TOUT EST DIT

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mercredi 2 octobre 2013

Le « label » hollandais

Le « label » hollandais

En se rendant aujourd'hui à Cournon-d'Auvergne dans le Puy-de-Dôme, à l'occasion de l'ouverture du 22 e Sommet de l'élevage, François Hollande s'inscrira une nouvelle fois dans la tradition chiraquienne. Il sera en effet, après Jacques Chirac, le seul chef de l'État à avoir assisté à cette manifestation exclusivement ouverte aux professionnels. Rien à voir avec la traditionnelle déambulation (obligée) au Salon de l'agriculture. Il s'agira plus, ici, de se faire entendre des exposants présents que de se faire voir du grand public. Pas question de simplement flatter le cul des vaches. Il faudra répondre à l'attente des éleveurs et honorer les promesses « semées » en février.
À la Porte de Versailles, François Hollande s'était engagé à agir en faveur des éleveurs dont les revenus « subissent le yo-yo du marché ». À l'approche de la mise en 'uvre de la future PAC, le chef de l'État avait souhaité plus de « retombées » pour eux. Autant dire que François Hollande est très attendu, alors que la Confédération paysanne de Bretagne a déjà averti ne pas vouloir « d'un Florange agricole ».
Le chef de l'État aura d'autant plus de mal à creuser son sillon qu'il lui faudra naviguer entre les exigences des éleveurs et les réticences des céréaliers. Ceux-ci, à travers la puissante FNSEA, n'entendent pas faire les frais de surdotations aux éleveurs par la réduction de leurs aides. Voilà le nouveau défi que va devoir relever François Hollande. On a cru comprendre qu'il arbitrerait en faveur des éleveurs.
Depuis des années, leurs revenus sont au plus bas en raison de la variabilité des cours et du renchérissement des intrants. On y ajoutera des conditions de travail et des contraintes réglementaires parmi les plus lourdes. Le soutien accru aux petites et moyennes exploitations et les convergences des aides relèvent de la logique lorsque subsistent d'énormes disparités avec les gros producteurs céréaliers. On devine le message que fera passer aujourd'hui François Hollande : la réforme de la PAC se fera dans la justice. Puisque tel est le « label » du quinquennat.

L’âme, cette enquiquineuse


A cause de son âme, un être humain ne peut pas être considéré comme une chose. Ça complique tout. Si nous pouvions être réduits à des choses nous pourrions fonctionner parfaitement et ne poserions plus aucun problème aux autorités civiles, ecclésiastiques et militaires. 
Mais tel n’est pas le cas : il y en a toujours, parmi nous, qui ne fonctionnent pas bien. On en vient parfois à regretter la bonne vieille psychiatrie soviétique qui, autrefois, déclarait malades mentaux ceux qui ne s’adaptaient pas en douceur. Un dissident était déclaré paranoïaque ou schizophrène, il était enfermé dans un asile psychiatrique et il recevait quotidiennement des injections qui faisaient de lui une copie conforme.
Par notre âme, nous pouvons embrasser la totalité de l’univers. Nous pouvons l’aimer ou le détester. Parce que nous avons une âme, nous pouvons dire non à tout avant d’être ensuite et parfois envahi par un sentiment de gratitude envers ce qui est, envers les plantes, les animaux, nos semblables. Sous les pavés, la plage, comme on disait en mai 68. Parce que nous avons une âme, nous sommes potentiellement des marginaux, des artistes, des révolutionnaires. Possibilité étonnante, mais aussi terrifiante, puisqu’un révolutionnaire peut poser des bombes, exécuter des innocents, renverser l’ordre des choses et provoquer le chaos.
Sans âme, un homme est un élément idéal pour un système totalitaire, dont la caractéristique est de faire fonctionner tout le monde et toutes choses. Un système totalitaire parfait ne réprimerait pas ; il administrerait judicieusement des gouttes d’huile pour qu’aucun grincement ne se produise. La réintégration des criminels nous en donne un avant-goût. Devant les méchants, on a recours à une burette à huiler. Ils n’ont pas une âme bonne ou méchante. Au-delà du bien et du mal, ils ont simplement dysfonctionné et il faut les réintégrer dans les rouages de la société.
Un système totalitaire achevé serait quelque chose de nouveau dans l’histoire humaine. Autrefois, les atteintes à l’ordre public passaient par l’emprisonnement, une décapitation, la torture. Aujourd’hui, plus rien de tel n’est envisagé. Le totalitarisme, encore en gestation, se veut doux. Quand est-ce qu’il est né ?
Au début du 19ème siècle, comme l’a signalé Alexis de Tocqueville en 1830. Plus tard, Nietzsche n’a pas parlé de totalitarisme, mais du « dernier homme ». Avec cette expression, il désignait un ordre des choses où les hommes auraient perdu leur âme dans un nivellement démocratique. L’image qu’il employait était parlante. Au dernier homme, on demande de regarder le ciel étoilé : il cligne les yeux et déclare ne rien voir. C’est donc un individu qui ne voit rien au-delà de ce qui l’entoure, comme les vaches ou les chiens. Mais il vit dans un Etat de droit et il vote !
Après Nietzsche est venu Kafka qui, du début du Procès, dessine la figure de Joseph K. qui, un matin se réveille devant deux fonctionnaires qui lui signalent qu’il est accusé. De quoi ? Il n’arrive pas à le savoir et il n’arrive pas à comprendre comment cela lui arrive. Il n’y a pas de guerre, il vit lui aussi dans un Etat de droit, les lois sont respectées. Tout ce qui se passe dans son âme (indignation, révolte, espoir) n’a aucune importance. Il est pris dans une immense machinerie. Que se passe-t-il ? Il ne comprendra jamais et sera finalement liquidé dans un terrain vague.
Quant à « l’âme des peuples », on n’en parle même plus. Il ne s’agit plus que de faire diminuer leur déficit public et de faire augmenter la croissance selon un modèle abstrait, l’Allemagne ces jours. L’histoire d’un pays n’existe plus, sauf dans les musées. Quand des tensions se produisent entre deux pays, on met tout en œuvre pour les inscrire dans la logique d’un système interétatique, comme lorsque Catherine Ashton a apporté des oranges à Mohamed Morsi dans sa prison. Il fallait lui faire comprendre que l’Europe se souciait de lui et allait tout arranger. Seuls les djihadistes font encore problème, mais eux aussi on les intégrera ou on s’en débarrassera comme des grains de sable qui empêchent le système international de ronronner.
Le sociologue polonais exilé à Londres, Zygmunt Baumann, parle de liquéfaction pour désigner cet étrange mouvement qui emporte peuples et individus dans une indifférenciation croissante et qui devrait éliminer toute friction. Il est peu probable que ce processus arrive à son terme. Staline demandait combien le pape avait de divisions blindées. Finalement, ce sont les âmes de peuples ou d’individus, qui ont eu le dessus. Mais il reste que le mouvement vers un parfait fonctionnement par liquéfaction de tout et de tous est bien en marche.

