TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 23 octobre 2013

Pendant que Léonarda occupe la galerie, les coulisses continuent de brûler.


Laissons à présent les enfants et les naïfs s’indigner du sort ridicule de Leonarda Di Capricia. Les premiers louperont des cours qui ne leur apprennent de toutes façons ni à lire, ni à écrire, et les autres continueront d’alimenter l’immense machine médiatique pour qu’elle produise cette écume des jours dilatoire et polémique. Pendant ce temps, regardons ce qu’ils ne veulent pas qu’on regarde.
Ainsi, il n’a guère été question dans la presse, ces derniers jours, du vote pourtant symptomatique de la taxe à 75% sur les très hautes rémunérations. Victoire évidente du dogme socialiste appliqué avec la conscience et le soin qui, dans un autre temps, permirent un ferroutage efficace d’humains vers des destinations exotiques et terminales, cette taxe signe de façon évidente la disparition définitive du peu d’esprit d’entreprise qui restait encore en France. Non pas que cette taxe, en elle-même, aboutisse directement à la fermeture d’usines, de sociétés ou l’expatriation de riches fortunes : en réalité, les entreprises et individus concernés ont depuis longtemps pris leurs dispositions. Peut-être l’un ou l’autre club de foot sera-t-il gêné, mais ce n’est pas là le problème.
Le souci évident d’une telle taxe est qu’elle envoie un message limpide à tous les potentiels entrepreneurs, tous les hypothétiques forçats de l’administration qui auraient eu des velléités de créer une société en leur disant clairement : de toute façon, vous ne serez plus jamais payé de vos efforts en retour. Cette taxe ne rapportera, à l’évidence, rien du tout. Elle coûtera, en revanche, énormément en opportunités qui ne verront jamais le jour. Ce calcul, ne pouvant être fait, ne sera jamais porté au débit (déjà monstrueux) du socialisme en France. Mais à 75%, soyez certains que cette taxe a déjà détruit des emplois, et parmi les plus précieux : ceux du futur.
Rien que cette taxe justifierait un billet complet et saignant pendant que les tartuffes et imbéciles outragés de la République nous font leur théâtre sur les méchantes expulsions de parasites improbables et vindicatifs. Mais ce n’est pas le seul fait survenu pendant la tempête de pignouferies récente.
Il y a ainsi cette augmentation discrète de la taxe sur l’or avec un passage à 10% (anciennement : 8%) sur les ventes du métal précieux. Les conditions de cette hausse (bizarres, pour le dire gentiment) et son timing (en catimini, vendredi soir, au milieu de la tempête médiatique) montrent que le gouvernement vise ici les opérations d’achat et de vente d’or entre particuliers, les bijoutiers étant relativement à l’abri. Encore une fois, la breloque et l’apparat ne sont pas concernés, mais les pièces et lingots le sont, eux. Ceci rejoint simplement l’idée générale qui consiste à éloigner autant que possible les gens des moyens alternatifs de paiement sur lesquels l’État n’a aucun pouvoir.
Il y a ainsi le calme relatif qui a accompagné la diffusion d’un chiffre économique pourtant catastrophique : celui des défaillances d’entreprises au dernier trimestre, qui bat un record vieux de 20 ans : il n’y a jamais eu autant de redressements et liquidations judiciaires depuis deux décennies. Joli record. À peu près au même moment, Moscovici déclarait avec sa faconde, sa bonhommie, sa décontraction, son incompétence habituelle et surtout son sens du timing redoutable que, je cite …
La reprise est là et la confiance va suivre (…) tous les indicateurs sont bien orientés.
Effectivement, les indicateurs sont bien orientés, mais à l’évidence, tu ne regardes pas les bons, mon brave Pierre. Il serait temps d’examiner plutôt les chiffres économiques de la France et pas ceux du Bisounoursland, qui, comme chacun le sait, vend des barils de moraline, exporte du bisou par cargos entiers et facture cher la lumière intellectuelle qu’il fournit au monde moderne qui le suit.
moscovici croissance faillites
