TOUT EST DIT

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dimanche 13 février 2011

Huit objets de grande valeur volés au Musée du Caire

Huit pièces inestimables ont été volées au Musée égyptien du Caire, a annoncé dimanche 13 février le chef des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass. Ces vols ont été découverts pendant un inventaire effectué par le personnel du musée après que des inconnus réussirent à pénétrer dans le bâtiment le 28 janvier, en marge d'une manifestation anti gouvernementale.

Parmi les objets volés figurent "une statue en bois recouverte d'or du roi de la XVIIIe dynastie Toutankhamon porté par une déesse" ainsi que des parties d'une autre statue du même pharaon, a précisé le secrétaire d'Etat aux Antiquités.
Une statue en calcaire d'Akhénaton portant un plateau d'offrandes, une autre de Néfertiti en train de faire des offrandes et la tête en grès d'une princesse d'Amarna, l'ancienne capitale d'Akhénaton, ont aussi été volées. La statuette d'un scribe d'Amarna, onze statuettes funéraires de Yuya, un puissant courtisan de la XVIIIe dynastie et enfin une amulette représentant un scarabée et appartenant à Yuya ont également disparu.

ENQUÊTE EN COURS
Le Musée égyptien du Caire recèle des pièces antiques inestimables, dont le trésor funéraire de Toutankhamon et de nombreuses momies royales. Environ 100 000 pièces sont exposées dans sa centaine de salles, et 50 000 autres reposent dans les réserves. Pendant les manifestations qui ont changé la face du pays ces dernières semaines, le Musée égyptien avait déjà été touché : deux momies de l'époque pharaonique avaient été lourdement endommagées lors d'une tentative de vol.
Les manifestants avaient arrêté les voleurs, en collaboration avec les forces de sécurité. Des centaines de personnes avaient ensuite formé une chaîne humaine autour des grilles de l'imposant bâtiment rose, pour empêcher toute incursion. Une enquête a été ouverte pour retrouver à la fois les auteurs des vols et les pièces disparues, a ajouté M. Hawass, précisant que l'armée avait "réussi à arrêter certains des criminels pendant qu'ils essayaient de fuir le 28 janvier", date à laquelle plusieurs vitrines du musée avaient été cassées par des pillards.

Egypte : l'armée suspend la Constitution et dissout le Parlement

L'armée égyptienne a officiellement lancé l'ère post-Moubarak en Egypte, dimanche 13 février, en annonçant la suspension de la Constitution et la dissolution du Parlement, dominé par les membres du Parti national démocrate (PND).
Le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir depuis la chute de l'ex-président Hosni Moubarak, précise dans un communiqué que la période transitoire pendant laquelle ils prendront "en charge la direction des affaires du pays provisoirement" durera six mois "ou jusqu'à la fin des élections législatives et pour la présidence de la République".
L'armée précise que la Constitution a été suspendue afin d'être amendée. Les militaires ont annoncé la création d'une commission dans cette optique. Les amendements seront ensuite soumis à un référendum. Les militaires, qui s'étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils à l'issue d'un processus transparent et démocratique, donnent ainsi pour la première fois un calendrier détaillé de transition en reprenant deux des principales revendications des opposants. Les élections qui ont abouti à la constitution de ce Parlement, en 2010, avaient été entachées de soupçons de fraude massive. Quant à la Constitution, elle limitait les conditions de candidature à la présidence et ne limitait pas les mandats présidentiels.
Les militaires réaffirment également que "tous les traités et pactes internationaux" seront respectés et s'engagent à "tenir des élections pour les chambres haute et basse (du Parlement) et pour la présidence", sans préciser pour autant de dates. Le chef du Conseil suprême des forces armée, le maréchal Mohammed Tantaoui, représentera le pays "auprès de toutes les parties à l'intérieur et à l'extérieur", précise le communiqué.
MOUBARAK SERAIT TOUJOURS À CHARM EL-CHEIKH
Dans la foulée, le premier ministre Ahmed Chafic a indiqué qu'il pensait que Hosni Moubarak se trouvait toujours dans la station balnéraire de Charm el-Cheikh, où il dispose d'une résidence, démentant ainsi les rumeurs d'une fuite de l'ex-président à l'étranger. M. Chafic a précisé que le rôle d'Omar Souleiman, vice-président nommé par M. Moubarak pendant les premiers jours de la contestation, sera défini par l'armée. Le rôle de l'ancien chef des renseignements militaires est plus que flou depuis la démission de l'ex-raïs.
Un porte-parole du gouvernement a également annoncé que les nouveaux dirigeants égyptiens n'avaient pas demandé le gel des avoirs de M. Moubarak à l'étranger. Mais, a-t-il ajouté, "si cela est nécessaire, ils le feront". La Suisse a décidé de geler "avec effet immédiat" les avoirs que pourraient détenir dans la confédération M. Moubarak et son entourage. La Grande-Bretagne a demandé ne "action internationale concertée".
Dimanche, des milliers de personnes étaient revenues sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte contre Hosni Moubarak, pour exiger de l'armée qu'elle tienne ses promesses, notamment la dissolution du Parlement. "Si l'armée ne remplit pas nos exigences, notre soulèvement et ses manifestations concrètes repartiront de plus belle", avait prévenu Safouat Hegazi, l'un des chefs de file de la contestation.

