TOUT EST DIT

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samedi 3 avril 2010

Bercy cherche 17 milliards d’euros

François Baroin et Eric Woerth, ministres du Budget et des Affaires sociales, ont la facture sur leur bureau.

Pour payer les retraites des fonctionnaires, il va manquer entre 15 et 20 milliards d’euros chaque année jusqu’au siècle prochain. Ce besoin de financement est détaillé dans un document de Bercy dont le JDD s’est procuré une copie. L’Etat - dont les comptes sont dans le rouge - va devoir faire face à une flambée des pensions de 25% d’ici vingt ans.

Comme pour le régime du privé, le gouvernement étudie l’hypothèse d’une hausse des cotisations salariales. "On ne pourra pas faire autrement", glisse Pierre Méhaignerie, président de la commission des affaires sociales à l’Assemblée. Actuellement, les fonctionnaires rétrocèdent 7,85% de leur traitement à l’Etat pour qu’il paie ses retraités. Les primes donnent aussi lieu à une cotisation, plus faible, qui pourrait être révisée. Mais le gouvernement hésite à prendre le risque de baisser les salaires net…

"Le régime des fonctionnaires est peu lisible et les différences de calcul avec le privé sont souvent perçues comme injustes", insiste le député Denis Jacquat, le "M. Retraites" du groupe UMP. Les parlementaires et le gouvernement envisagent de rapprocher l’ensemble des 38 caisses (publiques et privées) existantes, au nom de l’équité. Eric Woerth entame la concertation avec les syndicats lundi 12 avril.

Eleveuses et femmes d'éleveurs laitiers manifestent à Poitiers

Une manifestation organisée à Poitiers par l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) a rassemblé samedi 400 éleveuses et femmes d'éleveurs venues avec leurs enfants faire part du malaise de la profession. Venues essentiellement du Poitou-Charentes et de l'Ouest, mais aussi d'Aquitaine, du Limousin, du Pas-de-Calais et du Cantal, elle ont bruyamment défilé après avoir partagé un pique-nique sous la pluie battante dans un parc.
"C'est la première manifestation de femmes et d'enfants d'Aplistes. On veut faire voir qu'on soutient nos maris et le boulot qu'ils font. Ce ne sont pas des hommes qui souffrent, ce sont des familles entières", a indiqué Laurence Legault, une des organisatrices. La présidente de la région Poitou-Charentes Ségolène Royal est venue soutenir les manifestantes.

Les éleveuses, qui protestent contre la perte importante de leurs revenus depuis deux ans, ont allumé plusieurs centaines de bougies devant une église de la ville et respecté une minute de silence en hommage aux agriculteurs qui se sont suicidés par désespoir ces derniers mois. "Je n'ose pas vous dire combien je gagne parce que nous ne nous versons plus de salaire depuis la crise", témoigne Marie-Hortense Guehenec, agricultrice morbihannaise de 56 ans qui travaille à perte avec son mari depuis des mois. Avant 2008 et la chute du prix du lait à la collecte, ils arrivaient à eux deux à dégager 1 600 euros de salaire mensuel.

Sommés par le gouvernement de s'entendre sur les prix du lait, producteurs et industriels français ont réussi mardi à trouver un compromis pour le 2e trimestre sur ce dossier. Mais cet accord, signé par la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), branche du principal syndicat agricole FNSEA, ne satisfait pas les organisations minoritaires comme l'Apli.

Mort de l'un des pères de l'ordinateur personnel

Henry Edward Roberts, le créateur de l'Altair 8800, considéré comme le premier ordinateur personnel commercialisé, est mort jeudi premier mars des suites d'une pneumonie, à l'âge de 68 ans.

M. Roberts avait été contacté peu après le lancement de sa machine par les futurs fondateurs de Microsoft, Paul Allen et Bill Gates, qui lui avaient proposé d'écrire des programmes pour son ordinateur. Les deux hommes développent alors le langage Altair Basic, fondent Microsoft et concluent un accord avec M. Roberts pour distribuer leur programme avec ses ordinateurs.
Vendu entre 400 et 600 dollars à l'époque - selon qu'il était acheté en pièces détaché ou monté - l'Altair 8800 a précédé d'un an le lancement de l'Apple 1, le tout premier modèle créé par Steve Jobs et Steve Wozniak.

Les Français majoritairement opposés au recul de l'âge de la retraite

La quasi totalité des Français se déclare défavorable à une diminution du niveau des retraites et ils sont deux sur trois à être opposés au recul de l'âge de départ à la retraite au delà de 60 ans, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France. Interrogées sur les "mesures envisagées pour réformer le système de retraites", 93% des personnes sondées se déclarent défavorables à une diminution du niveau des retraites.
Les personnes interrogées se déclarent également hostiles au recul de l'âge de la retraite au delà de 60 ans (67 %), ainsi qu'à un allongement de la durée de cotisation (62 %). Elles sont également largement opposées (74 %) à une augmentation des cotisations sociales. L'hypothèse d'un complément de retraites par le biais d'un fonds de pension recueille l'assentiment de 46 % des personnes interrogées, 52 % n'y étant pas favorables.

COUP D'ENVOI : LE 12 AVRIL

Le coup d'envoi officiel de la réforme des retraites a été donné hier. La concertation gouvernement-syndicats-patronat commencera le 12 avril, deux jours avant une réunion cruciale du Conseil d'orientation des retraites (Cor) sur les perspectives financières du système. Eric Woerth, le ministre du travail a annoncé, vendredi, qu'"une première série de réunions bilatérales" sur "les objectifs" de la réforme et "la méthode de concertation" se tiendrait à cette date. CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, CGT, ainsi que le Medef, l'UPA et la CGPME sont conviés à cette première journée de bilatérales. Des réunions similaires auront lieu avec les syndicats de fonctionnaires à une date non précisée.

Les régimes de retraite par répartition, "un élément irremplaçable de notre modèle de protection sociale", sont "confrontés à d'importants déficits, qui menacent leur pérennité", a rappelé le ministre. Une retraite sur dix n'est plus financée en 2010, selon le gouvernement, le premier ministre François Fillon ayant chiffré le déficit du système à 100 milliards par an à l'horizon 2050. Conformément au souhait de Nicolas Sarkozy, cette "concertation approfondie" permettra "d'examiner l'ensemble des pistes possibles de réforme", aussi bien pour les salariés du privé que pour les fonctionnaires, a encore souligné M. Woerth. Le 12 mars, le chef de l'Etat avait exprimé son intention de "tout mettre sur la table", notamment la durée de cotisation, l'âge de départ à la retraite, la pénibilité.

ET ÇA VOUS ÉTONNE ? LES FRANÇAIS SONT LES TRAVAILLEURS LES PLUS FAINÉANTS DU MONDE !!

Claude Guéant, le vice-président

Il a jeté un coup d'oeil discret sur son portable et, après mille excuses, a décroché : "Ali ! Oui, bien sûr, Ali !" C'est Ali Bongo, le nouveau président du Gabon, qui appelle. Claude Guéant s'est éloigné de quelques pas. Sous les dorures de l'Elysée, il se tient bien droit dans cet uniforme intemporel des technocrates – chemise blanche, pull bordeaux, pantalon de flanelle grise et veste de jersey marine – qui contraste tant avec le chic américain des "Sarko boys". Une légère rougeur aux joues. Un ton affable et courtois et cette façon de dire " Ali " qui indique une familiarité surprenante.
Nicolas Sarkozy a-t-il assuré au chef d'Etat gabonais ce qu'il répète vingt fois par jour à tous ceux qui le réclament : "Si tu as un problème, un message à me faire passer, va voir Claude. Ce sera comme si tu me voyais…" ? Comme si tu me voyais…

Claude Guéant traite donc "Ali" en ami. Oh, ce n'est certes pas le même ton que celui de Nicolas Sarkozy. Le secrétaire général de l'Elysée ne possède ni la détermination tranchante ni la séduction vulgaire du chef de l'Etat. Mais lorsqu'il se rend à Kigali voir Paul Kagamé, le président du Rwanda, lorsqu'il part seul en Syrie ou en Arabie saoudite, il est reçu chaque fois avec plus d'égards que le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner parce que, comme il le dit avec un air faussement modeste, " en Afrique ou au Moyen-Orient, le facteur personnel joue beaucoup " et que le recevoir, c'est un peu recevoir le président français.

