TOUT EST DIT

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jeudi 19 avril 2012

Présidentielle : Jacques Chirac donne sa voix à Bernadette

L'ex-président, qui avait laissé entendre qu'il voterait pour François Hollande, ne se déplacera pas pour le premier tour de la présidentielle dimanche.
Bernadette Chirac, soutien déclaré du président-candidat Nicolas Sarkozy, votera dimanche à Sarran (Corrèze) au nom de son mari, l'ancien président de la République Jacques Chirac, a indiqué jeudi le maire de la ville, en pleine polémique sur des rumeurs insinuant que Jacques Chirac votera pour le candidat socialiste. "J'ai reçu une procuration en ce sens", a brièvement commenté Michel Poincheval.

Jacques Chirac, a-t-on indiqué jeudi dans son entourage, se trouve actuellement à Taroudant au Maroc, où il a l'habitude de résider à l'hôtel de La Gazelle d'or. En juin dernier, lors d'une visite du musée de Sarran à laquelle assistait le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande en tant que président du conseil général de Corrèze, l'ancien président de la République UMP avait multiplié les marques d'affection à l'égard de celui-ci, allant jusqu'à déclarer qu'il voterait pour lui aux prochaines élections présidentielles.
Le lendemain, son entourage avait évoqué un trait "d'humour corrézien" pour expliquer cette phrase de l'ancien président, qui est apparu diminué récemment. Mais ces derniers jours, d'autres proches de Jacques Chirac ont fait savoir que celui-ci persévérait dans sa volonté de voter pour M. Hollande. Nicolas Sarkozy lui-même a jugé "triste" mardi qu'on essaie de "faire parler", voire "d'instrumentaliser" son prédécesseur à l'Élysée.
IL A DÉJÀ LE REGARD VIDE D'UN MORT !!!!

Piqure de rappel

Petite piqûre de rappel espagnol afin de rafraîchir la mémoire à ceux et celles qui ont l’intention de voter à gauche. Résumons:
En 1995, le taux de chômage en Espagne était le plus élevé des pays occidentaux membres de l’OCDE : 22,4% : presque un actif espagnol sur quatre. C’était sous le gouvernement du socialiste Felipe GONZALEZ.
La droite reprend le pouvoir en 1996 jusqu’en 2004 avec José AZNAR . Le chômage passe  de 22,4% au début de son premier mandat à 10% à la fin de son second et dernier mandat.
Alors que Aznar est sûr de repasser en 2004 vu son bilan positif, quelques jours avant les élections,  les attentats du 11 mars 2004 bouleversent la donne suite à  une grave erreur de com d’Aznar accusant l’ETA .

Suite a cette bourde, et à une stratégie d’Al Quaida qui a échappé à tous les observateurs ,  une démocratie bascule pour la première fois au monde. ( à noter qu’en France , Mohamed Merah a perpétué au nom d’Al Qaida , son premier meurtre un 11 mars, également en période électorale, chose que là aussi personne n’a souligné . )
Le socialiste Zapatero remporte finalement l’élection alors que tous les pronostics le donnaient perdant.
La suite donc, c’est entre autre une régularisation massive de sans papiers, créant les mois et les années qui suivent un gigantesque appel d’air d’immigrants qui souhaitent rejoindre l’Europe….
Face à cette déferlante immigrante, et à l’impopularité des régularisations massives, le gouvernement Zapatero, complètement dépassé, a le culot de demander de l’aide des autres pays européens membres de l’espace.
La suite on la connait, les espagnols gangrenés à nouveau par un chômage à plus de 20% voterons un peu tard  à nouveau pour un homme de droite, le conservateur Mariano Rajoy.
L’Espagne aujourd’hui au bord du gouffre risque d’embarquer avec elle notre pays et ses créanciers dans les mois qui viennent.
Je vous laisse méditer sur les ambitions de Hollande calquées évidemment sur celles de Zapatero.. A vous donc d’en assumer les conséquences …

Hollande annonce en douce la dépénalisation de la drogue

Les ruses de sioux et les danses du ventre de François Hollande ne trompent plus personne. S’il poursuit sa campagne d’évitement et de « oui mais… », le candidat socialiste a laissé le soin à son Monsieur Sécurité, François Rebsamen, d’annoncer en toute discrétion la « contraventionnalisation » des drogues dites douces. Une dépénalisation qui ne dit pas son nom… à l’image de la méthode Hollande.
Qu’est-ce que la « contraventionnalisation » du cannabis ? Les équipes de campagne de François Hollande ont du bien se creuser la cervelle pour inventer ce néologisme hideux qui recouvre une réalité pas beaucoup plus ragoutante. Un terme choisi chirurgicalement par le candidat socialiste pour draguer l’électorat jeune sans s’aliéner la majorité de la population qui est opposée à la dépénalisation de la drogue.
La « contraventionnalisation » promise par Hollande est une astuce rhétorique (de plus) qui permet de mener les réformes sociétales libertaires qu’affectionnent tant les socialistes (et qui ont pour mérite d’être symboliques et « progressistes » sans coûter un centime) sans avoir à dire la vérité aux Français.
Car si le cannabis est considéré comme une drogue douce par les bobos de la rive gauche parisienne, la majorité des Français, et notamment les nombreux parents dont les enfants sont confrontés à ce fléau, savent que les distinctions entre drogues dures et douces qui font fureur chez les sociologues et les journalistes de Libération, sont fallacieuses et qu’il ne faut rien concéder à la drogue et aux trafiquants.