Marine Le Pen lance la campagne des cantonales

Pour la présidente du FN, le scrutin de mars est une étape de la «longue marche vers le pouvoir».
C'est un rendez-vous que le Front national ne veut rater. Les cantonales constituent en effet le premier test électoral pour le parti depuis que Marine Le Pen en a pris la présidence. Devant plus d'une centaine de cadres et d'élus réunis samedi pour un conseil national à Sèvres (Hauts-de-Seine), la nouvelle présidente a affiché ses ambitions pour son parti qui espère présenter 1.500 candidats sur les 2.000 cantons renouvelables lors du scrutin des 20 et 27 mars. «Nous sommes ici réunis pour lancer la première des campagnes qui doit amener notre mouvement à l'exercice des responsabilités. Cette longue marche vers le pouvoir exige courage, détermination et une abnégation sans faille», a déclaré Marine Le Pen.
Si l'élection est locale, Marine Le Pen compte faire des cantonales une étape en vue de l'élection présidentielle de 2012. D'où son discours très politisé et ancré sur des thèmes nationaux. Renvoyant l'UMP et le PS au même «projet éculé», «qui consiste toujours à accélérer dans la même direction ultralibérale, anti-nationale et mondialiste», elle a insisté sur la «capacité» de son mouvement à incarner une «alternative crédible», répétant ce qualificatif plusieurs fois.

L'éthique au centre du discours frontiste

Alors que l'immigration avait été peu évoquée lors de son discours d'investiture à la tête du FN, le 16 janvier à Tours, Marine Le Pen y a cette fois consacré un long chapitre. «Qui peut croire que les politiques appliquées dans les départements peuvent être différentes du programme commun de l'«UMPS», et notamment cette injustice qui devient insupportable, indécente et qui consiste à accorder plus à celui qui arrive, y compris clandestinement, qu'aux nôtres ?», a-t-elle demandé. «L'exigence de justice sociale imposera la sanctuarisation des aides sociales distribuées par le département à destination des plus faibles», et «ces aides, comme toutes les aides sociales, doivent être réservées aux Français», a-t-elle lancé.
Et de conclure son discours sur le thème de l'éthique dans la sphère politique. Marine Le Pen trouve «impardonnable» de la part de Nicolas Sarkozy d'avoir «instrumentalisé avec cynisme» le slogan de la «république irréprochable» en 2007, puis de s'être «une fois élu, essuyé sur les principes élémentaires de la morale publique». Et d'énumérer les «affaires» qui ont touché le gouvernement : le dossier de l'Epad, les «cigares de Christian Blanc», le «permis de construire d'Alain Joyandet, les logements de Fadela Amara et de Christian Estrosi», puis «l'affaire Woerth-Sarkozy-Bettencourt, l'affaire Karachi, et aujourd'hui, les voyages de Mme Alliot-Marie».
«Il faut de nouvelles règles», a affirmé Marine Le Pen, en appelant à accompagner d'«enquêtes minutieuses» les «passés professionnels» avant «chaque nomination pour tout haut responsable politique ou administratif», afin de lutter contre les conflits d'intérêts. Elle a également proposé le contrôle et la publication des «notes de frais» de tous les élus, ainsi que la suppression des logements de fonction.

Rachida Dati : «Le PS n'a ni identité ni idées»

 La maire UMP du VIIe arrondissement de Paris invite son camp à éviter « les polémiques et les divisions artificielles ».


