Le porte-parole du PS accuse Pôle Emploi de "tordre les statistiques". Pas pertinent, selon Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.
Le rythme d'augmentation du chômage accélère, mais ce vendredi le moral des ménages repart à la hausse. Comment expliquer ce paradoxe ?
En apparence, c'est vrai, le nombre de demandeurs d'emploi a fortement augmenté en octobre, de 2% sur un mois. Mais cela vient après des mois de fléchissement, et cela concerne la catégorie A, celle des personnes qui n'ont pas du tout travaillé dans le mois et qui sont à la recherche de tout type de contrat. Si on considère l'ensemble des personnes qui ont exercé une activité réduite, c'est à dire les catégories A,B et C, la hausse est plus modérée.
Evidemment, la tendance reste mal orientée, et nous prévoyons une hausse continue du chômage l'année prochaine. Mais le pire est clairement derrière nous et les ménages le savent : on n'est plus dans la situation du début de l'année, qui était cataclysmique. C'est pour cela qu'ils dépriment moins. Mais ils dépriment encore : l'indice Insee est à un niveau similaire au niveau le plus bas de l'année 1993, date de la dernière récession.
Benoît Hamon a déclenché ce vendredi une polémique sur les chiffres du chômage. Sont-ils fiables ?
Ce n'est pas correct de sa part. C'est très difficile de savoir ce qu'est un chômeur. Est-ce simplement quelqu'un qui ne travaille pas du tout. Faut-il aussi prendre en compte tous ceux qui sont en temps partiel subi ? Et que faire des gens qui ne sont pas inscrit à Pôle Emploi ? Ce débat a toujours existé, mais c'est un débat d'experts. Il existe des catégories, qui ont d'ailleurs été simplifiées, et qui sont comparables d'un mois sur l'autre, et cela suffit pour apprécier l'évolution du chômage. D'autant que la crise touche principalement la catégorie A, celle qui est mise en avant par le gouvernement et par les médias. La polémique initiée par Benoît Hamon n'a pas lieu d'être.
vendredi 27 novembre 2009
"Sur le chômage, la polémique initiée par Benoît Hamon n'a pas lieu d'être"
José Manuel Barroso compose la nouvelle Commission européenne
José Manuel Barroso doit boucler, vendredi 27 novembre, à Bruxelles la composition de la prochaine Commission européenne. Avant d'annoncer ses choix, le président de la Commission a multiplié les contacts avec les candidats pressentis, et leur capitale d'origine.
Le socialiste espagnol Joaquin Almunia semblait assuré vendredi en début de matinée de piloter la concurrence. Il cède son poste actuel, les affaires économiques et financières, au libéral finlandais Olli Rehn, l'actuel commissaire chargé de l'élargissement.
Le commerce devait être confié au libéral Karel du Gucht, un ancien ministre belge des affaires étrangères, tandis que le conservateur allemand Günter Öttinger hériterait de l'énergie.
M. Barroso a tenu ces derniers jours à ce que les treize commissaires reconduits changent de mission. Il espérait dévoiler son équipe vendredi après midi, avant de s'envoler le lendemain vers la Chine. "L'annonce est imminente, les derniers arbitrages sont en cours, l'idée est d'aller vite, à moins de difficultés persistantes", dit-on à Bruxelles.
PARIS EXIGE DAVANTAGE DE RÉGULATION DES MARCHÉS
Les contours du portefeuille du commissaire français Michel Barnier (UMP) seront restés incertains jusqu'à la dernière minute. Jeudi, Nicolas Sarkozy a eu, depuis le Brésil où il est en déplacement, un long échange téléphonique avec M. Barroso, afin de s'assurer que les services financiers resteraient bel et bien dans le giron du candidat français.
Cette demande a été formulée de longue date par l'Elysée, qui exige davantage de régulation des marchés, mais elle mécontente le gouvernement britannique et la City de Londres.
Un peu plus tôt, le président de la Commission avait au contraire laissé entendre à M. Barnier qu'il envisageait de séparer les marchés financiers du reste du portefeuille, tout en lui offrant, en contrepartie, la tutelle sur les questions de fiscalité et la politique des consommateurs. Cette proposition n'était pas du goût de Paris.
Le patron de l'exécutif européen a par ailleurs tenté d'équilibrer l'assise politique d'un collège où la gauche sera très minoritaire. La prochaine commission comptera treize conservateurs, pour huit libéraux et six socialistes – sur un total de 27 commissaires, un par pays.