En France, sa place est tout aussi déroutante. Contraire psychologique de Nicolas Sarkozy et double du chef de l'Etat. Bien des chefs d'entreprise, bien des vieux fauves du pouvoir en ont fait l'étonnante expérience : après avoir décroché l'insigne faveur d'un rendez-vous avec le président, avoir monté le grand escalier du palais et salué Nicolas Sakozy, ils ont vu au bout de quelques minutes le secrétaire général arriver et entendu le chef de l'Etat s'excuser : " Cela ne vous ennuie pas de terminer l'entretien avec Claude ? " Guéant s'occupe de tout. Répond à tous. Sorte de vice-président à la française passé du statut d'homme de l'ombre à celui de numéro deux du pouvoir.

TOUS AZIMUTS

C'est auprès de lui que, le 20 mars dernier, Anne Lauvergeon, inquiète de ne pouvoir discuter de son sort avec Nicolas Sarkozy, a plaidé sa cause de patronne d'Areva.

La semaine dernière, c'est lui qui a vertement tancé Chantal Jouanno après que la secrétaire d'Etat chargée de l'écologie eut accusé le Medef d'avoir "planté" la taxe carbone. La réforme du juge d'instruction se concocte sous son étroit contrôle. Christian Blanc ne prend pas une décision sur le Grand Paris sans lui en référer.

C'est aussi lui qui supervise les grands contrats industriels de la France à l'étranger. En décembre dernier, avant que les Emirats arabes unis ne préfèrent aux Français l'offre du consortium coréen pour construire leurs quatre centrales nucléaires, il faisait encore trois réunions par semaine dans son bureau avec les patrons d'EDF et d'Areva. L'échec de la France l'a convaincu de changer tout le système : "Les Coréens étaient 140 et nous, nous n'avions qu'un seul représentant, de 35 ans, sur place !", explique-t-il avec l'assurance d'un connaisseur du commerce international de haut vol.

Lors des élections régionales, c'est aussi dans son bureau que s'est réglée la demi-douzaine de cas litigieux sur les listes UMP. Il intervient dans les médias aussi souvent qu'un ministre ou un chef de parti. François Fillon, qui s'exaspère de son omniprésence, a mis plus d'un an à obtenir qu'il n'assiste pas systématiquement à son traditionnel entretien hebdomadaire avec Nicolas Sarkozy.

Mais lorsqu'on évoque devant Claude Guéant ce pouvoir tous azimuts, il répond avec une naïveté feinte : "Seize réunions ou rendez-vous par jour, c'est sans doute trop", comme s'il s'agissait d'un simple problème d'agenda.

En vérité, son omniprésence est une première sous la Ve République. Certains de ses prédécesseurs ont été flamboyants et parfois très politiques. Edouard Balladur remplaça quasiment le président Georges Pompidou, gravement malade, pendant tout le temps que dura son agonie. Dominique de Villepin, qui se vantait parfois de " gérer le cerveau " du président, poussa Jacques Chirac à la décision politique la plus spectaculaire de son mandat : la dissolution. Mais aucun n'a assumé une telle diversité de responsabilités et une telle exposition médiatique.

"Etre secrétaire général est toujours une fonction centrale, reconnaît Hubert Védrine qui endossa ce rôle sous François Mitterrand. La nouveauté avec Guéant est qu'il apparaît publiquement. Son pouvoir découle du lien qu'on lui prête avec le président et il semble que Nicolas Sarkozy ait trouvé là cette relation féodale d'allégeance personnelle qu'il recherche."

Car Claude Guéant ne s'en cache pas : il est le gardien du dispositif et le meilleur des "sarkologues". Dans son esprit, cela suppose une adhésion complète à la personne du président et un dévouement corps et âme à sa fonction. Quinze à seize heures de travail par jour, week-end compris.

Lorsque Rose-Marie, sa femme, est tombée gravement malade, il s'est réorganisé une vie dans l'un des appartements de fonction du quai Branly, cet ensemble de logements à la disposition de la République, à deux pas de la tour Eiffel, où François Mitterrand avait logé Mazarine.

Chaque jour, pendant les quatre mois qu'a duré le fulgurant cancer de son épouse, il est venu déjeuner avec elle. Lorsque la maladie l'a emportée, presque tout le gouvernement s'est rendu aux obsèques. Le lendemain, Claude Guéant était de retour à la présidence. Mais dans le non-dit de sa vie, chacun devine, à l'Elysée, que cette tragédie a tout changé.

Sans doute cela a-t-il renforcé ce lien affectif qui l'unit à Nicolas Sarkozy sans que jamais on n'en voie la moindre démonstration, si ce n'est une certaine façon que le secrétaire général a de le protéger. Mais cette proximité avec le chef de l'Etat ne va pas sans susciter quelques jalousies.

Au sein même de l'Elysée, beaucoup de conseillers s'exaspèrent de ce dialogue exclusif entre le président et son cardinal. François Pérol, qui avait quitté la banque Rothschild pour devenir secrétaire général adjoint, est reparti dans le privé. La chef de cabinet Emmanuelle Mignon, qui avait contribué à construire le programme du candidat Sarkozy, a préféré se faire nommer au Conseil d'Etat plutôt que rester sous la férule d'un Guéant qu'elle juge au comble du conformisme.

Henri Guaino, l'homme qui prêta à Nicolas Sarkozy ses mots et son corpus gaullo-lyrique, supporte à peine le secrétaire général, le tutoie ostensiblement – il est le seul à l'oser – et refuse de le voir corriger ses textes.

Mais même la petite bande de sarkozystes de toujours, ceux que l'on appela longtemps "la firme", les Pierre Charon, Frédéric Lefebvre, Franck Louvrier ou Brice Hortefeux ont fini par taire leurs critiques. Et le cabinet du président de la République fonctionne désormais tout entier autour de cet étonnant duo qu'il forme avec Nicolas Sarkozy.

"Claude Guéant, un homme qui pratique la litote comme personne, remarque l'ancienne journaliste Catherine Pégard, devenue conseillère du président. Mais s'il ne gardait pas son calme en toutes circonstances, nous aurions la révolution chaque matin."

UN HOMME DISCRET

D'où vient pourtant que cet homme en apparence si lisse a pris tant d'importance au sein de l'Elysée ? Sa force n'est à l'évidence pas dans un charisme hors du commun. Depuis toujours, Guéant a adopté l'allure grise de ceux que l'on ne remarque pas. Jean-Paul Huchon, qui fut son condisciple à l'ENA, n'a gardé du jeune Claude de 1971, lorsqu'ils partageaient la vie de la promotion Thomas- More, que le vague souvenir d'un garçon en costume trois-pièces, quand le gros des troupes portait jeans et cheveux dans le cou.

