TOUT EST DIT

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jeudi 30 septembre 2010

Les larmes de la cigale

Le projet de loi de finances pour 2011, examiné hier en conseil des ministres, restera dans les mémoires pour une raison simple : il prévoit une diminution du budget général de l’État. À supposer que cela soit déjà arrivé, nul ne s’en souvient. Il s’agit là d’une rupture symbolique importante. Depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le discours du gouvernement a beaucoup mis en avant le thème d’un strict contrôle de la dépense publique, mais sans trop insister sur un fait : il s’agissait d’un contrôle « en volume ». En clair, les dépenses continuaient à progresser au moins à hauteur du taux d’inflation.

Cette fois la page est tournée. Pas au meilleur moment. Si la France est sortie de la récession provoquée par la crise financière de l’automne 2008, la reprise est pour le moins faible et fragile. Dès lors, elle risque de souffrir du resserrement des dépenses de l’État tout comme de la hausse des prélèvements fiscaux (via la remise en cause de nombreuses niches fiscales) : ni l’un ni l’autre ne sont favorables à l’activité économique, au moins à court terme. Hélas, aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Le niveau d’endettement du pays ne permet plus de repousser à plus tard un effort de rigueur budgétaire. L’an prochain, l’État consacrera presque autant d’argent à couvrir le coût de la dette publique qu’à financer l’enseignement scolaire. Et, en 2012, le « service de la dette » (ainsi dit-on) deviendra la première dépense de l’État.

C’est là que l’on peut éprouver des regrets. À plusieurs reprises au cours de ces vingt dernières années, sous des gouvernements de gauche comme de droite, la croissance économique a donné de l’oxygène aux recettes de l’État. Cet argent a fort peu été utilisé pour réduire les déficits et l’endettement, mais bien davantage pour financer des dépenses courantes. Souvenons-nous de cette étonnante affaire de la « cagnotte fiscale », en 1999, Jacques Chirac poussant Lionel Jospin à des allègements d’impôts. Ce sont de telles facilités que l’on paie aujourd’hui au prix fort. La leçon est à méditer pour l’avenir.

TONY CURTIS



Tony Curtis: "Embrasser Marilyn, c'était magique"

L'acteur américain Tony Curtis, connu notamment pour ses rôles dans Certains l'aiment chaud avec Marilyn Monroe et dans la série télévisée Amicalement vôtre, est mort à l'âge de 85 ans. L'information, révélée par le site américain Entertainment Tonight, a été confirmée par sa fille, l'actrice Jamie Lee Curtis.
Travesti inoubliable dans Certains l'aiment chaud au côté de Jack Lemmon et de Marilyn Monroe, en 1959, il s'était fait connaître dans les années 50 en jouant dans de nombreux films d'aventures, avant de triompher dans le genre comique.
Fils d'un tailleur juif hongrois, Tony Curtis – Bernard Schwartz de son vrai nom – naît le 3 juin 1925 à New York dans le quartier pauvre du Bronx. De son enfance difficile, il acquiert une volonté farouche de s'en sortir et rêve de devenir un acteur célèbre. Durant la seconde guerre mondiale, il s'engage dans l'US Navy, où il fait ses débuts de comédien amateur, puis apparaît de temps en temps à Broadway. Remarqué par un producteur, ce beau brun aux yeux bleus signe en 1950 un contrat de sept ans avec les studios Universal.

ENTRE PÉPLUMS ET COMÉDIES, QUELQUES RÔLES PLUS SOMBRES

Après de très nombreuses comédies, registre où il excelle, l'acteur réussit à obtenir quelques rôles plus consistants, comme dans Trapèze de Carol Reed en 1956, Le Grand Chantage d'Alexander Mackendrick en 1957 où il interprète un journaliste véreux, Les Vikings de Richard Fleischer en 1958, et Spartacus de Stanley Kubrick en 1960.

En 1958, il joue également dans La Chaîne avec Sidney Poitier alors que personne, dit-il, ne voulait travailler avec Poitier parce qu'il était Noir. Ils seront co-nominés pour l'Oscar du meilleur acteur.

A la fin des années 60, Tony Curtis joue aux côtés de Roger Moore dans la série télévisée à grand succès Amicalement vôtre. C'est dans L'Etrangleur de Boston, de Richard Fleischer, en 1968, qu'il estimait avoir donné le meilleur de lui-même.
Père de six enfants, il s'était marié quatre fois. L'actrice Jamie Lee Curtis est issue de son premier mariage avec Janet Leigh en 1951. Depuis vingt-cinq ans, Tony Curtis se consacrait surtout à la peinture. En 1995, il avait publié son autobiographie Tony Curtis. Et en 2004, il avait reçu une Caméra d'or à Berlin pour l'ensemble de sa carrière.

Non à “la discrimination”



Dans “l’affaire des Roms”, les foudres communautaires nous étaient annoncées. Avec quelle vigueur Bruxelles brandissait la menace, au début du mois ! Personne n’a oublié les virulents propos de Viviane Reding. La commissaire luxembourgeoise, préposée à la Justice, convoquait les fantômes de l’époque nazie. Quitte à confondre Drancy et Roissy, déportations sauvages et “reconduites à la frontière”.


L’Hexagone, alors, semblait bien isolé parmi les États membres. Seule l’Italie berlusconienne lui apportait un franc soutien. De quoi prévoir le pire…


Hier, pourtant, la Commission européenne a calmé le jeu. Après réflexion, elle renonce à engager des poursuites immédiates pour “discrimination”. Paris avait fait savoir, entre-temps, qu’une telle procédure s’apparenterait à une “déclaration de guerre”. Rien de moins.


M me Reding, qui regrette ses outrances mais pas ses attaques, a dû être déçue. La France écope d’une simple “lettre de mise en demeure”. On lui demande, d’ici le 15 octobre, de fournir “toutes les garanties” sur son respect de la directive concernant “la libre circulation des citoyens de l’UE”. Nul ne doute qu’elle y parviendra.


En attendant, le subtil compromis des eurocrates permet aux uns et autres de se proclamer “vainqueur”. Comme d’habitude…

Pour les Allemands, les immigrés de confession musulmane sont un poids

Une majorité d'Allemands (55%) considèrent les immigrés musulmans comme un fardeau pour l'Allemagne, selon un sondage publié jeudi par le quotidien Financial Times Deutschland (FTD). Ils estiment ainsi que les musulmans ont "coûté financièrement et socialement beaucoup plus qu'ils n'ont rapporté économiquement" à l'Allemagne, selon cette étude de l'Institut Allensbach. Seul un cinquième des personnes interrogées tirent un bilan positif.

