TOUT EST DIT

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vendredi 12 février 2010

"Les conditions d’une vraie reprise ne sont pas réunies"

Patrick Artus est directeur des études économiques de Natixis, membre du Cercle des économistes et professeur à l'Ecole polytechnique.

L'Insee annonce une accélération de la croissance à +0, 6% au quatrième trimestre 2009 en France. La crise est-elle finie ?

Je ne le crois pas. Les entreprises continuent de désinvestir, la consommation des ménages profite aux importations et la croissance du dernier trimestre 2009 n'est due qu'à un facteur technique transitoire, le moindre déstockage. La reprise spontanée de l'économie sera beaucoup plus tardive que d'habitude, car nous ne sommes pas dans un enchaînement cyclique normal.
Dans les années 1970 et 1980, les crises étaient liées à l'inflation, qui conduisait les banques centrales à monter les taux d'intérêt. Cela déclenchait une contraction de l'activité, l'inflation diminuait, les taux d'intérêt aussi et l'économie repartait.

Depuis la fin des années 1980 et la quasi-disparition de l'inflation, les cycles sont liés à l'excès d'endettement et à l'explosion de bulles sur les prix des actifs. Quand ceux-ci baissent, les agents économiques, trop endettés, arrêtent de dépenser. C'est ce que les entreprises ont fait en 2000 en cessant d'investir et les ménages en 2007-2008 en épargnant davantage.

Soutenue un temps par une politique économique expansionniste, l'économie repart ensuite toute seule sous l'effet de trois mécanismes décalés dans le temps : le redémarrage du crédit, de l'investissement des entreprises, puis des ménages. Plus tard encore, les revenus salariaux se remettent à augmenter. On n'en est pas là. Les conditions d'une vraie reprise ne sont pas réunies.

Le crédit peut-il repartir ?

La demande de crédit, qui plonge en ce moment, a peu de chances de redémarrer vite. Tout le monde est très endetté et la récession a fait fondre en même temps et le patrimoine immobilier et la richesse financière. Les Etats-Unis ont perdu 35 % de leur richesse et la zone euro, 25%.

Dans une situation où l'on est beaucoup plus pauvre, la tendance naturelle est d'épargner davantage. Je ne crois donc pas à la reprise du crédit avant 2012 au minimum, et pas davantage au redémarrage de l'investissement. Pour que les entreprises aient besoin de réinvestir, leurs capacités d'utilisation doivent renouer avec leur niveau normal, autour de 85%. Or du fait de la récession, elles sont 10 ou 12 points en dessous.

Le seul petit espoir réside dans le fait que l'on ne construit pas assez en France et que les mises en chantier devraient y redémarrer un peu. Mais à l'horizon de deux ans, il manque en France les mécanismes qui, d'ordinaire, fabriquent une reprise.

Qu'en est-il des revenus?

On assiste partout à un très violent freinage des salaires. Avec la remontée des prix de l'énergie, ils reculent en termes réels du fait de politiques salariales très restrictives, les entreprises voulant assurer une remontée rapide de leurs profits. C'est contre-productif.

Peut-on maintenir sans risque des politiques expansionnistes ?

Mettre fin trop tôt aux politiques expansionnistes provoquerait une rechute. En attendant la véritable reprise qui devrait intervenir en 2012, la question qui nous est posée est la suivante: peut-on continuer de creuser les déficits pour soutenir la croissance ?

Politiquement, c'est compliqué en raison du conservatisme des gouvernements et des banques centrales. Techniquement, rien ne s'y oppose. Dans un environnement où l'épargne monte, où le crédit ne repart pas et où les taux d'intérêt sont bas, les intermédiaires financiers n'ont qu'une solution: financer les Etats.

Dans une situation mondiale globale d'excès d'épargne, quand le secteur privé ne s'endette plus, le secteur public peut s'endetter davantage. Les mouvements sur la Grèce, dont les finances publiques sont en moins mauvais état que celles du Royaume-Uni, sont uniquement spéculatifs. Le vrai problème économique de la zone euro, c'est l'Espagne, condamnée, si on ne l'aide pas, à cinq années de croissance zéro et à un chômage de plus de 20%.

Ramener le déficit public à 3 % du PIB en 2013 est-ce possible ?