"A l'époque, les plus fortes personnalités faisaient forcément de la politique et il est clair qu'il n'en était pas ", reconnaît le patron de la région Ile-de- France. Claude Guéant y voit pour sa part la marque de ses origines sociales. "Je suis fils, petit-fils et arrière-petit- fils d'instituteurs, dit-il, et je venais de Vimy, dans le Nord-Pas-de-Calais. J'avais obtenu une bourse, en terminale, pour passer un an aux Etats-Unis et cela avait été la grande aventure de mes 18 ans. Mais j'étais un provincial. Lorsqu'il a fallu choisir une affectation, à la sortie de l'ENA, j'ai préféré la préfectorale pour rester en province."

Un provincial, donc, auprès d'un président né à Neuilly. Cela peut être une bonne complémentarité. Mais ce qu'apporte Guéant à Nicolas Sarkozy est bien plus subtil. Ce sont d'abord une connaissance solide du fonctionnement de l'Etat et une fine maîtrise de ses réseaux de renseignement.

Si l'on observe son parcours, on tombe dès le début sur un ministère stratégique, celui de l'intérieur. De 1977 à 1981, lorsque Claude Guéant y commence sa carrière, il est alors dominé par la figure de Christian Bonnet. C'est le ministre idéal pour y apprendre les réseaux de la police.

L'expérience est aussi suffisante pour le cataloguer à droite et l'envoyer en province dès 1981. De droite, Guéant l'est en effet. Mais avec beaucoup de discrétion.

Il refusera longtemps de faire état de ses convictions, faisant passer sa loyauté administrative avant toute chose, et n'a d'ailleurs pris sa carte de l'UMP qu'en 2005.

Mais c'est un RPR haut en couleur, Charles Pasqua, qui le fait revenir à l'intérieur et à l'action. Pasqua l'a repéré comme haut fonctionnaire dans les Hauts-de-Seine.

Lorsqu'il devient ministre de l'intérieur, en 1993, le voilà qui rappelle Guéant pour en faire son directeur adjoint de cabinet puis le nommer en 1994 directeur général de la police nationale. "J'ai assez vite pu constater qu'il était notamment un homme de caractère, loyal et sûr, assure l'ancien ministre, mais aussi qu'il avait du sang-froid. Le genre d'homme à ne pas caler devant les difficultés."

Lorsque, le 24 décembre 1994, un commando de quatre hommes du Groupe islamique armé (GIA) prend en otage un Airbus d'Air France à Alger, Pasqua observe son remarquable sens de l'organisation et de la décision.

"Charles Pasqua m'a appris à manager les hommes ", assure en retour Guéant. Il lui apprend plus que cela. Auprès de ce dernier, il découvre l'Afrique, que le ministre de l'intérieur sillonne à partir de réseaux qui rappellent ceux de Jacques Foccart. Guéant connaît alors tous les investissements des Hauts-de-Seine au Gabon, en Côte d'Ivoire, en Angola.

Après l'élection de Nicolas Sarkozy, il contribuera d'ailleurs à "nettoyer" ces structures de coopération devenues trop suspectes de financements occultes. Mais il en conserve les relations avec les chefs d'Etat et une certaine clairvoyance sur un système de diplomatie parallèle.

Comme DGPN, il a aussi chapeauté la Direction de la surveillance du territoire (DST) et appris à connaître le chef des renseignements militaires syrien, Assaf Shawkat, beau-frère du président Bachar Al-Assad, ainsi que le patron des services secrets libyens, Moussa Koussa, un proche du colonel Kadhafi. Bientôt, ces contacts lui serviront auprès de Nicolas Sarkozy.

Avec ses airs de haut fonctionnaire impeccable, il force le respect. Même Jean-Pierre Chevènement, qui succède à Charles Pasqua en 1997, ne voit rien à redire à son action. "Il a du jugement, il est fin, précis. A l'époque, il connaissait déjà parfaitement l'Etat et le renseignement, remarque l'ancien ministre de l'intérieur de Lionel Jospin. Je l'ai gardé huit mois puis je l'ai nommé préfet chez moi en Franche-Comté, c'est dire mon estime… "

C'est sur la foi de cette réputation et avec les recommandations de Charles Pasqua que Nicolas Sarkozy l'appelle à ses côtés en 2002. Il cherche un véritable second et sait qu'il ne le trouvera pas parmi ses fidèles. Il lui faut un homme loyal, bien sûr, mais aussi un haut fonctionnaire capable de le seconder sur tous les grands dossiers économiques, policiers, sociaux. Capable aussi de tenir ses secrets.

Faut-il parler de coup de foudre ? Du côté de Claude Guéant indéniablement. Il paraît autant séduit que subjugué par Nicolas Sarkozy. "J'ai un grand plaisir à travailler avec lui, dit-il. Il est toujours en mouvement, inventif, et son désir d'action répond à mes frustrations de fonctionnaire."

Jusque-là, il n'a vu que bien peu de responsables politiques aussi énergiques. Nicolas Sarkozy l'a fait venir au ministère de l'intérieur ? Il l'impose aussi, en 2004, au ministère de l'économie où jamais la caste des inspecteurs des finances n'avait vu un préfet prendre la direction du cabinet du ministre. Le ramène avec lui à l'UMP, puis à nouveau à l'intérieur avant de le bombarder directeur de sa campagne. Puis secrétaire général de l'Elysée une fois l'élection présidentielle gagnée.

IL GÈRE TOUT, AGACE BEAUCOUP

Un parcours fulgurant et sans faute. Curieusement pourtant, aucun des fidèles de Nicolas Sarkozy ne qualifie Claude Guéant de sarkozyste. Il n'est pas des historiques.

C'est pourtant lui qui connaît le mieux les doutes et les décisions de leur champion et jusqu'à sa vie privée. C'est lui qui a géré les tergiversations de Cécilia Sarkozy et soutenu le candidat bouleversé par le départ de son épouse. C'est lui qui l'a emmenée jusqu'à Tripoli lorsque, grâce à ses contacts avec Moussa Koussa et contre une réintégration diplomatique du colonel Kadhafi en Europe, la France a obtenu la libération des infirmières bulgares détenues par le chef libyen.

"Nos contacts en Libye nous ont indiqué que la libération des infirmières bulgares était possible, dit-il aujourd'hui. Cécilia lui a donné de l'éclat." C'est aussi lui qui organisera, le 9 février 2008, l'union civile, à l'Elysée, entre Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Public-privé, gestion de l'Etat-affaires secrètes.

Quel rôle supplémentaire pourrait-il tenir encore ? Ce n'est pas toujours simple, cependant. Les diplomates du Quai d'Orsay sont chaque jour un peu plus outrés d'apprendre qu'il a pu recevoir le putschiste de Madagascar, Andry Rajoelina, ou le numéro deux de la junte de Guinée et qu'il a amorcé la reprise des relations avec le Rwanda.

On s'agace de le voir reprendre en main la cellule Afrique de l'Elysée et de le voir déjeuner à l'Hôtel Bristol, presque en face de l'Elysée, avec Robert Bourgi, cet avocat qui se veut le successeur de Jacques Foccart, au moins au Gabon. "Le Quai est parfois sur des positions anciennes", balaie-t-il en souriant.

Depuis que l'impopularité gagne le président, on s'inquiète surtout qu'il puisse manquer du sens politique nécessaire pour alerter le président. Lorsque l'affaire Jean Sarkozy a éclaté, il a ainsi continué jusqu'au dernier moment à renvoyer les journalistes qui s'étonnaient que le président pût pousser son fils dans les Hauts-de-Seine, en affirmant : "Ces attaques contre la famille du président frôlent le fascisme !"

Bigre… Des voix se sont élevées à l'Assemblée pour protester contre ses trop nombreuses interventions médiatiques, parfois à la place du premier ministre.