 Partagez-vous les craintes que certains nourrissent à droite sur 2012 ? Rachida DATI. - Nous somme encore loin de la présidentielle. En attendant, Nicolas Sarkozy doit rassembler tous les Français, en particulier dans une période où la crise a laissé des traces et suscité beaucoup d'angoisses et de craintes. Il doit poursuivre les réformes annoncées. Cette année doit être utile et non polluée par les polémiques ou des divisions artificielles.
N'est-ce pas le cas en ce moment ?
Le président a fait cette semaine un discours très important sur la dépendance qui a été éclipsé par des polémiques stériles. Il est nécessaire d'expliquer davantage l'utilité des réformes.
Les débats lancés à l'UMP perturbent-ils le travail du gouvernement ?
L'UMP est dans son rôle et Jean-François Copé a raison de lancer des débats essentiels concernant l'avenir de notre pays. La question de la place du travail dans la société ou celle du financement de la protection sociale sont importantes pour la compétitivité de notre pays et l'amélioration des conditions de travail.
Et sur la TVA sociale et les 35 heures ?
Le financement de la protection sociale ne peut plus reposer quasi exclusivement sur le travail. Cette TVA antidélocalisation permettrait de taxer aussi les importations et de diminuer le coût du travail. Concernant les 35 heures, elles ont pénalisé le pouvoir d'achat par la stagnation des salaires, la compétitivité par la hausse des coûts de production et nos finances publiques par le coût de compensation de 12 milliards d'euros annuels.
Quels doivent être les thèmes de la campagne de 2012 ?
Tout en continuant à favoriser l'emploi des jeunes, l'éducation et la formation seront au cœur des débats. Le vrai maillon faible de notre école n'est pas le collège, comme on le dit souvent, mais l'école primaire. Est-il normal qu'à la fin du CM2 15 % à 20 % des élèves ne sachent pas lire du tout et que 40 % aient des acquis trop fragiles ? Ces enfants «illettrés» en fin de CM2, on les retrouve à l'autre bout de la chaîne : plus de 20 % de jeunes sortent chaque année sans qualification du système scolaire. L'orientation des élèves est aussi un sujet majeur. Nous pourrions la rétablir en fin de 5e en valorisant les filières professionnelles.
Le PS vous paraît-il en mesure de gagner en 2012 ?
Le PS n'a aujourd'hui ni identité ni idées. Les socialistes sont déconnectés des réalités. Alors que les Français demandent plus de fermeté à l'encontre des multirécidivistes, les socialistes votent contre les peines planchers. Alors que les Français ne comprennent pas pourquoi les délinquants sexuels qui refusent de se soigner bénéficient de remise de peine ou de libération conditionnelle, les socialistes votent contre la loi qui, depuis 2008, leur interdit ces aménagements de peine. Alors que les Français se battent pour sauvegarder nos valeurs républicaines, telle que l'égalité hommes-femmes, la majorité des socialistes ont fait preuve de lâcheté en ne prenant pas part au vote de la loi interdisant la burqa. Leur seule contribution au débat, c'est l'indignation. Mais l'indignation ne fait pas une politique !
Croyez-vous au retour de Dominique Strauss-Kahn ?
Le Parti socialiste croit en l'homme providentiel pour la présidentielle, alors qu'il n'était pas aux côtés des Français pendant ces années de crise. Fera-t-il campagne avec des notes techniques faites par des socialistes qui n'ont aucune proposition ? J'aime trop mon pays et j'ai trop de respect pour les Français pour admettre que la France devienne un moyen de réconcilier les candidats déçus aux primaires socialistes.
Quel est votre jugement sur la fronde des magistrats ?
Il est normal que le président de la République s'interroge au nom de tous les Français, lorsqu'il y a une tragédie humaine, sur les circonstances de la détention, de la remise en liberté et de l'éventuel suivi d'un multirécidiviste. L'enquête démontrera s'il y a eu un dysfonctionnement, s'il y a un manque de moyens ou s'il y a un vide juridique.
Que pensez-vous des annonces faites jeudi par Nicolas Sarkozy sur les jurés populaires et l'abaissement de la majorité pénale ?
S'agissant de la délinquance des mineurs, avant de quitter le ministère de la Justice, j'ai rédigé un nouveau Code de justice pénale des mineurs abrogeant l'ordonnance de 1945. Ce nouveau Code est totalement adapté à la délinquance et à la personnalité des mineurs d'aujourd'hui. Il comprend notamment la fixation d'un âge de minorité pénale à 13 ans, permet une réponse pénale graduée, rapide, et simplifie l'exécution des peines prononcées pour en garantir l'effectivité. Ce texte pourrait être transmis au Parlement. Pourles jurés populaires, je ne connais pas précisément le contenu de la proposition. Pour l'instant, je suis réservée sur cette question.
Serez-vous candidate aux législatives à Paris en 2012 ?
Oui. J'en ai même parlé directement avec le président de la République.

Égypte: un tournant pour le jeu américain dans la région

Fort de ses liens avec l'armée égyptienne, Washington espère être enfin écouté au Caire. 

C'est avec un immense soulagement et le sentiment de vivre un tournant capital pour l'avenir de la région et du monde que la Maison-Blanche a accueilli ce vendredi le départ de l'homme qui avait été le pivot le plus fiable de la politique moyen-orientale de l'Amérique depuis trente ans. «L'Égypte ne sera plus jamais la même» car le peuple a parlé et «réclame une démocratie authentique», a déclaré Barack Obama dans un message chaleureux, retransmis en direct à la télévision égyptienne, louant le courage des manifestants et le rôle de protecteur joué par les militaires. «L'armée doit assurer une transition démocratique crédible», «en révisant la Constitution», en levant l'état d'urgence et en organisant des «élections justes et libres», a-t-il ajouté, promettant que l'Amérique serait «au côté des Égyptiens» pendant les «jours difficiles» de la transition. Vantant le caractère «paisible» de la protestation qui a prouvé que «la non-violence et non le terrorisme» représente «la meilleure chance de changer la trajectoire de l'Histoire vers plus de justice», le patron des États-Unis a sous-entendu que la démocratisation de l'Égypte serait le meilleur contrepoison face aux extrémistes islamistes. Le rôle central que va jouer l'armée, désormais en charge de la transition, laisse penser à Washington que les États-Unis ont une vraie chance de peser sur le processus, en raison de leur lien privilégié avec les généraux au Caire. Le moins que l'on puisse dire est que cet aboutissement, jugé depuis déjà plusieurs jours indispensable, n'a pas été sans péripéties. Jeudi soir encore, Barack Obama avait subi une violente déconvenue après avoir presque annoncé, par la bouche du patron de la CIA, que Moubarak allait partir, pour finalement être démenti par le vieux raïs en personne.

