TOUT EST DIT

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lundi 31 mars 2014

Les Français réclament à Hollande une politique efficace

Les Français réclament à Hollande une politique efficace



Les Français réclament à Hollande une politique... par rtl-fr
François Hollande est assurément le grand perdant de ces élections municipales. Le chef de l'État paie cash sa méthode, ses hésitations, son flou et ses ambiguïtés.


La dernière chance de François Hollande

La dernière chance de François Hollande


Ce n'est pas une vague, c'est un tsunami! Le premier tour avait été cruel pour François Hollande, le second est assassin. Amplifiée par une abstention galopante, la débâcle rose est quasi générale. Elle était, au fond, prévisible: de révolte fiscale en Manif pour tous, la colère qui nourrit depuis deux ans l'impopularité abyssale de l'exécutif ne pouvait pas ne pas s'exprimer dans les urnes. Il fallait à nos dirigeants tout l'entêtement satisfait de ceux qui ne veulent rien entendre ni rien voir pour penser un seul instant qu'ils pourraient échapper au désastre.
Cette fois, impossible de nier la réalité! Cette raclée historique, qui en annonce beaucoup d'autres (européennes, sénatoriales, régionales…), est un terrible réquisitoire contre ce quinquennat entamé dans l'illusion et qui, à mi-course, sombre déjà dans le discrédit. Elle sanctionne la faillite d'une politique qui a spectaculairement échoué en matière économique (chômage record, déficits galopants, impôts délirants) mais qui n'a pas su davantage tenir la promesse fondatrice d'apaiser le pays et de réconcilier les Français. Elle sanctionne aussi l'échec d'un homme qui, sauf en de rares occasions, n'aura jamais su se hisser à la hauteur de sa fonction, et qui, sous peine de se voir entraîné dans une spirale de rejet aux conséquences imprévisibles, doit aujourd'hui réagir vite et fort - tout ce qu'il déteste.
Mais que peut faire François Hollande?Remanier son gouvernement? Ce ne serait pas du luxe, tant l'équipe actuelle a brillé par son incohérence et son amateurisme, mais ce n'est évidemment pas à la hauteur du message envoyé par les Français. Changer de premier ministre? Ce n'était pas l'intention du chef de l'État. Au point où en sont les choses, on voit mal, cependant, comment il pourrait y échapper. 50 milliards d'économies, c'est peu de chose au regard de ce qui est nécessaire, mais c'est davantage qu'aucun gouvernement, fût-il de droite, a jamais accompli. Qui peut croire que Jean-Marc Ayrault a encore l'autorité nécessaire pour assumer devant la nation une telle politique, et l'imposer à une majorité que la défaite aura chauffée à blanc? S'il veut sauver ce «pacte de responsabilité» dont il a choisi de faire sa planche de salut, François Hollande doit se séparer de Jean-Marc Ayrault.
Manuel VallsLaurent Fabius? Le rival de demain ou celui d'hier? Celui qui rêve de s'asseoir à la place du président ou celui qui n'a jamais cessé de penser qu'il l'occupait indûment? Un troisième homme qui éviterait au président d'avoir à trancher ce dilemme? Que l'on ne s'y trompe pas: le grand charivari passionnera les journalistes quinze jours, les Français un peu moins longtemps, mais il ne changera rien au fond des choses. François Hollande le sait bien - et c'est pour cela qu'il hésitait hier encore à se séparer d'Ayrault: l'effet d'un changement de premier ministre est un feu de paille s'il ne s'accompagne d'un changement de politique.
«Le tournant! Le tournant! Le tournant!» C'est précisément ce que lui réclame sur l'air des lampions le chœur des éclopés de l'armée rose. Une vraie «politique de gauche», enfin, qui renoue avec les promesses de la campagne! Sus aux «riches»! Haro sur la «finance»! Du pouvoir d'achat et des allocations, financés par le déficit et la dette comme au bon vieux temps! Voilà, n'est-ce pas, qui ramènerait à la gauche ses électeurs enfuis…
Ce tournant, qui va aux antipodes de son pacte de responsabilité,François Hollande l'a dit et redit, il ne l'accomplira pas. Tant mieux! Il n'y a au fond pas grand mérite: le voudrait-il qu'il ne le pourrait pas! Placée sous surveillance par Bruxelles, attendue au tournant par les agences de notation, la France, prise à la gorge par la contrainte extérieure, ne peut tout simplement plus se permettre ce genre de fantaisie. Si François Hollande donnait si peu que ce soit le sentiment d'emprunter le chemin de la facilité, nous serions aussitôt sanctionnés par nos créanciers. Étranglée par le renchérissement de sa dette, la France n'attendrait pas six mois avant de voir débarquer, comme d'autres, les tuteurs du FMI…
Aux vertiges du tournant à gauche, le plus probable est donc que François Hollande va prétendre opposer la logique de la continuité. C'est un moindre mal, mais qui peut penser que c'est suffisant? Bien sûr, le président peut continuer, comme il le fait depuis des mois, à ménager la chèvre et le chou. Reculer d'un pas quand il avance de deux. Proclamer sa conversion à la politique de l'offre et continuer d'accabler les créateurs de richesse de taxes et de réglementations. Afficher à Bruxelles de courageux objectifs de réduction de la dépense publique tout en concédant à Paris les accommodements qui les vident de leur contenu. Il peut même annoncer une baisse d'impôts pour les plus modestes avant d'avoir réalisé la moindre économie! Le hic, c'est que c'est cette politique qui l'a conduit là où il en est - et la France avec lui! Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, s'il continue de finasser en attendant la croissance qui ne sera jamais assez forte pour sortir le pays du marasme où il se traîne, la catastrophe, retardée, ne sera pas évitée. Gare! Après la carte du changement du premier ministre, il ne restera à François Hollande que celle de la dissolution, contrainte et forcée.
Reste «l'autre» tournant. Celui que François Hollande n'a pas su prendre au lendemain de son élection, quand la Cour des comptes lui avait pourtant donné tous les arguments pour l'inscrire sur le compte de «l'héritage» laissé par Nicolas Sarkozy. Un tournant non pas «social-démocrate» (nous n'en sommes plus là!) mais clairement et résolument «social-libéral». Une vraie politique de l'offre qui débarrasse enfin les entreprises de ces contraintes absurdes qui les découragent d'embaucher. Une vraie politique d'économies budgétaires qui se fixe pour objectif l'équilibre de nos finances publiques et la baisse générale des impôts. De vraies réformes de structure pour adapter notre État-providence aux contraintes de la mondialisation et libérer l'emploi… Faire la révolution du socialisme, c'est la dernière chance du président.
Oh!, bien sûr, ce tournant-là sera fort mal accueilli par nombre d'électeurs de François Hollande qui y verront - à juste titre - une trahison des engagements de sa campagne. Le chef de l'État, s'il trouve en lui le courage d'emprunter ce chemin difficile, devra batailler ferme contre sa propre majorité. Sa courbe de popularité, dans un premier temps, n'en sera pas améliorée. Mais il n'est pas exclu (à considérer ce qui se passe chez nos voisins, c'est même le plus probable) qu'une telle politique, à terme, produise des résultats. S'ils arrivent assez tôt pour qu'il en tire un bénéfice politique, François Hollande restera dans l'histoire comme un autre Tony Blair: l'homme de gauche qui n'a pas craint de briser les tabous de la pensée socialiste, et qui a été réélu deux fois. En 2017, tous les espoirs lui resteront permis.
Et si ça ne marche pas, ou trop tard, ou trop peu pour que les électeurs lui en sachent gré? C'est une hypothèse que l'on ne peut évidemment pas écarter. Alors, le président sortant sera battu en 2017, mais avec les honneurs, tel un Gerhard Schröder, réformateur socialiste électoralement malheureux mais à qui l'avenir a rendu justice. Une défaite, fût-elle glorieuse, on conçoit que cela ne fasse pas rêver François Hollande! Mais, à tout prendre, ne vaut-il pas mieux échouer en homme d'État que d'être chassé, tel Georges Papandréou, sous les huées?

