TOUT EST DIT

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jeudi 6 octobre 2011

Papandréou, l'homme sous pression

Conforté par l'Allemagne et la France, Georges Papandréou a encore une chance de sauver la Grèce de la faillite. Mais s'il passe la rampe à l'international, il est considéré comme un "Grec de l'étranger" chez lui. 

Les Grecs font un effort surhumain pour sortir de la crise, et les critiques permanentes contre notre pays sont frustrantes." C'est fait. A Berlin, le 27 septembre, devant un parterre de patrons allemands, le Premier ministre grec Georges Papandréou a parlé des souffrances de son peuple. "Enfant de l'Occident" formé à Harvard, il a enfin abandonné son flegme anglo-saxon pour faire preuve de compassion méditerranéenne. A l'issue de la réunion, Hans-Peter Keitel, le président de l'influente fédération germanique des chambres d'industrie, appelait les parlementaires allemands à se mobiliser pour la Grèce. Ce qu'ils ont fait. Le plan de sauvetage à 160 milliards d'euros a été voté le 29 septembre par une très large majorité lors d'une séance historique du Bundestag. Succès pour Angela Merkel. Succès pour Georges Papandréou. Succès pour l'Europe.
Leader controversé
Le oui allemand permet d'éviter, pour l'instant, la faillite de la Grèce et l'implosion de la zone euro. Le 30 septembre, à Paris cette fois, le Premier ministre l'a longuement expliqué au président Nicolas Sarkozy: "Je veux dire de façon parfaitement claire que la Grèce, moi-même, notre gouvernement, le peuple grec sommes déterminés à faire les changements nécessaires." A voir. Car la rue grecque est exaspérée par la cure d'austérité du gouvernement, mais aussi par la personnalité de celui qui le dirige. Au lieu d'une unité nationale, c'est sur une équipe restreinte et impopulaire que Georges Papandréou s'appuie. Cela sous le contrôle d'experts de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international contraints de zigzaguer d'un ministère à l'autre entre les manifestations qui paralysent la capitale hellène. Raffiné, courtois, la silhouette longue et distinguée, la moustache impeccablement taillée, adepte du vélo et du jogging dans un pays où l'on préfère rouler en voiture et jouer au foot, Georges Papandréou, à 59 ans, a gagné une manche importante pour sauver son pays de la faillite. Mais sur place, il est toujours considéré comme un "Grec de l'étranger". A Athènes, il est invisible. Il va de sa résidence au ministère dans une voiture sous haute surveillance, entouré de gardes du corps. On se moque des fautes qu'il commet en parlant la langue d'Homère, qu'il maîtrise moins bien que celle de Shakespeare. "Tout le monde ici l'appelle Giorgakis, le Petit Georges, on le ridiculise parce qu'il est toujours avec son ordinateur. On l'appelle aussi Jeffrey, son prénom américain", raconte le politologue Giorgos Kirtsos. Jeffrey? Le problème, c'est que les élites internationales l'adorent. "Il est charmant, très curieux de tout, un vrai gentleman, s'enthousiasme l'économiste Daniel Cohen, qui conseille le gouvernement grec avec la banque Lazard. Quand vous parlez, non seulement il vous écoute, mais il prend tout en note sur son ordinateur."Yossi Beilin, ex-ministre israélien de l'Economie et de la Justice, aujourd'hui président de l'institut Beilink Business Foreign Affairs, est lui aussi dithyrambique: "Il est unique, il a une histoire unique, il est vraiment drôle et très engagé dans tout ce qu'il fait."
Illustre et lourde famille
Né aux Etats-Unis d'une mère américaine durant un exil dû aux activités trotskistes de son père, Georges Papandréou y a passé une partie de son enfance, avant de repartir en Grèce, puis d'en être chassé avec sa famille par les colonels en 1967. "Jeune, il était calme et observait, cherchant sa place dans son illustre famille, raconte Richard Parker, professeur d'économie à Harvard, et ami de la famille. Son grand-père et son père avaient placé la barre très haut." Les Papandréou sont la plus fameuse des trois dynasties, avec les Karamanlis et les Mitsotakis, qui se partagent le pouvoir en Grèce depuis des décennies. Le grand-père fut trois fois Premier ministre. Le père, Andréas, a fondé le Parti socialiste grec, le Pasok, et fut Premier ministre dans les années 1980 et 1990. L'ombre immense de ce tribun charismatique, grand séducteur, capable de mobiliser les foules, plane sur le fils. "Papandréou a un problème d'ordre psychanalytique qui, comme dans la plupart des tragédies grecques, renvoie au rôle du père", analyse le journaliste Nikos Aliagas, qui fut présentateur d'un journal télévisé en Grèce dans les années 1990. Georges a 14 ans ce 21 avril 1967. Le coup d'Etat des militaires vient d'avoir lieu. Ils déboulent pour chercher son père caché dans la véranda au premier étage de la maison. L'un d'eux colle sa mitraillette sur l'enfant. "Où est-il?" Georges reste coi. Andréas se livre. Il est battu et arrêté. La famille s'exile. "Georges est alors devenu introverti, a raconté son frère. Il a mis du temps à se remettre de ce traumatisme." Près de trente ans plus tard, Andréas meurt le 23 juin 1996, après avoir défrayé la chronique avec sa liaison puis son mariage avec l'hôtesse de l'air Dimitra Liani. Il lui lègue tous ses biens et déshérite ses quatre enfants à qui il laisse "un nom et une éducation". A la différence du reste de la progéniture, Georges, l'aîné, accepte la décision paternelle. Dit qu'il faut se souvenir des"grands moments" de son père, dont il porte le nom "avec fierté". Georges n'avait pourtant pas hésité à affronter son père miné par la maladie, réclamant publiquement son départ du pouvoir.
Contraint à la rigueur
Entre rupture filiale et exploitation de la légitimité familiale, il a pris son envol. Mais doit aujourd'hui expier les péchés paternels. Sous le règne d'Andréas, la dette publique du pays est passée de 20 à 80% du PIB, et le clientélisme -une place dans la fonction publique contre un vote- a explosé. Pour gagner les élections en 2009, après deux échecs successifs contre Kostas Karamanlis, Georges Papandréou avait promis des "mesures immédiates pour tonifier l'économie, injecter des liquidités sur le marché et soutenir les revenus des travailleurs". En fait de tonifiant, c'est d'un remède de cheval qu'aura besoin le pays. On découvre que le déficit budgétaire s'élève non à 3,7% du PIB, mais à ... 12,7%. Les comptes nationaux légués par le gouvernement de Kostas Karamanlis -doctement enregistrés par Bruxelles- ont bel et bien été truqués. Le début de la législature du socialiste Papandréou s'ouvre avec un immense gouffre. "Il aurait dû parler aux Grecs dès le début, leur dire que les mesures prises seraient lourdes et injustes, mais que c'était bien mieux que la faillite", avoue aujourd'hui l'un de ses conseillers. Pour leur annoncer les mauvaises nouvelles, le 23 avril 2010, il choisit de s'exprimer à la télévision sur l'île de Kastelorizo, dans un décor de carte postale, où le bleu de la Méditerranée le dispute à la blancheur des voiliers. Il promet non des larmes et du sang -l'homme n'a pas l'étoffe d'un Churchill-, mais une nouvelle Odyssée: "Nous connaissons le chemin d'Ithaque Nous atteindrons notre destination sains et saufs, plus assurés plus justes et plus fers." Les Grecs n'ont pas du tout été convaincus. "Compte tenu de l'urgence de la situation, j'étais furieux en le regardant, se souvient Jason Manolopoulos, cofondateur du hedge fund Dromeus Capital et auteur de Greece's Odious Debt, un livre au vitriol sur la dette grecque. Puis je me suis dit que le choix de cette île n'était pas anodin et qu'en fait Papandréou ne s'adressait pas au peuple grec." L'île de Kastelorizo, outre le fait qu'elle colle parfaitement à l'image que se font les touristes du pays, est située à l'extrémité orientale de l'Europe, proche de la Turquie et non loin de la Syrie et de l'Egypte. "Papandréou a voulu faire comprendre aux étrangers qu 'il y avait un risque géopolitique en plus d'un risque économique", conclut Jason Manolopoulos.
Fibre diplomatique
L'appel du grand large, Georges Papandréou a toujours eu du mal à y résister. Il a d'ailleurs été, de l'avis général, un excellent ministre des Affaires étrangères. De 1999 à 2004, il fut l'un des artisans de la normalisation des relations avec la Turquie. Une politique connue sous le nom "diplomatie de l'ouzo". Le nom d'une boisson traditionnelle qu'il a partagée avec son homologue turc de l'époque, Ismaïl Cem, dans une taverne de Washington. "Il s'agissait de montrer au monde que la Grèce et la Turquie pouvaient surpasser leurs différends diplomatiques parce que leurs cultures sont proches", décrypte l'un de ses ex-conseillers. Ce pouvoir de séduction, Georges Papandréou, Premier ministre de crise, l'a aussi déployé pour tenter de rassurer les investisseurs. Le 3 octobre 2010 à Berlin, il reçoit le prix Quadriga des mains de Josef Ackermann, le patron de la Deutsche Bank. Lors de la cérémonie, il se félicite de "cette reconnaissance d'un travail mené à bien par toute une nation, par mes concitoyens". De quoi mettre en rogne son opinion publique, chez qui le sentiment antigermanique est virulent. Une détestation qui remonte à la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle 13% de la population de la Grèce fut décimée. Côté allemand, le mépris affiché pour les Grecs est tel que Papandréou fut bien obligé -c'était en mars 2010- de mettre les choses au clair: "Nous n'avons pas la corruption dans les gènes, pas plus que les Allemands n'ont le nazisme dans les leurs." Voilà qui était dit. Et maintenant, va-t-il s'en sortir? "J'ai voté pour lui et je lui fais encore confiance, confie Timon Karamanos, avocat à Athènes. Mais il faudrait qu'il nous parle, car nous ne savons même pas où nous serons en décembre." Pour l'instant, c'est Evangelos Venizelos, ministre des Finances, qui occupe la scène. Homme de caractère, le Philippe Séguin grec est le pire ennemi de Papandréou au sein du parti. En juin dernier, Papandréou a remanié son gouvernement en plaçant cette personnalité au poste le plus exposé. Depuis, c'est de la bouche du ministre que sortent les mesures d'austérité les plus difficiles à faire avaler. La manoeuvre a consterné les chancelleries à Athènes et une opinion publique avide d'un appel d'air dans la classe politique, alors que le remaniement a renforcé le pouvoir des caciques du Pasok. "J'ai découvert un nouvel aspect de sa personnalité, s'étonne Kostas Vergopoulos, professeur d'économie à l'université de Paris 8. Il aime le pouvoir et s'y accroche. "Aujourd'hui, le Premier ministre est isolé. "Il a voulu faire une Maison-Blanche grecque, poursuit Vergopoulos. Il s'est entouré de 120 conseillers, mais n'en n'écoute aucun." Takis Bratsos, un autre économiste, note qu'il s'appuie surtout sur son premier cercle, celui de ses frères et de sa mère, "une très forte personnalité". Il peut aussi compter sur quelques partisans indéfectibles, comme Elena Panariti, députée du Pasok: "Il entrera dans l'histoire Quel que soit le coût politique, il sauvera son pays", ou encore Nikos Dimadis, ancien ambassadeur de Grèce auprès de la Commission européenne: "Il fera tout pour tenir jusqu'au bout. Seuls Papandréou et son gouvernement peuvent faire face aux difficultés actuelles." Difficultés qui se sont encore alourdies le 2 octobre, avec l'annonce que l'objectif de baisse du déficit public ne sera pas tenu en 2011. Le coût politique, la famille connaît. Le grand-père est allé six fois en prison, le père deux fois, et tous deux ont connu l'exil. Une défaite électorale, même à l'issue d'élections anticipées, serait un faible prix à payer.

