TOUT EST DIT

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vendredi 8 juillet 2011

Le jour où Steve Jobs a failli devenir français

À l'automne dernier, Steve Jobs a manqué d'acheter une des plus belles propriétés du Lubéron. Des proches du patron d'Apple - dont sa femme - se sont rendus sur place. La demeure provençale, dénommée le château de Sannes, se situe au coeur d'un parc de 55 hectares, où se trouvent des vignes et des oliviers. Pour y accéder, on traverse un chemin bordé de cerisiers et de cyprès. Le bâtiment principal, qui date du XVIIe siècle, comprend sept chambres, une piscine intérieure et une autre extérieure. Il jouxte un pigeonnier, un moulin et une plantation de truffes.

Mais l'achat ne s'est finalement pas fait, et la propriété est toujours en vente autour de 25 millions d'euros. Son actuelle propriétaire lady Hamlyn est la veuve de Paul Hamlyn, un éditeur britannique dont la famille a quitté l'Allemagne pour l'Angleterre dans les années 1930. "L'épisode a été évoqué de manière informelle en préambule d'un conseil municipal. C'est sûr que cela aurait été une bonne nouvelle pour nous !" explique la maire Monique Barnouin. Cette habitante de Sannes depuis 49 ans s'est engagée dans un programme de revitalisation du village de 165 habitants. Steve Jobs craquera-t-il pour une autre propriété ? À ce jour, le créateur de la firme à la pomme ne possède pas de maison dans le sud de la France, à la différence de Bill Gates et de Paul Allen, les deux cofondateurs de Microsoft : chacun est propriétaire d'une villa près de Nice.
Déjà, par le passé, le destin de Steve Jobs a manqué de croiser celui de la France. L'épisode est relaté par Jacques Attali dans Verbatim. À la date du 21 février 1985, l'ancien conseiller du président François Mitterrand écrit : "Jean-Jacques Servan-Schreiber appelle des États-Unis. Dimanche prochain, il doit assister à San Francisco à la fête que donne Steve Jobs (le génial fondateur d'Apple) pour son trentième anniversaire. Il voudrait lui offrir de la part du président un décret de naturalisation française, ou quelque chose d'autre, mais un cadeau prestigieux ! Le président hausse les épaules." Ce jour-là, si Mitterrand avait trouvé l'idée judicieuse, Steve Jobs aurait ajouté un passeport français à ses papiers américains.

Airbus annonce 640 commandes nettes au premier semestre

Grâce à l'avalanche de contrats engrangés au salon du Bourget en juin, l'avionneur européen, filiale d'EADS a annoncé, ce jeudi, 640 commandes nettes d'avions au premier semestre.

Après avoir terrassé Boeing au salon aéronautique avec 598 commandes fermes contre 47 pour son rival américain, Airbus a déclaré, ce jeudi, avoir enregistré  640 commandes nettes d'avions au premier semestre. Airbus a décroché en particulier une commande ferme record de la compagnie malaisienne AirAsia pour 200 exemplaires d'A320neo, version améliorée de son monocouloir A320.
La commande  d'AirAsia pourrait même compter 100 unités supplémentaires, atteignant ainsi un total de 27 milliards de dollars sur la base des prix catalogue.
Sur le semestre, Airbus a engrangé un total de 777 commandes brutes et livré 258 avions, dont dix très gros porteurs A380.
Les données mensuelles d'Airbus font toutefois ressortir que DAE Capital, société de leasing basée à Dubai, a annulé toutes ses commandes restantes, soit 45 avions pour une valeur totale de 5,8 milliards de dollars aux prix catalogue actuels. DAE Capital, dont le directeur général a démissionné le 30 juin, avait déjà annulé en mars pour 4,7 milliards de dollars de commandes à Airbus mais aussi à Boeing.
La société de leasing, qui a subi de plein fouet la crise financière, a encore 56 commandes en attente chez Boeing.  DAE Capital, doit publier ses propres données pour juin ce jeudi.