Démocraties sans ligne rouge

Démocraties sans ligne rouge


« Fermé. » C'est ce qu'on pouvait lire, hier, sur les grilles du Memorial Lincoln, à Washington. Impossible de venir rendre hommage à un des pères de la nation américaine. Motif ? Tous les parcs nationaux sont fermés en raison du fameux Shutdown, la « fermeture » du gouvernement fédéral.
Dommage. Dans son film sur Abraham Lincoln, l'an dernier, Steven Spielberg nous avait montré un curieux mais instructif principe politique. Pour obtenir, de haute lutte, le vote du Congrès pour abolir l'esclavage, Lincoln ne négligea aucun moyen, pas même la corruption d'élus, pour arriver à ses fins. Morale : c'est grâce aux pires compromissions, mais au nom d'un intérêt supérieur, que le Congrès américain put, in fine, écrire une des pages les plus nobles de son histoire.
Pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui à Washington, il faut tout simplement renverser ce théorème. En refusant le moindre compromis avec la Maison-Blanche, les élus républicains ont d'abord servi un intérêt particulier. Celui de leur propre reconduction, l'an prochain, lors des élections de mi-mandat. La bataille des primaires à droite s'annonce si féroce dans de nombreuses circonscriptions acquises aux républicains, que les positions se radicalisent.
L'angélisme, bien sûr, n'est pas, et n'a jamais été, le bien le plus répandu sous la coupole du Congrès. Et les républicains ont des raisons de contester la politique d'Obama. Des raisons de fond. Des raisons de forme. Tout le monde prend acte, d'ailleurs, de la faiblesse de l'actuelle administration.
Mais le clash de lundi soir n'est pas tout à fait comme les autres. Dans un contexte de crise, il va d'abord avoir un coût. Près d'un point de croissance d'ici à Noël, disent les économistes. C'est beaucoup, au sortir de plusieurs années noires.
Paralysie chronique
Surtout, il confirme la paralysie désormais chronique dont souffre la démocratie américaine. On l'a constaté, l'an dernier, sur le budget. Comme si les intérêts partisans n'avaient plus de frein. Comme si la culture institutionnelle, le respect des institutions au-dessus et au-delà des partis, n'avait plus de voix. Plus de place. Plus de passeurs, d'un camp à l'autre.
L'Amérique n'est pas le seul théâtre où la démocratie met en scène ce type de dérive partisane. L'Italie, depuis samedi, en offre une autre grande illustration. Un homme, Berlusconi, dicte à des élus de la Nation ce qu'ils doivent faire pour endiguer sa disgrâce. Et ils le font !
Comme si la culture du calcul politique ne connaissait plus aucun barrage. Sous la pression des extrémistes du Tea Party, l'élu républicain de base tire la barque encore plus à droite. Et comme l'évaluation de ces calculs est désormais objet des analyses médiatiques, sur la place publique, le frein de la notoriété n'existe même plus.
Difficile de ne pas voir, au-delà de la droite américaine, une crise plus structurelle de nos fonctionnements démocratiques. À trop plaquer la démocratie sur le seul exercice comptable du vote, ou sur la mécanique institutionnelle des poids et contrepoids, on a perdu de vue la nécessité d'une ligne rouge. Non pas celle qu'un camp impose à un autre camp, ou qu'une élection inflige au sortant. Mais la ligne rouge qu'un élu (et avec lui chaque électeur) s'impose à lui-même pour ne pas miner la hiérarchie des intérêts. La grande question éthique n'est pas théorique. Depuis hier, en butant sur les grilles du Memorial Lincoln, on la touche des deux mains.
Laurent Marchand

Commerçants, la nuit au lit et le dimanche à la messe!