La publication de ce sondage intervient alors que l'Allemagne a été secouée ces dernières semaines par une violente polémique sur l'immigration suscitée par un ancien responsable de la banque centrale allemande, Thilo Sarrazin. Dans un livre paru fin août, l'ancien banquier central, poussé par la suite à la démission, a stigmatisé les immigrés musulmans affirmant notamment que le pays s'abrutissait à cause de leur faible niveau d'éducation et de leur manque d'intégration. Ces thèses au vitriol, rejetées par nombre de responsables politiques, avaient trouvé un écho dans la population. Selon ce sondage du FTD, 60% des personnes interrogées lui donnent ainsi raison.

En Allemagne vivent entre 3,8 et 4,3 millions de musulmans, soit entre 4,6% et 5,2% de la population, selon les chiffres du gouvernement.

Le commentaire politique de Christophe Barbier




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La mort du physicien Georges Charpak#

Connu pour ses travaux sur les détecteurs des particules à hautes énergies, il avait reçu le Prix Nobel de physique en 1992. Retour sur le parcours unique d'un immense chercheur disparu à 86 ans.

On peut être un grand physicien et avoir de l'humour. Charpak en avait beaucoup. Alors qu'on lui faisait remarquer l'ironie qui avait situé son appartement parisien juste au-dessus des toits de l'Institut Curie, il nous avait un jour répondu : «Vous voulez dire que ce sera pratique quand j'aurai un cancer ?».

Né en Pologne en 1924 à Dąbrowica dans une famille juive pauvre non loin de Tchernobyl, il s'appelle d'abord Grisha. Deux ans plus tard, ses parents partent pour la Palestine, à Haïfa, alors sous mandat britannique. Les temps sont difficiles : ils travaillent dans une entreprise pour casser des cailloux qui serviront à la construction d'une route et décident, au bout de deux ans, de rentrer en Pologne. Les parents font le choix de l'envoyer à l'école publique. Le petit garçon juif se souviendra longtemps du signe de croix qu'il devait faire à l'entrée devant la Vierge Marie. A 8 ans, il rejoint la France et se prénomme désormais Georges. L'objectif du voyage est l'exposition coloniale de 1931 mais les Charpak, comme des milliers de Polonais s'installent définitivement et deviennent des immigrés en situation irrégulière.

Georges Charpak découvre avec délectation l'école de la IIIe République. Il devient rapidement le premier de sa classe en mathématiques, passe son temps à la bibliothèque où il dévore les œuvres d'Alexandre Dumas, Jules Verne mais également les Pieds Nickelés et Mickey. «Nous n'étions pas français mais nous aspirions à le devenir !», écrivait-il dans La vie à fil tendu (1993). Il se met à fréquenter les Faucons rouges, scouts laïcs d'obédience socialiste. Un jour, âgé seulement de 14 ans et alors qu'il n'est qu'en classe de 4e, il fait «un grand coup de bluff» : sans ses parents, il se rend au prestigieux lycée Saint Louis boulevard Saint-Michel pour passer un examen qui le conduit directement en… première. Il passe son bac philo en même temps que son bac scientifique en 1941 avant d'entrer en classe préparatoire. Il refuse de porter l'étoile jaune et s'insurge contre ses camarades «bourgeois» qu'il juge trop «passifs» dans la guerre contre le nazisme. L'antisémitisme prend de l'ampleur au lycée et Charpak sent la nécessité de s'engager. Les socialistes le lassent, le non engagement de Léon Blum lors de la guerre d'Espagne le choque.

La lecture de La condition humaine est déterminante, il devient communiste. Averti par le père d'un copain policier d'une prochaine arrestation de juifs, la famille fuit Paris et le jeune Georges atterrit à Montpellier où il intègre la Résistance. C'est dans ce contexte particulier qu'il passe le concours de Polytechnique et des Mines avant d'être condamné en 1943 par les tribunaux de Vichy à deux ans de prison. De cette période, il retiendra la solidarité qui consistait notamment à prélever deux cuillerées de soupe dans chacune des gamelles pour les plus faibles.

Quelques temps après, il est déporté à Dachau. Avec ses compagnons, il se persuade que l'Allemagne va bientôt capituler et leur objectif est de «survivre». Puis, arrive 1945 et les GI qui l'embarquent, lui offrent des haricots blancs. Il arrive à l'hôtel Lutetia. Ses parents lui apprennent qu'il a réussi le concours des Mines mais sa mère insiste pour qu'il recommence afin de décrocher Polytechnique. Mais après Dachau, son envie de repasser les concours est limitée. Il suit les cours de Joliot, admire Boris Vian. En 1956, les évènements en Hongrie ébranlent ces convictions communistes. C'est désormais la physique qui remplit sa vie : «La physique ressemble à la plus exigeante et parfois à la plus destructive des maîtresses. Nuit et jour, été, hiver, matin et soir, elle vous poursuit, vous envahit, vous comble ou vous désespère», écrira-t-il. La rencontre avec Frédéric Joliot-Curie fut déterminante, aussi bien en raison de sa personnalité scientifique que pour son passé de résistant et de militant communiste. Après les Mines, Charpak entre comme stagiaire au CNRS. Puis Léon Lederman, (prix Nobel en 1988) lui propose de rejoindre l'équipe qu'il créait au Cern pour travailler sur les hautes énergies et il quitte alors la France pour Genève.

A partir de ce moment là, «la recherche fondamentale allait engloutir ma vie». Il obtient le prix Nobel en 1992.

Inspiré par ce qui se fait dans certaines banlieues américaines, Charpak lance en 1996 la «main à la pâte» dans le but de rénover l'enseignement des sciences et de la technologie à l'école primaire en favorisant un enseignement fondé sur une démarche d'investigation scientifique. «Inculquer, dès l'enfance, les méthodes de base du raisonnement scientifique est la seule chance de doter les générations futures des moyens d'un rapport dépassionné, raisonnable avec la science. C'est là un enjeu de civilisation», écrivait-il.

En 1997, il est figurant avec Pierre-Gilles de Gennes qui avait lui reçu le prix Nobel de Physique en 1991 dans Les palmes de monsieur Schutz. Le film raconte la vie de Pierre et Marie Curie et les travaux qui les ont menés à découvrir le polonium et le radium à l'Ecole de physique et de chimie industrielle de la ville de Paris, école dans laquelle travaillaient Charpak et De Gennes.