C'est un objectif totalement déraisonnable. Dans un contexte de chômage massif – autour de 11% en France selon nos prévisions –, on aurait intérêt à afficher une politique budgétaire crédible avec un horizon temporel raisonnable, donc ni 2012 ni 2013. Les Européens viennent de déchirer le traité de Maastricht. Ils seraient bien avisés de se doter d'une discipline et de règles intelligentes du type de celles que le FMI met en œuvre.
Propos recueillis par Claire Guélaud

Vous vous êtes déjà sûrement interrogé : "Mais qui est ce Damoclès ?", "Quelle insanité a-t-il bien pu accomplir avec cette épée ?"

Cette expression proverbiale tire son origine d’une légende antique. Bien que très ancienne, elle aurait été employée pour la première fois au début du XIXe siècle. Pour la locution française "voir une épée de Damoclès au-dessus de la tête", il existe un équivalent en grec identique : "εχω μια δαμόκλιο σπάθη πάνω από το κεφάλι " (eho mia damoklio spathi pano apo to kefali). Cette expression revêt le même sens dans les deux langues. Elle signifie qu’un danger peut à tout moment s’abattre sur nous, que le péril est imminent et constant, ou qu’un danger connu au préalable et imprévisible nous menace. Aujourd’hui c’est au sens abstrait que nous utilisons cette expression, mais l’épée de la légende antique était bien réelle…

Damoclès et l’irritation du roi
La légende de Damoclès tire son origine des écrits de Cicéron (Tusculanes, V, 61 sqq.) et d’Horace. Au Ve siècle avant J.-C., Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, vivait dans l’inquiétude. Il s’entourait de nombreux gardes pour le protéger et de courtisans pour le flatter et le rassurer. Parmi eux, Damoclès, roi des orfèvres. Au cours d'un banquet organisé par le tyran, et alors que Damoclès lui disait ô combien il lui enviait son pouvoir et sa richesse, Denys, agacé par tant de simplisme, tenta de lui expliquer que la vie d'un tyran n'était pas toujours rose et qu’il était toujours sous le coup de dangers imminents et imprévisibles. Il faut bien reconnaître qu'entre les conspirateurs tapis dans l’ombre, les tentatives d’empoisonnement et les ennemis prêts à l’assaillir séance tenante, ce n’était pas vraiment facile. Damoclès, qui n’en croyait pas un mot, finit par agacer le roi. Ni une ni deux, il décida d’illustrer son propos…

L’épée et le crin de cheval
Il installa Damoclès sur son trône, prit son épée, et à l’aide d’un unique crin de cheval l’attacha au-dessus de la tête de Damoclès. Le faste et la puissance d’un roi s’accompagne indubitablement d’un risque de mort pouvant frapper à tout moment et d’une nécessité de rester vigilent inlassablement. Dans d’autres versions, l’épée est parfois maintenue par un cheveu ou plane tout simplement dans les airs. D’où l’idée de danger qui plane sur nous. La vie de Damoclès ne tenait plus qu’à un crin et c’est dans une crainte sans nom qu’il assista à la suite du banquet royal.
Hind Boughedaoui

Bill Clinton hospitalisé pour un problème cardiaque


ETATS-UNIS - L'ancien président américain va bien et a le moral...
Dernière information, 3h30: Bill Clinton ne présente «aucun dommage cardiaque».

Les médecins sont intervenus à temps. Son cardiologue, le Dr. Allan Schwartz, a indiqué dans la soirée que Bill Clinton ne présentait «pas de signe de crise cardiaque ni aucun dommage cardiaque» et que son intervention s'était déroulée «sans aucun problème». Il a ajouté que son pronostic était «excellent» et que Bill Clinton, qui devrait quitter l'hôpital dès vendredi, pourrait reprendre ses activités dès lundi.

Bill Clinton, 63 ans, a été admis à l'hôpital presbytérien de l'Université Columbia «après avoir ressenti des douleurs à la poitrine», indique son conseiller Douglas Band. «Après consultation de son cardiologue, il a subi une angioplastie dans une artère coronarienne», avec la pose deux stents.

Sur MSNBC dans la soirée, un cardiologue a expliqué qu'il s'agissait d'une procédure «très courante». Le patient se trouve sous anesthésie locale alors que le chirurgien introduit un cathéter par l'artère fémorale, avant de le pousser jusqu'au coeur, dans l'artère coronarienne. Une petit ballon est alors gonflé pour élargir cette dernière. Une tube grillagé est laissé en soutien afin de permettre au sang de circuler librement.

>> Angioplastie, stents, infarctus: pour comprendre, c'est par ici

«Le président Clinton a le moral et continuera à se concentrer sur le travail de sa fondation et des opérations de secours pour les victimes du séisme en Haïti», ajoute son conseiller.

