1 - Structure de l'euro
Atlantico : D'après l'économiste américain Dani Rodrick, pour que l'euro continue d'exister, les Etats n'ont d'autre choix que d'abandonner leur souveraineté. Autrement dit, opter pour un fédéralisme à l'américaine. Comment les différents partis français se positionnent-ils par rapport à cette problématique ?
Le Modem a une fibre européenne tout de même plus affirmée, Mme de Sarnez siège au Parlement aux côtés de Guy Verhofstad, ancien Premier ministre belge, parmi les députés les plus fédéralistes. Selon lui, c’est par cette voie que l’on pourrait résoudre une grande partie des problèmes de l’Europe.
Pour le FN, qui est totalement souverainiste, la chose est hors de question.
Le PS est très ambiguë, il est souvent question dans son discours d’intégration et de gouvernance, sans que le mot ne soit jamais vraiment prononcé.
A l’extrême gauche, le fédéralisme n’est pas évoqué très souvent. A quelques exceptions près, ses membres se prononcent contre. Comme une bonne partie de ce qu’ils souhaitent repose sur l’Etat providence, et considérant l’orientation libérale de l’Europe, ils ne peuvent pas adhérer. A ce sujet, Mélenchon me disait en 2012 qu’il était pour le moment hors de question d’accepter tout transfert de souveraineté.
Bruno Cautrès : La crise économique que le monde connaît depuis 2008 n’a pas entraîné en France de chute spectaculaire du soutien des français et des partis politiques (hors FN) à l’euro et à l’appartenance de la France à la zone euro. Dans l’opinion on constate, selon les moments et selon les enquêtes, qu’un segment compris entre un quart et un tiers maximum des Français souhaiterait revenir au Franc. Une partie de la classe politique française soutient par ailleurs le renforcement du gouvernement économique de la zone euro et voient dans les réponses européenne au « sauvetage » de certains systèmes bancaires ou de certains pays l’affirmation d’une intégration économique encore plus forte.2 - Politique monétaire
La politique de l'offre s'est progressivement imposée au fil des siècles, au point qu'elle semble aujourd'hui indiscutable au niveau européen. Si elle s'impose assez logiquement en temps normal, il n'est pas interdit en période de crise de s'interroger sur la possibilité d'une relance par la voie monétaire. Problème, il est difficile d'intéresser l'opinion aux questions relatives à la Banque centrale.
Les Verts portent l’idée d’une croissance verte, voire d’une décroissance. Le Parti de Gauche parle d’écosocialisme, qui est une autre façon de produire, mais il reste lié au PC, qui est dans une approche productiviste. Tout comme le FN, d’ailleurs, selon lequel il faut sortir de l’euro pour relancer l’industrie française. Mais plus globalement, la question reste floue.
3 - Démocratie
Les citoyens voient leur quotidien déterminé par énormément de décisions prises au niveau européen, pourtant ils n'en ont pas forcément conscience, ou bien ont l'impression de ne pas pouvoir peser dessus. Quel est le discours des partis sur la place du citoyen dans l'Union ?
Toute la question est de savoir ce que fait, ou ne fait pas, l’UE. Le dossier du "Roaming" est assez parlant : les députés avaient dit qu’ils avaient fait supprimer les frais d’itinérance pour les téléphones portables. Dans les faits, le Parlement s’est contenté de voter sa position, de dire qu’il soutenait l’idée que l’on puisse appeler pour le même prix d’un pays à un autre. Dans les faits, l’accord des Etats est nécessaire. Le citoyen, constatant que la chose ne se fait pas, finit par se poser des questions. Un problème de communication, donc.
Le Parlement est souvent accusé de gérer des dossiers extrêmement techniques, et de produire des normes inutiles. Le PPE (UMP) et le PSE (PS) jouent sur l’idée selon laquelle il est nécessaire que l’Europe ne s’occupe que de l’indispensable, pour laisser aux citoyens l’impression qu’elle se concentre sur les grands problèmes que sont la croissance, l’emploi ou la protection des données numériques. Donc exit les rapports sur les économies d’eau et les réglementations sur les bouteilles d’huile d’olive...
Les Verts ne s’inscrivent pas dans cette tendance, car ils veulent davantage de normes environnementales. Les dérégulations leur font peur. Le Front de Gauche voit l’Europe comme un moyen de luter contre les dérives de la finance. Marine Le Pen, elle, a déclaré mardi que le rôle des futurs députés du FN serait de bloquer toute régulation européenne qui nuirait à la France.
4 - Identité européenne, quel projet ?
Après 50 ans d'existence, l'Union est en quête de projets fédérateurs derrière lesquels se rassembler. Immigration, libre-échange, héritage culturel, autant de questions qui doivent être mieux définies.
Le PS, lui, veut une Europe sociale, même si on ne sait pas vraiment ce qui se cache derrière. Ils misent sur la relance, la politique de croissance… Mais les ressources manquent dans le budget européen. Il s’agit surtout d’incantations.
Les Verts voient l’UE comme le moyen de porter leurs deux grands chevaux de bataille que sont l’environnement et le numérique. En la matière, la législation française émane principalement des réglementations européennes.
A l’UDI/Modem, ils se présentent comme les plus pro-euroépens, mais ils peinent encore à trouver un angle précis.
Le Front de gauche, lui veut une Europe qui permette de lutter contre le capitalisme. C’est pourquoi le grand sujet qui les occupe est l’accord UE-USA (tout comme les Verts, d’ailleurs).
Pour le FN, l’UE telle qu’elle existe aujourd’hui met en concurrence les peuples, et amènera la guerre.