Le dernier col


La campagne du second tour a commencé avec huit jours d’avance sur le scrutin : le 15 avril, place de la Concorde et sur l’esplanade du château de Vincennes. Ici, la France tricolore de Sarkozy, là, celle, bigarrée, de Hollande. Mais ce ne fut que le prologue ; la vraie campagne va démarrer ce dimanche soir à 20 heures, au vu des résultats.
Quelque soit son score, François Hollande jouera tout en modestie et en rondeur, chemise blanche et cravate bleue, avec les apparences du président de la République qu’il est dans les médias quasi depuis son succès à la primaire socialiste. D’autant plus modeste qu’il est assuré de ses ralliements. Les ralliés vont défiler sur les plateaux de télévision pour annoncer leur choix du second tour. Jean-Luc Mélenchon d’abord, avec sa cravate rouge, qui, tout en jugeant le programme de François Hollande incompatible avec le sien, nous expliquera que la priorité est de battre Sarkozy. Puis Eva Joly, qui a vainement cherché une ouverture entre ce qu’elle appelle la « gauche molle » (Hollande) et la « gauche folle » (Mélenchon) et qui n’aura d’autre but que de sauver des sièges pour les Verts aux législatives : elle choisira la « gauche molle ». Restent Arthaud et Poutou, rescapés du trotskisme canal historique. Eux aussi ont brocardé Hollande, « politicien professionnel » soumis aux « pressions du grand patronat », mais ils prononceront les mots convenus : « se débarrasser » du président actuel, « le dégager ». Il ne manquera que les leaders syndicaux pour ajouter leur voix. Le peuple de gauche sera en marche.
Et du côté de Nicolas Sarkozy ? Ceux qui pouvaient le rallier, les Borloo, Morin, Boutin, Nihous, l’ont fait avant le premier tour en renonçant à leur candidature. Il n’y en aura plus que trois à n’être pas dans le camp de la gauche. Nicolas Dupont-Aignan, qui a qualifié les deux finalistes de « charlatans », aura du mal à appeler à voter pour l’un d’eux (« je ne suis pas propriétaire de mes voix », prévient-il), mais il aura tout de même besoin des voix de l’un des “charlatans” pour sa propre réélection comme député. Marine Le Pen, la candidate qui se veut hors système, aura elle aussi fait campagne contre « les frères siamois de la présidentielle » ; en 2007, son père, qui avait perdu au premier tour 1 million de voix au profit de Sarkozy, avait appelé ses 4 millions d’électeurs restés fidèles à s’abstenir au second – ils filèrent chez Sarkozy quand même. Mais cette fois, quelle sera l’autorité de Marine Le Pen par rapport à celle de son père ?
François Bayrou, enfin, le troisième homme il y a cinq ans, promis à n’être plus que le cinquième ce dimanche… Entre les deux tours de 2007, il avait hésité à rallier Royal, il avait débattu avec elle devant les caméras pour faire durer le suspense et n’avait pas donné de consigne de vote. Peut-il continuer de ne pas choisir ? Lui qui voyait enfin son tour venu sera un homme blessé, imprévisible. Peut-il rester encore à l’écart, après quinze années passées hors du pouvoir, avec l’ambition qui est la sienne ? Philippe Douste-Blazy, qui l’a rejoint, choisira avant lui – mais avec quelle influence ?
Une fois de plus, Nicolas Sarkozy sera seul. Seul en face de François Hollande jusqu’au bout. Le jour de Pâques, il s’était rendu dans la propriété de son épouse, au cap Nègre, pour un moment de détente. Il a eu besoin de se dépenser autrement que de meeting en meeting. Il a pris son vélo. C’est un admirateur de Lance Armstrong, l’Américain sept fois vainqueur du Tour de France, après avoir vaincu à 25 ans le cancer qui promettait d’être irrémédiable. Quand Sarkozy prend son vélo, son coeur bat à 51 pulsations par minute, en plein effort, il peut monter jusqu’à 152. Armstrong avait plus de puissance encore. Sarkozy a décidé de franchir les cols du massif des Maures un par un, du facile au plus dur. Sur les pentes du Babaou, 21 kilomètres : « J’avais cinq caméras de télévision et quinze photographes autour de moi. » Ils accompagnaient la course tout en guettant la panne ou la chute. « Je passais de col en col ; je ne pouvais pas m’arrêter. » Cette course est à l’image du personnage, résistant, obstiné, il ne s’arrêtera pas. Même si c’est dur. Et ce le sera.
Si François Hollande, grâce à la dispersion des voix à droite face à la concentration à gauche, est finalement élu le 6 mai, il faudra s’attendre à une vague socialiste aux élections législatives ; elle emportera les deux tours, les 10 et 17 juin. D’autant que les triangulaires avec le Front national se multiplieront au détriment de la droite. Les Français se réveilleront alors en ayant confié à la gauche tous les pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire, mais aussi les pouvoirs d’influence, comme la droite ne les a jamais eus. Les fameux “État RPR” ou “État UMP” apparaîtront comme une aimable plaisanterie.