Le défaut de la Grèce pourrait ne pas être aussi catastrophique qu'on le répète

Les derniers préparatifs en vue d’un sauvetage de la Grèce oublient les calculs élémentaires qui montrent que ce sauvetage constitue la dernière chance de survie de la Grèce dans la zone euro.
La bonne nouvelle réside dans le fait que le défaut éventuel de la Grèce ne serait pas si grave contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire. Après ce nouveau plan de sauvetage, la dette publique grecque restera insoutenable. Car le rapport entre les taux de croissance et les taux d’intérêt réels est aujourd’hui à des niveaux de non retour qui nous conduisent droit au défaut. Faisons l’hypothèse que la Grèce fasse défaut. Non seulement cela pourrait sauver l’Europe mais aussi, cela ne couterait pas grand-chose à la Grèce. Voici 5 raisons de penser qu’un défaut de la Grèce, accompagné (ce qui n’est pas automatique) d’une sortie de la zone euro ne serait pas si catastrophique que cela :  
1.                  Premièrement, le défaut grec est inévitable : la question n’est plus de savoir si c’est nécessaire mais comment faire. A titre d’information, le défaut est d’ailleurs déjà dans les termes de la proposition du package de sauvetage du 21 juillet dernier (en attente de ratification par les parlements nationaux), où les créditeurs privés sont supposés accepter une perte de 21%. Ici, la restructuration est une façon déguisée d’organiser un « défaut sélectif » et de limiter la panique des marchés financiers.
2.                  Deuxièmement, les investisseurs s’y préparent de plus en plus à ce défaut et l’ont déjà intégré dans le cours des obligations publiques grecques. La Grèce a été dans une spirale infernale ces dernières années, et aujourd’hui les bons publics grecs à un an dépassent 100% d’intérêt. C’est bien la preuve que les anticipations du défaut de la Grèce ont déjà été intégrées par les investisseurs. Pourquoi s’inquiéter du défaut de la Grèce, puisque de toutes les façons les investisseurs ont déjà intégré ce scenario ? Il n’y aura pas davantage de panique après la sortie de la zone euro de la Grèce.  
3.                  Troisièmement, le programme de sauvetage de la Grèce, tel qu’il est conçu aujourd’hui, ne fonctionne pas : le niveau de sa dette est hors de contrôle depuis le premier programme de sauvetage de mai 2010, et la situation du pays n’a fait qu’empirer. Avec ce niveau de dette, la contagion est risquée, le meilleur moyen est de sortir la Grèce de cet espace de contagion économique et sociale, car si économiquement la Grèce ne peut plus se refinancer sur les marchés financiers, menaçant par la même la stabilité de la zone euro, sur le plan social ce n’est guère mieux (point suivant)… 
4.                  Car en effet, personne ne croit en la réalisation du programme de la Troïka. La Grèce échoue à chaque fois. La réalité est que l’ajustement demandé est tout simplement irréalisable mathématiquement, et intenable socialement. C’est peut être un des arguments clés du sauvetage de la zone euro, plutôt que celui de la Grèce. En effet, la zone euro, en dépensant des sommes importantes pour la Grèce insolvable, pourrait utiliser cet argent pour sauver des pays récupérables à court terme comme l’Espagne ou l’Italie. Pour l’instant, elle ne le fait pas parce qu’elle est exclusivement centrée sur la Grèce, et sur des montants astronomiques au regard des moyens de l’Europe, mais dérisoires au regard des besoins de la Grèce. Ensuite, les plans d’austérité ont été à l’origine de tensions sociales significatives et inquiétantes, qui menacent de nombreux pays en Europe. Or, exiger plus des Grecs, c’est aussi exiger plus de tous, avec le risque systémique de révoltes sociales à très court terme, alors que des solutions plus viables pour tous, comme le défaut accompagné d’une sortie de la zone euro, seraient possibles.
5.                  Enfin, les réfractaires du défaut de la Grèce n’imaginent pas les conditions nécessaires et préalables à la sortie de la zone euro. Il ne s’agit pas d’une sortie à coups de pied. Des conditions préalables sont nécessaires : renégociation avec les créanciers, détermination d’un nouveau serpent monétaire européen, d’une parité des changes. Ce point mérite une clarification dans la cacophonie actuelle sur ce sujet : la majoration de la dette externe n’a pas réellement d’importance puisqu’elle ne sera pas remboursée, et la dévaluation après la sortie de la zone euro lui permettra de retrouver la compétitivité externe et la croissance. On pourrait imaginer une dévaluation initiale de l’euro avant la sécession à la parité Euro - Dollar ! Ensuite après la sortie de l’Euro, la Grèce pourrait dévaluer sa monnaie nationale d’un montant équivalent ! Dans les conditions de réussite de la séquence « dévaluation de l’Euro - sécession - dévaluation du drachme »,  il y a aussi la détermination de cette parité objective Euro - Dollar de sortie qu’il ne faut pas oublier.
Finalement plutôt que de faire des demi-choix, une demi Europe et un demi défaut, pourquoi ne pas envisager sereinement la possibilité de sortir la Grèce de la zone euro pour peut être la réintégrer plus tard ?

Steve Jobs, un Napoléon doux?

L'annonce de la mort de Steve Jobs provoque un flux interrompu de réactions sur la Toile, et qui a d'ailleurs fait l'objet de 20% des messages envoyés sur Twitter. Le blogueur David Abiker revient sur les prouesses de cet inventeur, sur son pouvoir de conviction qui nous a tous transformés en ambassadeur de son génie, sans même que nous en ayons conscience.