Sphinx aux pieds d’argile

Sphinx aux pieds d’argile


L'implacable verdict du second tour des municipales pose beaucoup plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Que va faire la gauche de sa mémorable déroute ? Que va faire la droite de son écrasante victoire ? Comment endiguer le vote devenu diffus du Front national ? Hier soir, sur les plateaux télévisés, on ne retrouvait pas les habituels contrastes entre les visages triomphants des vainqueurs et les mines défaites des vaincus. C'est comme si tout le monde avait un peu perdu dans cette élection marquée par une colère révélée dans le vote ou dans l'abstention galopante.
En l'espace de deux dimanches s'est exprimée la souffrance d'un pays traumatisé, partagé entre colère et résignation. D'où la gravité généralement manifestée par les différents responsables politiques. Parce que si la gauche patauge aux commandes, la droite a encore des progrès à faire pour y revenir. Le pire est que rien de très réjouissant ne se dessine pour le proche avenir. En réponse à sa cuisante déculottée, le PS n'a opposé que le rabâchage sur « plus de justice sociale » et une meilleure pédagogie de l'action.
Mais comment faire plus de social dans notre pays criblé de déficits ? Comment rendre le « pacte de responsabilité » acceptable pour les Verts et la gauche de la gauche ? Quel gouvernement aura assez de courage pour appliquer une politique qui ne soit pas un compromis ripoliné ? Parce que nous voilà au c'ur du problème. Que va faire François Hollande ? Les Français l'ignoraient (ou alors ils ne le savaient que trop), mais ils ont voté hier pour un autre Premier ministre.
L'ampleur de la claque condamne en effet un Jean-Marc Ayrault exténué. Le débat sur le « casting » gouvernemental qui a alimenté l'entre-deux-tours a inadmissiblement perverti le scrutin et contribué à l'éloignement de l'électeur. Et surtout, il a masqué la responsabilité pleine et entière de François Hollande cultivant l'image d'un président imprévisible et impénétrable prenant plaisir à entretenir la bataille des ego. Comme pour se réfugier dans la posture du Sphinx mitterrandien. Mais un Sphinx aux pieds d'argile.

Hollande pressé d'agir après la débâcle aux municipales

Le remaniement du gouvernement français devrait intervenir rapidement, sans doute dès ce lundi, au lendemain de la lourde défaite des socialistes aux municipales. 
Après la lourde défaite des socialistes aux municipales, François Hollande est pressé de toute part – y compris par son camp – de changer son gouvernement mais aussi de politique.
«Déroute», «gifle», «punition», «coup de pied aux fesses», «dérouillée», «désaveu»... Les manchettes de la presse, lundi, traduisent l'ampleur de la catastrophe pour le chef de l'Etat, dont c'était le premier test électoral depuis son accession au pouvoir, en mai 2012.
En perdant au moins 155 villes de plus de 9000 habitants – certaines à gauche depuis plus de cent ans – le camp socialiste permet à la droite d'effacer
largement ses pertes du scrutin de 2008 (82 villes de plus de 10'000 habitants), abandonnant du même coup son statut de premier pouvoir local. Comme il y a une semaine pour le premier tour, l'abstention a été massive et s'établit, record historique, à 37,3%.
«Ce premier test pour François Hollande a été une véritable catastrophe, la victoire de 2008 a été complètement effacée», résume Frédéric Dabi de l'Ifop. Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a triomphé toute la soirée de dimanche sur le thème de cette «vague bleue» que son camp n'espérait même pas, tandis que Marine Le Pen a salué «une nouvelle étape» dans l'histoire du Front national, qui gagne onze mairies.
Changement de premier ministre inéluctable
Evoqué depuis des semaines, le changement de premier ministre, réclamé durant toute la soirée à droite et mais aussi – parfois en creux – par une partie de la gauche, paraît plus que jamais inéluctable. «Le remaniement est incontournable, tandis que le chef de l'Etat doit trancher rapidement sur l'avenir de Jean-Marc Ayrault comme premier ministre», écrit Fabrice Rousselot dans Libération.
«La reconduction d'Ayrault, après cette gifle, ne pourrait apparaître que comme une surdité au message des électeurs», juge aussi Jean-Marcel Bouguereau dans la République des Pyrénées.
François Hollande tranchera-t-il dès lundi? Rien ne permet de l'affirmer même si son entourage a clairement laissé entendre, dimanche soir, que le président avait bien entendu le message: «C'est une défaite, on ne va pas barguigner»...
Manuel Valls, favori dans un sondage
Selon un sondage BVA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France, près des trois-quarts (74%) des Français ne souhaitent pas que Jean-Marc Ayrault reste premier ministre. Parmi les favoris pour lui succéder, Manuel Valls arrive en tête (31%), loin devant Martine Aubry (17%) et Laurent Fabius (16%). Bertrand Delanoë (8%), Jean-Yves Le Drian (6%), Claude Bartolone (5%) et Michel Sapin (3%) ferment la marche.
Le ministre de l'Intérieur doit rencontrer le premier ministre à Matignon à 8h30 pour évoquer les conséquences de la défaite. Mais rien n'a filtré sur l'agenda de François Hollande, qui pourrait à tout moment choisir de s'exprimer.
Outre un profond remaniement gouvernemental, le chef de l'Etat est pressé par l'opposition comme par une partie de majorité de changer sa politique de fond en comble. Le président paie notamment très cher son échec à inverser, comme il l'avait promis, la courbe du chômage. Le nombre des demandeurs d'emplois a atteint en février le chiffre record de 3,34 millions.
«Après ce sinistre politique majeur, la confiance n'est pas automatique»
«Ce ne sont donc pas de simples jeux de chaises ministérielles qui restaureront une confiance s'étiolant depuis des lustres», estime Marc Dejean de Presse Océan.
A la gauche du PS, quatre courants du mouvement ont donné rendez-vous aux députés lundi à l'Assemblée nationale pour demander «une réorientation» de la politique menée et aborder la question de la confiance au prochain gouvernement. «Après ce sinistre politique majeur, la confiance n'est pas automatique», a prévenu Christian Paul, député PS, de la Nièvre.
Pourtant rien ne dit que le chef de l'Etat a l'intention de changer sur le fond. Après la défaite du premier tour – largement amplifiée dimanche – l'exécutif avait fait savoir qu'il n'entendait pas bouger d'un iota sur les deux réformes phares du quinquennat: le pacte de responsabilité, sur lequel François Hollande mise beaucoup pour stimuler l'emploi, et les 50 milliards d'économies qu'il entend réaliser d'ici 2017 dans les dépenses publiques.