Opportunité pour la démocratie

Le président américain avait-il tenté de forcer la main à son allié en s'engageant autant ? Le pied de nez de Moubarak a en tout cas suscité des questions à la Maison-Blanche, notamment sur le rôle flottant des agences de renseignement américaines. Déconcerté par l'obstination de Moubarak, Obama avait dû publier jeudi soir un message de fermeté, appelant le pouvoir égyptien à faire plus.
Cette insistance a-t-elle fini par jouer? Sans doute à la marge, même si les experts reconnaissent que c'est la rue égyptienne, et elle seule, qui a eu raison du régime. Mais les Américains semblent persuadés que le départ du président ouvre une formidable opportunité pour une démocratisation du monde arabe. Même si rien n'est joué.
Les 18 derniers jours ont été rudes pour les responsables américains, forcés de réévaluer les fondamentaux de leur politique égyptienne. Adeptes de la «stabilité» du régime pour assurer leurs intérêts stratégiques, ils ont fini par reconnaître, avec retard, que celle-ci n'était plus assurée par Moubarak. A commencé alors un jeu hésitant, visant à démontrer le soutien des États-Unis au mouvement démocratique du Caire, tout en jouant parallèlement la carte d'une transition progressive, gérée par les militaires. Ce double jeu a condamné l'Administration à être critiquée de toutes parts. Son allié israélien et ses partenaires arabes, qui dansent sur un volcan de frustrations populaires, ont condamné un lâchage trop clair de Moubarak, tandis que maints experts jugeaient au contraire le soutien d'Obama aux protestataires trop mesuré. Mais au bout du compte, force est de constater que la Maison-Blanche n'est pas en trop mauvaise posture, alors que s'ouvre une période très incertaine. Les relations étroites que le Pentagone entretient avec le chef d'état-major des armées, Sami Annan, supposé plus proche des militaires américains que des vieux généraux égyptiens formés en URSS, représentent «un atout indéniable», note l'expert militaire Andrew Exxum.
Le jeu n'en reste pas moins risqué, les intentions réelles de l'armée demeurant incertaines. Les militaires joueront-ils leur rôle de facilitateur de la démocratie ? Ou seront-ils tentés de récupérer la mise? Spécialiste de l'armée égyptienne, Joshua Stacher, notait récemment dans Foreign Affairs que les militaires, élément clé du système précédent, n'iraient pas nécessairement vers une authentique démocratisation. Il ne faut pas sous-estimer la persistance des régimes autoritaires, expliquait-il. «On sait que les révolutions peuvent manger leurs enfants» , a renchéri ce vendredi l'ex-patron de la CIA, James Woolsey, évoquant les révolutions française, russe et iranienne .

La Suisse gèle les avoirs de la famille Moubarak

Le Conseil fédéral helvétique veut ainsi «prévenir tout risque de détournement de biens publics égyptiens», a-t-il expliqué.

Dépossédé du pouvoir en Egypte, Hosni Moubarak pourrait bientôt l'être aussi de ses biens. A peine une demi-heure après l'annonce de la démission du Pharaon, soit à 17h30 ce vendredi, le gouvernement suisse a annoncé qu'il bloquait tous les fonds pouvant appartenir au président égyptien et à sa famille en Suisse. Le Conseil fédéral a publié une ordonnance en ce sens demandant aux banques suisses de rechercher et de geler les avoirs du clan Moubarak. D'après la Banque nationale suisse, fin 2009, les dépôts égyptiens sur les comptes en Suisse atteignaient 3,6 milliards de francs suisses (2,27 milliards d'euros).
«Le président Hosni Moubarak a démissionné aujourd'hui, après des semaines de manifestations de masse. Le Conseil fédéral a pris acte de cette évolution de la situation», peut-on lire dans ce texte. Les avoirs de Moubarak et de son entourage ont été bloqués «avec effet immédiat» et l'ordonnance est «valable trois ans», précise le Conseil fédéral. «En outre, la vente et l'aliénation de biens - notamment immobiliers - appartenant à ces personnes sont interdites. Le Conseil fédéral veut prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir tout risque de détournement de fonds publics.»

Entre 40 et 70 milliards de dollars

Selon des experts du Moyen-Orient cités par le journal britannique Guardian, la fortune de la famille Moubarak serait comprise entre 40 et 70 milliards de dollars (29,5 et 51,7 milliards d'euros). Elle serait répartie comme tel : 15 milliards de dollars pour Hosni Moubarak, un milliard pour son épouse Suzanne, huit milliards pour son fils aîné, Alaa et 17 milliards pour son second fils Gamal. Par comparaison, celle du couple Ben Ali est estimée à cinq milliards de dollars, selon le classement du magazine américain Forbes. Et celle de l'homme le plus riche des Etats-Unis, Bill Gates, à 54 milliards.
Le journal algérien Al Khabarprécise de son côté qu'une bonne partie de la fortune des Moubarak serait déposée dans des banques ou investie dans de l'immobilier. La famille Moubarak possèderait ainsi, en dehors de l'Égypte, des propriétés aux États-Unis, en Grande-Bretagne (dont les fils et la mère détiennent la nationalité), en France, en Suisse, en Allemagne, en Espagne et à Dubaï. Enfin, ses deux fils, Gamal et Alaa ont créé et pris des participations dans de nombreuses sociétés en Europe et aux États-Unis.