Tout se passe comme si le système économique et commercial français revenait au Moyen Âge. Trois jours après que Sephora ait été condamné à fermer son magasin des Champs-Élysées à 21H, on apprend jeudi soir que Castorama et Leroy-Merlin vont devoir fermer leurs magasins d’Île-de-France le dimanche. Comme Bricorama avait dû le faire, il y a six mois. Alors là, c’est incroyable.
Sephora ferme la nuit sur les Champs-Élysées. Mais pourquoi ? Ça gène qui ? Et bien ça gène les salariés qui voulaient faire des heures sup’, ils gagneront moins. Ça gène aussi les touristes du golfe qui avait l’habitude de sortir du George V ou du Fouquet’s pour se parfumer. Et bien ils partiront un jour plus tôt pour s’arrêter à Londres faire leurs stocks de Dior ou de Chanel.
Mais la vraie catastrophe, c’est la fermeture annoncée de toutes les grandes enseignes de bricolage et de jardinage de la banlieue parisienne. Mais qu’est-ce qu’ils vont faire les bobos et les cadres sup’ ? Regarder Drucker ? Ils ne vont tout de même pas retourner au golf le dimanche, ils y vont déjà le samedi pour échapper aux courses à l’hypermarché. Carrefour, Leclerc et autres, ils n’aiment guère mais la grande surface de bricolage c’est différent. C’est leur domaine, leur jardin secret avec des ateliers d’initiation, des catalogues, des démonstrations. Et tous ces auto-entrepreneurs qui retapaient l’appartement de leur voisine, ils vont se fournir où si le Bricorama du coin est fermé ? On comprend que le gouvernement veuille surveiller de près ces auto-entrepreneurs du dimanche. En leur fermant Leroy-Merlin ou Casto’, il les empêche de travailler. Bien joué ! Plus efficace que de supprimer les franchises fiscales.

Un archaïsme à réveiller l'Inquisition

En attendant, tout ce petit monde ne va quand même pas passer son dimanche à la messe. D’ailleurs le dimanche, les églises ne sont toutes pas ouvertes l’après-midi. Cette histoire d’horaires d’ouverture des magasins est d’un archaïsme à réveiller l’inquisition. On doit être le dernier pays au monde à prendre des décisions aussi absurdes et aussi préjudiciables à l’ensemble de l’économie. Le comble c’est que certains viennent nous raconter aujourd’hui que l’ouverture des commerces le dimanche ne créer pas de valeur donc pas d’activité, pas d’emplois, pas de croissance… D’ailleurs à les écouter, les entreprises qui s’y prêtent ne le font que pour embêter les syndicalistes. Bien sûr !
Le dernier épisode est né d’une plainte déposée par Bricorama qui s’était vu interdire de faire du commerce le dimanche et qui s’étonnait que ses concurrents puissent rester ouverts. Résultat : comme à l’école, pour ne pas avoir d’histoire, le juge a puni tout le monde. Il a demandé à tout le monde de fermer. Il aurait pu faire l’inverse. Il aurait pu autoriser tout le monde à ouvrir. Ceux qui le voulaient l’auraient fait, les autres non. Ca n’aurait gêné personne. Et bien non tout le monde est puni. Le commerçant qui perd du chiffre d’affaires : Bricorama a perdu 23% l’an dernier et 250 emplois, les salariés qui perdent du pouvoir d’achat quand ça n’est pas leur emploi, les clients qui vont tourner en rond le dimanche faute de percer les murs et de tondre les pelouses. Ne parlons pas du touriste étranger qui va se parfumer l’après-midi puisque la nuit il est désormais interdit de commerce. Au lit, les américains et les qataris ! Sephora is closed !

Le code du travail, l'autre petit livre rouge

Et pourquoi tout cela ? Parce que le code du travail l’impose et que l’intersyndical du commerce exige que le code du travail soit appliqué. Rappelons que l’interdiction de travailler la nuit est très ancienne. Elle date de l’époque où le travail industriel était très pénible, qu’il y avait les trois-huit et qu’il fallait absolument règlementer tout cela. Aujourd’hui c’est évidemment complètement diffèrent. Mais impossible d’adapter le code du travail. Et depuis une semaine on a une administration qui enregistre les décisions sans mot dire et des responsables politiques qui baissent les yeux et n’osent pas commenter. Invraisemblable.
La logique voudrait dans la situation actuelle que tous les commerçants qui veulent ouvrir, la nuit, le jour et le dimanche puisse le faire. Après tout, si Sephora ouvrait le soir c’est qu’il y trouvait intérêt. Si Leroy-Merlin restait ouvert le dimanche, c’est parce qu’il avait des clients. Les entreprises qui travaillent contre leurs propres intérêts pour s’opposer à l’archaïsme syndical sont assez peu nombreuses. Il y a des tordus parmi les chefs d’entreprises, mais en général ils ne tiennent pas longtemps. Dans cette affaire, le gouvernement aurait indiqué à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de modifier la loi. La messe du dimanche est dite. Quant aux soirées, il faudra rester chez soi regarder la télé ou alors faire ses courses sur internet. Amazon, e-Bay, C-discount n’en peuvent plus cette semaine. Ils adorent le gouvernement francais. Non seulement ce gouvernement n’a pas encore trouvé le moyen de fiscaliser leur activité mais voila qu’il fait fermer les enseignes franco-française pour leur envoyer les clients ! Ce pays est quand même formidable.