Municipales : le fumeux décodage du « message » des électeurs


Bon, ça y est, les municipales sont passées, on va pouvoir reprendre le cours de nos activités habituelles. Pour le Parti Socialiste, il s’agira de se panser les plaies et se penser un avenir, ce qui semble déjà fort mal engagé. Pour l’UMP, son absence presque méthodique de programme crédible et de leader charismatique seront un instant couvertes par les hourras de ses têtes de nœud listes. Le Front National va goûter au plaisir douteux de mettre à son tour ses doigts dans le pot de confiture dans plusieurs villes de France. Quant aux journalistes, ils sont formels : les électeurs ont émis un message clair.
Et ce message, on a le droit à sa fine analyse sur les ondes, sur les écrans et dans des milliers de petits notules journalistiques. Tout est clair : l’électeur, dans sa grande sagesse, a décidé que la Drouate UMP devait remporter la timbale et accordait aussi au FN une petite place histoire de bien appuyer le mouvement. (Et comme l’électeur est magnanime et rigolo, il a aussi permis à Bayrou d’être élu et à Moscovici d’être battu, mais c’est pour rire.)
On ne compte plus le nombre d’articles dans lesquels la déroute électorale du Parti socialiste s’est muée en « bastonnade », la victoire de l’UMP en « tsunami », et les résultats du FN en « véritable succès ». Et tous en concluent l’évidence : les électeurs rejettent massivement la politique de François Hollande, n’aiment plus le parti socialiste et se jettent donc facilement dans les bras de l’UMP (et dans une moindre mesure, ceux du FN).
On exhibe même les cas symptomatiques de Limoges ou de Quimper, qui ont violemment basculé à droite. Ainsi, Limoges, ville socialiste depuis 1912 et maintenant aux mains de la droite, doit forcément signifier quelque chose, et de toute évidence, un rejet. Ainsi, Quimper, dont le maire est un proche de François Hollande, et qui a été au centre des manifestations de Bonnets Rouges en fin d’année dernière, voit sa mairie tomber dans l’escarcelle d’une UMP frétillante de joie sur les plateaux télé. Et puis, pensez donc : Béziers qui tombe pour le Front National, c’est quelque chose, ça, monsieur ! Si ce n’est pas une déferlante de la droite, qu’elle soit extrême ou pas, qu’est-ce que c’est, hein, ma brave dame ? On a même pu entendre les envolées lyriques d’un Duhamel (sur Europe 1) expliquer que cette défaite du PS était historique et d’ampleur supérieure à la déculottée de 1983. Ça veut bien dire ce que ça veut dire, hein, mon petit monsieur !
Je suis toujours surpris de voir l’assurance avec laquelle nos journalistes, nos politologues et même nos politiciens se lancent dans des explications a posteriori de ce genre. Comme bien souvent, ces élucubrations partielles s’auto-alimentent fiévreusement et chacun y va de sa petite remarque pour mâtiner le commentaire global (défaite, déculottée, déroute, branlée, bastonnade) de ses propres turpitudes, les teinter de son propre agenda et obtenir le bruit de fond assourdissant et sans grand intérêt qu’on peut entendre maintenant.
Regardez, ainsi, comment le chiffre de l’abstention aura été commenté autant qu’il aura fallu avant les premiers résultats, et oubliés aussitôt ceux-ci disponibles. Ce n’est pas anodin : dans l’iconographie politico-journalistique habituelle de la Cinquième République, ceux qui s’abstiennent ont tort (puisqu’ils se sont abstenus) et on peut donc les oublier pour se concentrer sur les vagues (bleus ou roses, peu importe) qui se suivent, se ressemblent et s’analysent de la même façon. Le rappel constant (et navrant) à de précédentes municipales (au mieux) avec des comparaisons à n’en plus finir, ou pire à la précédente présidentielle, en disent finalement plus long sur le match de boxe qui se déroule dans les têtes de ceux qui font l’actualité que sur ce qui s’est réellement passé sur le terrain.
Bien sûr, le FN a certainement réalisé un beau score puisqu’au contraire de l’écrasante majorité des élections précédentes, il va pouvoir récupérer quelques occasions de se faire la main au pouvoir (local) et montrer (par quelques échecs à venir, quelques magouilles retentissantes et quelques gestions hasardeuses) à quel point il s’est effectivement normalisé, banalisé et fera finalement aussi bien (c’est-à-dire aussi mal) que les deux autres partis. Bien sûr, l’UMP récupère un nombre considérable de villes et en gagne certaines qui ne lui étaient pas favorables précédemment. Bien sûr, le PS voit clairement son score et sa base s’amoindrir.
Mais tout ceci est un simple constat d’évidence politique.
Il suffit de revenir sur l’abstention, qui a battu des records pour une élection locale, pour comprendre qu’on assiste, en réalité, à un tournant bien plus profond que ce que nos analystes nous expliquent : les électeurs, confrontés au cirque habituel, ayant le choix entre une UMP idiote et corrompue ou un PS aussi pourri et crétin, ne se sont tout simplement pas déplacés. Lorsqu’une liste FN s’est présentée avec une chance réelle de l’emporter, là, ils se sont déplacés pour tenter quelque chose de nouveau, mais sinon, c’est vraiment une bascule presque mécanique, en symétrie des précédentes élections.
Autrement dit, les électeurs veulent toujours une chose de façon claire : le changement, celui-là même que Hollande n’a pas été capable de leur fournir sur les deux dernières années.
Ce qui apparaît n’est pas vraiment le rejet du PS. C’est plutôt le rejet de toute une classe politique, et ce, dans une proportion encore plus grande qu’aux précédentes élections, tant la présidentielle que parlementaire. De la même façon que Hollande fut choisi par rejet de Sarkozy, l’UMP est ici choisi par rejet du PS, et le FN par rejet de l’UMP et du PS quand c’est possible. Et pire encore, ceux qui sont élus le sont par un corps électoral tous les jours plus faible, avec une abstention toujours plus forte, des bulletins blancs ou nuls toujours plus nombreux, et un nombre de non inscrits qui n’arrête pas de grimper.
On peut tenter de tortiller la réalité comme on veut, on peut essayer de camoufler ces éléments derrière les discours les plus enflammés de dirigeants politiques aux accents tribuns, mais elle n’en changera pas pour autant : les politiciens voient à chaque élection s’éroder l’intérêt que leurs portent les électeurs, qui votent machinalement pour l’opposant, quel qu’il soit, afin d’amoindrir le mal du précédent guignol qu’ils ont eu à se farcir.
Et que l’intérêt de l’électeur baisse autant alors qu’il s’agit d’une élection locale indique encore plus clairement que la demande électorale n’est pas remplie. Petit à petit, depuis les maires jusqu’aux députés et au président lui-même, le nombre de personnes prêtes à soutenir ces personnes et les laisser continuer à taper dans la caisse publique s’amenuise de façon sensible ; il ne reste plus que les convaincus, indécrottables, et surtout, une masse informe d’électeurs qui votent par défaut, pour faire barrage au précédent élu, jugé impropre.
Oh, bien sûr, pour le moment, on ne parle pas encore de légitimité amoindrie ; on ne doute pas, en plateau télé, dans les articles et les analyses, de la pertinence du vote ni de la bonne légitimité des élus que le peuple s’offre à grand frais actuellement. Mais le désaveu grandit, à chaque élection. À chaque vote, les discours se font plus futiles et plus creux, les programmes se font plus transparents, les différences entre candidats se diluent (sérieusement, NKM et Hidalgo, vous voyez une différence ?). Et à chaque vote, la base s’amenuise, et la légitimité recule.
Inévitablement, un jour, cette question va se poser. Et ce jour là, elle pourrait être posée violemment.

