Les Français sont devenus de tristes écureuils. La Banque de France nous apprend qu’ils épargnent 16 % de leurs revenus, un niveau très élevé, jamais vu depuis cinq ans. Les entreprises de l’Hexagone, elles, ont rarement distribué autant de dividendes : 40,7 milliards de dollars au 2e trimestre, selon la société de gestion d’actifs Henderson. Si les Français épargnent, c’est qu’ils consomment peu ; si les entreprises rémunèrent mieux leurs actionnaires, c’est qu’elles ont arrêté d’investir. Ces deux pannes, dramatiques pour la croissance, ont une même explication : l’absence de confiance. Les consommateurs, comme les entrepreneurs, n’attendent rien de bon de l’avenir.
On les comprend. On chercherait en vain dans l’interview de rentrée du président de la République, publiée dans Le Monde du 21 août, de quoi leur redonner l’envie de dépenser. La vraie-fausse baisse des impôts consiste à donner d’une main une fraction de ce qu’on reprend de l’autre. La relance du bâtiment équivaut à reconstruire péniblement ce que la loi Duflot a détruit en début d’année. Les invocations à investir plus méconnaissent les réalités de l’entreprise, François Hollande soulignant lui-même que les marges de l’industrie sont au plus bas depuis trente ans. Quant à sa volonté affichée d’accélérer les réformes, elle ne demande qu’à être traduite dans les faits. Depuis 2012, les Français se sont vu promettre l’inversion de la courbe du chômage, la reprise économique et la maîtrise des déficits publics ; leur scepticisme est fondé. La crédibilité de la parole présidentielle est l’une des principales victimes de la première partie du quinquennat. « La confiance ne se décrète pas, elle se mérite, elle se vit » a écrit Charles de Gaulle. Et son absence a un prix.