Suite de son quadruple pontage coronarien de 2004

Hillary Clinton a été vue quittant le bureau ovale, et n'avait pas, selon des témoins, «l'air particulièrement inquiète ni pressée», d'après ABC. Elle s'est rendue au chevet de son mari et a repoussé de vendredi à samedi son départ pour le Qatar et l'Arabie saoudite.

L'ancien président américain est revenu de son voyage en Haïti avec un rhume. L'intervention de jeudi est une conséquence du quadruple pontage coronarien qu'il avait subi en 2004. Il ne s'agit pas forcément d'un relâchement de son régime ou d'un surmenage. Selon les médecins, le placement de stents dans les années qui suivent est «courant» et permet au patient de poursuivre «une activité normale» .
Philippe Berry avec agence

Dieu est multilingue, par Yves Montenay

Le point de vue "Dieu parle-t-il toujours français ?" mélange habilement une évidence (il est bon de maîtriser l'anglais) et une vision du monde qui est plus discutable.

Je passe rapidement sur l'évidence : l'enseignement de l'anglais en France est imparfait et de nombreuses pistes sont à suivre, dont éventuellement celles signalées dans l'article.
Mais cette évidence ne doit pas en masquer une plus générale : dans le monde moderne, il faut avoir la meilleure qualification possible, par exemple en informatique. Et cela d'abord professionnellement, mais assez souvent aussi pour les loisirs.

Pourquoi citer l'informatique et non l'anglais ? Pour montrer que la connaissance de cette langue n'est qu'un élément parmi d'autres. Certes il est bon d'être qualifié tous azimuts, mais en pratique il faut faire des choix. En entreprise par exemple, il est difficile d'exiger à la fois de se perfectionner dans sa propre spécialité et d'y ajouter tout ce qui est "transversal" : des compétences en relations humaines, l'informatique, une bonne culture générale (française, mais aussi des pays avec lesquels on est en contact), des notions de management, l'anglais, et d'autres langues. Bref il faudrait travailler 30 heures par jour.

C'est là qu'apparaît la vision du monde qui sous-tend ce point de vue sur l'anglais. Il donne l'impression que cette langue charpente le monde et qu'il faut s'organiser autour d'elle. Une très bonne maîtrise de l'anglais est indispensable certes, mais pour un nombre assez restreint de Français. L'impression inverse vient de ce que ceux qui s'expriment font partie de ce nombre assez restreint, qui est largement concentré en haut de la pyramide sociale. Le problème est qu'ils imposent leur vision du monde à beaucoup d'autres, déclassant par exemple le bon ingénieur par rapport à un meilleur anglophone. Tout le monde y perd, l'intéressé comme l'entreprise.

Cet ingénieur n'a qu'à acquérir un bon niveau d'anglais dira-t-on. Mais nous sommes ramenés au problème précédent : il n'y a que 24 heures par jour, et le cœur de la compétence de l'entreprise, ce n'est pas l'anglais.

Mais l'international, dira-t-on ? Et la compréhension avec des étrangers de passage dans l'entreprise ? C'est certes important, mais à résoudre concrètement entre les personnes concernées et non en bouleversant l'entreprise. Il y a mille solutions économiques, que j'ai pratiquées en tant que dirigeant d'une entreprise internationale. Il faut commencer par se souvenir que l'on est toujours meilleur dans sa langue maternelle ou de formation, et qu'il ne faut pas se mettre en état d'infériorité dans un débat. Côté étrangers accueillis, il faudrait commencer par se renseigner sur les langues qu'ils maîtrisent. Souvent on ne leur demande même pas s'ils sont francophones ou s'ils comprennent mieux une autre langue que l'anglais ! Prenons les Chinois, avec lesquels les contacts se multiplient : un certain nombre sont francophones (la Chine y veille), tandis qu'un nombre croissant de Français apprend le mandarin. En tout cas le bon commerçant, ou tout autre interface, doit parler la langue la plus efficace dans des circonstances données, quitte à prendre un interprète !

Et par ailleurs il est catastrophique de se lancer, comme certains, dans des politiques linguistiques internes qui torturent la hiérarchie du haut en bas, ouvriers compris, pour des résultats médiocres et surtout une perte d'énergie et un mauvais emploi des compétences. Les syndicats s'en émeuvent à juste titre, tant dans l'intérêt de leurs mandants que dans celui de l'entreprise. Quant aux cadres qui se prêtent à l'anglicisation de leur entreprise là où elle n'est pas indispensable, il commencent à réaliser que si cette anglicisation réussit, ils se feront remplacer par un anglophone de langue maternelle, discrimination qui commence à se répandre. Croyant être modernes ils préparent leur propre déclassement !