L'homme est un grand militant de l'énergie nucléaire. «Le «tout nucléaire», pour lequel notre pays a opté il y a cinquante ans, a rendu un nombre considérable de services à la France. Il a conforté son indépendance énergétique. Il lui a permis de réduire en partie ses achats de pétrole à des pays arabes qui pratiquent un véritable racket des pays importateurs, et dont les connexions avec le terrorisme sont souvent préoccupantes», déclarait-il dans une interview au Le Figaro le 13 octobre 2005

Il avait proposé en 2001, une nouvelle unité de mesure de la radioactivité, le DARI (dose annuelle due aux radiations internes), correspondant à environ 0,25 milli-Sievert.

Cet été, il avait publié une tribune dans Libération dans laquelle il demandait l'arrêt du projet de réacteur expérimental ITER. Il le jugeait «hors de prix» et «inutilisable».

Le mythe de l'auto a la peau dure

Dans un monde globalisé où les effets de vitesse et de masse jouent à plein, l'avenir est de moins en moins linéaire et prévisible. En économie comme ailleurs. Souvenez-vous ! Au dernier salon de l'automobile de Paris, en 2008, les prévisions, largement partagées dans les allées des constructeurs, donnaient un peu le frisson.

C'était acquis : de grandes marques mondiales allaient rester au tapis de la crise, et tout le monde pensait évidemment aux « vieilles » américaines un peu défraîchies, GM, Ford, Chrysler.

C'était évident : née avant la récession, grâce au flair anticipatif du groupe Renault, la voiture low cost (bas coûts et bas prix) devait faire un tabac et tenir le haut du marché.

C'était inévitable : le « péril jaune » s'apprêtait à faire déferler les marques chinoises sur nos marchés, en portant un coup dur aux constructeurs occidentaux. Plus sombrement encore, certains augures annonçaient quasiment la mort du mythe automobile, devenu le symbole de la pollution, du gaspillage, de l'individualisme. On allait donc le sacrifier, sans état d'âme, sur l'autel de l'écologie et du bien-être commun.

Eh bien non ! En profitant du virage de la crise économique mondiale, l'histoire a pris un malin plaisir à rouler à contresens. Le grand chambardement annoncé n'a pas eu lieu.

- Sauvé de la liquidation par le contribuable américain au pays du libéralisme flamboyant, General Motors, l'ex-numéro un mondial, retrouve des couleurs et des bénéfices, après s'être débarrassé de quelques bijoux de famille. Ford refait du cash. Chrysler respire dans le giron de Fiat. Bref, on prend les mêmes, Volkswagen et Toyota en tête, et les affaires repartent : « Business as usual », comme disent les Américains.

- Tiré par Dacia, le low cost s'est évidemment fait une belle place au soleil, mais où est le prix bas ? Une évidente dérive marketing a singulièrement dénaturé l'idée d'origine du produit basique et pas cher. Les tarifs des modèles low cost rentrent dans le rang et rejoignent le plus souvent le coeur du marché.

Quant aux Chinois, c'est peu dire que leur cible, aujourd'hui, ce n'est pas l'Europe. Ils ne sont pas présents au Mondial de Paris. Et pour cause : au-delà de son incapacité à répondre aux normes des marchés occidentaux, la Chine est totalement occupée par une volonté impérieuse (étatique) de verrouiller son marché intérieur, en croissance exponentielle.

Bref, l'histoire zigzague. Il n'empêche, elle ne remet pas en cause la place de l'automobile dans la société. Essentielle. Au-delà du boom des immatriculations dans les pays émergents, qui tirent le marché mondial vers des records parfois inquiétants, les ventes françaises et européennes commencent à retrouver le rythme de croisière des années 2000. Elles attestent que l'automobile reste d'une attractivité centrale à défaut de toujours faire rêver. Comme l'illustre aussi la remontée en gamme des achats vers le haut des cylindrées. Comme en témoignent encore les enquêtes d'opinion sur l'appétit intact des jeunes.

Le mythe automobile a la peau dure, même s'il évolue. Si l'aspect utilitaire a pris définitivement le pas sur la fonction statutaire. Même si de nouveaux comportements plus responsables et collectifs ¯ covoiturage, autopartage ¯ pointent derrière le capot. Les écologistes, entre autres, devront se faire une raison. Pourquoi pas celle que leur offrent les constructeurs français en dévoilant à Paris, des voitures tout électriques prêtes à l'emploi. Enfin.

Le trou de la ceinture

C'est la quadrature du cercle. Seule la croissance peut produire de la fiscalité et il n'y a que la baisse du chômage pour soulager les comptes sociaux. Avoir fait sauter les barrières sémantiques qui interdisaient l'emploi des vocables austérité et rigueur ne suffit pas à donner la solution pour se sortir de cette spirale vicieuse. Réactiver l'économie, créer une dynamique industrielle, investir sur l'avenir reste une inaccessible ambition sans la reprise. Nous sommes dans une situation tellement dépendante de la conjoncture internationale que l'on ne voit pas comment on pourrait en sortir autrement que par une trajectoire durable de la croissance qui se situerait entre 2,5 et 3 %. On en est loin.

Si on est optimiste, on regarde vers l'Allemagne et on se dit que son état de santé peut aider à une embellie plus rapide que prévue. Si on est pessimiste on trouve que la reprise est bien molle aux États-Unis. On ne peut pas reprocher à Nicolas Sarkozy le niveau abyssal des déficits. Il nous a permis d'éviter une récession encore plus douloureuse et il fallait pouvoir investir pour rester dans le concert des nations. Par contre il est injuste de vouloir réduire la dette en coupant presque exclusivement dans les budgets sociaux tout en s'entêtant à ne pas remettre en cause les cadeaux fiscaux. Ainsi le coup de rabot, dont le principal intérêt est le signal qu'il adresse aux agences de notations, a-t-il été bien indulgent pour certaines niches et privilèges.

Le budget présenté hier est établi sur des hypothèses de croissance dont on ne voit pas de quel ciel elles pourraient tomber. Il faudra donc continuer de financer les déficits par des emprunts eux-mêmes financés par d'autres emprunts. Cette cavalerie ajoute encore à l'étouffement de notre économie qui a surtout besoin de relance et d'investissements.

Les Français ne sont pas prêts à dépenser moins pour prélever plus que propose aujourd'hui le budget. Et s'ils pressentent qu'ils n'échapperont pas à la rigueur, ils la veulent équitable, partagée et seulement après la suppression du bouclier fiscal qui, outre qu'il est inefficace, ne fait qu'exacerber le sentiment de l'injustice qui altère de plus en plus la cohésion sociale.

Et volent les copeaux...