L’an dernier, j’ai laissé tomber mon IPhone et sa vitre s’est brisée. J’ai fait alors une expérience qui peut rappeler la Divine Comédie de Dante. Une divine comédie du service.
L’Enfer. J’ai commencé par appeler des revendeurs et autres réparateurs d’IPhone plus ou moins agréés. Là, on me disait qu’il m’en coûterait 175 euros de réparation si j’apportais ma machine. J’étais sceptique.
Le Purgatoire. Je me souviens m’être rendu ce jour-là chez l’opérateur téléphonique qui m’avait vendu le téléphone. Un premier vendeur m’avait expliqué que le téléphone serait changé dans l’heure si je contactais ce numéro : 0 800 etc. J’avais appelé, personne ne répondait, le service n’existait pas, le vendeur affabulait. J’étais revenu un quart d’heure plus tard. Un second vendeur – l’autre était en pause – m’avait cette fois expliqué qu’il n’y avait rien à faire et que pour être dépanné, il me faudrait attendre. En revanche, le téléphone me serait remplacé si je déclarais que j’avais été bousculé par un tiers et que le téléphone était cassé. Une escroquerie à l’assurance, tout simplement. J’hésitais encore.
Le Paradis. Je pris enfin le parti d’appeler la Hotline du fabricant. Je dû patienter une minute avant le décroché et une proposition de rendez-vous dans la foulée. 14 heures à l’Apple Store du Louvre. J’arrivais au Louvre vers 13 h 50. A l’entrée de la boutique, un garçon en tee-shirt bleu m’attendait. « Vous êtes David ? » me demanda-t-il en consultant l’IPad que, tel un Saint-Bernard, il avait accroché autour du cou… Je confirmai. Il me fit alors monter un grand escalier, métaphore d’un entretien avec Saint-Pierre. En haut, un autre ange du service m’attendait, me posant à nouveau la question, m’appelant par mon prénom et me proposant de m’asseoir sur une banquette. A 14 heures, client insupportablement capricieux, je commençais à Twitter les minutes de retard. A 14 h 08 un autre ange du service en tee-shirt bleu me conduisit au bar. Là, Pierre me prit en charge. Au sommet de son art, le vendeur m’écouta, matois, tranquille, sûr de sa fonction et de sa mission. Il m’annonça que le téléphone devait être changé, que cela couterait cher. Je me fis une raison et lui tendait la machine brisée dont il sauvegarda le contenu. Je lui demandai une facture. Il me fit patienter. Consulta un registre, sans doute celui de mes pêchés de gourmandise et d’envie depuis que la marque m’a ferré. Alors que je sortais ma carte bancaire, le vendeur narquois me tendit une facture à Zéro euros. Je repartis avec un téléphone neuf et l’intégralité de son contenu.
Cette histoire est une banale histoire de client, de service et de jeu. Elle est centrale pour comprendre la révolution Apple qui n’est pas, qui n’est plus une révolution technologique.
Le client c’est moi qui me souviens de chacun de mes voyages en enfer, en purgatoire et au paradis.
Le jeu c’est celui du vendeur, au sommet de son art, maîtrisant si bien son poste, les procédures et mon historique de consommateur, que je fus placé immédiatement à la droite de Dieu.
Le service, enfin, c’est de mon point de vue, la vraie révolution Apple.
On célèbre aujourd’hui l’inventeur génial, l’homme qui conçut des machines extraordinaires, le génie, le Léonard de Vinci de l’écran. Je ne suis pas si sûr de cela. Steve Jobs a certes fait concevoir de jolis engins, de belles machines mais je suis sûr que ses concepts techniques existaient ailleurs. Je crois qu’Apple a surtout réussi une seconde révolution, une révolution douce, une révolution implacable. Celle qui a consisté à vendre avec ses machines un service hors norme, un service qui fait de vous un catholique fervent, pratiquant, un enchaîné. Cette qualité de service est devenue une référence mondiale, elle inspire toutes les sociétés qui se posent aujourd’hui la question de la valorisation de leur produit, elle fait l’objet de cas enseignés dans les écoles de management. Les anges au tee-shirt bleu sont devenus les porte-drapeaux de ce service, il savent ce qu’on m’enseignait il y a 20 ans : un client insatisfait du service s’exprime 17 fois plus qu’un client satisfait. Steve Jobs l’avait compris et il savait que notre siècle de consommateurs si prompt à se comporter en victimes geignardes méritait autre chose que de simples machines, si belles et révolutionnaires fussent-elles.
Steve Jobs a voué sa vie à mettre en place quelque chose d'a priori inacceptable pour ceux qui veulent changer de monde et de système : l’hyper consommation de machines soi-disant dépassées au bout d’un an, l’incompatibilité de son standard avec les autres, la marchandisation la plus spectaculaire des arts et de la culture, l’achat impulsif, le culte de la personnalité, la transformation d’une clientèle en secte adoratrice, une rhétorique désormais imitées partout, une domestication de la presse transformant chaque lancement Apple en marronnier médiatique.
Vue comme cela, la vie et l’œuvre de Steve Jobs devaient le rendre absolument détestable aux nouvelles générations, celles qui veulent un monde meilleur, celles qui crient « à bas le capitalisme », celles qui dénoncent le culte de la consommation et de l’argent roi.Et pourtant, Steve Jobs sera longtemps considéré comme un prophète génial, un capteur de l’esprit de son temps. Même Montebourg, le démondialisateur cite Apple pour séduire la génération qui désire le changement.
Steve Jobs est en réalité emblématique de ce que certains appellent aujourd’hui le soft power. La puissance douce, celle qui vous convainc sans vous contraindre, celle qui affirme son hégémonisme en vous transformant en ambassadeur de son génie, de son pouvoir, celle qui est partout, tout le temps, qui vous enchaîne tout en vous émancipant. Le soft power, c’est à mon avis ce qu’il faut retenir du cas Apple et de la personnalité de son fondateur. Voilà selon moi où est son génie, c'est plus qu'un génie commercial ou technologique, c'est un apport politique très concret, très appliqué dont les Etats, malades, impuissants, dépassés devraient s'inspirer s'ils ne veulent pas mourir. L'apport principal de Steve Jobs dans la dernière partie de sa vie, c'est une réinvention du pouvoir et de la puissance qui fera date, qui fera exemple, qui sera un précédent.
Autrement dit, Steve Jobs fut un Napoléon doux.

"Steve Jobs a changé nos vies"


Un esprit "vif", "novateur", qui inspire même "la perfection"... Les inconditionnels d'Apple ne tarissent pas d'éloges sur le défunt co-fondateur de la marque à la pomme. Micro-trottoir vidéo à la sortie l'Apple Store Opéra.



Libérons la Grèce de ses élites

L'aide d'urgence sur laquelle planchent les pays de la zone euro n'offre pas de solution durable à la crise grecque, estime l’économiste Rens van Tilburg. Il faut d'abord briser l’emprise des élites locales, dont les privilèges intacts empêchent une répartition équitable des sacrifices. 
Les dirigeants européens se préparent à apporter la énième réponse "définitive" à la crise de l’euro. Après les banquiers, même les Chinois et les Américains, dont les monnaies ne sont pas concernées, se sont mis à plaider en faveur d’un renforcement du Fonds européen de stabilisation financière (FESF).
Certes, nul ne veut prendre le risque d’un défaut de paiement de la Grèce. Reste à savoir, cependant, s’il ne faut pas plus craindre la voie sur laquelle les dirigeants européens risquent de s’engager. Car on n’évoque jamais le véritable problème de la Grèce, et on y remédie encore moins.
Ce problème, c’est que la place que l’on occupe dans la société grecque n’est pas déterminée par son talent et son dynamisme, mais par ses origines et ses relations. Bien entendu, aucune société ne repose entièrement sur la méritocratie ou le népotisme. Les Pays-Bas, par exemple, sont essentiellement une méritocratie, tandis qu’en Grèce, c’est le népotisme qui prédomine. Le pouvoir et la propriété y sont tellement concentrés que les élites au pouvoir parviennent chaque fois à renforcer leur position.

La politique ferme les yeux aux problèmes structurels

Tant que des efforts ne seront pas engagés pour lutter contre ce népotisme, l’économie grecque ne sera pas en mesure de régler sa dette, quelle qu’elle soit. Même si nous effacions l’ensemble de la dette grecque, le pays contracterait dès le lendemain de nouveaux emprunts.
Et devinez un peu qui paiera l’addition de la prochaine opération de sauvetage pour les banques ou la Grèce ? Se porter garant des économies structurellement faibles en augmentant les capacités du FESF ne fait qu’aggraver les problèmes à venir, pas le contraire. Les responsables politiques se laissent guider par les mêmes sentiments qui ont conduit à autoriser la Grèce à entrer dans l'euro, bien qu’elle ne respectait pas les critères nécessaires.
"Laisser" la Grèce quitter la zone euro en échange de l’effacement de sa dette nous enlèverait un futur fardeau financier. Cela signifierait en revanche que nous laissons la classe moyenne grecque seule dans la lutte pour son propre pays. Or, nous devrions nous soucier du bien-être des citoyens grecs, qui sont la principale victime du chaos administratif dans le pays.

