jeudi 23 janvier 2014
Le compte de Davos
Le Forum économique mondial annuel qui s’est ouvert le 22 janvier à Davos, se déroule sur fond d’instabilité qui persiste dans l’économie mondiale. Mais selon certains experts, dont la directrice exécutive du FMI Christine Lagarde, le plus grand danger, ce n’est pas l’endettement ou l’instabilité des principales monnaies du monde mais l’inégalité des revenus qui a déjà atteint un niveau dangereux et continuent à s’exacerber. Notre observateur Piotr Iskenderov doute que le problème puisse être résolu dans le contexte contemporain.
Les statistiques arides publiées par les experts internationaux ont réellement de quoi impressionner. Conformément au rapport de l’ONG Oxfam, la fortune globale des 85 hommes plus riches du monde faisant partie de la liste de Forbes, représente 1,7 trillions de dollars. C’est l’équivalent de ce que possèdent plus de 3,5 milliards des pauvres dans le monde et l'inégalité la plus effroyable que l’économie contemporaine ait jamais connue.
L’inégalité sociale croissante plonge ses racines dans les dernières décennies du XXe siècle, a fait ressortir dans l’entretien avec La Voix de la Russie Ruslan Grinberg, directeur de l’Institut de l’économie de l’Académie russe des sciences :
Si dans les années 1950-1970, le capitalisme est devenu ce qu’il était convenue d’appeler « le capitalisme au visage humain », c’est parce qu’il était obligé de se mesurer à son rival et notamment au système socialiste mondial. La lutte était pour la première fois menée pour le bien-être général. La situation s’est inversée après l’effondrement du système socialiste incarné par l’URSS et le monde à basculé à nouveau vers le système d’auto-régulation préconisé par Adam Smith. Or, Karl Marx disait en son temps que les forces d’auto-régulation conduisent à l’accumulation des richesses sur un pôle et à la misère sur l’autre. Les pauvres deviennent infiniment plus nombreux que les riches.
Les offshores sont un sujet à part dans le cadre du problème considéré. C’est dans les offshores sont sont placés et se multiplient les plus grandes fortunes. La situation dans ce domaine tend à s’améliorer ces derniers temps mais le système lui-même ne pourra pas être définitivement démonté dans les années qui viennent, estime Iouri Danilov, directeur du laboratoire d’analyse des marchés financiers de l’Institut d’analyse d’entreprises et marchés du Haut collège d’économie. Il a rappelé que les offshores se subdivisaient en deux catégories principales :
Il existe les offshores qui sont utilisés aux fins d’« optimisation » de la charge fiscale par les transnationales et les grandes entreprises. Les offshores de ce type existeront toujours sous une forme ou sous une autre. Mais il y a aussi les offshores utilisés par des personnes physiques y compris par des politiques aux fins d’évasion fiscale. C’est cette pratique qu’on arrivera sans doute à réduire considérablement.
Selon la Banque Mondiale, 1,2 milliards de personnes dans le monde vivaient en 2010 avec moins de 1,25 dollar par jour contre près de 2 milliards il y a 30 ans. Les experts de la Banque ont calculé qu’il faudrait près de 200 milliards de dollars annuellement pour redresser la situation. Ce n’est que 0,25% du PIB mondial et une infime partie de ce qui se dépose dans les offshores. Le Guardian britannique évalue à 32 trillions de dollars les comptes offshores par référence à ses sources financières. Pourtant, on ne pourra jamais récupérer cet argent même si Davos pesait de son poids économique.
La reprise mondiale est là, mais elle n'a rien de réjouissant
La reprise est anémique en Europe, beaucoup plus vigoureuse aux Etats-Unis. Mais elle ne profite qu'à une frange infime de la population, déjà la plus riche, et laisse de côté tous les autres. Une situation qui ne peut durer.
L'économie est souvent qualifiée de science lugubre, une réputation à laquelle elle n'a pas failli au cours des cinq dernières années - et il est malheureusement probable que l'année qui commence ne nous apporte aucun réconfort. Le PIB réel (ajusté en fonction de l'inflation) par habitant de la France, de l'Italie, de la Grèce, du Royaume-Uni et des Etats-Unis est plus bas aujourd'hui qu'avant la Grande Récession.