LE FAIT DU JOUR

#ELYSEE - Journée décisive au palais de l’Elysée aujourd’hui: à 10 heures, François Hollande commence sa journée de rendez-vous par un tête à tête avec Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, pressenti pour remplacer Jean-Marc Ayrault à Matignon. A 13 heures, il poursuit avec un déjeuner en tête à tête (comme chaque lundi), avec… Jean-Marc Ayrault. Rien d’autre n’est prévu à l’agenda du président pour la journée. La porte reste ouverte à une allocution télé en fin de journée… #suspens.
#PSA - Recruté en décembre dernier, Carlos Taveres prend aujourd’hui officiellement la présidence du directoire de PSA Peugeot Citroën, succédant ainsi à Philippe Varin. Dans quelques semaines, Louis Gallois prendra la place de Thierry Peugeot à la tête du conseil de surveillance. Une page se tourne pour le constructeur, qui accueillera prochainement l’Etat et le chinois Dongfeng dans son capital, à hauteur de 14% chacun.
#DEFICIT - Le déficit public français atteint 4,3% du PIB en 2013 et la dette 93,5% annonce l'Insee ce matin. C'est plus élevé que prévu par le gouvernement (4,1%). La dette en montant atteint 1925 milliards d'euros. Une grosse épine dans le pied du gouvernement au moment de renégocier avec Bruxelles pour le futur gouvernement.
#CONSO - L’indice des prix à la consommation devrait aujourd’hui être connu dans une zone euro de plus en plus volatile en raison des risques d’une déflation. Pour Reuters, la BCE se battra cette semaine avec une inflation considérée comme de plus en plus dangeureuse.
#INFOMEDIAS - Reworld media, éditeur du mensuel Marie-France, et Rossel, qui publie La Voix du Nord, auraient été sélectionnés par Lagardère pour la reprise de ses dix magazines mis en vente en octobre. Leur offre aurait finalement été préférée à celle de l'ancien DG de Lagardère Active, Didier Quillot, associé à Alexis Caude (Moneyweb). Rossel et Lagardère travaillent déjà ensemble puisque le groupe dirigé par Bernard Marchant possède la licence de Psychologies magazine en Belgique.
#DETROIT - Officiellement en faillite depuis décembre, la ville de Detroit est endettée à hauteur de 18 milliards de dollars. Elle présentera aujourd’hui un plan d'ajustement mis à jour, qui devrait fixer les créanciers quant à leur demande. Selon Reuters, les banques déclarent ne pas s'opposer à un plan d'ajustement de dette.
#LECHIFFRE - 3,18% : les taux des crédits contractés par les ménages français pour leurs achats immobiliers s’est réduit en 2013, à 3,18% en moyenne, contre 3,42% en 2012. Le taux moyen des crédits à l’habitat des ménages de la zone euro baisse lui aussi mais plus légèrement, s’établissant à 3,09 % en 2013. Les crédits sont en moyenne un peu plus élevés en France que dans la zone euro car les français contractent plutôt des crédits à taux fixes, qui sont toujours un peu plus chers.
#LOPINION - A 8H30, Nicolas Beytout reçoit Jean-Marie Le Guen, député de PS de Paris. Restez informés et ne ratez aucune information exclusive de l’Opinion en nous suivant sur TwitterFacebook et LinkedIn.
#KERRY - Russie et Etats-Unis cherchent à faire baisse les tensions autour de l’Ukraine : c’est ce qu’a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry après sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Il n’en reste pas moins qu’il juge que la Russie a agit de manière "illégale et illégitime" en Crimée où il dénonce la présence de troupes russes. Sergueï Lavrov a quant à lui indiqué : «Nous avons décidé de travailler avec le gouvernement et le peuple ukrainien pour faire des progrès sur le terrain des droits des minorités et sur les droits linguistiques».
#CLIMAT - Achevés, les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ont été présentés aujourd'hui dans un rapport intitulé «Changement climatique 2014: impacts, adaptation et vulnérabilité». Ses conclusions sont alarmantes,comme le détaille ici Le Monde, et président une crise alimentaire mondiale.
#ERDOGAN - Si sa réputation n’est pas au plus haut après avoir bloqué Youtube et Twitter, Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est déclaré vainqueur des élections municipales, crédité de 43% à 47% des suffrages. Sous un ton menaçant, il a déclaré que ses ennemis paieront le prix de leur opposition.
#HUAWEI - Le géant des nouvelles technologies chinois poursuit son incroyable percée avec un CA un hausse de 8,5% pour atteindre 38 milliards de dollars. Son résultat net atteint lui 3,4 milliards de dollars, en hausse de 36%. Une croissance qui selon Bloombergs’explique par un record de vente d’équipement aux télécoms.
#BOURSES - Malgré une activité manufacturière qui ralentit pour le second mois consécutif  au Japon - l’incide PMI étant de 53,9 pour le mois de mars - la Bourse de Tokyo est en hausse à la mi-séance, le Nikkei gagnant 0,43%. Une performance qui s’explique parce que les marchés ont salué les intentions de la Chine de redresser son économie.
#LENDEMAIN - Au lendemain des municipales, les Unes de la presse française sont durs envers François Hollande : quand Libération titre «La punition», le Figaro indique que «Le tsunamie bleu déferle sur Hollande». Pour Les Echos, cette vague bleue «contraint Hollande à remanier vite», de la même manière que Le Parisien le considère comme «condamné à changer». Ambiance.
#FLOWERPOWER - «Manifestation massive à Taïwan contre un pacte commercial avec la Chine», indique Le Monde. Selon Reuters, plus de 100 000 personnes, tournesols en main, ont manifesté dans les rues de Taipei. Le traité critiqué par les taïwanais «prévoit l'ouverture aux entreprises taïwanaises de 80 secteurs des services en Chine, et 64 secteurs taïwanais aux entreprises chinoises».
#MPESA - Dans le Financial Time, la monnaie virtuelle kenyane M-Pesa vise l’Europe : Voafone a obtenu une licence pour devenir opérateur de services financiers en Europe, et lancera le M-Pesa en Roumanie, avant de l’étendre au reste de l’Europe. «Un simple SMS suffit pour payer un facture, des frais de scolarité, du poisson (...)», indique le quotidien économique.