Bref, la situation d'aujourd'hui dans la plupart des pays du monde est que l'anglais n'est pas assez répandu ni suffisamment bien maîtrisé pour répondre de manière efficace aux situations complexes. Pour des questions plus courantes, le niveau médiocre assez répandu en France suffit souvent. L'amélioration dans ce domaine peut être prioritaire dans certains cas, mais certainement pas de façon systématique.

La variété des langues et des cultures est un fait, et pour au moins un temps certain. C'est à cette situation qu'il faut s'adapter : Dieu est multilingue, et Google parle plus de 100 langues.

Yves Montenay auteur de "La Langue française face à la mondialisation", édition Les Belles Lettres.

La récession pousse les Etats européens à réformer les retraites

La Grèce et l'Espagne l'annoncent, la France l'envisage, la République tchèque l'a fait, la Finlande voudrait le faire, le Royaume-Uni y pense : la réforme des régimes de retraite est à l'ordre du jour dans plusieurs pays européens, sous la pression de la crise économique.

Bien sûr, le mouvement n'est pas nouveau. Pressés par le vieillissement de leur population, de nombreux pays ont déjà procédé à des aménagements avant la crise de l'automne 2008, augmentant l'âge légal du départ à la retraite, réformant le calcul des pensions ou transférant au privé une part de l'épargne retraite. En Allemagne, en 2006, le premier gouvernement d'Angela Merkel a prévu de porter graduellement l'âge de la retraite de 65 ans à 67 ans entre 2012 et 2029. En Italie, il a été repoussé de 57 ans en 1995 à 65 ans à l'horizon 2013 pour les hommes.
Mais la récession a précipité ce processus de deux façons : elle a affaibli les régimes de retraite, d'une part, et elle en a fait un levier indispensable pour rétablir le crédit financier de certains Etats, d'autre part. A l'heure où les déficits publics se creusent et où la dette grève les perspectives financières des années à venir, les gouvernements se préoccupent de maîtriser un poste qui consomme, selon les pays, entre 5,7 % (comme en Grande-Bretagne) et 14 % (comme en Italie) du produit intérieur brut (PIB). En France, les dépenses publiques au titre des retraites ont représenté 12,4 % du PIB en 2005, selon l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

La crise a d'abord mis en lumière les fragilités des régimes privés. "Pour les régimes privés, explique Martine Durand, directrice adjointe à l'OCDE, la crise financière a joué immédiatement", la chute des Bourses abaissant notablement la valeur des investissements des fonds de pension. En Islande, où le système de retraites est fondé sur la capitalisation, y compris dans la fonction publique, l'effondrement de la Bourse a durement frappé les cotisants.

Certains pays en ont tiré des conclusions radicales. La Slovaquie, qui avait favorisé l'adhésion des cotisants à des régimes privés, a ouvert la possibilité de revenir dans le giron du régime public.

Puis la hausse du chômage et la baisse des rentrées des cotisations ont accru la pression sur les régimes publics. Dans les pays où ceux-ci sont dominants, la difficulté de la réforme tient au fait que si son impact sur les finances publiques est différé (repousser l'âgé légal de la retraite n'aura d'effet bénéfique sur la réduction des déficits qu'à terme), les inconvénients politiques, eux, sont immédiats.

Pourtant, elle est un des leviers essentiels pour lutter contre l'endettement. "La réforme est urgente, mais elle est pour l'avenir", résume Martine Durand. Le gouvernement finlandais s'est heurté à cette difficulté : il a tenté, début 2009, de relever l'âge légal de la retraite, mais il a dû reculer devant une forte opposition.

En Espagne, le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, placé dos au mur par la défiance des marchés, mesure la difficulté politique du dossier. Le 29 janvier, il a fait valoir la pyramide des âges très défavorable du pays, qui ne garantit la pérennité du système actuel des pensions que jusqu'en 2023. La proposition du gouvernement inclut un recul de 65 ans à 67 ans de l'âge légal de la retraite, une mesure à laquelle 84 % des Espagnols sont opposés. Les syndicats la rejettent ; ils ont convoqué des manifestations contre le projet pour la fin du mois. Un autre volet de la réforme prévoit de porter de 15 à 25 le nombre d'années prises en compte pour fixer le montant des prestations, ce qui entraînerait une baisse du niveau des retraites. La mesure a provoqué une division au sein du gouvernement et du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

Le gouvernement tchèque a lui aussi agi. A partir du 1er janvier, l'âge de la retraite augmentera progressivement pour atteindre 65 ans en 2028 pour les hommes et les femmes sans enfants (entre 62 ans et 65 ans pour les mères de famille). D'autres modifications sont envisagées.