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Cameron-Murdoch, les liaisons dangereuses

Les révélations se succèdent sur les écoutes pratiquées par le tabloïd britannique News of the World. Elles pourraient affaiblir le Premier ministre David Cameron, très proches de la coterie sociale du baron de la presse Rupert Murdoch, note le principal commentateur politique du Daily Telegraph. 

Tous les premiers ministres connaissent un tournant dans leur carrière. Ils ou elles finissent par commettre une erreur fatale, dont il est impossible de se remettre. Pour Tony Blair, il s’est agi de la guerre en Irak, et de l’incapacité à découvrir des armes de destruction massive. Pour John Major, ce fut le Mercredi Noir, et l’expulsion de la livre Sterling du système monétaire européen. Harold Wilson a quant à lui vu sa réputation torpillée par la dévaluation de la livre en 1967.
A chaque fois, le schéma est étonnamment semblable. Avant, on est face à un nouveau dirigeant dynamique et intègre sur lequel reposent tous les espoirs de la nation. Après, on se retrouve avec un Premier ministre qui peut chanceler pendant des années, de plus en plus compromis : c’en est fait à jamais de son aura d’enthousiasme et de confiance.
David Cameron est aujourd’hui confronté exactement à une crise de cet ordre. La succession de révélations écœurantes au sujet de ses amis et relations au sein du groupe News International de Rupert Murdoch a durablement et irrévocablement porté atteinte à sa réputation. Jusqu’à maintenant, on pouvait affirmer sans grand risque que Cameron s’appuyait comme il convient sur des valeurs solides. Malheureusement, cette assertion ne tient plus. Car il a commis non pas une, mais toute une série d’erreurs de jugement personnelles et chroniques.

Des amitiés compromettantes

Jamais il n’aurait dû engager Andy Coulson, le rédacteur en chef de News of the World, comme directeur des communications. Jamais il n’aurait dû entretenir de liens avec Rupert Murdoch. Et — la pire erreur de toutes — jamais il n’aurait dû devenir l’ami de Rebekah Brooks, directrice exécutive du géant des médias News International, dont la disgrâce et le départ de l’entreprise ne sont plus qu’une question de temps.
Cameron s’est laissé entraîner dans une coterie au milieu de laquelle personne de respectable ne souhaiterait être vu, même mort, a fortiori un Premier ministre britannique. On les appelait la bande de Chipping Norton, cohorte incestueuse de Londoniens interlopes, riches, obsédés par le pouvoir et sans aucune moralité, qui gravitait parmi les conservateurs de l’Oxfordshire. Brooks et son mari, l’ancien entraîneur de chevaux de course Charlie Brooks, vivent dans une maison à guère plus d’un kilomètre de la résidence locale de David et Samantha Cameron. Les deux couples se rencontrent souvent, et ont continué à le faire même après que le scandale des écoutes téléphoniques a éclaté.
Matthew Freud, entremetteur dans les relations publiques, qui a épousé la fille de Murdoch, Elisabeth, fait lui aussi partie de la bande de Chipping Norton. Quand Cameron est tombé sur Freud au mariage de Rebekah Brooks il y a deux ans, les deux hommes se sont joyeusement tapé dans la main, comme pour mieux afficher leur amitié exclusive.
Le Premier ministre, en guise de défense, ne peut prétendre s’être retrouvé en toute innocence au milieu de ce cercle. Il a été prévenu — à maintes reprises. Peu de temps avant les dernières élections, d’aucuns lui ont fourni des détails explicites sur les gens qu’il fréquentait. Alan Rusbridger, rédacteur en chef du Guardian, s’était entretenu avec l’un des plus proches conseillers de Cameron. Il l’avait très précisément mis en garde contre Coulson, lui soumettant nombres d’informations troublantes qui ne pouvaient alors entrer dans le domaine public. Puis Rusbridger avait contacté Nick Clegg, aujourd’hui vice-Premier ministre. Par conséquent, tant Cameron que Clegg, le Premier ministre et son vice-Premier ministre, savaient tout de Coulson avant les négociations sur la formation de la coalition en mai dernier. Et pourtant, ils l’ont nommé directeur des communications de Downing Street.
Le Premier ministre est donc dans la mouise. Pour le dire de façon plus imagée, il est même dans le caniveau. Reste à savoir maintenant s’il va réussir à s’en extraire et à sauver au moins une partie de sa réputation d’honnêteté et de bon sens. Car cet épisode pourrait être fatal. Que doit faire David Cameron ? D’abord, il doit de toute urgence couper les ponts avec Rebekah Brooks. Pour l’heure, celle-ci affiche la même ligne de défense qu’Andy Coulson quand il était le principal conseiller du Premier ministre à Downing Street : elle ignorait tout de ce qui se tramait. Quand bien même nous accepterions cet argument (et il n’y a aucune raison que nous l’acceptions, avec tous les mensonges publiés par News International au cours de cette sordide saga), il ne tient pas. C’est bien Rebekah Brooks, d’abord comme rédactrice à News of the World et au Sun puis, aujourd’hui, comme directrice générale de News International, qui a fixé les règles. Des règles qui, comme chacun sait, étaient d’une abjection sans nom, et dont elle est largement responsable.