Il y a quelques exceptions : après plus de deux décennies, l'économie du Japon semble sur le point de passer un cap, sous la férule du gouvernement Abe : mais compte tenu d'une économie soumise à la déflation depuis les années 1990, le rétablissement sera long. Le PIB réel de l'Allemagne par habitant est de son côté plus élevé en 2012 qu'en 2007 - bien qu'une croissance de 3,9 % en cinq ans ne soit pas vraiment une raison de pavoiser.
Ailleurs dans le monde, la situation est réellement lugubre : le chômage dans la zone euro reste obstinément élevé et le taux de chômage de longue durée aux Etats-Unis dépasse encore de loin son niveau d'avant la récession.
En Europe, si la reprise économique semble acquise pour cette année, ce ne sera que de manière vraiment anémique, avec une augmentation de 1 % seulement de la production prévue par le Fonds monétaire international (FMI). Puisque les dirigeants européens sont acquis aux mesures d'austérité et qu'ils ne progressent qu'extrêmement lentement pour corriger les problèmes structurels liés aux défauts de conception de la zone euro, les sombres perspectives d'avenir du Vieux Continent n'ont rien de surprenant.
De l'autre côté de l'Atlantique, on peut en revanche se montrer un peu plus optimiste. Les données révisées pour les Etats-Unis montrent que le PIB réel a progressé de 4,1 % au troisième trimestre 2013 tandis que le taux de chômage est enfin redescendu à 7 % en novembre dernier - son niveau le plus bas depuis cinq ans. Cinq années d'activité modérée dans le secteur du bâtiment ont en grande partie résorbé les constructions en excès intervenues pendant la bulle immobilière. L'exploitation des vastes réserves de gaz et d'huile de schiste a mis les Etats-Unis sur la voie d'une indépendance énergétique attendue depuis longtemps et réduit le prix du carburant à un plus bas historique, contribuant aux premiers signes d'une renaissance du secteur manufacturier. Et son secteur de haute technologie en plein essor suscite l'envie du reste du monde.
Plus important, le processus politique américain a retrouvé un semblant de normalité - les coupes budgétaires automatiques, qui ont amputé la croissance de 1,75 point de son potentiel, se poursuivent, mais de manière modérée. De plus, la courbe du coût des soins de santé - qui figure parmi les principaux facteurs des déficits budgétaires à long terme - s'est infléchie. Le bureau du budget du Congrès a d'ores et déjà prévu que les dépenses liées aux programmes Medicare et Medicaid (les programmes de soins de santé du gouvernement à l'intention des personnes âgées et des pauvres, respectivement) devraient s'établir à 15 % de moins que prévu en 2010.
Il est possible voire probable que la croissance américaine en 2014 soit suffisamment rapide pour créer un surplus d'emplois par rapport aux nouveaux arrivants sur le marché du travail. On peut tout au moins espérer voir une baisse du chiffre énorme (environ 22 millions) de demandeurs d'un emploi à temps plein et qui peinent aujourd'hui à en trouver un.
L'euphorie n'est pourtant pas de mise. Une quantité disproportionnée des emplois créés aujourd'hui sont des emplois à bas salaires - au point que les revenus médians des ménages continuent à décliner. Pour la grande majorité des Américains, il n'y a pas de reprise économique - alors que 95 % des bénéfices profitent à 1 % de la population la plus riche.
Avant même la récession, le capitalisme à l'américaine ne fonctionnait pas pour une grande partie de la population. La récession n'a fait que rendre plus évidentes ses aspérités. Le revenu médian des ménages (ajusté en fonction de l'inflation) reste plus bas qu'il ne l'était en 1989, il y a presque vingt-cinq ans ; le revenu moyen des hommes est également plus faible qu'il y a quarante ans.
Le nouveau problème des Etats-Unis est le chômage de longue durée qui touche près de 40 % des chômeurs, aggravé par l'un des plus médiocres systèmes d'allocations chômage parmi les pays avancés, qui prévoit en général une durée de versement des prestations n'excédant pas vingt-six semaines.