Et ce qui touche les coulisses de la France touche aussi le reste du monde, toujours aussi discrètement et toujours avec ce délicieux parfum d’essai en grandeur réel ; c’està nouveau Chypre qui sert de terrain d’expérimentation pour une loi qui impose une baisse des loyers, plaçant de facto le marché immobilier dans les rangs de ceux qui sont régulés avec le futur qu’on peut imaginer (la régulation de marché et notamment immobilier ayant toujours provoqué des désastres). De ce point de vue, Chypre montre, après la ponction de 10% des comptes bancaires, la voie qui sera empruntée à nouveau lorsqu’on la jugera indispensable dans les mois qui viennent. En France, nos élus ont procédé par petites touches pastels jusqu’à présent, mais on est certain que le procédé chypriote illustré ici sera employé à la faveur d’une crise qui promet de passer à la vitesse supérieure dans les prochains mois.
Mais bien sûr, le plus gros, le plus énorme, le plus éléphantesque a été opportunément occulté par Leonarda, sa famille et ses amis du showbiz, de la politique et des médias. Et quand on voit la taille de l’animal, on comprend pourquoi il fut ainsi fait assaut de manifestations lycéennes, d’agitation frénétique du PS et même d’allocutions présidentielles : il en va, très clairement, de la paix sociale du pays.
Parce que pendant tout ce barouf ridicule se tenait tout de même le procès de Gautier-Sauvagnac, l’un des rares chopés dans l’affaire du financement occulte des syndicats par la fédération de métallurgie (UIMM). Et que ce qu’il a raconté lors de son procès esttout sauf anodin. Et que les éléments qu’il a apportés confirment tous les révélations déjà tonitruantes que Perruchot, alors député, avait compilées dans un rapport qui n’aura été que partiellement publié, les parties les plus croustillantes (en annexe) restant sous clef pour les 25 prochaines années.
D’ailleurs, le 18 octobre dernier, l’ancien député intervenait dans une émission de BFM-TV, dans laquelle il tenait des propos qui sont à même, largement, de déclencher de belles polémiques dans un pays normalement constitué.
Rassurez-vous : comme tout le monde est maintenant focalisé sur les péripéties navrantes de Leonarda, les meutes journalistiques ne rapporteront à peu près rien de cet entretien, personne ne fera mousser les révélations de Gautier-Sauvagnac, et les syndicats pourront donc continuer leurs détournements en toute tranquillité.
Et quels détournements ! Comme le rappelle Perruchot :
« À l’époque, on sortait entre 30.000 et 200.000 euros par semaine de cette organisation pour financer la « fluidification du dialogue social » (…) Aujourd’hui, je ne vois pas ce que ça apporterait de plus de savoir qui touchait les enveloppes. Ce qu’on sait, depuis lundi (14.10.2013), c’est important, c’est que les organisations syndicales touchaient cet argent. »
Oui, il faut bien comprendre que la semaine passée vient d’être démontrée l’existence d’un système financier complet et occulte permettant aux syndicats de se sucrer aux frais des contribuables, un système qui transforme de fait ces organisations en parfaite mafias. Cette semaine, on a assisté à l’exposition publique de la plus vaste entreprise mafieuse de détournements de fonds (plusieurs milliards d’euros), parfaitement incontrôlée, totalement admise par l’ensemble de l’appareil politique et journalistique du pays, sans que personne ne réagisse.
Et à l’issue de ce procès, rien ne semble vouloir changer. Ah ça, pour nous débiter des âneries à base de lycéens grévistes, il y a du monde. Mais pour des problèmes de fond(s), … le calme et la pondération pour ne pas dire l’apathie totale sont de mise. Les déclarations des ministres s’enchaînent, affichant toutes le pathétique chamarré d’une incompétence quasiment portée en étendard, mais rien ne semble altérer la trajectoire mortelle qu’ils ont tous prise avec entrain.
Amis des taxes, de la ponction, de la régulation autoritaire tous azimuts et du détournement de fonds publics, vous avez un boulevard tant que du Meric ou de la Leonarda fleurissent dans nos villages : le gogo est occupé, le journaliste conscientisé sera mobilisé, le politicien impénitent ne pourra s’empêcher de s’exprimer, la machine continuera de tourner.
Pendant ce temps, les coulisses du spectacle pourront continuer de brûler.

