TOUT EST DIT

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mardi 16 septembre 2014

Face à la barbarie des islamistes, l’aveuglement des Occidentaux trahit bien leur impuissance

« Ils massacrent des milliers de musulmans, de chrétiens et d’autres représentants de minorités à travers l’Irak et la Syrie. Ils se vantent de leur brutalité et prétendent le faire au nom de l’islam. Cela n’a aucun sens. L’islam est une religion de paix. Ce ne sont pas des musulmans, ce sont des monstres », s’est indigné le Premier ministre britannique David Cameron à l’annonce – nouvelle surenchère dans l’horreur – de l’assassinat par les « fous d’Allah » de l’Etat islamique d’un nouvel otage, David Haines, un humanitaire britannique de 44 ans qui avait été capturé alors qu’il travaillait en Syrie dans un camp de réfugiés, près de la frontière turque.
« Notre compatriote a été tué de la manière la plus brutale et la plus horrible que l’on puisse imaginer », a ajouté le Premier ministre de Sa Majesté en dénonçant un « meurtre ignoble et révoltant » avant d’assurer : « Nous traquerons les responsables et les ferons passer en justice. Peu importe le temps que cela prendra. »

Que pouvait-il dire d’autre pour tenter de faire « bonne figure », si l’on peut dire, après la revendication et la diffusion (dans une vidéo insupportable de plus de 2 minutes) sur Youtube de cet assassinat barbare, dont il est bien sûr accusé par les terroristes de porter l’entière responsabilité ? Et alors que les terroristes menacent « d’exécuter » – comme ils disent – un second humanitaire britannique pris en otage, pour faire payer aux Occidentaux leur engagement militaire en Irak et en Syrie ou les dissuader encore d’intervenir.
Le piège s’est donc refermé sur nos « pauvres démocraties » qui, après avoir trop longtemps fermé les yeux sur la montée en puissance de cette internationale du terrorisme voulant instaurer de gré ou de force un califat sur tout le Proche et le Moyen-Orient, ne peuvent bien évidemment rester sans réagir face à ces scènes de terreur qui révoltent à juste titre nos opinions publiques.
Mais dédouaner l’islam et renoncer à désigner clairement l’ennemi islamique, comme l’a fait dimanche Cameron, constitue une première victoire psychologique et politique des terroristes de l’Etat islamique. Car si des gens fanatisés et endoctrinés, capables de commettre pareille sauvagerie, sont bel et bien des « monstres », ils n’en restent pas moins des « musulmans » puisqu’ils se réclament ouvertement de cette religion dont ils veulent appliquer la charia (la loi islamique) dans toute sa rigueur dans tous les territoires qu’ils auront ainsi « libérés ».

Comment lutter efficacement

contre des « djihadistes sans frontières » ?

L’aveuglement des Occidentaux, qui se refusent systématiquement à mettre en cause l’islam ou du moins ses milices et dérives sectaires, trahit bien leur impuissance.
Comment lutter en effet efficacement contre des « djihadistes sans frontières », selon l’expression de François Hollande vendredi à Bagdad, si l’on se refuse à voir et à désigner clairement l’origine du mal ? Et à prendre aussitôt les mesures urgentes qui s’imposent pour rétablir l’ordre et l’état de droit dans nos propres banlieues devenues le terreau idéal de recrutement pour tous ces « fous d’Allah » rêvant de donner un sens à leur vie en allant faire le « djihad » en Irak ou en Syrie ?
S’il faut certes trouver une « réponse globale » à une agression globale et à une avancée foudroyante des terroristes, qui menacent notre propre sécurité, comme la Conférence de Paris devait tenter de le faire lundi en jetant les bases et les contours d’une grande coalition militaire occidentale sous la houlette des Etats-Unis, force est de constater qu’envoyer des avions français bombarder des « positions djihadistes » dans le désert irakien ne réglera pas le problème qui est déjà à nos portes.
« L’odieux assassinat de David Haines montre une nouvelle fois combien la communauté internationale doit se mobiliser contre Daesh (acronyme arabe de l’Etat islamique), organisation de la lâcheté et de l’abjection », soulignait certes un communiqué de l’Elysée dimanche matin. Il conviendrait cependant d’y réfléchir à deux fois avant de se lancer tête baissée dans l’aventure irakienne.


