La mauvaise foi des commentateurs, leur refus de regarder les choses positives pour ne retenir que ce qui fait mal. Songez à ce cadeau que tous les médias ont fait à notre pauvre président de la République, la semaine passée, pour l'aider à célébrer la première année de son quinquennat : le rabâchage du seul chiffre qui comptait à leurs yeux, sa déplorable cote de popularité, son désormais fameux 25% d'indice de satisfaction auprès des Français.
Cette façon de présenter les choses tenait déjà de la mauvaise foi la plus éhontée. Pourquoi aucun d'entre eux n'a-t-il eu la décence de remettre ce chiffre à l'endroit ? Avec tout ce que François Hollande se prend dans la figure de tous les côtés depuis un an, être encore soutenu par un quart des Français tient plutôt du miracle ! Qui défend le malheureux ? L'extrême droite le canarde avec hargne.
Sous les coups de boutoir de Mélenchon
L'extrême gauche aussi, mais avec une étrange sentimentalité qui nous avait moins frappé au premier abord. Jean-Luc Mélenchon ne vient-il pas de confesser que son seul rêve serait de devenir Premier ministre ? C'est extraordinaire. Après une année entière passée à traiter le président avec autant de retenue qu'un char soviétique écrasant la Pologne, il lui lance publiquement : "Un mot de toi et j'arrive." Comme on se trompe sur les gens. Là où l'on n'entendait que de la haine battait le dépit d'un cœur amoureux.
L'opposition de droite s'oppose droitement. Cela s'entend, c'est son boulot. Et puis elle fait des propositions qui valent qu'on s'y attarde. J'ai adoré, ce tweet récent de Jean-François Copé, hélas passé inaperçu : "Il faut redonner toute sa place au travail, seul moyen de faire reculer le chômage". Mais bien sûr ! Quelle méthode géniale, applicable à tous les domaines, avec ça !
Victime de la société du spectacle
Pour en finir avec la guerre, sachons redonner sa chance à la paix, pour résoudre enfin le drame de la maladie, songeons à la guérison et, pour redonner le sourire aux Français, n'hésitons pas à faire appel à Jean-François Copé, le Raymond Devos du néogaullisme. Et les socialistes, me direz-vous, ne pourraient-ils jouer leur rôle et défendre la politique du type grâce à qui ils ont été élus ? Bien sûr, ils le pourraient, mais quand ? Ils ont tellement de boulot à se foutre sur la figure qu'ils n'ont pas un moment pour le faire.
Du coup, le pauvre président est obligé de subir ce cauchemar récurrent des sociétés du spectacle, les assauts déprimants de la grosse machine médiatique, avec ses dossiers à charge, ses unes vengeresses et ses inévitables éditoriaux de tous les docteurs Je-sais-tout de la place. Ils seraient infoutus de gérer une crèche mais sont parfaitement capables d'expliquer comment s'y prendre pour relever un pays de 65 millions d'habitants. Ce que je préfère, dans ce genre de papier, c'est son inévitable chute : le grand appel au courage-dont-manquent-tant-les-politiques. Du point de vue de ceux qui les rédigent, notez, je comprends. Jouer au Jean Moulin du deux-feuillets pour en appeler au courage depuis la colonne de son canard n'en demande absolument aucun.
L'espoir
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Le propagandiste |
Et avec tout ça, disais-je, les journalistes si empressés de dénigrer ont raté le seul chiffre qui aurait pu mettre un peu de baume sur les plaies de notre mal-fêté de l'Elysée. Il se trouvait dans "le Parisien" au milieu d'un sondage mesurant la cote de ses prédécesseurs. Le général de Gaulle était au pinacle, cela se conçoit. On en a fait le Messie de la vie politique française. Il est normal que sa cote se trouve à la droite du Père. Pompidou s'en sort bien, sans doute parce que les gens le confondent avec le centre qui porte son nom. Giscard et Mitterrand sont au coude-à-coude, comme toujours. Sarkozy se tient. Au train où va l'affaire Guéant, cela ne saurait durer. Le plus extraordinaire était le score de Chirac, près de 60%. Fantastique non ? Tout le monde reproche à François Hollande sa politique. Jacques Chirac, la charentaise faite président, a réussi ce miracle, en douze ans de pouvoir, de n'en conduire aucune, et tout le monde l'adore. Cela laisse de l'espoir.