Libres... avec l'armée !

Explosion de joie, embrassades, chants, cris « bye-bye Moubarak »... Enfin, l'espoir ! La liesse populaire était hier à la mesure de l'énorme frustration de la veille quand l'histoire avait bégayé. Cette fois, elle vient de basculer et l'on peut comprendre que la rue savoure l'instant de sa première victoire, s'abandonne à la liberté reconquise, avant de penser à la suite. Comme au temps du Mur de Berlin, on vibre avec la foule arabe du Caire. Après 30 ans de Moubarak et de dictature corrompue, l'Égypte tourne la page. Avec une fierté retrouvée.

Cette révolution est bouleversante parce que, s'il y a eu des morts pendant ces semaines de bras de fer, la pression de la rue et la menace de grèves majeures n'ont pas conduit au bain de sang que l'on pouvait redouter. Bien sûr, la partie n'est pas finie. L'Égypte s'ouvre le chemin vers la démocratie, mais elle n'en est qu'au début. Le jeu s'annonce complexe entre les partis traditionnels, les Frères musulmans, la société civile, sorte de coalition internet et les militaires.

Car c'est l'armée qui détient toujours les clés de la future Égypte. De toute évidence, les divergences au sein de la haute hiérarchie ont grippé la transition concoctée par Moubarak et conduit à la création d'un conseil supérieur des forces armées. Le nouveau pouvoir n'est pas clairement établi et, malgré la légitimité dont jouit l'armée dans ce pays, rien ne garantit encore que le chemin le plus court vers la démocratie passe par elle.

La contagion de la liberté continue donc de gagner le monde arabe que l'on croyait ligoté, comme momies, dans les bandelettes de la dictature. Hier, Tunis a applaudi Le Caire. Barak Obama avait pris un risque en exigeant une mise aux normes démocratiques. On imagine son soulagement, mêlé d'inquiétudes pour l'avenir imprévisible. Mais comment hésiter quand un peuple crie son ras-le-bol ? Aujourd'hui les yeux se tournent vers l'Algérie où perce également une aspiration à la liberté sur fond d'exaspération sociale. On ne sait pas si l'air frais de Tunis et du Caire y soufflera aussi vite qu'à côté. Quand le vent de l'histoire souffle, il ne s'arrête pas toujours aux frontières.

Le satrape est prié de numéroter ses abatis...

Comme on aimerait que le malheureux Mohamed Bouazizi puisse, comme dans les anciens contes, revenir, même brièvement, sur terre et contempler ce que son suicide par le feu a changé en deux mois. Ce qui aurait pu n’être que le geste isolé d’un Tunisien désespéré par sa pauvreté a provoqué la chute de deux autocrates réputés inamovibles. La première caractéristique de la révolution tunisienne et de sa réplique égyptienne est de secouer intensément les palmiers sur lesquels sont juchés les potentats arabes. On comprend les sueurs de quelques chefs d’Etat au Maghreb et au Proche-Orient: la question de la légitimité du pouvoir y est ouvertement posée en termes inédits.

A coups d’élections truquées et de thermomètres cassés, les leaders arabes se parfumaient à l’idée que leurs peuples exigeaient un pouvoir fort et au besoin brutal, issu en droite ligne des chefs mamelouks de jadis. Le citoyen, cette explosive création gréco-latine, passait pour une curiosité exotique intransportable en Orient, une chimère sans avenir au Caire, à Bagdad ou à Damas. Le suffrage universel était détourné en plébiscite. Le président se félicitait de devenir président à vie et prenait sans se faire violence des manières de satrape. Quant au petit peuple, il était prié de se comporter en une masse lointaine et indistincte de sujets dont on attendait d’abord la soumission. Ainsi l’ordre régnait-il à l’ombre des palais et des mosquées.

C’est cet archaïsme intrinsèque de la pensée politique arabe qui vient de voler en éclats et c’est en fonction de la durée de ce bouleversement qu’on mesurera la réussite ou l’échec des événements actuels.

Contrairement à la triste révolution iranienne de 1979 qui a permis à un pouvoir clérical d’éclipser un pouvoir monarchique, la chute de Ben Ali et de Moubarak est largement due à la révolte et à la détermination des classes moyennes, ces forces émergentes qu’on ne peut manœuvrer à la baguette comme les foules largement illettrées d’il y a quarante ans.

Il serait malheureux que les révolutions de Tunis et du Caire se fassent maintenant avaler par des accapareurs embusqués. Ce danger peut venir de deux forces aussi gourmandes l’une que l’autre: soit les fanatiques amateurs d’une théocratie à l’iranienne et du machisme musulman, soit les défenseurs du système oligarchique qui rêvent de récupérer à leur propre compte le pouvoir tout juste déposé par Moubarak et Ben Ali. Afin de ne pas insulter l’avenir, on voudrait croire que ces alarmes sont vaines.