Il ne les ignore pas. Il les néglige cependant. Sûr de la confiance inaltérable du président. Nicolas Sarkozy, lui, continue de l'appeler dix fois par jour et de renvoyer les trop nombreuses demandes de rendez-vous sur lui : "Va voir Claude ! Ce sera comme si tu me voyais."
Raphaëlle Bacqué

L'iPad ouvre une nouvelle ère dans le monde de la micro-informatique

L'iPad, l'ardoise numérique qu'Apple a commencé à commercialiser aux Etats-Unis samedi 3 avril, va-t-elle faire bouger les lignes dans le secteur informatique ?

Selon des chiffres non confirmés par le groupe américain, qui, une fois de plus, a parfaitement orchestré le lancement de son dernier "gadget" (il s'accompagne d'une véritable hystérie médiatique sans pour l'instant aucune publicité), plusieurs centaines de milliers d'exemplaires ont été pré-réservés durant le mois de mars.
Parmi les premiers journalistes à avoir pu tester l'appareil, Walter Mossberg, du Wall Street Journal, a publié une chronique dithyrambique. David Pogue, son collègue du New York Times, a prédit que les technophiles détesteront, mais que le grand public adorera. Les analystes industriels sont également enthousiastes : 6 millions d'unités s'écouleront en 2010, selon Morgan Stanley. Le cabinet iSuppli prédit 7 millions en 2010, et trois fois plus en 2012...

Apple compte sur "l'écosystème" qu'il a réussi à créer autour de l'iPhone : ses plus de 140 000 applications (jeux, fils d'actualités, etc.) disponibles sur le téléphone, qui se retrouveront en quasi-intégralité sur l'iPad. Et aussi sur toutes celles qui seront développées spécifiquement pour l'ardoise (environ un millier dès son lancement).

Le pari reste risqué : il s'agit de créer de nouveaux usages autour d'une proposition inédite dans l'univers de la micro-informatique. L'iPad a les fonctionnalités d'un ordinateur (suite bureautique, clavier virtuel), mais il est surtout conçu pour consommer du contenu de loisirs (livres, vidéos, jeux...). Ce n'est pourtant ni une télévision, ni une liseuse électronique, ni une console de jeux, mais un peu de tout cela à la fois. L'engin, par ailleurs plus coûteux que beaucoup d'appareils "dédiés" à un seul usage, est beaucoup moins "transportable" qu'un téléphone. Sur ce créneau, Microsoft ou Hewlett-Packard (HP), respectivement premier éditeur de logiciels et premier concepteur de PC au monde, se sont déjà cassé les dents au début des années 2000, faute de demande.

Pour l'instant, à l'exception des produits d'Archos, une PME française qui ne dispose pas des moyens d'Apple (5,7 milliards de dollars de profits pour son exercice 2009), la concurrence est quasi inexistante. Mais "tous les géants de l'informatique traditionnelle s'intéressent aux ardoises", assure Carolina Milanesi, analyste au cabinet Gartner, et sont en embuscade. Pas question de laisser Apple seul si le succès est au rendez-vous, même si plusieurs millions d'ardoises vendues en 2010 pèseront peu comparées aux 300 millions de PC et quelques qui pourraient s'écouler dans le monde sur la même période. Car l'iPad concurrence les "mini-PC", ces petits ordinateurs déstinés à la consultation des courriels et à l'accès à Internet, grâce auxquels les constructeurs ont maintenu leurs ventes ces deux dernières années malgré la crise.

Parmi les plus avancés, HP a présenté début 2010 son "slate", une "ardoise" avec un écran deux fois moins grand que l'iPad, équipée d'un système d'exploitation Windows 7 de Microsoft. Le géant informatique a aussi annoncé un "smartbook", entre l'ardoise et le "mini-PC" (il sera doté d'un clavier physique). Son compatriote Dell travaille sur un projet de tablette, le "mini 5", avec un système d'exploitation Android (Google). Les constructeurs asiatiques Lenovo et Asus ont aussi confirmé des projets de machines hybrides, entre l'ardoise et le mini-PC. Cependant, aucun de ces industriels n'a précisé de date de lancement. Francis Sideco, du cabinet californien iSuppli, estime néanmoins qu'"ils n'abordent pas le sujet des ardoises en dilettantes, car les investissements requis pour concevoir, développer et lancer ce type de produits requièrent un certain niveau d'engagement".

Les fabricants de liseuses électroniques et de consoles de jeux sont aussi sur leurs gardes. Le japonais Nintendo a lancé, début mars, une version "XL" de sa console portable DS, dotée d'un embryon de bibliothèque virtuelle. Le cybermarchand américain Amazon, concepteur du Kindle (la liseuse qui se vend le mieux), a annoncé qu'il allait rendre disponible sa propre bibliothèque numérique sur l'iPad. Il travaillerait aussi à doter le Kindle d'un écran couleur.

A ce stade, les analystes pensent effectivement que "l'ère monolithique du PC" s'achève. Mais pas seulement à cause de l'iPad. "Le marché du PC a déjà commencé à se segmenter. Les consommateurs ont des besoins de plus en plus sophistiqués", estime Ranjit Atwal, du cabinet Gartner. L'iPad participerait de cette évolution, caractéristique d'un marché - occidental - en voie de saturation. "Il y aura probablement une petite cannibalisation entre produits", ajoute M. Atwal, mais le PC devrait perdurer, pour des usages plutôt professionnels, à côté d'une quantité d'autres terminaux.
Cécile Ducourtieux
ENCORE UNE FOIS APPLE MONTRE SON GÉNIE ET SON POUVOIR INNOVANT.

Déception


Un an déjà ! Voilà un an qu'à Londres, les dirigeants du G20 se réunissaient avec tambours et trompettes. Leur ambition ? Endiguer la finance-casino pour éviter que la crise ne tourne au chaos. Conscients de leur responsabilité face à l'Histoire, les capitalistes en chef s'étaient engagés à bouter le protectionnisme, à hisser haut le contrôle, à pousser le multilatéralisme financier. Un an après, que sont ces belles intentions devenues ? Un champ de déceptions. Certes, les États n'ont pas pris le risque de se claquemurer derrière des protections mortifères. Pour autant, un égoïsme mâtiné de nationalisme est apparu ici ou là, et entre autres en Europe. Certes, les paradis fiscaux ont été mis à l'index. Mais les experts notent une opacité accrue des transactions financières. Certes, le FMI a vu ses moyens renforcés. Sans que le Fonds puisse cependant contrebalancer les pouvoirs retrouvés des grands acteurs de la finance. Résultat ? Les bonus sont de retour et les banques irlandaises au bord de l'implosion. La Grèce se retrouve menacée par les spéculateurs et la coordination des plans de sortie de crise enterrée. Esprit de Londres, où es-tu ?