Apporter des euros ne fera que retarder la lutte sociale

La classe moyenne grecque est prête à payer des impôts, comme tous les autres Européens. Mais le Grec moyen n’en a pas envie, parce qu’il sait que l’Etat va faire aussitôt disparaître ces sommes dans la poche de membres de la famille au pouvoir et d’amis du régime. Les euros qui ont afflué dans le pays ces dernières années ont assoupi la population grecque : tout le monde en a eu une petite part et les jeunes vraiment ambitieux sont partis discrètement. Mais à présent, la tension monte. Apporter une fois encore des euros ne fera que retarder la lutte sociale indispensable au pays.
Mieux vaut prendre entièrement le parti du peuple grec. Ce n’est pas ce qui s’est passé jusqu’à présent : les élites se sont épargnées et ont tout fait peser sur les Grecs bien intentionnés. Si elles ont pu le faire, c’est parce que la troïka composée de l’UE, de la BCE et le FMI, ne veut pas trop se mêler des choix effectués. L’engagement de répartir équitablement la charge est resté lettre morte.
La troïka doit renoncer à ses réticences : l’idée de ramener la démocratie dans son berceau n’est-elle pas une belle idée européenne ? Cela exige un transfert plus radical de la souveraineté grecque que celui dont il est question actuellement. A défaut, jamais les économies n’atteindront ceux qu’elles devraient frapper : les emplois et les privilèges des élites qui aujourd’hui décident d’où les coupes sont effectuées. Si l’on ne brise pas le pouvoir des élites grecques, il n’y a pas de solution possible. Malheureusement, cet aspect est systématiquement absentd des propositions européennes que l’on entend défiler à un rythme effréné.
Athènes n’est pas Bagdad, mais ne minimisons pas la difficulté de mettre en place une démocratie qui fonctionne bien. Il faudrait pourtant passer par là pour trouver une solution à cette tragédie grecque. Contrairement à la tradition théâtrale, une fin heureuse est encore possible. Elle exige encore beaucoup de détermination de la part de l’Europe, mais surtout un grand sens des réalités.


Grèce

Papandréou prêt à démissionner ?

 Papandréou prêt à démissionner ?Le Financial Times Deutschland croit détenir un scoop : "Georges Papandréou songe à démissionner". Selon les informations du quotidien économique, le Premier ministre grec, pris en étau entre les protestations de la rue athénienne et les exigences des bailleurs de fonds internationaux, a évoqué par deux fois sa démission avec des proches au cours des trois dernières semaines. Ce départ provoquerait certainement des élections anticipées "comme le demande l'opposition depuis des mois". Un porte-parole de Papandréou a démenti dans la nuit les propos du journal. Selon le FTD, Papandréou doit continuer : il a "une tâche colossale. Il doit redresser son pays en plein récession et contre la résistance de la population. Mais Papandréou est le garant le plus important des réfomes, il ne faut surtout pas qu’il démissionne."

Le degré zéro du débat public

La présidentielle vole bas, la bataille des idées se joue dans le… marigot. La nouvelle « affaire », rapportée par l'Express, selon laquelle l'ex-service des RG aurait reçu l'ordre d'enquêter sur la compagne de François Hollande, fera-t-elle pschitt ? Probable. Au démenti et à la plainte du ministre de l'Intérieur, déposée hier, répond l'indignation des socialistes, à l'exception notable de Ségolène Royal que semble amuser cette boule puante, et qui rappelle avoir éprouvé la « dureté » d'une campagne. Cette affaire, c'est parole contre parole et un débat public soumis à la dictature du web. D'un rien, on fait un buzz ; d'une indiscrétion, une polémique ; d'un conditionnel, un missile. Il reste qu'à l'ère du soupçon, cette enquête de surveillance présumée s'ajoute aux investigations policières sur les sources de journalistes. Si elle était avérée, outre qu'elle démontrerait une fâcheuse conception républicaine au sommet de l'État, elle constituerait une intrusion dans la vie privée et une intervention illégale dans le champ politique. Cette pratique du Renseignement est désormais interdite, quand bien même l'habitude des « notes blanches » - ficher des personnalités en regardant par le trou de la serrure - sans doute n'a pas disparu. On se demande d'ailleurs quel intérêt il y aurait à dresser une note détaillée sur une figure médiatique dont la vie s'étale dans les magazines. Au jeu de l'instrumentalisation, tout le monde est perdant. La droite quand elle crie à la calomnie envers Nicolas Sarkozy, la gauche quand elle recherche la victimisation de François Hollande. Le citoyen, lui, patauge et les démagogues sont là pour tirer les marrons du feu

Dexia : le contribuable au guichet

C'est entendu, Dexia n'est pas une banque comme une autre. C'est même une sorte de mouton à cinq pattes. Un établissement atypique, sans guichets et sans clients apparents, qui ne peut être comparé aux majors du secteur, BNP, Crédit Agricole et Société Générale. Il n'empêche, la faillite de Dexia est un nouvel avatar inquiétant des dérives bancaires, une très mauvaise nouvelle pour tout le monde : ses clients, les marchés, les autres banques et les contribuables.

Les grandes banques de dépôt pourront toujours jurer qu'elles ne font pas le même métier, que ce mouton noir ne fait pas partie de la famille. Elles auront beaucoup de mal à effacer de la photo ce « cousin » encombrant qui était sur la même ligne de départ qu'elles, au dernier « stress-test », ce contrôle de résistance imposé aux établissements bancaires européens. Mieux, Dexia a franchi cet obstacle avec brio, comme la très grande majorité des concurrents. Et c'est bien ça le problème.

Nos banques nous rassurent à bon compte, celui de propos souvent anesthésiants et celui de tests peu crédibles, déconnectés des vrais risques de faillite. Bref, derrière la banque franco-belge, on peut légitimement se demander s'il n'y a pas quelques autres brebis bancaires affaiblies qui sont passées au travers des tests... Mais qui n'échapperont peut-être pas aux griffes des marchés.

On peut le craindre d'autant plus que les banques ayant pignon sur rue sont loin de s'être racheté une vertu, malgré les promesses tenues la main sur le portefeuille, au coeur de la dernière crise économique. L'affaire du trader « fou » de la banque suisse UBS vient opportunément nous rappeler qu'on n'est pas à l'abri de nouvelles affaires « Kerviel ». Les courtiers plus ou moins bien contrôlés sont toujours là, les pratiques spéculatives encore actives. Comme sont revenues certaines rémunérations sans frein. Alors que nombre d'entrepreneurs de PME et de TPE se désolent de ne plus trouver de banquier ouvert à qui parler. Cherchez l'erreur.

Malgré les injonctions des politiques, les banques n'ont sans doute pas vraiment (suffisamment) changé. Pour une raison assez simple et un rien cynique d'ailleurs. Elles savent que l'État ne les lâchera jamais, parce qu'elles fournissent le sang financier sans lequel l'économie ne fonctionne plus. Le problème c'est que l'État, faut-il le rappeler, c'est le contribuable. Et pour le coup, l'affaire Dexia devient très révélatrice et emblématique. Elle montre avec éclat qu'on ne pourra pas, cette fois, servir aux citoyens la fable d'une crise bancaire qui ne leur coûte rien. Voire qui rapporte à l'État, via les intérêts des prêts salvateurs accordés aux banques pour les soutenir dans l'urgence de la crise !

Au fond, c'est le retour à la case Crédit Lyonnais. Souvenez-vous, au moment de sa débâcle, le ministre de l'Économie nous jurait que ça ne coûterait pas un centime au contribuable. On sait ce qu'il en est advenu. Bis repetita. Le sauvetage de Dexia aura un coût amer pour le contribuable. Voilà donc une nouvelle qui n'est bonne pour personne, et surtout pas pour Nicolas Sarkozy. Il avait pourfendu avec éclat, mais sans succès, les comportements de la banque et de la finance au G20 de Londres en 2009. L'histoire lui ressert le plat des faiblesses et des turpitudes bancaires pour « son » G 20 made in France début novembre. Pas sûr qu'il apprécie ce menu imposé.