Au Royaume-Uni, les fonctionnaires continuent à profiter de retraites très avantageuses (généralement les deux tiers du salaire), tandis que les salariés du privé doivent se contenter de la pension forfaitaire de l'Etat, d'un montant de 560 livres (638 euros) par mois, à compter de 65 ans pour les hommes et de 60 ans pour les femmes. S'y s'ajoutent, dans moins de 40 % des cas, des fonds de pension d'entreprise, dont les revenus ont été mis à mal par la chute des Bourses.

Avec les élections législatives du printemps, le Labour et les conservateurs ont annoncé vouloir réduire l'écart entre le public et le privé. Le premier ministre travailliste, Gordon Brown, compte geler les retraites du public. David Cameron, le leader des tories, veut les plafonner à 50 000 livres par an. Aucun des deux ne prévoit d'augmenter la pension que verse l'Etat. Les conservateurs comptent même repousser l'âge auquel les Britanniques peuvent la toucher.
Cécile Chambraud (avec nos correspondants en Europe)

Retraites : "il faudra cotiser plus longtemps", selon Hollande

Invité à débattre avec Xavier Bertrand sur le plateau de l'émission "A vous de juger", jeudi sur France 2, François Hollande, ex-patron du PS, a admis qu'il faudrait "cotiser plus longtemps" pour financer les retraites.
Alors que le secrétaire général de l'UMP tentait de le pousser dans ses derniers retranchements en estimant qu'il fallait dire "clairement" qu'on allait "travailler plus longtemps", le député socialiste de Corrèze a rétorqué : "Oui, il va falloir allonger la durée de cotisation en fonction de ce qu'on sait de l'espérance de vie. L'espérance de vie s'allonge, il faut allonger la durée de cotisation".

Malgré les explications de M. Hollande, M. Bertrand a estimé que "les socialistes ne sont pas au clair sur cette question". S'en est suivi un dialogue vif, les deux hommes tentant de pousser l'autre à citer un âge. Hollande : "Si vous avez été attentif, j'ai dit qu'il fallait allonger la durée de cotisation en fonction de l'espérance de vie et donc de l'allongement de la période de retraite". Bertrand : "Ca veut dire travailler plus longtemps que les âges d'aujourd'hui, M. Hollande ?". Hollande: "Puis-je être plus clair ? Si nous vivons plus longtemps en retraite, nous devons cotiser plus longtemps". Et de lancer le bouchon au député de l'Aisne : "Est-ce que la proposition de l'UMP est de passer l'âge légal de la retraite de 60 ans à 62 ans ?". "Il faudra travailler plus longtemps", répond M. Bertrand.

M. Hollande a prôné un "temps du débat" sur "l'allongement de la durée de cotisation, l'emploi des seniors, la pénibilité", les recettes supplémentaires à trouver. "Si on doit être consultés, nous viendrons lors de ce rendez-vous des retraites", a-t-il dit. Martine Aubry, qui a succédé à M. Hollande à la tête du PS, avait suscité l'étonnement à sa gauche en évoquant un départ à la retraite "vers 61 ans ou 62 ans", avant de clarifier sa position sur ce dossier majeur de 2010, s'affirmant à la fois attachée à l'âge légal et ouverte au débat.

L'euro en baisse malgré la promesse de l'UE d'aider la Grèce

L'euro continuait de baisser face au dollar jeudi, malgré la promesse faite plus tôt dans la journée par les dirigeants européens d'aider la Grèce. Le marché des changes a visiblement adopté une posture prudente dans l'attente de détails concrets sur l'engagement de Bruxelles à aider l'Etat grec, surendetté, à rembourser ses emprunts. Vers 20 heures, l'euro valait 1,3679 dollar, contre 1,3732 mercredi.
Les places financières sont elles aussi restées quelque peu sur leur faim. Car si les pays européens se sont mis d'accord sur les instruments à utiliser pour aider financièrement la Grèce en cas de besoin, ils n'ont encore livré aucun plan d'action précis.

Les Bourses européennes ont d'abord accueilli avec soulagement l'annonce, avant de perdre de nouveau du terrain, mais sans véritablement chuter. Paris a baissé de 0,52 %, et le DAX de Francfort de 0,59 %. Londres, en revanche, a gagné 0,57 %.

