Encore une qui doit fermer sa gueule |
dimanche 5 janvier 2014
SDF : Madame la Ministre, un peu de discernement !
Une tribune de Vincent Roger, porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet, en réponse à Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion. Cette dernière a récemment fustigé la candidate UMP à la mairie de Paris pour s'être montrée dans le magazine VSD en train de fumer en compagnie de SDF.
Le score dérisoire que vous aviez fait aux primaires socialistes à Marseille vous avait obligé à un jeûne médiatique. La peur, sans doute d’un futur remaniement, vous invite à sortir précipitamment de votre hibernation. Croyant faire un bon coup de com’, votre première prise de parole de l’année, fut donc hier de lancer une polémique avec Nathalie Kosciusko-Morizet. L’affaire était trop tentante voire trop belle. Quoi de mieux, en effet, pour vous, que de calomnier une femme de droite dix fois plus connue que vous. Quoi de mieux pour vous, comme pour la gauche française qui sait si bien le faire, de donner des leçons en matière de solidarité. Quoi de mieux pour vous d’incarner une gauche dépositaire de la morale publique, fidèle à la seule ligne directrice du gouvernement auquel vous appartenez.
Vous avez donc appelé Nathalie Kosciusko-Morizet à "la décence" suite à la parution dans un hebdomadaire d’une photo à la légende aussi hasardeuse que provocatrice. Cette photographie montrait la candidate à la Mairie de Paris discutant avec un SDF. Sans retenue et sans prendre le moindre recul par rapport à la parution de ce cliché, vous avez ainsi traité "d’indécente" une élue de la République. Trop consciente que vous êtes que dans notre société, tout devient suspect, tout doit être critiqué. Il est désormais plus simple de créer une polémique que de prouver sa bonne foi.
Ne vous en déplaise, Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas à s’excuser d’avoir été entre Noël et jour de l’an au-devant des Parisiens qui souffrent. Désolé, Madame la Ministre, elle n’avait pas à vous demander la permission de rencontrer, avec des associations, des prostituées, de passer la soirée du 30 décembre dans un service d’urgence et de participer à une maraude. Le rôle d’un candidat à la Mairie de Paris, c’est d’aller dans les entrailles de la ville et non de faire campagne dans les salons confortables de l’Hôtel de Ville. L’essentiel de ces rencontres s’est réalisé sans presse. Lors de cette maraude, il y avait un photographe d’agence. Quel crime ! Depuis que vous êtes la Ministre des exclus, existe-t-il une loi interdisant de les montrer ? NKM est-elle le premier responsable politique à avoir "osé" être photographiée dans le cadre d’une opération de solidarité ? Est-ce NKM ou la rédaction de VSD qui a choisi cette photo ?
Ne vous en déplaise également mais Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas à s’excuser d’avoir donné une cigarette à un SDF. Elle n’a pas non plus à se justifier d’avoir répondu en polonais à cette même personne. Et pour votre information, NKM fume. Ce n’est sans doute pas bon pour sa santé mais je ne vois pas en quoi elle aurait dû s’interdire de partager un moment tout simplement humain. Le fait de passer aujourd’hui devant le tribunal de votre mauvaise foi ne peut que la conforter dans son bon droit. Visiblement, cette photo vous dérange, non pour les raisons faussement moralistes que vous avancez, mais parce que, comme beaucoup de gens de gauche, vous vous considérez "propriétaires des pauvres". Vous parlez d’indécence, moi je décèle entre les lignes de votre tribune de la condescendance. Vous êtes-vous un instant interrogée sur ce qu’a pu penser ce SDF de ce moment de partage et d’échange ?
Votre appel à la décence est surtout un manque de discernement. Vous avez cédé à la tentation de l’immédiateté et à l’attraction des médias. Vous croyez avoir réussi un bon coup, vous avez simplement rabaissé votre fonction. Votre réaction est aussi puérile qu’incongrue. N’aviez-vous pas mieux à faire en cette rentrée gouvernementale !
Dois-je vous rappeler que vous êtes en charge des Français les plus fragiles. Ces hommes et ces femmes n’ont que faire de vos leçons de morale. Pardonnez-moi ma franchise, mais ils s’en foutent. Ils attendent de vous des résultats.