Si jamais vous entendez « rigueur » dans la bouche d'un membre du gouvernement, ce sera officiellement un lapsus, une mésaventure courante en ces temps fébriles. Même s'il arrive au Premier ministre de l'employer, le mot est toujours tabou. On se demande bien pourquoi, d'ailleurs, puisqu'il n'a rien de honteux. Les raisons qui poussent le gouvernement à réduire la voilure sont fort légitimes, en effet : comment accepter plus longtemps que la charge de la dette soit désormais la première dépense de l'État ?
Il était temps que la France s'attaque vraiment à son déficit public, l'un des plus élevés d'Europe. La réaction n'a que trop tardé. En 2007, les clignotants étaient déjà au rouge depuis longtemps, mais dans le vent de la victoire, la toute nouvelle équipe au pouvoir crut bon de suspendre l'effort, timide certes, que venait juste d'entreprendre le gouvernement Villepin. Pendant que l'Allemagne poursuivait les sacrifices engagés dès 2002 par le chancelier Schroeder, le ministre du budget Éric Woerth avait alors justifié qu'on fasse « une pause » au nom d'une politique de rupture qui se voulait énergique. C'était une prise de risques... et elle eut des conséquences d'autant plus néfastes que la crise de 2008 accéléra dramatiquement la plongée dans le rouge.
Pour ne pas couler, il fallait bien que le redressement fût au moins « historique » comme l'ont qualifié les ministres. Nous ne sommes pas, toutefois, dans le registre du courage mais dans celui de l'obéissance aux injonctions d'une Europe exigeant une discipline budgétaire immédiate.
Christine Lagarde a étiqueté « responsable » ce budget 2011. Il l'est. En revanche, on ne peut pas dire, comme elle le prétend, qu'il est « ambitieux ». Supprimer 31 638 postes dans la Fonction publique, on ne pouvait peut-être pas faire autrement, mais ce n'est quand même pas un triomphe. Un peu de modestie ne ferait pas de mal... Et un peu de psychologie ne serait pas superflu.
Pourquoi, par exemple, s'empêcher d'être sincère quand les Français, eux, ont parfaitement pris la mesure de la gravité de la situation ? S'obstiner à répéter que le gouvernement n'augmente pas les impôts quand il se vante de récupérer 10 milliards d'euros en supprimant 22 niches fiscales (ce qui, mécaniquement, revient à relever les taxes), c'est se payer de mots et prendre le contribuable pour un gogo. Quand les copeaux du rabot volent haut, le pourcentage des prélèvements obligatoires augmente à nouveau retrouvant son niveau de 2007.
Le gouvernement n'a pas à rougir de sa détermination - la gauche n'aurait sans doute pas fait mieux - mais il dissimule, pourtant... Ce qu'il veut cacher, maladroitement, c'est qu'il est bien obligé de trahir aujourd'hui les promesses irréalistes de la présidentielle d'hier.


Découverte


Il ne faut jamais désespérer de la science. Des astronomes viennent de nous dégager d'un coup l'horizon, avec la découverte d'une autre planète habitable par l'homme. Cette très lointaine voisine, qui tourne à des milliers de milliards de kilomètres de la Terre, a été baptisée Gliese 581g. Il y a de l'eau, une atmosphère, une température entre -30 et -10, tout ce qu'il faut pour bien vivre, si l'on aime les hivers jurassiens. Vous imaginez, les perspectives que Gliese offre à notre Terre surpeuplée ? On pourrait même y envoyer Claude Allègre, travailler sur le refroidissement climatique… Oui, Gliese peut réveiller notre vieille planète recrue d'épreuves. Grâce à elle, nous allons retrouver l'exaltation du progrès et de la découverte : nous qui avions bien vite renoncé à peupler la lune, partons maintenant à la conquête de ce petit point G., tout là-bas, de l'autre côté de la Voie lactée…

La haine anti-Sarkozy

Nicolas Sarkozy n’est certes pas le premier président de la Ve République à être violemment attaqué. Le général de Gaulle a fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat. Valéry Giscard d’Estaing a terminé son septennat sous les feux croisés d’une presse déchaînée et d’une opposition virulente. François Mitterrand a été agressé, calomnié (où est l’immense fortune qu’on lui attribuait sans l’ombre d’un indice ?). Jacques Chirac n’a pas été ménagé lors des «affaires» sulfureuses qui se sont succédé sous son double mandat.

Avec Nicolas Sarkozy, il s’agit cependant d’autre chose : le chef de l’Etat cristallise contre lui une véritable haine personnelle qui submerge Internet, inonde la presse quasi tout entière, s’épanouit dans les débats à la radio et à la télévision, inspire livre après livre, imprègne ses adversaires transformés en ennemis inexpiables, émerge largement dans les sondages où les pourcentages de ceux qui lui sont farouchement hostiles battent tous les records. Nicolas Sarkozy est devenu l’homme le plus détesté de France, le président le plus honni de la Ve République.

La question qui se pose est évidemment de savoir quels sont les facteurs qui ont déclenché cet ostracisme spécifique. Ils n’ont pas existé de toute éternité, puisqu’il fut un temps, encore proche - trois années - durant lequel Nicolas Sarkozy fut très populaire dans l’opinion et adulé par une grande partie de la presse et des médias. Quand il était ministre de l’Intérieur ou de l’Economie, de 2004 à 2007, le futur président était même l’homme à la mode. Télévisions et radios s’arrachaient cet invité qui faisait l’événement et drainait des audiences records. Ses conférences de presse tournaient aux shows hollywoodiens.

Durant la campagne présidentielle, si Ségolène Royal bénéficia de nombreux appuis, lui-même ne manqua pas de soutiens, c’est une litote. Lorsqu’il fut élu, il y eut même entre la presse et lui une lune de miel surréaliste. Les hebdomadaires de toutes sensibilités multipliaient les couvertures triomphales qui se vendaient comme des petits pains. Le nouveau président était l’intime des principaux propriétaires ou des dirigeants des médias, le familier de dizaines de journalistes qui n’avaient jamais rêvé un accès aussi facile et des relations aussi familières avec un président de l’altière Ve République. Trois ans plus tard, le même chef de l’Etat se trouve dans la ligne de mire générale, métamorphosé en cible obsessionnelle. L’adulation a tourné à l’exécration.

Il porte naturellement lui-même une grande part des responsabilités de cette mutation d’une brutalité sans précédent. Il a voulu l’extrême présidentialisation, il a tenu à tout incarner, à tout assumer. Il en paie le prix. On s’étonne souvent que François Fillon soit plus populaire que lui. C’est l’inverse qui serait étrange, puisque Nicolas Sarkozy revendique et porte toutes les décisions significatives. Or, devant une crise dont on a sous-estimé la violence, les risques et la part personnelle qu’il a pris dans son traitement, il a personnifié un chapelet sans fin de mauvaises nouvelles : il est le messager en deuil, symboliquement exécuté pour avoir annoncé des sacrifices quand il promettait monts et merveilles.