Avec la poursuite du grand malaise en Europe en 2014 et une reprise américaine qui exclut tout le monde, sauf les plus riches, je figure très certainement aux rangs des lugubres. Des deux côtés de l'Atlantique, les économies de marché ne répondent pas aux besoins de la majorité des citoyens. Combien de temps cela peut-il durer ?
Et pour remplacer François Hollande à la tête de la France…
▪ Notre campagne pour remplacer Ben Bernanke en tant que prochain président de la Fed n’a mené à rien. Le téléphone n’a jamais sonné et le poste a été attribué à Janet Yellen.
Toutefois, nous n’avons pas abandonné l’idée d’une carrière dans le "service public". Oui, cher lecteur, après 40 années de dur labeur sur le terrain rocailleux du secteur privé, nous visons désormais la nouveauté. Nous voulons nous confronter aux problèmes du moment et faire notre part du travail. Nous voulons nous impliquer dans les grands défis de notre époque et "faire une différence".
Ces derniers temps, nous avons été inspiré par les dirigeants du monde entier. Ils rendent à la société ce qu’elle leur a donné. Ce sont des modèles, une véritable inspiration à rejoindre les rangs de ceux qui ont l’esprit civique… ceux qui travaillent pour le bien des autres et non juste pour eux-mêmes.
Oui… tout ça. Nous voulons aussi nous vautrer dans l’auge publique, nous nourrir à la mamelle gouvernementale et profiter des bons côtés des hautes fonctions politiques.
Comme le maire de Toronto, Rob Ford, solide buveur et adepte de la consommation de drogues.
Nous ne prenons pas de cocaïne, à la Chronique Agora. Mais qui n’apprécierait pas une petite beuverie une fois ou deux par semaine ? (Et si une crise majeure se produit pendant que nous sommes en fonction, nous espérons être aussi ivre que Rob Ford à ce moment-là).
Si nous sommes élu, nous avons aussi l’intention de poser quelques questions. "Comment ça, Tom Friedman n’a pas encore eu de contrôle fiscal ? Pourquoi le Comité Nobel a-t-il attribué un prix à Paul Krugman — ne peut-on pas simplement le lui reprendre ? Personne ne pourra donc débarrasser le pays de ces banques zombie ?"
Et ce n’est qu’un début.
▪ Que dire du reste du monde !
Lorsque nous portons le regard vers l’étranger, le service public semble encore plus attirant. Bill Clinton avait sa stagiaire. Arnold Schwarzenegger avait sa bonne. Mais leurs tentatives ne sont absolument rien comparées à ce à quoi peut parvenir un politicien européen. Prenez l’ex-chef du gouvernement italien, par exemple. Pendant des années, Berlusconi a tenu ses fameuses fêtes "bunga bunga" avec des prostituées mineures. Il n’a pas eu besoin de mentir sur le fait qu’il n’avait jamais couché "avec cette femme". Il n’a pas eu besoin de faire des excuses publiques. Il a pu profiter des avantages qui lui étaient acquis, en toute simplicité.
Lorsque nous portons le regard vers l’étranger, le service public semble encore plus attirant. Bill Clinton avait sa stagiaire. Arnold Schwarzenegger avait sa bonne. Mais leurs tentatives ne sont absolument rien comparées à ce à quoi peut parvenir un politicien européen. Prenez l’ex-chef du gouvernement italien, par exemple. Pendant des années, Berlusconi a tenu ses fameuses fêtes "bunga bunga" avec des prostituées mineures. Il n’a pas eu besoin de mentir sur le fait qu’il n’avait jamais couché "avec cette femme". Il n’a pas eu besoin de faire des excuses publiques. Il a pu profiter des avantages qui lui étaient acquis, en toute simplicité.
Notre favori reste quand même François Hollande.
Nous avons vécu en France pendant au moins 15 ans. Nous avons appris la langue et les moeurs du pays. Surtout, nous avons appris que nous ne pourrions pas moins bien gérer le pays que François Hollande.
Soyons tout de même juste envers lui. Il est intelligent. Il peut être charmant et plein d’esprit. Mais en matière d’économie, il a pour unique guide des théories keynésiennes insensées et les slogans creux de l’élite socialiste française.