Une décision "nauséabonde"

Certes, il peut être dangereux pour Cameron de lâcher Rebekah Brooks. Elle pourrait en effet avoir accumulé beaucoup d’information sur le Premier ministre et les membres les plus en vue de son gouvernement, au cours de ces paisibles dîners de Chipping Norton mais aussi par d’autres voies plus pernicieuses. Rebekah Brooks est au pied du mur, et elle pourrait lancer son offensive. Mais c’est un risque que David Cameron doit prendre.
Ensuite, le Premier ministre doit répondre de ses actes. Il doit nous expliquer comment il en est venu à embaucher Andy Coulson, quelles vérifications ont été faites, quels conseils ont été pris. Une liste de ces rencontres mondaines pas si innocentes avec Rebekah Brooks doit nous être fournie. Pour l’heure, Downing Street garde aussi le silence sur les rencontres entre David Cameron et Rupert Murdoch, qui aurait été l’un des premiers à rencontrer après son entrée en fonctions comme Premier ministre. Là aussi, ces rendez-vous doivent être portées à la connaissance du public.
Il est essentiel que ces informations soient accessibles à tous, parce que le gouvernement de coalition a pris la semaine dernière une décision choquante : autoriser Rupert Murdoch à asseoir plus encore son monopole sur les médias britanniques en acquérant les 61 % de l’opérateur de télévision par satellite BskyB qu’il ne possédait pas encore. Cette décision a pris une odeur nauséabonde, et le gouvernement doit revenir dessus.
Hier, David Cameron a marmonné quelques phrases vagues sur une éventuelle enquête publique, montrant qu’il n’a pas encore pris conscience que le monde a profondément changé au cours des 48 dernières heures. Les révélations atterrantes, selon lesquelles des journalistes de Murdoch ont pu mettre sur écoute le téléphone de l’adolescente assassinée Milly Dowler et même ceux des familles de nos militaires tombés au combat, montrent que les pratiques illégales de News International ont atteint un nouveau niveau d’abomination.
David Cameron s’est laissé atrocement compromettre par ses liens avec News International et ses collaborateurs. Il doit de toute urgence retrouver la raison et la moralité qui avaient fait de lui un candidat si séduisant au poste de Premier ministre. Il doit saisir cet affreux scandale, qui est une humiliation pour tous les journalistes, comme une occasion unique de moraliser la vie publique en Grande-Bretagne. A en juger à ce qui s’est passé hier, notre Premier ministre, pourtant gravement affaibli, ne montre aucune véritable volonté dans ce sens.

Mais qui calmera les agences de notation ?

