari et sa petite fille. C’est le choc dans la communauté. Beaucoup espéraient rentrer en Grèce… Au lieu de ça, ils apprennent tous les jours que d’autres ont fait ces 22 heures de vol pour venir ici. Et se dire qu’il faudra dix ans pour que la Grèce commence seulement à relever la tête, c’est terrible.”

France-Turquie : le génocide qui fâche

Le vote d’une proposition de loi réprimant la négation du génocide arménien en France a provoqué la colère d’Ankara. Si la presse française est plutôt critique vis-à-vis de cette initiative, les réactions sont moins nuancés côté turc.
Les députés français ont tranché : le 22 décembre, ils ont adopté une proposition de loi sur la négation des génocides. Votée tant par la majorité que par l’opposition de gauche, elle punit d'un an de prison et de 45 000 euros d'amende “la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi”, et vient s’ajouter à quatre autres lois dites “mémorielles”, c’est à dire déclarant le point de vue officiel d’un Etat sur un fait historique.
Le texte vise implicitement le génocide arménien, au cours duquel, en 1915-16, près d’1,2 million d’Arméniens (les deux tiers de ceux qui vivaient dans l’Empire ottoman) moururent lors des déportations et des massacres organisés par l’Etat ottoman. C’est pour cela que le texte –  qui doit encore être approuvé par le Sénat, puis à nouveau par l’Assemblée nationale – a déclenché la colère d’Ankara, qui a rappelé son ambassadeur à Paris et menacé la France de représailles commerciales et diplomatiques. La proposition de loi doit pourtant encore être approuvé par le Sénat, puis à nouveau par l’Assemblée nationale avant de pouvoir être appliquée.
Dans Le Point, le chroniqueur Pierre Beylau dénonce une manœuvre politicienne du gouvernement français à l’approche de l'élection présidentielle :
Etait-il véritablement opportun de faire émerger le vieux serpent de mer du génocide de 1915, dont personne de sérieux ne conteste la réalité ? Il s'agit bien évidemment de politique politicienne émanant d'élus où le "vote arménien" est censé être déterminant. Pour complaire à un lobby, on n'hésite pas à prendre le risque de provoquer des dégâts considérables sur le plan diplomatique et économique.
Du point de vue de la diplomatie française au Proche-Orient, "un bras de fer avec Ankara est absurde", ajoute Le Monde. Mais pour le quotidien, le problème tient avant tout à la nature même de la proposition de loi :
Logo – Le Monde, Paris
Il ne revient pas au législateur – soutenu en l'espèce par l'Elysée – de dire l'histoire. Depuis quelques années, la France officielle adore cette judiciarisation de l'Histoire. On vote des lois mémorielles, créant le délit de négationnisme. Elles ne servent à rien. Elles ne soulagent même pas la douleur de ceux qui voient leur passé (…) ignoblement réécrit aux fins d'être nié.
De son côté, le site Mediapart interprète cette querelle à la lulmière de l'histoire des deux pays, chacun ayant été dirigé par une personnalité fondatrice de la nation moderne dont les élites actuelles ont du mal à se défaire : le général de Gaulle et Mustapha Kemal.

Logo – Mediapart, Paris
La France et la Turquie souffrent, à des degrés divers, de la même pathologie nationale : l'incapacité de faire son deuil d'une grandeur passée; la tentative désespérée de s'accrocher à un sauveur suprême berçant la mère patrie d'une mythologie de fer; le refus d'inventorier l'histoire, de procéder à un tri, de reconnaître les fautes et les crimes.
Côté turc, dans la version anglophone du quotidien Zaman, l’éditorialiste Bülent Keneş s’en prend directement au président français : “En introduisant une interdiction visant une partie du débat sur un sujet historique controversé qui doit être tranché par les historiens, et juste avant l’élection présidentielle, il a montré à tout le monde ce qu’est la démocratie à la Sarkozy”.
Etant donné son intérêt notoire pour la création de dogmes sur les épisodes controversés du passé par des moyens politiques et législatifs, il aurait dû se tourner vers un passé colonial indiscutable plutôt que de fouiner dans les lacunes de l’histoire de la Turquie. Interdire les opinions et les idées qui pourraient être exprimées sur un soi-disant “génocide” dont les Arméniens auraient supposément été les victimes en 1915, avant même d’exprimer des excuses pour les massacres commis par la France en Algérie dans un passé encore récent […] ou pour les meurtres de masse commis dans d’autres pays africains et en Indochine, ainsi que dans les colonies maritimes, est tout ce que l’on peut attendre du bouffon à la langue de bois de la politique française nommé Sarkozy.
Dans Milliyet, Mehmet Tezkan estime que le président français “a deux raisons pour vouloir que cette loi soit approuvée” :
La première est un investissement politique dirigé vers le vote des Arméniens. La seconde est de nuire aux relations avec Ankara. Les relations entre Sarkozy et Erdogan ne sont pas bonnes du tout. A partir d’aujourd’hui, les ponts sont coupés. L’objectif de Sarkozy est d’éloigner la Turquie de l’UE avec ce genre de manœuvres.
Ali Bayramoglu, du quotidien Yeni Şafak rappelle enfin que :
Selon l’interprétation courante de l’article 301 du Code pénal turc, c’est un crime que de dire qu’“il y a eu un génocide arménien”. En France, c’est un crime de dire “le génocide arménien n’a pas eu lieu”. Peut-on ne pas se rendre compte que les deux attitudes limitent la liberté d’expression…et empêchent les deux parties de s’interroger sur leur passé ? Les dégâts que la loi française vont provoquer sont importants.