Champion national du cumul des mandats et fonctions selon le palmarès de l'Express, le sénateur maire PS de Dunkerque Michel Delebarre a dû se résoudre à sortir de son silence. Un message qu'il n'est pas inutile de décrypter.
On dira ce que l'on voudra, mais cet homme est décidément un malin. Ayant réalisé "l'exploit" de terminer champion de France descumulards - à partir d'un classement portant sur les 1573 plus grands élus du pays - Michel Delebarre a dû se résoudre à sortir de son silence. Lui qui avait refusé de recevoir L'Express s'est finalement résolu à communiquer. Reconnaissons-le: Il l'a fait avec un talent certain. Et une mauvaise foi totale. Décryptage.
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Premièrement, notons-le, Michel Delebarre ne conteste à aucun moment les résultats de l'enquête de L'Express le concernant. C'est plus sage: toutes les informations ont été établies et recoupées. Aussi préfère-t-il se placer sur un autre terrain.
"Le cumul, utile au Dunkerquois": le titre de son message posté sur son blog dit tout. C'est en flattant la fibre locale que le patron de la cité de Jean Bart a choisi de se défendre. Car Delebarre le sait mieux que quiconque: les Français, en la matière, sont schizophrènes. S'ils condamnent le cumul en général, ils y sont favorables quand il s'agit de leur maire, persuadés qu'il sera ainsi plus influent. Il en est des Dunkerquois comme des autres. Dès lors, Delebarre joue sur du velours et présente son goût névrotique pour le pouvoir comme une forme de sacrifice au profit de ses administrés. "Je cumule, oui, mais je le fais pour vous." Chapeau l'artiste!
Or, les problèmes sont ailleurs. Citons en deux. Le premier, c'est que Delebarre siège aussi au Sénat -ce qu'il évite opportunément de rappeler- et qu'il n'y fait pas correctement son travail (il en était de même quand il était député). Or, petit rappel: il perçoit en tant que parlementaire une indemnité mensuelle de 5514,68 euros...
Le second problème est celui de l'inégalité des territoires.Delebarre profite de ses multiples fonctions pour avantagerDunkerque. Il le revendique sans fard sur son blog, d'ailleurs, en évoquant son dernier poste: la présidence de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU). Pourquoi, lui qui croule sous les responsabilités, l'a-t-il acceptée? "L'idée que cette fonction pouvait être utile au Dunkerquois et à nombre de territoires que je connais, ne m'est pas apparue saugrenue", écrit-il. Là encore, tout est dit: il compte utiliser cette agence publique pour avantager sa ville et "les territoires [qu'il] connaî[t]". Mais les autres? Ces quartiers en difficulté qui, pour ajouter à leur malheur, n'ont pas la chance d'être "connus" par Michel Delebarre? Tant pis pour eux!
Delebarre s'en moque. Le système électoral est ainsi fait que les habitants des quartiers nord de Marseille, de Vénissieux ou de Clichy-Montfermeil, s'il sont oubliés par l'ANRU, n'auront jamais les moyens de le sanctionner dans les urnes. En revanche, dans sa bonne ville de Dunkerque, les bénéficiaires de ces crédits publics, eux, se sentiront redevables envers leur "bienfaiteur". Et Delebarre aura toutes les chances d'être réélu...
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