La France ou le chaos


Si la campagne présidentielle est si médiocre, n’est-ce pas justement parce qu’elle n’est guère présidentielle ? Un jour, on semble choisir un ministre de l’Intérieur, un autre, un ministre des Finances, quelquefois, un responsable de la prévention routière. Faut-il rappeler que, tous les cinq ans, l’élection présidentielle donne au peuple français l’occasion de déterminer tout autre chose, l’essentiel de lui-même et sa perpétuation comme acteur de l’histoire – sans quoi la politique n’aurait plus d’intérêt et les élections pas davantage.
Le regretté Michel Jobert comparait le président de la République à un sémaphore, repère immobile et solennel indiquant les grandes orientations qui éclairent et ordonnent. De cette fonction, qui est bien celle d’un chef d’État, découle une autre, celle de garder la Constitution, par là de veiller au bon fonctionnement des institutions, autrement dit la sauvegarde du cadre politique, autrement dit la France – en quoi sa fonction est sacrée : sans la sauvegarde de ce cadre, il est illusoire de fixer une politique, quelle qu’elle puisse être ; le contenant est la condition du contenu – lequel ressort d’un autre niveau, ce programme de gouvernement que fixera un mois plus tard une majorité législative.
Il est curieux que, à l’heure où le cadre politique ne va plus guère de soi, où ne sont plus tout à fait certaines les réponses à la question “Y a-t-il une France ? ”, ces conditions premières du politique n’affleurent nulle part dans ce qu’il est convenu d’appeler le “débat”. Or, pardon du truisme, pour mener une politique, encore faut-il qu’il y ait un État, que la nation soit souveraine, qu’elle puisse décider du maintien ou de la disparition de ses frontières, de la restauration, du partage ou de l’abandon de ses moyens d’action politique, à commencer par la légitimité, donc l’autorité des dits “pouvoirs publics”, seule façon d’imposer un bien commun aux féodalités de tous ordres et de mener à l’extérieur une politique étrangère, dotée de ses propres instruments diplomatiques et militaires ; et, en toile de fond, qu’il y ait une civilisation, originale en ce qu’elle est fidèle à ses legs, traditions et valeurs, cette civilisation française sans laquelle l’existence de la nation, donc de l’État, ne se justifie plus, n’est sous-tendue par rien. Le “grand débat sur l’identité”, l’une des rares bonnes initiatives du quinquennat, ayant sombré dans l’insignifiance et le ridicule, le moment était propice pour revenir sur ces fondamentaux, pour reprendre un terme que candidats et partis s’appliquent à eux-mêmes sans songer que les seuls fondamentaux qui importent sont ceux de la France, les leurs propres se situant fort en aval.
De cet essentiel-là, qui se soucie – à part ceux que l’on nomme dédaigneusement “souverainistes” ? La morne campagne s’est perdue dans les détails – presque toujours de nature sociale ou économique, selon la pente d’une époque matérialiste qui veut croire mordicus que toute question politique n’a de solution que par l’argent, singulièrement la dépense publique – réflexe socialiste servi ad nauseam plus de trente ans durant avec l’heureux effet que l’on aperçoit, la banqueroute – et d’abord la paralysie de l’État dans sa graisse. Faut-il redire que, pas davantage que le souci social ne saurait répondre aux problèmes sociaux (quel argent redistribuer ? ), le souci économique ne répond aux problèmes économiques – désindustrialisation, déliquescence de l’agriculture ou de la balance commerciale, etc. La réponse est ailleurs, dans la capacité du politique à concevoir et à mener rationnellement une politique de long terme. Encore peut-on se demander aujourd’hui si le politique contient en lui-même la réponse à son propre délabrement et si tout ne dépend pas in fine de la volonté de ses responsables et du peuple tout entier à constituer une nation, une civilisation et à les aimer assez pour leur vouloir encore un avenir. En somme, de notre capacité, qui est morale et sans doute spirituelle, à vouloir la France – et être ce que nous sommes, tranquillement mais délibérément français.
Etre ou ne pas être français, telle est la question du choix présidentiel – en ce que toutes les autres en découlent. Exemple : a-t-on songé aux énormes économies budgétaires que réaliserait l’État si l’appareil de l’Éducation nationale, dirigeants et professeurs, acceptait sa simple mission, la transmission, singulièrement celle du patrimoine national, avec l’autorité en principe naturelle (auctoritas) qu’induit la mission de transmettre – c’est pourquoi les problèmes éducatifs n’ont pas de réponse budgétaire mais ontologique, l’enseignement de l’anglais dans les petites classes ou la déliquescence de l’enseignement de l’histoire se faisant les grinçants symboles du refus de soi qui mine l’institution… A-t-on songé, dit autrement, à ce que nous coûte le refus de nous assumer comme nation et civilisation, refus larvé de notre appareil d’éducation, qui l’a plongé dans un délire de bavardages, palliatifs, spéculations et expérimentations ?
Mais il y a plus coûteux encore : à la fin des fins, ce à quoi mène le refus ou la haine de soi, c’est bonnement le chaos. Sujet dont l’instant présidentiel aurait pu fournir l’occasion de dire un mot…

Vous avez dit “neutres” ?