C’est pour cette raison que Paul Krugman a été si vexé quand il a lu les journaux la semaine dernière. Il a découvert que Hollande a pris un virage à droite. Le président français avait réalisé que les choix faits pour l’économie française, axés sur le côté de la demande, n’avaient pas très bien fonctionné. Le taux de chômage de la France, par exemple, est deux fois plus élevé que celui de sa voisine l’Allemagne. La dette française a été dégradée.
Et quiconque a essayé de lancer une entreprise en France, comme votre correspondant, préférerait ne pas le refaire. Si vous échouez, on vous punit avec des taxes, des cauchemars administratifs et des contrats syndicaux piégés. Si vous réussissez, en revanche, on vous récompense avec des taxes, des cauchemars administratifs et des contrats syndicaux piégés. Cela n’arrête pas les entrepreneurs diplômés et dynamiques de la France, ceci dit. Ils lancent toujours de nouvelles entreprises — en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis !
▪ Virage à droite ?
Krugman considérait comme un "scandale" qu’Hollande abandonne ses principes idiots. Mais notre vieil ami Michel, sur le terrain en Normandie, rapporte que toute cette affaire n’est pas tant un scandale qu’une fraude. "Il n’y a pas de vrai virage à droite", nous dit-il. "Hollande fait ce qu’il a toujours fait… il donne un os à ronger à certains de ses amis du CAC 40… sans se lancer dans de véritables grandes réformes".
Krugman considérait comme un "scandale" qu’Hollande abandonne ses principes idiots. Mais notre vieil ami Michel, sur le terrain en Normandie, rapporte que toute cette affaire n’est pas tant un scandale qu’une fraude. "Il n’y a pas de vrai virage à droite", nous dit-il. "Hollande fait ce qu’il a toujours fait… il donne un os à ronger à certains de ses amis du CAC 40… sans se lancer dans de véritables grandes réformes".
Ce que nous admirons le plus chez Hollande, c’est son sens des priorités. Pendant que tout ça se produit, le président de la Cinquième république et le chef de la deuxième plus grande économie de l’Union européenne trouve encore le temps de s’échapper en scooter. Il laisse l’Elysée et sa "Première dame" pour passer un peu de bon temps avec l’actrice Julie Gayet. Nous ne reviendrons pas sur le sort de Valérie Trierweiler, tout juste sortie de l’hôpital après un "gros coup de fatigue".
Aux Etats-Unis, les électeurs seraient horrifiés. En Grande-Bretagne, les tabloids s’en donneraient à coeur joie. L’électorat allemand serait perplexe. Mais en France, personne ne semble s’en préoccuper.
C’est pour cette raison que nous préparons notre candidature à la présidence française. Si le poste peut rendre attirant François Hollande lui-même, ce doit être l’aphrodisiaque le plus puissant au monde. Il est vrai que la prochaine élection n’est que dans quelques années. Il est vrai aussi que nous n’aurons probablement pas notre place sur les listes. Mais nous comptons sur vous, cher lecteur. Nous avons besoin de votre voix pour passer.
Comptant sur votre soutien, nous allons commencer à économiser pour nous acheter un scooter.
Le billet de Michel Schifres
Les bons pères
Il n’y a pas que les déficits ou la fiscalité dans la vie. D’autres réformes sont nécessaires et urgentes. Ainsi la majorité vient-elle de supprimer de la législation l’expression « en bon père de famille ». Selon elle, elle est désuète et ne correspond plus à la situation d’aujourd’hui. Ce qui est rigoureusement exact si l’on se réfère à quelque mésaventure récente. Par ce geste d’une folle bravitude comme l’on disait autrefois, la gauche montre sa rapidité à s’accommoder des événements et sa capacité à faire corps, si l’on ose dire, avec son chef, le Président. Elle sait également s’adapter aux mœurs puisque de nos jours, un homme sur deux s’avoue infidèle. L’expression maudite sera donc remplacée par le terme « raisonnable ». Rien n’assure qu’il soit le plus judicieux.