Dois-je vous rappeler aussi que la France de 2014, c’est 5 millions de chômeurs, 8 millions de précaires et une classe moyenne au bord du dévissement ? Et pendant ce temps, vous n’avez rien trouvé de mieux à faire que de prendre part au NKM bashing ambiant. Ce dernier est une mode, elle passera ! Dans le climat actuel c’était prendre peu de risque pour claironner votre retour sur la scène médiatique. Sauf celui d’être ridicule !
Et si François Hollande changeait de politique en 2014 ? On rêve !
Bonne année 2014, et quelle année en perspective ! Les vœux aux Français de François Hollande pourraient marquer un tournant important dans le quinquennat. Il a changé de discours sur la forme et dans le fond. Cela annonce-t-il un véritable changement dans la gouvernance ? Il ne faut pas rêver non plus.
Dans la forme, il a parlé comme un Président .Un peu arrogant avec ses "je suis, je fais, j’assume". Passons sur les détails qui feront le bonheur des critiques professionnels du théâtre politique. Mais aussi des acteurs de l’opposition et des commentateurs, qui ne manqueront pas de spéculer sur sa volonté de faire une France forte (merci Sarkozy), ni de souligner qu’il reconnaît aujourd’hui que la crise est beaucoup plus forte qu’il ne l’avait pensé. Ils commenteront aussi, qu’à écouter Hollande, son Premier ministre n’existe plus. Ni son rôle, ni sa réforme fiscale. La page est tournée. D’ailleurs, il est seul responsable de ce qui va et le seul coupable de ce qui ne va pas.
Sur le fond en revanche, le changement est beaucoup plus sérieux. Le Président a finalement reconnu qu'il s’était planté et qu’il fallait orienter l’action gouvernementale dans une autre direction. Et cette direction, c’est celle dessinée par tous les experts un peu sérieux et responsables. Cette nouvelle politique économique s’articule autour de trois axes qui entraineront, selon le Président, trois séries de réformes.
Première série de réformes, améliorer la compétitivité des entreprises en commençant par la baisse des charges. Le président de la République aurait donc compris que si l’économie française ne créer pas d’emplois, c’est parce que les entreprises n’ont pas intérêt à le faire. Il faudra améliorer l’écosystème des entreprises. Un chef de l’État socialiste qui considère désormais que le ressort de la croissance ce n’est plus la demande mais l’offre, ce n’est pas une réforme c’est une révolution.
Keynes, idole des biens pensants de la droite étatique comme de la gauche sociale, n’aura pas passé l’année. On va pouvoir enfin travailler avec Schumpeter. L’offre, la compétitivité, l’innovation : on va changer de système et de logique.
Deuxième série de réformes, celles qui organiseront la baisse des dépenses publiques et sociales. Le président de la République, lui-même, a annoncé que l'on ne pouvait pas baisser les impôts sans toucher aux dépenses publiques nationales et territoriales. Bref, il reconnait ce que tout le monde dit et crie depuis plus d’un an. L’État doit se replier sur ses fonctions essentielles. Il n’a pas dit fonctions régaliennes car ça n’appartient pas encore au dictionnaire socialiste, mais c’est tout comme.
Pour la première fois, l’État sanctuarisé, par une partie de la droite conservatrice et par la gauche socialisante va donc, selon le Président, être obligé de travailler mieux pour moins cher. L’État va devoir réduire son périmètre. Là encore ce n’est pas une réforme, c’est une révolution.
Troisième série de réformes : celles qui devraient renforcer la cohésion des pays de la zone euro. Selon François Hollande, la France va prendre des initiatives fortes afin de conforter la gouvernance européennes. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, si le chef de l’État est cohérent avec son projet, il admet que la BCE ne pourrait être efficace pour animer la croissance que si elle rapportait à un gouvernement politique européen. Par conséquent, fini de critiquer de façon démagogique l’action de la BCE, fini de prendre les Allemands pour des bouc-émissaires. Il va falloir les considérer comme des partenaires avec lesquels on va construire une autorité politique fédérale capable d’harmoniser. La logique de ce projet est aussi de respecter un code de bonne conduite. D’où la recherche de compétitivité et la baisse des dépenses publiques.