De façon encore discrète et polie, mais avec une charge croissante d’ironie, les politiques s’avisent de renvoyer dans leurs cordes des “journalistes” indûment sanctuarisés par la fiction de leur neutralité. Jusqu’alors, seul Le Pen, eu égard à sa diabolisation, osait prendre de front ces agents d’influence déguisés tantôt en “experts”, tantôt en “observateurs” et dont tout Paris connaît les sympathies partisanes.
Plus récemment, Bayrou ouvrit avec d’infinies précautions la boîte de Pandore et Sarkozy, avec de moindres précautions, a fini par lancer quelques Scud dans le sillage de son apostrophe à Joffrin, lors d’une conférence de presse à l’Élysée au début de son quinquennat. Laurent Joffrin, personnalité au demeurant fort estimable, illustre à merveille l’équivoque de ces “journalistes” du sérail parisianiste au service militant d’une idéologie. C’est son droit, mais dans un débat avec un politique, il doit être perçu et traité comme tel, et non “respecté” comme s’il incarnait la Vérité, la Probité, le Savoir, la Raison et autre gros mots armés d’une majuscule. Pujadas, animateur non moins estimable, qui, la semaine dernière, orchestrait une séquence de la campagne télévisuelle avec deux acolytes, n’est pas neutre non plus.
Nul ne l’ignore dans ce “milieu” où une loi non écrite protège quelques mandarins, présume leur “compétence” et impose une approche monochrome des réalités, car depuis la création de Libé, il y a presque un demi-siècle, les journalistes français sont très majoritairement taillés dans le même patron mental. Les temps ont changé, les esprits peu à peu s’affranchissent de certaines crédulités et subodorent certaines opacités. Exit l’immunité des éminences du petit écran, du micro et des bulletins paroissiaux majeurs (l’Obs, le Monde, Télérama, Libé, etc.) : des sondages révèlent avec insistance que l’opinion les suspecte de partialité et de mauvaise foi. Elle les prend pour ce qu’ils sont et se régale quand ils se font moucher. À ce jeu somme toute démocratique, Mélenchon excelle. La trotskiste Arthaud a beau faire tourner mécaniquement son moulin à prières, elle m’a comblé d’aise en remballant jeudi dernier des procureurs pleins de mépris durant le petit quart d’heure qui lui fut consenti par la loi. Qui avait choisi ses interlocuteurs et selon quels critères ? Le téléspectateur est en droit d’exiger la levée des masques, et cette exigence se perçoit de plus en plus clairement chez le citoyen de base, las d’être pris pour un cave. Pour une fois, les moeurs évoluent dans un sens favorable à la libre aération des neurones.
Les politiques sont rarement courageux. Ils ont une peur enfantine des miroirs déformants que leur tend le système médiatique, comme on refile des cacahuètes à des singes pour qu’ils s’adonnent à des singeries. Ils s’exécutent encore, mais commencent à s’apercevoir que le pouvoir de ce système repose surtout sur leur lâcheté et à se dire qu’un miroir, ça se brise si on le caillasse. Dont acte : leur début de révolte, encore que très pusillanime, annonce peut-être la fin du règne en vase clos d’une coterie irresponsable. Le débat public sera plus sain lorsque, dans la sphère audiovisuelle, chaque présentateur, chaque animateur, chaque commentateur sera sommé d’afficher sa couleur, comme le font par exemple Naulleau et Zemmour. Ça n’empêchera pas la gente journalistique d’être de gauche à 80 %, voire à 99 % dans les médias publics et à 101 % à France Culture. Mais au moins l’opinion saura de quel catéchisme procèdent les sermons des uns, les “questions” faussement candides des autres.
En votant dimanche pour Sarkozy, j’aurai en mémoire l’inénarrable vindicte dont  il aura été l’objet, jour après jour, avec une indécence, une incivilité sans commune mesure avec l’exercice légitime de la critique d’un exécutif tout aussi légitime. Rien n’aura manqué, pour l’humilier autant que pour l’abattre, y compris des considérants sournoisement xénophobes et antisémites (il n’est pas « enraciné », etc.). En sorte que son éventuelle défaite ne sera pas une victoire de la gauche, minoritaire dans ce pays, mais de la haine inoculée par des Torquemada de basses eaux avec l’absurde complicité de Marine Le Pen, de Bayrou, de Villepin, de Dupont-Aignan et consorts. Je voterai Sarko par cohérence politique certes, mais aussi par réflexe de solidarité avec un homme seul et vulnérable traqué par une meute sans foi ni loi. 