Les Athéniens sont atteints

Les bouleversements en Tunisie et en Égypte, les troubles en Algérie, la jubilation des islamistes en Iran et dans la bande de Gaza devant des évolutions qu’ils saluent comme des «défaites des États-Unis», ont mis entre parenthèses la gestion des secousses que l’Europe a subies l’année dernière. Fort heureusement, elles n’étaient pas armées, mais financières. Ces crises n’ont néanmoins pas de solutions à court terme, et le risque d’un «effet domino» parmi les économies européennes les plus endettées n’est pas entièrement écarté. Les mesures de rigueur, pour prévenir la contagion et rééquilibrer les finances publiques, ont également, comme au Proche-Orient, jeté des foules en colère dans les rues et sur les places, en particulier en Grèce et en Espagne.

Cette colère reste sujette à de nouvelles flambées, là où le lien de confiance entre le citoyen et les décideurs politiques et/ou économiques est entamé. Vendredi, la Commission européenne, la non moins européenne Banque centrale et le Fonds monétaire international ont joué aux trois ténors pour signifier, uni sono, aux autorités grecques qu’elles devaient «accélérer» un programme de privatisation «massive» pour se désendetter. Au menu, José Barroso, président de la Commission, Jean-Claude Trichet, patron de la BCE, et Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, ont inscrit notamment la cession de larges pans du patrimoine immobilier de l’État.

Idée vraie de hauts dirigeants, provocation d’un subalterne radical parce qu’anonyme, ou intoxication pratiquée par un patriote, visant à stimuler une réaction populaire de rejet ? Toujours est-il que la rumeur d'une privatisation des monuments antiques, qui ajoutent au charme de la Grèce depuis plus de deux millénaires, a été mise en circulation. C’est la goutte qui a fait déborder l’amphore. Piqué au vif, mais aussi pressé par l’opinion et l’opposition, le gouvernement d’Athènes a fait savoir qu’il «ne reçoit d’ordres que du peuple grec» et que «nous avons notre dignité, qui n’est négociable avec personne». Des voix ont demandé le gel de la coopération avec le FMI et la BCE, qui ont pourtant promis 110 milliards d’euros. C’est que, à Athènes comme au Caire ou à Tunis, l’on ne veut pas seulement être aidé, mais aussi considéré.

Les femmes disent “Basta!” à Berlusconi

Le 13 février, les femmes vont manifester pour réclamer le respect de leur dignité, davantage de parité et pour dénoncer la dégradation de leur image, mise en avant par les récents scandales sexuels autour de Silvio Berlusconi, explique l’écrivaine Dacia Maraini. 
Le 13 février prochain, les femmes descendront dans la rue pour protester. Dans toute l’Italie. Cette nouvelle se répand sur le web comme une traînée de poudre, alors que les journaux l’évoquent à peine. Internet apparaît désormais comme l’outil de diffusion de l’information le plus libre et le plus rapide. C’est la Toile, en effet, qui a permis à des milliers de personnes de se retrouver dans la rue pour protester contre le despotisme arrogant du gouvernement égyptien.
Que réclament aujourd’hui les femmes italiennes ? Paradoxalement, dans un pays qui se dit libre, elles demandent les mêmes droits que la jeunesse tunisienne et égyptienne : la liberté de parole et de pensée, plus de démocratie, un meilleur accès au monde du travail et la guerre contre la corruption. En Italie – un des pays les plus développés du monde – on assiste, dans l’indifférence générale, à la dévalorisation croissante des idées et des volontés des femmes, ainsi qu’à une pression pour le retour des femmes au foyer ; de leur côté, les femmes perdent de plus en plus leur travail et leur prestige. L’Italie est le pays d’Europe où les femmes travaillent le moins à l’extérieur. C’est aussi le pays où – malgré quelques cas éclatants – la représentation des femmes dans les institutions et dans les lieux du pouvoir se réduit de plus en plus chaque année.

Les femmes, ces proies dociles

Dans la mentalité des jeunes générations, la mise en valeur des personnes et la méritocratie ont été remplacées par une idée mercantile des relations humaines. On suggère aux jeunes hommes de développer leurs capacités intellectuelles pour se vendre ensuite sur les marchés mondialisés. Aux jeunes femmes, on conseille de vendre, vite et à un bon prix – car, contrairement aux compétences, le corps sexué s’use avec le temps – la seule chose qui aura toujours plus de valeur sur le marché : un corps prêt à consommer. N’est-ce pas une incitation subtile, obsessionnelle et monstrueuse à la prostitution féminine ? 
Que les choses soient claires, cette situation existait déjà du temps de Tolstoï. Le grand écrivain russe eut le courage d’écrire, à la fois dans ses romans et ses essais, que le mariage n’est qu’un marché aux bestiaux, où les corps des jeunes filles sont mis en vente au plus offrant. Qui a eu pour conséquences le sacrifice de plusieurs générations de talents et de capacités extraordinaires, et la mutilation d’esprits et de cœurs qualifiés. Personne ne se souciait de ces sacrifices. Mais, à cette époque, la famille se mettait en quatre pour répondre aux besoins des jeunes, à leurs aspirations à la liberté. Aujourd’hui, c’est la culture de marché qui remplit ce rôle, celle qui passe surtout par les séductions factices de la télévision, de la mode et d’une large partie du cinéma. 
Ce n’est pas un hasard si les mentalités mercantiles vont de pair avec le choix peu démocratique d’un chef charismatique. Wilhelm Reich, dans son essai sur la psychologie de masse, montre très bien l’entrelacement de peurs, d’illusions, de haines et de frustrations qui est à l’origine de toutes les tentatives d’imposer un régime autoritariste. Les femmes sont les premières à se faire enrôler. Leur besoin historique d’avoir un chef – intériorisé à force de recevoir des coups réels et symboliques – les transforme en proies dociles. C’est bien sur ce point que s’appuient les patrons et les manipulateurs sans scrupules du marché mondial.

