TOUT EST DIT

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samedi 21 mai 2011

Délire et déni

Les réactions à chaud d’un certain nombre de dirigeants socialistes à propos de DSK et du peuple de gauche au travers d’un sondage sont révélatrices d’une certaine maladie française, qui a tendance à s’aggraver au fil des ans, la maladie du délire et du déni.
Le délire des théories « conspirationnistes » relayé par la Toile a atteint des sommets sans précédent, puisque 57 % des personnes interrogées et 70 % des sympathisants de gauche penseraient que DSK est victime d’un complot. Qui serait le commanditaire de ce complot ? Le cabinet noir de Nicolas Sarkozy, bien sûr, en numéro un, les grandes banques américaines, la CIA et, comme le délire ne connaît ni limites ni frontières, on parle maintenant de Poutine et des services russes.

Réprimons nos envies de rire car ce n’est pas drôle, mais grave, quand le déni s’ajoute aux fantasmes. Pour le sociologue Denis Muzet, les Français ont eu recours au déni « pour réduire la distance entre l’empathie pour DSK et cet événement », pour son collègue Gérald Bronner, « les Français n’avaient pas envie que ce soit vrai ». Extraordinaire logique de raisonnement : je n’en veux pas, donc ça n’existe pas !

La victime présumée non plus n’existe pas et bravo à mon confrère Laurent Joffrin du Nouvel Observateur d’avoir oser remettre en place sévèrement l’icône de gauche Robert Badinter à ce sujet. Dans les démocraties et les Etats de droit comme la France et les Etats-Unis, la vérité des faits doit l’emporter sur toute considération personnelle amicale ou partisane, toute approche « complotiste » a des relents de stalinisme.

Le Loft à Manhattan

Aux États-Unis comme en France, la prison est un univers fondamentalement inhumain qui inflige à ses pensionnaires une peine bien plus lourde que la privation de liberté. On ne peut donc éprouver qu’un sentiment presque instinctif de soulagement pour ceux qui peuvent y échapper. La remise en liberté de Dominique Strauss-Kahn entre dans cette catégorie. Non parce que l’homme était respectable et puissant mais parce qu’il clame son innocence et que, malgré des faits accablants, un certain nombre de zones d’ombre empêchent, en l’état actuel du dossier, de lever totalement le doute sur sa culpabilité.

Légitime remise en liberté donc, qui lui permettra de se défendre dans de bonnes conditions. Certains décryptent, à tort, un privilège indu dans cet apparent «confort» juridique arraché par les avocats de l’ex-directeur du FMI au juge du tribunal de South Manhattan quand il n’est le plus souvent que la règle générale. On s’interroge déjà sur la logique d’une justice américaine qui, derrière des apparences brutales, serait finalement bien laxiste et surtout d’une indulgence sélective. Mais le système français, loué par comparaison ces derniers jours, serait-il plus enviable avec ses détentions provisoires trop souvent systématiques, interminables, voire abusives, qui broient des vies, elles aussi, avec, en supplément, la bonne conscience de notre État de droit ?

Il n’y a sans doute pas de bonne formule. D’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, la justice des hommes cherche son chemin dans un entrelacs de contradictions. Ainsi celle de l’Amérique, grande démocratie, veut à la fois garantir l’égalité des faibles et des puissants devant le droit. Elle protège les premiers, et elle le fait de façon spectaculaire, tout en privilégiant objectivement les seconds puisque l’argent peut acheter la liberté, et les énormes arrangements arrêter la marche d’un procès. Aux yeux de ce pays jeune, qui sacralise autant la réussite que le rêve américain, il n’y a pas d’incohérence.

Ainsi la «liberté» de DSK vaut donc un million de dollars, plus cinq garantis en hypothèque, et 200 000 euros par mois de frais de garde. On pourra toujours dire que l’adjectif libre n’a pas de prix, mais celui-ci est exorbitant. Surtout pour un fake. Une pâle copie. Un ersatz. La promesse d’un quotidien meilleur que celui des geôles de Rikers Island certes - et celles-là étaient gratuites - mais peu enviable. Qu’on y songe: un enfermement, à huis clos, avec trois membres de sa famille sous l’œil permanent des caméras. Le Loft à Manhattan, version noire, avec sa femme, et seulement un avenir brisé à partager. Le vertige d’un immense vide devant soi, et l’assurance que le ressentiment, forcément, surgira. C’est au-delà de toutes les folies de la télé-réalité. Le cauchemar d’Upper East Side.


EXCLUSIF. Les derniers mots de DSK avant son arrestation

L'ancien directeur général du FMI ne semblait absolument pas inquiet lorsqu'il a pris place à bord du vol New York-Paris. 