La gauche et les calamiteuses 35 heures 


Non seulement la gauche a bridé la compétitivité française en instaurant la politique du franc fort puis en faisant entrer le franc dans l’euro à un cours désavantageux pour notre pays, mais les dirigeants socialistes ont pris, en 1997, une décision capitale qui ne pouvait qu’aggraver les effets néfastes de leur  politique monétaire sur la compétitivité : l’instauration des 35 heures.
Représentant une augmentation du coût du travail de 11,4 %, les 35 heures sont une mesure typiquement idéologique, en ce sens que personne ne la demandait ( ce que voulait la classe ouvrière, c’était d’abord de meilleurs salaires ! ) et qu’elle obéissait à un raisonnement de caractère purement philosophique.
Est à l’œuvre derrière cette décision, la philosophie de la "fin du travail" : on pense que, grâce au progrès technique, les hommes travailleront de moins en moins jusqu’à ne plus travailler du tout. Une philosophie qui s’articule avec la théorie de la décroissance chère aux écologistes. Les deux se trouvent aux antipodes des valeurs fondamentales de la classe ouvrière qui tient le travail pour une donnée fondamentale de l’existence.
Illusoire et catastrophique fut également la théorie du "partage du travail", l’idée que si certains travaillaient moins, d’autres auraient plus d’emploi : les plus grands économistes sont depuis longtemps d’accord pour dire que le travail ne se partage pas. Faire travailler moins les uns ne donne pas de travail aux autres, bien au contraire... L’expérience le confirma.
Il est probable que le vrai motif des 35 heures était l’intégration européenne : le choix du franc fort, dans un marché ouvert, contraignait à la modération salariale ; on se dit que faute de pouvoir donner de l’argent aux salariés, on leur donnerait du temps ! Ce que naturellement ils ne demandaient pas.
La dissolution de 1997 avait pris le PS de court. Il élabora en hâte un programme de bric et de broc. Quelqu’un (probablement Dominique Strauss-Kahn) suggéra de passer de 39 à 35 heures. La proposition fut adoptée d’autant plus facilement que la gauche ne s’attendait pas à gagner les élections. Elle les gagna. Jospin était un honnête homme ; il fit ce qu’on ne doit jamais faire : tenir ses promesses quand elles sont mauvaises.
A ces objections, les socialistes répliquaient que, dans l’industrie, les progrès de la productivité compenseraient très vite le coût du passage aux 35 heures. C’était vrai, mais, ce disant, ils perdaient de vue avec une extrême légèreté que plus de 80 % des emplois français ne sont plus des emplois industriels : quels gains de productivité attendre dans les services à la personne, l’enseignement ou l’hôtellerie ? Le résultat ne se fit pas attendre : si l’industrie encaissa assez vite le choc des 35 heures, les hôpitaux et les maisons de retraite s’en trouvèrent désorganisés, obligés de choisir entre une inflation des coûts et un appauvrissement du service. C’est de là que l’on peut dater le début du déclin de notre magnifique système hospitalier.
Comme le PS ne tenait pas non plus à se mettre à dos le patronat, Martine Aubry chargée de mettre en place les 35 heures, après avoir passé quelques années de lucratif pantouflage chez Rhône–Poulenc, lui concéda, en échange, toute une série d’avantages : subventions très coûteuses pour le budget de l’État, flexibilité beaucoup plus grande des horaires de travail et naturellement une modération salariale qui, au bout de quelques années ont compensé, et au-delà, les 11,4 % que représentait le passage aux 35 heures. En bref, les 4 heures gagnées, les salariés les ont payées 10 ou 12 !
Le partage de la plus-value qui se situait en 1980 à environ 80 % pour le travail et 20 % pour le capital n’a cessé de se dégrader depuis lors : le rapport est aujourd’hui d’environ 65 %-35 %. Pour les raisons que nous venons de voir, la période où il s’est le plus dégradé au détriment des salariés est celle du gouvernement Jospin, marxiste de formation comme on sait.
Le caractère désormais imprévisible et irrégulier des horaires d’usine rend le travail plus pénible ; les salariés ne faisant que se croiser, la communauté de travail s’est peu à peu délitée, affaiblissant un peu plus les syndicats : bravo le progrès social à la mode socialiste !
Le seul tort de la droite, revenue au pouvoir en 2002, a été de ne pas revenir sur cette politique calamiteuse. Le lundi de Pentecôte travaillé cher à Jean-Pierre Raffarin, et la défiscalisation des heures supplémentaires, chère à Nicolas Sarkozy, ne furent que des coups d’épingle un peu mesquins dans un dispositif qu’on n’osa pas remettre en cause dans sa globalité (ce qui n’aurait pu se faire naturellement qu’avec une augmentation des salaires). La droite dut même subir les conséquences, à partir de 2002, de l’arrivée de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne, lequel, à la différence de son prédécesseur Wim Duisenberg, misa sur un euro le plus fort possible face au dollar, aggravant ainsi le handicap de compétitivité de la France et les déficits du pays.

Sans le Fouquet's, les lunettes, la Rolex où en serait le PS??

L'avertissement de Sarkozy aux électeurs du FN

Le président-candidat a répété plusieurs fois que le vote Le Pen servirait Hollande.
Dans les derniers mètres avant la ligne d'arrivée, le candidat Sarkozy a choisi de parler aux électeurs tentés par le vote Front national. Mercredi matin, sur BFMTV, Nicolas Sarkozy a expliqué qu'un vote pour Marine Le Pen revenait à «envoyer un coup de pied dans la fourmilière et, a-t-il ajouté, à l'arrivée, on a les socialistes, plus d'impôts, plus de taxes». Dans l'après-midi à Arras, au cœur des terres de la France du non, le président-candidat a multiplié les appels du pied aux électeurs du Front national.

«On va pouvoir s'expliquer»