Le CESE et la famille

Le CESE et la famille

Où le remède est pire que le mal


Dans la nécessaire adaptation des politiques aux évolutions de la vie familiale, l’intérêt de l’enfant devra continuer de primer, a proclamé le Conseil économique, social et environnemental, en présentant à la presse son projet d’avis en vue de la préparation d’un projet de loi sur la famille par le gouvernement.
Vous avez bien lu : après avoir refusé de seulement prendre en compte la plus grande pétition de l’histoire de la République, celle de 700 000 personnes lui demandant de donner un avis sur la loi Taubira, le CESE ose prendre la parole au nom de l’enfant.
Mais pas pour l’enfant.
Dès le 26 février, en plein débat sur le « mariage » des paires homosexuelles, le bureau du CESE avait décidé d’une auto-saisine portant sur « les évolutions contemporaines de la famille et leurs conséquences en matière de politiques publiques », ce qui constituait déjà un refus de s’interroger sur l’opportunité de ces « évolutions ». Il n’est surtout pas question de soutenir en priorité les meilleurs modèles familiaux.
Le CESE affiche d’ailleurs clairement la couleur : les débats sur la loi Taubira, dit-il, « ont souligné l’attachement de beaucoup de nos concitoyens à cette forme d’union qu’est le mariage, mais aussi le souci de corriger les discriminations existant entre les couples du fait de leur orientation sexuelle ».
La loi Taubira étant votée et entrée en vigueur, le CESE n’a plus qu’à prendre acte et peut désormais revendiquer de nouveaux droits pour les « familles monoparentales, familles recomposées, familles homoparentales » qui « constituent une part croissante de la typologie des familles ».
En attendant que son projet soit rendu public, on sait déjà qu’il entend recommander une « attention particulière pour l’outre-mer » où les grossesses précoces chez des mères célibataires sont nombreuses. On sait que la « monoparentalité » est facteur de pauvreté. On sait aussi que la liberté sexuelle prônée par l’« éducation sexuelle » alimente le problème. Mais pas question d’oser une vraie éducation morale à l’amour et à la responsabilité : tout passe par la multiplication des allocations qui font de l’Etat le « père nourrissier » de ces enfants sacrifiés. On va également vers un statut de beau-parent ou une autorité parentale partagée au profit des nouveaux compagnons ou compagnes des pères et mères biologiques : le CESE appuiera en ce sens.
Le CESE s’intéresse également aux techniques de procréation assistée et, comme les couples d’homosexuels y ont recours à l’étranger, il voit le « questionnement sur les conséquences juridiques, économiques et sociales des progrès de la médecine dans le domaine de la procréation ».
« Progrès » ? Ce mot dit tout de l’idéologie à laquelle le CESE participe comme les autres.
Attendons-nous donc à constater que si PMA et gestation pour autrui ont été écartés du projet de loi sur la famille elles y entreront par la petite porte. Dominique Bertinotti, ministre de la Famille, ne l’a-t-elle pas dit ? « En ce qui concerne la PMA, je pense qu’il vaut toujours mieux encadrer juridiquement des situations qui existent déjà. » Avis aux couples gays : PMA et GPA illégales à l’étranger ne bloqueront pas leurs dossiers.
C’est « l’intérêt de l’enfant », voyez-vous…

Pourquoi la France va droit dans le «mur» de la dette...

En 2013, la France va atteindre une dette publique record à 95% de sa richesse nationale, soit environ 2'000 milliards d'euros. Le pays confirme ainsi année après année son incapacité à juguler sa fuite en avant budgétaire. Derrière cette somme abstraite il y a des réalités pratiques que les dirigeants politiques feignent d'ignorer.

En effet, si le pays donne encore l'impression de maîtriser son destin c'est avant tout grâce à des conditions exceptionnelles et indépendantes de la France. Ces conditions ne dureront pas éternellement et si rien n'est fait pour remédier à ce phénomène c'est la souveraineté même de la France qui pourrait être remise en question. 

Des implications pratiques

Le montant de la dette publique française renvoie à une réalité implacable. En effet, un taux d'endettement à 95% du PIB, soit 2'000 milliards d'euros, implique que la France doit trouver quotidiennement 800 millions d'euros par jour à emprunter pour répondre aux impératifs de financement (salaire des fonctionnaires, allocations chômage, pensions de retraites...). Sur ces 800 millions d'euros, 200 millions proviennent de prêteurs français mais les 600 millions restants proviennent de prêteurs étrangers. Dès lors, la dépendance de la France aux marchés financiers est évidente car sans le soutien de ces derniers le pays ne pourrait pas faire face à ses engagements financiers et elle ne pourrait pas continuer à vivre au-dessus de ses moyens comme elle le fait depuis maintenant environ 35 ans.
La réalité des enjeux financiers quotidiens est incontournable. De façon très pratique, si la France n'arrive pas un jour à trouver les 800 millions d'euros dont elle a quotidiennement besoin, cela implique le fait que le lendemain son besoin sera de 1'600 millions d'euros (800 millions d'euros multiplié par deux) et ainsi de suite. Un des problèmes de ce phénomène est que plus le montant à trouver est élevé, plus il devient cher de se financer. Dès lors, la somme que la France devra rembourser suite à cet emprunt sera plus élevée car le taux d'intérêt demandé sera lui aussi plus élevé, soutenant ainsi un phénomène de cercle vicieux.
La charge du remboursement de la dette pèse sur les finances publiques. En effet, la France emprunte en moyenne à 2,3% sur l'année 2013. Autrement dit, la France affecte 2,3% de son PIB (richesse nationale produite) aux frais financiers. Or, avec une croissance économique nominale (prise en compte de l'inflation) proche de 1% en 2013, le différentiel fait que le montant de la dette augmente mécaniquement. En d'autres termes, la dette publique ne peut qu'augmenter car la charge de la dette (2,3%) est plus élevée que le rythme d'accumulation des richesses (1%).