S'ils sont prompts à dénoncer l'"oligopole" des agences de notation financière, les responsables européens ont jusqu'ici été incapables de prendre des mesures concrètes pour contrer leur pouvoir, déplore le quotidien portugais Público.
Un chœur de responsables politiques de l’Union européenne, mais pas seulement, est venu hier, le 6 juillet, dénoncer publiquement l’"oligopole" (le mot est du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble) des agences de notation financière. Alors que la dette du Portugal vient d’être descendue en catégorie "spéculative", à l’incompréhension, à l’indignation et aux critiques s’est ajoutée la promesse, faite par Wolfgang Schäuble, que l’UE allait “faire des efforts” pour en finir avec le pouvoir dévastateur de ces agences dans la zone euro.
La promesse pourrait être belle, si elle n’était usée jusqu’à la corde. Depuis 2008, les dirigeants européens multiplient les menaces contre les agissements absurdes de ces agences, sans qu’aucune mesure concrète n’ait été prise pour les empêcher de faire du tort. Alors que les Etats-Unis ont modifié leur réglementation bancaire pour réduire leur pouvoir et que la Chine, s’est tout simplement dotée d’une agence nationale, l’Europe n’est jamais allée au-delà des vœux pieux, renforçant ainsi l’impression de vacance des idées et du pouvoir qui se dégage de Bruxelles, de Paris et de Berlin.
Face à ce vide, il est normal que les agences bombent le torse et cherchent à explorer jusqu’à ses limites la vulnérabilité de l’euro. Ce qui est en jeu aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les difficultés du Portugal (sans parler de la Grèce) à assumer ses engagements : il se dégage également de l’action des agences une sorte de nécrophilie qui les fait se comporter en vautours planant au-dessus de la fragile monnaie unique. Incapable de leur tenir tête, offrant chaque jour au monde une nouvelle preuve de sa confusion, l’Europe ne réagit que quand elle se retrouve dans les cordes.
De leur côté, constatant la grande fragilité de ceux qui leur ont promis la bataille et qui reconnaissent parallèlement des pertes pour les investisseurs privés dans la restructuration de la dette grecque, les agences agissent de la façon la plus naturelle : elles augmentent la pression et étendent leur offensive. Quand la politique s’incline devant la force organisée des capitaux financiers, il n’y a pas grand-chose à espérer.


Contrepoint

Ne tirons pas sur les agences

Ne tirons pas sur les agences
"La réaction indignée des politiques face à l’abaissement de la note du Portugal par l’agence Moody’s n’est pas une surprise", note le Financial Times Deutschland. "Tous les moyens sont bons pour détourner l’attention du public et éviter de voir nos propres faiblesses. Disons-le clairement : l’Europe a les nerfs en pelote." "Même Angela Merkel est venue mettre son grain de sel", qui préfère se fier "à la Commission européenne, à la Banque centrale européenne et au FMI. Autrement dit : arrêtez donc de prendre les agences de notation tant au sérieux. Un soupçon s’insinue alors : les politiques ne seraient-ils pas en train de tirer sur le messager ?" "Cela ne fait-il pas déjà longtemps que l’on reproche aux agences de ne pas avoir su discerner – ou trop tard – des faillites comme celle de Lehman Brothers ?", s'interroge le quotidien économique. "Après s’être laissées endormir, voilà qu’elles feraient preuve de précipitation. Ce n’est pas mieux. Une chose est sûre en tout cas : jusqu’à présent, toutes leurs rétrogradations se sont avérées justes." Pour le FT Deutschland, "les appels d’Angela Merkel à l’émancipation de l’Europe vis-à-vis des agences de notation, pourraient nous entraîner sur une voie dangereuse : on parle beaucoup des conflits d’intérêts des agences de notation où l’émetteur de la dette est également celui qui paie pour faire évaluer son propre niveau de solvabilité. Mais personne ne parle des conflits d’intérêts des institutions en qui Angela Merkel place toute sa confiance. L’Union européenne et le FMI ont avancé plusieurs centaines de milliards – certes couverts par diverses garanties nationales – rien que pour la Grèce. Voilà qui n’est pas exactement la garantie d’un jugement impartial sur la solvabilité des Etats ou l’urgence d’un plan d’austérité."