Les tabous de la gauche qui vacillent
Les tabous de la gauche qui vacillent
Deux fois déjà, nous sommes allés solliciter l’indulgence de Bruxelles. Deux fois déjà, la Commission, bonne fille, nous a accordé un délai de grâce pour remettre en ordre nos finances publiques, réduire nos dépenses et nos déficits. Mais cette fois, l’échec n’est plus permis : et puisque François Hollande s’est lancé dans un grand concours de promesses, accumulant par dizaines de milliards les engagement de réduction des dépenses, il va maintenant falloir entrer dans le vif du sujet. Et ne plus se contenter de passer la paille de fer, aussi douloureux que ce soit, pour n’aboutir qu’à des baisses en trompe-l’œil comme ce fut le cas l’an dernier (368 milliards d’euros de dépenses, contre 367 l’année précédente !).
Il faudra, pour avoir une chance d’être au rendez-vous de Bruxelles, employer tous les moyens. Tous, c’est-à-dire privatiser massivement, dégager des recettes qui permettent de se désendetter plus rapidement. L’Etat possède encore plusieurs dizaines de milliards d’euros d’actifs dans des entreprises où il n’a pas grand chose à faire, autant les monétiser ; ça ne devrait pas poser de problème idéologique : Lionel Jospin reste à ce jour le Premier ministre champion des privatisations.
Tous les moyens, ça veut dire aussi réduire le périmètre de l’Etat, lâcher des pans entiers de ministères, supprimer des directions centrales, faire appel à des agences privées, et bien entendu, abaisser le nombre des fonctionnaires. Tous ceux qui ont cru dans les promesses du candidat Hollande ne l’ont probablement pas encore compris, mais lorsque le chef de l’Etat propose maintenant « de redéfinir les principales missions de l'État », ce sont bien les derniers tabous de la gauche qui commencent à vaciller. Ca mettra peut-être encore un peu de temps, mais c’est inéluctable.
L’impossible dialogue
L’impossible dialogue
La visite du président de la République au pape François vendredi sera l’occasion de bien des mensonges et de faux-semblants. Mais Manuel Valls a cadré les choses en appelant la gauche à combattre les « intégristes de l’ultra-droite catholique » : ceux qui s’opposent à l’avortement et au « mariage » gay.
Les conseillers de François Hollande ont osé le dire : si le président de la République doit rencontrer, ce vendredi, le pape François, c’est pour « adresser un message fort de dialogue et d’attention » aux catholiques.
L’hypocrite ! Après vingt mois d’agressions non-stop non seulement contre les catholiques mais contre tout l’ordre naturel de la société, une courbette et une petite demi-heure en tête à tête avec le souverain pontife ne vont rien changer à cette réalité étouffante, écrasante, de la culture de mort servie et promue par un régime tyranniquement relativiste.
Le pape évitera-t-il les sujets qui fâchent ? Le « mariage » des homosexuels, l’avortement érigé en droit, le mépris des catholiques qui s’est traduit par le traitement à la légère des profanations organisées par les Femen au point de faire figurer leur égérie, Inna Schevchenko, comme « Marianne » sur les timbres de la République ? Le « dialogue », à ce niveau-là, est impossible. A moins d’une spectaculaire conversion.
Supplique
Plus de 100 000 personnes ont déjà signé une « supplique » au Saint-Père afin qu’il soit la voix des catholiques de France, qu’il fasse connaître au président leur « profond malaise et leur inquiétude grandissante » devant les lois injustes qui se succèdent, alors qu’ils sont eux-mêmes « l’objet d’une campagne médiatique de dénigrement d’une rare violence ». C’est sur www.citizengo.fr.
Mais nul ne sait ce que les deux hommes se diront. Des vaticanistes prévoyaient simplement, avant le point de presse qui fera suite à la rencontre, que François Hollande ne manquerait pas alors de souligner les points de convergence de la France et du Saint-Siège qui seraient « sur la même longueur d’onde » sur le dossier syrien. Un conseiller de Hollande a fait savoir à propos de la fin de vie qu’il « sera tout à fait intéressé d’entendre ce que le pape pourrait avoir à lui dire ». Cause toujours ?
Qui va y croire, de la part de ce président sectaire qui a inscrit son mandat sous le signe de Jules Ferry, et qui a bien malgré lui dû renoncer à inscrire la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans la Constitution ?