Jacques Sapir : Grèce vers un coup d’État ?

Jacques Sapir : Grèce vers un coup d’État ?

Le mystère de la plus grande éruption volcanique du dernier millénaire est résolu


C'était un défi lancé aux volcanologues, le mystère de l'éruption manquante. Au cours des trois dernières décennies, les carottages dans les calottes polaires du Groenland ou de l'Antarctique ont ouvert à ces chercheurs une fenêtre sur le volcanisme passé. Au fil des siècles et des millénaires, les régions polaires ont en effet patiemment tenu l'inventaire des aérosols projetés dans l'atmosphère par les volcans puis retombés sur les glaces qui les ont emprisonnés. Dans ce grand registre blanc, une datation revenait sans cesse, 1258-1259, accompagnée d'un dépôt de sulfates hors norme, signe qu'une colossale éruption avait eu lieu un ou deux ans auparavant. Les spécialistes estimaient qu'elle était respectivement huit et deux fois plus importante que les éruptions, déjà énormes, de deux volcans indonésiens, le Krakatoa en 1883 et le Tambora en 1815. Toute l'énigme résidait dans le fait que personne ne savait quel volcan avait bien pu produire pareil cataclysme. Aucun des candidats potentiels, El Chichón au Mexique, le Quilotoa en Equateur ou l'Okataina en Nouvelle-Zélande, ne correspondait à ses caractéristiques.