L'importance majeure du niveau du taux d'emprunt de la France

Le taux d'emprunt de la France renvoie à deux notions :
  • Tout d'abord, les OAT à 10 ans (Obligations Assimilables au Trésor) renvoient au taux de référence en ce qui concerne les emprunts d'Etat de la France. Le pays peut s'endetter à plus ou moins longues échéances, mais c'est le taux à 10 ans qui sert généralement de référentiel car la majeure partie de la dette est émise à cette échéance temporelle.
  • Ensuite, l'Agence France Trésor (AFT) est l'organisme public chargé de gérer les émissions de dette de la France au mieux des intérêts du pays. Elle le fait d'ailleurs remarquablement bien et les personnes en charge de cette mission sont unanimement reconnues pour leur compétence et leur habileté à placer la dette française auprès des investisseurs français et internationaux.
Le taux d'emprunt de la France est la clef de voute de l'édifice financier français. En effet, bien que ce taux soit rarement mis en avant, il constitue pourtant, avec celui de la croissance économique, l'indicateur clef à partir duquel il convient d'analyser la viabilité du budget de la France et la soutenabilité de sa dette. Si le taux est faible, alors les intérêts que la France devra à ses créditeurs seront faibles. Inversement, si le taux est élevé, alors les intérêts dont la France devra s'acquitter seront élevés.
Les projections de taux d'emprunts prennent une importance capitale. En effet, le seul remboursement de la dette (appelée "service de la dette"), autrement dit le remboursement du capital emprunté plus le paiement des intérêts, représente à lui seul le premier poste du budget de l'Etat (hors dépenses de sécurité sociale), devant l'éducation nationale, les retraites et la défense nationale, qui sont les trois postes de dépenses les plus coûteux après les engagements financiers de l'Etat. Dans ce cadre, une hausse des taux viendrait compromettre l'équilibre financier de la France. En effet, une hausse de seulement 100 points de base (pbs), autrement dit une hausse de seulement +1% du taux d'emprunt de la France, se traduirait immédiatement par la nécessité de trouver au minimum 5 milliards d'euros supplémentaires rien qu'au titre des intérêts. Depuis le mois de mai, cette dynamique est déjà entamée avec une hausse de 70 pbs (+0,7%).