YVES BRUNAUD
 

Google dit devoir de plus en plus répondre aux gouvernements



Le géant de l'internet Google dit être soumis à des pressions croissantes de la part de gouvernements de différents pays afin de fournir des données dans le cadre d'enquêtes criminelles.
Le nombre de requêtes a augmenté de 15% de manière séquentielle au cours du premier semestre de cette année et de 150% ces cinq dernières années, précise l'entreprise californienne dans un rapport semestriel, lundi.
Les demandes d'informations provenant des Etats-Unis ont, elles, augmenté de 19% lors des six premiers mois de 2014 et ont plus que triplé depuis 2009.
Après les révélations faites par l'ancien analyste Edward Snowden sur les programmes de surveillance menés par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA), le président Barack Obama a appelé le Congrès en janvier à mettre un frein à la collecte et au stockage de données provenant d'appels téléphoniques passés par des millions d'usagers américains.

Hollande : objectif Titanic !

On se demande à la fois comment la France va survivre à ce désastre, et comment François Hollande va pouvoir tenir l’interminable trajectoire quinquennale !

Le 5 septembre, en plein Sommet de l’OTAN, François Hollande a cru bon de commenter le livre de son ex-compagne, Valérie Trierweiler. Ce n’était évidemment ni le lieu ni le moment, et ce fut donc un moment dégradant et pathétique pour lui, mais surtout humiliant pour tous les Français.
Depuis, les coups n’arrêtent pas de pleuvoir : une popularité en chute libre, une affaire Thévenoud dévastatrice, des déficits qui s’alourdissent, un ministre des Finances incapable de trouver 21 Md€ d’économies, un rappel à l’ordre cinglant de Bruxelles qui demande des « mesures de redressement crédibles », une dette qui approche les 2000 Mds€, un chômage qui explose, une confiance de l’opinion qui s’écroule… Même Attali, qu’on ne peut pas suspecter d’être un facho d’extrême droite faisant du Hollande bashing, pense que la France est en route vers la faillite… Bref, on se demande à la fois comment la France va survivre à ce désastre, et comment, jusqu’en 2017, il va pouvoir tenir l’interminable trajectoire quinquennale !
« J’ai été élu pour 5 ans et aucun sondage ne peut interrompre mon mandat. J’agis et j’agirai jusqu’au bout. »
Vous vous rappelez Edward John Smith ? C’était le capitaine du Titanic qui, le 14 avril 1912, heurta un iceberg qui n’aurait pas dû être là. Il coula le lendemain à 2 heures 20 du matin… Lui aussi était optimiste et confiant dans sa trajectoire. Lui aussi pensait qu’il fallait garder le cap et qu’il devait aller jusqu’au bout…
iceberg
Le problème avec Hollande, c’est qu’on est tous sur le Titanic et que, depuis deux ans, c’est lui qui est aux commandes, improvisant une trajectoire folle qui conduit inévitablement la France au naufrage… Deux années déjà qu’il a engagé le pays dans la mauvaise direction. Et le pire est non seulement qu’il ne voit même pas l’iceberg, mais que – je viens de vérifier en me penchant sur le bastingage – il n’y a pas de chaloupes et pas de barques de sauvetage : on va donc tous couler et boire la tasse.
titanic