Le programme Hollande pour 2014 est absolument cohérent au niveau économique.Son timing est d’ailleurs logique. Il doit lancer tous ces chantiers avant la fin du mois de janvier. Parce qu’après, -dès février - on commencera à travailler sur la loi de finances 2015 et il sera trop tard. On retrouve là, la contrainte mise en évidence par Jacques Attali, dimanche dernier sur I>TÉLÉ et Europe 1 : « le Président doit lancer un programme ambitieux de compétitivité, de réduction des dépenses publiques et de fédéralisme européen pour protéger l’euro, sinon il aura du mal à terminer son mandat ». C’est dur mais lucide.
L’urgence implique donc d’avoir des précisions sur les réformes projetées. Et là ce n’est pas gagné. Le président de la République a programmé une conférence de presse explicative vers le 15 janvier. A voir ce qu’il en ressortira. Le programme Hollande pour 2014 n’a, pour l’instant, aucune majorité politique. Dès la semaine prochaine, tous les lobbies qui défendent la fonction publique vont se mettre en tenue de combat. Les syndicats de la fonction publique, la gauche de la gauche, les écologistes et une grande partie des députés socialistes dont le cœur de clientèle appartient à la sphère publique. Tout ce beau monde va défiler à l’Elysée pour bloquer les réformes.
On peut rêver d’un président de la République qui aurait décidé d’être courageux et même politiquement téméraire. On peut l’imaginer capable d’affronter l’impopularité et même de rendre cette impopularité utile. Mais peut-on l’imaginer suicidaire ? Lui peut être, mais ses amis ? Il ne faut pas rêver.
Comment les plus riches du monde ont fait pour être aussi riche
Comme chaque année, l'agence Bloomberg dresse le classement des plus grandes fortunes mondiales. Cette année, trois grands bouleversements importants par rapport au classement précédent.
Le premier de ces bouleversements, c’est que les riches sont sortis de la crise. Ils sont beaucoup plus riches que l’année précédente. Du moins en théorie. La fortune des 300 personnes les plus riches du monde s’est accrue de 15% en moyenne. Cette augmentation reflète la hausse de la bourse dans le monde entier. En moyenne, de New-York à Londres en passant par Francfort ou Milan, la cote des valeurs boursières, donc des entreprises, a progressé de 20%.
Même à Paris, où les entreprises du CAC40 ont avancé de 17 % sur l’année. Cette progression marque incontestablement la sortie de crise dans la plupart des pays puisque les entreprises ont redémarré. Mais attention, cette flambée est aussi le résultat de liquidités déversées par les banques centrales américaines, japonaises, britannique et même chinoise. Ces liquidités s’investissent moins en dettes publiques et plus sur le marché financier privé. C’est plutôt un bon signe : à condition que l’on soit capable de débrancher les perfusions monétaires. Ce qui n’est pas évident.
Deuxième bouleversement, le palmarès couronne les chefs d’entreprise. Le tiercé gagnant des personnalités les plus riches du monde étant : Bill Gates, le fondateur de Microsoft avec 78,5 milliards de dollars. Soit 20% de plus qu'en 2012. Le deuxième, c’est Carlos Slim, magnat de la téléphonique mexicaine, avec 73,8 milliards de dollars : en baisse de 1,4 milliards. Enfin, en troisième position, Armancio Ortega, le fondateur de Zara avec 66,4 milliards de dollars.
Le fondateur de Microsoft a retrouvé la première place grâce à la bourse. La capitalisation boursière de Microsoft dépasse les 88 milliards. Carlos Slim cède la première place du podium, signe que son activité sature un peu ses marchés. Ce qui est intéressant, c’est l’arrivée de Zara dans le top 3.
Le premier des Français est une Française. C’est Liliane Bettencourt dont la fortune personnelle est estimée à 34,1 milliards de dollars. Elle a progressé de 26% soit 9 milliards. Le deuxième des Français, c’est Bernard Arnault. Le PDG de LVMH, avec 32 milliards et le troisième, François Pinault, dont la fortune serait estimée à 17,2 milliards de dollars.
