La France, ses fromages, ses impôts et… ses arguties linguistiques. Avec la très critiquée réforme du collège, le pays s’offre une nouvelle controverse sur la face la plus intime de sa culture : la langue.
A vrai dire, chaque polémique révèle les travers d’un pays perclus de doutes existentiels, tenté par le repli, hanté par le déclassement. La loi Fioraso sur l’usage de l’anglais dans l’enseignement supérieur ? La ministre y voyait un moyen d’accroître l’attractivité des universités françaises ; ses détracteurs, une abdication face à l’anglicisation de la recherche scientifique, autant dire face à cette mondialisation honnie. La suppression des options latin-grec ? Il ne faut pas beaucoup gratter pour découvrir que derrière la marginalisation des « humanités » se cache un égalitarisme à tout crin, comme si le supposé élitisme attaché à l’étude de rosa, rosa, rosam alimentait l’échec scolaire… Le charabia digne d’Ubu des pédagogistes de l’Education nationale, pour qui le crayon est un « outil scripteur », les parents d’élèves des « géniteurs d’apprenants » ? Mieux qu’une longue démonstration, ce jargon illustre les dérives d’une administration-mammouth qui ne se parle plus qu’à elle même, en une novlangue censée empêcher l’expression de toute pensée critique – à l’image du newspeak inventé par George Orwell.
Bien sûr, ces batailles de chapelles passent à côté de l’essentiel. Les pessimistes rappelleront qu’un collégien sur cinq maîtrise mal le français en sixième. Les plus optimistes insisteront sur les opportunités d’une francophonie en forte expansion à travers le monde. On attend le nouveau Vincent de Gournay à même de populariser la maxime : « Laisser dire, laisser parler ».