Le décès de Jobs provoque une avalanche de réactions

La mort de Steve Jobs a déclenché une vague d’hommages et révèle l’impact qu’il a eu, via ses innovations d’Apple, sur le monde.
Wozniak est « abasourdi »
Le co-fondateur d’Apple Steve Wozniak s’est dit « stupéfait, abasourdi » à l’annonce de la disparition de Steve Job, « c’est un peu comme quand John Lennon est mort, ou JFK (ndlr : le président John Kennedy), ou peut-être Martin Luther King : c’est comme un grand trou qu’on ressent ». « Tout le monde sait ce qu’il a fait […] il a certainement dépassé de très très loin tous les buts qu’il s’était fixés », a-t-il ajouté.
M. Wozniak a également rappelé les débuts d’Apple, dans un garage, faisant une comparaison avec Google, né plus de 20 ans plus tard, et Facebook, créé en 2004. « On soudait du fer, on branchait des trucs, Steve était au téléphone pour acheter des pièces, trouver des ventes, parler à des gens, finir par lever de l’argent » : les tout débuts d’un homme d’affaires en devenir.
« Il n’écrivait pas les programmes lui-même, mais il pouvait sûrement employer les formidables techniques de gestion pour obtenir le meilleur de tous les programmeurs » d’Apple, a conclu M. Wozniak.
Les sites internet d’Apple et de Google rendent hommage à Steve Jobs
La page d’accueil du site internet d’Apple affichait mercredi soir une grande photo en noir et blanc de son co-fondateur Steve Jobs, peu de temps après l’annonce de sa mort, tandis que le moteur de recherche Google publiait lui un lien pointant directement sur le site d’Apple.
Sur les réseaux sociaux
Quelques minutes après l’annonce da sa mort, Steve Jobs est devenu une « tendance » de Twitter, selon le site de mirco-blogging. Trois heures après les termes « #ThankYouSteve » et « RIP Steve Jobs » (« Rest in peace », « Repose en paix » en français) étaient les plus courants.
À 17h à San Francisco (23h GMT), près de 20 % des messages envoyés sur Twitter contenaient les termes « Steve Jobs », selon le site spécialisé Trendistic. Le site de microblogging était d’ailleurs difficilement accessible dans la soirée à New York et à Washington, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Obama, Schwarzeneger, Eva Longoria et d’autres touchés par sa mort
Parmi les utilisateurs de Twitter célèbres, Barack Obama a fait deux tweets pour rendre hommage au Californien : « repose en paix Steve Jobs » et « Il a changé la façon dont chacun d’entre nous voit le monde ». « En bâtissant l’une des entreprises les plus prospères de la planète en démarrant dans son garage, il était l’exemple même de l’ingéniosité américaine », a ajouté M. Obama dans un communiqué.
Le chanteur P.Diddy, l’actrice Eva Longoria, le maire de New York Michael Bloomberg, le cinéaste Spike Lee, le rappeur Snoop Dogg, font partie des stars, de tous les horizons qui ont aussi rendu hommage au gourou d’Apple sur Twitter.
Sur son compte le comédien et ex-gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger écrit que « Steve a vécu tous les jours de sa vie le rêve californien et il a changé le monde et nous a tous inspiré », devant la balise « #ThankYouSteve ». L’acteur Ashton Kutcher a même changé la photo de son profil pour faire apparaître le logo d’Apple.
Facebook mobilisé, y compris son fondateur
Sur Facebook, le fondateur du réseau Mark Zuckerberg a, lui, rapidement laissé un message sur son « mur » : « Steve, merci d’avoir été un mentor et un ami. Merci d’avoir montré que ce que tu as construit pouvait changer le monde. Tu vas me manquer ». Deux heures après, 144 600 personnes avait déjà « liké » ce message.
Plusieurs dizaines de groupes intitulés « RIP » avaient d’ailleurs été crées sur Facebook à 01H30 GMT. L’un d’entre eux rassemblait 402 membres épleurés dont l’anonyme Tiana Hall pour qui Steve Jobs aura été « un incroyable créateur que nous n’oublierons jamais ».
Un autre, intitulé « Repose en paix, tu as fait du monde un meilleur endroit », rassemblait plus de 400 membres en fin de soirée.
Samsung décrit Steve Jobs, son pire concurrent, comme un « grand entrepreneur »
Le géant sud-coréen de l’électronique Samsung Electronics, pire concurrent d’Apple à qui il livrait une véritable guérilla judiciaire sur les brevets et le design, a rendu hommage jeudi au co-fondateur d’Apple, Steve Jobs, décédé la veille, le qualifiant de « grand entrepreneur ».
« Le président Steve Jobs a introduit de nombreux changements révolutionnaires dans le secteur des technologies de l’information, et était un grand entrepreneur », a déclaré le patron de Samsung, G.S. Choi, dans un communiqué.
En France, Martine Aubry et Manuel Valls se sont exprimés sur leur compte twitter. « Chapeau bas à Steve Jobs, un créateur de génie qui a révolutionné notre vie quotidienne » a écrit Martine Aubry alors que Manuel Valls considère qu’« il a changé le monde ».

Steve Jobs, le génie d'Apple est mort

Steve Jobs, le génie et co-fondateur d'Apple, est décédé ce mercredi 5 octobre à Palo Alto en Californie à l'âge de 56 ans.

Seulement 24 heures après la keynote de Tim Cook et l'annonce controversée de l'iPhone 4S, Apple annonce la mort de Steve Jobs. La firme de Cupertino a remplacé mercredi en fin de soirée (heure de San Francisco) sa page d'accueil par un portrait de Steve Jobs accompagné du texte "Steve Jobs, 1955-2011".
C'est une figure emblématique de la Silicon Valley qui s'éteint. "Apple a perdu un génie visionnaire et créatif, et le monde a perdu un être humain exceptionnel. Ceux qui ont eu la chance de connaitre Steve et de travailler avec lui ont perdu un ami cher ainsi qu'un mentor. Steve quitte une société que lui seul aurait pu construire, et son esprit sera à jamais le fondement d'Apple.", c'est ainsi qu'Apple rend hommage à son co-fondateur. L'homme sans qui les produits Apple ne seraient sans doute pas ce qu'ils sont aujourd'hui, est décédé à l'âge de 56 ans à la suite d'une longue bataille contre le cancer du pancréas.
Steve Jobs avait quitté son poste de directeur général du groupe le 25 août dernier. En congé maladie depuis janvier, le deuxième en deux ans, et après avoir guéri d'un cancer du pancréas en 2004, il avait démissionné devant ses problèmes de santé récurrents.  La firme à la pomme avait nommé Tim Cook pour le remplacer, Steve Jobs devenant président du conseil d'administration. Tim Cook se retrouve désormais seul aux commandes sans le précieux soutien du visionnaire d'Apple.
Une pluie d'hommages s'est declenchée peu après l'annonce de cette nouvelle. Tim Cook, Steve Wozniak (co-fondateur d'Apple et ami de Steve Jobs), Mark Zuckerberg (Facebook), Bill Gates (Microsoft) ou encore Barck Obama sont les premiers d'une longue liste à venir.
Révolutionnaire dans des secteurs où on ne l'attendait pas
Dans la musique nomade comme dans les smartphones, Apple a associé des produits séduisants par leur design à des services en ligne innovants. « Créer la différence » (cliquez ici pour voir le diaporama "Les 15 dates qui ont marqué la carrière de Steve Jobs"). Apple a bâti sa stratégie sur ce leitmotiv qui lui a permis de croître dans des environnements très concurrentiels. D'abord en 1984, quand le premier Macintosh défie les PC d'IBM en proposant un micro-ordinateur équipé d'une interface graphique et surtout d'une souris pour le commander. Evincé de la tête de l'entreprise californienne, Steve Jobs est rappelé d'urgence en 1997 pour redresser la société informatique en mal d'innovation. Le cofondateur d'Apple donne carte blanche au designer Jonathan Yve pour renouveler la gamme. Ce sera l'iMac en 1998 au look « goutte d'eau », avec sa coque plastique tout-en-un aux couleurs acidulées, regroupant l'unité centrale et l'écran.
En 2001, Apple frappe un grand coup avec le lancement d'un baladeur numérique. Idée fulgurante, celui-ci est couplé avec sa plate-forme de téléchargement de musique en ligne iTunes. Encore une fois, le design épuré et la simplicité d'usage font le succès de l'iPod dont les différentes versions se sont depuis vendues à plus de 250 millions d'exemplaires.
Début 2007, Jobs surprend tous les observateurs de la marque à la pomme en se lançant sur le très concurrentiel marché du téléphone mobile. Là encore, l'iPhone fait mouche, en regroupant dans un même produit, un baladeur numérique, un appareil photo, un navigateur Web et accessoirement un téléphone. Poursuivant la stratégie « d'écosystème fermé », réservé à une clientèle captive initiée avec iTunes, Apple lance une boutique en ligne d'applications, l'App Store, dédiée à son nouveau smartphone. Elle compte aujourd'hui plus de 420.000 applications et totalise 15 milliards de téléchargements ! L'iPhone est aujourd'hui le produit le plus vendu par Apple.
Dernier coup en date de maître Jobs, l'iPad présenté début 2010. Le lancement de cette tablette tactile s'accompagne de l'annonce de partenariats avec des groupes de presse et d'édition qui parient sur le développement de ce nouveau support de lecture et lui servent de supports de promotion. Apple réussit aussi un coup marketing en proposant une seconde version de sa tablette à peine un an plus tard, avec le succès que l'on sait... Revers de la médaille : l'iPhone et l'iPad cannibalisent les autres produits Apple, respectivement l'iPod et les ordinateurs Mac, même si, dans un environnement de la micro-informatique très déprimé, les machines à l'effigie de la pomme résistent plutôt bien.
Un patron atypique, génial et visionnaire
Steve Jobs aura au moins eu la joie de recevoir de son vivant un hommage mondial unanime. « C'est le patron américain qui a le mieux réussi depuis 25 ans », a déclaré Éric Schmidt, président de Google (voir le graphe animé "Apple 34 ans d'histoire"). Tandis que Howard Stringer, directeur général de Sony, louait, au moment de son départ d'Apple, « son courage et son intelligence ».
Dans la Silicon Valley, chacun essaye de définir pourquoi Jobs se détache clairement de la mêlée. Le blogueur Om Malik écrit : « Steve n'avait pas peur d'avoir une vision de long terme, alors que nous vivons dans un monde de court terme. Steve nous apprend que, lorsque vous avez raison, mais que le reste du monde ne le voit pas, il faut juste être patient et attendre que le monde change d'avis. »Deux exemples sont l'iPhone ou l'iPad, accueillis initialement de manière mitigée, mais aujourd'hui incontournables.
Interrogé par Bloomberg au moment du départ de Steve Jobs de la tête d'Apple, Guy Kawasaki, ancien cadre d'Apple, abonde : « Steve a surtout montré que les clients ne savent pas formuler ce qu'ils veulent. Le pire serait qu'Apple se concentre désormais sur les demandes des clients, et se mette à faire des études marketing et des "focus groups" pour savoir ce qu'ils veulent... ». Sur CNN, un analyse du Yankee Group résume : « Apple arrive à vous faire désirer - puis acheter - des choses dont vous ne pensiez pas avoir besoin. »
Mais Om Malik avance une autre explication : « Steve comprenait qu'on n'avance pas en regardant en arrière. Apple n'a pas peur de se cannibaliser, et est content de voir l'iPhone tuer l'iPod, et l'iPad tuer le MacBook. »

Pour le consultant Thierry Charles, le succès est dû à l'organisation mise en place par Jobs : « Il n'y a que 5 niveaux hiérarchiques entre l'employé de base et le PDG. Cela permet de faire remonter tout problème en quelques jours, voire quelques heures. Apple est constitué en petites unités de quelques dizaines de personnes, et fonctionne donc encore d'une certaine façon comme une start-up. »
Mais, sur TechCrunch, Saul Hansell rappelle le côté obscur du système mis en place par Jobs : « Apple n'est pas une entreprise où il est agréable de travailler. Chaque salarié est anxieux à l'idée de satisfaire les demandes impossibles de Jobs, ou de subir sa colère. »

Austérité: les Grecs n'en peuvent plus

L'Europe souhaite imposer des coupes supplémentaires dans les salaires des Grecs. Le Premier ministre refuse un nouveau massacre social. De fait, le quotidien de la population devient de plus en plus insoutenable. Témoignages.

