Coluche aurait dit : « Voilà une idée qu’elle est bonne ! » Puisque, selon le gouvernement, les sociétés d’autoroutes font trop de bénéfices, elles devraient se fixer comme devoir moral d’instaurer la gratuité le week-end. Cette proposition de Ségolène Royal est assez inattendue : personne n’imaginait que la ministre de l’Ecologie ambitionnerait d’augmenter l’usage de la voiture ne serait-ce que quelques jours par semaine. Personne non plus n’avait osé proposer de réduire le chiffre d’affaires d’une entreprise pour en réduire les profits. Et personne n’arrive à comprendre comment un ministre à la recherche du moindre centime de recette fiscale pour compenser l’abrogation de l’écotaxe a pu articuler une proposition qui aurait pour effet de réduire les recettes de l’Etat. Mais bien sûr, parler de gratuité des péages permet de stigmatiser les sociétés d’autoroutes et de dénoncer leurs profits, nécessairement immoraux puisqu’ils sont imposants. Démagogie, quand tu nous tiens.


Heureusement, Matignon a rapidement mis fin au gag et démenti tout projet allant dans ce sens. Mais il reste que cette démagogie est le signe d’un grand embarras du pouvoir, d’un manque d’idées pour sortir de la crise. C’est Arnaud Montebourg qui, démuni devant la crise des hauts-fourneaux, proposait de nationaliser Florange et de bouter Mittal hors de France. C’est Manuel Valls qui, après avoir calé devant la fronde des taxis, s’attaque aux notaires et pharmaciens, ces riches, ces nantis, en faisant croire que la réforme de ces professions va remettre la France sur le chemin de la croissance. C’est Michel Sapin qui, bousculé par Bruxelles, assure sans trembler que le parlement français est souverain et que la Commission n’a aucune légitimité pour imposer une trajectoire à nos finances publiques. A court d’argument, le gouvernement se réfugie dans la facilité.