Le troisième bouleversement, c’est le recul de toutes les fortunes fondées sur le pétrole, le gaz et les matières premières. Les grandes fortunes rentières de Russie, d’Amérique du Sud, d’Inde et même de Chine ont beaucoup moins la cote. La crise a peut-être obligé les économies industrielles à découvrir des process moins gourmands en énergies fossiles et en matières premières.
Quelles leçons tirer d’un tel classement annuel ? Les maniaco-politiques vont s’en donner à cœur joie sur l’accroissement des inégalités. L’enrichissement colossal de quelques-uns, la persistance de la pauvreté et de la misère de beaucoup de peuples. C’est une évidence. Sauf que l’OCDE montre très clairement que les pays émergents ont aussi énormément profité de la mondialisation, des nouvelles technologies qui apportent une meilleure productivité et une amélioration de la santé. La Chine sort tous les ans 80 millions de Chinois de la misère absolue. C’est peu, comparé au milliard de chinois, mais c’est l’équivalent d’un marché français de plus par an. Idem en Inde. Demain, on sait que l’Afrique se prépare à sortir de cet état de sous-développement à la même vitesse.
Le premier de ces bouleversements, c’est que les riches sont sortis de la crise. Ils sont beaucoup plus riches que l’année précédente. Du moins en théorie. La fortune des 300 personnes les plus riches du monde s’est accrue de 15% en moyenne. Cette augmentation reflète la hausse de la bourse dans le monde entier. En moyenne, de New-York à Londres en passant par Francfort ou Milan, la cote des valeurs boursières, donc des entreprises, a progressé de 20%.
'La France est le véritable homme malade de l'Europe'
Un jugement qui a été confirmé jeudi par la publication par Markit des indices PMI (Purchasing Managers Index) qui décrivent les intentions de commandes des responsables des achats de grandes entreprises de plusieurs pays.
Dans presque tous les pays suivis par cette enquête, l’indice est en augmentation, à l'exception de la France, où est tombé à son niveau le plus bas en sept mois. A 47 points, en dessous du seuil fatidique de 50 qui marque une croissance économique (en dessous de 50, c’est un signe de contraction de l’économie), l’indice français est bien en deçà de la moyenne de la zone euro (52,7) et de l'autre grande économie de la zone euro, l'Allemagne, (53,4). Nos voisins du sud ont le plus mauvais indice de tous les pays énumérés.
Dans son rapport publié le mois dernier, le Lisbon Council explique pourquoi la France détonne tant: «L'une des principales raisons pour lesquelles la France se distingue comme le vrai problème c’est que la plupart des pays en difficulté de la zone euro ont fait de tels progrès ». Le groupe de réflexion a comparé la France d'aujourd'hui avec l'Allemagne au tournant du millénaire. Ce n'est que lorsque Gerhard Schröder a mené des réformes approfondies que le pays a été en mesure de prendre la position de tête du peloton.
Toutefois, toutes les analyses ne parviennent pas à la même conclusion que Markit. L'institut national de statistique français, l’Insee, constate une augmentation de 2 points sur son échelle de valeurs de ses indicateurs manufacturiers. Les chiffres concernant les ventes de voitures neuves en France témoignent d’une hausse de 9,4% par rapport au mois de décembre de l’année dernière. Renault a rapporté une hausse de 38%, et même PSA Peugeot Citroën a enregistré une augmentation de 10%.
D'autres attribuent les mauvais chiffres français au manque de compétitivité dans le secteur industriel où les réformes sont à peine mises en œuvre. « L’aversion de la France pour les réformes et sa politique posent un sérieux risque extrême pour l’Europe [Les chocs de probabilité faible mais d'impact fort] », avertit le Lisbon Council.
| ||
Mes meilleurs vœux pour la Nouvelle Année
Mes meilleurs vœux pour la Nouvelle Année
Nous savons tous que ces espoirs se résument en l’occurrence à l’attente d’un changement positif dans notre existence. Je sais que j’énonce là une vérité de La Palice mais les choses de la vie ne sont-elles en réalité qu’une interminable suite de lapalissades ? Aussi sans vouloir jouer les trouble-fête je préfère me cacher derrière la sagesse combien lucide d’Alphonse Karr, romaniste et journaliste français du XIXe siècle, qui a dit un jour : « Plus ça change plus c’est la même chose ». C’est tellement vrai que cette maxime d’Alphonse Karr est depuis longtemps considérée comme une sentence populaire.