La Grèce "ne deviendra pas l'Inde". C'est avec ces mots que le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a répondu aux créanciers du pays qui lui réclament de nouvelles coupes dans les salaires du privé et une baisse du salaire minimum. Le pays ne respectera pas ses objectifs de réduction du déficit cette année, ses prêteurs réclament des sources supplémentaires d'argent frais avant de lui accorder le versement d'une nouvelle tranche d'aide de 8 milliards d'euros. "Nous sommes du côté des travailleurs et nous assurons la protection de leurs droits collectifs", a ajouté le Premier ministre. Il faut dire que depuis l'éclatement de la crise grecque, en 2009, les mesures d'austérité imposées ont entraîné la population vers un quotidien de plus en plus insoutenable. Témoignages.
40% de salaire en moinsFotini, 32 ans, est mariée et a deux enfants. Elle est directement touchée par la baisse des salaires imposée par les plans d'austérité. Elle le raconte dans un témoignage au Monde. "40% en moins sur mon salaire à 1400 euros brut, 20% en moins sur le salaire de mon mari à 1300 euros brut. L'augmentation de tous les produits et les services, essence, nourriture, tickets de transports..." Sa famille est également touchée par l'austérité. "Ma soeur, diplômée de la grande école polytechnique d'Athènes, est au chômage, ma fille aînée de 2 ans et demi n'a pas de place à la crèche municipale, alors il faut payer 500 euros par mois pour l'inscrire dans une crèche privée. Notre loyer de 600 euros, lui, est resté stable. Mais avec toutes les dépenses fixes, il ne nous reste que 300 euros par mois pour vivre."
Les pensions de retraite abaissées de 20%Anastasia est une ancienne danseuse professionnelle. Elle touche sa retraite depuis six ans mais l'a vue rabotée de 20% à 1500 euros. Elle témoigne de la difficulté du quotidien dans une interview à la radio suisse romande. "Vers la fin du mois je suis vraiment fauchée. La vie est devenue plus chère, au supermarché, les aliments, l'énergie. C'est déprimant, on voit des gens perdre leur boulot. Je vis avec ma mère qui a aussi une retraite. On s'aide, sinon je ne pourrai pas toute seule. J'ai trois enfants qui ont 22, 24 et 26 ans et qui n'ont pas encore de travail. C'est très injuste de baisser le salaire des gens qui ont toujours été corrects avec la loi. C'est blessant. Je n'ai pas le droit de prendre un travail en même temps que ma retraite, même pas dans une école de danse. Si je fais ça on me coupe une grande partie de ma pension. J'ai aussi très peur des révoltes, que le pays fasse faillite et qu'on ne touche même plus notre retraite. Je suis très, très inquiète."
Le chômage touche 4 jeunes sur 10La jeunesse grecque est très touchée par l'austérité. Laurane Chytiris est une étudiante greco-suisse en littérature française à l'université d'Athènes. Elle témoigne: "Je pense à quitter la Grèce une année pour aller passer mon master ailleurs. Si la situation ne s'arrange pas, je ne reviendrai pas. J'ai beaucoup de connaissances qui regardent sur internet pour aller vivre en Angleterre ou en France. Ils voient bien que c'est insupportable ici. Il y a des jeunes de 30 ans qui vivent toujours chez leurs parents. Ils ont un travail mais n'ont pas les moyens de payer un loyer avec ce qu'ils gagnent." Et ce chômage ne touche pas que les jeunes. Le gouvernement annonce un chiffre officiel à 16,3%, les syndicats parlent plutôt de 23%.
L'enfer de la recherche d'emploiDimitri a 33 ans. Il est informaticien au chômage, reconverti en instituteur après la faillite de sa société au début de la crise. "J'ai fait des remplacements comme instituteur, mais je n'ai pas eu de poste à la rentrée, j'espère en avoir un d'ici quelques mois", dit-il néanmoins avec espoir. En attendant, il touche encore 400 euros par mois d'allocation chômage qui s'arrêteront dans quatre mois. Pour ses besoins immédiats, il s'appuie sur ses économies et sa famille car son loyer est de 500 euros par mois. A terme, lui aussi ne voit pas d'autre solution que quitter la Grèce. Il participe à une opération de recrutement pour émigrer vers l'Australie. "Quand je pense à tout ce qu'on a fait pour avoir des diplômes, pour être prêt. Ce n'est pas ma génération qui a créé cette dette, et même si nous la rééchelonnons, cela veut dire que des gens qui ne sont pas encore nés aujourd'hui devront la repayer encore dans trente ans".Les petits commerces mettent la clé sous la porte
Le "triangle du commerce" d'Athènes n'est plus ce qu'il était. Dans ce haut lieu du business de la capitale grecque, près de la place Syntagma, la mode est au rideau baissé. Selon la Conféderation nationale du commerce grec (ESEE), plus de 20% des petits commerces ont disparu à Athènes depuis 2010. "Personne ne nous donne un coup de main", regrette Themis Lizardos sur Reuters, un joallier du quartier qui n'a pas encore baissé le rideau. Mais à ce rythme là cela ne devrait pas tarder. "Il n'y a qu'un seul coup de main, celui qui presse nos têtes et nous la maintient sur le sol", ajoute-t-il. Des dizaines de milliers de petits commerces ont fermé dans tout le pays après la mise en place du premier plan d'aide européen de 110 milliards d'euros, et la promesse de mesures d'austérité draconiennes par le gouvernement.
L'immobilier, prochain épicentre de la crise?Théodore Pelahaidis, est professeur d'économie à l'université d'Athènes. Selon lui, la prochaine crise sera immobilière en Grèce. Et on ne peut pas y faire grand chose. Il l'affirme à la radio suisse romande. "Quand l'épargne des ménages aura été dépensée dans les prochains mois, qu'est ce que les gens vont faire ? Ils vont vendre leur maison. Mais si vous vendez, les propriétés vont entrainer les prix à la baisse. Donc la prochaine étape qu'on va subir c'est une crise de l'immobilier. Et on va encore aggraver la crise actuelle."

Pour les économistes, la Grèce, déjà en récession, ne peut faire plus de rigueur

Engluée dans la récession, minée par un chômage qui frappe plus de 16 % de sa population active, la Grèce peut-elle supporter de nouveaux sacrifices ? Ne risque-t-elle pas de mourir guérie ? Le message de la "troïka", la délégation formée par les équipes du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale (BCE) et de l'Union européenne, ne laisse pas croire autre chose : pour déboucler la prochaine tranche d'aide de 8 milliards d'euros et éviter la banqueroute, le pays doit faire davantage d'efforts. Mais en est-il capable ?