Situation exceptionnellement favorable mais intenable

La France bénéficie de conditions de financements très favorables. En effet, alors que le taux d'emprunt de la France sur le long terme se situe aux alentours de 5%, la France emprunte en moyenne sur l'année 2013 à 2,3%, alors même que les projections initiales pour l'année 2013 étaient plus pessimistes et s'élevaient à 2,9%. Grâce à cette "performance" meilleure que prévue, la France a engagé des frais financiers moindres qu'initialement anticipés. Toutefois, ce résultat exceptionnel ne reflète pas une situation favorable de l'économie française, mais il renvoie à un contexte international particulièrement favorable.
Le gouvernement français se félicite des conditions favorables de financement du pays. Il lie le fait que les taux actuels sont historiquement bas à ses décisions de politique économique alors même qu'avant son arrivée au pouvoir il accusait les marchés financiers d'être en partie à l'origine des problèmes de la France. Si ces déclarations sont le lot habituel du jeu politique il n'en demeure pas moins que la réalité économique est différente.
Les conditions favorables de financement sont largement indépendantes de la France. En effet, au regard des fondamentaux économiques français et des politiques mises en œuvre, le taux normal de financement devrait être de l'ordre de 4%, et pas de 2,3% comme c'est le cas actuellement. Les raison qui expliquent de tels niveaux sont le résultat d'une combinaison d'évènements favorables à la France :
  • La politique monétaire menée par les grandes banques centrales (FED aux Etats-UnisBoJ au Japon et BCE en Europe) ont conduit à injecter d'énormes quantités de liquidités dans le système financier. Dès lors, il fallait un réceptacle à toutes ces liquidités pour qu'elles puissent se placer.
  • Dans le même temps, en Zone Euro, et à l'exception de l'Allemagne, les deux seules autres grandes dettes ayant la capacité d'absorber ces quantités de liquidités étaient les dettes espagnoles et italiennes. Or, il se trouve que les craintes concernant la capacité de ces pays à honorer leurs engagements financiers limitaient l'appétence des investisseurs internationaux.
  • Dès lors, dans ces conditions particulières, la dette française a pu se révélé intéressante. En effet, la dette française présente plusieurs caractéristiques spécifiques : (1) elle est "liquide", c'est-à-dire qu'elle s'échange très facilement, (2) la France à une capacité avérée à lever l'impôt si nécessaire pour honorer sa dette, (3) sauf à revenir très loin dans l'histoire (révolution française) les prêts ont toujours été remboursés, (5) l'épargne des français est très élevée et l'Etat pourrait le cas échéant être tenté de "piocher" dedans, et enfin (5) les besoins de financement de la France sont tels qu'elle a la capacité d'absorber de grandes quantités de capitaux qui cherchent à se placer dans un pays relativement peu risqué au regard des autres pays présentant des caractéristiques similaires.
Les conditions de financement sont appelées à se dégrader. En effet, le choix des marchés de placer leurs capitaux en France plutôt que dans d'autres pays s'apparente plus à un pis-aller qu'à un choix par conviction. La dette française se distingue des autres uniquement grâce à des conditions bien particulières et pas du fait de performances économiques exceptionnelles. De plus, le fait que le taux soit historiquement bas induit nécessairement qu'il ne peut qu'augmenter. D'ailleurs, les récentes prévisions de taux d'intérêt pour 2014 de l'Agence France Trésor indiquent un taux moyen de 3,3% en 2014 contre 2,3% en moyenne pour 2013. A ce titre, il convient d'indiquer qu'avec la fin programmée des politiques monétaires accommodantes et la reprise économique qui se dessine progressivement en zone euro, d'une part, les liquidités qui chercheront à se placer seront moindres et seront plus regardantes et, d'autre part, la meilleure "santé" relative des pays du Sud de l'Europe fera que la dette émanant de ces pays sera plus attractif pour les investisseurs.
La dégradation des conditions de marché sera d'autant plus forte que la France n'a pas réalisé les réformes nécessaires. En effet, les seules réformes qualifiables de structurelles qui sont potentiellement susceptibles d'améliorer la croissance française, et donc qui réduirait mécaniquement le poids de la dette, sont l'ANI et le CICE. La première porte sur la flexibilisation du marché du travail et la seconde sur une aide fiscale aux entreprises. Or, il se trouve que ces deux mesures sont encore trop timorées et qu'elles multiplient les incohérences et les effets pervers. Parallèlement, la "réforme" des retraites est pour le moins incapable de faire face aux enjeux réels sous-tendus par le problème du déficit de la branche vieillesse de la sécurité sociale, et rien n'a été entrepris dans les champs pourtant fondamentaux de la fiscalité, de l'organisation de l'Etat, du "millefeuille" administratif, des dépenses sociales et celles des collectivités locales.
Dans ce cadre, la crédibilité de la France à tenir ses engagements budgétaires et ses objectifs de croissance semble fortement hypothéquée à court, moyen et long terme :
  • Les investisseurs étrangers pourront ainsi avoir l'impression que la France est dans l'incapacité de maîtriser sa dette, ce qui les amènera à s'en détourner.
  • Pour se financer, la France devra alors accepter des taux d'intérêts plus élevés qui viendront encore diminuer la soutenabilité de sa dette jusqu'à ce qu'un jour celle-ci soit réellement impossible à financer et que le pays soit obligé de renoncer à des dépenses de manière brutale.