Bien entendu, ce n’est pas le seul motif de l’acharnement qu’il suscite. Nombre des réformes qu’il a imposées, judicieuses ou pas, lui ont aliéné des catégories entières de la population. Plusieurs de ses choix politiques - en matière sécuritaire, tout particulièrement - ont soulevé l’indignation de ses opposants et parfois de ses alliés. En rapprochant l’immigration de la délinquance, il a choqué neuf intellectuels sur dix. Et puis, son goût de la transgression, voire de la provocation a dérangé, parfois exaspéré : sa façon de s’exprimer quelquefois comme s’il jouait dans une cour de récréation a rompu avec tous les codes de la Ve République ; l’exhibition de sa vie privée tumultueuse a déplu, même à ceux qui en pistent les moindres détails ; sa brutalité, ses maladresses inédites avec les journalistes, voire avec leurs directeurs, n’a rien arrangé.

Chez ce virtuose de la communication, la forme a irrésistiblement éclipsé et défiguré le fond. L’un des handicaps de Nicolas Sarkozy est que ses dérapages, ses dérives ont lieu sous le feu permanent des projecteurs, alors que ses bons choix ou ses initiatives positives - il y en a - passent inaperçus. En hystérisant la vie politique, en clivant toujours davantage la société, en déchaînant la foudre et les orages, il s’ampute lui-même du prestige présidentiel. L’hyperprésident se déprésidentialise, contradiction burlesque. Du coup, il souligne ses erreurs et il escamote ses succès au détriment de son image, de son pouvoir et de son rôle. Même si les médias, la presse et ses adversaires ne sont pas eux-mêmes en retard ni d’une croisade, ni d’une attaque ad hominem.

Pourquoi Sarkozy suscite la haine

Certains l'insultent, d'autres souhaitent sa mort, beaucoup le traitent de fasciste... Nicolas sarkozy n'est pas seulement le président de la République le plus impopulaire, il est aussi celui qui déchaîne les réactions les plus négatives. Explications.
L'article in extenso dans l'express.

Sarkophobie ou antisarkozysme?



Le réalisateur Arthur Penn est mort

Le réalisateur américain Arthur Penn, à qui l'on doit notamment le film Bonnie and Clyde (1967), est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à New York à l'âge de 88 ans, a indiqué un proche du cinéaste. Il "a apporté la sensibilité du cinéma européen des années 60 au 7e art aux Etats-Unis" et "a ouvert la voie à la génération des metteurs en scène américains des années 70", comme Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola, a estimé dans les colonnes du New York Times le scénariste et réalisateur Paul Schrader.

L'histoire du couple de gangsters Bonnie Parker et Clyde Barrow – "ils sont jeunes, ils sont amoureux, et ils tuent", disait la bande-annonce –, joués par Warren Beatty et Faye Dunaway, avait remporté un succès mondial.



Acteur de théâtre dans sa jeunesse, Arthur Penn avait débuté dans la réalisation avec la télévision. Il était passé au grand écran en 1958, en dirigeant Paul Newman qui interprétait Billy the Kid dans Le Gaucher.

Frère cadet du célèbre photographe Irving Penn (1917-2009), Arthur Penn avait également réalisé Little Big Man en 1970 et Missouri Breaks en 1976.

3 % des surfaces agricoles sont biologiques




Au cours des sept premiers mois de 2010, 3545 exploitations nouvelles se sont engagées à produire bio, soit un total cumulé supérieur à 21.000 prévu d'ici à la fin de l'année et plus de 3 % de surface consacrée à la culture biologique en France. Le ministère de l'Agriculture a annoncé le versement de 6 millions d'euros supplémentaires à la filière.

Changement climatique : les mirages de Copenhague

Depuis deux ans, les acteurs de la diplomatie climatique le répètent en boucle : il faut parvenir à un accord sur la suite à donner au protocole de Kyoto lors de la conférence qui se tiendra en décembre 2009 à Copenhague. Une date imposée par les délais de ratification d'un accord international qui doit prendre la suite du protocole arrivant à éché-ance en 2012. Sans engagement, pas de marché du CO2 et pas de mécanisme de financement pour aider les pays en développement. A Bali, une feuille de route des négociations avait été dessinée après un psychodrame inhabituel dans l'enceinte feutrée de l'ONU. Le représentant de la Papouasie Nouvelle-Guinée, l'avocat Kevin Conrad, avait vertement prié la représentante américaine de quitter la salle si son pays n'avait pas l'intention de se joindre sérieusement aux débats.

La victoire américaine de Barack Obama avait ensuite fait remonter en flèche le moral des négociateurs, persuadés que le nouveau président allait enclencher un mouvement vertueux en mettant ses propositions sur la table. Mais la réalité de la politique américaine, la violence des débats sur la réforme de la politique de santé et la montée en puissance de l'opposition au Sénat sur le projet de loi climat ont contraint Washington à rester en retrait. Le discours du président américain, lors du sommet climat organisé en marge de l'assemblée générale de l'ONU il y a une semaine, a fait l'effet d'une douche froide : aucun chiffre, aucun engagement, simplement des grandes phrases sur le sentiment de responsabilité et la volonté de faire sa part du travail.

A soixante-dix jours du démarrage de la conférence de Copenhague, alors que les négociateurs sont encore réunis cette semaine à Bangkok, la situation est bloquée. Le degré de confiance entre les Etats est quasiment nul, chacun a ajouté ses propositions compilées dans un texte incompréhensible de 180 pages. Tout se passe comme si, après avoir reconnu la nécessité de limiter le réchauffement à deux degrés par rapport à la période préindustrielle, la communauté internationale était tétanisée par l'importance des efforts à faire. Le protocole de Kyoto a construit un système rigide d'engagements assortis de punitions en cas de non-respect. Mais le Canada, l'Australie, et de nombreux pays européens comme l'Espagne, la Grèce, le Portugal, l'Italie et l'Autriche savent bien qu'ils n'y parviendront pas. Personne n'envisage de leur envoyer les Casques bleus ou même de prendre des sanctions financières. Du côté des pays émergents qui, jusqu'à présent, n'ont aucune obligation d'agir, mais polluent de plus en plus, l'enjeu est de trouver un cadre permettant de valoriser leurs actions.