La déferlante


Le rejet qui s'est exprimé dans les urnes contre l’exécutif est sans précédent, la vague bleue est historique au profit de l'UMP. Désavoué, le président de la République aura du mal à conserver son Premier ministre
Les faits - Les Français ont confirmé et amplifié dimanche une vague bleue au profit de l'UMP et de ses alliés, tandis que la Front national se retrouve à la tête de dix villes. Les listes de droite s'imposent avec 49% des voix au niveau national, contre 42% à la gauche et 9% au FN, d'après BVA. Le PS sauve Paris et Strasbourg mais perd Toulouse, Nevers, Roubaix, Limoges, Pau... Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déclaré que la responsabilité des mauvais résultats de la gauche était «collective» et qu'il y prenait «toute sa part».
Les Français ont confirmé et amplifié dimanche la vague bleue qui s’était levée le 23 mars. La gauche est atteinte dans ses bastions historiques, comme Limoges, Roubaix, Nevers, Brive-la-Gaillarde ou Belfort. Elle a aussi vu repasser à droite des villes importantes gagnées d’un souffle par le PS en 2008, comme Toulouse, Amiens, Reims, Saint-Etienne ou Laval. Étonnamment, certaines villes ont résisté à la vague bleue, comme Strasbourg, Metz ou Rouen. Mais globalement, « des dizaines d’années d’implantation locale sont détruites en quelques semaines », observait dimanche soir Jean-Luc Mélenchon, leader du Front de Gauche.
Par sa force, cette vague ne ressemble pas aux municipales de 2001 (Paris et Lyon avaient alors sauvé l’honneur pour les socialistes, cachant des dizaines de défaites), mais bien davantage aux législatives de 1993, qui avaient laissé le groupe PS à l’Assemblée nationale exsangue avec seulement 57 députés. Le FN progresse partout, et le sursaut de participation espéré par les socialistes n’a pas eu lieu. Les électeurs de gauche ne se sont pas mobilisés pour épargner le pouvoir en place, en dépit du message de François Hollande durant l’entre-deux tours, selon qui leur colère avait été « entendue ».
Les responsables du PS, contrairement au déni qui dominait chez eux au soir du premier tour, ont cette fois-ci reconnu la défaite dès 20 heures sur les plateaux de télévision dimanche soir. Il est vrai qu’ils s’y attendaient. « Si on a deux joues, c’est pour qu’on ait deux claques », disait la semaine dernière Jean-Jacques Urvoas. L’aile gauche avait tellement anticipé la défaite qu’elle publiait, quelques minutes après vingt heures, un appel pour que le président de la République tire les conséquences de cette gifle : « Il ne s’agit pas d’“envoyer des signaux de gauche” à notre électorat, il faut changer de cap », écrivent les responsables du courant d’Emmanuel Maurel.
Dès avant le premier tour, Nicolas Sarkozy avait prédit devant des élus que la gauche allait se prendre « une casquette ». C'est bien plus que cela. Cette grande victoire comporte plusieurs conséquences importantes pour l’UMP. Le parti de Jean-François Copé n’avait plus remporté de scrutin local depuis les municipales de 2001. Les derniers avaient été particulièrement douloureux. Aux municipales de 2008, la droite avait perdu 83 communes de plus de 10 000 habitants. Depuis les régionales de 2010, elle ne détient plus qu’une seule région, l’Alsace. Cette victoire marque le début de la reconquête territoriale, qui connaîtra une deuxième étape avec les régionales et départementales de 2015.
Autre bonne nouvelle pour la droite : le FN n’a pas été un problème. Les triangulaires ne l’ont pas empêché de gagner Reims, Amiens ou Saint-Etienne.
Pour le Front national, la conquête de dix villes (Béziers, Fréjus, Cogolin, Hayange, Villers-Cotterêts, Beaucaire, Le Pontet, Le Luc, Camaret, après Hénin-Beaumont) est atténuée par la défaite des deux « ténors » du parti de Marine Le Pen, celle (prévisible) de Louis Aliot à Perpignan, et celle (moins attendue) de Florian Philippot à Forbach. Le FN espérait aussi faire un « coup » à Avignon, et l’a manqué. « Il n’y a pas de vague bleu marine » a ainsi pu déclarer dès 20 heures Alain Juppé.
Mais le bilan reste néanmoins très favorable pour le parti de Marine Le Pen, avec aussi la conquête du 7e secteur de Marseille pour Stéphane Ravier, et un FN qui fait jeu égal avec le PS en sièges au Conseil municipal de la ville. En battant son record de trois villes gagnées en 1995 (une quatrième s’y était ajoutée en 1997), le FN est en mesure d’envisager un enracinement local qui était le cadet des soucis de Jean-Marie Le Pen, mais dont Marine Le Pen a fait au contraire la condition sine qua non pour arriver un jour au pouvoir. Le FN va ainsi disposer d’un vrai vivier pour les échéances électorales de 2015. Et se prépare à faire de très gros scores aux européennes du 25 mai.
Ces dernières semaines, l’exécutif s’était auto persuadé que le vote sanction serait finalement assez marginal. Incroyable erreur ! Bâtissant son plan de bataille municipal sur un constat totalement faux, les responsables de l’exécutif et les « spécialistes » de la carte électorale, rue de Solférino, soutenaient mordicus quelques jours avant le premier tour, que même Marseille pouvait basculer. L’histoire, au vu des résultats, fait sourire mais c’est à partir de tel raisonnement que les stratèges socialistes sont partis en conquête, la fleur au fusil…
On connaît la suite. La première lame de fond a tout bousculé dès le 23 mars, la deuxième a fini par couper les têtes par dizaines. Les battus se ramassent à la pelle. A Quimper, Bernard Poignant, le maire sortant, ami de François Hollande et conseiller élyséen, a été sorti sans ménagement par un quadra UMP qui a totalisé 56 % des voix. La claque historique n’en est que plus violente. A Grenoble, le candidat PS est même battu par un écologiste, à Montpellier et La Rochelle par un dissident PS. François Hollande se retrouve dans la peau d’un chef de guerre avec des troupes en guenilles, lui-même n’a finalement plus beaucoup de cartes dans son jeu.
Le chef de l’Etat a beau dire que l’on ne récupère pas l’électorat « par des mouvements de personnel », il aura quand même du mal à conserver son Premier ministre à la tête du gouvernement et même certains de ses ministres, qui ont accumulé les bourdes et les couacs en série. Il y a quelques semaines, François Hollande confiait à l’Opinion cette loi d’airain de la V
e République sur les relations d’un président avec son premier Ministre : « Il faut ne rien s’interdire, ce serait une faute majeure. Ce serait donner au Premier ministre une importance qu’il n’a pas. On n’est pas élu sur un ticket pour faire tout le quinquennat ensemble… » Comme si les heures de Jean-Marc Ayrault étaient comptées.

François Hollande s’est piégé lui-même

François Hollande s’est piégé lui-même


Quelle gifle ! Et surtout, quel piège ! En moins de deux années de pouvoir, François Hollande aura accompli le double exploit de faire sèchement perdre son camp, et de se retrouver dans une situation politique inextricable. Avec la perte de bastions historiques comme Nevers ou Limoges, et de villes-symboles comme Quimper ou Reims, ce deuxième tour des municipales promet de rester comme un jour sombre dans l’histoire de la gauche, de ces dates qui, au même titre que le 21 avril 2002, peuplent de cauchemars l’imaginaire du socialisme et nourrissent sa mauvaise conscience. C’est François Hollande le responsable de cet incroyable revers. Responsable, et coupable d’avoir conduit sa majorité et les Français dans cette impasse.
Mais, le plus difficile est encore devant lui et le piège qu’il s’est tendu à lui-même est en train de se refermer. On le sait, le chef de l’Etat n’a pas la possibilité de mener aujourd’hui une autre politique que d’austérité : c’est le fruit de deux années de choix à contre-cycle et de zigzags multiples qui ont fini par mettre la France dans un corner et Bruxelles au bord de la crise de nerfs. Faute d’avoir clairement assumé ses choix, et encore moins les avoir expliqués, le président de la République se retrouve donc désavoué par sa gauche et rejeté par la droite.
Le voilà donc contraint de changer sinon sa politique, au moins ceux qui l’incarnent. Et c’est là le paradoxe : plus la défaite est lourde, plus le remplacement de Jean-Marc Ayrault s’impose. Mais qu’il s’agisse de Manuel Valls ou de Laurent Fabius, les deux candidats les plus sérieux à Matignon représentent autant l’un que l’autre « la droite de la gauche », cette ligne que son propre camp semble rejeter. Désavoué par les Français, François Hollande se retrouve maintenant face à sa majorité. Le dialogue risque d’être tendu.

On ne parle plus que de cela : les doctorats de Christiane Taubira…

En Allemagne, le baron von und zu Guttenberg, ministre de la Défense d’Angela Merkel, avait dû démissionner à la suite d’un scandale lié à un prétendu doctorat.


