dimanche 29 mai 2011
Zapatero a un héritier contre son gré
"Voie libre pour Rubalcaba", annonce La Vanguardia. Le ministre de l'Intérieur sera le candidat à la succession du Premier ministre José Luís Rodríguez Zapatero, qui ne se représentera pas en 2012. Sa principale rivale, la ministre de la Défense Carmen Chacón "très blessée, jette l'éponge" et ne se présentera pas aux élections primaires du Parti socialiste (PSOE), alors qu'elle était soutenue par Zapatero, explique le quotidien. Après une semaine de crise au sein du PSOE, provoquée par la lourde défaite aux élections locales du 22 mai, Chacón est "la dernière victime politique" de Zapatero, estime José Antich, le directeur de La Vanguardia. Le premier ministre "risquait une épitaphe politique de dimensions colossales : son parti fracturé et une démission forcée de son poste de secrétaire général". Un prix trop élevé, "même pour un politicien qui a demontré avoir plus de vies qu'un chat". Alfredo Pérez Rubalcaba est désormais "le seul filet de sauvetage des socialistes" face à l'opposition conservatrice, conclut le journal.
Après Mladić, une chance à saisir
La Serbie a ainsi tourné une page importante de son histoire en se dégageant – bien que lentement – de son passé guerrier. Un passé qui n’a plus d’héritiers politiques légaux, mais qui a fait de nombreuses victimes et engendré bon nombre de bourreaux. La Serbie a aussi soldé ses comptes avec la justice internationale.
Tandis que ce feuilleton macabre arrive à son terme, de nombreuses questions restent sans réponse. Pourquoi toute cette histoire a-t-elle duré si longtemps ? Pourquoi Mladić n’est-il pas depuis plusieurs années déjà à La Haye ? Pourquoi les gouvernements précédents n’ont-ils pu l’arrêter, pourquoi la “traque”, si tant est qu’il y en ait eu une, avait-elle toujours deux ou trois jours de retard par rapport au fugitif ? Qui, au sommet de l’Etat, notamment dans l’armée, aidait Mladic pendant toutes ces années ? Les responsables seront-ils poursuivis ? Les institutions de l’Etat, certaines, du moins, savaient-elles où se cachait Mladic et ne se livraient-elles pas à des calculs et à des marchandages inavouables ?
On peut se demander aussi si, pendant le mandat des gouvernements précédents, surtout celui de Vojislav Kostunica, il existait une véritable volonté d’arrêter Mladić et de l’envoyer à la prison du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye. Et si l’absence de volonté politique dans ce sens ne représentait pas une violation grave de la loi passable de poursuites judiciaires.
Mladić n'est pas le seul problème de la Serbie
Ce sont des questions légitimes et importantes, auxquelles le pouvoir actuel doit donner des réponses crédibles. Toutefois, ce qui importe aujourd’hui, c’est l’acte qui a permis de mettre fin à cette longue traque, l’acte qui donne une grande occasion à la Serbie de sortir d’un cercle vicieux. Il serait trop facile de croire que Mladić et Hadžić [le dernier fugitif, accusé lui aussi de crimes de guerre] constituent le seul et le plus grave problème de la Serbie sur le chemin qui mène aux institutions euro-atlantiques.Mais, sans la résolution de ce problème, il ne pouvait y avoir de progrès substantiel, d’autant plus que la politique du gouvernement concernant le Kosovo se trouve de nouveau dans l’impasse, et en contradiction avec sa volonté de rejoindre l’Union européenne.
Quoi qu’il en soit, la nature de l’homme fait que les erreurs du passé s’effacent des mémoires devant les réussites d’aujourd’hui. En mettant fin à la cavale de Mladić, le président Boris Tadić et sa coalition politique [conduite par le Parti démocrate] ont prouvé leur détermination à tourner la page de la manière le plus éclatante possible. Cette arrestation est un aussi un coup porté à la droite nationaliste, qui va certainement donner de la voix : quelques manifestations auront lieu.
Mais cela s’arrêtera sûrement là, car la Serbie n’a plus de forces politiques capables de rassembler des foules autour d’un “héros serbe” comme Mladić. Rappelons-nous que Karadzic a été arrêté la veille de la scission du Parti radical serbe (ultranationaliste), qui a donné naissance à une nouvelle formation nationaliste, le Parti serbe du progrès. Celui-ci flirte désormais avec des idées proeuropéennes, certes de façon contradictoire et brouillée, mais qui excluent une confrontation avec la justice internationale.
Pas de sortie du cauchemar sans solution au Kosovo
L’arrestation de Mladić va aussi renforcer la position de la Serbie dans la région, car l’incapacité du pays – ou son manque de la volonté – à respecter ses engagements à l’égard de la justice internationale était son talon d’Achille, et pour les pays voisins le prétexte idéal pour ne pas respecter les leurs.Aujourd’hui cette histoire est finie, la Serbie est presque définitivement sortie des années 1990. Je dis presque, car il ne peut y avoir de sortie définitive de ce cauchemar sans une solution durable au problème du Kosovo. S’il renonçait à faire sortir définitivement la Serbie de l’ornière, le pouvoir actuel aurait raté une occasion historique. Encore une fois, sa chance est là.