Pause pascale


Pascale... L'adjectif, a fortiori au féminin, évoque la lumière. L'espérance. Son grand pouvoir ne sera peut être pas suffisant pour faire rêver le chef de l'État d'une résurrection rapide dans les sondages d'opinion, mais il aura au moins l'élégance de lui offrir une pause précieuse.
Rarement la parenthèse rituelle de ces trois jours de Pâques n'aura autant justifié son statut d'exception. L'édition 2010 marque même bien davantage qu'un temps suspendu. Une césure dans le quinquennat. Elle est si nette dans l'écriture du pouvoir qu'avec un peu de recul, elle apparaîtra comme une rupture dans le rythme, le ton, le style et le récit du roman présidentiel. Tout à coup, l'histoire commencée bien avant la victoire de 2007 n'est plus du tout la même.
La semaine qui s'achève a accéléré la fin d'une séquence. Celle où, pour la droite, la victoire semblait durable face à une gauche déchirée, sans projet et sans majorité de rechange. Ni les inévitables déboires de réformes polémiques, ni la crise économique, ni même les pratiques contestées de l'exécutif, ne semblaient pouvoir remettre en cause la suprématie d'un modèle néo-conservateur dominant. Même la défaite annoncée aux régionales ne devait être qu'une intempérie passagère trop inconséquente pour empêcher un deuxième bail pour le locataire de l'Élysée.
L'enchaînement d'une campagne ratée, d'une cuisante défaite dans les urnes et de résultats économiques désastreux a tout fait basculer. Tombée à 28 %, la faible popularité du président a changé la perception d'un personnage qui, jusque là, avait toujours su rebondir. Les records atteints par la dette ont entamé sa crédibilité. Et les récriminations dans les circonscriptions contre un bouclier fiscal jugé indécent ont dressé les députés UMP contre leur ancienne icône, tout à coup descendue de son piédestal. Et ce n'est pas le succès d'un dîner très symbolique avec Barack Obama à la Maison Blanche qui pourra restaurer son autorité morale. La magie qui permettait de croire le message fétiche - demain, tout est possible - est retombée. Même dans ses pires cauchemars, le vainqueur triomphant de 2007 n'avait imaginé un scénario aussi sombre
Dos au mur, l'Élysée n'a pas voulu céder un pouce de terrain. Pas question de reconnaître un état de faiblesse avant d'affronter un printemps social délicat jalonné par les mines de la réforme des retraites. Officiellement on ne changera pas de cap, donc, mais il faudra bien inventer une nouvelle stratégie de navigation pour éviter les écueils de cette année de tous les dangers. Il faudra bien, aussi, revoir la psychologie du capitaine pour l'adapter à une météo qui, pour le moment, ne lui est plus favorable. Pour le président, la pause pascale ne sera pas de trop pour réfléchir au profil qu'il doit trouver pour rebondir. Et pour l'accepter.

Copé : "On ne peut pas continuer comme ça sur les déficits"

Le président du groupe UMP à l'Assemblée se dit " engagé à fond " aux côtés de Nicolas Sarkozy, mais ne renonce pas à son rôle de " défricheur d'idées ", et ne cache pas ses ambitions élyséennes. Sur la dette et les déficits, il plaide pour un contrat de législature à proposer aux Français en 2012. Et propose de fusionner impôt sur le revenu et CSG-CRDS.

Selon vous, Nicolas Sarkozy a-t-il clos le débat sur le bouclier fiscal dans la majorité ?

J'ai crée le bouclier fiscal lorsque j'étais ministre du Budget de Dominique de Villepin, avec un plafond à 60%. Il a été descendu à 50% en 2007 en y incluant la CSG et la CRDS. Autant vous dire qu'il s'agit à mes yeux d'un élément absolument essentiel de notre système fiscal. Parce que la France n'est pas une île. Et parce que l'impôt ne doit pas être confiscatoire : on ne doit pas prendre aux Français plus de la moitié de ce qu'ils gagnent. Il ne faut pas se leurrer, si les Français qui gagnent le plus partent à l'étranger alors, tout le fardeau fiscal pèsera sur les seules classes moyennes. C'est pour éviter cela que nous avons crée ce bouclier. L'approche idéologique dans ce domaine est grotesque ; il faut la laisser aux socialistes. Seul le pragmatisme doit compter. Lorsqu'un débat sur ce sujet à été rouvert par quelques uns de mes amis députés, j'ai pris mon temps pour réfléchir à nouveau. Sur le fond, il n'y a pas dans la majorité de remise en question du principe du bouclier fiscal. Mais dans l'hypothèse où il devrait y avoir augmentation ponctuelle d'une taxe ou d'un impôt, pour répondre à des circonstances exceptionnelles et pour une durée limitée, il serait alors normal que chaque Français participe à l'effort..
Vous êtes sur la même ligne que Gilles Carrez, le rapporteur général du Budget...

C'est une position de sagesse qui concilie à la fois la compétitivité et l'équité.

Pourquoi organisez-vous mardi un forum de Génération France sur la dette ?

L'intitulé résume à lui seul l'esprit dans lequel je me trouve : " On ne peut plus continuer comme ça !". Chacun est bien conscient que la résorption du déficit et de la dette n'est pas une affaire qui peut être réglée en un ou deux ans. En revanche, il faut donner une orientation, travailler sur un contrat de législature à proposer aux Français en 2012. La réduction des déficits devra être prioritaire. La dette atteint un niveau tel qu'elle bride la compétitivité et la croissance, menace le modèle social et réduit à néant les marges de manoeuvre politique.
Ce n'est pas un message très porteur...

Je ne suis pas d'accord. Les sondages le montrent, les Français ont beaucoup mûri sur ces questions notamment avec la crise grecque. La dette les inquiète. Ils privilégient la réduction des dépenses comme solution. A ce titre, je propose que l'on réfléchisse dès maintenant à l'élaboration d'une règle constitutionnelle contraignante.

Faut-il interdire le déficit à moyen terme, comme l'ont décidé les Allemands ?

Je propose plutôt que l'on modifie la Constitution en prévoyant que la loi de programmation des finances publiques, qui deviendrait quinquennale, fixe un objectif contraignant de réduction des dépenses pour l'Etat et la Sécurité sociale. Le projet de loi de Finances et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale devraient s'y conformer. L'équilibre budgétaire dépend trop de la conjoncture. Mieux vaut fixer une obligation portant sur le niveau de dépenses publiques. Pour les collectivités locales, je suggère de conclure un pacte de stabilité, un peu comme en Espagne, reposant sur une norme d'évolution des dépenses, avec un bonus malus à la clef en matière de dotation de l'Etat, selon le respect ou non de l'objectif.

Mais comment, concrètement, réduire les dépenses ?

Rappelons d'abord ces chiffres peu connus : les dépenses de l'Etat ont progressé de 35% entre 1996 et 2008, contre 61% pour la Sécurité sociale et 78% pour les collectivités locales. Soyons clair : réduire le train de vie de l'Etat est indispensable mais ne réglera pas tous les problèmes ! Il faut continuer sur la voie engagée en poursuivant le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, et en étendant la règle aux quelques 600 opérateurs de l'Etat.

Cela signifie 100.000 nouvelles suppressions de postes entre 2011 et 2013. Est-ce tenable ?

Oui, si on le fait de manière intelligente, en établissant des priorités. On peut aller beaucoup plus loin dans la réduction des effectifs de l'administration centrale quand les responsabilités doublonnent avec les territoires.

Faut-il aller au-delà de la norme " zéro volume ", qui limite au niveau de l'inflation l'augmentation des dépenses de l'Etat ?

Oui, après la crise il faudra tendre vers le zéro valeur, cela imposera une réduction sur cinq ans de tous les budgets de l'Etat.

Que préconisez-vous pour la Sécurité sociale ?

L'effort principal doit porter sur les retraites et l'hôpital. En ce qui concerne les retraites, avec François Sauvadet et Pierre Méhaignerie nous venons de mettre en place des groupes de travail UMP et Nouveau Centre et nous ferons des propositions fortes au mois de Juin. Je souhaiterais que chaque groupe, y compris à gauche, fasse ce même travail, je suis impatient de connaître leurs propositions. En ce qui nous concerne nous allons aborder toutes les questions sans tabou, y compris la question de la convergence des systèmes de retraites publiques-privées. De même, la fusion des caisses de retraites pour le régime de base doit faire l'objet d'une vraie réflexion. En ce qui concerne l'hôpital, la loi qui a été récemment adoptée ouvre de vraies perspectives de meilleure gestion. Il y a ensuite une vaste réorganisation administrative à mener au sein de la Sécurité Sociale, il faudrait par exemple créer un guichet unique en rapprochant les CAF et les CPAM.