Ce n’est pour le moment qu’une « rumeur ». Mais vous avez remarqué, ces derniers temps, comme les « rumeurs » portent la poisse au gouvernement. Et Christiane Taubira, puisque c’est elle dont il s’agit, aurait intérêt à tordre rapidement le cou à celle-ci… avant que, de « rumeur », elle ne se mue en grosse farce nationale.
Christiane Taubira est-elle, oui ou non, titulaire d’un doctorat d’économie et d’un doctorat d’ethnologie, comme on le lit de façon récurrente dans les journaux, et surtout comme l’a affirmé David Pujadas dans une petite notice biographique en préambule de l’émission « Des paroles et des actes », devant l’intéressée et sans que celle-ci ne sourcille ?
Philippe Bilger, que l’on ne présente plus sur Boulevard Voltaire, évoque le sujet dans son dernier livre Contre la justice laxiste aux Éditions l’Archipel, écrivant au sujet du doctorat d’économie (obtenu, selon un CV du ministre, à Paris II Assas), avec la précision et la sage prudence qu’on lui connaît : « Les recherches à ce sujet sur le site des thèses et au bureau des doctorats n’en confirment pas l’existence. » Allons, bon ! Sur les réseaux sociaux et dans la presse, le doute enfle, les langues vont bon train.
Il se dit même qu’à la faculté de droit de Guadeloupe, en 2004, Christiane Taubira n’aurait pu être maître de conférences, comme elle le briguait, faute d’avoir pu finalement produire les diplômes ad hoc… Vrai ou faux ? On attend le « choc de clarification ». Si tout cela est infondé et relève de la médisance, il faut que Christiane Taubira frappe du poing sur la table.
Et qu’elle ne prétende pas, cette fois, avoir été « imprécise » (Pujadas a dit « doctorat » ? Elle aurait mis sa main au feu que c’était « troisième cycle » !), qu’elle s’est « trompée de date » (on ne va pas, non plus, l’enquiquiner avec des histoires de calendrier ? Il s’agit évidemment d’un doctorat qu’on ne peut pas retrouver, vous êtes drôle, puisqu’il n’a pas encore été passé : elle s’y attellera dès qu’elle ne sera plus ministre, autant dire très bientôt, ça l’occupera. A confondu 2018 et 1978, peut-être pas très grave, si ?), ou qu’elle ne brandisse pas sur un plateau de télévision en lieu et place dudit document son BEPC brillamment réussi en 1966, un bougre de journaliste plus vicieux que les autres serait capable de zoomer.
Et qu’est-ce que cela peut bien changer ? Bardée ou non de diplômes, elle reste le même ministre et, du reste, avec ou sans doctorat, Philippe Bilger – en dépit de leurs profonds désaccords – a toujours rendu hommage à sa grande intelligence. Cela ne change certes pas la dame, mais le regard que portent sur elle les Français. Qui commencent à atteindre leurs limites de tolérance en matière de boniment gouvernemental : la première fois (Cahuzac), ça allait encore, la deuxième fois (les écoutes), ils ont eu une poussée d’urticaire, une troisième fois, ce serait le choc anaphylactique. Qui vole un œuf vole un bœuf, qui ment sur un doctorat ment sur une affaire d’État.
En 2011, en Allemagne, le baron von und zu Guttenberg, ministre de la Défense d’Angela Merkel, avait dû démissionner à la suite d’un scandale lié à un prétendu doctorat. On l’avait surnommé le « baron von und zu Googleberg », ou « baron du copier-coller ». Sa thèse s’était révélée être un vaste plagiat, et son doctorat un diplôme de complaisance. Une humiliation qui sera peut-être évitée à Christiane Taubira. Si elle met un point final à la rumeur en produisant les diplômes litigieux… ou si, remaniement oblige, elle part la tête haute. Il y en a peut-être au moins une qui se réjouit secrètement des résultats des dernières municipales.

Comme un miroir

Comme un miroir


De scandales en affaires, d'écoutes en révélations, de critiques en vociférations, notre vie politique se rabougrit chaque jour un peu plus et touche le fond de la confusion. Plus rien, nulle part, qui soit lisible dans ce paysage cafouilleux. Pire même, à en croire le niveau de l'abstention de dimanche dernier et celui probable de demain, le discrédit du politique a atteint un tel paroxysme que même les maires ne résistent pas au mauvais climat et ne font plus figure de remparts de la démocratie. Le refus des urnes et le vote protestataire ont abouti à une radicalisation surprenante qui menace les plus enracinés des fiefs. Sur les écrans du dimanche soir, le discours des représentants des partis de notre échiquier habituel est devenu si insupportable qu'il est grand temps de se demander où l'on va ?
Dans ces moments charnières de notre système politique, les partis doivent renouer avec le peuple, se préoccuper de leur représentativité et en finir avec les gestions sectaires. La perméabilité entre les frontières idéologiques brouille les repères des électeurs parfois désorientés par ce mélange des genres qui les pousse trop souvent à exprimer leur grogne dans un « tout vaut tout » vénéneux.
Cette élection fait la preuve que plus aucune institution n'est épargnée par la défiance inoculée dans nos raisons démobilisées à force de mauvaise foi et de déliquescence du débat d'idées. La droite, la gauche, la gauche, la droite : la question n'est même plus là, tant les jeux sont faits. Il s'agit par contre de savoir qui aura le courage d'en finir avec les conservatismes pour faire enfin de la France un État moderne. Et le courage de siffler la fin de cette révérence permanente aux Cours et Conseils, ces placards ou des sachants patentés volent le pouvoir au suffrage universel et éloignent les exécutifs de la volonté populaire.
Le rideau se lève sur Hamlet. Du haut des remparts d'Elseneur, Horacio interroge « Où cela va-t-il nous mener ? » Marcellus laisse tomber la réponse : « Il y a quelque chose de pourri dans l'État… » Et les deux personnages de Shakespeare de craindre ensemble l'apparition du spectre que la forteresse de la démocratie ne suffit plus à arrêter. Comme un miroir.

samedi 29 mars 2014

22 mois de gouvernement Ayrault : entre lois avortées, retoquées ou ajournées, quel bilan concret ?