"Quel beau cul !" Cette interjection, à l'adresse d'une des hôtesses du vol New York-Paris AF023 du samedi 14 mai, d'autant plus leste que faite à voix haute devant le personnel navigant commercial, est la dernière phrase prononcée par Dominique Strauss-Kahn avant d'être invité par deux policiers à quitter le siège de la Business Class sur lequel il avait pris place pour se rendre à Paris. En effet, contrairement à ce qui a été dit, le type d'appareil, un Airbus A330-200, qui assure le vol de 16 h 40 au départ de l'aéroport Kennedy, n'est pas équipé sur Air France d'une classe First...
L'équipage s'est à peine rendu compte qu'il se produisait quelque chose d'anormal, car celui qui était alors encore directeur général du FMI l'avait averti qu'on devait lui rapporter son téléphone portable, oublié dans une chambre d'hôtel. Le commandant de bord avait cependant prévenu DSK qu'il ne pourrait retarder l'avion pour lui permettre de récupérer son bien si le précieux portable n'arrivait pas dans les minutes qui suivaient. Aussi personne n'a été plus étonné que cela quand deux hommes en civil se sont présentés à la porte de l'avion, portant le badge de la Port Authority et réclamant Dominique Strauss-Kahn. Ils semblaient avoir juste l'intention de lui faire une communication un peu confidentielle. Ce qui explique également que DSK les ait suivis sans appréhension, ni réticence apparente.
Un incident pourtant aurait pu mettre sur la voie les membres de l'équipage du vol New York-Paris. Quelques minutes avant que DSK soit extrait de l'avion, tous leurs téléphones portables sont devenus subitement muets. Ce qui pourrait bien, après coup, indiquer que les communications avec le vol AF023 ont été volontairement brouillées. Vraisemblablement, ou du moins peut-on le supposer, parce que la police ne voulait pas courir le risque que quelqu'un, depuis l'hôtel Sofitel ou d'ailleurs, avertisse DSK de ce que des policiers allaient venir interrompre définitivement, ce soir-là, son vol de retour vers la France.

Fitch abaisse sa note sur la Grèce et pourrait aller plus loin

Fitch a enfoncé vendredi encore un peu plus la note attachée à la dette souveraine grecque dans la catégorie spéculative, ajoutant que d'autres abaissements étaient à prévoir si l'Union européenne et le FMI ne présentaient pas un programme crédible pour résoudre la crise de dette du pays.

L'agence de notation a abaissé de trois crans sa note sur la Grèce, désormais en territoire "hautement spéculatif", à "B+", la ramenant ainsi à un niveau similaire à celui retenu par S&P et Moody's pour leurs notes grecques.

Un an après la mise au point par l'UE et le Fonds monétaire international (FMI) d'un plan d'urgence de 110 milliards d'euros - dont le pays reçoit des versements par tranches - la Grèce est engluée dans une sévère récession qui assèche ses recettes fiscales.

L'aggravation des difficultés du pays est à nouveau au coeur des préoccupations des dirigeants européens. Selon bon nombre d'analystes, la Grèce ne pourra pas échapper à une forme de restructuration de sa dette.

"L'abaissement de la note est le reflet des difficultés auxquelles est confrontée la Grèce dans le cadre de la mise en oeuvre d'un programme radical de réformes structurelles et budgétaires nécessaires à la solvabilité de l'Etat et aux fondations d'une reprise économique durable", précise Fitch dans un communiqué.

Réagissant à la décision de Fitch, la Grèce a estimé que cette dernière était influencée par les "rumeurs persistantes" dans la presse et qu'elle ne prenait pas en compte les nouveaux engagements pris par Athènes.

"Elle (l'abaissement de la note) ignore les décisions supplémentaires déjà prises par le gouvernement grec pour atteindre ses objectifs budgétaires de 2011 et accélérer son programme de privatisations", a déclaré le ministère des Finances du pays.

Fitch, qui estime que l'objectif 2011 d'un déficit budgétaire représentant 7,5% du produit intérieur brut s'est encore éloigné, a déclaré que la note de la Grèce risquait de basculer dans la catégorie "CCC" en cas d'absence d'un plan crédible de l'UE et du FMI

REPROFILAGE ASSIMILÉ PAR FITCH À UN DÉFAUT

L'annonce de Moody's a pesé sur les Bourses européennes et sur l'euro vendredi, la monnaie unique ayant également pâti des craintes de voir le résultat des élections locales programmées ce week-end en Espagne émousser la volonté du gouvernement socialiste de mettre en oeuvre son programme d'austérité.

Alors que les ministres européens ont évoqué pour la première fois une restructuration "douce" de la dette grecque en début de semaine, via notamment un allongement de la maturité des titres de dette émis par le pays, Fitch a déclaré qu'elle assimilerait un tel "reprofilage" à un défaut. (voir

Peu avant l'annonce de Fitch, Jens Weidmann, nouveau président de la Bundesbank et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a indiqué que l'option du "reprofilage" priverait le pays de fonds fournis par la BCE dont le secteur financier grec a cruellement besoin.

Paul Rawkins, directeur chez Fitch, a estimé que la Grèce ne serait pas capable de retourner sur les marchés des capitaux avant mai 2013, date à laquelle le plan de 110 milliards d'euros déjà en place expire.

L'agence a déclaré que la note "B+" partait du principe que l'UE et le FMI allaient débloquer des fonds complémentaires, ce qui permettra d'éviter une restructuration "douce".

Cité par la presse autrichienne, Christine Lagarde a déclaré qu'il n'y aurait pas de rééchelonnement de la dette grecque, tout en disant que le pays risquait la faillite si son programme de privatisations n'avançait pas.

Les Européens espèrent mettre sur pied d'ici juin un nouveau paquet de mesures pour muscler le programme d'aide octroyé en mai 2010.

La décision finale sera arrêtée une fois que la mission conjointe UE-FMI actuellement à Athènes aura rendu un rapport complet et que la Grèce aura précisé son programme de privatisations et les mesures supplémentaires qu'elle est prête à prendre pour assainir les finances publiques.