Le MEDEF sort son bazooka

Effervescence en Sociale Française ! Des propositions révolutionnaires sur le code du travail auraient été émises ! Et alors que l’opinion publique, le parti socialiste, la gauche de la gauche et les journalistes se remettent à peine d’un remaniement ministériel éclair qui aura permis l’avènement d’un Nouveau Gouvernement de Combat Plus Mieux, avec, même, un petit parfum de drouate, c’est au tour du syndicat des patrons de tenter un chambardement inouï dans le statu quo.
Et quel chambardement, puisqu’il s’agit ni plus ni moins, pour le MEDEF, que de s’attaquer à quelques unes des vaches les plus sacrées de la République Citoyenne & Festive.
Citoyenne et Festive, depuis 1789
Dans une furie révolutionnaire apparemment sans limite, on apprend en effet que le Medef propose de pouvoir supprimer des jours fériés, de déroger à la durée légale du travail, ou s’affranchir du salaire minimum, en utilisant le prétexte — qu’on devinera évidemment fallacieux (les patrons sont fourbes, ne l’oubliez pas) — de la création de centaines de milliers d’emplois. Ces propositions, aussi hérétiques que médiatisées (c’est dire), sont rassemblées dans un document que Les Echos se sont empressés de compulser pour en extraire, notamment, la petite phrase de conclusion, bien saignante :
« Il s’agit avant tout d’animer un débat […] Notre conviction est que nous n’avons pas “tout essayé contre le chômage”, nous avons juste essayé ce qui n’a marché nulle part et oublié ce qui a fonctionné partout. »
Oh ! Que voilà un tacle bien appliqué dans les gencives des gouvernements de ces quarante dernières années ! Et ma foi, ce n’est pas si mal vu si l’on se rappelle qu’en effet, les solutions qui furent tentées ces dernières décennies ressemblent toutes, à s’y méprendre, à des bricolages sociétaux et économiques favorisant largement le salarié au détriment de l’employeur, la sauvegarde des positions acquises au détriment de l’adaptabilité et de la souplesse, et plaçant la redistribution et l’aide sociale bien au-dessus de la création de richesse. Et il est vrai que revenir en arrière sur le SMIC, sur la répartition du temps de travail ou les modes de contractualisation d’un emploi n’entrent vraiment pas dans les solutions déjà appliquées, et encore moins proposées, en France récemment.
À première vue, voilà qui devrait déclencher un « youpi ». Mais revenons sur terre deux secondes.
D’une part, on ne peut pas s’empêcher de penser que l’organisation patronale a tout de même mis du temps avant de sortir ce genre de « solutions », qui s’apparentent, dans le paysage politique habituel, à une véritable attaque au bazooka (même si, soyons clair, la croissance ne peut pas reposer, même dans les rêves les plus humides des politiciens et des organisations patronales, sur une paire de jours fériés travaillés). Plus exactement, disons qu’ils ont mis des années avant de rassembler le courage de proposer ce package pourtant modeste, et de bénéficier d’une situation suffisamment « favorable » pour qu’il soit relayé et écouté avec un minimum d’attention. Par « favorable », on entend « favorable à la réception des idées » … Quelque part, cela en dit long sur l’étendue de la catastrophe qui se joue actuellement dans le pays : même les capitalistes de connivence commencent à comprendre que le trop-plein d’État finit par leur nuire.
D’autre part, il est facile de revenir aux tristes réalités de terrain : les organisations syndicales habituelles vont nous y aider, en nous rappelant que ces vénérables institutions, dont le financement, particulièrement opaque, tient bien plus souvent de la comptabilité mafieuse que de la petite association de quartier, sont farouchement contre tout ce qui pourrait s’apparenter de près ou de loin à une perte de leurs prérogatives. Normalement, les « forces de propositions », c’est eux, pas le patronat. Normalement, ceux qui ont de « vraies » solutions pour trouver des emplois par miyons, c’est eux, pas le patronat. Et normalement, dès lors qu’il s’agit de toucher aux drouazakis, les syndicats se dressent comme un seul homme pour crier un « No Pasaran » ferme et déterminé, à peine couvert par la sono de Gégé qui vend des merguez en queue de manifestation.
Et s’il s’agit de tripoter le SMIC, fricoter avec le travail le dimanche ou les jours fériés, ou encore malaxer délicatement les 35 heures, immédiatement nos amis se retrouveront sur le passage pour s’opposer. Ainsi, pour Mailly, le secrétaire général de Force Ouvrière, de telles propositions conduiront à l’évidence « le pays à sa perte » et comme il n’était pas en reste d’une petite exagération caricaturale ou deux, coincé qu’il est dans ces années charbonneuses et terribles qu’un Zola décrivit sur de longues pages, il a même rajouté :