Réélu en septembre, M. Barroso a besoin du soutien d'une majorité de parlementaires s'il veut commencer son mandat dans de bonnes conditions, début 2010. Il espère éviter les débuts catastrophiques de sa première équipe, en 2004, lorsque les eurodéputés avaient contraint un des proches de Silvio Berlusconi à renoncer à ses ambitions, en raison de propos jugés sexistes et homophobes.
Outre les affaires économiques et le commerce, les libéraux se verraient confier le nouveau portefeuille "justice et droits fondamentaux". La ministre suédoise des affaires européennes Cécilia Malmström serait en lice pour ce poste, à moins qu'elle ne soit chargée de l'aide au développement.
La famille libérale se faisait d'autant plus pressante qu'elle est écartée des présidences du Parlement, du Conseil européen et de la Commission, en raison des accords passés entre les deux grandes familles politiques européennes, les conservateurs et les socialistes.
Cependant, le président de la Commission a aussi tenté de tenir compte des desiderata de la gauche, les sociaux-démocrates constituant la deuxième force du Parlement, derrière les conservateurs. Avec la Britannique Catherine Ashton, ils ont obtenu gain de cause au sujet du poste de haut représentant, qu'ils revendiquaient. La travailliste anglaise a été désignée à cette fonction le 19 novembre par les chefs d'Etat et de gouvernement; elle occupera la vice-présidence de la Commission.
M. Barroso espérait confier d'autres responsabilités à la gauche mais, parmi les candidats socialistes, trois manquent d'expérience européenne.
Enfin, M. Barroso a ménagé une place de choix aux femmes. Elles seront neuf dans le prochain collège, une de plus qu'aujourd'hui. La ministre danoise du climat, Connie Hedegaard (conservatrice) est pressentie pour un poste consacré à la lutte contre le changement climatique. L'actuelle commissaire à la concurrence, la Néerlandaise Neelie Kroes (libérale), devrait s'occuper d'économie numérique et des télécoms.
Philippe Ricard
QUI EST ? … Eddy Mitchell
Les chaussettes noires
Vieillir, ce n'est "pas joli", "je n'ai aucune envie de monter sur scène avec une canne". La petite phrase au ton humoristique souligne bien les 67 ans du plus français des crooners, qui en finira avec la scène dès 2011. Pas de faux adieu, il l'a promis, mais pas de retraite pour autant, pour "schmoll", qui totalise 50 ans de succès. L'enfant de Belleville commence à se produire des l'âge de 14 ans avec son premier groupe de rock jusqu'en 1961 au Golf-Drouot à Paris. Repéré par Eddie Barclay, "Les five rock" deviennent rapidement – et à leur insu ! – "Les chaussettes noires". La consécration viendra dès 1961 avec le tube 'Daniela'.
L'américain
D'américain, il n'a que les chansons qu'il reprend en français notamment dans son dernier album qui sort ces jours-ci "Grand Ecran" sur lequel il reprend 15 standards de grands films hollywoodiens et qui a demandé plus d'un an de préparation pour obtenir les autorisations des ayant-droits. Le petit Claude Moine transformé en grand Eddy, cet alias qu'il prend par admiration pour le chanteur Eddie Constantine, est dans le tourbillon des années 1960, fortement influencé par le rock'n'roll américain comme beaucoup d'artistes de l'époque. A Nashville, sa ville de prédilection, il enregistre plusieurs disques dont "Sur la route de Memphis" et "La dernière séance". Puis viennent ses succès : "Couleur menthe à l'eau", "Sur la route de Memphis, "Rio Grande". Influencé mais résolument différent, il a su trouver sa marque de fabrique, mêlant nostalgie et thèmes plus actuels.