"Ajouter de l'austérité à la Grèce dans le contexte actuel ne fait pas de sens", tranche Natacha Valla, économiste chez Goldman Sachs. Depuis mi-2010 en échange d'un soutien financier de 110 milliards d'euros au total auquel s'ajoute depuis juillet la promesse de 160 autres milliards, Athènes s'est déjà imposé un remède de cheval : un plan d'économies de 28 milliards d'euros pour réduire le déficit public de 12 points de produit intérieur brut (PIB) en cumulé d'ici à 2015. L'objectif : éponger la dette de 350 milliards qui étrangle le pays, assainir les finances et rendre l'économie plus compétitive.
Problème, l'Etat, déjà réputé pour son laxisme budgétaire, n'a pas respecté ses engagements. Le déficit dérape (il devrait atteindre 8,5 % du PIB en 2011 contre 7,4 % prévu) et les privatisations traînent. Sur les 50 milliards d'euros de ventes d'actifs publics programmées d'ici à 2015, seules 1,7 milliard auraient été réalisées à fin septembre. Bilan ? "Ça n'a pas été fait", constate Shahin Vallee économiste au centre Bruegel de Bruxelles.
Athènes aurait donc encore un peu de "gras" pour justifier des mesures additionnelles. Au total selon la presse locale, la "troïka" réclamerait 9 milliards d'euros d'économies en 2011 et 2012 au lieu des 6 milliards initialement programmés ainsi que de nouveaux efforts en 2013 et 2014.
Peu importe la révolte populaire qui gronde, comme en atteste la journée de grève de mercredi 5 octobre. L'Irlande, ne s'est-elle pas, elle aussi, imposée une cure d'austérité avec succès ? Après trois ans de souffrances la petite république renoue depuis le début de l'année avec la croissance.
CONSOMMATION EN BAISSE
Mais qu'elle soit ou non fautive de n'avoir pas mené à bien les réformes attendues, la Grèce pourrait, de l'avis de la plupart des économistes, ne pas être en mesure de faire de nouveaux efforts. Le remède pourrait donc s'avérer inutile, si ce n'est criminel. Selon les experts de Goldman Sachs, amplifier encore la rigueur, hypothéquerait la croissance jusqu'en 2013 !
"Ce qui a pu fonctionner dans d'autres pays comme l'Argentine (qui a fait défaut sur sa dette fin 2001) à d'autres moments ne s'applique pas au cas grec", souligne Jesus Castillo, économiste spécialiste de la zone euro chez Natixis.
Les efforts réclamés jusqu'ici - d'une ampleur sans précédent au sein de zone euro - ont, de fait, entraîné le pays dans une spirale récessive plus importante que prévue. Le PIB grec, que le FMI voyait se contracter de 3,5 % en 2011, devrait en fait perdre 5,5 %, à en croire les nouvelles prévisions du gouvernement grec. Pour les économistes de Barclays la richesse nationale pourrait même être réduite de 5,8 %.
Résultat, au lieu de se résorber la dette ne fait qu'enfler. De 127 % du PIB en 2009, la créance d'Athènes est passée à 143 % en 2010, et devrait franchir la barre de 160 % en 2011. En 2012 ce ratio progressera encore selon Oddo. "Le FMI a mal apprécié l'impact sur la croissance du programme d'ajustement grec", observe M. Vallee.
En cause ? L'environnement international qui s'est dégradé, ajouté aux graves faiblesses du pays. En ces temps de rigueur, la consommation des Grecs s'est étiolée, trop et trop vite. Les salaires ont baissé (de 40 % pour certains fonctionnaires) quand le taux de chômage progressait de mois en mois. De 7,2 % fin 2008, il a bondi à 16,1 % en juin.
Les recettes fiscales ont mécaniquement fondu tandis que les dépenses sociales (assurance chômage..), qui n'ont pas été coupées, ont augmenté.
Côté exportations, le bilan n'est pas meilleur. Le déficit de la balance commerciale reste supérieur à 11 % du PIB. La Grèce, déjà peu performante avant la crise, est bloquée : partout dans le monde la croissance s'étiole et ses partenaires européens mettent eux aussi en place des plans de rigueur.
Comment sortir de l'impasse ? Laisser plus de temps à Athènes ou gommer une partie de la dette, répondent les experts. Il faut imposer un "hair cut ", une réduction du montant nominal de la créance grecque de l'ordre de 50 % à 60 %, et obliger les créanciers à enregistrer leurs pertes, estime notamment Mme Valla. "Malheureusement on y arrive très lentement", observe-t-elle.

La Grèce, ou comment reconstruire un Etat?

Une mise sous tutelle? Officiellement, non. Mais le travail de la nouvelle task-force, menée par Horst Reichenbach, s'apparente fort à un protectorat européen sur un pays qui vit sous perfusion.
 Horst Reichenbach n’a rien du «Gauleiter» qu’une certaine presse populaire grecque fustige comme le nouvel «occupant» du pays. Ce haut fonctionnaire international a fait toute sa carrière dans l’administration de la Commission européenne. Fin des années 1980, il a même été un des collaborateurs du commissaire grec chargé de la politique régionale avant de diriger le cabinet de la commissaire social-démocrate qui répartissait les fonds structurels.
Il vient de quitter son poste de vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), une institution créée après la chute du communisme pour aider les réformes dans les pays est-européens. Il a donc une longue expérience du state building, la construction d’un Etat, et c’est ce qu’il vient faire en Grèce. Il est à la tête d’un task-force qui doit seconder le gouvernement Papandréou dans ses efforts de restructuration de l’Etat.
Il a un défaut. Il est Allemand. Et pour les Grecs trop facilement enclins à chercher la main de l’étranger dans leurs difficultés, il est à ce titre une cible idéale. L’occupation nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale, les réticences d’Angela Merkel à venir au secours d’Athènes, les délires du grand quotidien populaire Bild Zeitung qui enjoignait les Grecs de vendre leurs îles pour payer leurs dettes, tout est bon pour s’en prendre à l’Allemagne.
Il n’est pas jusqu’au premier roi de la Grèce indépendante de l’ère moderne qui ne soit appelé à l’aide. Othon 1er, deuxième fils de Louis 1er de Bavière, le roi philhellène, avait été placé en 1833 à la tête de la Grèce par les grandes puissances. Il est vrai que c’était la mode à l’époque des nationalismes triomphants. Au même moment, la Belgique se voyait donner un roi en la personne de Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, candidat malheureux au trône grec.

Les largesses de l'Union

Horst Reichenbach nourrit des ambitions plus modestes, mais il a un défi non moins difficile à relever. Il doit (re)construire l’Etat grec, organiser une administration honnête et efficace, canaliser les investissements vers des secteurs rentables. Ni plus, ni moins.
Le Premier ministre, Georges Papandréou, a demandé l’envoi de cette task-force pour gérer les fonds européens mis à la disposition de son pays. L’Europe n’en a pas été avare au cours des dernières années. En trente ans, la Grèce a reçu l’équivalent de 240 milliards d’euros, soit une année de PIB.
De 2000 à 2006, les 22 milliards qui lui ont été alloués représentent le moyenne la plus élevée par habitant de tous les «anciens» pays membres de l’Union. Pour la période 2007-2013, 15 milliards sont encore prévus qui n’ont pas été débloqués faute de projets convaincants. La task-force a isolé trois domaines: le tourisme, les énergies renouvelables et l’agroalimentaire.
Elle est forte d’une centaine de personnes réparties entre Bruxelles et Athènes. Horst Reichenbach dirigeait jusqu’à maintenant la «troïka» (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fond monétaire internationale). La «troïka» vérifie que le gouvernement grec respecte ses engagements en matière de rétablissement des dépenses publiques et de réformes structurelles. La task-force, elle, doit faire en sorte que les décisions ne restent pas lettre morte mais qu’elles soient effectivement mises en œuvre. Elle ne se substituera pas à une administration grecque défaillante, mais elle contribuera à la restructurer, à la mettre au travail, à la doter des moyens modernes, notamment informatiques, dont elle manque cruellement.
Il ne manque pas de fonctionnaires. Au contraire. L’Etat grec a tendance à être surdimensionné. Un salarié sur quatre appartient au secteur public. Mais l’Etat est inefficace, miné par la corruption et le clientélisme politique. Il ne sert à rien de décider de nouveaux impôts si les services fiscaux sont incapables de lutter contre la fraude. L’évasion fiscale est estimée à plus de 30 milliards d’euros pour quelque 50 milliards de recettes effectives.

Un maître-mot: la discipline

La task-force doit donc, selon l’expression même d’Alain Juppé, «permettre à la Grèce de se donner les moyens de construire une administration fiscale». Elle devra aussi veiller au financement des banques, à la mise en œuvre des privatisations pour lesquelles elle aura son mot à dire sur l’identité des repreneurs des entreprises publiques. Et réformer le système de santé, sorte de tonneau des Danaïdes qui profitent plus aux professions médicales qu’aux patients.
Officiellement, les dirigeants européens se refusent à parler de mise sous tutelle de la Grèce. Mais la réalité s’apparente fort à un protectorat européen sur un pays qui vit sous perfusion. Le président de l’eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, le reconnaît:
«La souveraineté de la Grèce sera énormément restreinte.»
La solidarité a une contrepartie, dit-on à Berlin comme à Paris: la discipline. La Grèce n’étant pas en mesure de respecter cette discipline par elle-même, il n’est pas anormal qu’elle lui soit imposée. C’est la condition pour que les aides de toutes sortes ne soient pas dépensées en vain.
La question est de savoir si la Grèce est un cas spécifique ou si cette limitation de la souveraineté pourrait s’appliquer à d’autres Etats dans l’hypothèse où l’ensemble des pays de la zone euro se porterait officiellement garant des dettes des uns et des autres. Et si de telles incursions dans les affaires intérieures ne nécessitent pas une légitimation démocratique, par exemple par le Parlement européen.

Primaire gagnante pour le PS…

Dimanche 9 octobre se déroulera donc le premier tour de la primaire socialiste. S’il faut en croire les sondages François Hollande devrait l’emporter haut la main. Mais certains techniciens des enquêtes d’opinion ajoutent toutefois que ces sondages leur semblent aléatoires. Incertains, parce que ceux qui iront vraiment voter dimanche prochain demeurent difficiles à identifier. Certaines enquêtes d’opinion annoncent entre deux et quatre millions de Français qui participeraient à cette primaire. Ces chiffres rendent les sondeurs dubitatifs. Ils ont beau redresser, aligner et recouper les courbes, leurs projections paraissent irréelles. Des sondages qui, en l’occurrence, tiendraient plus de l’escroquerie intellectuelle que de la rationalité ? Ou de l’intox ?