L'échec d'une tentative de dirigisme économique 

Gérard Thoris : Il devrait être clair pour tous que l’application du programme socialiste est un "succès". C’est un programme d’économie dirigée. Il connaît le succès de tous les programmes d’économie dirigée. On le vérifie encore à un autre critère. Dans les programmes d’économie dirigée, si les résultats économiques ne sont pas satisfaisants, c’est que l’économie n’a pas été assez dirigée. On y ajoute alors généralement une couche de règles jusqu’à la paralysie. Une fois celle-ci atteinte, il faut desserrer les liens, mais à contre-cœur, à la façon du Pacte de responsabilité. Qu’on se souvienne de la formule qui l’accompagne dans la bouche du président François Hollande : les contreparties « doivent être définies au niveau national et déclinées par branches professionnelles. Elles porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des seniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouvertures de négociation sur les rémunérations et de modernisation du dialogue social ». Les inspecteurs des contreparties auront la vie facile pour montrer que les entrepreneurs et dirigeants d’entreprise n’ont pas de parole. Les membres du Comité d’entreprise les relaieront dans une surveillance plus fine des flux financiers. Le dirigeant finira par penser que le mieux est de ne rien faire.
Dans un monde socialiste, les revenus appartiennent à l’Etat et ils sont concédés aux citoyens. C’est donc tout naturellement que le candidat à la présidence de la République a décidé de son plein gré de taxer à 75% les revenus qui dépassent un million d’euros par an. Cette idée a été condamnée et par les plus hautes instances de la République (Conseil constitutionnel et Conseil d’Etat), et par le principe de réalité. Quant au Conseil constitutionnel, il a considéré que la première mouture du projet introduisait une inégalité liée à la composition familiale (décembre 2012). Le Conseil d’Etat a surenchéri en estimant que ce taux était confiscatoire et en suggérant de ne pas dépasser 66%. Qu’à cela ne tienne, ce ne seront plus les salariés qui seront taxés, mais les entreprises ! Mais celles-ci sont sensibles au principe de réalité. Lorsqu’un impôt rend le coût d’un facteur de production trop élevé, elles cessent de l’utiliser. On ne pourra sans doute jamais le vérifier car, a priori, cette mesure ne concernait qu’environ un millier de personnes et, surtout, qu’il serait peu probable que le Parlement s’engage dans une évaluation de l’efficacité de la mesure. Mais enfin, c’est bien au mois d’août (2013) que Christophe de Margerie annonce le transfert de la gestion de trésorerie de Total à Londres. En dehors du choix du calendrier, il n’y a évidemment aucune relation de cause à effet. Mais on ne devrait pas être surpris que cet arbre cache la forêt des exilés fiscaux.
Si les revenus des riches sont concédés par l’Etat, les revenus des salariés modestes leur sont attribués par la même instance. Pour ceux-ci, l’employeur direct ne fait qu’appliquer les lois. On le voit avec le SMIC. On l’a vu avec la fin de l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires. Mais si le niveau du salaire minimum est supérieur au prix du marché, cela se traduit par un chômage dit « classique ». Dans la plupart des pays, cette question est traitée en limitant le salaire minimum à environ 50% du salaire médian. En France, ce taux est plus proche de 66 %. On aurait pu imaginer faire descendre ce ratio en limitant les fameux « coups de pouce » sur le SMIC. Mais, à partir de 1991, les différents gouvernements de la République ont préféré socialiser une partie du salaire en mettant certaines cotisations patronales à la charge de l’Etat. Ce faisant, les entreprises sont devenues des assistées ; on ne cesse de répéter qu’elles perçoivent des cadeaux sociaux ; on les menace de plus en plus sérieusement de rembourser ces cadeaux en cas de fermeture ! On ne sera pas surpris que, dans la ligne des douze rapports précédents sur la compétitivité, le rapport commandé à Louis Gallois préconise un allègement des charges sociales. On ne sera pas surpris non plus que, dans la ligne du Parti socialiste, cette préconisation n’ait pas été retenue. On lui a préféré le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Evidemment, les DRH y ont trouvé un argument de poids pour justifier l’existence de leurs services et ils ont pu montrer en Comité de direction les économies que cela allait représenter. Quant aux dirigeants de PME, malgré les avances de l’Etat, ils ont préféré l’attentisme. C’est sans doute pourquoi le Ministre de l’économie lui-même a cru devoir écrire à 300 000 dirigeants de PME pour « les informer »… Aujourd’hui, nous voilà bien embêtés. Faut-il maintenir le CICE en même temps que les sommes qui seront débloquées dans le cadre du Pacte de responsabilité ? Faut-il le supprimer alors même qu’il faut attendre la fin de l’année 2014 pour que, sauf avance, les entreprises en bénéficient effectivement ? Fera-t-il l’objet d’une demande de contreparties en bonne et due forme au sein du Comité d’entreprise ? Autant d’incertitudes sur un procédé d’intervention publique qui était supposé fonctionner à besoin en trésorerie nul pour l’Etat !
Pendant ce temps, la situation des chômeurs ne s’est pas améliorée. D’une certaine manière, on peut dire que « le droit au travail » a été remplacé par « le droit aux allocations de chômage ». Seulement, une partie des jeunes n’a droit ni à l’un, ni à l’autre. On a donc inventé le « contrat de génération ». Vraisemblablement, nos DRH ont d’abord ri sous cape. Lequel d’entre eux n’avait pas été alerté par les courbes démographiques ? A combien de rencontres n’ont-ils pas assisté où on leur expliquaient qu’ils devraient se battre pour seulement maintenir leurs effectifs ? Mais voilà que, pour accompagner ce phénomène, l’Etat allait leur donner de l’argent ! Ils n’avaient plus qu’à cueillir l’effet d’aubaine. Evidemment, presque personne ne s’est souvenu que les contrats de génération sont la forme socialiste des contrats d’insertion professionnelle. Celui-ci prévoyait en effet un volet « formation » dont le coût était partagé entre l’entreprise et le jeune – sous la forme d’une rémunération en pourcentage du salaire conventionnel ou du SMIC. Avec le « contrat de génération », le jeune a accès à un CDI au niveau minimum du SMIC et l’Etat prend en charge une partie du coût supporté par l’entreprise. Mais les contreparties administratives sont extrêmement précises, avec leur lot de documents CERFA (Centre d’enregistrement et de révision des formulaires administratifs) et les sanctions peuvent atteindre 1 % de la masse salariale ou 10 % du montant des exonérations de cotisations sur les bas salaires. Alors, si la négociation est obligatoire, il n’est pas sûr que les entreprises aient envie de faire entrer leurs embauches dans cette catégorie : on avait parlé d’un objectif à 500 000 contrats sur le quinquennat, soit un million d’emplois (Le Monde du 5 septembre 2012), le taux de réalisation du Plan est aujourd’hui de l’ordre de 2,5 % !
Alors, il faut faire un pas de plus. Si l’on ne sait pas à qui s’adresser personnellement pour créer une entreprise, on peut au moins viser les dirigeants qui ferment un atelier ! Comme toujours en France, il faut un bouc émissaire, ce sera le site de Florange – on a quand même évité de parler de loi ArcelorMittal contrairement à l’opprobre jetée sur une firme exceptionnelle qu’est Michelin. Avec cette nouvelle loi, la protection du salarié change de nature. De degré en degré, la protection du salarié au sein de l’entreprise avait été élargie. L’obligation de reclassement était passée du reclassement interne au reclassement externe (1998) ; les moyens à mettre en œuvre pour ce reclassement ont concerné l’établissement puis l’entreprise puis le groupe ; l’obligation de moyens est devenue une obligation de résultats. Au final, on avait inventé l’emploi à vie dans le secteur privé. Mais au moins, lorsque le bateau coulait, il était possible de mettre les salariés dans un canot. Aujourd’hui, le bateau coule parce que le dirigeant est incompétent et il doit trouver plus compétent que lui pour reprendre son patrimoine, évidemment dégagés des dettes et évidemment pour une somme symbolique ! Le Conseil constitutionnel y a trouvé quelque chose à redire. Mais on ne sait pas encore si son jugement final sera semblable à celui de 1982. On devrait chaque jour méditer le fait que « la liberté d’entreprendre » est devenue un droit constitutionnel en France au moment du plus grand programme de nationalisations simultanées de notre histoire !
Tout cela ne serait pas trop grave si le monde entier vivait des mêmes principes. Le génie français suppléerait aux pesanteurs étatiques et nous aurions même peut-être l’avantage comparatif du talent créateur. Mais notre monde fermé est au cœur d’une économie mondiale ouverte. Même ainsi, nous pensons encore avoir raison. Ce monde ouvert autour de nous est un monde d’injustices sociales, de concurrence effrénée, de dérégulations à outrance. S’il ne se convertit pas à nos principes, nous serons bientôt obligés de fermer nos frontières. N’est-ce pas, peu ou prou, ce que demandent deux partis politiques répartis aux extrêmes ? 