Danse au bord du gouffre


Le spectacle que donnent les Européens face à la crise grecque est un véritable désastre. Leurs légitimes discussions se font sur la place publique et propagent l'inquiétude; leurs divergences deviennent des divisions alors que chacun sait que l'Europe, à la fin, aidera la Grèce. On joue à se faire peur et cela est dangereux. Cela permet d'éviter les vraies discussions.

Paralysés par le nouvel égoïsme qui déferle sur le continent et qui, sous les formes diverses du populisme, des extrémismes et du repli, conduit les citoyens à d'abord vouloir garder ce qu'ils ont avant d'imaginer ce qu'ils peuvent construire et partager dans l'avenir, les dirigeants européens refusent d'aborder la seule vraie question : comment aller vers un véritable fédéralisme qu'impose depuis l'origine l'euro, notre monnaie fédérale, que réclament désormais les marchés financiers et que la seule logique rend pertinente ?

Nous avons besoin d'un budget européen véritable, permettant des politiques européennes d'investissement et de soutien, alors que ce qui vient de Bruxelles n'est que punitif et se résume aux recettes techniques, certes nécessaires, mais insuffisantes, du FMI. Avec 1 % du PIB, l'Europe est impuissante. Elle doit dès maintenant prévoir progressivement l'accroissement de ses moyens collectifs jusqu'à un budget qui, un jour, comptabilisera plus de 20 % de sa richesse. C'est le seul moyen de conduire une politique économique et sociale qui donne encore des raisons d'espérer.

Nous avons besoin de règles budgétaires communes strictes, dont les manquements seront sanctionnés automatiquement et sans discussions, mais qui seront accompagnées de décisions budgétaires nationales communes en matière d'investissement, de recherche et d'innovation. Avant d'être dotés d'un budget commun digne de ce nom, il faut additionner nos budgets nationaux, les faire converger alors qu'aujourd'hui ils tirent dans tous les sens.

Nous avons besoin d'un secrétaire d'État européen au Trésor, seul habilité à s'exprimer et à décider des grandes orientations de politique économique et budgétaire. Il présiderait l'Écofin, réunion des ministres des finances, il représenterait l'Europe, ou l'euro, dans les instances économiques internationales. Nommé par les chefs d'État et de gouvernement, irrévocable par eux pendant une durée fixée, indépendant, mais responsable politiquement, il assumerait ses décisions devant l'opinion et les assemblées élues. Un tel plan constituerait une rupture, une vraie révolution dans la construction européenne.

Ces décisions sont évidemment difficiles à assumer sur le plan politique et elles méritent un examen démocratique véritable. Elles représentent un risque pour ceux qui les prendraient mais, de toutes façons, la plupart des dirigeants en fonction sont ou seront sanctionnés par la crise ! Annoncer seulement qu'on y réfléchit activement en vue d'un grand plan de sortie de crise et faire preuve d'une résolution ferme de les assumer, c'est ouvrir un espoir de surmonter la situation actuelle.

Mais ne pas les prendre, c'est danser au bord du gouffre. En quelque sorte, nous avons le choix : décider avant d'y tomber ou y être contraints au fond du trou.




Solitudes


Ils avaient 75 ans, ils vivaient à Tréon, près de Dreux. Elle souffrait de la maladie d’Alzheimer. Il l’a tuée, puis il s’est suicidé. Les deux corps ont été trouvés le lendemain par l’auxiliaire de vie… Ils avaient 84 et 86 ans, ils vivaient au Cannet. Il est mort d’une crise cardiaque, sa femme grabataire trois jours après. Les corps n’ont été découverts que deux semaines plus tard, ils n’avaient pas d’auxiliaire de vie… Il a 33 ans, il vit dans l’Eure, il est tétraplégique. Sa mère vient de mourir en demandant au Président de s’occuper de son fils qui allait rester seul — une institution va l’accueillir… Des cas extrêmes ? Oui, et non. Nous serions quatre millions de Français à n’avoir pas plus de trois conversations personnelles par an. Des associations manifestaient hier contre la solitude devant une gare, où l’on se croise sans se parler. Notre modernité — une immense gare ?

Le commentaire politique de Christophe Barbier