Indéniablement François Hollande bénéficie aujourd’hui d’un préjugé favorable. Face à Nicolas Sarkozy, il réalise dans les sondages les meilleurs scores de tous les candidats de gauche. Il est le seul à franchir la barre des 30 % quand l’actuel président de la République se réjouit d’avoir laborieusement dépassé de nouveau la ligne des 20 %, sous laquelle au printemps dernier il était descendu. D’un débat l’autre, François Hollande, esquivant les polémiques, a jusqu’ici réussi à donner l’image d’un déjà quasi-président se situant au-dessus de la mêlée. Mais sa principale rivale, Martine Aubry, en tant que première secrétaire du PS, dispose d’une majorité chez les militants socialistes, les enseignants et sans doute les Verts, ceux-ci ayant annoncé leur intention d’aller voter massivement dimanche pour soutenir la candidate qui s’est le plus fermement engagée sur la sortie du nucléaire. Le 9 octobre au soir, les forces militantes peuvent très bien créer la surprise et l’emporter sur le candidat des simples électeurs. Le dépit des partisans de François Hollande, déjà installés dans l’euphorie de la victoire, pourrait alors quelque peu gâcher la campagne à venir. D’autant qu’avec Martine Aubry, qui a conquis son poste de première secrétaire par tricherie, la suspicion est de mise. Même si l’on nous assure que de ce côté-là toutes les précautions ont été prises.

Montebourg, falsificateur de la « démondialisation »…

Pour l’instant le PS, dans son ensemble, a plutôt gagné cette primaire qui, au départ, paraissait hasardeuse. Elle lui a permis d’occuper le terrain de l’opinion et, malgré un déficit patent d’idées neuves et courageuses, de s’y implanter avantageusement. Négation du militantisme, cette formule convient néanmoins à notre société du spectacle. Et le battage médiatique fait autour des six candidats a permis au PS d’occuper le devant de la scène politique. Dans quelle mesure cette omniprésence sans contrepartie a-t-elle favorisé la victoire de la gauche aux dernières sénatoriales ?

Depuis lundi le PS semble s’être trouvé l’occasion d’un raffut médiatique supplémentaire. La journaliste politique Valérie Trierweiler, compagne de François Hollande, aurait fait l’objet, selon un hebdomadaire, « d’une enquête policière, émanant de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPR) ». Ce que cette dernière dément. Hollande parle lui de « fichage et de manœuvres obscures ». La campagne présidentielle s’annonce de plus en plus fangeuse.

La (mini) surprise de dimanche soir pourrait aussi venir d’Arnaud Montebourg, faisant jeu égal avec Ségolène Royal, voire la dépassant. Le vocabulaire choisi par Montebourg fait mouche : protectionnisme, mise sous tutelle des banques, primauté de la politique sur la finance et bien sûr, sa « démondialisation », antidote à cette mondialisation « qui fabrique des esclaves au sud et des chômeurs au nord ». « Démondialisation » relève pourtant, dans sa bouche, de l’abus de confiance. Montebourg « démondialise » mais en même temps il prône l’immigration (papiers pour tous) et bien sûr refuse la préférence nationale qu’il perçoit comme le comble de la discrimination. D’ailleurs, pour conquérir l’électorat musulman, Montebourg est allé se faire adouber par le gouvernement algérien. Néanmoins, même prononcé par un escroc, le terme fonctionne auprès des Français, de plus en plus nombreux à s’inquiéter des ravages, y compris dans leur vie de tous les jours, de cette globalisation sans barrières. Même employé par un escroqueur de bulletins de votes, on vérifiera dimanche soir l’impact que ce terme, avec tout ce qu’il implique, notamment le rétablissement de nos frontières, a désormais acquis dans l’électorat de gauche. Alors que cette dernière, au nom de l’internationalisme, a toujours accompagné la mondialisation.

Borloo s’en va… Morin et Lepage débarquent

L’auto-sabordage de Jean-Louis Borloo réjouit évidemment François Bayrou qui retrouve ainsi son espace centriste plus vite que prévu. Car pour le reste il ne croyait pas à la candidature de Borloo : « L’Elysée ne le laissera pas faire », prévoyait-il. Et puis, « on ne peut pas avoir été un des principaux dignitaires du gouvernement et en même temps prétendre incarner une alternative ». Toutefois, à peine débarrassé de l’encombrant Borloo, voilà qu’un autre intrus débarque sur les terres centristes : Hervé Morin ! Mais Bayrou considère ce dernier comme quantité négligeable : « Il effectuera tout au plus un petit tour de piste… » Puis il ira sagement remiser son costume de clown blanc dans l’armoire à naphtaline ?

Puisque nous sommes dans le nanisme politique, signalons que l’ex « Juppette » Corinne Lepage, reconvertie depuis en écologiste, a annoncé mardi soir sa candidature à la présidentielle. Dont acte !

Décès du fondateur d'Apple, Steve Jobs



Steve Jobs, l'emblématique patron d'Apple, qui avait inventé, entre autres, l'iPod et l'iPhone, est mort mercredi à l'âge de 56 ans. "Nous sommes profondément attristés d'annoncer que Steve Jobs est décédé aujourd'hui", indique un bref communiqué du conseil d'administration.

"Apple a perdu un visionnaire et un créateur de génie, et le monde a perdu un être humain incroyable", a déclaré son successeur à la tête d'Apple, Tim Cook, dans un courriel adressé aux employés du groupe. "Steve laisse derrière lui une société que seul lui pouvait avoir bâtie, et son esprit sera pour toujours la fondation d'Apple", a-t-il poursuivi.

Né à San Francisco le 24 février 1955, Steve Jobs souffrait de graves problèmes de santé depuis plusieurs années. Il a été atteint en 2004 d'une forme rare de cancer du pancréas et a subi une transplantation du foie en 2009. En congé maladie depuis janvier dernier, il avait annoncé sa démission de son poste de directeur général le 24 août, cédant les rênes à son numéro deux Tim Cook. Il avait brièvement réapparu en mars, amaigri, pour présenter la nouvelle version de l'iPad, la tablette d'Apple.

Le succès d'Apple depuis que Steve Jobs en avait repris les commandes après douze ans d'absence apparaît indissociable de sa personne. Sous sa houlette, Apple est devenue la deuxième capitalisation boursière mondiale et talonne celle de la major pétrolière Exxon Mobil.

Charismatique, visionnaire, perfectionniste, mais aussi qualifié d'implacable, voire dictatorial, Steve Jobs possèdait une personnalité exceptionnelle. "Steve Jobs est le patron qui a le mieux réussi aux Etats-Unis ces 25 dernières années", a dit le président de Google Eric Schmidt, qui siégea un temps au conseil d'administration d'Apple. "C'est un mélange unique, une touche d'artiste et la vision d'un ingénieur qui a bâti une société exceptionnelle, parmi les plus grandes de l'histoire des Etats-Unis." Pour Meg Whitman, ex-directrice générale d'eBay, Steve Jobs était le "génie en affaires de notre génération". Bill Gates, cofondateur de Microsoft, le décrivait comme l'individu le plus stimulant de la profession, tandis que le président Barack Obama voyait en lui l'incarnation du rêve américain.

Steve Jobs a fondé Apple à la fin des années 1970
avec son ami Steve Wozniak, dans le garage de la famille Jobs, dans la Silicon Valley. Les deux hommes ont rapidement lancé leur premier ordinateur, l'Apple 1, suivi de l'Apple 2 dont l'immense succès a placé la nouvelle entreprise parmi les leaders du marché naissant de l'informatique personnelle. L'introduction d'Apple en Bourse en 1980 fait de Steve Jobs un multimillionnaire. En 1983, il débauche John Sculley, alors directeur général de Pepsi, pour prendre la tête du groupe en lui posant une question entrée dans la légende d'Apple : "Voulez-vous passer le reste de votre vie à vendre de l'eau sucrée, ou voulez-vous changer le monde?"

Malgré le succès, dès 1984, année du lancement du Macintosh, des tensions apparaissent entre Steve Jobs et John Sculley. Les deux hommes s'affrontent même en public, et à ce titre la première grand-messe commerciale d'Apple, en 1985 à Hawaï, est restée mémorable. Au point que Steve Jobs s'en va peu après, en disant qu'il a été "viré" du conseil d'administration. Il quitte Apple, vend l'ensemble de ses actions à l'exception d'une seule, et part fonder une nouvelle entreprise, NeXT.

En 1997, Apple rachète NeXT et Steve Jobs fait son retour dans l'entreprise de ses débuts, dont il devient officiellement le directeur général en 2000. Le groupe lance l'année suivante l'iPod, le baladeur numérique dont les différentes versions se sont depuis vendues à plus de 250 millions d'exemplaires. Suivent notamment l'iPhone, qui lance en 2007 Apple dans la téléphonie mobile, puis l'iPad qui crée le marché entièrement nouveau des tablettes numériques. Steve Jobs est également le cofondateur en 1986 du studio d'animation Pixar, qui a produit en 1995 le long-métrage "Toy Story", premier d'une série de succès à la fois critiques et commerciaux.