Le difficile accouchement de mesures "sociales" pour un résultat mitigé

Eric Verhaeghe : 
1 - L'instauration d'une consultation systématique des partenaires sociaux
En vérité, le principe d'une consultation systématique des partenaires sociaux dans le domaine du droit du travail a été posé par la fameuse loi Larcher de 2006, qui constitue l'article 1 du Code du Travail. La particularité de François Hollande est d'avoir de fait étendu cette logique à une multitude de sujets qui ne relèvent pas du Code du Travail et sur lesquels la légitimité des partenaires sociaux à intervenir est contestable. C'est évidemment le cas du pacte de responsabilité, dont on peut se demander s'il ne relève pas plutôt d'un acte de gouvernement classique. C'est surtout le cas de la réforme fiscale, sur laquelle les syndicats ont été les premiers entendus, alors qu'on peut douter de leur droit à s'exprimer sur l'impôt sur le revenu. 
Dans cette mécanique de questionnement, François Hollande a organisé son propre piège. Les consultations prennent du temps et surtout elles contraignent: si les syndicats s'expriment contre l'impôt à la source, il vous est ensuite difficile d'imposer cette mesure. J'ai cru comprendre que François Hollande lui-même mesurait l'inconvénient de son système, qui lui fait payer un prix très lourd, celui de la lenteur. Rappelons par exemple que, le 31 décembre, le président avait annoncé une loi en début d'année sur le pacte de responsabilité. Trois mois après son annonce, rien n'a véritablement bougé sur ce dossier. On ne sait toujours pas quels allégements vont être pratiqués, et les contreparties ont été embourbées dans une mécanique de négociations en cascade. 
2 - L'encadrement des loyers
La crise du logement est une réalité en France, et il est vrai que le gouvernement a voulu s'occuper de ses symptômes, notamment la cherté des loyers, plutôt que de traiter de façon innovante la question du manque de logements. C'est pourquoi la loi ALUR, et tout particulièrement son article 6, se focalise sur l'encadrement des loyers. Cette loi a fait l'objet d'une invalidation partielle par le Conseil Constitutionnel le 20 mars. La première chose qui saute aux yeux tient à la lenteur du processus. Alors que le taux d'effort des ménages en faveur du logement est de plus en plus lourd, et touche durement les milieux populaires, on aurait pu penser que le gouvernement se serait un peu plus empressé à mettre sa politique en place. La lenteur du processus laisse à penser qu'aucun effet sur les loyers ne se fera sentir avant 2015.
Là encore, le choix qui est fait (et qui ne déplaît d'ailleurs pas forcément aux professionnels du secteur), semble toujours rester périphérique et ne pas prendre le mal à sa racine. Il y a en France trop peu de terrains constructibles pour les logements. Cette rareté explique la cherté des logements. C'est ce sujet-là qu'il faut traiter.
3 - La création de 60 000 nouveaux postes dans l'éducation
L'Education connaît un superbe naufrage: en deux ans de présence, le ministre Peillon a patiemment détricoté ce qui marchait encore un peu, et il a lancé des initiatives dont aucune n'est véritablement achevée ni en état de marche, tout ceci avec force consultations publiques totalement creuses, et force déclarations en mode Troisième République qui montrent bien le passéisme dominant rue de Grenelle. 
Les 60 000 nouveaux postes sont en réalité des reconstitutions de surnombre qu'il avait fallu des années pour résorber partiellement. Il est en effet de notoriété publique que, pendant des années, voire des décennies, les ministres de l'Education ont géré leur stress de la rentrée scolaire en recrutant des surnombres pour pouvoir "boucher les trous" en urgence en cas de loupé début septembre. Le recrutement massif de ces enseignants nouveaux par le ministre Peillon a-t-il eu le moindre impact sur l'amélioration de la performance éducative? Bien sûr que non. Je rappelle que la Cour des Comptes a produit l'an dernier un excellent rapport sur la gestion des ressources humaines à l'Education Nationale, auquel le ministre n'a pas donné la moindre suite. L'Education Nationale demeure dans la logique de l'armée rouge au milieu des années 70: du nombre, du nombre, et du nombre, sans se préoccuper de réussite.
4 - Les zones de sécurité prioritaires
En dix-huit mois, le ministère de l'Intérieur a créé 80 zones de sécurité prioritaire, sans qu'on ne sache exactement les moyens exacts que tout cela a permis de dégager. Sur le fond, la tâche de Manuel Valls n'est d'ailleurs pas simple: depuis près de 20 ans, les effectifs policiers sont patiemment déplacés des zones criminogènes, comme on dit officiellement, vers les zones à faible criminalité. Tout cela est dû à l'absurde politique consistant à ouvrir des commissariats dans des villes sans problème et de petite taille, au détriment des quartiers les plus difficiles. Avec la complicité des syndicats de policiers qui voient dans ce système un excellent moyen pour assurer des deuxième partie de carrière paisibles aux collègues les plus fatigués.
Comme sous Sarkozy, le ministère de l'Intérieur est parti dans une bagarre de chiffre pour montrer que, malgré les apparences les plus évidentes, la situation s'améliore. Officiellement, sur ces 80 ZSP, 530 kg de cocaïne ont été saisis. On ne nous dit pas si c'est mieux ou moins bien qu'avant. Cela fait, en dix-huit mois, une moyenne de 6 kg de cocaïne saisis par zone de sécurité prioritaire. Chacun jugera de l'intérêt de l'opération. 
 Des projets sociétaux qui déçoivent à gauche et inquiètent à droite
Damien Le Guay : Primo, la proposition 31 du candidat Hollande indique qu’il ouvrira « le droit au mariage aux couples homosexuels ». De ce point de vue-là, les choses étaient dites, sans détail, sans urgence, sans faire partie des engagements apparemment prioritaires. Et puis surtout l’opinion n’y était pas opposée. Rien ne devait gripper la mise en œuvre de cette proposition. Personne, à dire vrai, n’avait imaginé les manifestations qui eurent lieu, la mobilisation hétéroclite des religieux, d’une frange conservatrice plutôt provinciale, d’une nouvelle génération de jeunes et de tous ceux qui sentaient qu’il fallait protéger le mariage – une des plus vieilles institutions sociales. De réactions fragmentaires, nous sommes passés, au fur et à mesure du débat, à un mouvement de fond comme la France n’en avait pas connu depuis des lustres – avec l’apparition de questions essentielles qui n’avaient pas été prises en compte. Que faire ? Soit tenir une promesse, soit trouver un compromis (une union civile avec les mêmes droits) pour éviter, comme l’avait indiqué le candidat, « d’opposer les français les uns contre les autres » et de ne pas les « écouter » ? Mais le gouvernement tenait à cette promesse en l’état. Elle devait passer coûte que coûte. Ceci cristallisa les mécontentements, les aigreurs, un sentiment de surdité politique. Une certaine gauche médiatique s’en donna même à cœur joie dans l’invective contre les opposants, assimilés à des extrémistes, des « homophobes », voire même « des fachos ». Ce que les homosexuels ont gagnés, la paix civile l’a perdue.
Secundo, la PMA-GPA. Tout vient de cette même proposition 31. Elle ajoute que le candidat ouvrira le « droit à l’adoption aux couples homosexuels ». La question de la PMA s’est ajoutée à la question de l’adoption comme un droit inclus dans ceux permis « aux couples de même sexe». L’adoption pour tous les couples sembla délicate à mettre en œuvre considérant la pénurie d’enfants à adopter et les réticences des pays donneurs ». Alors,  Ne fallait-il pas augmenter « les droits », établir «l’égalité des droits » par cette procréation médicalement assisté en passant d’une «stérilité biologique » à une « stérilité sociale » ? Tel est le raisonnement d’un grand nombre. Qu’un couple homosexuel puise ne pas bénéficier de l’aide de la médecine est considéré comme une injustice, une discrimination – et non une contrainte naturelle. Cette question est encore en suspend. Elle devrait être traitée plus tard ainsi que la question de la Gestation pour Autrui. Son principe est refusé. Mais ce qui est refusé par la porte semble toléré, pour ne pas dire encouragé, par la fenêtre. Faut-il, comme aujourd’hui, ne pas accepter des enfants conçus par GPA à l’étranger ou, au contraire, selon des directives de Madame Taubira, faciliter les procédures ? Dans les deux cas, pour des discussions à venir, une logique consensuelle s’oppose à celle jusqu’auboutisme des mêmes droits pour tous et d’une liberté individuelle sans limites jusqu’à tolérer les « locations de ventres étrangers ».    
Enfin, l'euthanasie. La promesse du candidat (n°21) est assez neutre : « bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » et aurait supposée d’aménager à la marge la loi Léonetti. Or, cette « dignité » a été entendue au sens de la dignité de l’euthanasie. Et tout est fait, depuis deux ans, pour ne pas tenir compte des rapports et avis modérés, comme le rapport Sicard, l’avis du CCNE, et mettre en avant l’euthanasie ou le suicide assistée comme les solutions les plus « dignes » pour la fin de vie. Le débat des idées est lancé depuis longtemps. L’ADMD est à la manœuvre. Les propositions des uns et des autres sont sur la table – avec en plus la mise en place de directives anticipées contraignantes. Si le ministre Marisol Touraine n’a pas caché ses idées pro-euthanasie, le vrai débat au parlement a été repoussé à juin 2014 ou plus tard. Une certitude à finie par s’imposer : tout est prêt, tout a été fait pour préparer les esprits, mais il faut encore attendre le « bon moment » - qui, espérons-le, ne viendra pas, tant le savant équilibre de la loi Léonetti, est précieux, mesuré, d’une grande intelligence. S’il faut avancer, avançons du coté des soins palliatifs et de l’adaptation de l’Hôpital à cette logique palliative qui lui es un peu étrangère – tant est forte, pour lui, la logique curative.