Choisissant d'improviser - comme il le fait à chaque fois lors de ses déplacements -, il a rappelé ses positions sur l'immigration, la défense d'une Europe des frontières, la lutte contre l'assistanat, le combat pour la laïcité, citant la burqa et les horaires de piscine qui doivent être «les mêmes pour les hommes et les femmes». «Le vote pour Jean-Marie Le Pen a bien servi François Mitterrand pendant deux septennats, et le vote Marine Le Pen servira François Hollande», a-t-il mis en garde. Nicolas Sarkozy le sait, c'est dans ces dernières journées que la cristallisation des votes extrêmes se fait. D'où son appel réitéré, d'estrade en estrade, à la majorité silencieuse.
Cet appel est d'autant plus ardent qu'il se fait sur fond de prédictions des sondages toujours aussi difficiles. Qui a raison? Les sondeurs ou le terrain? Nicolas Sarkozy et ses proches ne cessent de le répéter: ils ne peuvent pas imaginer que la mobilisation qu'ils constatent dans toutes les réunions publiques ne se traduise pas dans les urnes, dimanche prochain. «Je n'avais jamais vu en trente ans une telle mobilisation de notre électorat, un tel ras-le-bol de ce qu'on voudrait leur imposer, de la pensée unique et des prévisions», a expliqué Nicolas Sarkozy mercredi matin sur BFMTV. «Il reste trois jours, attendons tranquillement», a-t-il ajouté, en refusant de commenter des sondages. «Peut-être que François Hollande sera élu président dès le premier tour…», ironise son conseiller Henri Guaino. Certes, le même Guaino, qui fit sa première campagne avec Jacques Chirac en 1988, largement battu par François Mitterrand, se souvient peut-être que le candidat de l'époque faisait, lui aussi, salle comble. «C'était une très mauvaise campagne, et il ne faisait pas un meeting par jour», corrige un conseiller.
Dans ces derniers jours, malgré la fatigue, Nicolas Sarkozy veut donc essayer de renouer avec la dynamique interrompue par le gel des temps de parole, il y a trois semaines. Le dernier rendez-vous télévisé, sur TF1 jeudi soir, sera certainement décisif. «La leçon de ce premier tour, c'est que Nicolas Sarkozy décolle dans les sondages quand il multiplie les grandes émissions télévisées, et qu'il retombe quand on lui coupe la parole», résume l'un de ses très proches conseillers. «C'est une course de haies, mais les haies qu'on me demande de sauter sont plus hautes que les autres», a confié récemment Sarkozy à ses proches. Puisque les règles sont plus drastiques qu'en 2007, le candidat Sarkozy attend en réalité avec impatience le deuxième tour, et le retour à un temps de parole libéré des contraintes du CSA. «Enfin, on va pouvoir s'expliquer», glisse Sarkozy.
En attendant, il n'est pas question de parler d'autre chose que des thèmes du premier tour. L'allusion faite ce mercredi matin, sur BFMTV, à l'annonce possible du premier ministre qu'il pourrait choisir s'il était élu «n'est pas le sujet», rectifie un proche du chef de l'État: «Nicolas Sarkozy a simplement voulu indiquer que tout était ouvert, mais son idée n'est pas d'annoncer un ticket», jure un membre de son entourage.

AVEC HOLLANDE LE CYNISME C'EST MAINTENANT 



François Hollande : le cynisme c'est maintenant par ump

"Non, M. Hollande n'est pas le plus crédible en matière d'économie"

C'est avec modestie mais une immense conviction que je m'élève contre la tribune appelant à voter François Hollande signée par certains universitaires et "experts" économiques (Le Monde du 18 avril) .
C'est au nom du vécu quotidien des entrepreneurs que je réfute et m'inquiète de ce choix. Oui, "il faut mettre un terme à la course absurde contre le moins-disant social" mais qui par définition constitue une course mondiale. A la lecture de cette tribune, on pourrait croire que les plus à même de faire cesser cette course seraient ceux qui multiplient les contraintes pour les entreprises ; ceux qui nous ont imposé les 35 heures sans avoir fait le constat d'un échec, ceux qui multiplient les contraintes et les contrôles aveugles et punitifs ou encore ceux dont les alliés prônent les 32 heures et un smic à 1 700 euros. Si la seule façon de développer la croissance consiste à multiplier les emplois aidés, les emplois publics et les subventions, alors oui : la course s'arrêtera... car la France ne sera plus dans la compétition.
Nous partageons bien sûr l'ambition de "réorienter la construction européenne". Mais la réduction des déficits publics reste le préalable inéluctable, et c'est là que les voies divergent. Les chefs d'entreprise, eux, sont convaincus que le président du conseil italien, Mario Monti, est sur le bon chemin, que les Allemands ont eu raison, que les Britanniques qui ont décidé de faire de leur pays le plus attractif économiquement vont remporter la mise. Un Etat "garant", mais pas un Etat "gérant", c'est le secret de la réussite économique et c'est opposé à l'idéologie de gauche.
Oui, il faut que nos salariés gagnent plus. Oui, il faut que nos administrations soient performantes mais pour cela gérées comme des entreprises. Quel patron n'a pas eu à "sacrifier" des emplois parce qu'il perdait de l'argent ? Qui n'a pas eu à demander des efforts ? Pourquoi l'Etat et les collectivités locales ne devraient-ils pas se plier à cette règle universelle ?
Nicolas Sarkozy n'est pas allé assez loin dans un libéralisme bien compris, pas ce libéralisme caricatural dont lui-même se déclare l'ennemi. Mais c'est le peuple français qui doit accepter de se réformer dans ses structures, sa protection sociale, son système syndical paralysant et politisé, ses universités qui se méfient encore de ce qui émane de l'entreprise.
On ne peut qu'être abasourdi devant l'ignorance du terrain économique sur lequel se jouent les matchs de nos entreprises : salariés et patrons ensemble. Ce plaidoyer qui promeut la formation par exemple mais enterre les rapports qui dénoncent le financement des syndicats au lieu de se consacrer à cette même formation ; ce plaidoyer qui vise à interdire les paradis fiscaux, qui décide de réduire l'évasion fiscale (il n'y aura plus personne à faire évader dans peu de temps), qui parle de compétitivité sans penser un instant que, dans le monde, c'est l'Etat le premier qui se doit d'être compétitif (attractivité fiscale, facilité d'implantation, allégement des procédures, etc.).
Ce plaidoyer est déconnecté de la réalité ; et les mêmes qui veulent booster l'emploi et la compétitivité sont tout à coup saisis d'un doute existentiel : "Voulons-nous toujours plus d'objets de consommation à l'obsolescence accélérée ?" Certes, il faut repenser notre économie, notre civilisation et le bonheur, mais refaire le monde en ces termes ne nous fera pas sortir de la crise. Non, je ne pense pas que François Hollande "réussisse la transition écologique" et "crée une nouvelle civilisation urbaine fondée sur des activités de proximité" !
Il faut aussi arrêter d'opposer monde de la finance et monde de l'entreprise. On ne gagnera rien à creuser davantage ce fossé, les entreprises ont besoin d'un système bancaire innovant et compétitif... L'Etat n'a pas été un bon banquier ! Quant à moi, je souhaite que la France se libère d'une forme d'assistanat régressif. Je souhaite une énergie créatrice, une liberté d'entreprendre, un Etat modeste et garant qui crée les conditions de l'emploi et non l'emploi lui-même.
Je souhaite que le terme "frontière" ne soit pas utilisé comme une cellule d'assistance psychologique et la fausse garantie d'un monde meilleur. Je souhaite que l'enthousiasme et le désir de gagner soient le ciment fédérateur de Français entrepreneurs d'eux-mêmes. Pour sa conscience du nécessaire désendettement, on peut voter François Bayrou. Pour sa force de vie, son appétit de faire réussir la France, son énergie de globe-trotter, il faut appeler à voter Nicolas Sarkozy.