La vraie tolérance n'est pas l'indifférence

Angela Merkel, David Cameron et maintenant Nicolas Sarkozy. Dans toute l’Europe, le multiculturalisme est sur le banc des accusés. Mais pour le sociologue Frank Furedi, c’est parce qu’il n'est qu'une version édulcorée de la tolérance qu'il divise autant. 

Le Premier ministre britannique David Cameron a fini par s’en prendre au multiculturalisme soutenu par l’Etat. Certes le multiculturalisme est facteur de discorde et de corrosion sociale, comme il le dit très justement. En revanche il ne devrait pas imputer les problèmes du multiculturalisme à la tolérance. Tout au long de son discours donné le 5 février dernier lors d’une  conférence sur la sécurité à Munich, il a accusé à tort la tolérance d’être responsable de l’échec du multiculturalisme et de la montée du terrorisme islamique. "Pour parler sans détour, ce qu’il nous faut, c’est moins de tolérance passive et plus de libéralisme actif et musclé."
La tolérance passive ? La tolérance est tout sauf passive. La tolérance requiert au contraire du courage, de la conviction et une véritable passion pour la liberté – caractéristiques fondamentales d’une conscience morale publique active et assumée. La tolérance est l’un des fondements de la liberté de conscience et du libre-arbitre. Elle affirme le principe de non-ingérence dans la vie intérieure d’autrui, dans son adhésion à certaines croyances et opinions. Et tant qu’un acte ne porte préjudice à personne et qu’il ne viole pas son autonomie morale, la tolérance exige également qu’aucune contrainte ne soit exercée sur le fruit de l’exercice du libre-arbitre. Ainsi, la tolérance se mesure à l’aune des interférences ou des contraintes politiques et institutionnelles appliquées aux croyances et aux comportements d’autrui.
Etre tolérant ne va pas de soi. Il faut exercer sa volonté afin de tolérer des opinions qu’on considère scandaleuses et être préparé à ne jamais écarter aucune idée. Tolérer des convictions hostiles aux nôtres exige un degré de confiance dans nos propres convictions ainsi qu’une aptitude à prendre des risques. La tolérance offre aux individus la liberté de poursuivre certains idéaux ainsi qu’une chance inouïe à la société d’avoir un aperçu de la vérité grâce à l’affrontement des idées.

La confusion entre la tolérance et l'acceptation des modes de vie

Le multiculturalisme n’a rien à voir avec la véritable tolérance. Ce qu’il exige, ce n’est pas la tolérance, mais une indifférence indulgente. Il met constamment en avant l’idée “d’acceptation” et décourage toute remise en question des convictions et modes de vie d’autrui. Sa valeur dominante est l’absence de jugement. Or, le fait de juger, de critiquer et d’évaluer sont autant d’attributs essentiels d’une société ouverte et démocratique digne de ce nom. Si le refus de juger le comportement des autres peut avoir son intérêt, bien trop souvent, il se mue en une indifférence superficielle, une excuse pour ne plus écouter quand d’autres parlent.
La confusion entre le concept de tolérance et l’idée d’acceptation de tous les modes de vie est illustrée de façon frappante par la Déclaration de principes sur la tolérance de l’Unesco, qui dit : "La tolérance est le respect, l'acceptation et l'appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d'expression et de nos manières d'exprimer notre qualité d'êtres humains." L’Unesco affirme également que la tolérance est "l'harmonie dans la différence". Pour l’Unesco, la pratique de la tolérance devient une sensibilité expansive, diffuse qui offre automatiquement un respect inconditionnel à divers points de vue et cultures.
La réinterprétation de la tolérance en tant que refus de juger est souvent considérée comme une bonne chose. En vérité, le geste d’affirmer et de tolérer peut être vu comme une façon d’éviter des choix moraux épineux, une façon de se désengager, de fuir la difficulté qu’il y a à expliquer quelles valeurs méritent d’être défendues. C’est probablement pourquoi l’indifférence indulgente du multiculturalisme a tant le vent en poupe depuis quelques décennies : en Grande-Bretagne et dans beaucoup d’autres sociétés européennes, grâce au multiculturalisme, les gouvernements n’ont pas eu à se soucier d’énoncer les principes qui sous-tendent leur mode de vie.