Cela veut dire qu’à partir du 1er janvier 2014 notre vie continuera son train-train habituel avec, certes, des hauts et des bas plus ou moins sans importance. Je vous prie de m’excuser une autre lapalissade si je dis que nous sommes tous mécontents de notre situation matérielle et financière. Mais cette situation est plus facile à digérer quand on s’adresse à cette philosophie d’Alphonse Karr :« Si l’on veut gagner sa vie, il suffit de travailler. Si l’on veut devenir riche, il faut trouver autre chose. »
Bien entendu dans notre vie réelle nous continuons de nourrir nos espérances dans l’attente d’une politique économique et sociale plus efficace d’un nouveau président ou d’un nouveau cabinet, mais je reste plutôt sceptique à ce sujet quand je pense à une autre maxime d’Alphonse Karr qui me paraît d’autant plus objective qu’il n’y ménage guère son amour-propre professionnel : « Écrivain, c'est le seul métier, avec l'art de gouverner, qu'on ose faire sans l'avoir appris. »
Donc on ne doit pas trop compter sur la compétence de nos autorités. Surtout quand le même Alphonse Karr nous apprend : « Les fonctionnaires sont comme les livres d'une bibliothèque. Les plus haut placés sont ceux qui servent le moins. »
Merci pour vos leçons, Monsieur Karr !
Vœux de mots
Vœux de mots
À genoux devant un gros tas, l'homme agacé jette des paroles en l'air. Crise : à toutes les sauces ; mondialisation : l'excuse facile ; vent debout : souvent à contre-sens ; niche : le chien va faire la gueule ; mou : trop politique ; tendances : des girouettes ; indices : chacun y voit midi à sa porte ; ras-le-bol fiscal : au palmarès des mauvaises idées de Bercy ; compétence : la tour d'ivoire des technocrates ; taxes, TVA, impôts : les outils de la crispation ; marchés financiers : le grand méchant loup ; vivre ensemble : mort sur le front du racisme ; riches : à partir de 75 % ; extrême droite : Céline sans le talent ; politique économique : l'auberge espagnole ; retour : vers le passé ; désespérance : bactérie multirésistante.
Dans la grande corbeille des mots de tous les jours, il faut fouiller et farfouiller encore pour dénicher quelques vocables d'espoir. Avenir, réussite, jeunesse, bonheur, confiance… ces mots simples auxquels trop souvent le flot médiatique préfère la grisaille catastrophiste ou la raillerie, cette forme hypocrite du désespoir. Nous doutons du présent et nous croyons que l'avenir pourrait être une menace plus qu'un projet. Avec des airs de lucidité censés sauver les apparences, nous traînons notre misère dans un monde sans futur.
Ensuqués par cette déprime chronique, nous nous suffisons d'une pensée dominante mollassonne et de pseudo-expertises que l'on nous oppose pour nous ramener à notre condition de citoyens ordinaires et non-sachants. Et si d'aventure quelque injustice nous pousse à l'indignation, voire à la révolte, alors on nous ressert l'obligation de réduire la dette et le mitterrandien «… on a tout essayé ». De ce sentiment d'impuissance et de la contrainte rebattue vient la torpeur ankylosante qui nous coupe le goût d'un possible autrement.
Faisons en ce début d'année le v'u de dresser la barricade des mots et de l'espoir contre la si lourde désespérance qui nous réduit au rang de spectateurs avachis. Faisons v'u aussi de nous rappeler du futur qu'il faut rendre possible plutôt que de chercher à le prévoir. Adieu les Trente piteuses, un autre monde est possible. Celui d'un avenir qui rende notre présent meilleu.
François Hollande va abattre sa dernière carte… et personne n’y croit
Le président de la République est, aux dires de certains observateurs, habité par l'envie de changer de politique, sur une voie davantage social-démocrate. Mais de là à ce que son camp lui laisse les mains libres...