Rapports compliqués de la France avec la dette

La France s'est longtemps accommodée d'une dette élevée. En effet, pour se délester du problème de la dette, largement engendrée par des dépenses publiques excessives, la tentation historique naturelle de la France a toujours été de créer de l'inflation qui diminue mécaniquement et artificiellement le montant de la dette. Or, depuis la création de l'euro et de la Banque Centrale Européenne, la France n'a plus la possibilité de créer de l'inflation unilatéralement par la création monétaire (monétisation de la dette en faisant "marcher la planche à billet").
Les seules solutions pour diminuer la dette sont la hausse des recettes ou la baisse des dépenses. Augmenter les recettes renvoie indifféremment à la hausse de la croissance économique (qui accroît mécaniquement les rentrées fiscales liées à la hausse de l'activité) et à la hausse de la fiscalité en générale. Du côté des dépenses, il existe trois types de dépenses qu'il est possible de diminuer : les dépenses d'Etat (ministères, nombre et salaire des fonctionnaires..), les dépenses sociales (chômage, maladie...) et les dépenses des collectivités locales (conseils généraux, collectivités de communes...).
Au-delà des aspects fiscaux et de croissance, il convient de s'interroger sur les dépenses publiques. Les dépenses dans l'enseignement sont un exemple patent d'inefficacité de la dépense publique. En effet, alors que les dépenses d'enseignement représentent un poste majeur de la dépense publique en France et qu'il augmente continuellement, la France connaît néanmoins une situation de chômage de masse depuis plusieurs décennies (environ 5 millions de français actifs qui sont actuellement au chômage), et les résultats des écoliers français dans les classements internationaux ne cessent de diminuer malgré des dépenses par élèves parmi les plus élevées du monde. Dès lors, ce simple constat pose la question de l'efficacité des dépenses du secteur public.
L'ensemble des dépenses publiques sont concernées par ce phénomène. En effet, au-delà des dépenses publiques liées à l'éducation, ce sont plusieurs autres secteurs publics qui sont concernés par des dépenses en constante augmentation et parmi les plus élevées du monde, mais avec des résultats décevant au regard des sommes engagées.
La dette publique ne correspond pas à des investissements productifs mais essentiellement à des dépenses sociales utiles mais improductives. En effet, sur ces dépenses sociales, 1/3 renvoient à des dépenses liée à la maladie et 1/3 au financement des retraites. Dans ce cadre, et malgré l'utilité évidente de ces dépenses dans l'absolu, la dette sert avant tout à payer les dépenses courantes mais pas à investir dans la croissance. La dette contractée dans cette optique n'est absolument pas créatrice de richesses, mais entraîne des destructions de richesses. En effet, au lieu d'être employée à financer des projets créateurs de croissance future (qui pourrait alors justifier l'endettement) et qui pourraient ainsi financer ces dépenses sociales grâce à la création de richesses, le creusement de la dette actuelle renvoie en réalité au souci de garantir un niveau de vie supérieur aux moyens réel du pays. De plus, la garantie de ce niveau de vie se réalise au prix d'un financement qui pèse sur les générations futures qui n'auront pas les moyens d'y faire face.
Pour aller plus loin
Sylvain Fontan, “La "réforme" des retraites en France : arbitrage politique et non économique”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 03/10/2013.
Sylvain Fontan, “De la croissance à l'emploi en France”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 01/10/2013.
Sylvain Fontan, “La réalité économique du budget 2014 de la France”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 10/10/2013.
Sylvain Fontan, “La relative amélioration de la situation économique en zone euro”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 15/10/2013.
Sylvain Fontan, “Reprise en France : entre déclarations politiques et réalités économiques”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 03/09/2013.
Sylvain Fontan, “Sortie du QE : vers une évolution de la politique monétaire aux Etats-Unis”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 07/08/2013.
Sylvain Fontan, “Abenomics : les trois flèches de la stratégie économique du Japon”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 18/06/2013.
Citation
Sylvain Fontan, “L'inertie de la France face au "mur" de la dette qui s'approche”, décryptage publié sur «leconomiste.eu»

Une France au bord de l'exaspération

Quoi de plus imprévisible et redoutable qu'une foule "exaspérée" ? Or c'est bien l'état dans lequel se trouvent les Français selon une note confidentielle.


Tranquillement installée devant mon petit écran, je sens depuis quelque temps monter d'un cran une certaine agressivité sur les plateaux télé. Chez Field, Calvi, Ferrari ou Elkrief on entend de moins en moins les arguments des intervenants couverts par le brouhaha, l'invective et parfois même les insultes. Seuls les discours bien "populistes" des "représentants de la société civile" parvenaient encore à déclencher les applaudissements d'un public livré aux "chauffeurs de salle". En toute candeur, j'ai déduit de ces manifestations de mauvaise humeur que la France est peut-être parcourue par des vents tourbillonnants de colère et peut-être même de révolte, soufflant en tout sens de façon sporadique et désordonnée comme une manif de lycéens improvisée surFacebook. J'y ai vu une sorte de ras-le-bol-tous-azimuts contre l'insécurité, la pauvreté, la précarité, le choc fiscal, l'immigration clandestine, les fermetures d'entreprise, l'impuissance de l'État, le chômage, la cacophonie gouvernementale, une Europe qui se retourne contre les intérêts des Français, l'impression que tout le monde s'en sort sauf nous, le sentiment qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion, des partis politiques dépassés par les événements, un Front national en pleine forme...
Samedi, je postais donc sagement mon petit billet en ce sens, pas vraiment convaincue de l'imminence d'un chambardement majeur, lorsque, hier, dimanche 20 octobre, je découvrais, sur le même site du Point.fr un papier, beaucoup plus sérieux que le mien, intituléColère des Français : attention danger ! Il reprenait les conclusions d'un rapport confidentiel des préfets alertant le gouvernement devant l'exaspération grandissante des Français (impôts, délinquance, sentiment d'abandon...). Faut-il craindre le pire dans les mois à venir, s'interrogent les hauts fonctionnaires. Leur expérience du "terrain" les protège des conclusions hâtives. 
Quelle n'est pas ma surprise lorsque je découvre que le mot-clef qui ressort de cette note confidentielle du ministère de l'Intérieur est celui d'"exaspération". Mazette ! Cette notion, qui relève habituellement de la psychologie individuelle, peut devenir inquiétante lorsqu'on l'applique à des impulsions collectives. Quoi de plus imprévisible et redoutable qu'une foule "exaspérée", prête à tous les lynchages ? Ainsi, est-il précisé, les élus "considèrent que les limites du consentement à l'impôt sont atteintes" que "le matraquage fiscal" est un véritable "choc psychologique" pour "les foyers jusque-là non imposables". Les préfets vont jusqu'à évoquer une menace de "désobéissance fiscale" ! Rien que ça ! 
Mais ce n'est pas tout. Pour la sécurité, c'est un peu du même tonneau : les préfets pensent "que la population est désormais prête (doux euphémisme) à s'impliquer davantage dans la lutte contre la délinquance à travers des opérations comme Voisins-vigilants ou Alertes-commerce !" Charmant ! Parlons-nous toujours de la France ou du Far West ? Heureusement, l'"exaspération" reste dans le périmètre de ce que les psys considèrent comme des "états d'âme" protégés par une belle couche d'inconscient salvateur qui, tel un édredon, amortit tous les chocs. Il suffit, pour se rassurer, de repenser au journal de Louis XVI écrivant à la date du 14 juillet 1789 : "Aujourd'hui. Rien", ou, encore plus freudien, de relire l'article, d'un onirisme prémonitoire, de Pierre Vianson-Ponté daté du 15 mars 1968, sur la France qui s'ennuie. On ne sait pas du tout ce qui nous attend, mais, pour le moment, en France, ce n'est pas l'ennui qui nous "exaspère" le plus.