Pourtant, l'événement n'avait pas pu passer inaperçu. Ses retombées sont très présentes dans les chroniques médiévales européennes, qui ont noté que 1258 fut une année sans été (en raison de la présence des aérosols dans l'atmosphère). Voici par exemple ce qu'en dit le frère Richer, un moine bénédictin qui vivait à Senones, dans les Vosges (je me suis permis, pour une meilleure compréhension, de restituer une orthographe un peu plus moderne à cette vieille traduction du texte latin) : "Que dirai-je des fruits de cette année, vu que l'indisposition du temps était si grande qu'à peine l'ardeur du soleil pouvait rayonner sur la terre (...). Car au long de cet été les nues et brouillards pluvieux furent si fréquents qu'on l'eût plutôt estimé être un automne qu'un été. En premier lieu, le foin ne put être séché à cause des pluies incessamment tombées de l'air ; la moisson semblablement fut si abattue de pluies et d'humidité qu'elle fut retardée jusques en septembre. En sorte que dedans les épis, les grains germaient et qui pis est, comme la plus grande partie des grains fut mise aux greniers, elle se putréfia."
Le bénédictin poursuit ainsi : "Mais que pourrais-je dire de la vendange odieuse de ceste année, vu que personne n'en put tirer aucun profit ou émolument, et que telle chose ne se trouve par écrit être jamais advenue ? Quelle chose pourrait être plus misérable à dire, sinon qu'en tout cet été ne se put jamais trouver un seul grain de raisin propre à manger, même aux alentours de la Saint Rémi (1er octobre, NDLR), auquel temps naturellement mûrit le fruit de la vigne. Les raisins étaient si durs qu'il semblait qu'ils eussent imité la dureté des cailloux. (...) Encore n'ai-je assez exprimé l'infertilité de cette année ; car, pour dire brièvement, les herbes qu'on avait semées aux jardins ne crurent point. Les pommes et poires ne furent formées à leur grosseur accoutumée et n'avaient pas le même goût que les autres années. Ainsi cet an misérable, tant qu'il eut son cours, fut destitué de tous bons fruits." Si frère Richer n'évoque pas de famine, on a récemment découvert qu'une bonne partie des squelettes retrouvés dans un ossuaire londonien dataient... du milieu du XIIIe siècle :un tiers de la population de Londres est morte de faim en 1258 (ceux qui lisent l'anglais et voudraient en savoir plus trouveront ici une synthèse des conséquences climatiques et démographiques de l'éruption).
Depuis trois décennies, les volcanologues courent après le responsable et c'est une équipe internationale emmenée par des chercheurs français qui semble bien l'avoir attrapé dans une étude publiée le 30 septembre dans les Proceedings de l'Académie des sciences américaine (PNAS). Ainsi que me l'a expliqué Jean-Christophe Komorowski, professeur à l'Institut de physique du globe de Paris et co-auteur de cette étude, la résolution de l'énigme doit beaucoup à Franck Lavigne, professeur de géographie physique à l’université Paris-1 et spécialiste de l'Indonésie : "Une éruption de cette importance produit, lors de la formation d’une caldeira, de grandes quantités de pierres ponces recherchées à des fins commerciales. La présence de nombreuses carrières sur l’île de Lombok lui avait indiqué une intense exploitation de cette roche. Puis il a recherché des morceaux de bois carbonisé que la datation au carbone 14 a fait remonter au milieu du XIIIe siècle." Il n'en faut pas beaucoup plus pour que cela fasse tilt. Une équipe pluridisciplinaire est montée, qui part sur cette île volcanique dominée par le mont Rinjani. Cet immense et complexe édifice comprend, à l'est, le volcan du même nom, ainsi qu'une grande caldeira de 8 km sur 6. Cette structure, issue de l'explosion d'une chambre magmatique souterraine, intéresse les chercheurs. A-t-elle été capable de produire le cataclysme de 1257 ?
Sur place,en plus de la datation des troncs et branches carbonisés, les indices s'accumulent. Des indices physiques puisque les chercheurs ont retrouvé des retombées de ponce (2 m d'épaisseur) et de nuées ardentes (30 m d’épaisseur) à 25 km de la caldeira et ils en ont analysé les strates. De plus, ils ont vérifié que la composition des cendres volcaniques correspondait à ce qui a été retrouvé dans les carottages polaires. Mais l'équipe a aussi mis la main sur un merveilleux indice historique, un texte médiéval  rédigé en vieux javanais sur des feuilles de palmier, leBabad Lombok, lequel relate une éruption phénoménale sur l'île au XIIIe siècle. Le texte relate que le phénomène a duré une semaine. Il évoque des tremblements de terre, des vagues de matériau volcanique dévalant les flancs de la montagne, emportant tout sur leur passage et tuant quantité d'habitants. Surtout, il raconte comment l'actuelle caldeira s'est formée, par l'effondrement d'un volcan nommé Samalas dans le poème.
Mis bout à bout et analysés, tous ces éléments ont permis aux chercheurs de reconstituer les événements. "On avait là, culminant à 4 200 mètres d'altitude, un énorme volcan de 8 à 9 kilomètres de diamètre, avec le Rinjani sur le côté, résume Jean-Christophe Komorowski. Le Samalas avait déjà connu au moins deux éruptions explosives violentes par le passé mais il s'était reconstruit. Dessous, 40 km3 de magma très riche en gaz s'étaient accumulés dans la chambre magmatique." La pression est telle que ladite chambre finit par exploser. C'est un peu l'histoire du Vésuve et de Pompéi qui se rejoue mais en nettement plus puissant. Une quantité tellement importante de matériel est expulsée que l'édifice s'effondre en quelques heures, formant la caldeira. "Il s'agit d'une des plus grosses éruptions volcaniques des derniers 7 000 ans, ajoute Jean-Christophe Komorowski. Nous avons calculé que le panache est monté jusqu'à 43 km d'altitude. On a eu là des avalanches incandescentes de pierre ponce et de gaz, un peu comme la mousse qui déborde d'une casserole de lait bouilli, des nuées ardentes qui se sont répandues sur 25 km, sauf au sud où elles ont été bloquées par d'anciens reliefs volcaniques, ce qui explique que des gens aient survécu. Mais sinon, l'île a été dévastée. Cela a dû être le noir complet pendant des jours, des semaines voire des mois."
Pour l'éruption du Vésuve qui a englouti Pompéi, Herculanum, Oplontis et Stabies en 79, on parle d'éruption plinienne – en hommage à Pline le Jeune qui l'a décrite. Dans le cas du Samalas, on utilise l'expression d'éruption ultraplinienne, compte tenu de sa magnitude bien supérieure. La similitude de l'événement de 1257 avec celui de 79 ne s'arrête pas là. Car sur l'île de Lombok, qui était alors un royaume, il y avait une capitale, Pamatan. Celle-ci a été ensevelie et se trouve quelque part sous les cendres du volcan. La Pompéi d'Asie attend ses découvreurs...

La France et le modèle Allemand ou l'impossible réunification…


Ce qui fait la qualité de la société allemande et sa capacité de changement tiennent à plusieurs caractéristiques :
  • - La structure du tissu industriel et économique de l'Allemagne faite de beaucoup de PME organisées dans des länders
  • - La structure capitalistique de ces PME autour de familles qui gèrent elles-mêmes les entreprises
  • - La qualité des produits et la capacité commerciale, issue d'un dur apprentissage au sortir de la seconde guerre, qui permet aux Allemands de fixer leur prix
  • - Les Allemands détestent le déficit ; ils en ont connu le prix en 1930
  • - La représentativité des syndicats allemands (18.6% des salariés sont syndiqués) leur permettant de s'affirmer comme des négociateurs crédibles par les dirigeants des entreprises et de l'Etat
  • - La qualité du dialogue social rend les accords négociés entre partenaires sociaux transposables dans la loi et acceptés par la population.
  • - L'Allemagne est un pays qui sait se réformer lorsqu'il le doit
    La prof et le cancre...
Il est aujourd'hui admis que c'est grâce à la qualité des accords négociés sous le gouvernement Schröder que l'Allemagne a pu transformer, après des mois de négociations entre partenaires sociaux respectueux, l'organisation de l'assurance chômage, de la retraite et du code du travail. L'Allemagne a peu souffert de la crise économique mondiale et, aujourd'hui, elle envisage de modifier légèrement la structure de cette réforme pour corriger l'appauvrissement de pans entiers de la population.