Quid des médecins libéraux ?

Je pense que l'on devrait avoir un discours beaucoup plus positif. C'est d'abord un problème de considération vis-à-vis d'une profession beaucoup plus fragilisée qu'on ne le croit. Le problème n'est pas uniquement comptable.

Les collectivités dépensent-elles trop ?

Un chiffre : 60% de la hausse de leurs dépenses est liée à leurs décisions propres et non à des transferts de compétence. Il y a le feu à la maison ! Il y a des augmentations d'effectifs irresponsables et disproportionnées. Je suis partisan d'une fusion des conseils régionaux et des conseils généraux. Il faut fusionner les compétences et les administrations, pas seulement les conseillers territoriaux. Si on réalisait 10% d'économies sur les dépenses de fonctionnement des départements et des régions, cela représenterait un gain de plus de 6 milliards d'euros.
C'est la fin des départements...

Non, ce sera la fin des doublons administratifs pour une meilleure efficacité de l'action locale.

Sur les recettes, que proposez-vous ?

Je suis contre les augmentations d'impôt. Dans le contexte de crise, cela aurait pour effet de casser la croissance. Et d'une certaine manière, ce serait une facilité car ce serait s'exonérer de l'effort de réduction des dépenses. En revanche, on doit réfléchir à une plus grande cohérence de notre système fiscal. Je propose de fusionner impôt sur le revenu et CSG-CRDS. Tout simplement parce qu'on déplore depuis des années le fait que l'impôt sur le revenu n'est payé que par la moitié des contribuables alors que la CSG et la CRDS sont acquittées par tous. Et parce que l'impôt sur le revenu est " familialisé ", avec le quotient familial, alors que la CSG ne l'est pas. L'assiette fiscale serait plus large. Et ce dispositif profiterait aux classes moyennes. Je propose aussi de fusionner, à cette occasion, les Urssaf et l'administration fiscale. Ce qui donnerait tout son sens à cette fameuse retenue à la source que j'appelle de mes voeux depuis longtemps.

Est-ce que ce serait un moyen d'augmenter les recettes fiscales ?

Cette réforme n'est pas conçue pour augmenter les recettes.

Que suggérez-vous sur la fiscalité du patrimoine ?

L'ISF est un énorme tabou mais disons les choses : est-il logique de taxer la détention du patrimoine plutôt que les revenus du patrimoine ?

Au sujet des niches fiscales, faut-il donner un coup de rabot comme certains le proposent dans la majorité ou s'y attaquer niche par niche ?

Vérifions d'abord que le jeu en vaut vraiment la chandelle. La plupart des niches ne coûte que quand elles marchent, à l'instar du crédit impôt pour l'emploi à domicile.
Les entreprises viennent de bénéficier de la suppression de la taxe professionnelle et de l'abandon de la taxe carbone. Doivent-elles contribuer à la réduction des déficits ?

A l'heure actuelle, l'idée c'est plutôt de stimuler la compétitivité de notre économie. C'est vrai pour les ménages, dont il ne faut pas casser le pouvoir d'achat. C'est vrai aussi pour les entreprises. Je préconise d'ailleurs que nous adossions davantage notre économie à l'économie allemande, que nous nous inspirions de leur exemple.

Vous ne partagez pas les critiques émises récemment sur le modèle allemand, pas assez coopératif en Europe ?

Pas du tout. On ne va pas demander aux Allemands d'arrêter d'exporter ! Nous ferions mieux de nous inspirer de leur tissu entrepreneurial très performant notamment pour faire grandir nos PME.

Vos propositions sont pour la législature à venir. Que faut-il faire d'ici à 2012 ?

Il y a beaucoup de choses qu'on peut mettre en oeuvre dès maintenant. Mais d'ici à 2012, l'effort de réduction des déficits doit se faire en fonction de la reprise. Nous sommes encore en pleine crise économique.
Après vous être fait le chantre de l'hyper-parlement, vous vous dites aujourd'hui " à fond " derrière Sarkozy. Pourquoi tant de zèle ?

D'abord, il n'y aucune incompatibilité entre le fait de soutenir l'hyperprésident et de militer à fond pour l'hyperparlement. C'est même à mon sens totalement cohérent. Ensuite, je considère que nous sommes dans un moment extrêmement difficile de notre majorité. La gauche, qui a remporté les élections régionales, est en situation d'emporter la prochaine échéance nationale. Dans ce contexte, il nous faut être rassemblé derrière celui qui est notre président et dont je souhaite qu'il soit notre candidat. Mais que les choses soient claires : le fait d'en appeler au rassemblement n'exclut pas une totale liberté de débat et d'expression. La co-production législative s'impose plus que jamais. C'est totalement l'esprit du nouveau pacte majoritaire que j'ai proposé.

Le test principal de la coproduction ne va-t-il pas être sur les retraites ?

On a d'abord un test sur la burqa. Mais sur les retraites, il est clair que le gouvernement devra nous écouter. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons lancé notre propre groupe de travail.

Si Nicolas Sarkozy vous proposait Matignon dans les prochains mois, accepteriez-vous ?

La question ne se pose absolument pas. Mes amis députés m'ont élu à leur tête pour cinq ans, je ne bougerai pas et chacun le sait.
Propos recueillis par Stéphane Dupont, Pierre-Alain Furbury et Etienne Lefebvre, Les Echos

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Le casse-tête des socialistes pour organiser leurs primaires

Les militants voteront le 3 juillet pour choisir la méthode de désignation de leur candidat pour la présidentielle. La commission Montebourg s'apprête à rendre ses conclusions. Chaque camp a sa propre stratégie.

L'heure du choix approche. Après la victoire aux régionales, les socialistes doivent maintenant s'entendre sur le mode de désignation de leur candidat à la présidentielle. Il leur faut répondre à trois questions simples. Quand? Comment? Avec qui? Comme souvent au PS, les réponses ne sont pas simples à élaborer. Certes, ce sont les militants qui se prononceront en dernier ressort, lors d'une convention ad hoc le 3 juillet sur une proposition de la direction, mais encore faut-il réussir à la formuler. La commission prépara­toire, présidée par Arnaud Montebourg, est censée rendre ses conclusions d'ici une quinzaine de jours. Pas simple pour «l'homme d'une seule ­cause», comme certains le surnomment, qui se trouve souvent minoritaire au sein de sa commission. Parfois, les discussions sont tendues: la semaine dernière, on n'était pas loin du clash lorsqu'un des membres, Pascale Boistard, a claqué la porte faute de pouvoir exprimer ses arguments.

Évidemment, chaque camp a sa stratégie. La première secrétaire, Martine Aubry, et le directeur du FMI, Domi­nique Strauss-Kahn, sont aujourd'hui les favoris des sondages. Ségolène Royal et François Hollande suivent en rivaux. Et puis il y a les autres: Manuel Valls et Pierre Moscovici en outsider. Sans oublier ceux qui n'ont pas encore révélé leurs intentions mais qui pourraient en avoir: Laurent Fabius, Gérard Collomb ou Arnaud Montebourg.

Pour départager tout le monde, le PS n'a pas encore arbitré la procédure. Montebourg plaide pour un scrutin en trois tours. Une phase éliminatoire pour les «petits candidats» suivie d'un vote classique en deux tours. «C'est une usine à gaz», réplique la quasi-totalité du PS.