Les observateurs français ou étrangers ne croient pas possible une volte-face de la politique économique de François Hollande. Qu'il soit habité par l’ambition de lancer le parti socialiste sur une trajectoire social-démocrate, sans doute, mais selon les analystes il n y parviendra pas. D’abord parce qu’il est trop tard, ensuite parce qu' il ne trouvera jamais de majorité au parlement pour le suivre. Enfin parce qu’il n’est pas audible par l’opinion publique.
Et pourtant, pour les milieux d’affaires, pour la commission de Bruxelles, pour la banque centrale et pour le gouvernement allemand, le diagnostic qu'il a rapidement formulé le 31 décembre au soir en préambule de ses vœux, se rapproche un peu de la vérité partagée par la majorité des experts (on sort un peu du déni de crise dans lequel on était enfermé depuis la campagne présidentielle, on accepte de penser que le mouvement cyclique ne suffira pas à retrouver de la croissance. D’ailleurs tous les pays d’Europe retrouvent de la croissance, sauf la France .
Mais ce qui a surpris tout le monde surtout, c’est l’annonce des trois séries de réformes à mettre rapidement en chantier.
1. Un pacte de compétitivité avec une baisse des charges pour les entreprises.
2.Une baisse des dépenses publiques pour financer la baisse des charges et si possible une baisse des impôts.
3. Enfin, une initiative européenne pour renforcer la cohérence politique des pays de la zone euro, seul moyen de protéger la monnaie et de la rendre efficace en termes de croissance.
On retrouve là les trois axes d’une politique de l’offre qui met l’entreprise au centre du dispositif et qui est à l’origine de la prospérité allemande, du redressement italien, espagnol et surtout britannique.
Il faut dire que pendant les deux mois de novembre et décembre, François Hollande a été harcelé de notes , d’analyses officielles et officieuses venant de tous les horizons, de la Commission de Bruxelles, de la Banque centrale, de l’entourage de Mme Merkel, mais aussi du SPD allemand, du Medef et d’officines d’économistes proches de la CFDT et de la CGT, l’implorant de prendre des initiatives pour libérer la croissance en France. C’est pour cette raison qu' on retrouve dans le discours de fin d’année du président beaucoup de concepts diffusés par la gauche social-démocrate ; on retrouve aussi du Mario Draghi, relayé en France par Christian Noyer, le directeur de la Banque de France ; on retrouve aussi beaucoup de jacques Delors, toujours actif en coulisse, de Jacques Attali qui n’a pas ménagé sa peine pour se faire entendre ou Mario Monti qui a beaucoup séjourné à Paris depuis son départ du gouvernement italien.
En fait, le président de la République a cédé au dernier moment, entre Noël et le 31 décembre, quand il a eu la confirmation que les chiffres de l’emploi seraient mauvais et qu'il serait obligé de reconnaître que son pari était perdu. A ce moment-là les banquiers français, ( BNP Paribas, société générale...) ont prévenu l’Elysée que la France courait un vrai risque de décrochage sur les marchés au printemps 2014 avec un blocage du marché obligataire, une hausse des taux, ce qui aurait rendu le financement de la dette très coûteux, et surtout le refinancement des compagnies d’assurance françaises (bourrées d’emprunt publics) très compliqué. Or derrière les compagnies d’assurance, il y a les caisses de retraites.
Bref, Emmanuel Macron, le conseiller économique du président, appuyé par la direction du trésor de Bercy, ont sans doute su trouver les mots pour convaincre le président qu'on rentrait en zone rouge et qu' il était urgent de changer de discours.
Le discours du 31 a donc été écrit pour s’adresser d’abord aux marchés, donc pour gagner du temps.
Maintenant, les acteurs de l’économie réelle sont très perplexes parce qu' une fois de plus, ils se demandent comment la promesse sera délivrée.
Le mouvement des PME (jean Pierre Roubaud) attend des mesures concrètes et urgentes, le Medef qui a déjà fourni beaucoup de notes, a pris rendez-vous pour la semaine prochaine... La baisse des charges sur le travail devrait intervenir très rapidement par une baisse de la cotisation familiale, actuellement de 5,25 %, mais personne ne voit par quoi elle sera compensée. Le président s’étant interdit de relever les impôts, on ne pourra toucher avant longtemps ni à la CSG, ni à la TVA.