Le pouvoir actuel est-il légitime ? Sinon, qu’il s’en aille !

La France ne se gère pas comme le parti socialiste. On n’ose même plus dire « dirige » ou « gouverne », tant les demi-mesures et les non-choix relèvent d’un amateurisme qui fait honte à notre pays et à son État. Qu’on aime ou non le Général, lorsqu’il a écrit que « la France ne peut être la France sans la grandeur », il a rappelé un idéal qui est au cœur de notre identité, qui anime tous les Français qui portent l’espérance et l’avenir de notre pays. Or, jamais sans doute ne s’est retrouvé au sommet de l’État quelqu’un qui soit à ce point éloigné de cette idée et manifestement incapable d’en ressentir la nécessité. L’entremetteur des courants, le fabricant de petites blagues faisait illusion dans les rédactions. Comme les chats gris la nuit, la médiocrité ne se voit plus tant elle fait partie du paysage. On a de la peine à imaginer que celui qui représente notre pays aux yeux du monde puisse parfois s’interroger sur sa responsabilité de successeur de tant d’hommes exceptionnels qui ont conduit la France . Certes, c’est plus facile lorsqu’on fait commencer la France en 1789… Mais, ne trichons pas, la France c’est le Philippe-Auguste de Bouvines, le Saint-Louis de la Renaissance capétienne, le Louis XIV du triomphe de l’âge classique et de Denain. C’est aussi une série d’hommes d’État qui n’ont pas été les chefs de cet État mais ont incarné admirablement le service du pays, de Richelieu à Clémenceau en passant par Colbert, et aussi par ceux dont les idées n’ont malheureusement pas su s’imposer à la désastreuse lecture idéologique de notre histoire, comme Turgot ou Guizot. La comparaison avec l’occupant provisoire de l’Élysée fait naître la curieuse impression d’un siège vide, d’une « absurde anomalie », comme écrivait encore de Gaulle.
Lorsque Bertrand de Jouvenel s’interroge sur les raisons de l’obéissance au pouvoir, il en évoque plusieurs. La plus importante qui conditionne toutes les autres est le sentiment de la participation, plus efficace que la crainte, l’idée que nous sommes dans le même bateau et que nous participons à l’effort commun parce que nous le voulons. C’est pourquoi le but que poursuivent le pouvoir et celui qui le détient est une seconde raison de lui obéir. Or, personne ne peut actuellement préciser l’objectif du Chef de l’Etat, qui n’est pas formulé clairement par l’intéressé lui-même, mais est contesté dans son gouvernement, sa majorité législative et son parti lui-même. L’idée d’inverser la courbe du chômage à coups d’emplois artificiels financés par des déficits qu’on prétend par ailleurs réduire est un minimum insuffisant, lorsque sur des questions comme l’économie, la fiscalité, l’environnement, la sécurité et l’immigration, on entend tout et son contraire. Jouvenel se réfère aussi à la « majestas », ce prestige dont le Général considérait qu’il était inséparable de l’autorité et n’allait pas sans une certaine distance. Ces derniers jours, le roi est tombé de son trône, car il s’est mêlé d’une affaire qui n’était pas de son niveau et s’est fait donner la leçon par une gamine mal élevée. Qui plus est, il a montré qu’il était incapable de faire des choix clairs. Bref, il a involontairement révélé  qu’il n’avait rien compris à la charge qui est la sienne et n’en situait pas la hauteur. Il a abaissé la fonction présidentielle en avouant du même coup qu’il ne possédait pas les qualités requises pour l’exercer.
Dans la situation diminuée de la souveraineté à l’heure présente, le Président de la République sait que la politique étrangère est la partie la plus résistante de la peau de chagrin. Suivre aveuglément les États-Unis dans le monde et se soumettre à la suprématie allemande en Europe ne sont pas les meilleurs moyens pour la sauvegarder. Aucun de ses prédécesseurs n’a été aussi inexistant sur ce terrain, à l’exception d’une intervention au Mali qui n’était, certes pas, prévue au programme. À l’intérieur, le paradoxe est éclatant : n’osant rompre avec aucun des pouvoirs, des syndicats, des groupes de pression qui sclérosent la démocratie française, le Président a remis en cause une donnée anthropologique fondamentale pour « faire mode » et satisfaire un lobby tout-puissant. Casser un peu plus une institution fondamentale comme la famille pour faire plaisir à une minorité remuante est une curieuse conception du pouvoir et de ses devoirs. Il ne s’agit pas d’un accident, mais d’une ligne : c’est aussi pour caresser dans le sens du poil les lycéens mobilisés par la courroie de transmission du PS auprès d’eux que le Président a commis la double faute de proposer une solution illégale à une personne qu’il devait ignorer.
Il ne reste donc qu’une seule cause au pouvoir du Président : son origine. Il a été élu. Est-ce suffisant ? J’observe que le député M. Boutih disait récemment qu’il ne reconnaîtrait en aucun cas la victoire démocratique du Front national. Cette étrange conception de la République doit nous interpeller. Si les partisans du Chef de l’État refusent de reconnaître la légitimité qui suit immédiatement une élection, pourquoi ne pas défendre l’idée qu’un pouvoir qui reçoit aujourd’hui le soutien de moins d’un Français sur quatre, et voit monter la marée déferlante des mécontentements, doit se poser la question de sa légitimité non plus légale, mais réelle et interroger celui qui est le vrai Souverain : le Peuple. C’est ce qu’a fait le Général de Gaulle, parfois à son détriment, mais lui savait ce qu’était le Pouvoir, l’Autorité et la véritable légitimité.