« Ce n’est pas négociable ce genre de choses. La France ne se gère pas comme une entreprise privée. La prochaine étape, c’est quoi : on va faire travailler les enfants ? »
Voilà, c’est dit : pas négociable, pas une entreprise privée, travail des enfants, misère noire, chatons morts, patatras.
revoir le code du travail
Au moins, les choses sont claires : la garde et l’arrière-garde crypto-communiste des syndicats ouvriers, dont la représentativité, inversement proportionnelle aux subventions publiques reçues, leur permet toute outrance, seront vent debout contre toute velléité du patronat à proposer la moindre bricole, la moindre expérience ou tentative d’expérience qui pourrait éventuellement relancer l’activité.
C’est gênant, à plusieurs titres.
D’abord, parce que l’expérience aurait un aspect fort ludique, à commencer par la fonction publique, surtout lorsqu’on se rappelle que cette dernière est le cœur de cible de ces syndicats arc-boutés sur leurs certitudes badigeonnées de Zola. En effet, en terme de droit du travail et de gestion des horaires légaux, cette fonction publique se pose un peu là : entre les avantages qu’aucun texte ne semble réguler ni encadrer, et les dérapages d’horaires ultra-favorables aux employés publics, le fait de simplement appliquer le droit actuel permettrait de dégager un volume d’heures de travail assez conséquent. Et puis après tout, pour remettre la France au travers, pourquoi ne pas inclure aussi sa fonction publique ?
antigone code du travailEn outre, quand bien même les solutions proposées par le MEDEF sont particulièrement blasphématrices, pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout ? Après tout, de l’aveu même d’un Premier Ministre dont on ne sait pas ce qu’il gouverne exactement, si la situation n’est pas un peu meilleure d’ici trois à six mois,« ce sera foutu ». Bon, certes, on sent bien la petite phrase pratique pour mobiliser les troupes, jouer à se faire peur et tenter de rallier l’opinion à sa démarche, mais indépendamment de ce petit calcul, quel risque existe-t-il à appliquer les mesures proposées ?
Plus de chômage parce que les entreprises travailleraient plus longtemps, ou plus de jours ? Difficile à croire. Plus de pauvreté et Zola à tous les étages, alors que d’autres pays montrent tous les jours, avec leurs règles bien plus souples, qu’il n’en est rien ? Alors quoi ?
Non, décidément, les propositions du MEDEF sont, bien qu’absolument iconoclastes, intéressantes, et précisément parce qu’elles osent ainsi s’attaquer à des tabous, elles rouvrent un débat qu’on n’avait plus entendu dans le pays : la place réelle de la loi et de l’immixtion de l’État dans la vie des individus. Par exemple, pourquoi le trouve-t-on, sous la forme de codes toujours plus gros, à l’interface entre l’employeur et le salarié, pour déterminer salaire, jours ouvrés et modalités de paiement ?
Autre exemple, pourquoi doit-on avoir une loi qui spécifie pour tous et pour chacun le temps légal ? Pourquoi ne peut-on se contenter de grands principes, à la fois évidents et sains, et laisser aux adultes entre eux, au niveau individuel et éventuellement épaulés de syndicats réellement représentatifs, le soin de s’organiser et déterminer, entre eux, ce temps de travail qu’il semble absolument indispensable de légiférer au yeux du politicien moyen ? Pourquoi ce qui marche, finalement, dans tant de pays civilisés, où, non, on ne nage pas au milieu d’exploitation de l’Homme par l’Homme avec des Bêtes Humaines et des Assommoirs à tous les coins de rue, ne marcherait-il pas en France ?
Le débat s’ouvre donc. Il aura fallu des années d’atermoiements et de stupidités collectivistes pour en arriver là, des décennies perdues et des millions de vies abimées par le chômage, la misère et les expédients douteux. C’est une bonne chose et on peut même rêver qu’il aboutisse à un léger mieux. Mais en attendant, l’assemblée est toujours socialiste. Le gouvernement est toujours socialiste. Le sénat est encore socialiste. Le président est toujours socialiste. L’opposition est toujours socialiste. Les autres partis sont encore et toujours socialistes. Les syndicats sont aussi socialistes que possible. Et le peuple, qui souffre et rouspète, maugrée en silence en souhaitant … un peu plus de socialisme.
C’est pas gagné, cette histoire.