Les Allemands ont épluché le projet de François Hollande de renforcer la cohérence politique mais ils ne voient pas comment il pourra le faire avancer avec une opinion publique très réfractaire à l’Europe et à l’euro. Comment faire aujourd hui ce à quoi il avait renoncé il y a dix-huit mois.
Enfin, les syndicats FO notamment sont déjà monté au créneau pour prévenir qu’on ne pouvait pas toucher aux dépenses publiques.
Dès le matin du premier jour de l’année, le président de la République s’est retrouvé dans un océan de doutes et de perplexités, en attendant une levée de boucliers générale.
Vendredi, hier, jour du premier conseil des ministres de l’année, François Hollande savait qu’il lui faudrait désormais se battre contre beaucoup de ses partisans. Il savait que la gauche du parti, le front de gauche, le parti communiste et les écologistes ne l’accompagneraient pas dans son virage pseudo libéral. Les syndicats ne pourront pas le faire, du moins publiquement.
Quant aux membres du gouvernement, la plupart savent déjà que ça ne passera pas. Et si ça bloque, ils en feront cette fois ci les frais, à commencer par le Premier ministre qui était parti avec l’idée de relancer sa réforme fiscale. Inutile de dire que cette fois, le projet est enterré. D’où les rumeurs relancées dès le 2 janvier, d’un remaniement gouvernemental, avant même les élections européennes.
Les ministres qui se disent appartenir à la gauche moderne se frottent les mains en silence... Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Manuel Valls, Michel Sapin et d’autres, soutenus par les maires des grandes villes comme Gérard Collomb, le maire de Lyon, ou François Rebsamen, celui de Dijon.
Conscient que les rapports de force vont changer au sein de la majorité, François Hollande veut donc aller très vite pour convaincre les marchés d’abord, et l’opinion ensuite, que son intention de réforme est sincère. Lors du conseil de vendredi, il aurait donc demandé aux ministres de Bercy de nouvelles études, sur la compétitivité, la baisse des charges, et surtout sur les économies de dépenses publiques. Il aurait demandé de vérifier si à qualité de service publique équivalente, l’Allemagne dépensait bien 100 milliards de moins que la France.
Au niveau du timing, l’Elysée souhaiterait passer un maximum de mesures avant la saison des élections. Il va donc falloir aller très vite avant le mois d’avril. D’où son idée de passer par décrets et ordonnances. On imagine la réaction des membres du groupe socialiste à l’assemblée ou des amis de M. Mélenchon, qui aura trouve un prétexté de plus pour éructer.
Pour les responsables politiques et syndicaux, tout cela est un peu surréaliste. Le prochain grand rendez-vous est fixé au 15 janvier, jour de conférence de presse au cours de laquelle le président donnera "toutes les précisions nécessaires". D’ici là les lobbys de toutes sortes vont s’activer pour défendre la sphère publique qui se retrouve, tout le monde l’a compris, dans le collimateur. Or la sphère publique, c’est le socle de l’électorat "hollandais", alors à Paris comme à Berlin ou à Bruxelles, on pense que le président français a pris un tel retard sur la réalité qu'il aura du mal à gagner la course de vitesse où il dit s’ être engagé.
« François Hollande doit faire attention à sa peau »
Bonjour Manita. Les lecteurs du Courrier de l’Eure sont ravis de vous retrouver en pleine forme. Comment voyez-vous cette année 2014 ?
Je vais essayer de ne pas me montrer trop pessimiste. Depuis plus de trente ans que vous m’interrogez, les gens me reprochent de ne pas leur annoncer de bonnes nouvelles. Ils aimeraient tant sortir du marasme. Ca va être dur, mais ça finira par aller mieux. Il ne faut pas que vos lecteurs aient peur de l’avenir. L’année 2014 sera encore dure. Elle sera marquée par de nombreux mouvements de grève. Les gens sont de plus en plus nombreux à se révolter face aux difficultés qu’ils rencontrent. Nous ne verrons pas encore le bout de la crise, mais on peut entrevoir un peu d’amélioration en fin d’année 2014.
Le président François Hollande est au plus bas dans les sondages. Pensez-vous que sa cote de popularité va remonter ?