On ne sache pas que le torchon brûle entre le président et son ministre de l’Intérieur, même si les rumeurs les plus folles courent sur les ambitions de Manuel Valls qui serait donc l’artisan de la fâcheuse révélation des escapades de François Hollande auprès de sa nouvelle maîtresse.
On peut donc se tourner vers lui pour trouver le véritable éclairage de cette visite de la falote figure de proue de l’Etat socialiste au chef visible de l’Eglise catholique.
Valls le rouge
Lors d’une rencontre sur la laïcité organisée par le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, mercredi, Manuel Valls a appelé la gauche à combattre « avec la même vigueur » les « intégristes » catholiques et les revendications religieuses – sous-entendu, musulmanes – dans les banlieues. Catholiques convaincus et islamistes, c’est du pareil au même !
Quoique. « Il faut mener un combat parce qu’il y a danger », selon le ministre, mais la première menace vient bien des « intégristes de l’ultra-droite catholique, rejoints par une partie de la droite » lors des débats sur l’avortement ou sur le « mariage » homosexuel. Tandis que – « débat qui gêne plus la gauche » – la « montée des identités, des communautarismes » dans les banlieues trouve bien des excuses : « Nous le rencontrons notamment dans les quartiers populaires où la misère, le chômage, la violence se rajoutent à une crise identitaire très forte. »
Les catholiques n’en ont aucune, d’excuse. « Comme on combat une droite extrême qui veut revenir sur l’IVG, avec la même vigueur, il faut s’opposer » aux revendications religieuses dans les banlieues mais sans alimenter le « sentiment d’humiliation » qui les nourrit.
Les musulmans ? On les « émancipe ». Les catholiques, on les combat.
C’est bien cela, la laïcité à la française. Hollande devra l’avoir à l’esprit en rencontrant ce pape qui veut revenir sur « l’IVG », et qui dénonçait, alors qu’il était encore cardinal, le « mariage gay » comme un projet diabolique de « détruire le plan de Dieu ».
"Hollande a tout lieu de craindre la terrible vengeance de Madame"
La vie privée de François Hollande est devenue une affaire publique depuis les révélations de sa relation avec Julie Gayet. Sous la plume de la marquise de Sevigné, notre contributeur Hervé Karleskind affirme que le président doit craindre une vengeance de la Première Dame.
La rumeur, ma chère et tendre, la rumeur! Elle file et siffle telle la vipère au venin parfumé de la médisance. Mais quelle est-elle cette rumeur infernale? Je vous le donne en cent, je vous le donne en mille: quel sort le roi peut-il réserver à Madame la Première compagne qui, à présent, se morfond dans le pavillon de la Lanterne; s'y repose-t-elle ou s'y trouve-t-elle recluse sur la foi d'une lettre de cachet dictée par l'inflexible volonté d'un roi qui n'a pas même la reconnaissance du ventre. Nul ne le sait, ce qui ne manque aiguiser les crocs de la rumeur si vipérine.
Le baiseur fou et sa première pute de France
Sous le manteau, il se mande tant de choses! Que va-t-il faire d'elle, maintenant qu'elle l'encombre, qu'il a tourné la page et qu'il se trouve comme délivré du cilice. Il feint dédaigner la question: son cabinet restreint s'épuise à trouver la solution, mais le Flou, qui craint comme peste les embardées de Madame, rejette, boudeur, toutes les suggestions qui lui sont portées.
A la cour, on se souvient, car l'on y cultive la mémoire avec un soin vétilleux, que le roi ne s'était guère montré galant avec la duchesse du Poitou, mère de ses quatre enfants. Elle avait dû faire son content d'une petite charge qui n'avait toutefois pas manqué de susciter jaboteries, quolibets et fagots.
Le roi est à présent prisonnier de son badinage. Il ne peut en effet rien faire qui provoquera derechef les polémiques les plus enflammées. Son irrémissible penchant pour la procrastination se trouve conforté au point qu'il aurait même envisagé de confiner Madame ad aeternam en son cachot doré de la Lanterne. Mais la chose n'est guère envisageable: l'on n'imagine pas un instant Madame enfermée telle une lionne en cage, privée de gazettes, de lettres et de visites, cernée par les séides du comte Valls.