Le marché des obligations grecques a été soulagé par l'accord trouvé à Bruxelles pour sauver la Grèce, une annonce qui était déjà largement anticipée par le marché. A 18 heures, le rendement de l'obligation grecque à dix ans s'établissait à 5,912 %, contre 6,004 % la veille à la même heure.

L'euro, en baisse depuis plusieurs jours, est resté très volatil. Il s'échangeait à 1,3647 dollar vers 18 heures, après avoir atteint un plus bas de la journée à 1,3596 une heure plus tôt.

Couples : l’homme est le plus fragile

Pierre Costa, sexologue au CHU de Nîmes, publie un essai qui va à l’encontre des idées reçues

Il y a quinze jours, il a eu les honneurs du magazine Elle. Cette semaine, France 5 et TF1. Coup d’essai, coup de maître : en consacrant son premier livre à la fragilité masculine, Pierre Costa, patron du service d’urologie-andrologie du CHU de Nîmes, explore un sujet tabou. « C’est la première fois qu’on traite du problème. » Il y avait urgence, car si « 5 % des hommes de 40 ans ont des problèmes d’érection », ils sont « 20 % à 30 % entre 50 ans et 70 ans », et « 50 % après 70 ans ». Quant à l’éjaculation précoce, elle touche 25 % des hommes.

« Contrairement à ce que tout le monde pense, en matière de sexualité, le plus fort,
le mieux armé par la nature est… la femme », écrit Pierre Costa, qui parle de malentendu en préambule : « L’homme d’aujourd’hui, comme celui d’hier, est élevé dans l’idée qu’il doit être fort et doit toujours l’être ». Condamné à la performance, il perdra vite pied s’il n’y arrive pas.
L’ouvrage qui sort cette semaine, est le fruit d’années de consultations à l’hôpital. Il se lit comme un roman. On y suit Maxime et Valérie, hantés par le souvenir d’un enfant perdu, un grand malentendu ; Denis et Diane, qui s’étouffent à force de ne pas laisser d’espace dans leur couple ; Gilles le commercial Dom Juan et la sage Lucie, trop différents pour entretenir le désir ; Serge et Inès, pourtant si complices… alors ?

Chaque histoire commence par une même angoisse : « Docteur, ma femme me quitte ». Une phrase entendue dans les consultations du professeur Costa. « Tout est quasiment vrai, j’ai fait des adaptations pour ne pas trahir le secret médical », indique le sexologue qui a répondu à une sollicitation de l’éditrice Anne Carrière.

Le constat est simple : « Je suis en permanence confronté à des hommes qui souffrent de fragilité et qui ne guérissent pas tant qu’ils refusent cette fragilité ». Or l’accepter est la seule possibilité de régler le problème, plus que le Viagra ou de la chirurgie : « Je me suis rendu compte que si cette fragilité n’était pas expliquée, un traitement ne suffisait pas. Il faut que l’homme comprenne ce qui se passe ». Au risque de « se recroqueviller sur lui-même » et de « maltraiter son entourage » ce qui « renforcera son anxiété ». Et c’est de ces réactions en cascade que survient le risque de rupture : « Une femme ne quitte pas un homme parce qu’il a quelques pannes sexuelles », rassure le Nîmois. Mais la société actuelle, « qui privilégie la performance », favorise ces accidents. « Et la place des femmes change, on vit dans un monde qui donne les mêmes chances aux filles qu’aux garçons, ce qui accentue la fragilité masculine », martèle Pierre Costa. Il ne désespère pas de faire changer les choses : « On est prêt à entendre ce discours ». Reste à le transmettre : « On a progressé dans la répartition des tâches hommes / femmes. Côté sexualité, l’éducation n’a pas changé. Il faut expliquer aux jeunes garçons que le corps n’est pas une machine ».

Et que s’il n’y a pas de surhomme, il n’y a pas plus de superwoman. « Longtemps, la femme a été fragile parce qu’elle avait des enfants. Avec les progrès de l’obstétrique, ce n’est plus le cas. Désormais, la fragilité des femmes, c’est leur apparence physique. Et vous aussi, si vous n’êtes pas dans le lâcher-prise, vous n’aurez pas une sexualité épanouie… »

Sophie GUIRAUD
"Couple : le plus fragile des deux n’est pas elle", éd. Anne Carrière, 18 €. Et aussi "Sexualité, guide à l’usage des femmes et des hommes", Bash, 15 €.