Ce n’est pas possible. Les Français ne sont pas contents du tout. Même ceux qui ont voté pour lui sont de plus en plus nombreux à douter. Sa cote de popularité peut encore baisser. Au mieux pour lui, elle risque de se stabiliser, mais cela m’étonnerait. En tout cas, elle ne remontera pas en flèche. Vous pouvez me croire. Il faudrait qu’il réduise les impôts pour inverser la tendance. Il ne peut pas continuer à mener la même politique. Les gens n’ont plus d’argent. Ils ne parviennent plus à payer leurs loyers.
François Hollande doit faire attention à sa peau. Il pourrait être la cible d’une attaque. Je crains pour lui un coup de folie de la part d’un désespéré qui en a marre. Je crois qu’il en a peur, lui aussi. Il doit se montrer prudent.
Le président de la République avait annoncé une inversion de la courbe du chômage. Y croyez-vous ?
Le chômage ne va pas baisser. Ce n’est pas possible. La France n’est plus maîtresse de son destin. Son sort dépend de ce qui se passe autour d’elle.
La réforme des rythmes scolaires fait l’objet de nombreuses critiques. Entrera-t-elle en vigueur en septembre, comme cela a été annoncé ?
Nos écoles ne sont pas épargnées par le marasme actuel. L’Éducation nationale connaîtra encore des mouvements de grève. Il y a trop d’oppositions par rapport à cette réforme. Le gouvernement sera obligé de reculer.
Les Français sont attachés à la sécurité. Comment voyez-vous l’évolution de la délinquance ?
J’invite vos lecteurs à se montrer très prudents. Les gens en difficulté sont de plus en plus nombreux à basculer dans l’illégalité. Les voleurs sont prêts à tout pour trouver de l’argent et de quoi manger. Il faut aussi se montrer méfiant et éviter d’accorder sa confiance à des inconnus. Les escrocs sont de plus en plus nombreux à tenter d’abuser des personnes faibles.
Jean-Marc Ayrault restera-t-il Premier ministre ?
Il ne terminera pas l’année à Matignon. Il y aura un remaniement gouvernemental. Il se produira dans deux à trois mois, probablement après les élections municipales.
Justement, les Français renouvelleront leurs conseils municipaux au mois de mars. Faut-il s’attendre à du changement ?
Les gens profiteront des élections municipales pour exprimer leur mécontentement. Les villes seront nombreuses à basculer de gauche à droite. Paris pourrait bien changer de bord.
La France est parvenue à se qualifier in extremis pour la coupe du monde de football qui se jouera au Brésil. Quelles sont les chances des Bleus ?
Je leur fais confiance. Ils feront un joli parcours et se réconcilieront avec leurs supporters. Malgré leurs progrès, ils auront du mal à accéder en finale.
Les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi débutent le 7 février. La France en ramènera-t-elle beaucoup de médailles ?
Les sportifs français réaliseront de belles performances. Ils feront une belle moisson de médailles, dans toutes les disciplines, en ski comme en patinage. Ce sera une bonne année pour nos couleurs.
Sur un plan plus général, que nous réserve l’année 2014 ?
Ce sera encore une année humide, marquée par de nombreuses inondations. Les accidents de voiture resteront nombreux. Nous connaîtrons encore des catastrophes aériennes. Il y aura également un petit tremblement de terre en France. J’ai eu un flash à ce propos. Heureusement, il n’aura pas de conséquences graves.
Quels conseils donnez-vous à nos lecteurs, en ces temps de crise ?
Je leur recommande de ne pas dépenser à gogo, comme certains ont été tentés de le faire à Noël. Ils doivent se montrer prudents face aux emprunts et au crédit à la consommation qu’il faut bien rembourser par la suite. Il est préférable de vivre modestement, en se contentant de ce que l’on a, quand on dispose de moyens limités.
Votre dernier mot, pour conclure ?
Je souhaite une bonne année 2014 à tous les lecteurs du Courrier de l’Eure, à mes amis de Louviers et à tous les Normands. J’espère que tout ira bien pour eux, surtout sur le plan de la santé. Je les invite à faire attention. C’est le bien le plus précieux. Je sais de quoi je parle. J’en ai fait l’expérience l’an dernier…
Inscription à :
Articles (Atom)