Problème de calendrier

Mais le principal problème, c'est le calendrier: avant ou après l'été 2011, avant ou après le prochain congrès statutaire? Sur ce dernier point, le débat est âpre. D'un côté, certains défendent l'idée d'un congrès chargé de préparer les primaires. Mais comment, dès lors, éviter de jouer le match avant le match? D'autres plaident pour un congrès de ratification après les primaires. Mais comment éviter que se joue le match retour? La direction du parti penche pour la deuxième option et s'interroge: faut-il se lier les mains dès le 3 juillet en verrouillant le calendrier? En 2011, il faudra aussi tenir compte de deux rendez-vous incontournables. Tout d'abord, les élections cantonales de mars, qui seront lourdes de conséquences sur les sénatoriales de septembre. Hors de question pour le PS de mener de front les primaires et cette campagne électorale où il espère de nouvelles conquêtes. Ensuite, il y a le G20 de juin, auquel participe le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

C'est pourquoi les partisans de DSK plaident pour une désignation à l'automne, afin que «tous ceux qui veulent pouvoir se présenter puissent le faire». Martine Aubry, qui a conclu un accord avec DSK, défend ce scénario qui l'avantage, elle aussi. «La primaire n'a de sens que si elle produit un effet sur le vote national», estime Pierre Moscovici.

Mais, face à eux, les partisans d'un calendrier accéléré ont des arguments à faire valoir. «Il faut un calendrier qui rend fort, explique François Hollande. Le candidat désigné aura trois tâches à accomplir: un travail sur lui-même, le rassemblement de son camp et enfin nouer un accord avec les partenaires.» Forte de son expérience, l'ex-candidate Ségolène Royal partage la même analyse. Sans être candidat lui-même, Bertrand Delanoë «conseille» aussi à Martine Aubry une désignation «avant l'été 2011». «Le problème est le même pour Dominique, quel que soit le calendrier», affirme-t-il: DSK devra, s'il veut revenir, démissionner du FMI avant la fin de son mandat.

Candidature unique

À cette question du calendrier s'ajoutent celles du périmètre (avec toute la gauche ou seulement le PS) et du corps électoral. «Je ne peux pas répondre à la place de nos partenaires», expliquait Martine Aubry il y a quelques jours. Certains socialistes s'interrogent sur le bien-fondé d'une candidature unique de la gauche. «Elle n'est pas le gage d'une victoire. Mitterrand a perdu en 1974 avec 43% au premier tour», rappelle Pierre Moscovici. À l'opposé, d'autres se souviennent des conséquences de la dispersion de la gauche avant le 21 avril 2002. Il faudra bien trancher et éviter que les primaires ne se transforment en ma­chine à perdre.

MAIS IL EN MANQUE SUR LA PHOTO

«Le Giec n'est pas le garant de la vérité scientifique»

INTERVIEW - Le géophysicien Vincent Courtillot répond à la pétition des climatologues.

Dans un courrier adressé jeudi à la ministre de la Recherche, Valérie Pécresse, 400 chercheurs spécialistes du climat se sont plaints des «accusations mensongères» portées contre eux par les climatosceptiques (voir nos éditions d'hier). L'un de leurs chefs de file, le professeur Vincent Courtillot, directeur de l'Institut de physique du globe à Paris, nommément mis en cause, a accepté de répondre en exclusivité aux questions du Figaro.

Comment réagissez-vous à cette pétition?

Vincent COURTILLOT. J'y suis attaqué de manière profondément fausse et choquante. Je partage cet honneur avec Claude Allègre. Celui-ci n'a pas besoin de moi pour défendre son point de vue. Certes, une partie de nos conclusions sur la question de l'origine du réchauffement climatique sont proches, mais il a ses arguments et ses méthodes et moi les miens. Je me bornerai donc à répondre aux accusations explicitement portées contre moi.

Comme celle de porter des «accusations mensongères» à l'encontre de la «communauté» des climatologues…

Il faudrait d'abord définir les contours de cette communauté dont il est permis de se demander si elle ne s'est pas autodécrétée comme telle. Si deux de ses principaux leaders, Jean Jouzel et Hervé Le Treut, sont respectivement spécialistes de géochimie et de modélisation numérique, mes collègues et moi-même avons une grande expertise du traitement des longues séries de mesures en observatoire. Toutes ces approches ont quelque chose à apporter à la climatologie, science jeune et faite surtout de l'addition de nombreuses disciplines très diverses. Les pétitionnaires confondent (volontairement?) leur communauté avec le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). C'est lui dont je critique le mécanisme. Je maintiens que même avec les scientifiques les plus nombreux, un système de ce type ne garantit en rien de dire, à un moment donné, la «vérité scientifique». Celle-ci ne peut pas être le résultat d'un vote démocratique… Un seul avis contraire peut se révéler in fine exact. Le XXe siècle en regorge d'exemples: ainsi, dans mon domaine, celui de la dérive des continents, un Giec n'aurait su dire la vérité qu'avec soixante ans de retard!

Les signataires vous reprochent de douter de leur «intégrité»…

C'est faux. Je critique simplement les interprétations de certains d'entre eux. Est-ce désormais interdit en sciences? En outre, c'est oublier le fait que les «carbocentristes», comme les «climatosceptiques» d'ailleurs, ne parlent et ne pensent heureusement pas tous d'une seule voix. On gomme trop souvent les divergences utiles qui les opposent.

Avez-vous publié les résultats de vos travaux dans des revues scientifiques?

Le texte de la pétition me reproche en effet de n'être pas «passé par le filtre standard des publications scientifiques». Mais c'est encore une fois absolument faux! Six articles ont été publiés en cinq ans dans des revues internationales de haut niveau: Earth and Planetary Science Letters (EPSL), Comptes rendus de l'Académie des sciences et la dernière dans Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics . Deux autres sont soumis à l'évaluation de nos pairs anonymes. Aucun n'a pour l'instant fait l'objet de critiques scientifiques, à l'exception d'un article dans EPSL il y a deux ans . Mais nous avons répondu, mes collègues et moi, point par point, dans la revue. J'ajoute que toutes nos études ultérieures n'ont fait que renforcer nos premières conclusions. C'est seulement après tout ce travail, effectué «dans l'ombre», que j'ai publié cet automne, dans le livre (1) visé par la pétition, le résumé de ces recherches.

Vous allez donc continuer...

Jusqu'à nouvel ordre, il n'y a pas de censure idéologique en sciences… La meilleure manière de critiquer nos résultats scientifiques n'est pas d'envoyer une pétition à des «tutelles» mais de soumettre par les mêmes voies des articles pour publication. Comme l'écrit mon collègue physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, «que les signataires jugent nécessaire de faire appel aux pouvoirs politiques et administratifs pour étayer leurs positions revient à reconnaître le manque d'indépendance qui leur est reproché par leurs adversaires, et qui obère la fiabilité des travaux du Giec». Je n'oublie donc en rien «les principes de base de l'éthique scientifique», comme cela m'est reproché. Mes collègues et moi avons simplement contribué à ouvrir un débat qu'il était auparavant très difficile d'avoir.

(1) «Nouveau Voyage au centre de la Terre», Odile Jacob, septembre 2009.

Pâques


Deux fêtes marquent particulièrement le déroulement de chaque année, Noël et Pâques. On peut se demander pourquoi on y attache cette importance et pourquoi elles subsistent à travers les âges.

Certains y voient des repères cosmiques : Noël est situé au moment où le jour déclinant devient le plus court. Pâques survient avec le soleil levant, nous donnant de plus en plus tôt des jours de plus en plus longs.