Le principe de réalité devrait donc conduire les acteurs à se donner un an de plus, jusqu'en décembre prochain, lors de la conférence suivante prévue normalement à Mexico en décembre 2010. Pour y arriver, en évitant le cataclysme d'un échec total lors des dernières nuits à Copenhague, les chefs d'Etat devront trouver un début d'accord politique autour de quelques pages qui donnerait mandat aux négociateurs de préparer un texte juridiquement ficelé pour fin 2010. Un accord où, par exemple, on laisserait aux Etats-Unis un délai de grâce pour rattraper leur retard à condition qu'ils s'engagent formellement à accélérer ensuite. Le négociateur américain, Todd Stern, qui avait déjà participé aux négociations du protocole de Kyoto, veut à tout prix éviter de se retrouver dans la même situation avec un texte accepté, mais qu'il ne pourrait faire voter par le Sénat. Sortir de l'impasse entre Occidentaux et pays en développement sans perdre la face suppose, enfin, que chacun s'approprie le concept de plans d'action « appropriés ». Ce terme typiquement onusien et peu sexy permettait de construire un compromis.

Les grands émergents pourraient commencer par découpler croissance économique et croissance des émissions, dans le cadre d'un programme annoncé à l'avance. C'est ce qu'a commencé à présenter le président chinois, Hu Jintao, la semaine dernière à la tribune des Nations unies. Point clef des discussions, les engagements donnant lieu à une aide financière des Occidentaux deviendraient contraignants, ce qui pourrait convaincre les sénateurs des Etats charbonniers américains de s'engager à leur tour. Mais, pour parvenir à un tel équilibre, il faudrait que les pays riches mettent de l'argent dans le système. La tempête tropicale qui a ravagé Manille samedi, une des plus fortes depuis quarante ans, ou le nuage rouge qui a recouvert la capitale australienne la semaine dernière serviront peut-être de piqûre de rappel.

Université : la vérité sur les taux d'échec

Après la rentrée universitaire, la question qui taraude tous les nouveaux étudiants est celle du taux de succès en premier cycle, en particulier en première année de DEUG jusqu'en 2004 et de licence (bac + 3 ans) depuis la réforme LMD. Voilà vingt-cinq ans que le chiffre de 50 % d'échec circule, voilà vingt-cinq ans qu'il est faux. Il faut être précis dans les définitions : un étudiant sera considéré comme en échec s'il quitte l'enseignement supérieur dans le même état que celui qui était le sien quand il y est rentré, c'est-à-dire titulaire du bac, sans plus.
Après le succès au bac, 95 % des bacheliers généraux, 85 % des bacheliers technologiques et 47 % des bacheliers professionnels poursuivent des études supérieures. Au total, un bachelier sur dix seulement ne poursuit pas d'études supérieures. En trente ans, le nombre de bacheliers a doublé. Depuis 1995, la proportion des bacheliers dans une génération stagne autour de deux jeunes sur trois.

Le parcours des étudiants entrant en première année de licence en 2004 est maintenant connu. Près d'un sur deux a réussi sa première année en un an, un sur cinq a redoublé dans le même cursus, et un sur quatre ne s'est pas réinscrit en université, sans pour autant toujours quitter l'enseignement supérieur. En effet, un bon nombre des nouveaux bacheliers se sont inscrits après le bac en première année de licence faute d'avoir obtenu une filière plus adaptée à leur souhait, une section de technicien supérieur notamment.


Deux facteurs expliquent très largement le taux de succès en première année de premier cycle : la série du bac (général, technologique ou professionnel) et l'âge auquel l'étudiant a obtenu son bac. Près de trois étudiants nouveaux en première année sur quatre proviennent du bac général. Plus de deux lycéens sur cinq qui ont passé le bac « à l'heure », c'est-à-dire maintenant à dix-huit ans ou en avance, obtiennent leur première année de licence en un an, mais seulement un bachelier sur quatre en retard d'un an lors du bac obtient sa première année en un an. Quant aux étudiants en retard au moment du bac de plus d'un an, ils ne seront plus que un sur six à obtenir leur licence en trois ans. L'âge au moment du bac n'est en fait que le signe des difficultés rencontrées par les lycéens au cours de leur scolarité traitées par des redoublements, dont on voit là le peu d'efficacité.

Les étudiants provenant des séries technologiques et professionnelles ont un type de profils de cursus plus accentué : seulement un bachelier technologique sur dix et un bachelier professionnel sur vingt, à l'heure au moment du bac, obtiennent leur première année de licence en un an.

Enfin, dans toutes les séries du bac général ou technologique, les filles ont de meilleurs résultats que les garçons.

Les efforts faits dans les lycées et les universités pour améliorer l'orientation des élèves sont considérables depuis quatre ou cinq ans. Si l'on juge simplement sur la satisfaction des élèves, le succès est là, puisque neuf nouveaux bacheliers sur dix disent avoir obtenu l'orientation qu'ils voulaient. Si l'on juge sur l'adéquation entre le parcours déjà effectué et le parcours à venir, il reste encore des marges d'amélioration. L'augmentation considérable du nombre de candidats en première année de médecine pour un numerus clausus en croissance certes, mais nettement moins rapide, n'est guère satisfaisant. Dans le sens inverse, les bacheliers les plus fragiles se détournent des études longues de licence plus souvent qu'il y a quinze ans, qu'il s'agisse des bacheliers avec seulement une mention passable, cas de la moitié des bacheliers, ou des bacheliers technologiques en retard pour passer le bac. Quant aux bacheliers professionnels, un sur vingt seulement tente des études de licence où leurs chances de réussite sont très faibles, mais quatre sur dix s'orientent vers une section de techniciens supérieurs dont la moitié en alternance avec un contrat de professionnalisation. Les efforts d'orientation commencent à produire des effets encourageants.

Finalement, un étudiant sur sept quitte l'université après quatre années de présence sans avoir réussi à décrocher le moindre diplôme ; voilà le vrai chiffre du taux d'échec et non pas un sur deux comme certains se complaisent à le dire. Pourquoi ne pas parler aussi des succès ? Plus d'un étudiant sur deux réussit sa licence en trois ou quatre ans après le bac (1).

Daniel Vitry est professeur à l'université Paris-II(1) Données de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche.