Le multiculturalisme d'Etat a encouragé la ségrégation

A son crédit, après avoir souligné que le multiculturalisme d’Etat a encouragé la ségrégation de cultures différentes, Cameron a évoqué une vérité dérangeante — à savoir que "nous avons échoué à développer une vision de la société à laquelle ils ont le sentiment de vouloir appartenir". Ce n’est pas un hasard si une telle vision fait défaut, puisque le multiculturalisme implique qu’aucun système de valeurs ne soit jugé supérieur aux autres, ou envisagé comme la norme souhaitable. Dans une perspective multiculturelle, l’absence de vision pour une société n’est pas un échec, c’est une réussite.
Toute discussion sérieuse sur la question de l’intégration des cultures devrait mettre l’accent sur cette incapacité à mettre en avant les valeurs qui font l’unité d’une société, et à donner sens à ces valeurs. Il est toujours tentant, par exemple, de faire porter aux extrémistes enragés le chapeau de la radicalisation des jeunes musulmans. Mais ce que l’on oublie souvent, c’est que ce sont moins les charmes du radicalisme qui créent ces problèmes, que les réticences de la société elle-même à entrer en interaction avec ses citoyens et à les inspirer.
Depuis quelque temps déjà, de nombreuses sociétés européennes peinent à établir un consensus qui leur permettrait d’affirmer leurs réussites passées et les valeurs fondamentales auxquelles elles sont attachées. Symboles et conventions traditionnels ont perdu une grande partie de leur capacité à enthousiasmer et à inspirer ; dans certains cas, les dommages sont même irréversibles. La controverse permanente autour de l’enseignement de l’histoire en est une illustration frappante. Quand la génération au pouvoir comprend que les histoires et les idéaux avec lesquels elle a grandi ont "perdu leur pertinence" dans ce monde transformé, elle a soudainement du mal à transmettre avec conviction ces histoires et ces idéaux à ses enfants.

Une crise des valeurs mine la société

Cependant, les responsables politiques et les enseignants admettent intuitivement que c’est une question à résoudre. Reste qu’on ne peut pas produire des valeurs “pertinentes” sur demande : en effet, contrairement à des conventions enracinées naturellement dans l’histoire, ces valeurs sont généralement, aussi bien intentionnées soient-elles, des constructions artificielles et discutables. Alors que les traditions et les conventions sont sacrées, les valeurs construites doivent sans cesse être justifiées.
Il est absurde de continuer à accuser le multiculturalisme des problèmes profonds auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Il nous faut à tout prix en finir avec le multiculturalisme d’Etat, car cela nous permettra au moins d’affronter le problème sous-jacent : la crise des valeurs et du sens dans notre société. Ne cédons pas pour autant un pouce de notre attachement à l’idéal de la tolérance. Car la tolérance reste une vertu importante : elle prend l’être humain très au sérieux.


France

France, Allemagne, Grande-Bretagne : des situations différentes

"Le multiculturalisme est un échec", a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une émission télévisée le 10 février. Avec ce constat, le président français s'aligne sur "les nouveaux dogmes énoncés par Angela Merkel et David Cameron selon lesquels le modèle multiculturel a échoué", estime Jean-Marie Colombani sur le site Slate.fr. Mais pour le journaliste, "c’est une proclamation de pur positionnement vis-à-vis du territoire de la droite qui serait menacé par l’extrême droite. Car on ne voit pas à quelle réalité cela peut correspondre en France, qui n’a jamais pratiqué ni prôné un modèle multiculturaliste." "Les Britanniques reconnaissent qu’ils sont allés trop loin dans la tolérance de l’islam radical, poursuit  Colombani. Mais cet islam-là n’a jamais été toléré en France, et le contrôle des prêches de certains imams dans les mosquées françaises ne date pas d’aujourd’hui." En ce qui concerne le débat allemand, Colombani décèle simplement "chez Angela Merkel un positionnement exclusivement idéologique, car elle fait mention d’une notion de ‘culture nationale’."

Vacances des ministres : Fillon évoque les précédents Mitterrand, Chirac et Sarkozy

 Lors d'une conférence de presse à Riyad, samedi 12 février, au cours d'un voyage officiel en Arabie saoudite, le premier ministre François Fillon s'est à nouveau défendu sur ses vacances de Noël en Egypte, aux frais du régime d'Hosni Moubarak, en évoquant les précédents des trois derniers présidents de la République française, François Mitterrand, Jacques Chirac et… Nicolas Sarkozy.

Pas question, pour le premier ministre, de se laisser aller à un repentir comme l'avait fait sa ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, mise en cause pour son voyage en Tunisie. "Il ne s'agit pas d'une relation personnelle", a expliqué M. Fillon, qui préfère parler, concernant son voyage, de "relation entre la France et l'Egypte".
"Le président Mitterrand s'est rendu à de nombreuses reprises à l'invitation de M. Moubarak en Egypte, le président Chirac s'est rendue à de nombreuses reprises à l'invitation de M. Moubarak en Egypte, le président Sarkozy s'est rendu en Egypte à l'invitation de M. Moubarak", a énoncé le premier ministre.