En France, la structure est radicalement différente tant du point de vue sociologique qu'économique

  • - Le tissu économique français est construit autour de très grands groupes dirigés par des « managers » formés dans les plus grandes écoles. Ces grands groupes imposent leurs règles sur le marché français.
  • - La France sait produire des produits de très haute technologie et des produits de consommation de masse
  • - Le tissu de PME est faible et très fragile du fait de la négociation permanente que les grands groupes leur imposent.
  • - Le pourcentage de syndiqués en France est faible : légèrement supérieur à 7% ; la faiblesse de ce nombre a pour conséquence de rendre les accords difficilement négociables ou admissibles par la population. La qualité deu dialogue entre les partenaires sociaux est de ce fait médiocre
  • - La Loi sur la représentativité des syndicats dans les entreprises a provoqué des conflits et des dissensions entre les syndicats et de ce fait a rendu le dialogue encore plus complexe. Ainsi, l'accord de l'ANI a été signée par des organisations syndicales ne représentant probablement pas la majorité des syndiqués... La question de la légitimité de cet accord s'est posée et se pose encore bien que transposée dans la Loi.
  • - Les dirigeants des entreprises rêvent d'un monde sans syndiqués et ont un grand mépris à l'égard des syndicats.
  • - Le pouvoir centralisé de la France, malgré des tentatives de régionalisation, ne permet pas d'adapter les Lois aux spécificités des territoires et rend difficile la réforme
  • - Le Français n'a pas la culture de la rigueur économique.
Jusqu'à récemment, ces caractéristiques ont malgré tout permis de développer le modèle à la française avec ses avantages et ses inconvénients. La mondialisation et le modèle libéral s'étant imposé partout par ailleurs, ce modèle se doit d'évoluer pour rester adapté au monde. Doit-il le faire en allant vers le modèle allemand ?
La hauteur de marche à franchir tant d'un point de vue social qu'économique entre les deux modèles est immense structurellement. Adopter le modèle Allemand demanderait des années de dur labeur collectif et d'un changement radical de conception de la société et de notre tissu économique, ce que les grands groupes ne verraient pas forcément d'un bon œil....
Et pour que cela puisse fonctionner, la première étape consisterait à encourager les salariés à se syndiquer pour rendre crédible aux yeux de la population le dialogue social entre les partenaires qui gèrent les caisses sociales.

Ce nouveau dialogue pourrait permettre de redéfinir un code du travail plus simple

Au vu de la culture de certains chefs d'entreprises qui ne tolèrent pas la présence d'un seul syndiqué ou de l'image que renvoient certains syndiqués qui ne décident de représenter leurs collègues que pour se protéger, ou bien restent arcboutés sur les acquis des années de prospérité, cela risque de prendre beaucoup de temps de convaincre un plus grand nombre de salariés d'adhérer à des syndicats afin de transformer le dialogue actuel en négociations valables et crédibles.
Les dirigeants actuels des entreprises ont le plus grand mal à considérer avec sérieux une augmentation des syndiqués dans leur entreprise les considérant comme des ennemis de leurs entreprises et non comme des partenaires socio-économiques avec qui discuter et négocier. Cela est le premier problème à résoudre et il se chiffre en années de travail.
D'ici à ce qu'il soit réalisé, la donne aura probablement à nouveau changé et le modèle allemand ne sera peut-être plus le bon élève à suivre.
Non, le modèle allemand est en pratique quasiment inadaptable au modèle français.
Par contre on peut imaginer que la France trouve son propre chemin en tenant compte de ses qualités, de ses atouts et de sa sociologie sans chercher à copier ses voisins. Redéfinir un contrat social, repenser un code du travail simplifié, ouvrir des négociations sur les notions de solidarité entre actifs et générations, voilà qui signerait certainement le retour d'une base sociologique forte qui permettrait le retour de la France dans le giron des pays qui comptent.

L'Etat attaque Bernard Tapie au civil pour "faute"


Nouvelle offensive judiciaire contre Bernard Tapie. L'Etat, le Consortium de réalisation (CDR) et l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR) – deux structures chargées de gérer le passif du Crédit lyonnais – ont assigné l'homme d'affaires, lundi 30 septembre, en responsabilité civile pour faute, contractuelle et délictuelle, devant le tribunal de grande instance de Paris, de même que son avocat Me Maurice Lantourne et l'arbitre Pierre Estoup. Ces trois hommes sont déjà mis en examen dans la procédure pénale pour"escroquerie en bande organisée".