La bataille de la dépense publique

Faire un budget c'est mener une guerre de tranchées. Celle que le gouvernement de François Fillon a entreprise pour enrayer l'irrésistible ascension de la dépense publique, qui n'a pratiquement jamais cessé d'augmenter depuis la V e République, va connaître, avec la loi de Finances pour 2011, une percée historique. Aussi limitée soit-elle au regard des vertigineux besoins de financement de nos administrations et de notre protection sociale, la stabilisation en valeur des dépenses de l'Etat suffit pour que l'on puisse accoler les mots d'austérité et de rigueur au quatrième budget du quinquennat de Nicolas Sarkozy. S'il ne s'agit pas d'un simple effet d'annonce et si quelques mètres sont réellement gagnés sur le mont Mort-Homme du laxisme budgétaire, on pourra parler d'un petit Verdun pour nos finances publiques.

A vrai dire, François Baroin, le ministre en charge des fins de mois de la maison France, n'avait guère d'autre choix. Entre 2007 et le terme de l'année prochaine, la dette publique se sera creusée de près de 500 milliards d'euros, comme si notre économie s'était offert en extra et à crédit l'équivalent d'une année et demie d'exercice budgétaire. Amené à supporter en 2011 un endettement qui représente 86 % de la richesse nationale, l'Etat français se doit de restaurer d'urgence sa crédibilité budgétaire s'il veut, au moment de prendre la présidence du G20, continuer à tenir son rang sur la scène internationale. Comme on a encore pu le constater lors de la crise de la zone euro, nos visions si différentes des « grands équilibres » ne facilite pas non plus le dialogue franco-allemand, moteur de la construction européenne : là où nous voyons un « miracle allemand », nos voisins diagnostiquent plutôt une maladie française.

Cette fois la détermination du malade à respecter le traitement prescrit est clairement affirmée. La programmation des finances publiques jusqu'à 2014, dévoilée en même temps que le budget 2011, prévoit de ramener sur cette période le déficit français de près de 8 % à 2 % du PIB, avec une première étape à 6 % l'an prochain. Les hypothèses de croissance très optimistes qui sous-tendent cette décélération aussi spectaculaire que vertueuse -sans précédent depuis un demi-siècle, souligne-t-on à juste titre à Bercy -prêtent sans doute le flanc à de multiples critiques. C'est malgré tout le signe que la France engage enfin dans la durée l'indispensable effort d'assainissement de ses comptes publics. Cet engagement se projetant au-delà de 2012, échéance présidentielle qui surplombe déjà tous les faits et gestes de nos gouvernants, il prendrait une valeur beaucoup plus forte si l'ensemble des formations politiques acceptaient de le faire leur. Car on peut diverger sur le partage des sacrifices à consentir, pas sur leur nécessité ni sur leur importance.

Ingrate, la bataille pour la maîtrise de la dépense publique mobilise moins les gros titres et polarise moins les débats que les grandes manoeuvres fiscales. Le « coup de rabot » sur les « niches », qui reste timide au regard des déclarations martiales du gouvernement, aura fait couler plus d'encre que les 32.000 nouvelles suppressions de postes de fonctionnaire -portant à plus de 150.000 en neuf ans la baisse des effectifs de la puissance publique. Cette sensibilité extrême à toute remise en cause des règles du jeu fiscal s'explique aisément dans un pays où les prélèvements absorbent 10 points de plus du PIB que la moyenne du G7. C'est aussi un avertissement à l'égard de tous ceux qui pensent pouvoir rétablir un équilibre durable de nos finances publiques par le recours à l'impôt. Dans le monde industrialisé, il n'y a guère aujourd'hui d'économie plus redistributrice que celle de la France. Même le « modèle nordique » est en train de réduire sa fameuse dépendance à la redistribution. La part de leurs revenus que les Suédois tirent des transferts sociaux ou étatiques se situe désormais au-dessous de celle des Français, proche de 33 %, un autre de nos records.

Comment s'étonner qu'une nation dont les citoyens doivent le tiers de leur niveau de vie à des droits acquis soit difficile à réformer. Le système n'étant plus soutenable financièrement, le grand chantier budgétaire du prochain quinquennat sera celui des politiques sociales, largement épargnées de toute remise en cause par cette loi de Finances, à l'exception notable de la réforme des retraites. La longueur des cortèges qui clament leur opposition à cette dernière donne la mesure de la difficulté.

Pourquoi les syndicats ont peur de la grève reconductible

Et maintenant, la grève reconductible ! Dans les cortèges qui défilaient, jeudi 23 septembre, contre la réforme des retraites, de plus en plus nombreux étaient les manifestants désireux de franchir un nouveau cran de mobilisation. De ne plus accompagner le mouvement par de simples journées de grèves « carrées », fussent-elles répétées, mais par ces grèves reconductibles, dans les transports publics notamment, qui avaient fait la force de la contestation du plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale, fin 1995. Leaders du mouvement, la CGT et la CFDT se sont refusé à sauter le pas, mais l'idée reviendra, ce samedi d'abord, où de nouvelles manifestations sont prévues, à l'approche de la journée de grève du 12 octobre ensuite, car l'essoufflement de la participation pourrait renforcer la tentation de la radicalisation.


A mesure que le temps passe et que le gouvernement demeure inflexible sur le coeur de sa réforme - le report à 62 ans de l'âge légal du départ et à 67 ans de l'âge légal du départ sans décote -, les tensions s'avivent entre confédérations partisanes de grèves « classiques » et adeptes de mouvements plus durs, comme Force ouvrière et son vieux fantasme de grève générale, comme la FSU et Solidaires avec leurs envies de grève reconductible. Entre les deux, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, tente de faire le tampon, en agitant à demi-mot une menace qu'il sait ne pas pouvoir mettre à exécution.


« Plus l'intransigeance dominera, plus l'idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait-il, vendredi 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais c'est la menace d'un tigre de papier. Un avertissement sur le mode « retenez-moi ou je fais un malheur », plutôt destiné à mobiliser les troupes qu'à effrayer le gouvernement. Car, aussi étrange que cela puisse paraître à une opinion publique interloquée de voir des syndicats renoncer à pousser leur avantage, il est fort peu probable que la contestation de la réforme des retraites bascule dans un mouvement de grève reconductible. La réalité est, en effet, que les grandes confédérations syndicales en ont peur plus qu'elles n'en ont envie.


Il y a, à cela, trois grandes raisons. La première est que le risque d'échec de ce genre de stratégie est bien plus important que l'espoir de succès. Pour qu'une grève reconductible soit efficace, elle doit être durable. « Si elle ne dure que trois jours, cela ne marche pas », observe, au sommet de l'appareil d'Etat, un analyste expérimenté des mouvements sociaux. Or, en période de crise, de crainte pour l'emploi et le pouvoir d'achat, de longs arrêts de travail auraient un coût immédiat pour un hypothétique bénéfice différé, celui d'un départ en retraite plus précoce.