Sommes-nous en 1937?

Comme en 1937, le pessimisme règne en Europe, après plusieurs années de crise. Il alimente les tensions géo-politiques qui, elles-mêmes, affectent la croissance et contribuent au pessimisme... Jusqu'où faire le parallèle entre notre présent et cette funeste période?
Huit ans après le krach boursier de 1929, en 1937, la situation prend un virage catastrophique, l'activité rechute lourdement. La reprise ne sera possible que grâce à une dynamisation économique considérable engendrée par la Seconde Guerre mondiale, conflit qui coûtera la vie à plus de 60 millions de personnes. À l'heure où surviendra enfin la reprise, la majeure partie de l'Europe et de l'Asie ne sera plus qu'un tas de ruines.

Des parallèles avec 1937: une inquiétude pour le long terme

Bien que le contexte mondial actuel soit sans commune mesure avec l'horreur de cette période, plusieurs parallèles peuvent être avancés, notamment par rapport à l'année 1937. Aujourd'hui comme à l'époque, les citoyens sont depuis longtemps déçus, et pour beaucoup plongés dans la détresse. Ils s'inquiètent désormais beaucoup plus de leur avenir économique à long terme. Or, cette inquiétude est susceptible d'engendrer de graves conséquences.

 Les déceptions sur la croissance peuvent engendrer des conflits

L'impact de la crise financière de 2008 sur les économies ukrainienne et russe pourrait bien par exemple avoir en fin de compte contribué au conflit qui y fait rage depuis peu. D'après le Fonds monétaire international, l'Ukraine et la Russie ont toutes deux enregistré une croissance spectaculaire entre 2002 et 2007 : au cours de ces cinq années, le PIB réel par habitant a augmenté de 52 % en Ukraine et de 46 % en Russie. Cette dynamique appartient désormais au passé : la croissance du PIB réel par habitant n'a atteint que 0,2 % en Ukraine l'an dernier, pour seulement 1,3 % en Russie. Le mécontentement suscité par cette déception pourrait bien en partie expliquer la colère des séparatistes ukrainiens, l'irritabilité des Russes, ainsi que les décisions d'annexion de la Crimée et de soutien des séparatistes de la part du président russe Vladimir Poutine.

 Comme à la fin des années 30...

Il existe un nom au désespoir qui alimente cette colère apparue depuis la crise financière - et pas seulement en Russie et en Ukraine - à savoir le terme de « nouvelle norme, » formule popularisée par le fondateur du géant obligataire PIMCO, Bill Gross, en référence à l'érosion des perspectives de croissance économique à long terme. Le désespoir observé après 1937 avait conduit à l'émergence de nouveaux termes similaires, parmi lesquels celui de « stagnation séculaire, » évoquant un malaise économique sur le long terme. Le terme « séculaire » nous vient du latin saeculum, qui signifie « génération » ou « siècle. » Celui de « stagnation » a pour connotation une sorte de marasme, véritable terreau des menaces les plus virulentes. À la fin des années 1930, les peuples s'inquiétaient également du mécontentement observé en Europe, qui avait d'ores et déjà contribué à l'avènement au pouvoir d'Adolph Hitler et de Benito Mussolini.