Mais pourquoi cette incroyable fascination des médias pour Jean-Luc Mélenchon ?

Le candidat du Front de gauche, en troisième position dans les sondages, apparaît comme la révélation de cette campagne. Mais est-ce vraiment légitime ?
On aura quelque mal à croire le leader du Front de Gauche, lorsqu’il dénonce – anglicisme détonnant dans son discours francophonissime - le Mélenchon bashing  dont il se dit l’objet, car de tous côtés les « compliments » affluent : « campagne remarquable », « recadrage efficace sur des thèmes porteurs », « percée impressionnante», « la surprise de ces élections »,« un style gaullien » et bien sûr l’inévitable « c’est le meilleur orateur ! ».
Certes, voici des remarques d’apparence purement technique, faites souvent par des observateurs chevronnés de notre vie politique ; mais de tels compliments « formels » n’en posent pas moins, au-delà de l’épineuse et éternelle question de la distinction entre « le fond et la forme », trois questions capitales :
1/ Ne tombe-t-on pas dans l’asymétrie caractéristique du débat droite/gauche, en refusant à Marine le Pen la même grille de lecture, laquelle pourrait bien lui valoir exactement les mêmes « compliments » ?
2/ Ne risque-t-on pas d’en oublier le programme, c’est-à-dire les propositions politiques concrètes du candidat, rassemblées dans le document « l’humain d’abord », quelque 38 pages serrées, tout de même ?
3/ Enfin et surtout : est-on bien sûr que ces compliments, aussi « formels » soient-ils, reposent sur des constats solides ? Ne sont-ils pas davantage l’effet de la tactique même du candidat, et notamment de ses stratagèmes rhétoriques ?

Marine Le Pen / Jean-Luc Mélenchon : deux candidats, deux analyses médiatiques

Marine Le Pen a effectué elle aussi un « recadrage » radical de sa campagne pour revenir aux fondamentaux du Front national. Marine Le Pen, elle aussi, exerce à merveille, sur le fond comme sur la forme, la « fonction tribunicienne » ; Marine Le Pen, davantage que M. Mélenchon, peut se targuer du soutien des ouvriers, si sous-représentés dans l’électorat d’un « Front de gauche », au discours si ouvriériste...  Marine Le Pen, elle aussi, peut envisager un excellent premier tour : il y a de fortes chances qu’elle atteigne, voire dépasse, le score historique de son père en 2002… et l’emporte sur le nouveau « prétendant à la troisième place » - Jean Luc Mélenchon justement - auquel trop de commentaires attribue un peu vite « la médaille de bronze » !
En fait, si l’on prend un peu de recul, Mélenchon aura plutôt absorbé la quasi-totalité des voix d’extrême gauche que fait progresser cette mouvance, toujours –sauf en 2007- située autour de 15% des voix. Ajoutée aux partisans de Marine Le Pen, elle constitue une donnée structurelle de la vie politique française : ce tiers de l’électorat qui, presque constamment, choisit le vote protestataire.

Front de Gauche : demandez le programme !