Elle n'a pourtant commis aucune faute ni péché, excepté celui d'avoir déplu au roi. Lassé sans doute de ses foucades et de son indomptable caractère. Un chroniqueur très au fait de la vie de cour n'écrivait-il pas voici peu que Madame était "méchante, capricieuse, qu'elle avait beaucoup d'humeur et une hauteur dans les nues dont personne n'était exempt, le roi aussi peu que tout autre. Les courtisans, poursuivait-il, évitaient de passer sous ses fenêtres, surtout quand le roi y était avec elle. Ils disaient que c'était passer par les armes, et ce mot passa en proverbe à la cour".
Ainsi que vous le lisez, ma très chère et tendre, il se trouve peu de gens de compassion pour verser quelques larmes sur les infortunes de Madame. Mais cette sorte de De Profundis n'éclaire en rien sur le sort qui lui sera réservé avant que le roi ne lève la grande ambassade qui doit le conduire le mois prochain au Nouveau monde. Sachez, ma mie, que les chancelleries tremblent et que le protocole peut se trouver à chaque instant tout chamboulé.
Il semble acquis que Madame ne sera pas du voyage: ce serait par trop bouffon. Le roi partira donc seul; l'on n'imagine pas un instant qu'il convie Madame la Deuxième compagne à le flanquer. Voici qui serait encore plus bouffon. Les gazetiers du Nouveau monde, dont la réputation d'irrévérence n'est plus à faire, ne manqueraient pas comparer le Flou à quelque prince barbaresque mieux nanti en femmes qu'en écus.
L'affaire est donc pendante, faute d'un édit ou d'un libelle émanant du roi à des fins d'établir le sort de Madame la Première compagne. Le Flou se serait volontiers passé d'un épisode qu'il juge humiliant et très en deçà de sa condition. Il est le roi de France! Ne lui a-t-on pas reproché de l'être si peu, qu'aujourd'hui il se venge. Petitement, je vous l'accorde. Mais le sort d'une courtisane de tout premier rang tombée en disgrâce souffre quelques bassesses. Le roi n'avait de fait guère pris de pincettes pour répudier la duchesse du Poitou. Il est ainsi fait qu'il se prend de prendre, et jeter quand tel est son bon plaisir, se souciant comme de ses premiers langes de faire montre de délicatesse et d'élégance. Ne serait-il pas mufle? Le roi de France, sachez-le ma mie, n'est jamais mufle ni goujat: il est le roi.
Je vous sens un peu sur votre faim: la question n'est pas pour autant tranchée. A l'entendre, selon un membre de son cabinet restreint, le Flou n'aurait pas été fâché que Madame prît le voile, quêtant paix et asile en une abbaye tenue par un ordre ayant fait voeu de silence et de réclusion.
Hélas, la chose n'est de nos jours plus possible. Madame est gazetière et escompte conserver son état, soucieuse de gagner quelques deniers à des fins de se préserver de la misère, privée qu'elle se trouvera de toute pension.
C'est bien cet état qui donne force migraines à notre roi si volage: Madame n'a pas la réputation de tremper sa plume dans l'eau de rose. Lui viendrait-il à l'esprit d'écrire ses mémoires de Première dame que le roi pourrait soudain ployer sous l'opprobre. Toujours prompts à flairer les pas de la biche pourchassée, les éditeurs tels des beagles au nez infaillible, se pressent autour des proches de Madame, faisant miroiter gloire, revanche et... écus à des fins de la faire fléchir. Voici, ma mie, ce qui fait trembler le roi, fait encore tourner son sang et trouble son sommeil. Il se mande encore qu'il aurait sollicité le comte Valls à des fins de savoir s'il ne celait pas un stratagème pour condamner Madame à se tenir coite.
Un proche du roi aurait suggéré, naïf qu'il est, que l'on confiât à Madame une charge empreinte de charité pour venir au secours des enfants tourmentés et vulnérables. Madame, prudemment approchée pour donner son avis, aurait vivement rejeté cette offre en affirmant qu'elle n'entendait à aucun prix continuer à mener une vie de potiche. Le roi, penaud, se serait donc tenu pour dit qu'il allait au devant de très grandes contrariétés.
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