Verts daltoniens

Verts daltoniens


François Hollande n’en a pas fini avec l’affaire Leonarda ! Alors que son Premier ministre a tenté de remettre de l’ordre au sein du PS, avec une célérité qui aurait rempli d’envie le carabinier le plus lent, ce sont les Verts qui viennent semer un peu plus le trouble au sein de la majorité.
Les écologistes, adeptes des méthodes douces dans le domaine agricole, sont plus radicaux quand il s’agit d’imposer à la société française leur point de vue en matière d’immigration clandestine. Jean-Vincent Placé a carrément appelé les lycéens à se mobiliser dès la rentrée pour obtenir le retour en France de la famille expulsée. Étrange attitude que celle d’un élu de la République qui vole au secours de gens qui n’ont pas franchement montré leur envie de s’intégrer.
À moins, évidemment, que le sénateur Placé ne rêve d’autre chose. Dans la même interview, il a émis un diagnostic sans appel : « On est arrivé quelque part à la fin de la Ve République ». Les Verts rêveraient-ils d’euthanasier la malheureuse Marianne en se lançant dans un Mai 2014 ? Quelle que soit la raison profonde de cet appel aux jeunes, le leader écologiste prend un sacré risque. On ne lance pas inopinément des adolescents dans la rue. Les dérapages sont toujours possibles et jouer la rue contre l’État demeure un exercice périlleux. À moins évidemment que l’on ne souhaite la mort de cet État pour imposer un régime merveilleux, où les moutons bêleront l’Internationale et le coq gaulois sera garanti bio.
Jean-Vincent Placé serait certainement plus à l’aise avec l’extrême gauche qu’avec le PS. Si une telle alliance existait, ce jeune homme ne serait pas confortablement installé au Sénat. À moins que, face à un avenir électoral incertain, certains écologistes ne jouent la carte du pire. Les Verts devenus rouges, c’est bien plus qu’un cauchemar de daltonien, c’est la garantie que derrière la pacifique carotte certains préféreraient brandir un bâton bien solide.
Le printemps 2014 s’annonce décidément de plus en plus menaçant. Cela n’a, hélas, rien d’étonnant. Les périodes de crise voient proliférer les extrêmes qui misent sur le désespoir pour s’imposer. La recette n’est hélas que trop connue.

Hollande nous l'a mis profond sur les retraites.

Hollande nous l'a mis profond sur les retraites.


>/CENTER>