D'autres éléments récents ont contribué, ensuite, à démythifier la puissance de la grève reconductible. L'un est la mise en place, au 1er janvier 2008, du service minimum dans les transports dont les usagers ont encore pu constater, les 7 et 23 septembre, qu'il limitait sensiblement les perturbations. Moins efficace, le service d'accueil à l'école constitue néanmoins, lui aussi, une amélioration notable. L'autre élément est la détermination nouvelle face à ce genre de mouvement. La menace a beaucoup perdu de sa force depuis que, fin novembre 2007, les fédérations de cheminots ont jeté l'éponge sans avoir rien obtenu après neuf jours d'arrêt de travail contre la réforme des régimes spéciaux de retraite.


Au printemps de cette année, l'échec cinglant des quinze jours de grève initiés par la CGT-cheminots contre la réforme du fret SNCF aura donné le coup de grâce. Peu importe que, en l'espèce, ce soit la direction de la société nationale et non le gouvernement, qui ait tenu bon. Ce nouveau rapport des forces fait toute la différence entre le mouvement de 2010 contre la réforme des retraites et celui de 1995 contre le plan Juppé. La grève reconductible est un luxe que les organisations syndicales ne peuvent plus s'offrir.


La CFDT et la CGT renoncent à brandir cette arme pour une deuxième grande raison. Elles redoutent de perdre le contrôle d'un mouvement social dont elles n'attendent plus vraiment qu'il débouche sur des concessions de la part du pouvoir, mais qu'il leur fasse gagner en audience, en popularité, en légitimité. Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, se refait une virginité sociale après le traumatisme de l'aval donné à la réforme des retraites de 2003. Basculer dans un scénario de grève plus dure, c'est prendre le risque non seulement de redonner la main à la base mais aussi de renforcer les organisations extrémistes comme SUD-rail. Tout le contraire du comportement responsable adopté depuis le début du mouvement. Et c'est bien ce qui retient la fédération cheminots de la CGT. Au niveau confédéral, ce serait aussi faire le jeu de FO, avec laquelle la CFDT et la CGT n'entendent pas partager le bénéfice de la réforme de la représentativité syndicale.


La troisième grande raison des hésitations syndicales est que, inévitablement concentrée sinon circonscrite aux seuls transports et à quelques services publics, une grève reconductible permettrait au chef de l'Etat d'opposer salariés du public et du privé, les uns cessant le travail alors qu'ils ne sont pas concernés par la réforme avant 2017… C'est tendre la verge pour se faire battre. Réduite au secteur public, une grève durable prendrait cet aspect catégoriel que les confédérations veulent justement éviter, soucieuses à l'inverse d'élargir le mouvement, notamment aux entreprises privées ou aux jeunes. S'engager dans un long bras de fer sous forme de grève durable des transports, ce serait rétrécir à des revendications boutiquières une contestation dont la CGT et la CFDT entendent faire un sujet de société. Il leur reste à trouver une autre porte de sortie du conflit.

Découverte d'une exoplanète de taille terrestre potentiellement habitable

Des astronomes américains ont découvert une exoplanète "potentiellement habitable", d'une taille voisine de celle de la Terre et tournant autour d'une étoile assez proche, ce qui pourrait indiquer que de telles planètes sont assez nombreuses.

La planète, baptisée Gliese 581g, se situe à une distance telle de son étoile que la température permet de maintenir l'eau à l'état liquide à sa surface ou près de celle-ci, expliquent les chercheurs dont l'étude paraît dans l'Astrophysical Journal et sur le site arXiv.orp.

Une exoplanète est une planète orbitant autour d'une autre étoile que le soleil.

Si cette découverte est confirmée par d'autres mesures, cette exoplanète serait la plus comparable à la Terre qui ait été détectée jusqu'à présent. Ce serait aussi la première à présenter de solides indications laissant penser qu'elle se situe dans une zone potentiellement habitable.

Son étoile, Gliese 581, se trouve dans notre galaxie, la Voie Lactée, à environ 20 années-lumière de la Terre (une année lumière équivaut à 9.460 milliards de km).

"Notre découverte offre un exemple très convaincant d'une planète potentiellement habitable", explique Steven Vogt, professeur d'astronomie et d'astrophysique à l'Université de Californie à Santa Cruz, un des co-auteurs de ces travaux.

"Le fait que nous ayons pu détecter cette planète aussi rapidement et aussi près de notre système solaire nous montre que de telles exoplanètes doivent être vraiment nombreuses", ajoute-t-il dans un communiqué.

Cette exoplanète a une masse de 3,1 à 4,3 fois celle de la Terre et son rayon serait de 1,2 à 1,5 fois celui de notre planète, précise Paul Buttler, du département de magnétisme terrestre à la Carnegie Institution à Washington, un des co-auteurs de cette recherche.

Gliese 581g paraît être une planète rocheuse comme la Terre avec une gravité à sa surface quasiment similaire. Elle tourne autour de son étoile, selon une orbite circulaire, en 36,6 jours.

Pour les astronomes, une exoplanète est "potentiellement habitable" quand elle permet l'existence de la vie. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les humains y vivraient agréablement.

L'"habitabilité" dépend de nombreux facteurs dont, parmi les plus importants, la présence d'eau à l'état liquide et d'une atmosphère, expliquent ces scientifiques.

Selon leurs estimations, la température à la surface de cette exoplanète qui n'est pas exposée en permanence à son étoile ou à l'obscurité de l'espace, varieraient entre moins 31 et moins 12 degrés Celsius.

Les températures sur la Terre peuvent aussi être extrêmes n'empéchant pas pour autant la vie d'y exister. Elles varient ainsi de -70 degrés Celsius dans l'Antarctique à plus 148 degrés près des bouches hydrothermales au fond de l'océan où se multiplient des bactéries.

Ces astronomes en ont aussi trouvé une seconde exoplanète tournant autour de Gliese 581 mais hors de la zone habitable, portant à six le total des exoplanètes détectées autour de cette étoile.

Il s'agit de l'un des systèmes extra-solaires comptant le plus de planètes trouvés à ce jour.

Le 24 août, des astronomes de l'Observatoire européen austral (ESO), au Chili, avaient annoncé la découverte d'un système d'au moins cinq planètes - peut-être sept - en orbite autour d'une étoile semblable au Soleil.

Jusqu'à présent les astrophysiciens n'ont pas encore trouvé de planète vraiment soeur de la Terre parmi les quelque 422 exoplanètes découvertes depuis la première en 1995.

La dernière découverte annoncée mercredi est le résultat de onze ans d'observations avec les télescopes de l'observatoire Keck à Hawaï située à 4.145 mètres d'altitude.