L'acteur
Cinéphile, Eddy, c'est aussi la passion du cinéma, qui lui vient de son père, et qu'il a su transmettre avec brio dans la Dernière Séance, son ciné-club mensuel consacré au cinéma américain des années cinquante, tous genres confondus, pendant 16 ans à partir de 1982 sur FR3. Chaque soirée comprenait un film doublé en français, des actualités cinématographiques d'époque, des dessins animés puis un film en version originale sous-titrée. Au cinéma, il joue aussi comme dans "Coup de torchon" de Bertrand Tavernier et plus récemment "Le bonheur est dans le pré" d'Etienne Chatiliez. Et aujourd'hui, s'il souhaite toujours faire l'acteur, il est lucide et ne compte pas trop sur des premiers rôles à son âge. Place à la jeunesse, "c'est normal", dit-il. Il s'impliquera donc davantage dans la société de production qu'il partage avec Gérard Jourd’hui, et qui a produit la collection Maupassant pour France 2. "Mais rassurez-vous : je ne prévois pas de nouvelle "Star Academy". A moins de transformer cela en combat de gladiateurs ou d’offrir le supplice du pendu aux gamins qui chantent faux." Preuve que le Crooner tranquille à la voix chaude et rocailleuse que vous pourrez encore admirer en fin d'année 2010, en plus d'être une grande vedette du rock' roll et du blues, ne manque pas d'humour.
Laetitia Gueugnon
Infos tournée :
Eddy Mitchell, Ma dernière séance
Paris, Lyon, Marseille, Lilles, Rouen, Toulouse...
D'octobre à décembre 2010
Prix des places : de 39 à 69 euros suivant les régions
Voir aussi
Le Figaro : Eddy Mitchell : «J'ai envie de faire d'autres choses»
Le Parisien Eddy Mitchell : « Ce ne sont pas de faux adieux»
Martine Aubry n'exclut pas une candidature de Strauss-Kahn en 2012
La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, n'a pas exclu, jeudi soir 26 novembre, un retour de Dominique Strauss-Kahn en vue de l'élection présidentielle de 2012 s'il s'avère être le meilleur candidat.
Le directeur général du Fonds monétaire international jouit d'une popularité retrouvée depuis son exil à Washington, au point qu'un sondage récent le dit en mesure de battre Nicolas Sarkozy en cas de duel au second tour.
"Si c'est le meilleur candidat, il faudra qu'il revienne", a déclaré Martine Aubry dans l'émission "A vous de juger" sur France 2. Il est néanmoins trop tôt pour dire qui sera le candidat capable de remporter la présidentielle, a-t-elle ajouté, affirmant que Dominique Strauss-Kahn partageait cet avis.
"ÇA ME RASE"
Invitée à s'exprimer sur ses propres ambitions en vue de 2012, Martine Aubry s'y est refusée, expliquant que la question la "rasait". "Je sais qu'on [demande aux hommes politiques s'ils y pensent] en se rasant, moi je vous dis, cette question ça me rase !", a lancé la maire de Lille. "Je me poserai la question quand il faudra savoir", a-t-elle ajouté, renvoyant ainsi à 2011, date à laquelle elle souhaite organiser les primaires à gauche malgré de nombreux appels pour que la désignation intervienne dès l'année prochaine.
Interrogée sur les régionales, la première secrétaire du PS s'est dite convaincue que la gauche, qui partira divisée au premier tour dans de nombreuses régions, se rassemblera au deuxième tour des élections de mars. Elle a estimé que le PS pourra "conserver les régions qu'il détient" (20 sur 22 aujourd'hui).
Dominique Strauss-Kahn prépare l'avenir en candidat libre
Comme d'habitude, ses proches ont annoncé la couleur. Invité mercredi 25 novembre du "Grand journal" de Canal+, leur mentor, Dominique Strauss-Kahn ne commentera pas les affaires de politique intérieure française. Les instances du Fonds monétaire international (FMI) qu'il dirige le lui interdisent expressément.
Mais DSK n'a pas besoin de s'exprimer pour que le PS s'agite. Il lui suffit d'apparaître. D'autant que la popularité de Nicolas Sarkozy est en chute libre et que ses concurrents socialistes n'en profitent guère ou s'enferrent dans des luttes intestines.
"J'observe que, ces temps-ci, on compte de plus en plus de strauss-kahniens au PS", relève un député socialiste. Priés de se tenir cois "pour respecter le calendrier de Dominique", les proches de l'ex-candidat à l'investiture socialiste en 2006 assurent être de plus en plus sollicités. "Beaucoup de camarades souhaitent qu'il adresse un signal, même discret. Ils en seront pour leurs frais ; si DSK revient, ce ne sera pas pour être le candidat du PS - ce serait catastrophique - mais pour incarner l'alternance face à Sarkozy", assure l'un d'eux.