Selon le spécialiste en droit arbitral Thomas Clay, cette action judiciaire signifie que "l'Etat met tout en œuvre pour récupérer l'argent de la sentence arbitrale. En effet, les conditions de reconnaissance de la faute au civil sont plus simples à obtenir qu'au pénal, pour engagerun processus de réparation".
L'Etat ne souhaite laisser aucune échappatoire juridique à M. Tapie, toujours dans le cadre de l'arbitrage ayant accordé, en juillet 2008, 405 millions d'euros à l'homme d'affaires, en conflit depuis de longues années avec le Crédit lyonnais à propos de la vente d'Adidas. L'Etat lui réclame désormais le remboursement de cette somme. Le 26 juillet, deux recours contre cette sentence – un recours en rétractation et une déclaration d'appel-nullité – avaient été déposés par le CDR. Les conseils du CDR s'appuyaient notamment sur les investigations, au pénal, menées par six juges d'instruction, qui ont permis de mettre au jour une longue série d'anomalies ou d'irrégularités dans l'arbitrage Tapie.
"RISIBLE"
Ces recours exploraient les relations avérées entre Pierre Estoup, le rédacteur principal de la sentence, et Me Maurice Lantourne, l'avocat de M. Tapie. Les deux hommes ont entretenu des liens commerciaux dans au moins une dizaine de procédures. Or l'arbitre avait une obligation de "révélation étendue", qu'il ne semble pas avoir respectée.
Le CDR est chapeauté par l'EPFR, une structure dépendant de Bercy. Il avait déjà déposé, le 28 juin, deux premiers recours, en révision et en annulation de la sentence arbitrale. Interrogés par Le Monde, les conseils de M. Tapie, Mes Jean-Georges Betto et Hervé Témime, ont vivement réagi à l'ouverture de ce nouveau front judiciaire: "C'est Bernard Tapie qui a été victime d'une escroquerie portant sur des montants considérables. L'Etat, dont dépendent le CDR et l'EPFR, devrait avoir à cœur d'en élucider le déroulement et d'en identifier les auteurs. Au lieu de cela, il s'est joint au CDR et à l'EPFR pourannoncer bruyamment qu'étaient réclamés à nouveau plus de 400 millions d'euros à Bernard Tapie dans une nouvelle action civile. Leurs demandes cumulées se portent maintenant à 1,6 milliard d'euros. Ce serait risible si ces actions n'étaient pas contradictoires entre elles et ne s'affaiblissaient pas mutuellement."
Pour les conseils de M. Tapie, cette action civile de l'Etat s'accompagne "d'un sursis à statuer jusqu'à ce qu'une décision pénale définitive soit intervenue. Autant dire qu'aucun jugement ne pourra être rendu avant des années. Les manœuvres procédurales du CDR et de l'EPFR risquent de coûter bien plus cher à l'Etat que les 180 millions d'euros revenus en définitive à M. Tapie après l'exécution de la sentence arbitrale".

Roms : cet arbre qui cache si bien l’immense forêt…

Trêve de guerre ! La hache est momentanément sous terre et les querelles suspendues jusqu’à nouvel ordre. Voilà notre pays résolument soudé contre un ennemi commun : les Roms.

Gauche et droite sont maintenant d’accord pour dire que ces derniers posent problème. La seule différence : la droite fustigeait les camps de Roms tout en restant les bras croisés. La gauche les démantèle après avoir insulté ceux qui projetaient de le faire.
Nous voyons ainsi Manuel Valls accuser de stigmatisation Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a déclaré que les Roms harcelaient les Parisiens, pour ajouter ensuite lui-même que seule une minorité de cette communauté cherchait à s’intégrer. Dénoncer un constat que l’on approuve (car il ne faudrait pas, quand même, confondre gauche et droite !) et que l’on appuie finalement avec force, ou comment s’engouffrer dans une brèche avec l’air de ne pas y toucher… Bien joué, Monsieur Valls, bien joué !
Et ce ne sont pas les Français qui désapprouveront les discours de ces derniers jours. 77 % d’entre eux confessent approuver les propos du ministre de l’Intérieur, 93 % jugent que les Roms s’intègrent mal et l’on constate que les électeurs de gauche ont un avis presque aussi sévère que ceux de droite.
Il faut croire que les 20.000 Roms dispersés en France ont réussi à eux seuls l’exploit de fédérer les foules autour de leur cas et déchaîner contre eux-mêmes l’hostilité la plus farouche et la plus unanime alors que les gens ne parviennent plus à s’entendre au sein de leur propre parti. Mais tout ce vacarme pour 20.000 âmes, quand notre beau pays regorge de cas préoccupants et que l’insécurité la plus consternante y fleurit en toutes saisons… Ne se moque-t-on pas un peu du monde ?
L’on nous présente les Roms comme une caste délinquante ou désintégrée, mais n’ont-ils pas, quelque part en France, de sérieux concurrents ? Faut-il rappeler l’existence de Marseille, du Bourget ou de La Courneuve, où l’on ramasse maintenant des carcasses d’hommes comme autrefois celles des voitures ? Il y a bien d’autres communautés qui posent problème en France et dont le « harcèlement » évoqué par NKM dépasse de beaucoup le fait de mendier en haillons ou de faire les poches des touristes.
Mais nous savons bien ce qu’il advient de ceux qui ont encore un peu d’audace pour évoquer ce sujet tabou. Les gens s’offusquent de suite : vous êtes un raciste et le débat est clos. Fort heureusement, les Roms ne viennent pas du Sahel, si bien qu’il est aisé de les critiquer sans se voir accablé de cet anathème.