On plaidera avec vigueur pour que cesse l’attitude consistant à minimiser ou à marginaliser les propositions précises du Front de gauche, sous prétexte qu’il ne s’agirait que d’une « posture politique ». On doit aux électeurs un traitement équitable des uns et des autres, et l’examen précis et comparé de leur programme respectifs, avec toutes leurs implications. Voici donc, dans le texte, les principales propositions du Front de gauche :
« Rétablissement des 35 heures, Droit à la retraite à 60 ans à taux plein, Smic à 1 700 euros brut par mois pour 35 heures, Instauration d’un salaire maximum pour toutes les entreprises, Augmentation immédiate des bourses d’études, élargissement des droits sociaux aux jeunes majeurs, Convocation d’assemblées régionales et nationale pour l’emploi, les qualifications et les salaires, Remboursement à 100 % des dépenses de santé Blocage des loyers, Revenu maximum fixé à 360 000 euros par an. Arrêt de la RGPP. Abrogation de la réforme hospitalière, réintroduction des élections paritaires dans les caisses de gestion de la Sécurité sociale. Mesures immédiates contre la précarité et titularisation des 800 000 précaires de la fonction publique, création d’un pôle public financier, appuyé sur la Caisse des dépôts et consignations, pour financer le logement social…d’un pôle public de la construction pour casser le monopole des majors du BTP et permettre l’abaissement des loyers et des charges...une agence nationale foncière et décentralisée au niveau des régions, dotée de fonds d’intervention importants... un pôle public du médicament avec au moins une entreprise publique qui interviendra sur la recherche, la production et la distribution des médicaments. Les directions des entreprises publiques qui se sont acharnées à introduire la logique privée au détriment de l’intérêt général seront remplacées par des cadres compétents et attachés au service public….Le monopole public sera rétabli là où l’intérêt général le commande. »
Nous n’insisterons pas ici sur l’impact financier d’un tel programme, chiffré par l’Institut de l’entreprise –il est vrai à la solde des « superfriqués du CAC 40» (Jean-Luc Mélenchon, 12/04/2012), à 100 milliards d’euros, pour la seule dépense publique. On relèvera d’abord l’immense entreprise d’appropriation de la richesse nationale par le secteur public, réintroduit en force, comme on le constate, dans toutes les sphères de la vie économique et sociale. Avec, parallèlement, l’abrogation de toutes les mesures d’économie, d’évaluation et de rationalisation de son fonctionnement !
On mesure ici tout le poids des agents des services publics dans la clientèle électorale du Front de gauche. On constatera surtout une inspiration inquiétante pour les libertés : liberté d’entreprendre et droit de propriété, cela va sans dire ; mais aussi indépendance de la justice, promise à la politisation et à la confusion des pouvoirs, sous l’égide d’un « Conseil supérieur de la justice à la place du Conseil supérieur de la magistrature, pour moitié élu par les magistrats, pour moitié nommé par le Parlement. Il sera responsable devant le Parlement. » (p.24.). Quant à la liberté d’expression, on frémit au projet de « Conseil national des médias composé d’élus, de représentants des professionnels et des usagers, chargé de veiller au respect de la responsabilité publique et nationale» (p.34). A-t-on assez relevé et dénoncé ces propositions, dont on imagine l’accueil si elles avaient été avancées par tout autre candidat ?

Jean-Luc Mélenchon est-il vraiment un "génie rhétorique" ?

Ah, le fameux « génie rhétorique » de notre grand tribun aux accents désormais si « gaulliens » !
« Génie rhétorique » ? Il faut tout de même une certaine candeur littéraire pour s’extasier devant des phrases comme celle-ci : « le printemps est pour dans trois jours, et chaque matin qui se lève, la lumière étend son domaine dans la journée, la nuit se replie, viennent le temps des cerises et des jours heureux » (discours de la Bastille) ; ou encore : « les bourgeons gonflés de vie éclatent déjà en fleurs » (Toulouse) : Victor Hugo, lui-même, le grand modèle, aurait-il osé ?
Pour le reste, assurément, Jean Luc Mélenchon connaît et maîtrise à merveille sa palette rhétorique, ou tout du moins une partie de celle-ci : le pathos, l’hyperbole, l’apostrophe, et surtout l’assertion et l’attaque ad hominem, sont ses registres et figures préférés. Comme elles le sont de Marine Le Pen. Et pour cause, elles signent la rhétorique populiste. Dans le cas de Jean-Luc Mélenchon, une rhétorique ampoulée par l’accumulation des procédés et les effets de rythme ; et une rhétorique surannée, comme le montre son faible retentissement auprès des jeunes. Avouons-le : si un politicien de droite parlait dans les mêmes termes, n’entendrait-on pas, dans les commentaires autorisés, les mots de « ringard » et de « ridicule » ?

Quid des "accents gaulliens" ?

La voix et la pose, il est vrai, se font chaque jour plus, « gaulliennes » : mais la référence est-elle vraiment gage de modernité ? Et qu’en est-il sur le fond ? Qu’on en juge à ces deux citations prises dans son propre blog, le 12 avril dernier.
Sur le Front national : « Cela me rappelle le tract que fait circuler depuis des mois l’extrême-droite qui m’attribue soixante mille euros de revenus mensuels. C’est tout ce que le parti des alcoolos bourrés qui font des descentes dans les bars, comme à Clermont, a trouvé pour essayer de faire oublier la fortune de la fille à papa qui leur tient lieu de chef ».
Sur le journaliste Laurent Joffrin : « A l’heure où j’écris, il est le patron de l’autre organe de presse des sociaux-libéraux, le prétendu « Nouvel Observateur ». Sous sa houlette et haine recuite, l’hebdomadaire  se prépare à me vomir dessus ».
Gaullien ?

"Jusqu'à quand enfin, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?"

En tout cas, tout l’art de Mélenchon est bien là : dans l’impossibilité où il met l’adversaire de riposter, sous peine de tomber à son tour dans l’excès. Redoutable double bind dans lequel il nous emprisonne, nous condamnant soit au silence, qui lui sera bénéfique, soit à la surenchère polémique, où il sera toujours gagnant.
Double bind, d’où l’on ne pourra sortir qu’en appelant le « phénomène Mélenchon » de son vrai nom : une entreprise liberticide servie par une rhétorique d’intimidation. Ce qui ne retire rien à la sincérité de nombre de ses sympathisants, qui expriment une très juste revendication de dignité. A la fois sociale et politique. Mais ce qui aggrave le cas d’un tribun qui instrumentalise une aspiration légitime. Comme en son temps, un autre démagogue, cet « aristocrate républicain », le Catilina de la Rome antique, qui savait si bien flatter le peuple . Quodusquem Catilina, abutere patientia nostra ? Jean-Luc Mélenchon connaissant ses classiques, on ne lui fera pas l’affront de traduire…