En ce sens, Pâques est la réalisation de notre attente : après le sombre hiver endormi, nous souhaitons l'éveil de la nature. C'est, en effet, une fête que de voir s'épanouir les fleurs et mûrir les fruits. Mais, on le sait, Noël etPâques sont aussi et d'abord,en Occident, des fêtes chrétiennes qui commémorent la naissance puis, après sa mort, la résurrection d'un homme appelé Jésus.

Évidemment, cette résurrection fait question. C'est tout le problème de la destinée de l'homme qui est ainsi évoqué. Comme le dit Michel Hubaut dans son livre Du corps mortel au corps de lumière (1) : « Devant la mort, il n'y a pas vingt solutions. C'est la néantisation, la réincarnation ou la transfiguration qu'on nomme résurrection dans la foi chrétienne. »

Des millions de gens sur Terre adhèrent à la croyance en la réincarnation. C'est une position évidemment respectable. De leur côté, les chrétiens pensent que tout homme est unique et, par conséquent, qu'il ne peut devenir quelqu'un d'autre. Il se métamorphose d'une manière que l'on ne peut imaginer, car il s'agit d'un nouvel état non biologique. Michel Hubaut précise, en effet, que le mot chair signifiait initialement la personne humaine. C'est donc, à ses yeux, la personne dans son être qui reste elle-même d'une autre manière. C'est une transfiguration.

La foi chrétienne est fondée sur la résurrection du Christ. Le retour à la vie de cet homme, exécuté comme un criminel dans le supplice le plus cruel qui prolonge l'agonie : le crucifiement. Retour impossible, incroyable ; cependant, des femmes et des hommes se sont fait tuer pour avoir affirmé cela, pour avoir maintenu leur dire et affirmé qu'il était Dieu. Alors, de deux choses l'une, ou bien ce ne peut être qu'une folie ou bien c'est un événement considérable qui signifierait qu'il est possible de répondre à la question fondamentale : d'où venons-nous ? Où allons-nous ? Pour les chrétiens, la réponse, c'est Pâques, c'est la promesse qui se réalise, le retour de l'Ami. C'est le passage de la mort à la vie, dans la joie et la plénitude.

Alain Lambert : non à Sarkozy en 2012

L'ex-ministre du Budget le dit tout haut : il ne souhaite pasque le Président sollicite un deuxième mandat.
« Il n'est pas en situation de faire gagner nos idées en 2012 », estime Alain Lambert, parlant de Nicolas Sarkozy. Alors qu'il se trouve en déplacement à Singapour, l'ancien ministre du Budget, sénateur de l'Orne, a lâché cette petite bombe, hier, dans une tribune publiée sur le site Internet de la chaîne Public Sénat. Il critique les « méthodes » du chef de l'État, « qu'il croit bonnes depuis trois ans et qui nous entraînent tout droit dans l'abîme ».

Ces derniers jours, Alain Lambert, très actif sur Internet, avait déjà décoché quelques flèches sur son compte Twitter : « L'idée de primaires divise la majorité. Tout cela parce que personne n'ose dire que c'est le Président le problème. »

Selon Alain Lambert, le chef de l'État a une part de responsabilité « non négligeable » dans l'échec de la droite aux élections régionales. « Et il a eu le grand tort de ne pas le reconnaître avec humilité devant les Français. » Le sénateur de l'Orne dénonce dans la foulée « le concert des hypocrites » qui persiste à dire que Nicolas Sarkozy reste « notre sauveur à tous ».

Alain Lambert juge nécessaire que « ceux qui sont capables d'assumer cette fonction se préparent à prendre la relève, s'il vient à dévisser complètement, ce qui n'est pas totalement à exclure ». Sa proposition : « Pourquoi les Premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et François Fillon ne se rencontreraient-ils pas pour envisager toutes les éventualités ? »

Le statut d'auto-entrepreneur pourrait être limité à 3 ans

2010 sera vraisemblablement l'année des ajustements pour le statut de l'auto-entrepreneur, qui a connu un large succès depuis son entrée en vigueur le 1er janvier 2009 et suscité l'enregistrement de 320 000 personnes sous ce régime l'an passé. Malgré cet engouement, ce statut s'attire les foudres des artisans et pose des problèmes quant à la légalité de son utilisation. A l'issue d'une table ronde organisée par la commission des finances du Sénat, son président, Jean Arthuis (sénateur centriste de la Mayenne), a émis le souhait de limiter le statut d'auto-entrepreneur à trois ans, afin de circonscrire les abus constatés dans la pratique.
A l'origine de cette proposition se trouvent les craintes des artisans face à la concurrence jugée déloyale des auto-entrepreneurs qui exercent le même métier mais bénéficient d'un régime fiscal allégé. Selon les chiffres de l'Insee, un tiers des auto-entrepreneurs sont effectivement des artisans. Selon la commission, réduire le statut à une période de trois ans maximum permettrait d'éviter que les auto-entrepreneurs dont le chiffre d'affaires dépasse le seuil fixé par la loi (80 300 euros pour les activités de commerce, 32 100 euros pour la prestation de services) ne conservent ce statut en réalisant leur surplus d'activité au noir.

Les membres de la commission des finances du Sénat proposent qu'à la fin de cette période de trois ans, les auto-entrepreneurs soient invités à rejoindre le régime de droit commun. Cette disposition, couplée à l'obligation pour les auto-entrepreneurs de déclarer leur chiffre d'affaires, permettrait en outre de distinguer les auto-entrepreneurs destinés à se muer en véritables chefs d'entreprise de ceux qui désirent simplement compléter leurs revenus. Ces derniers auraient alors la possibilité de conserver leur statut sans limite de temps.

Ces mesures ne devraient toutefois concerner qu'une minorité d'entrepreneurs : 60 % d'entre eux ont en effet déclaré un chiffre d'affaires nul en 2009. Jacques Escourrou, président de la caisse de retraites des professions libérales, craint à ce titre un afflux d'auto-entrepreneurs à faibles revenus, qui selon lui menace l'équilibre financier de cette caisse. Selon l'Observatoire des auto-entrepreneurs, la tendance serait néanmoins à la hausse des chiffres d'affaires depuis quelques mois.

FAUSSE SOUS-TRAITANCE

Enfin, ces nouvelles dispositions pourraient éviter les cas de "fausse sous-traitance", qui consiste pour une entreprise à forcer des employés, notamment des stagiaires et des sans-papiers, à passer sous le régime de l'auto-entrepreneur afin de limiter leurs charges sociales.

Hervé Novelli s'est d'ores et déjà déclaré opposé à une complexification d'un statut qui séduit justement par sa simplicité, et a relativisé les abus éventuels. "Les Urssaf appliquent sur le terrain la réglementation du travail avec la plus grande fermeté", a-t-il affirmé. Dans un entretien aux Echos du jeudi 1er avril, le secrétaire d'Etat aux PME attribue les critiques contre le statut de l'auto-entrepreneur à la crise, et "réfute l'idée d'une concurrence déloyale", arguant du fait que "les charges sociales et fiscales d'un auto-entrepreneur sont les mêmes que celles des autres travailleurs non salariés". Selon lui, ce régime "vaut surtout pour sa simplicité administrative".

Pour les artisans, la création du statut d'auto-entrepreneur est arrivée au plus mauvais moment : "en 2009, année de crise, où il était déjà difficile de fidéliser notre clientèle", déplore Jean Lardin, président de l'Union professionnelle artisanale. Pour apaiser leur colère, des mesures ont toutefois été prises. Un décret qui entre en vigueur le 1er avril oblige les auto-entrepreneurs qui exercent une activité soumise à un niveau de qualification réglementé (entretien de machines, soins esthétiques, préparation ou fabrication de produits frais, coiffure...) à justifier de celle-ci.
Audrey Fournier