Ayrault vend sa « Politique familiale » dans “La Croix”

Ayrault vend sa « Politique familiale » dans “La Croix”
Passez muscade. La grogne des familles des classes aisées et moyennes à propos des impôts et rabotages en tous genres qui vont durement frapper leur pouvoir d’achat, ce n’est qu’un refus égoïste de comprendre la vraie, la belle, l’efficace politique familiale de l’Etat-Hollande. Les inquiétudes devant l’enseignement de plus en plus ouvertement agressif de la théorie du genre peuvent aller se rhabiller : Jean-Marc Ayrault – « Il n’est pas question d’introduire je ne sais quelle idéologie à l’école ! » (Elle y est déjà…)
Interviewé par La Croix, servi par des questions complaisantes, le Premier ministre n’est même pas contredit dans « l’analyse » qui accompagne son propos et ne fait que le résumer. A peine a-t-on laissé la parole à Hervé Mariton, qui craint tout juste de voir les questions qui fâchent – genre, PMA, déstructuration de la famille – resurgir dans le débat.
La Croix fournit pourtant en encadré tout ce qui a déjà été fait contre les familles : réduction de prestations selon les revenus, plafonnement plus sévère du quotient familial, suppression de la réduction d’impôts pour frais de scolarité, majoration de retraite aux parents de familles nombreuses soumise à l’impôt. A l’inverse, de nouvelles dépenses favorisent la famille éclatée et la séparation précoce des enfants de leurs familles : scolarisation des enfants dès 2 ans, création de 275 000 places pour « l’accueil » des tout-petits, organisation étatisée des activités « périscolaires », revalorisation des aides aux seules familles en difficulté et spécialement aux mères isolées.
Jean-Marc Ayrault explique d’emblée de quoi il s’agit : sauver le socialisme. Pour éviter que l’assurance privée ne se substitue un jour « à notre système de protection ». Pour éviter que certains ne tentent de remplacer le système des retraites par « les fonds de pension ». « La cellule familiale se porte mieux quand la société se porte mieux », titre obligeamment encore La Croix, citant le propos central du Premier ministre qui sans être faux, met la charrue avant les bœufs de manière on ne peut plus classiquement collectiviste.
Cette « politique familiale juste » n’est pas une politique familiale, même avec ses vestiges de justice que sont les allocations familiales qui n’arrivent pas à sauver de la paupérisation les familles nombreuses de classe moyenne. C’est une politique sociale pensée pour privilégier les familles qui pour une raison ou pour une autre ne fonctionnent pas : absence du père, manque de moyens pour cause de chômage, compensation du fait qu’un seul salaire ne suffit pas, la plupart du temps, à faire vivre une famille. L’Etat prend aux familles l’argent dont elles ont besoin pour subsister – et sa main est de plus en plus lourde – pour redistribuer, assister et au bout du compte asservir.
Ce modèle pervers lui permet de façonner l’image de la famille : « Le gouvernement aime les familles, toutes les familles », martèle le Premier ministre : « Dire que la gauche n’aime pas les familles, c’est faire de la propagande. » Mais la gauche aime les familles monoparentales, les familles homoparentales, les familles recomposées à qui, à la suite de la « droite » et de manière encore plus radicale, elle a donné ce statut de famille. De dysfonctionnements et d’accidents de la vie on a fait des modèles, sans tenir compte du fait qu’en moyenne, les enfants élevés dans le foyer unique, stable et fidèle composé par leurs deux parents s’en sortent mieux sur tous les plans – et la société avec eux.
Inutile de dire que les journalistes de La Croix ne lui opposent ni Rousseau, ni Marx, ni Jules Ferry, ni Jaurès, tous ces théoriciens du retrait des enfants aux pressions des traditions et des cultures familiales dont Vincent Peillon est aujourd’hui le porte-drapeau.
Sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples homosexuelles et sur l’idéologie du genre enseignée aux petits, Ayrault feint de ne rien voir et La Croix gobe le discours. Pourtant la pression du puissant et actif lobby LGBT reste entière.
Quant à faire croire qu’en matière de genre l’école ne s’attaque qu’aux « stéréotypes de genre », cela fait longtemps qu’on nous la fait. « Sil s’agit de faire reculer les stéréotypes, je pense que tout le monde sera d’accord », affirme Ayrault. Mais la lutte contre les « stéréotypes », ce n’est jamais que le gender traduit en actes. Le « mariage » homosexuel en est la manifestation la plus spectaculaire : il faudra bien que les écoles « gratuites pour toutes les familles », comme ose le dire Jean-Marc Ayrault, le présentent comme « normal ». Et la théorie du genre est omniprésente dans les manuels de SVT de première. A quoi s’ajoute la banalisation dès le primaire de toutes les « orientations sexuelles ».
Le lobby aurait tort de se plaindre…