Indirectement, le directeur-général du FMI est à l'origine du "clash" survenu le 14 novembre à Dijon entre Ségolène Royal et Vincent Peillon. Quelques jours après la parution d'un sondage tonitruant plaçant Dominique Strauss-Kahn (51 %) devant Nicolas Sarkozy (49 %) au deuxième tour d'une présidentielle, l'ancienne candidate ne pouvait laisser, sans réagir, les dirigeants du courant l'Espoir à gauche se mettre au service du candidat le mieux placé à l'horizon 2012 comme ils en avaient affiché l'intention.
"Martine Aubry est absorbée par les difficultés du PS, Ségolène Royal est à la peine, François Hollande et les quadras n'émergent pas : dans ce paysage, la valeur relative de Dominique Strauss-Kahn est en forte hausse. Cela lui permet de se poser comme un recours", constate Jérôme Fourquet, de l'IFOP. Selon Brice Teinturier (TNS-Sofres), DSK peut faire fructifier deux atouts principaux : "Contrairement aux autres dirigeants socialistes, la question de la crédibilité ne se pose pas pour lui. En outre, il est très apprécié des plus de 50 ans qui se sont éloignés de la gauche."
Bénéficiant également d'une bonne image parmi les cadres mais aussi les électeurs situés à la droite du PS, M. Strauss-Kahn dispose, d'après les instituts de sondages, d'une belle "popularité de second tour".
A contrario, il manque de soutiens parmi les jeunes, les catégories populaires et à la gauche du PS. De plus, si sa prise de distance vis-à-vis de la scène politique française lui profite, l'ancien ministre est encore loin d'avoir totalement convaincu l'opinion.
Selon un autre sondage paru début novembre, 27 % contre 48 % des personnes interrogées considèrent que DSK dispose d'"un vrai projet pour la France", et 34 % contre 49 % jugent qu'il ferait un "bon président de la République".
Pour l'heure, ses partisans arguent de l'impossibilité de sonder les intentions profondes du "patron". "Le FMI l'a complètement libéré. Croyez-moi, son ego est rassasié. Il n'a pas de plan de carrière et il est libre vis-à-vis de lui-même", insiste le député de Paris Jean-Marie Le Guen.
Reste que chaque séjour en France du directeur-général du Fonds monétaire international donne l'occasion d'entretenir les liens au sein de son réseau. Mi-octobre, à Paris, il a été le témoin du mariage du député Jean-Christophe Cambadélis, au milieu du Tout-Parti socialiste. Fin juin, il était venu en grande pompe, et avec deux mois de retard, fêter son soixantième anniversaire aux Buttes-Chaumont. Là encore, les socialistes étaient nombreux à se presser autour de lui.
Les lieutenants de DSK, en dépit de quelques conflits de préséance - "Dominique n'a aucun porte-parole officiel au PS : il n'a jamais rien dit visant à accréditer l'existence d'un canal historique", s'amuse Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère -, s'efforcent de défendre au mieux les intérêts de celui qu'ils désignent parfois, sourire en coin, "l'imam caché". La question qui les préoccupe est l'organisation des primaires. En décidant de confier aux sympathisants la responsabilité de désigner leur candidat pour 2012, les socialistes n'ont pas facilité la tâche des partisans de DSK. Le mandat de directeur-général du FMI venant à échéance en septembre 2012, le calendrier n'était déjà pas facile à gérer : la procédure retenue le complique.
L'idéal, pour un Strauss-Kahn candidat, serait de retarder la procédure de désignation jusqu'à la fin 2011 pour conserver sa popularité intacte le plus longtemps possible. Or le "timing" envisagé par Martine Aubry - qui ne donne pas le sentiment d'avoir renoncé à toute ambition personnelle - évoque la fin du premier semestre 2011. François Hollande, lui, préfère la fin 2010.
La décision sera prise en juin 2010 mais, lors des premières discussions engagées sur cette question, les amis de DSK sont sortis du bois. Ils réclament des primaires concentrées sur quelques semaines avec des "éliminatoires" comprenant un nombre réduit de candidats. Il s'agit d'éviter d'exposer leur favori aux combats internes du PS et aux critiques de la gauche du parti mais aussi de "l'abîmer dans une confrontation face à des candidats qui ne boxent pas dans la même catégorie". Même s'il est loin de se désintéresser de ces considérations, M. Strauss-Kahn reste de marbre. Visiblement, l'heure de monter sur le ring n'a pas encore sonné.
Jean-Michel Normand