 Un risque de sous-consommation

Un autre terme apparu comme soudainement dominant aux alentours de 1937 fut celui de « sous-consommationnisme » - théorie selon laquelle l'inquiétude des populations serait susceptible de conduire les individus à épargner de manière excessive, dans un souci d'anticipation de lendemains difficiles. Or, le volume d'épargne souhaité par les individus excède les opportunités d'investissement disponibles. Par conséquent, le désir d'épargner ne s'ajoute pas à l'épargne globale en direction de la création de nouvelles entreprises, de la construction et de la vente de nouveaux immeubles, etc. Bien que les investisseurs puissent procéder à une surenchère quant aux prix des immobilisations existantes, leurs efforts d'épargne ont pour seul effet de ralentir l'économie.

La dépense découragée, l'économie fragilisée

« Stagnation séculaire » et « sous-consommationnisme » sont autant de termes trahissant un pessimisme sous-jacent, lequel, en décourageant la dépense, contribue non seulement à la fragilité de l'économie, mais suscite également colère, intolérance et potentiel de violence.
Dans son ouvrage majeur intitulé Les conséquences morales de la croissance économique, Benjamin M. Friedman a présenté nombre d'exemples de situations dans lesquelles le déclin de la croissance économique avait fait naître - de manière variable et plus ou moins rapide - l'intolérance, le nationalisme agressif, et la guerre. Il en conclut : « La valeur d'une élévation du niveau de vie ne réside pas seulement dans les améliorations concrètes qu'elle génère dans l'existence des individus, mais également dans la manière dont elle façonne l'identité sociale, politique, et en fin de compte morale d'un peuple. »

La croissance économique? Simplement vivre mieux que par le passé

Certains affirment douter de l'importance de la croissance économique. Pour beaucoup, nous serions peut être trop ambitieux, et aurions davantage intérêt à vivre une existence plus agréable et plus divertissante. Peut-être ont-ils raison.
Mais la véritable problématique réside dans l'estime de soi, ainsi que dans les processus de comparaison sociale, dont le psychologue Leon Festinger a expliqué qu'ils constituaient une tendance universelle chez l'être humain. Beaucoup s'en défendront probablement, mais nous passons nos vies à nous comparer les uns aux autres, et aspirons à gravir l'échelle sociale. L'individu n'appréciera jamais pleinement ses nouvelles opportunités de loisirs si ces opportunités semblent signifier son échec par rapport aux autres.
L'espoir de voir la croissance économique favoriser la paix et la tolérance se fonde sur la propension des individus à se comparer aux autres non seulement dans le présent, mais également par rapport aux souvenirs qu'ils ont de certaines personnes - parmi lesquelles leur propre être - au cours du passé. Pour citer Friedman, « À l'évidence, il est impossible que la majorité des individus s'en sorte mieux qu'autrui. Mais il est toujours possible pour la plupart des individus de vivre une existence présente plus prospère que leur existence passée, et c'est là précisément ce que signifie la croissance économique. »

 Les sanctions imposées à la Russie pourraient affecter l'activité en Europe

Le risque existe de voir les sanctions qui ont été imposées à la Russie, en raison de ses agissements en Ukraine de l'Est, engendrer une récession à travers l'Europe et au-delà. Ainsi pourrait-on aboutir à un monde de Russes mécontents, d'Ukrainiens mécontents et d'Européens tout aussi mécontents, dont la confiance et le soutien à l'endroit d'institutions démocratiques pacifiques seraient voués à s'éroder.
Bien que certains types de sanctions à l'encontre d'agressions internationales semblent nécessaires, il nous faut demeurer attentifs aux risques associés aux mesures extrêmes ou punitives. Nous aurions tout intérêt à nous entendre sur la fin des sanctions, à intégrer plus pleinement la Russie (et l'Ukraine) à l'économie mondiale, tout en combinant ces démarches à des politiques économiques expansionnistes. Toute résolution satisfaisante du conflit actuel n'exigera pas moins que cela.